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30 avril 2023 7 30 /04 /avril /2023 16:18

 

Souvenirs du Vieux Temps

 

 

Chanson française — Souvenirs du Vieux Temps — Marco Valdo M.I. — 2023

 

 

126. SOUVENIRS DU VIEUX TEMPS — 126.

 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 126


 


 


 

 


SOUS LA LUNE

Yuri Petrovich Kugach — 1988


 


 

 


 


 

Dialogue Maïeutique

 

Avec ces « Souvenirs du Vieux Temps », Lucien l’âne mon ami, tu l’imagines aisément, le trouvère de Zinovie évoque le temps écoulé depuis son enfance en se rappelant certains des événements de l’histoire du pays sur la trame de l’histoire familiale. Le résultat est assez étonnant, car par cette façon de procéder, il démonte le lent dépérissement du monde rural, l’exode percolant des gens de l’immense territoire campagnard vers la ville et la ruine de la civilisation fondamentale du pays.

 

« Ensuite lentement en Zinovie,

L’ancienne vie s’est décrépie.

Avec la guerre, puis la famine,

Poussés hors du nid par la mère,

Loin du village tombant en ruine,

Les enfants ont fui la terre.

Plus rien ne reste aujourd’hui,

De ce passé déconstruit. »

 

Oh oh, dit Lucien l’âne, ça m’a tout l’air d’être l’histoire d’un grand basculement de la campagne à la ville, du monde agricole au monde industriel.

 

C’est cela même, répond Marco Valdo M.I., sous la houlette du pouvoir et de son administration, qui vus du monde paysan sont toujours restés pareils à eux-mêmes.

 

« En ville, ils ont fait la révolution.

On a de nouvelles institutions,

De nouvelles têtes au pouvoir,

À l’administration, de nouveaux tampons. »

 

Au fond, ce que raconte cette saga familiale du trouvère, c’est qu’en une génération la communauté villageoise s’est purement et simplement volatilisée, dissoute, elle a fondu, disparu à tout jamais. Bien sûr, en arrière-plan, mais tout au fond du tableau, il y a eu une révolution qui a promis l’avenir radieux, a changé les responsables au sommet — mais ce sont toujours les responsables, et ça n’a quasiment aucune importance de ce côté du pont.

 

« Le monde ici est un fleuve,

Le monde file à travers le temps,

Le monde met la vie à l’épreuve,

Le temps pique comme le taon.

Souvent, assis sur l’autre bord,

On regarde passer les morts. »

 

disait le trouvère dans La Mémoire. Donc, ce fleuve a deux rives antagonistes que peut joindre un pont :

 

« Mais de ce côté du pont,

Toujours le même travail de bagnard.

Malgré le grand tournant,

Les femmes, les hommes, les enfants,

Tout le monde continue à trimer

Comme si rien ne s’était passé.

Au travers de ce chaos, l’important

Pour chacun était de rester vivant. »

 

C’était une révolution purement urbaine, administrative, usinière et ouvriériste qui va — par méconnaissance, par ignorance, par incompétence — jeter à bas les fondements de la civilisation rurale et nourricière, si lentement élaborée au cours des siècles. Ainsi, la Zinovie, largement autosuffisante alimentaire, s’est réveillée dans la famine.

 

Mais au fait, demande Lucien l’âne, que dit le trouvère de sa famille ?

 

Plein de choses, répond Marco Valdo M.I., que je te laisse le soin de découvrir en suivant pied à pied la chanson. C’est la meilleure méthode et aussi la plus riche d’impressions indicibles, celle qui laisse percer un morceau de connaissance véritable.

 

Faisons donc ainsi, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde chaotique, boitant, hésitant, bégayant, bafouilleur, cafouilleur et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Toute ma simple vie durant,

Je suis allé contre le courant.

Je me suis ainsi conformé

À tout ce que j’ai aimé.

Mon vieux village a disparu ;

Des siècles, il avait tenu.

Les gens y naissent,

Y tiennent leur place,

Un jour, ils disparaissent

Sans laisser de trace.

Puis, de toute éternité,

Ils n’ont jamais existé.

 

Mes grands-parents étaient religieux

D’une religion de conte de fées

Grand-mère d’une ancienne lignée

Parlait avec sa jambe et avec Dieu.

Grand-père bon et rêveur,

Homme d’une douceur

Dure à tenir tête au monde,

Avait la tête vagabonde.

Pour sauver la jambe de grand-maman

De terribles souffrances,

Mes aïeuls par volontaire abstinence

N’eurent qu’un seul enfant.

 

En ville, ils ont fait la révolution.

On a de nouvelles institutions,

De nouvelles têtes au pouvoir,

À l’administration, de nouveaux tampons.

Mais de ce côté du pont,

Toujours le même travail de bagnard.

Malgré le grand tournant,

Les femmes, les hommes, les enfants,

Tout le monde continue à trimer

Comme si rien ne s’était passé.

Au travers de ce chaos, l’important

Pour chacun était de rester vivant.

 

Ensuite lentement en Zinovie,

L’ancienne vie s’est décrépie.

La rivière gardait sa beauté éternelle

Accrochée au sol à côté d’elle,

Mère élevait les onze enfants.

Père était en ville à gagner l’argent.

Ensuite lentement en Zinovie,

L’ancienne vie, s’est décrépie.

Avec la guerre, puis la famine,

Poussés hors du nid par la mère,

Loin du village tombant en ruine,

Les enfants ont fui la terre.

Plus rien ne reste aujourd’hui,

De ce passé déconstruit.

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger ; 121. Les Églantiers sauvages ; 122. Le Temps restant ; 123. L’Invincible Armée ; 124. L’Explorateur ; 125. La Mémoire


 


 

 

SOUS LA LUNE  Yuri Petrovich Kugach — 1988.

SOUS LA LUNE Yuri Petrovich Kugach — 1988.

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Published by Marco Valdo M.I.
27 avril 2023 4 27 /04 /avril /2023 18:29

 

 

La Mémoire


 

Chanson française — La Mémoire Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 125


 


 


 


 

AU BORD DU FLEUVE

Yuri Petrovich Kugach — 1960 ca.


 


 

 

Dialogue Maïeutique

 

Comme il l’avait annoncé, Lucien l’âne mon ami, en ces termes l’autre jour :

 

« De tant de peine, je vais dire

Sans trop les détailler

Les bribes, les morceaux, les riens,

Les choses dont je me souviens

Sans renvois, sans notations,

Sans références, sans érudition. »,

 

l’explorateur devenu trouvère s’engage dans la nouvelle mission qu’il s’est donnée d’écrire en chanson — à la manière des chansons de geste — le récit de sa propre vie en Zinovie et comme l’une se confond avec l’autre, l’histoire de la Zinovie qui l’entoure.

 

C’est curieux, dit Lucien l’âne, car j’ai l’impression que c’est parallèle à notre voyage et aux récits des voix.

 

Disons qu’il y a maintenant la voix du trouvère, dit Marco Valdo M.I., et j’ajouterai que j’ai l’idée qu’il est le pendant à notre voyage sur le terrain et donc dans l’espace et que le sien serait un voyage dans le temps. Et comme on le sait, le territoire du voyage dans le temps passé, c’est la mémoire.

 

Et nous voici ainsi, dit Lucien l’âne, arrivés au titre de la chanson et au moteur du récit du trouvère.

 

Oui, répond Marco Valdo M.I., je vais la détailler un peu. Elle commence en évoquant les souvenirs d’enfance du trouvère, mais vite, elle débouche sur le souvenir de la Terreur qui frappa pendant des années la Zinovie, une époque où la vie de chacun tenait à moins que rien, c’était au temps du Grand Guide.

