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30 juillet 2022 6 30 /07 /juillet /2022 09:07

 

 

Guerre et Sexe

 

Chanson française — Guerre et SexeMarco Valdo M.I. — 2022

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ;

 

 

 

Épisode 58

 

 

 

 

LA DANSE DU GUIDE

Oleksiy Kustovsky — 2022

 

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Guerre et sexe, dit Lucien l’âne, c’est toute une histoire, tout un monde de références, d’illusions, il me semble ; une sorte de croisement, un hybride entre et Paix et Amour (en anglais : Peace and Love).

 

En effet, Lucien l’âne mon ami, il y a des réminiscences qu’on ne saurait ignorer. Elles ne m’avaient pas échappé ; surtout la proximité avec le roman de Léon Tolstoï, qu’on avait déjà évoqué ici, si je me souviens bien et si ce n’est pas le cas, on aurait dû le faire, lorsque nous avons proposé Le Sommeil de Koutouzov, La Lettre d’Austerlitz et plus récemment, Guerre et Paix. Cependant, il me faut aller au-delà des coïncidences et indiquer que le premier titre de cette chanson était « Le Guide pense au Sexe », ce qui est d’ailleurs le sens de la dernière strophe ; il ne faut pas nécessairement y voir malice, car le Guide — cela va de soi — pense au sexe comme adjuvant politique ; tout un programme. Les trois premières strophes se focalisent sur le rapport de la Zinovie et la guerre. Elles mettent en avant le rôle du Guide qui « n’est pas un imbécile ordinaire » ; il « pense » et « pour le meilleur et pour le pire, le Guide reconstruit un empire ».

 

Quand même, dit Lucien l’âne, le Guide pense au sexe. Ma question est simple : est-ce le cas de tous les Guides en Zinovie ou seulement, le cas de ce dernier ?

 

À ça, je peux répondre aisément, Lucien l’âne mon ami. C’est le cas de tous les guides ; c’est à la fois une position nécessaire : l’affirmation de la puissance censément virile — ça, c’est le sexe politique et l’affirmation sexuelle comme affirmation et confortation de soi.

 

Bien, dit Lucien l’âne. Qu’y a-t-il d’autre dans la chanson ?

 

Eh bien, répond Marco Valdo M.I., il y a — comme toujours avec le discours de cette voix anonyme — une ironie critique sous-jacente que je laisse à chacun le soin de décortiquer. Elle est vraiment au picrate ou au vitriol, comme on voudra. Je prends pour exemple :

 

« Le Guide n’est pas un imbécile ordinaire,

Aucun doute, nulle fausse interprétation. »

 

qu’on peut lire (à mon sens, qu’on doit lire) du point de vue logique comme suit : le guide est un imbécile extraordinaire, il n’y a aucun doute.

Ou encore ceci :

 

« Au prix d’efforts immenses,

Il réfléchit, il pense en génie ;

Tragédie ou comédie ? »

 

Et pour en finir, j’attire l’attention sur cette scène de vie quotidienne :

 

« Ce soir, les voisins ont de la visite

Ils gueulent, ils braillent, ils chantent

Des rengaines d’avant-guerre,

D’avant la guerre des grands-parents.

Les vieux dégoisent les refrains militaires

Où on marche à la victoire triomphants. »

 

Assez, s’écrie Lucien l’âne, sinon qu’est-ce qui resterait pour le plaisir ? Je m’y mets dès que j’aurai un instant de libre ; en attendant, tissons le linceul de ce vieux monde sexuel, impérial, nostalgique, romantique, martial et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

L’histoire récente de la Zinovie

Est un perpétuel tour de magie.

Le Guide est le grand magicien :

Ses tours de passe-passe quotidiens,

Embobinent en un tournemain

Tous les responsables, tous les citoyens.

Personne ne doit savoir d’avance

À quoi le Guide pense.

Politique n’est pas tromperie,

La Zinovie est trop petite

Le Guide ne connaît pas de limites.

Diplomatie n’est pas duperie.

 

En Zinovie, pour l’État, la nation,

Les gens ont péri par millions.

Régulièrement, les dirigeants toujours vivants

Refont la guerre avec d’autres contingents.

Ce soir, les voisins ont de la visite

Ils gueulent, ils braillent, ils chantent

Des rengaines d’avant-guerre,

D’avant la guerre des grands-parents.

Les vieux dégoisent les refrains militaires

Où on marche à la victoire triomphants.

Accroître la puissance de la Zinovie,

Est-ce compatible avec la vie ?

 

Précis, clair, net dans ses décisions,

Le Guide n’est pas un imbécile ordinaire,

Aucun doute, nulle fausse interprétation.

Du sommet de la sagesse populaire,

Avec les plus hauts acquis de l’humanité,

Il dirige la nouvelle société.

Au prix d’efforts immenses,

Il réfléchit, il pense en génie ;

Tragédie ou comédie ?

En Zinovie, le Guide mène la danse.

Pour le meilleur et pour le pire,

Le Guide reconstruit un empire.

 

En Zinovie, le Guide pense au sexe.

Avant, on s’aimait sans sexe.

Aux glorieux temps héroïques,

On vivait d’amours romantiques.

Le Guide est nostalgique de ces amours d’antan.

À présent, la puissance sexuelle est le ferment

Du potentiel créateur des dirigeants.

Le Guide décrète une campagne sexuelle

Pour stimuler la société nouvelle.

Il veut renforcer le sexe puissamment

Pour distraire tous les gens

De l’ennui de la vie, du manque d’argent.

