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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:19

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Samedi 29 octobre 2022

 
La Légende
 

 

 

La Légende

 

 

Chanson française — La Légende — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ;

 

Épisode 76

 

 

 

 

 

ALEXANDRE NEVSKI

 

Ivan Degtev — 2019

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Tout le monde le sait, Lucien l’âne mon ami, ou tout le monde est censé le savoir, une légende est une légende.

 

Oui, c’est-à-dire, demande Lucien l’âne.

 

C’est-à-dire, répond Marco Valdo M.I., qu’elle est une pure invention qui entretient de lointains rapports déformés avec la réalité. En fait, elle s’empare un fragment de réel et elle l’accommode à sa façon. Autrement dit, c’est une histoire arrangée pour faire croire quelque chose qui n’est pas tout à fait, ni vraiment la vérité. C’est l’enfant bâtard de la propagande. En somme, la légende, c’est une vérité arrangée pour donner aux choses, aux événements, aux opinions des gens un sens qu’ils n’ont pas de façon à les rendre agréables et favorables à celui qui la raconte. Et la propagande étant ce qu’elle est, la ficelle est toujours grosse et s’emmêle dans le pompeux et le ridicule.

 

Soit, dit Lucien l’âne, comme disait la grand-mère : « la menterie, tant plus elle est grosse, tant plus elle ment ». Mais pourquoi la chanson s’intitule « La Légende » ?

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., elle aurait pu prendre un autre titre. Par exemple, « Le Bouffon » ou « La Bouffonnerie » ; cependant, elle s’intitule « La Légende » en référence à celle d’Alexandre Nevski, dont le Guide — qui, entre parenthèses, s’identifie à lui — prétend qu’il fut le créateur de la Zinovie. Ce qui est bien possible, tout compte fait. Encore que le monde est le monde depuis que le monde est monde. Pour ramener les choses à leurs vraies dimensions, disons que ce « fondateur » — peu importe qui il est — n’a jamais rien été d’autre qu’un prédateur peu scrupuleux, un égo hypertrophié, paranoïaque, avide de pouvoir et de richesses prises sur le dos des gens du lieu et même, d’autres lieux au fur et à mesure qu’il les asservissait et que sa folie s’étendait.

 

Donc, son titre « la légende », dit Lucien l’âne, cible ce passage où il est question d’Alexandre Nevski, un passage qui me semble assez démystificateur.

 

« Le glorieux et vénéré saint héros Alexandre Nevski,

De la terre à la tête, mesurait un mètre quarante-huit.

C’était un grandiose génie stratégique.

Après sa fabuleuse et mythique victoire,

Les habitants unanimes le chassèrent du territoire. »

 

Démystificateur, il l’est certainement, répond Marco Valdo M.I., mais la vérité en Histoire est très souvent démystificatrice ; elle déshabille le personnage et le met à nu et la plupart du temps, le roi mis à nu n’est pas à son avantage et ceux qui croient à sa grandeur s’en trouvent tout marris. Il suffit de voir comment la propagande a traité au cinéma et en musique, cette affaire de la bataille de glace dans le film « Alexandre Nevski » de Serge Eisenstein, musique de Serge Prokofiev, grand succès de 1938. En l’occurrence, ici, au travers de cette commémoration de Nevski et des grandes fêtes patriotiques, c’est le Guide lui-même qui est l’objet des sarcasmes, c’est lui qui est visé.

 

C’est ce que j’avais compris, dit Lucien l’âne, et il le mérite — plutôt un million de fois qu’une. Que tout ceci ait été dit ici me réjouit grandement. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde légendaire, fabulateur, racontard, vantard et cacochyme

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Gigantesques silhouettes de tous les âges,

Grands et folkloriques personnages,

Écoutez, vous tous, ma chanson

De quand j’étais encore bon garçon.

Il fait bon d’être sultan,

On a des femmes tant et tant,

Mais il y a un inconvénient,

On ne peut boire le vin, c’est gênant.

Il est bien d’être pape,

On boit du vin, on se la tape,

Mais il y a un inconvénient,

On n’a pas de femmes, c’est embêtant.

 

En Zinovie, le Guide, historien averti,

Sait parfaitement cette vérité fortuite :

Le glorieux et vénéré saint héros Alexandre Nevski,

De la terre à la tête, mesurait un mètre quarante-huit.

C’était un grandiose génie stratégique.

Après sa fabuleuse et mythique victoire,

Les habitants unanimes le chassèrent du territoire.

Pour Nevski, avec orgueil, le Guide revendique

Cet autre sublime exploit historique :

L’effondrement soudain de la glace sous les pas

Des destriers des chevaliers teutoniques.

La légende crée un monde qui n’existe pas.

 

En Zinovie, générale est la folie

Engendrée par l’idéologie.