 

« La vie s’accroche au fil des jours ;

En Zinovie, nul n’a perdu les images

Des années sauvages de la Terreur.

Il ne reste rien du village

De l’enfance et de ses heures. »

 

Ensuite dans la deuxième strophe, elle décrit le monde de la Zinovie comme un fleuve où :

 

« … assis sur l’autre bord,

On regarde passer les morts.

On en garde le souvenir longtemps

On sent le vent du Nord

Mordre de toutes ses dents. »

 

Oh, dit Lucien l’âne, il prend vraiment le ton du trouvère et il me rappelle aussi cette citation que certains attribuent à Lao Tseu, d’autres au folklore africain et moi, dans mes souvenirs, je pensais à un écrivain grec ancien, peut-être Xénophon. Mais peu importe, continue.

 

Ensuite, poursuit Marco Valdo M.I., la troisième strophe commence par un aveu, qui s’il avait été formulé à l’époque, aurait valu au trouvère non pas la pendaison, mais une autre forme de condamnation à mort. Même si Rimbaud disait : « On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans », écoute voir :

 

« À dix-sept ans, je voulais assassiner

Le plus grand Guide de tous les temps. »

 

Juste comme ça, dans ce même groupe de vers, il y a une allusion à un autre personnage venu d’un autre troubadour de notre temps. Je te laisse le trouver comme dans un jeu.

 

Là, dit Lucien l’âne, j’ai de la mémoire et puis quand même ce « en faisant vite, en se cachant », c’est d’un personnage qui s’appelle Martin comme bien des ânes. C’est le Pauvre Martin de notre Toton Georges.

 

Et dans le dernier morceau de la chanson, termine Marco Valdo M.I., où il est dit :

 

« À l’écart de la chose publique…

Et sans appétit pour la gloire. »,

 

on retrouve Brassens et Les Trompettes de la Renommée qui disaient :

 

« Je vivais à l’écart de la place publique

Serein, contemplatif, ténébreux, bucolique

Refusant d’acquitter la rançon de la gloire. »

 

Eh bien, dit Lucien l’âne, qui aurait cru qu’on trouverait un émule de Tonton Georges en Zinovie ? Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde prosaïque, ankylosé, barbant, barbu, néphrétique et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

La mémoire joue des tours :

On se souvient d’une vieille montre,

On oublie des lieux de toujours

On se remémore certaines rencontres,

Le bouleversement du premier amour,

On ne peut oublier ces doux émois

Et puis, on en oublie des tas.

La vie s’accroche au fil des jours ;

En Zinovie, nul n’a perdu les images

Des années sauvages de la Terreur.

Il ne reste rien du village

De l’enfance et de ses heures.

 

Le monde ici est un fleuve,

Le monde file à travers le temps,

Le monde met la vie à l’épreuve,

Le temps pique comme le taon.

Souvent, assis sur l’autre bord,

On regarde passer les morts.

On en garde le souvenir longtemps

On sent le vent du Nord

Mordre de toutes ses dents.

De profondes et vilaines blessures

Zèbrent la conscience et le corps

De laides et ineffables marbrures.

 

À dix-sept ans, je voulais assassiner

Le plus grand Guide de tous les temps.

Je n’y suis pas parvenu, faute d’instrument ;

Faute de l’approcher, tant il était gardé,

Je n’ai pu éliminer le génial dirigeant.

Je n’ai jamais, pour cause de dignité,

Fréquenté aucun de ces gens.

Je suis passé anonyme figurant,

Sur la scène du théâtre social,

En faisant vite, en me cachant.

Furtif, toujours découchant,

Je ne m’en porte pas plus mal.

 

À l’écart de la chose publique

Dans un monde dévalisé.

Sous des dehors érémitiques,

J’ambitionnais d’être civilisé.

Solitaire, bon fond, bon gars,

Un être de refus concentré,

Récalcitrant promu renégat,

Contre mon goût, contre mon gré.

Sans richesse, sans histoire,

Sans appétit pour la gloire ;

Hors des normes communes,

Loin des sièges et des tribunes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger ; 121. Les Églantiers sauvages ; 122. Le Temps restant ; 123. L’Invincible Armée ; 124. L’Explorateur

 

 

AU BORD DU FLEUVE Yuri Petrovich Kugach — 1960 ca.

AU BORD DU FLEUVE Yuri Petrovich Kugach — 1960 ca.

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Published by Marco Valdo M.I.
24 avril 2023 1 24 /04 /avril /2023 11:11

 

L’Explorateur


 

Chanson française — L’Explorateur Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

Épisode 124

 


 


 

L’EXPLORATEUR

David Bourliouk — 1910 ca.


 


 


 

Dialogue Maïeutique

 

Cette fois, Lucien l’âne mon ami, la voix ne sera pas tout à fait anonyme.

 

Ah, dit Lucien l’âne, comme l’était le Veilleur de Nuit.

 

C’est un peu ça, en effet, répond Marco Valdo M.I. ; d’ailleurs, elle se désigne elle-même sous le nom d’explorateur et qui plus est, d’un explorateur qui explore son propre pays, d’un explorateur de l’intérieur.

 

Je vois, dit Lucien l’âne, c’est une grosse différence avec la plupart des explorateurs historiques qui étaient des étrangers, lesquels venaient de loin découvrir des régions, des peuples, des coutumes et des mœurs inconnues.

 

En effet, reprend Marco Valdo M.I., ce qui pouvait laisser penser qu’il y avait de leur part une certaine méconnaissance, une certaine condescendance. Il y avait là comme un espace entre le visiteur et les gens et les réalités du lieu et on pouvait soupçonner tout un univers de non-dit, de caché, de non-vu, de non-entendu, tout un indicible. Ce ne sera pas le cas ici ; comme toutes les voix de la Zinovie, l’explorateur a baigné dedans depuis la naissance et invisible, il fut ignoré comme tel. Cependant, il a recueilli ce qu’il a recueilli et il nous en fait part.

 

Comme qui dirait, dit Lucien l’âne, dans une subjective objectivité.

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., je penserais plutôt à une objective subjectivité.

 

Allez savoir, peut-être les deux, dit sentencieusement, Lucien l’âne. Et puis quoi ?

 

Comme il se doit, dit Marco Valdo M.I., s’en explique de son étrange parcours exploratoire, qu’il n’a pas choisi :

 

« Pour mon bonheur et mon malheur,

Je suis un explorateur. »

 

et il assure que ce n’est pas un choix professionnel, mais que c'est bien plus, une vocation.

 

« Une vocation par la vie imposée,

Un repli secret de la pensée,

Qui vous engloutit tout entier,

L’exploration n’est pas un métier. »

 

Mais il laisse entendre que c’est une démarche dangereuse dans son pays, car c’est une invétérée dictature :

 

« Ce n’est pas non plus une sinécure,

Quand ce pays est une dictature

Où l’ami le plus proche, le meilleur

Votre confident est votre dénonciateur. »

 

On dirait, dit Lucien l’âne, qu’il est en résistance contre le système, à l’intérieur même de la société.

 

C’est bien ainsi qu’il l’entend, dit Marco Valdo M.I. ; il suffit de voir comment il caractérise la vie sociale en Zinovie :

 

« Dès la naissance, ce système social

Est pour chacun l’ennemi principal

Et dans les jeux groupés de l’enfance,

Face au collectif, naît la volonté de résistance. »

 

Au fait, demande Lucien l’âne, comment entend-il nous confier ses confidences ?