Guerre et Sexe
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Published by Marco Valdo M.I.
26 juillet 2022 2 26 /07 /juillet /2022 09:47

 

La Faute à la Contingence

 

Chanson française — La Faute à la ContingenceMarco Valdo M.I. — 2022

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés


 

Épisode 57

 

 

 

LA CHARGE DE LA CAVALERIE ROUGE

 

Kazimier Malevitch — 1932 ca

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

La Faute à la Contingence, dit Lucien l’âne, ça me fait penser à Voltaire et à Rousseau.

 

Et c’est bien à cette sentence bien connue que la chanson fait allusion. Cette antienne ancienne disait, citant Gavroche, personnage des Misérables de Victor Hugo et la chanson « La Faute à Voltaire » qui la perpétua :

 

« Je suis tombé par terre,

C’est la faute à Voltaire ;

Le nez dans le ruisseau,

C’est la faute à Rousseau. »

 

Oh oui, je m’en rappelle, dit Lucien l’âne, je l’ai encore dans les oreilles.

 

Et elles sont grandes assez, dit Marco Valdo M.I., pour y mettre tous Les Misérables. Cela dit, elle illustre très exactement la contingence, qui est la grande faiseuse de l’histoire du monde, de l’humanité, des gens et plus également, de la vie. Elle est le moteur de l’évolution ; elle est à la fois, le hasard et la nécessité ; elle détermine l’indétermination et l’indéterminé ; le tout élevé en système. Il faut se faire à l’idée qu’à tout moment, tous les possibles sont possibles et que tous les impossibles peuvent se révéler subitement possibles. C’est ça le règne de la contingence ; dès lors, seule la chose accomplie peut donner le sens de ce qui est accompli.

 

Certes, dit Lucien l’âne, on peut imaginer que ceci, que cela, mais rien n’est sûr qui n’est pas certainement établi. Soit, mais qu’est-ce que ça vient faire ici avec cette chanson ?

 

Lucien l’âne mon mai, il fallait que ce fut dit ici pour la comprendre, cette chanson. La contingence… C’est elle qui fait que ce qui était sûr et devait certainement se produire, eu égard à telle ou telle autorité, ne se produit pas et qu’on voit se développer tout autre chose. Comme il est dit à la dernière strophe :

 

« Tout n’est pas si bien contrôlé :

La faute à l’invisible, à la contingence.

Les importants objectifs initiaux

Restent subitement en souffrance. »

 

Ça va, dit Lucien l’âne, j’ai compris. C’est ce que j’appelle la surprise du chef, celle qui survient quand le chef a claironné comme un crieur public qu’il allait réaliser ceci ou cela et que la réalité vient lui moucher sa bougie. Au fait, que raconte-t-elle d’autre la chanson ?

 

D’abord, Lucien l’âne mon ami, il faut se souvenir qu’il s’agit d’un soliloque jeté au vent par une voix anonyme, mais quand même zinovienne. Elle suit son propre discours sans se soucier d’éventuels auditeurs. Elle tente de comprendre, pour elle-même d’abord, ce qui se passe en Zinovie et elle se laisse parfois parasiter par d’autres voix, comme celle qui (mais n’est-ce quand même pas la sienne ?) soudain déboule en criant :

 

« Nous autres, l’historique escadron,

Au-dessus des nuages, nous galopons. »

 

et puis, le retour au réel quotidien :

 

« Adieu, je dois aller demain

Trier les patates à six heures du matin. »

 

Enfin, elle rumine beaucoup à propos du Guide et de ses extravagances.

 

Oui, dit Lucien l’âne, et je pense qu’il y aura encore matière à le faire. Mais pour l’instant, c’est assez. Laissons dire à la chanson ce qu’elle entend dire et tissons le linceul de ce vieux monde calfeutré, infatué, gonflé, paradeur et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

L’histoire avance sans se retourner

Fleuve roulant, on ne peut la renverser.

En Zinovie, il suffit de patienter.

On va résolument en marche arrière

Grâce au Guide, on va bientôt retrouver

Les horreurs d’avant la guerre.

En ce temps-là, l’ordre régnait.

Alors, dit-on, les prix avaient baissé,

Alors, dit-on, les salaires avaient grimpé.

Les camps surpeuplés affichaient complet.

On enrôlait de force sur les chantiers.

En Zinovie, tout ça, on l’a oublié.

 

Nous autres, l’historique escadron,

Au-dessus des nuages, nous galopons.

Le sort des uns s’étale sur toute une vie ;

Le sort des autres expire en un instant.

Un instant qui vaut une vie.

Pour les rouges, pour les blancs,

Nos cris glissent silencieusement,

Étouffés par les hoquets des canons.

On est tous morts, donc innocents

De ce qui se passe à l’horizon.

Adieu, je dois aller demain

Trier les patates à six heures du matin.

 

Le Zinovien est un être banal ;

Il va d’assemblées en réunions,

De conseils en commissions.

Il suit le cheminement général.

Le Guide veut diriger la société ;

Il pense des projets, des idées magnifiques,

Il rédige de gros traités théoriques

Pour ébranler et piloter l’humanité.

De tous ces principes scientifiques,

Le Guide inonde l’Afrique, l’Asie,

Le monde et même, la Zinovie

D’avenirs radieux mirifiques.

 

En Zinovie, le Guide mène le jeu,

Avec le sens aigu de l’autorité.

Un jeu grandiose et planifié

Où se profilent des desseins curieux.

L’inconvénient, ce sont les circonstances,

Les hasards, les discordances.

Tout n’est pas si bien contrôlé :

La faute à l’invisible, à la contingence.

Les importants objectifs initiaux

Restent subitement en souffrance.

Le Guide invente des buts nouveaux

Toujours prévus d’avance.

La Faute à la Contingence
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Published by Marco Valdo M.I.
24 juillet 2022 7 24 /07 /juillet /2022 13:19

 

Les Temps dépassés

 

Chanson française — Les Temps dépassésMarco Valdo M.I. — 2022

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ;


 

Épisode 56

 

 

 

LA SOLITUDE

Vladimir Yankilevski — 2013

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Ah, Lucien l’âne mon ami, je vois venir ton habituelle question où tu demandes ce que peut cacher le titre de la chanson.