Avec cette manie de l’expansion,

Où va notre Zinovie, où va notre nation ?

Pas besoin d’être devin,

Pour savoir où mène ce chemin.

Le bouffon est un bavard tenace et sagace

Avec son amère face, il agace, grimace, menace.

Au royaume des bouffons,

La bouffonnerie est une terrible vocation,

C’est le grand œuvre du bouffon.

Le Guide sévère entretient sa domination.

 

« Bouffon, je suis. Bouffon, tu es.

Et lui et nous, bouffons, on est.

Bribes de pensées et d’allusions,

Tout est vanité et illusions.

Bouffons, sans hésitation,

Aux magnifiques fêtes patriotiques,

On danse la danse de la révolution.

La prétention du Guide est pathétique.

Quand parfois, le Guide tourne le dos,

Le monde entier le trouve rigolo.

La Zinovie des temps modernes

A le cœur et le moral en berne.

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Published by Marco Valdo M.I.
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:17

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mercredi 2 novembre 2022

 
CREUSER UN TROU
 

 

 

CREUSER UN TROU

 

Version française — CREUSER UN TROU — Marco Valdo M.I. — 2022

D’après la version italienne — SCAVA UNA FOSSA — de Riccardo Venturi — 2022

d’une chanson étazunienne (Anglais) — Dig a HoleWoody Guthrie — 1942


écrite pendant la seconde guerre mondiale par Woody Guthrie (Woodword Wilson Guthrie), mise en musique et enregistrée en 2022 par les Dropkick Murphys. Sortie sur « This machine still kills the fascists » (« Cette machine tue les fascistes »), un disque acoustique (sans instrument électronique — en quelque sorte, nature ; comme à l’époque, l’étaient tous les disques) entièrement composé de chansons de Woody Guthrie.

 

CETTE MACHINE TUE LES FASCISTES

WOODY GUTHRIE - Woodrow Wilson Guthrie

 

 

 

M. Hitler, M. Hitler,

Dites-moi ce que vous allez faire ;

À l’Oncle Sammy, déclarer la guerre.

Trop pour que vous puissiez avaler,

Trop pour que votre ventre le digère.

 

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Creuser un trou dans le sol froid, froid ;

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Bande de fascistes, on vous aura.

 

Une fois, j’ai vu ces fascistes,

Dans une petite ville belge ;

Les dégâts et la peine la frappaient

Et les bombes pleuvaient.

 

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Creuser un trou dans le sol froid, froid ;

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Bande de fascistes, on vous aura.

 

Hitler à Göring parlait

Et voici ce qu’il disait :

Ces foutues neiges ne me plaisent pas,

Elles sont trop chaudes pour moi.

 

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Creuser un trou dans le sol froid, froid ;

Creuser un trou, un trou dans le pré,

Bande de fascistes, on vous aura.

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Published by Marco Valdo M.I.
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:13

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mercredi 2 novembre 2022

 
Le Devoir sacré
 

 

Le Devoir sacré

 

 

Chanson française — Le Devoir sacré — Marco Valdo M.I. — 2022

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ;

 

Épisode 77

 

 

LE TRAIN DE KAKHÉTIE

Niko Pirosmani - Ca. 1905

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Tu peux me croire, Lucien l’âne mon ami, la grandiloquence est une pratique courante en Zinovie et sans doute, en d’autres lieux aussi. À lui seul, le titre de la chanson le démontre et ne manque pas de vous en persuader.

 

En effet, dit Lucien l’âne, c’est assez évident. Mais qui donc et pourquoi a l’idée saugrenue d’invoquer ainsi « Le Devoir sacré ». Ça relève normalement de l’hagiographie, de l’héroïsme, de l’exaltation programmée. En plus, ordinairement, ça sent la guerre, le sacrifice et la mort. C’est très solennel.

 

C’est bien ainsi, répond Marco Valdo M.I., qu’il faut habituellement le comprendre. Cependant, ici, il y a une surprise. Je m’en vais te l’exposer, mais pour cela, il faut préalablement résumer l’affaire et même comme on peut le voir, il y a une affaire dans l’affaire. Il y a donc une voix anonyme qui raconte que le locuteur s’en va en vacances, plus précisément, dans un centre de vacances, dans une maison de vacances. C’est comme ça que ça va en Zinovie : on part en vacances dans une structure collective ; il en existe de diverses catégories où l’on accède selon son rang dans la société. Celle qui nous occupe n’est pas destinée aux rangs les plus élevés ; bien au contraire. Disons qu’elle est dans la moyenne. Devant la Maison de Vacances, il y a une inscription sur un portique : « Le repos est un devoir sacré ». Je ne sais si c’est de l’humour, de la dérision ; je laisse chacun apprécier l’ironie de pareille sentence.

