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21 avril 2024 7 21 /04 /avril /2024 18:05
ANTONIO SCURATI :
MONOLOGUE CENSURÉ PAR TELEMELONI, ANCIENNEMENT CONNUE SOUS LE NOM DE "RAI"


 

Version française – ANTONIO SCURATI : MONOLOGUE CENSURÉ PAR TELEMELONI, ANCIENNEMENT CONNUE SOUS LE NOM DE "RAI" – Marco Valdo M.I. – 2024

Texte italien – Antonio Scurati: Monologo censurato da Telemeloni, precedentemente nota come "RAI" – Introduction de Riccardo Venturi – 2024


 

 

GIUSTIZIA E LIBERTÀ

Carlo Levi - 1945


 

 

Le retour de flammes tricolores


 

20 avril 2024. À la date qui, par une coïncidence fortuite, correspond avec l'anniversaire d'Adolf Hitler (1889-1945), l'homme politique autrichien naturalisé allemand, le célèbre écrivain et journaliste napolitain Antonio Scurati - auteur d'une série de romans biographiques à succès centrés sur la figure de Benito Mussolini (1883-1945), homme politique italien d'origine socialiste maximaliste - a l'intention de prononcer un monologue à la télévision, dont le texte est reproduit ci-dessous.

L'écrivain, qui a un contrat avec une grande chaîne de télévision italienne anciennement connue sous le nom de RAI (Radio Audizioni Italiane) et souvent appelée "Servizio Pubblico", se voit refuser la diffusion du monologue pour de prétendus motifs économiques et, en fait, contractuels.

Le fait est que l'ancienne "RAI" - et par conséquent l'ancien service public - s'appelle depuis un certain temps "Telemeloni", en référence à Giorgia Meloni (Rome, 15 janvier 1977), femme politique et mère de famille italienne, et actuelle première ministre, fasciste (je rejette catégoriquement tout type de préfixe, tel que "néo" ou "post", même si Scurati lui-même a apostrophé la susdite Meloni avec l'épithète "post-fasciste", s'exposant ainsi à des "querelles" (procès) comme dans le cas du philologue classique Luciano Canfora).

Le contenu du soliloque, qui commence par rappeler la figure et les actes de Giacomo Matteotti (1885-1924), dont on célébrera bientôt le centenaire de l'enlèvement et de l'assassinat par la brigade fasciste, et dont Benito Mussolini assumera de facto la responsabilité au Parlement en instaurant la dictature fasciste en Italie par le "discours des manipulateurs" du 3 janvier 1925, n'appelle pas d'autres commentaires et sa lecture suffira.

Dans son monologue, l'auteur entendait utiliser le "service public" de la télévision pour diffuser un message clairement antifasciste dans les foyers italiens, dans une République qui prétend être fondée sur une Constitution issue de la Résistance et inspirée par les valeurs démocratiques, bien que son application réelle ait presque toujours été négligée, pour ne pas dire plus.

C'est cette même Constitution qui, entre autres (12ème disposition transitoire et définitive), interdit la reconstitution, sous quelque forme que ce soit, du Parti fasciste dissous. Cette reconstitution est tellement interdite que, dès 1946, la formation d'un parti fasciste a été autorisée sous le déguisement du "Mouvement social italien" (qui, par ailleurs, se référait déjà au nom de la République sociale italienne, connue sous le nom de "République de Salò"). Parti dans lequel s'est déroulé tout le début de l'histoire politique de Giorgia Meloni et dont le symbole (la flamme tricolore adoptée ensuite par le Front national français) se trouve encore à la base de celui de l'actuelle formation à laquelle elle appartient, "Fratelli d'Italia". Nous passons sous silence les nombreuses autres formations de partis et de groupes fascistes, voire nazis dans certains cas, qui sont parfaitement autorisées par la loi.

Soulignant donc le fait que la Constitution de la République italienne, définie - parfois de manière quelque peu exagérée et avec une pointe de nationalisme - comme la "plus belle Constitution du monde", n'est rien d'autre qu'une liste purement esthétique de beaux mots ignorés dans la pratique et l'histoire de ce pays misérable, il va sans dire que le fascisme sans préfixes, une fois revenu au pouvoir, n'a pas l'intention de repartir. Il est venu pour rester et agit en ce sens. Il a même pris le contrôle total de la télévision "de service public", en n'autorisant plus aucune voix d'opposition. C'est pourquoi il convient désormais d'appeler l'ancienne RAI "Telemeloni", en attendant qu'elle s'appelle, avec une glorieuse renaissance historique, "EIAR" ou "Istituto Luce".

Si cela peut être utile, depuis le certes très modeste et discret point d'irradiation qu'est ce site, nous exprimons notre solidarité avec Antonio Scurati et contre la lâche censure dont il a fait l'objet, et précisément dans les environs du 25 avril. Son texte est donc publié dans son intégralité et j'espère qu'il sera traduit dans d'autres langues.