 

Et tu as parfaitement vu, Marco Valdo M.I. mon ami, car bien entendu et pour cause, je me demande ce que sont ces « temps dépassés », même si je peux supposer que ce sont des « temps anciens » :

 

« Je me souviens
Des jours anciens
Et je pleure »

(Paul Verlaine — Chanson d’automne),

 

ou des « temps où » :

 

« C’était au temps où Bruxelles rêvait
C’était au temps du cinéma muet
C’était au temps où Bruxelles chantait
C’était au temps où Bruxelles
bruxellait »

(Jacques Brel — Bruxelles),

 

ou des temps de la Préhistoire :

 

« C’était au temps de la préhistoire,
Voici deux ou trois cent mille ans,
Vint au monde un être bizarre
Proche parent de l’orang-outan. »

(Maurice Feldbach — L’Homme de Cro-Magnon)

 

ou des « temps difficiles » :

 

« Pour faire face à la vérité
J’ai poussé jusqu’à la télé
Où l’on m’a dit : « Vous demandez qui ?
La vérité ? C’est pas ici ! »
Les temps sont difficiles ! »

(Léo Ferré, Les Temps difficiles)

 

ou Le Temps du Plastique,

 

« Si l’on mettait le temps du plastique
En musique, sique, sique,
On perdrait pas son temps
De temps en temps »

(Léo Ferré — Le Temps du Plastique)

 

ou Le Temps passé,

« Il est toujours joli, le temps passé,
Un
e fois qu’ils ont cassé leur pipe.
On pardonne à tous ceux qui nous ont offensés,
Les morts sont tous des braves types. »

(Georges Brassens — Le Temps passé)

 

ou tant d’autres temps encore :

 

« Il y avait des temps et des temps
Que je ne m’étais pas servi de mes dents,
Que je ne mettais pas de vin dans mon eau
Ni de charbon dans mon fourneau. »

(Georges Brassens — Celui qui a mal tourné)
 

Halte-là, Lucien l’âne mon ami, on n’en finira jamais avec le temps. Mais tu as vu juste, ce sont bien ces temps-là qu’évoque la chanson.

 

Alors, demande Lucien l’âne, pour quoi dire, pour quoi faire ?

 

En fait, répond Marco Valdo M.I., comme leur nom l’indique ces temps-ci, ces temps dépassés, sont des temps anciens qui sont ceux d’une époque révolue, ce sont ceux que la Zinovie a connus sous l’illustre Guide génial bâtisseur et grandiose généralissime ; une époque de gloire que regrette le nouveau Guide et qu’il veut rétablir coûte que coûte. C’est le rêve, le délire, l’ambition et l’effort suprême du Guide actuel. Je laisse la chanson égrener les détails.

 

Oui, dit Lucien l’âne, bonne idée. Mais qui parle, qui chante, en définitive ?

 

C’est évidemment la question qui parcourt tout ce voyage, dit Marco Valdo M.I. : quelle est cette voix si singulière et anonyme ? Sans doute, n’en saura-t-on jamais plus que ça. Pour cette voix, cette néantisation, c’est la condition absolue de survie en Zinovie : être anonyme, rester inconnu, invisible, à peine audible ; et elle y réussit depuis le début de ce tour. Pour la bonne raison que c’est une voix zinovienne, celle d’un individu volontairement quelconque qui du sein-même de la vie quotidienne analyse, énonce l’état de santé mentale et sociale de la Zinovie, où comme à la roulette, on entend : « Faites vos jeux rien ne va plus. » Disons que c’est la roulette zinovienne. Au fait, pour être et continuer à exister, elle n’a pas d’autre choix, cette voix.

 

Je vois, dit Lucien l’âne. Donc, ainsi, on sait qui parle, qui chante toutes ces chansons. Mais que dit-elle, cette voix, cette fois-ci ?

 

Difficile de tout dire, répond Marco Valdo M.I., car il te faudra l’écouter en ayant en tête toutes les autres qui l’ont précédée et y réfléchir un brin. En résumé, « Les Temps dépassés » disent comment fonctionne la Zinovie en tant que corps social, en tant que nation avec son Guide, ses chefs, son peuple, ses gars et cette voix d’un de ceux-là, seul et qui revendique sa solitude. Il y a un affrontement permanent en chacun, soumis à la pression du groupe (peu importe lequel et quand) qui tout le temps le contraint à s’assimiler, à l’acquiescement :

 

« Toujours groupés, toujours en collectivité,

À vivre toujours ensemble dans le nous

Et toujours seul, seul à en pleurer,

Résultat : un invincible dégoût

En groupe, tout le monde est pour, en Zinovie ;

En solo, chacun est contre, en Zinovie. »

 

Voilà, dit Lucien l’âne, qui pose la question de la vie en société. Pour moi, la chose est claire : l’individuation de l’être (Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout leur mal. — Les Animaux malades de la Peste, Jean de La Fontaine) est la condition sine qua non de la civilisation de la société. Cela dit, tissons le linceul de ce vieux monde barbare, tardigrade, retardataire, oppressif et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

En Zinovie, on regrette maintenant,

Encore, le grand passé enfui,

Emportant la puissance d’antan.

En Zinovie, le monde s’est réduit.

Hantée par ce passé disparu,

La majestueuse Zinovie a fondu.

Le Guide nostalgique veut la ressusciter,

Effacer, gommer le présent détesté,

Rembobiner l’Histoire,

Retrouver les sentiers de la gloire,

Réveiller les temps dépassés,

Revivifier ses rêves ressassés.