 

Oui, dit Lucien l’âne, je perçois cette ironie. Normalement, on se serait attendu à une formule plus conforme du genre : « La Défense de la Patrie… », « L’Obéissance au Guide… » ou encore, « Le Travail… » et d’autres déclarations du même tonneau.

 

Enfin, reprend Marco Valdo M.I., cette histoire de « devoir sacré » étant éclaircie, j’en viens au reste de la chanson qui, lui aussi, est barbouillé de sarcasmes. Pratiquement, il s’agit d’un voyage en train et passage de la ville à la campagne. Cette excursion hors de la vie routinière et sans doute, morne, terne et ennuyeuse mène notre voyageur inconnu vers une sorte de paradis. Sur le trajet, comme je l’ai dit, on trouve une affaire dans l’affaire – malheureusement, cette brève rencontre ferroviaire n’aboutira pas et tout au bout du voyage, c’est l’arrivée à la Maison de Vacances qui, on le verra, tombe un peu en ruines.

 

Comme je vois, comme je comprends, dit Lucien l’âne, il y a de la joie. Mais je t’en prie, n’en dis pas plus. Avec ce que tu m’en as dit, j’en ai l’eau à la bouche, et je préfère découvrir les choses moi-même. Et puis, il est temps, il nous faut tisser le linceul de ce vieux monde soucieux, sérieux, vertueux et cacochyme

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

La Zinovie est grande, voyez

Son territoire est immense.

Le Guide pourtant n’en a pas assez,

Il rêve d’empire et de puissance.

À ce délire, je ne veux plus penser,

Pour l’instant, je suis en vacances.

À la Maison de vacances, le slogan affiché

Enthousiasme les consciences :

« Le repos est un devoir sacré. »

Pour nous, c’est l’entrée du paradis

Avec l’avenir radieux, c’est décidé :

Le Guide l’apportera à tous les pays.

 

Le train fonce vers les champs,

Vers les bois, vers le printemps.

Au-dessus de ma tête, mon bagage

Balance en cadence : roulis, tangage.

Et la fille assise, de ses pieds,

De ses jambes suit le mouvement,

Son visage ne m’est pas indifférent.

Que dire ? Comment lui parler ?

Vous fumez ? Ici, c’est interdit !

Je vais à la maison de vacances ;

Elle sourit et dit : « Je rentre au pays. »

Pas le même endroit, malchance !

 

Nostalgie, nostalgie, mon amie,

Aujourd’hui, la cité m’est ennemie ;

La nature cligne des deux yeux ;

Elle me dit, viens mon amoureux.

Et le train du loisir s’élance

Loin de la ville et de ses slogans :

« Victoire ! Gloire ! En avant ! »,

Des banlieues grises, des immeubles morts,

Des maisons et des maisons encore.

Où sont les arbres, où sont les prés ?

La ville partout a proliféré.

Une vache meugle, on est arrivés.

 

Dans le jardin, il y a un monument :

Un groupe pose éternellement :

Un homme, une femme et un enfant,

Tous nus comme au temps d’Adam.

Déploient leurs membres exaltants.

La saine famille chante l’hymne à la vie

Et l’immortelle beauté de la Zinovie

Malheur, la sculpture est en plâtre,

Elle s’effrite à la pluie et se brise au vent.

Un membre tombe, on y met un emplâtre.

Le sculpteur attitré est très content,

Il faut la restaurer plusieurs fois l’an.

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Published by Marco Valdo M.I.
4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:10

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jeudi 3 novembre 2022

 
Les nouveaux Soldats
 

 

 

 

Les nouveaux Soldats

 

 

Chanson française — Les nouveaux Soldats — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite ; 075 : Les Femmes de Zinovie ; 076. La Légende ; 077 : Le Devoir sacré ;

 

 

 

 

Épisode 78

 

 

 

 

 

 

 

 

LE NOUVEAU SOLDAT

 

Mikael VOLODINE - 1949

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Mon cher ami Lucien l’âne, voici à nouveau un écho de Zinovie, une voix inconnue qui réfléchit au destin, à l’histoire, au présent et au passé de la Zinovie. Apparemment, il s’agit de la voix de quelqu’un qui a été, est peut-être encore soldat ou officier là-bas, engagé dans une guerre.

 

Oh, dit Lucien l’âne, ça arrive même aux militaires de devoir s’engager dans une guerre.

 

Donc Lucien l’âne mon ami, la voix du soldat raconte la guerre en trois tableaux. Le premier laisse penser que le bataillon, le régiment, l’armée entière peut-être où il est depuis quelque temps en campagne, a connu de grands revers, de grandioses pertes et n’a plus assez de soldats, au point qu’il a fallu en faire venir d’autres, faire venir de nouveaux soldats. Ce sont ceux dont parle le titre. Bien entendu, comme les soldats ne se fabriquent pas en usine, il a fallu en puiser dans les civils de Zinovie.