 

Oui, Lucien l’âne, on peut appeler ses propos des confidences ; il pourrait nous les murmurer au creux de l’oreille, même s’il les expose à la cantonade. Il s’en explique comme ceci :

 

« De tant de peine, je vais dire

Sans trop les détailler

Les bribes, les morceaux, les riens,

Les choses dont je me souviens

Sans renvois, sans notations,

Sans références, sans érudition. »

 

Ce qui laisse présager qu’il va, tel un trouvère de nos temps, dans la lignée de Rutebeuf, en faire une longue ballade.

 

On verra donc ça, dit Lucien l’âne. En attendant, tissons le linceul de ce vieux monde mal foutu, dépenaillé, écrasé et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Zinovien, j’ai passé toute ma vie

À étudier de l’intérieur la Zinovie,

Une énigme véritable,

Un incernable mystère,

Une banquise, un désert.

Un univers incroyable,

Un sacré foutu pays,

Un des pires coins de Terre.

Auprès de lui, l’enfer

Est un sublime paradis.

Pour mon bonheur et mon malheur,

Je suis un explorateur.

 

Une vocation par la vie imposée,

Un repli secret de la pensée,

Qui vous engloutit tout entier,

L’exploration n’est pas un métier.

Ce n’est pas non plus une sinécure,

Quand ce pays est une dictature

Où l’ami le plus proche, le meilleur

Votre confident est votre dénonciateur.

Dès la naissance, ce système social

Est pour chacun l’ennemi principal

Et dans les jeux groupés de l’enfance,

Face au collectif, naît la volonté de résistance.

 

Explorateur, j’ai tout sous l’œil

Des choses sages jusqu’aux délires :

Les fêtes, les joies, les rires,

Les douleurs, les peines, les deuils.

Pour le reste, je me suis gardé

Par tempérament et par volonté,

De me hisser pour être regardé,

De côtoyer les grands ou de les flatter.

Je n’y ai aucun mérite,

Il fallait que je les évite.

En fait, je ne peux supporter

Ces ternes, vides et ennuyeuses nullités.

 

En une expédition sans fin,

J’ai vécu l’errance et la faim

D’un recoin à l’autre,

De moi-même seul apôtre,

Pas de table pour écrire,

Pas de pièce pour travailler,

De tant de peine, je vais dire

Sans trop les détailler

Les bribes, les morceaux, les riens,

Les choses dont je me souviens

Sans renvois, sans notations,

Sans références, sans érudition.

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger ; 121. Les Églantiers sauvages ; 122. Le Temps restant ; 123. L’Invincible Armée


 



L’EXPLORATEUR  David Bourliouk — 1910 ca.

L’EXPLORATEUR David Bourliouk — 1910 ca.

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Published by Marco Valdo M.I.
21 avril 2023 5 21 /04 /avril /2023 18:06

 

L’Invincible Armée


 

Chanson française — L’Invincible Armée Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 123


 


 


 


 

LE PATRIARCHE ÉCLAIRANT LA GUERRE

2023


 


 


 


 

Dialogue Maïeutique

 

Une invincible armée, dit Lucien l’âne, voilà un titre qui me dit quelque chose. N’y a-t-il pas eu déjà une Invincible Armada que le vent démonta ?

 

Oh, Lucien l’âne mon ami, tu as de la mémoire. Elle a bien existé cette armada énorme qui s’apprêtait à envahir l’Angleterre et qui finalement, au large de Dunkerque coula. C’est bien à elle que le titre de la chanson renvoie. L’armada était espagnole et lorsqu’elle s’affonda, elle entraîna la fin de la suprématie maritime hispanique et le début de la disparition de l’Empire sur lequel jamais le soleil ne se couchait. C’était le chant du cygne de la Grande Espagne qui ne put jamais plus la reconstituer. En donnant ce titre à la chanson, je pensais que c’était là un événement à méditer. Du reste, c’est une chanson pleine d’interrogations.

 

Oui, je le pense, dit Lucien l’âne, c’est une chanson à réfléchir, tout à l’opposé de la chanson à divertir ou de la chanson à boire, à égarer le sens, à faire oublier que le monde est monde et qu’il existe une réalité, laquelle n’est pas toujours agréable, ni facile à connaître. Mais au fait, que raconte-t-elle cette fois avec toutes ses voix qui s’entrecroisent.

 

Des voix qui s’entrecroisent, dit Marco Valdo M.I., c’est exactement ça ; des voix qui s’entrecroisent et se contredisent. Il y a celles qui font l’apologie du Guide et du Patriarche, de l’armée et de l’Église. Ce sont les voix serviles, les chantres du sabre et du goupillon :

« Entre le Patriarche et le Guide,

Du sommet à l’échelle locale,

Règne l’entente cordiale. »

— Pour le sabre :

« Du point de vue militaire,

Notre armée est invincible. »

— Pour le goupillon :

« C’est peut-être un paradoxe,

Mais avec l’aide de Dieu

Et le soutien de l’Église orthodoxe,

Nous atteindrons l’avenir radieux. »

 

et elles font mine d’y croire. Cependant, dans les mêmes strophes, on entend d’autres mots, d’autres propos ; ce sont les voix du peuple, anonymes, comme il se doit. Elles disent tout autre chose. Avec ironie, elles évoquent la grand-mère, son apologie du cimetière et le discrédit féroce du régime :

 

« Grand-mère disait : chacun chez soi.

Depuis les temps les plus éternels,

Au cimetière, on a droit

À un logement individuel.

C’est pas trop tôt en Zinovie,

On peut enfin vivre sa vie.

Plus de réunions, plus de discours,

Plus de défilés, plus de tambours. »

 

Soit, dit Lucien l’âne, il ne faut pas tout dire, pas tout décrypter, mais grâce à ce commentaire, on sait à quoi s’en tenir et comment il faut entendre la chanson. Pour le reste, tissons le linceul de ce vieux monde crispé, crypté, crépi, crevé et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Grand-mère disait : chacun chez soi.

Depuis les temps les plus éternels,

Au cimetière, on a droit

À un logement individuel.

C’est pas trop tôt en Zinovie,

On peut enfin vivre sa vie.

Plus de réunions, plus de discours,

Plus de défilés, plus de tambours.

Dehors, il y a l’église et le monastère,

Les popes repus font des affaires.

Croient-ils vraiment que Dieu existe ?

Ce qui compte, ce sont les rites.

 

On ne peut faire comme avant.

On ne peut laisser les gens

Aller au gré du vent,

Se moquer des organes dirigeants,

Abuser de toutes ces libertés

Et saper tous les fondements

Les plus sacrés de notre société

Qu’on bâtit depuis cent ans.

C’est peut-être un paradoxe,

Mais avec l’aide de Dieu

Et le soutien de l’Église orthodoxe,

Nous atteindrons l’avenir radieux.

 

De toute façon, impossible d’y croire,

On ne peut refaire l’Histoire.

Ceux qui déblatèrent

Les décisions du Guide

Parlent dans le vide.

Du point de vue militaire,

Notre armée est invincible.

L’essentiel est dans le visible.

Les femmes et les hommes lèvent le pied

Et tous avancent sans sourciller.

Ainsi en va-t-il des défilés

Et des processions au pas cadencé.

 

Entre le Patriarche et le Guide,

Du sommet à l’échelle locale,

Règne l’entente cordiale.

Les popes et les agents dévident

Les louanges et les slogans.

Aux cieux montent les prières,

Les discours s’en vont au vent.