 

Les leçons édifiantes, les discours moraux,

La propagande héroïque, la télé, les journaux,

Les efforts et les bienfaits de l’éducation,

Tout menace de ruine chaque génération.

Toujours groupés, toujours en collectivité,

À vivre toujours ensemble dans le nous

Et toujours seul, seul à en pleurer,

Résultat : un invincible dégoût

Et seuls, tout le temps, à tant et tant,

À vaguer dans cet environnement.

En groupe, tout le monde est pour, en Zinovie ;

En solo, chacun est contre, en Zinovie.

 

On respire toujours ainsi en Zinovie.

Le mensonge peuple notre atmosphère,

Le Guide nous ressert le plat de la guerre,

On résout tout en Zinovie

En s’en allant se battre sur les terres

D’une mauvaise et maudite nation ennemie.

Les pertes ? Quelles pertes ? On a gagné

D’avance. L’ennemi s’est déjà défilé.

Les gars partis là-bas ne reviennent pas.

Ou alors : morts, manchots ou estropiats

Qu’on n’arrive même plus à compter.

Le Guide peut toujours en raconter.

 

En Zinovie, les chefs sont les chefs.

Le pouvoir est le droit des chefs.

Le droit du peuple est de devoir.

En Zinovie, c’est la loi du terroir.

Les chefs n’habitent pas sous nos toits

Dans les immeubles en colocation.

En Zinovie, on bannit la compromission.

Nous, on n’a pas de vrai chez soi.

Faut pas s’en faire, tout ça passera ;

Suffit d’attendre, ça ira, ça ira.

Aux jeunes, aux vieux, l’avenir radieux !

Le Guide l’a dit, on vivra mieux.

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Published by Marco Valdo M.I.
22 juillet 2022 5 22 /07 /juillet /2022 15:21

 

COURS, COURS, HOMME

 

Version française — COURS, COURS, HOMME — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne CORRI CORRI UOMO de Stanislava


d’une chanson tchèque — Utíkej, utíkej, člověče Lenka Lichtenberg2022

Chanson — Texte : Anna Hanna Friesová — 1942-45 / Musique : Lenka Lichtenberg


Thieves of Dreams/ Zloději snů. Songs of Theresienstadt’s Secret Poetess — Voleurs de Rêves. Chansons d’une poétesse secrète de Theresienstadt.

 

 

 

LA COURSE

Alexandre Deneïka - ca.1930


 

 

Pour son album " Thieves of Dreams " — « VOLEURS DE RÊVES », enregistré très soigneusement avec dix-huit musiciens, Lenka Lichtenberg (voix, piano, synthé) s’est plongée dans la Tchécoslovaquie et l’histoire de sa famille en déportation : « Lorsque ma mère Jana Renée e Friesova est décédée en 2016, je rangeais son bureau à Prague et j’ai découvert deux petits carnets. Ils étaient remplis de poèmes que ma grand-mère, Anna Hana Friesova (1901-1987), avait écrits dans le camp de concentration de Theresienstadt. […] Devant mes yeux, il y avait les pages déchirées avec les rêves écrits à la main par ma grand-mère et ses cauchemars dans le camp, des histoires qu’elle ne m’a jamais racontées. Je me suis donc embarquée dans une recherche visant à partager ses écrits de « l’enfer sur terre », pour citer Primo Levi, et à faire revivre sa voix de la meilleure façon qui soit : en musique, dans un projet couvrant huit décennies et trois générations ». Les seize titres témoignent d’une sensibilité mélodique particulière et ont été composés et arrangés par Lenka Lichtenberg elle-même, parfois en collaboration avec d’autres musiciens, et sont en mesure de restituer à l’auditeur une texture affective dense qui invite à se plonger dans le livret bien édité, qui contient à la fois la copie des pages écrites à la main par Anna Hana Friesova et la traduction des textes en anglais, précédée d’une introduction autobiographique touchante et documentée écrite par Lenka Lichtenberg et intitulée Thieves of Dreams — « VOLEURS DE RÊVES ».

 

 

 


Cours, cours, cours, homme !

Qui fuit gagne à la fin.

La route qui mène loin,

Passe pas loin de l’homme.


Cours, cours, cours,

Cours, cours, cours…

 

Fuis tes mots et les trahisons, cours,

Une course pour toujours,

Ce n’est pas courir, c’est juste lenteur,

Tu ne peux échapper à toi-même et à ton cœur.


Quand dans ta dernière joie, tu fuiras,

La vitesse tu apprendras.

Lacéré, pieds nus, fatigué à l’extrême,

Tu tourneras sur toi-même.

 

Cours, cours, cours,

Cours, cours, cours…

 

COURS, COURS, HOMME
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Published by Marco Valdo M.I.
18 juillet 2022 1 18 /07 /juillet /2022 16:36

 

Les Pigeons

 

Chanson française — Les PigeonsMarco Valdo M.I. — 2022

 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ;

 

 

Épisode 55

 

 

 

LES PIGEONS ET LA STATUE

Alexandre Zinoviev – ca. 1980

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Une histoire de pigeons, demande Lucien l’âne, voilà qui est bizarre. Que viennent faire les pigeons dans ce voyage ?

 

Oh, Lucien l’âne mon ami, ce que viennent faire les pigeons dans n’importe quel voyage, dans n’importe quelle ville. Les pigeons volent.

 

D’accord, répond Lucien l’âne, pigeon vole, les éperviers et les faucons aussi. Mais encore ?

 

Oui, je vois, dit Marco Valdo M.I., ce qui explique leur place ici, c’est qu’ils jouent un rôle historique ; un rôle qu’ils doivent jouer partout où il y a des monuments et des statues : ils enseignent la modestie aux grands statufiés de ce monde.