 

Le « Noël de Rome » de Madame Meloni


 

Il semble que la femme-mère italienne Meloni, présidente du conseil et cheffe du gouvernement et du régime fasciste actuellement en vigueur en Italie (un pays aussi épais et vigoureux que le voulait la DVCE, et où nous nous préparons à donner des enfants à la patrie), dans un élan de démocratie ait publié le texte du monologue d'Antonio Scurati sur l'un de ses comptes sociaux, je ne sais pas si c'est Facebook ou un autre -gram, Instagram, Telegram, Electroencéphalogramme... -. Oui, belle fiha ! Elle tient à montrer qu'elle ne censure rien, et que tout est de la faute de l'écrivain cupide qui ne s'intéresse qu'à l'argent vil. Nous tenons cependant à préciser que c'est une chose de publier un texte sur son compte social privé, et une autre de le diffuser à la télévision d'État - désormais, elle aussi, sur son compte privé. Inversement, on pourrait dire que le compte de Meloni a désormais une fonction de "service public" : Telemeloni, Facemeloni et Instameloni se mélangent. Nous citons ici l'inégalable titre de la première page du "Manifeste" du 21 avril 2024 d'aujourd'hui, qui résume bien l'ensemble. Le 21 avril, comme on le sait, était célébré pendant le Ventennio comme le "Noël de Rome". [Riccardo Venturi].


 

La longue mémoire de Giacomo Matteotti

 

 

Le fascisme n'est pas une opinion : c'est un crime.

Giacomo Matteotti


 

Giacomo Matteotti a été assassiné par des tueurs fascistes le 10 juin 1924.  Cinq d'entre eux, tous des squadristes milanais, professionnels de la violence engagés par les plus proches collaborateurs de Benito Mussolini, l'attendaient devant sa maison. L'honorable Matteotti, secrétaire du Parti socialiste unifié, dernier parlementaire à s'opposer encore ouvertement à la dictature fasciste, est enlevé en plein centre de Rome, en plein jour. Il s'est battu jusqu'au bout, comme il l'avait fait toute sa vie. Ils l'ont poignardé à mort, puis ont démembré son cadavre. Ils l'ont plié pour le pousser dans une fosse mal creusée avec une scie de forgeron.

"Mussolini fut immédiatement informé. En plus du crime, il s'est rendu coupable de l'infamie d'avoir juré à la veuve qu'il ferait tout son possible pour lui ramener son mari. Pendant qu'il jurait, le Duce du fascisme gardait les papiers ensanglantés de la victime dans le tiroir de son bureau". "En ce faux printemps, nous ne commémorons pas seulement l'assassinat politique de Matteotti, mais aussi les massacres nazis-fascistes perpétrés par les SS allemands, avec la complicité et la collaboration des fascistes italiens, en 1944. Fosse Ardeatine, Sant'Anna di Stazzema, Marzabotto. Ce ne sont là que quelques-uns des lieux où les alliés démoniaques de Mussolini ont massacré de sang-froid des milliers de civils italiens sans défense. Parmi eux, des centaines d'enfants et de nourrissons. Beaucoup ont même été brûlés vifs, certains décapités". "Ces deux anniversaires funèbres concomitants - printemps 24, printemps 44 - proclament que le fascisme a été tout au long de son existence historique - et pas seulement à la fin ou occasionnellement - un phénomène irrémédiable de violence politique systématique meurtrière et massacrante. Les héritiers de cette histoire le reconnaîtront-ils pour une fois ? Tout porte malheureusement à croire que non. Le groupe dirigeant post-fasciste, ayant remporté les élections d'octobre 2022, avait deux voies devant lui : répudier son passé néo-fasciste ou tenter de réécrire l'histoire. Il a sans aucun doute choisi la seconde voie.

Après avoir évité le sujet pendant la campagne électorale, la Première ministre, lorsqu'elle a été contrainte de l'aborder à l'occasion d'anniversaires historiques, s'est obstinée à suivre la ligne idéologique de sa culture néo-fasciste d'origine : elle a pris ses distances avec les actes de cruauté indéfendables perpétrés par le régime (la persécution des juifs) sans jamais renier l'expérience fasciste dans son ensemble, elle a reporté sur les seuls nazis les massacres perpétrés avec la complicité des républicains fascistes, et enfin elle a renié le rôle fondamental de la Résistance dans la renaissance italienne (au point de ne jamais prononcer le mot 'antifascisme' à l'occasion du 25 avril 2023)." "Au moment où je vous parle, nous sommes à nouveau à la veille de l'anniversaire de la Libération du nazi-fascisme. Le mot que la Première ministre a refusé de prononcer résonnera encore sur les lèvres reconnaissantes de tous les démocrates sincères, qu'ils soient de gauche, du centre ou de droite. Tant que ce mot - antifascisme - ne sera pas prononcé par ceux qui nous gouvernent, le spectre du fascisme continuera à hanter la maison de la démocratie italienne.


 

Giacomo Mattetti et Carlo LeviGiacomo Mattetti et Carlo Levi

Giacomo Mattetti et Carlo Levi

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Published by Marco Valdo M.I.

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