Encore et toujours, la même misère

Et la guerre qui ne se dit pas,

Avide dévore tous nos gens.

Buvons une dernière fois,

On ne sait ce que matin sera.

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger ; 121. Les Églantiers sauvages ; 122. Le Temps restant


 

 

LE PATRIARCHE ÉCLAIRANT LA GUERRE  - 2023

LE PATRIARCHE ÉCLAIRANT LA GUERRE - 2023

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Published by Marco Valdo M.I.
18 avril 2023 2 18 /04 /avril /2023 17:51

 

Le Temps restant


 

Chanson française — Le Temps restant Marco Valdo M.I. — 2023

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 122


 


 


 

 

 

LA VIEILLE BÂTISSE

Rashit Garifovich Maksyutov — 1962


 


 


 

 


 

Dialogue Maïeutique

 

Voici la chanson-diagnostic, dit Marco Valdo M.I., une chanson-diagnostic qui donne une idée de l’état de santé de la Zinovie elle-même. Il faut évidemment souligner qu’il ne s’agit pas d’un avis quelconque (et surtout pas le mien, même si je peux en partager le contenu), mais bien de celui émis par les voix, ces voix (forcément) anonymes, car :

 

« Au moindre commentaire,

La justice envoie le téméraire

Pour vingt-cinq ans en prison. »

 

Oui, dit Lucien l’âne, dans le genre de régime qui sévit depuis fort longtemps en Zinovie, qui se raidit et s’aggrave encore dans ces temps de guerre, c’est la règle ; seule varie l’intensité de l’application – le principe reste pareil à lui-même. À chaque tour de manivelle, la pression augmente et présage d’une successive répression encore renforcée. L’intolérance à la critique est une marque indélébile des dictatures et des dictateurs.

 

Bien sûr, Lucien l’âne mon ami, et de surcroît, elle s’étend, s’étale et se répand dans tout l’organisme (ici, la Zinovie elle-même) comme un cancer jusqu’à infecter tout. À cela, il n’y a aucun remède – on ne peut procéder par irradiation ; la seule voie de rémission possible est l’élimination chirurgicale des parties atteintes ; une opération qui ne peut être menée à bien complètement que de l’intérieur de la société malade. Il s’agit quand même d’un ensemble complexe d’institutions à rénover et d’un nombre considérable de gens décidés à faire aboutir la voix de la conscience face à l’intolérable.

 

Alors, demande Lucien l’âne, où en est-on en Zinovie selon la chanson ?

 

Eh bien, Lucien l’âne mon ami, la voix dit clairement la faillite du Guide et la déliquescence à l’œuvre.

 

« En Zinovie, l’ambiance est irréelle.

Malgré le Guide et sa bande,

Les autorités officielles habituelles

Perdent le contrôle et les commandes…

Comme il n’y peut rien,

Le Chef laisse courir le train. »

 

Le pays se défait et passe en de mauvaises mains :

 

« … aux mains cyniques

De carriéristes, de démagogues politiques

De gangsters, de voyous, d’exaltés

Et d’un tas d’autres rebuts de la société. »

 

Ah, dit Lucien l’âne, un tel pourrissement ne s’est certainement pas fait en une fois.

 

Non, dit Marco Valdo M.I., c’est l’aboutissement et l’accélération d’un processus commencé il y a longtemps. C’est comme l’eau qui bout : de froide, elle est devenue tiède ; puis, chaude ; puis, plus chaude encore, avant de bouillir. C’est graduel et c’est tout à fait à la fin que les bulles explosent.

 

Et qu’en pense le Guide, est-ce qu’il s’en rend compte ?, demande Lucien l’âne.

 

Je n’en sais rien, dit Marco Valdo M.I. ; ce qu’en dit la voix, c’est qu’il est angoissé et inquiet et rôde la nuit dans les corridors de la vieille bâtisse où il a pour compagnons dans cette infernale équipée les fantômes des grands Guides disparus et pour une part d’entre eux, assassinés.

 

Avec cette histoire de fantômes rôdant dans un vieux château, je sens comme un parfum shakespearien, dit Lucien l’âne.

 

Oui, Lucien l’âne, tu as raison ; Shakespeare aimait beaucoup de faire paraître des fantômes dans ses pièces.

 

Laissons ça, dit Lucien l’âne et arrêtons-nous là, sinon on n’en finira pas et demain, il nous faut recommencer à conter les contes contés par les voix. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde plein de bruit et de fureur et ne signifiant rien, vieux, vieilli, vieillissant encore et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

En Zinovie, l’ambiance est irréelle.

Malgré le Guide et sa bande,

Les autorités officielles habituelles

Perdent le contrôle et les commandes

De grands pans de l’administration,

De l’armée, de l’économie et des régions,

Tombés aux mains cyniques

De carriéristes, de démagogues politiques

De gangsters, de voyous, d’exaltés

Et d’un tas d’autres rebuts de la société.

Comme il n’y peut rien,

Le Chef laisse courir le train.

 

Mise en scène de la survie

Du Guide en Zinovie.

Le Guide en Pierre le Grand

Entre d’abord du pas lent

Du fantôme qui la nuit le hante.

Il a la claudication prudente

De l’empereur expérimenté

Marchant vers l’éternité.

Au long des corridors sanglants

De la vieille bâtisse endormie,

Il épie le souffle de sa vieille ennemie

Et décompte le temps restant.

 

En Zinovie, l’imagerie des dirigeants

Rencontre un immense succès.

Les statues, les bustes, les portraits,

Les affiches, les discours, les slogans,

La télé, le Guide est partout présent.

Pauvre misère, on doit se taire.

Le passé était un grand trou noir,

Le présent nous désespère,

Le futur est un radieux entonnoir,

Le pays va s’y coucher sous la terre,

Le pays va se dissoudre dans le temps.

Pauvres de nous, pauvres gens.

 

Le Guide, sa cour et ses thuriféraires

Avec leurs continuelles apparitions

Sur toutes les chaînes de télévision

Saturent d’exhalaisons délétères

L’air et l’esprit de l’entière nation.

Sans cesse, leurs discours font mention

De nouvelles victoires militaires

Dans une mystérieuse guerre

Qui menace toute une génération.

Au moindre commentaire,

La justice envoie le téméraire

 Pour vingt-cinq ans en prison.

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger ; 121. Les Églantiers sauvages  

 

LA VIEILLE BÂTISSE  Rashit Garifovich Maksyutov — 1962

LA VIEILLE BÂTISSE Rashit Garifovich Maksyutov — 1962

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Published by Marco Valdo M.I.
16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 17:42
« FAIS DODO » (Berceuse russe)

 

Version française — « FAIS DODO » (Berceuse russe) — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson russe — Колыбельная (Kolybelnaya) — Semyon Slepakov / Семён Серге́евич Слепако́в

(2023)


 

 

BERCEUSE

Edouard Vuillard — 1894

 

 

 

La police moscovite a menacé l’humoriste Simon Slepakov d’arrestation administrative et d’amendes après la publication de “Kolybelnaya” (Berceuse), une chanson anti-guerre sur les soldats russes tués à la guerre en Ukraine.

 

Kolybelnaya” est écrite du point de vue d’une mère qui endoctrine son fils de trois ans en lui faisant croire que ses pires ennemis sont les « nazis ukrainiens » et que « rien ne vaut la mort sur le champ de bataille ». Cette mère fait l’éloge de son fils aîné soldat, mais ignore délibérément les crimes qu’il a pu commettre pendant cette guerre. En revanche, consternée par le fait que son fils puîné travaille dans les technologies de l’information et vit en Europe, elle le qualifie de traître. La chanson a été vue plus de 2,2 millions de fois sur YouTube.