 

De ça, rétorque Lucien l’âne, on ne peut que les féliciter, mais enfin, je suppose que la chanson ne se limite pas à exalter les exploits cloacaux des pigeons. Alors, de quoi s’inquiète-t-elle ?

 

Comme on peut s’y attendre, reprend Marco Valdo M.I., elle fait écho à des opinions, des considérations sur la Zinovie et ce qui s’y passe. Cette fois, il y a un Zinovien qui s’exprime en direct, de vive voix, à la première personne.

Qui c’est ?, demande Lucien l’âne.

 

On en le sait pas, continue Marco Valdo M.I. ; c’est une voix anonyme et à entendre ce qu’elle raconte, il vaut mieux pour elle de le rester. Donc, un Zinovien se plaint de l’état de son pays et de la vie qu’on y vit.

 

« Moi, Zinovien, un Zinovien de Zinovie ;

Je suis triste et malade de cette vie. »

 

et donne un portrait assez réaliste et effrayant (parce que réaliste) du peuple zinovien.

 

Le peuple zinovien, demande Lucien l’âne, qu’est-ce donc ?

 

À vrai dire, répond Marco Valdo M.I., ce n’est pas précisé. Comme toujours s’agissant du peuple, on découvre une entité vague, indéfinie, aux contours vagues. Mais enfin, on peut dire en ce cas « les gens », ce qui englobe aussi bien les dirigés que les dirigeants. Il correspond sans doute à cette description de la Zinovie que donne la chanson :

 

« La Zinovie est solide, stratifiée,

Un lamellé-collé de classes sociales

Stables, héréditaires, pétrifiées ».

 

Une description, soit dit en passant, qui contredit totalement les « promesses spéciales » faites et perpétuées par les Guides successifs et la constitution qui instaura la Zinovie et son régime. Je laisse la chanson te découvrir d’autres détails de la vie zinovienne.

 

Soit, dit Lucien l’âne, alors, tissons le linceul de ce vieux monde divers, changeant, guerroyant et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Moi, Zinovien, un Zinovien de Zinovie ;

Je suis triste et malade de cette vie.

En Zinovie, le peuple est toujours en manque,

En état de furie, d’agressivité, de panique,

Il envie l’autre, il craint d’être lésé,

Il se sent dépassé, à la traîne de l’humanité.

Nanti du folklore d’une grandeur illusoire :

Étrange nation, curieux destin.

Poupées gigognes, balalaïkas et samovars,

Haine de soi, jalousie du voisin,

Colère, pogroms, trahison.

Le peuple zinovien est moribond.

 

Au cœur du cœur de la Zinovie,

Se tient debout sur une stèle fleurie,

La statue du grand Commandeur,

Le monument au grandiose inspirateur,

Guide de tous les Guides et du monde nouveau,

Il porte haut sa barbe ; fier, il porte beau.

Et vont et viennent les pigeons

Se poser dur l’auguste front,

Et font, et font, ce que font les pigeons

Victimes d’un ennui profond.

Les gardiens n’y font rien :

Toujours, le pigeon revient.

 

Sauf circonstance exceptionnelle,

En Zinovie, la routine habituelle

Ennuyeuse, morose et terne,

Est une vie mise en berne.

Chaque jour a sa pleine dose

De monotonie et de banales choses.

Les gens vont au travail à contrecœur,

Les gens vont ailleurs chercher leur bonheur.

Galia avait une amie dissidente,

On la somma de rompre cette relation.

Elle refusa ; ce fut la punition.

On la dit folle, on chassa la récalcitrante.

 

La Zinovie est solide, stratifiée,

Un lamellé-collé de classes sociales

Stables, héréditaires, pétrifiées

Malgré les promesses spéciales,

Les enfants d’ouvriers seront ouvriers,

Les enfants de paysans seront paysans.

De père en fils, paysans ;

De père en fils, ouvriers :

C’est la loi d’airain éternelle.

Travailler à la production matérielle.

En Zinovie, avec un instinct naturel,

Certaines gens refusent le travail manuel.

Les Pigeons
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Published by Marco Valdo M.I.
14 juillet 2022 4 14 /07 /juillet /2022 17:20

ASTURIES

 

Version française — ASTURIES — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson espagnole — AsturiasVíctor Manuel1976

Poème : Pedro Garfias Zurita (1937)
M
usique : Víctor Manuel (1976)

 


 

 

Révolte des mineurs d’Asturies - 1934


 

 

Pedro Garfias Zurita est un poète espagnol d’avant-garde de la génération de 27. En 1937, il écrit le poème “Asturias”, un poème de 42 vers en pleine guerre civile, qui sera publié pour la première fois en exil dans son livre Poesías de la guerra española publié au Mexique en 1941.

 

Ce poème a été écrit après la chute des Asturies, le 20 octobre 1937, aux mains des franquistes, et son texte évoque la révolution d’octobre 1934 et la répression cruelle qui s’en suivit par le gouvernement de la République.

 

Avant la mort de Franco, le poème avait déjà été mis en musique par le chanteur-compositeur asturien Víctor Manuel. En raison de la censure, sa chanson n’est pas parue sur vinyle avant 1976. Cependant, ce n’est qu’en 1983, que cette interprétation a fini par devenir pour la grande majorité des Asturiens un véritable second hymne des Asturies en raison de ses paroles : plus sérieuses, profondes et percutantes que celles de « Asturias, patria querida ».

 

Et maintenant, Lucien l’âne, dit Marco Valdo M.I., juste pour savoir ce qui s’est passé, si on parlait d’un film : un documentaire de Sergio Montero Fernandez, 91mn, 2018, VO esp. sous-titrée français : Los Labios apretados (Les lèvres serrées). Voici ce qu’il raconte :

 

Le fils d’un mineur asturien voyage à Buenos Aires sans savoir qu’il entame un autre voyage, celui de la mémoire. Là-bas, il découvre qu’un événement historique de répercussion mondiale a eu lieu dans sa région d’origine. Et on ne lui a jamais rien raconté dans aucune école. Le jeune homme va passer d’un côté à l’autre de l’Océan en poursuivant l’ombre de cette révolution à laquelle il ne connaît rien, même si certains vieux de chez lui y font allusion.