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Cette chanson, dit Lucien l’âne, est pleine d’un humour amer. Ce pourrait être une chanson que chantent les voix anonymes de Zinovie.

 

Oui, dit Marco Valdo M.I., mais il faut quand même préciser pour ceux qui n’ont jamais été voir cette longue saga des chœurs anonymes de notre Voyage en Zinovie (on est en Zinovie depuis le mois d’octobre 2021) — en commençant par la dernière en date, intitulée Les Églantiers sauvages, que dans les pays où le silence est d’or (Silence, dors !), il convient souvent de dire l’inverse de ce qu’on veut dire. Il va de soi que là-bas, celui qui doit comprendre comprend très bien, mais évidemment, il ne le montre pas. À part les responsables, les agents du régime, les fanatiques et supports du Guide, les gens évitent de dire leur avis, de formuler leur pensée. En apparence, c’est un pays d’acéphales, mais ils n’en pensent pas moins.

 

C’est bien ça, dit Lucien l’âne. Mais que dit cette chanson-ci ?

 

Ah, dit Marco Valdo M.I., c’est une berceuse chantée par une mère à son petit dernier Ivan — Vanya, Vanyusha, Vanyeschka…, petit enfant de trois ans. Elle lui parle de ses deux frères. De l’aîné, mort à la guerre en Ukraine et du puîné, plus cultivé, formé aux techniques les plus modernes, qui est parti à l’étranger — pour ne pas s’engager dans cette foutue guerre. Cette mère — qui n’est autre que la Sainte Russie — glorifie le héros mort et dénonce le traître vivant ailleurs. Les détails sont tout aussi tranchés : l’un est le bon, l’autre le mauvais ; l’un est au paradis, l’autre en enfer. On y retrouve aussi ainsi parodiée toute la doxa du régime et cette haine de l’Occident, pays de Satan et de sodomie, comme chacun ici le sait. Bref, elle fait résonner tout le délire fanatique de la Sainte Russie. Au passage, on fera remarquer que le petit Ivan n’est autre que le peuple russe lui-même, infantilisé comme il se doit. Comme dit le loup de La Fontaine, c’est pour mieux te manger mon enfant.

 

Eh bien, voyons voir cette berceuse d’Ivan et tissons le linceul de ce vieux monde envoûtant, infantilisant, berçant et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


 


 


 


 


 

Oh, ce ne sont pas des loups qui hurlent dans le pays.

C’est un blizzard qui chante la nuit.

Mon fils, ne pleure pas,

Non, ne pleure pas,

Fais dodo, dodo, fais dodo,

Fais dodo, dodo, fais dodo.

 

N’aie pas peur du vent mauvais, mon enfant,

Tu es trop jeune et tu as le cœur blanc.

Il y a un pire ennemi, mon petit.

Cet ennemi, mon fils, est un Ukronazi !

 

Ce damné est la cause de tous nos malheurs,

Sans lui, nous aurions pu vivre pacifiquement.

Dommage, Vanyusha, tu n’as que trois ans,

Et tu ne peux aller tuer ces ennemis extérieurs.

 

Fais dodo, fais dodo.

La mort au combat est la meilleure,

La mort au combat est la meilleure,

Fais dodo, dodo, dodo.

 

Ton autre frère, Vanyusha, est un traître,

Seigneur, sauvez-le et pardonnez son péché.

Il n’a écouté ni son père ni sa mère.

Informaticien, il est parti à l’étranger.

 

Il n’y a pas de prières pour lui,

Prisonnier du satrape en Europe, maintenant,

Avec des sodomites, il passe ses nuits.

Il ne croit plus en Dieu, mais en Satan.

 

Fais dodo, fais dodo.

Tous les ennemis mourront,

Nous, nous irons tous au paradis.

Tous les ennemis mourront

Nous, nous irons tous au paradis,

Fais dodo, fais dodo.

 

Ton grand frère s’est engagé,

Il n’a pas vendu son pays pour des cafés et des gâteaux,

Il s’est dressé pour ses amis et la vérité,

Et tout ce qu’ils disent de lui est faux.

 

En héros, il est revenu ici.

Neuf mois, il avait défendu son pays.

On érigera une grande croix pour lui

Et un beau monument, le maire l’a promis.

 

Toujours, je te parlerai de ton frère, Vanya,

Dans mon cœur, je garde sa mémoire chérie.

Mon enfant, je t’ai donné ta vie,

Pour que tu la donnes pour moi.

 

Vanechka, je dois être forte et dure,

Vanechka, c’est le prix de la victoire.

Je ne suis peut-être pas une bonne mère,

Mais je suis un grand pays, mon gars,

Mais je suis un grand pays, Vanya.

 

Fais dodo, Ivan petit frère, fais dodo.

Dépêche-toi d’aller dormir,

Ou le croque-mitaine va venir,

Fais dodo, Ivan petit frère, fais dodo.

 

BERCEUSE  Edouard Vuillard — 1894

BERCEUSE Edouard Vuillard — 1894

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Published by Marco Valdo M.I.
14 avril 2023 5 14 /04 /avril /2023 17:52

 

Les Églantiers sauvages


 

Chanson française — Les Églantiers sauvages Marco Valdo M.I. — 2023

 

 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

Épisode 121


 

 

L’ÉGLANTIER

Xavier Mellery — 1895


 

 


 

Dialogue Maïeutique

 

Et le voyage continue, dit Marco Valdo M.I., et les voix ajoutent et ajoutent leurs échos aux échos des autres jours. Elles parlent cette fois de la décomposition de la nation, de l’effondrement de la société – un écroulement moral, prélude à sa déroute. Écoute ce que dit celle-ci :

 

« Le pays dévale sa pente sublime

Dans une certaine direction,

Il roulera ainsi sans hésitation

Jusqu’au fond de l’abîme. »

 

Ah, dit Lucien l’âne, ce que racontent les voix ; elles ont vraiment grand intérêt à être anonymes.

 

Certainement mon ami, reprend Marco Valdo M.I., car elles parlent de plus en plus ouvertement, de plus en plus nettement. Leurs allusions, leurs phrases codées sont claires. Ce sont des voix qui ne peuvent plus se retenir, qui n’en peuvent plus de feindre – de feindre que tout va bien, de feindre qu’elles sont en accord avec le régime, de feindre d’ignorer la guerre et de feindre de ne pas la condamner.

 

Si j’ai bien suivi, dit Lucien l’âne, ce sont là des positions considérées comme criminelles par le régime et aussi, si c’est le cas, les punitions sont terribles : prison, camp, hôpital psychiatrique, quand ce n’est pas l’élimination directe.

 

J’ajoute, dit Marco Valdo M.I., qu’une voix dénonce que sous le prétexte de sécurité :

 

« La liberté irresponsable est punie,

La sécurité de tous est assurée.

L’atmosphère en permanence assainie. »

 

Les voix font des commentaires relativement à la guerre et à ces bruits qui courent quant à la disparition du Guide.

 

« Mais qui voudrait nous envahir ?

Qui aurait l’idée de nous attaquer ? »

 

Une d’elles souligne que pour ce qui est du Guide :

 

« À l’étranger, on parle de l’écroulement,

De la fin du Guide et de le remplacer.

Il faut faire savoir au monde entier

Qu’il est encore trop chaud pour l’enterrer. »

 

J’ai l’idée que dans ce discours, dit Lucien l’âne, il y a une forme de résistance qui se révèle de plus en plus.

 

En effet, dit Marco Valdo M.I., je ne vais pas tout dévoiler. Juste un dernier mot pour indiquer le caractère symboliste de la voix finale quand elle dit :

 

« Les gens sont sans doute capables

De grandes et belles choses.

Les jardiniers font pousser les roses,

Mais même sur les tas de fumier,

Fleurissent les sauvages églantiers. »

 

Ce qui est une conclusion optimiste réjouissante.

 

Il faut bien ça, dit Lucien l’âne, et pour l’aider à advenir, tissons le linceul de ce vieux monde perclus, débile, crédule, optimiste et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

Si on ne hurle pas avec les loups,

Faut se faire oublier de ces fous.

En Zinovie, la société se décompose,

C’est le temps des charlatans

Qui se démènent sur les écrans.

À la télé, le Guide prend la pose ;

Le Patriarche barbu bénit tout

Et la guerre, de son air doux.

Le pays dévale sa pente sublime

Dans une certaine direction,

Il roulera ainsi sans hésitation

Jusqu’au fond de l’abîme.

 

Les émigrés ne veulent plus revenir.

Et puis, nous aussi, on veut s’en aller.

On ne nous laisse pas partir.

Défendre la patrie contre des étrangers ?

Mais qui voudrait nous envahir ?

Qui aurait l’idée de nous attaquer ?

Que faire ? Laisser pourrir ?

Comment résister ? Comment agir ?

Abandonner le pays à ces autorités ?

Le Guide inspiré vise l’éternité.

L’Histoire est pleine de déboires.

En Zinovie, le passé reste un trou noir.

 

Il faut dire ce qu’il faut,

Les critiques ont tout faux.

On ne peut saper les fondements

Solides et fermes des dirigeants.

À l’étranger, on parle de l’écroulement,

De la fin du Guide et de le remplacer.

Il faut faire savoir au monde entier

Qu’il est encore trop chaud pour l’enterrer.

En Zinovie, la société est activée,

La liberté irresponsable est punie,

La sécurité de tous est assurée.

L’atmosphère en permanence assainie.

 

En Zinovie, la société

Repose sur la confiance.

Ce qui dans la réalité

Est une sacrée inconscience

Des plus hauts responsables.

Cette guerre avec l’aide de Dieu

Conduira à l’avenir radieux.

Les gens sont sans doute capables

De grandes et belles choses.

Les jardiniers font pousser les roses,

Mais même sur les tas de fumier,

Fleurissent les sauvages églantiers.

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre ; 120. La Patrie en Danger


 

 

 

L’ÉGLANTIER  Xavier Mellery — 1895

L’ÉGLANTIER Xavier Mellery — 1895

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Published by Marco Valdo M.I.
11 avril 2023 2 11 /04 /avril /2023 18:59

 

La Patrie en Danger


 

Chanson française — La Patrie en Danger Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 

Épisode 120


 

 

 

UN BÂTISSEUR D’EMPIRE

Igor Alexandrovich Popov — 1967


 

 

Dialogue Maïeutique

 

Nous voici à nouveau, Lucien l’âne mon ami, quelque part en Zinovie et les voix anonymes continuent leurs monologues juxtaposés qui finissent par former une gigantesque mosaïque sonore ou une tapisserie immense comme il en est une à Bayeux, qui raconte la guerre d’Harold et de Guillaume — c’était peu après l’an Mil.

 

Oui, dit Lucien l’âne, c’est une bonne idée de préciser les choses ainsi et surtout de souligner la cohésion et la cohérence de l’ensemble. Même si cet ensemble est grand, il ne peut épuiser le sujet. À bien y réfléchir, c’est même hors de question, il restera toujours là-bas des voix qui diront leurs mots.

 

Exactement, reprend Marco Valdo M.I., et à cela nous ne pouvons rien changer. Cette fois, il est question de la patrie en danger et la voix anonyme — sans doute celle d’un conscrit enthousiaste — énonce une sorte de serment de propagande :

 

« Tout en gardant un moral de fer.

Nous aurons un moral d’acier. »

 

De propagande, pour sûr, et viril avec ça, dit Lucien l’âne. J’avais déjà précédemment cru comprendre que la Zinovie était en guerre et tentait de conquérir un pays voisin.

 

C’est bien de ça qu’il s’agit, dit Marco Valdo M.I., et le conscrit anonyme l’indique avec une inconsciente fierté :

 

« Pour le Guide et pour le pire,

Nous serons les bâtisseurs d’empire. »

 

On dirait presque une phrase du Goûter des Généraux, une pièce de Boris Vian, d’autant que le même Boris Vian a aussi écrit une autre pièce qui elle s’intitule précisément « Les Bâtisseurs d’Empire ». Je le précise pour qu’on ne pense pas que j’ai ignoré ma dette à Boris.

 

Soit, dit Lucien l’âne, mais ce qui m’effraye le plus, c’est la suite de la confession de ce conscrit :

 

« Nous violerons, nous écraserons,

Nous tuerons et nous mourrons. »

 

Les trois autres strophes, reprend Marco Valdo M.I., parlent de tout autre chose. On revient au paysage du nouveau quartier résidentiel des Nouveaux Cerisiers, où en plus des logements et du cimetière, il y a une maison de retraite et un hôpital psychiatrique, dont on entend quelques échos.

À la maison de retraite, les vieux meublent leur temps en bricolant l’alambic et en faisant du trafic.

À l’hôpital psychiatrique, on a interné les opposants nouveaux que sont les opposants à la nouvelle guerre et on libère les nostalgiques de l’ancienne guerre et du Grand Guide en voie de réhabilitation.

À la fin, une dernière voix évoque la corruption, un phénomène endémique, fondement du régime en place, un classique de la société zinovienne.

 

Eh bien, voyons ça, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde corrompu, psychiatrisé, trafiquant et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Quand la patrie est en danger,

Il ne faut pas se ménager.

Il faut sans barguigner

Pour elle, totalement s’engager.

Nos pères ont été prisonniers,

Subi la torture, les camps et l’enfer

Tout en gardant un moral de fer.

Nous avons un moral d’acier.

Pour le Guide et pour le pire,

Nous sommes les bâtisseurs d’empire.

Nous violons, nous écrasons,

Nous tuons et nous mourons.

 

La maison de retraite est une entreprise

Aux buts humanitaires supérieurs.

Elle offre aux vieux sans surprise

La vision d’un avenir meilleur.

Les familles ne trouvent pas mieux.

On expédie des vieilles et des vieux

De toutes les régions de Zinovie

Pour y finir en douceur leur vie.

Les subventions sont assez réduites,

La vie quotidienne est un peu triste.

Pour compenser, les vieux trafiquent.

Avec un alambic, la fin est fantastique.

 

L’hôpital psychiatrique officiellement

Abrite les malades mentaux.

Les cinglés ces derniers temps

Sont d’un genre nouveau.

Ils exigent l’ouverture des frontières,

La fin des expéditions militaires,

La division du pays bien trop grand

En une kyrielle d’États indépendants.

Ainsi se développa en interne

Une guerre des anciens et des modernes.

On remet les anciens à la porte,

Les seuls que le Guide supporte.

 

La corruption n’est pas nouvelle.

Pour le régime, elle est essentielle.

Un principe d’organisation excellent :

À chacun selon son rang.

Le Guide ne l’a pas inventée ;

Sous sa houlette, on l’a perfectionnée.

À chacun sa place réservée

À la grande table de la curée.