 

Sur la grève insurrectionnelle dans les Asturies en 1934

Octobre 1934, Espagne. Face à la prise de pouvoir par la droite dure, la grève insurrectionnelle est déclenchée. Sensée embraser toute le pays, elle échoue en Catalogne et est vite matée au Pays Basque. Mais dans les Asturies, la République socialiste est proclamée. Casernes et usines d’armement tombent les unes après les autres et dans les bassins miniers, argent et propriété sont abolis. Ce qui va bien au-delà de l’antifascisme.


Madrid va envoie 30 000 soldats, sous la coordination d’un certain général Franco, pour suffoquer cette rébellion. Accompagnés de la flotte de guerre et de l’aviation et face à la résistance acharnée des ouvriers, ces militaires mettent plus de deux semaines à parvenir auxcentres de la rébellion.

Plusieurs comités révolutionnaires coordonnent la révolution asturienne dont un est élu en assemblée sur les barricades.


 


 


 

 

Asturies, si je pouvais,

Si vous chanter, je savais

Asturies, vertes de montagnes

Et noires de mines.

 

Je suis du Sud profond,

Poussière, soleil, fatigue et faim,

Faim de pain et d’horizons…

Faim !

 

Sous la peau desséchée

De denses rivières de sang

Et le cœur asphyxié

Sans veines pour vous soulager.

 

Les yeux aveugles, les yeux

Aveugles à force de vous regarder

Sans vous voir, Asturies de l’âme,

Filles de ma même mère.

 

Vous avez tenu deux fois, deux,

L’occasion de jouer

Votre vie dans un jeu,

Et les deux fois, l’avez jouée.


Qui abattra cet arbre

Des Asturies, maintenant ébranché,

nudé, sec, cloué

Par sa racine profonde

 

Qui court par toute l’Espagne

Nous innervant de courage ?

Regardez, ouvriers du monde

Sa silhouette se découpe

 

Sur ce ciel impassible,

Verticale, indéfectible,

Ferme sur la roche ferme,

Sa chair blessée vive.

 

Des poings crient par millions,

Dans l’air leur colère,

Des millions de cœurs

Battent contre leurs prisons.

 

Préparez votre dernier assaut,

Livide mort couarde,

Préparez votre dernier assaut,

Les Asturies vous attendent.

 

Seules au mitan de la Terre,

Filles de ma même mère.

 

 ASTURIES
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12 juillet 2022 2 12 /07 /juillet /2022 18:22
NOUS SOMMES

 


Version française — NOUS SOMMES — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne SIAMO de Lorenzo Masetti — 2022

d’une chanson espagnole — SomosJosé Antonio Labordeta — 1984

Album “Qué queda de ti, qué queda de mí”
Cori : Joan Manuel Serrat, Luis Eduardo Aute

 

 


José Antonio Labordeta est né à Saragosse le 10 mars 1935. Il a vécu presque toute sa vie en Aragon. Son père, professeur de latin, fut arrêté durant la guerre civile pour son activité militante. José Antonio Labordeta est connu comme poète, comme chanteur. Professeur, écrivain, poète, journaliste, présentateur de télévision et homme politique aragonais, il fut également auteur de fictions, réalisateur de documentaires sur la campagne espagnole. Il fut député aux Cortès de 1999 à 2008, où il défraye la chronique en insultant des députés du Parti Populaire ; en émule de Pierre Cambronne, qui servit un « Merde ! » aux Anglais, il lançait aux gens de la droite : « A la mierda ! » C’est encore aujourd’hui dans les mémoires et tout à son honneur. Il est décédé le 19 septembre 2010.

 

 

 

ALHAMA DE ARAGON — 1904

 

Nous sommes

Comme ces vieux arbres

Battus par le vent

Qui vient de la mer.


Nous avons

Perdu compagnons,

Paysages et espoirs

Sur notre chemin.


Nous allons

Gravant dans nos mots

Les empreintes de nos lèvres

Pour pouvoir embrasser

 

Les temps

Futurs et désirés,

Mains à mains

Hissant l’égalité.

 

Nous sommes

Comme l’humble pisé,

Qui contre le temps protège

L’ombre du foyer.

 

Nous avons

Perdu notre histoire,

Nos chemins et nos chansons

En une dure bataille.

 

Nous allons

Arracher de nouvelles racines

Des champs et des sentiers,

Pour pouvoir parcourir

 

Les temps

Qui portent en dedans

Cette grande vérité

Qu’est la fraternité.

 

Nous sommes

Pareils à notre terre

Doux comme l’argile,

Durs comme la pierre.

 

Nous avons

Traversé le temps

Jetant dans les terres arides

Notre lutte totale.

 

Allons

Faire avec l’avenir

Une chanson d’espoir

Pour pouvoir enfin voir

 

Les temps

Couverts par la main,

Les visages et les lèvres

Qui rêvent de liberté.

 

Nous sommes

Comme ces vieux arbres.

 

NOUS SOMMES

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11 juillet 2022 1 11 /07 /juillet /2022 15:49

 

Le Pays du Bonheur

 

Chanson française — Le Pays du BonheurMarco Valdo M.I. — 2022

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52. : La Valse des Pronoms ; Épisode 53. : La Philosophie spéciale ;


 




 

 

 

Épisode 54

 

 

 

LE PAYS DU BONHEUR

Alexandre Deïneka — 1952

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Ah, dit Lucien l’âne, le pays du bonheur. Serait-ce la Zinovie ?