Une forme d’emprise inédite,

À la fois, permise et interdite.

Elle enrichit qui la pratique ;

C’est une arme diabolique.

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs ; 119. Sainte et Martyre

 

 

 

UN BÂTISSEUR D’EMPIRE  Igor Alexandrovich Popov — 1967

UN BÂTISSEUR D’EMPIRE Igor Alexandrovich Popov — 1967

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Published by Marco Valdo M.I.
9 avril 2023 7 09 /04 /avril /2023 17:56

 

Sainte et Martyre


Chanson française — Sainte et Martyre Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

Épisode 119

 

 

 

UNE ICÔNE


 


 

Dialogue Maïeutique

 

Sans doute, Lucien l’âne mon ami, te demandes-tu : qui donc est cette sainte et martyre ? Ce que tu pourras en savoir, seule la chanson te le révélera. De toute façon, évidemment, elle restera anonyme comme (à peu près) toutes les voix et tous les personnages qui apparaissent dans ce voyage. Ce qui en fait une sainte et martyre est qu’elle est croyante, d’une croyance à l’ancienne, de celle ou Dieu existe charnellement, est un personnage paternel, un patriarche et même, le patriarche des patriarches, l’archonte terrible et débonnaire (selon ses humeurs), mais néanmoins, personnel et accessible au croyant et plus encore, à la croyante, surtout, quand elle est maligne, rusée, vieille et bien décidée. C’est ainsi que la chanson annonce le retour de la religion à l’avant-plan de la Zinovie. En fait, elle n’avait jamais disparu cette crédule foi populaire ; elle faisait la morte pour ne pas être tuée.

 

C’est une bonne technique, dit Lucien l’âne, qui en a déjà sauvé plus d’un. Mais ensuite ?

 

Ensuite, reprend Marco valdo M.I., le Guide, qui a le nez et qui sent venir le vent promeut – sous son égide toutefois – le retour de l’Église, de la religion et de Dieu ; et le clergé ressort ses icônes et se lance avec l’appui d’une armée d’aigrefins dans le petit commerce religieux des icônes, des figurines et des objets sacrés.

 

Ben voyons, dit Lucien l’âne, il n’y a pas de petits profits et puis, tout e matériau religieux est à la mode dès lors que le peuple croit.

 

À la mode, Lucien l’âne mon ami, tu ne crois pas si bien dire. Même si la chose irrite, la religion repose sur les rites. Avec Dieu, les rites sont à la mode et il faut y adapter le mode de vie et même, comme le démontre la chanson, le mode de mort, qui engendre tout un univers parallèle aux Nouveaux Cerisiers en y installant une maison de retraite équipée d’un nouveau cimetière-parc où les vieux s’entraînent. Pendant ce temps, en écho à une certaine guerre qui officiellement ne peut être désignée comme telle, une guerre qui en somme n’existe pas, le militaire se félicite de ce nouvel endroit pour rapatrier ses copains.

 

Elle est assez macabre cette chanson, dit Lucien l’âne. Je la qualifierais volontiers de « chanson noire » — noire comme le deuil comme la voile funeste de Thésée. Quant à nous, sans sombrer de désespoir, tissons le linceul de ce vieux monde rongé par les rites, mité, mytheux, scabreux et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Aux Nouveaux Cerisiers, dans un appartement,

Vivent deux vieilles mégères d’antan.

Elles se haïssent et se font mille tourments,

Elles se disent des mots fort peu innocents.

L’une met du savon dans la soupe,

L’autre du sel dans la coupe.

L’une vient à mourir,

L’autre réjouie se met à rire.

On lui prédit : elle va te dénoncer à Dieu.

La survivante s’empresse de mourir

Pour aller défendre son cœur pieux.

Aux funérailles, le prêtre parle de sainte martyre.

 

Gloire au Seigneur et au Guide nouveau,

En Zinovie, le ciel est au beau.

Grâce au Guide, Dieu reprend vie,

Les églises et les prêtres se multiplient.

On rouvre les monastères,

On relance les séminaires,

Dieu se vend de mieux en mieux ;

Le voilà réhabilité en moins de deux.

Les icônes sortent des placards oubliés,

Elles génèrent des profits infinis.

On les exporte par tombereaux entiers.

Petit à petit, le commerce refait son nid,

 

À présent, il est de bon ton en Zinovie

De faire baptiser ses enfants.

La religion est l’espoir de la vie,

Les rites en sont les ferments.

Il faut au nouveau mode de vie dynamique,

Un nouveau mode de mort magnifique.

Pour bâtir le futur, pour accueillir l’avenir,

Aux Nouveaux Cerisiers, on a fait sortir de terre

Avec un monument aux anciens martyrs,

Un futuriste complexe funéraire,

Une morgue dernier cri, un crématorium,

Un cimetière premier prix, un columbarium.

 

Un lieu tranquille, un parc de grande classe

Parfaitement situé à une excellente place

Juste devant la maison de retraite.

Souvent, les vieux s’y promènent ;

On dirait qu’ils s’entraînent.

Les vieux ne sont pas bêtes,

Les vieux ont le sens pratique,

Les vieux connaissent la musique.

C’est un joli coin de terre,

Dit sentencieux le militaire,

On va en avoir besoin,

Pour rapatrier les copains.

 

 

 

 

LA ZINOVIE

 

1 : Actualisation nationale ; 2 : Cause toujours ! ; 3 : L’Erreur fondamentale ; 4 : Le Paradis sur Terre ; 5 : Les Héros de l’Histoire ; 6 : L’Endémie ; 7 : La Réalité ; 8 : La Carrière du Directeur ; 9 : Vivre en Zinovie ; 10 : Le But final ; 11 : Les nouveaux Hommes ; 12 : La Rédaction ; 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; 14 : Le Bataillon des Suicidés ; 15 : Les Gens ; 16 : Jours tranquilles au Pays ; 17 : La Région ; 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; 19 : L’inaccessible Rêve ; 20 : La Gastronomie des Étoiles ; 21 : Le Progrès ; 22 : Faire ou ne pas faire ; 23 : Le Bonheur des Gens ; 24 : La Sagesse des Dirigeants ; 25 : Les Valeurs d’Antan ; 26 : L’Affaire K. ; 27 : L’Atmosphère ; 28 : La Nénie de Zinovie ; 29 : L’Exposition colossale ; 30 : La Chasse aux Pingouins ; 31 : Le Rêve et le Réel ; 32 : La Vérité de l’État ; 33 : La Briqueterie ; 34 : L’Armée des Chefs ; 35 : C’est pas gagné ; 36 : Les Trois’z’arts ; 37 : La Porte fermée ; 38 : Les Puces ; 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; 40 : La Ville violée ; 41 : La Vie paysanne ; 42 : La Charrette ; 43 : Le Pantalon ; 44 : La Secrète et la Poésie ; 45 : L’Édification de l’Utopie ; 46 : L’Ambition cosmologique ; 47 : Le Manuscrit ; 48 : Le Baiser de Paix ; 49 : Guerre et Paix ; 50 : La Queue ; 51 : Les Nullités ; 52 : La Valse des Pronoms ; 53 : La Philosophie spéciale ; 54 : Le Pays du Bonheur ; 55 : Les Pigeons ; 56 : Les Temps dépassés ; 57 : La Faute à la Contingence ; 58 : Guerre et Sexe ; 59 : Une Rencontre en Zinovie ; 60 : La Grande Zinovie ; 61 : La Convocation ; 62 : Tatiana ; 63 : L’Immolation ; 64 : Que faire ? ; 65 : Ni chaud, ni froid ; 66 : Le Congé éternel ; 67 : À perdre la Raison ; 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; 69 : L’Eau qui dort ; 70 : Le Régime en Place ; 071. Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ; 078 : Les nouveaux Soldats ; 079 : Bruit de Fond ; 080 : Une résistible Ascension ; 081 : La Zone interdite ; 082 : Les Pommes ; 083 : La Normalité ; 084 : L’Autorisation ; 085 : L’Exclusion ; 086 : Quelle Affaire ? ; 087 : Le Vase vide ; 088. Introspection ; 089. Le Pays gris ; 090. Tout un Style ; 091. L’État unique ; 092. Le Veilleur de Nuit ; 093. Le Questionnaire ; 094. Le Roi des Rats ; 095. Si tu veux la Paix ; 096. Les Vieilles et la Guerre ; 097. L’Étoile filante ; 098. La Guerre nécessaire ; 099. Les Méditations ; 100. La Guerre des Boutons ; 101. Hurler avec les Loups ; 102. Les Cantines éternelles ; 103. L’Homme debout ; 104. Les Nouveaux Cerisiers ; 105. La Logique du Soldat mort ; 106. Les Fuites ; 107. Les Ratures ; 108. Les Lombrics philosophiques ; 109. Les Réservistes ; 110. La Logique de la Paix ; 111. Le Citoyen et le Régime ; 112. Les Ennemis extérieurs ; 113. L’Oiseau de Feu ; 114. Le Rêve du Guide ; 115. Le Bourbier atomique ; 116. L’Exilé ; 117. La Journée ordinaire ; 118. Les Commandeurs


 

 

 

UNE ICÔNE

UNE ICÔNE

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Published by Marco Valdo M.I.
7 avril 2023 5 07 /04 /avril /2023 16:25
BATAILLE PERDUE

 

 

Version française — BATAILLE PERDUE — Marco Valdo M.I. — 2023

Chanson italienne — Battaglia persaPunkreas — 2023

 

 

 

 

FAMILLE PRÉHISTORIQUE

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Comme je le vois à ton regard, Lucien l’âne mon ami, tu t’interroges sur le sens qu’il faut donner à cette « BATAILLE PERDUE » et tu as bien raison, car il est plus mystérieux qu’il n’y paraît. Donc, de quelle bataille s’agit-il ?

 

Oui, dit Lucien l’âne, de quelle bataille, mais aussi qui l’a gagnée, qui l’a perdue ? Et aussi, est-elle terminée ?

 

Ce sont là, Lucien l’âne mon ami, d’excellentes questions et je vais m’efforcer d’y répondre. De quelle bataille ? En gros, de celle qui oppose ceux qu’on trouve des deux côtés dans la Guerre de Cent Mille Ans : les tenants de la domination et les partisans de l’émancipation, de l’égalité de droit et plus généralement, de l’humanité.

 

Grosso modo, demande Lucien l’âne, ne serait-ce pas un bon condensé que de dire qu’il y a d’un côté, l’ordre ancien conservateur et de l’autre un ordre nouveau libérateur, moteur du progrès.

 

C’est à peu près ça, quoique, répond Marco Valdo M.I. ; concluons, cette « bataille perdue » est celle qui a été (partiellement, il y a encore du chemin à faire) par ceux qui voulaient aller de l’avant ; cela étant, il y a un certain nombre de précisions utiles que je voudrais t’indiquer. Je te mets en garde quand même contre le fait que comme tout un chacun, il m’arrive de me tromper ; il faut en tenir compte.

 

Soit, dit Lucien l’âne, je t’accorde comme à chacun le droit de te tromper,

 

D’abord, une série de personnages sont évoqués ; chacun a droit à un quatrain. D’abord, ceux qui sont allés de l’avant : le premier est probablement Galilée — dans la chanson, « ce savant physicien » ; le deuxième devrait être Elvis Presley — dans la chanson, « le fou déchaîné » — bien que ce soit une légende et qu’à la vérité, ce n’est certainement pas lui qui a inventé le rock, dont la naissance se perd dans la nébuleuse musicale afro-américaine, au moins vingt ans avant la venue en scène du King blanc ; le troisième est Rudolf Stefan Jan Weigl — « ce médecin polonais méconnu », qui en effet, entre autres choses, mit au point et développa le vaccin contre le typhus ; le quatrième personnage « Cette courageuse Rosa » est une femme étazunienne, dite de couleur, qui au temps de la ségrégation, refusa de courber l’échine et de céder sa place assise dans un bus — son refus entraîna un mouvement énorme, dont prit la tête Martin Luther King et qui l’emporta devant la Cour constitutionnelle. Il s’agit bien évidemment de Rosa Parks. Le refrain quant à lui évoque des circonstances et des personnages moins reluisants.

 

Ah, dit Lucien l’âne, des circonstances, des personnages peu reluisants ?

 

Exactement, répond Marco Valdo M.I., et au pluriel encore. Pour les circonstances : la chasse aux sorcières, les autodafés. Pour les personnages, les membres de ce mouvement nationaliste italien du Nord qui se revendique des antiques Goths, à moins qu’il ne s’agisse de descendants des Néandertaliens ; enfin, ceux qui se font baptiser dans les eaux du Pô et dansent au bord de l’eau.

 

Eh bien, dit Lucien l’âne, me voilà renseigné, mais quand même, j’irai voir de plus près les notices biographiques de ce médecin et de cette Rosa.

 

Reste encore à attirer ton attention, Lucien l’âne mon ami, sur ce dernier quatrain qui demande ce qu’on serait devenu si on en était resté aux grottes et si on avait continué à jouer les platistes le cul par terre marinant sans défense dans le typhus.

 

Soit, dit Lucien l’âne, comme âne, je n’aurais certainement pas été trop « le cul par terre… », mais il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde platiste, infecté, fanatique et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Si autrefois n’avait été

Ce savant physicien parmi nous,

Vous seriez encore là à penser

Que le soleil tourne autour de vous


 

Si autrefois n’avait été

Ce fou déchaîné

Qui, guitare à la main,

Inventa le rock un beau matin.


 

On se perdrait encore entre la chasse aux sorcières

Et ceux qui avec l’eau du Pô se font baptiser ;

Et encore entre les livres brûlés,

On danserait le reggaeton des soirées entières.


 

S’il n’y avait eu

Ce médecin polonais méconnu

Qui contre le typhus mit au point

Pour l’humanité, son vaccin.


 

Si autrefois n’avait été

Ce jour-là en Alabama,

Cette courageuse Rosa

Qui refusa de se lever.


 

On se perdrait encore entre la chasse aux sorcières

Et ceux qui avec l’eau du Pô se font baptiser ;

Et encore entre les livres brûlés,

On danserait le reggaeton des soirées entières


 

Si on vous dit que vous êtes fou,

Que c’est une bataille dérisoire,

Sachez qu’on disait ça à tous

Ceux qui ont fait l’histoire.


 

Quelle fin aurions-nous faite

Enfermés dans une grotte,

Avec notre sang infect,

Tous assis sur une terre plate ?


 

On se perdrait encore entre la chasse aux sorcières

Et ceux qui avec l’eau du Pô se font baptiser ;

Et encore entre les livres brûlés,

On danserait le reggaeton des soirées entières.


 

On se perdrait encore entre la chasse aux sorcières

Et ceux qui avec l’eau du Pô se font baptiser ;

Et encore entre les livres brûlés,

On danserait le reggaeton des soirées entières.


 

FAMILLE PRÉHISTORIQUE

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