 

Oui, dit Marco Valdo M.I., le pays du bonheur, c’est la Zinovie vue par elle-même. Officiellement ; en tout cas, proclamée telle par le Guide et les dirigeants. La population dit pareil — il le faut bien, mais avec un solide parfum d’ironie dans la voix.

 

Fort bien, dit Lucien l’âne, je comprends, car au début, j’avais des doutes du fait qu’on dit à présent que le pays du bonheur, c’est le Bhoutan.

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., d’un point de vue zinovien, il n’y a rien là de contradictoire. Le tout est de savoir de quoi on parle. Il y a toutes sortes de conceptions du bonheur et puis, qu’importe s’il y a plusieurs pays du bonheur, la Zinovie est à l’avant-garde avec son avenir radieux. Qu’en dit la chanson ? Pays du bonheur, dit la Zinovie, l’être ou ne pas l’être, telle est la question.

 

Oyi, dit Lucien l’âne, mais ce qui m’intéresse, c’est la réponse. Et d’abord, que dit ce soliloque ?

 

En fait, comme toujours dans ce voyage en Zinovie, répond Marco Valdo M.I., il n’est pas possible de le savoir. C’est une voix anonyme. Une voix de simples gens, certainement pas une voix de dirigeant.

 

Certes, Marco Valdo M.I. mon ami, c’est plus prudent en Zinovie de rester une voix perdue dans le chaos des discours et des incantations du Guide et des guidons.

 

Des guidons ?, demande Marco Valdo M.I.

 

Eh bien quoi ?, demande Lucien l’âne. L’ânon n’est-il pas un petit âne ?

 

Ah, je vois, dit Marco Valdo M.I. ; dès lors, un guidon serait un petit Guide et peut-être même, un futur Guide ou un candidat Guide.

C’est une position dangereuse que d’être guidon et heureusement, il existe un Saint Guidon qui se doit d’être leur protecteur comme le commande la tradition. Donc, la Zinovie est le pays des guidons et pour en revenir à mon propos, le soliloqueur ne se dévoile pas ; cependant, il dit des tas de choses intéressantes que je te laisse découvrir et décoder.

 

Oh, reprend Lucien l’âne, depuis le début de ce voyage en Zinovie, je passe mon temps à décoder ce qu’on entend et je finis par penser que le décodage est un élément essentiel de la vie quotidienne zinovienne.

 

C’est également un passe-temps national et une soupape au sentiment de malaise et d’angoisse des Zinoviens, enchaîne Marco Valdo M.I., et du reste, les Zinoviens se comprennent à demi-mots. Ils n’ont pas besoin de décodeurs. D’ailleurs, même s’il arrive qu’il émette un avis trop évident — auquel cas, le locuteur a des ennuis avec les services, la justice et souvent, bénéficie d’un séjour au camp, il est rare qu’on entende une protestation claire et péremptoire. Le principe est la prudence est la mère du Zinovien qui veut vivre paisiblement.

 

On les comprend, dit Lucien l’âne, car j’ai souvenir que même avec une habitude, un entraînement, une culture de prudence, les gens de Zinovie ont fini en camp par millions et qu’il en est revenu beaucoup moins. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde codé, chaotique, heureux et cacochyme.



Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Je vis depuis toujours en Zinovie,

J’ai passé ici toute une vie.

Dans ma chambre, je fais le bilan.

Je m’étire sur mon lit,

Pas sur un canapé, pas sur un divan.

En somme, sur un vrai lit,

Un lit d’antan, le lit de fer,

Hérité de ma grand-mère.

Juste un treillis et des ressorts,

Dessus une paillasse préhistorique.

Avec les dames, c’est du sport.

On saute, on plane, c’est cosmique.

 

Et je m’en vais sans nostalgie, sans élan.

Je marche au pas, fondu dans le rang.

Dans le temps, la Zinovie,

C’était camps et compagnie.

Dans le pays, il y avait deux couches :

La plus grande, c’était les gens

Et plus réduite, l’autre couche,

C’était les dirigeants.

C’étaient d’authentiques romantiques :

Ils vivaient dans la joie frénétique

Du pouvoir, des honneurs, des rations spéciales,

Des filles, des récompenses et des balles.

 

Tout au long des années,

On fait passer en Zinovie

En réunions, meetings, assemblées.

Les décisions historiques dans la vie.

En Zinovie, du peuple anonyme,

On exprime la volonté unanime

De réaliser des tâches grandioses,

De mener héroïquement les choses,

De conquérir de nouvelles terres,

D’étendre et défendre nos glorieuses frontières.

La Zinovie est un pays très spécial,

Vérité est synonyme de journal.

 

En Zinovie, on vit comme des dieux.

Personne n’est malheureux.

Plus personne ne se plaint.

On ne souffre plus de la faim.

On a une pièce pour vivre ;

Parfois seul ; souvent à plusieurs.

En Zinovie, c’est le pays du bonheur,

La vie est facile, il suffit de suivre.

Le guide et d’appliquer

Ses souhaits sans sourciller.

En Zinovie, protester mène au camp

Et souvent pour un très long moment.

 

 

 

Le Pays du Bonheur
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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 17:57

 

ATTENTE AU BOUT DE L’ALLÉE

 

Version française — ATTENTE AU BOUT DE L’ALLÉE — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne IN ATTESA IN UN QUALCHE LUOGO IN FONDO AL VIALE ALBERATO de Stanislava


d’une chanson tchèque — Čekáme kdesi na konci alejeLenka Lichtenberg2022

Chanson — Texte : Anna Hanna Friesová — 1942-45 / Musique : Shy-Anne Hovorka


Thieves of Dreams/ Zloději snů. Songs of Theresienstadt’s Secret Poetess — Voleurs de Rêves. Chansons d’une poétesse secrète de Theresienstadt.

 

 

 

 

 

AU BOUT DE L’ALLÉE

Jan Zrzavý — 1907

 

 


 

 

 

 

Pour son album " Thieves of Dreams " — « VOLEURS DE RÊVES », enregistré très soigneusement avec dix-huit musiciens, Lenka Lichtenberg (voix, piano, synthé) s’est plongée dans la Tchécoslovaquie et l’histoire de sa famille en déportation : « Lorsque ma mère Jana Renée e Friesova est décédée en 2016, je rangeais son bureau à Prague et j’ai découvert deux petits carnets. Ils étaient remplis de poèmes que ma grand-mère, Anna Hana Friesova (1901-1987), avait écrits dans le camp de concentration de Theresienstadt. […] Devant mes yeux, il y avait les pages déchirées avec les rêves écrits à la main par ma grand-mère et ses cauchemars dans le camp, des histoires qu’elle ne m’a jamais racontées. Je me suis donc embarquée dans une recherche visant à partager ses écrits de « l’enfer sur terre », pour citer Primo Levi, et à faire revivre sa voix de la meilleure façon qui soit : en musique, dans un projet couvrant huit décennies et trois générations ». Les seize titres témoignent d’une sensibilité mélodique particulière et ont été composés et arrangés par Lenka Lichtenberg elle-même, parfois en collaboration avec d’autres musiciens, et sont en mesure de restituer à l’auditeur une texture affective dense qui invite à se plonger dans le livret bien édité, qui contient à la fois la copie des pages écrites à la main par Anna Hana Friesova et la traduction des textes en anglais, précédée d’une introduction autobiographique touchante et documentée écrite par Lenka Lichtenberg et intitulée Thieves of Dreams — « VOLEURS DE RÊVES ».

 

 

 

 


Nous attendons quelque part au bout de l’allée.

Étrange trinité : mes pleurs, mon espoir et moi ;

Nous attendons quelqu’un, sa voix et ses pas.

Nous sommes ici depuis des mois, depuis des années.


 

Le temps disparaît, n’existe pas. Je ne sais pas.

C’est le printemps ou peut-être le déclin de l’automne.

Je ne sens rien, mon cœur bat,

La vie est seulement une attente.


 

Des semaines, peut-être des siècles passent,

Parfois du soleil, parfois un maléfice.

Silence froid au bout de l’avenue,

J’attends et je pleure — l’espoir disparu.


 


 

 ATTENTE AU BOUT DE L’ALLÉE
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Published by Marco Valdo M.I.
7 juillet 2022 4 07 /07 /juillet /2022 17:07

OÙ SOMMES-NOUS ARRIVÉS ?

 

Version française — OÙ SOMMES-NOUS ARRIVÉS ? — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne DOVE SIAMO ARRIVATI ? de Stanislava

d’une chanson tchèque — Kam jsme to zašli ?Lenka Lichtenberg2022

Chanson — Texte : Anna Hanna Friesová — 1942-45 / Musique : Milli Janatková


Thieves of Dreams/ Zloději snů. Songs of Theresienstadt’s Secret Poetess — Voleurs de Rêves. Chansons d’une poétesse secrète de Theresienstadt.

 

 

 

LE SOLEIL

Edvard Munch — 1911

 


 

 

 

 

Pour son album " Thieves of Dreams " — « VOLEURS DE RÊVES », enregistré très soigneusement avec dix-huit musiciens, Lenka Lichtenberg (voix, piano, synthé) s’est plongée dans la Tchécoslovaquie et l’histoire de sa famille en déportation : « Lorsque ma mère Jana Renée e Friesova est décédée en 2016, je rangeais son bureau à Prague et j’ai découvert deux petits carnets. Ils étaient remplis de poèmes que ma grand-mère, Anna Hana Friesova (1901-1987), avait écrits dans le camp de concentration de Theresienstadt. […] Devant mes yeux, il y avait les pages déchirées avec les rêves écrits à la main par ma grand-mère et ses cauchemars dans le camp, des histoires qu’elle ne m’a jamais racontées. Je me suis donc embarquée dans une recherche visant à partager ses écrits de « l’enfer sur terre », pour citer Primo Levi, et à faire revivre sa voix de la meilleure façon qui soit : en musique, dans un projet couvrant huit décennies et trois générations ». Les seize titres témoignent d’une sensibilité mélodique particulière et ont été composés et arrangés par Lenka Lichtenberg elle-même, parfois en collaboration avec d’autres musiciens, et sont en mesure de restituer à l’auditeur une texture affective dense qui invite à se plonger dans le livret bien édité, qui contient à la fois la copie des pages écrites à la main par Anna Hana Friesova et la traduction des textes en anglais, précédée d’une introduction autobiographique touchante et documentée écrite par Lenka Lichtenberg et intitulée Thieves of Dreams — « VOLEURS DE RÊVES ».

 

 

 


 


 

Nous sommes perdus, éternellement sauvés,

Dans les nuits les plus sombres, souvenez-vous,

Du soleil, souvenez-vous !

Où sommes-nous allés, où sommes-nous arrivés ?

Où, où, où est votre regard ?

Où est votre regard ?


Nous sommes perdus, éternellement sauvés,

Dans les nuits les plus sombres, souvenez-vous,

Du soleil, souvenez-vous !

Seulement dans l’amour notre vie,

Surgit, notre vie !

Aimez, louez et jamais, jamais, ne regrettez,

Jamais ne regrettez !

 

Nous sommes perdus, éternellement sauvés,

Dans les nuits les plus sombres, souvenez-vous,

Du soleil souvenez-vous !

Souvenez-vous !

Souvenez-vous !

Souvenez-vous !

OÙ SOMMES-NOUS ARRIVÉS ?
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