 

Ah !, dit Lucien l’âne, c’est ça les nouveaux soldats ; ce sont des civils qu’on reconvertit aux charmes de la guerre. Mais qui donc décide tout ça ?

 

Normalement, Lucien l’âne, c’est l’État et en Zinovie, l’État est incarné par le Guide, lequel est un animal totémique mi-civil, mi-militaire. C’est donc lui qui théoriquement décrète tout ce qui doit se faire en la matière. Cependant, ce qui se passe sur le terrain échappe à sa prise directe ; il doit déléguer. De ce fait, il voit les choses de loin, en grand, en gros et il n’en apprend les détails que par intermédiaire. C’est ainsi, il lui faut bon gré, mal gré confier la conduite des opérations à d’autres qui parfois, font des erreurs. On en trouve un bel exemple dans la chanson, dont je n’en dis pas plus, sauf que la chose est surprenante et quand même, assez extraordinaire.

 

Bien, bien, dit Lucien l’âne, je vais m’en informer tout à l’heure.

 

Ensuite, reprend Marco Valdo M.I., la voix détaille, expose la façon dont l’armée zinovienne agit à la guerre. À la suite de ce récit critique, la même voix décrit et dénonce l’énorme injustice qui préside aux existences des Zinoviens. C’est assez fumant, comme tu pourras t’en rendre compte.

 

Encore une fois, merci, Marco Valdo M.I., et sans hésiter, je vais m’y atteler. Mais quand même tissons le linceul de ce vieux monde millénaire, militaire, précaire, prompt à la guerre et cacochyme

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

On attend les nouveaux soldats,

Les autres ont fondu à l’été.

Qu’allons-nous faire, cette fois ?

On va recommencer

Sur tous les fronts à la fois

La grandiose offensive avortée.

Les troupes fraîches sont arrivées.

Maintenant, il va faire froid

On s’est emparé de la localité.

Les autres n’avaient pas fui,

C’étaient des nôtres, ces assiégés.

On s’était trompé d’ennemi.

 

Quand on attaque, c’est pas pour rire.

Dans le passé, il y a eu des carnages,

Agrémentés de juteux saccages.

Nous, on améliore la tradition, on fait pire.

La certitude de la future victoire

Vibre dans nos chants, dans nos voix.

C’est la course à la gloire.

On fonce dans les champs, dans les bois ;

On avance toujours, on ne recule pas.

On bombarde, on fait d’énormes dégâts

On détruit sans ambages, on fout le bazar,

Pour effrayer le monde, pour étonner l’Histoire.

 

Parfois, on fait des erreurs,

Ce sont des erreurs isolées.

Les anciennes horreurs

Remontent à de longues années,

On les a rectifiées.

Les gens les ont déjà oubliées.

En Zinovie, on ne laisse rien au hasard,

On élimine seulement le superflu,

On fait fuir les individus.

Quel ennui, un plus un finit,

À la fin, par dépeupler le pays

Et le pays épuisé n’en peut plus.

 

Ici, officiellement, le monde est parfait

Le Guide et les puissants se débrouillent,

Pauvres, insignifiants, les citoyens dérouillent.

Ainsi, en Zinovie, le monde est injuste tout à fait.

Les gens du commun voient bien l’injustice

Et ils ne voient pas comment l’éliminer,

Nul ne sait comment établir la justice.

Un gars, un vieil instituteur, a essayé

Pendant des années et des années,

Aux instances, il envoyait des courriers.

Contre l’iniquité, il a protesté.

À la fin, dans un camp, ils l’ont interné.

 

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:05

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vendredi 4 novembre 2022

PARFOIS
 

 

 

PARFOIS

 

Version française — PARFOIS — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne QUALCHE VOLTA — Riccardo Venturi — 2013

d’une chanson grecque Καμιά φοράKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981

Texte : Katerina Gogou
(De son recueil Τρία Κλικ Αριστερά, 1978)
Musique : Kyriakos Sfetsas
Autre musique et interprétation : Aris Zarakàs

 


 


 


 

Je reste là, je n’ai pas bougé

Pour que vous puissiez me retrouver.


 

Au moins, à en juger par une réaction directe que j’ai vue hier soir, cette histoire de Katerina Gogou doit réussir encore à faire sursauter. Hier soir, je me trouvais au CPA de Florence, depuis quelque temps est fréquenté par des étudiants antifascistes grecs engagés dans un travail de contre-information et de sensibilisation (avec l’organisation d’expositions, de conférences, de manifestations) contre Aube dorée ; en parlant à une étudiante, Myrsini, je lui ai parlé de Katerina Gogou et précisément de ce poème. Je l’ai vue se mettre à le réciter presque en hurlant et en tenant mon bras en l’air. Myrsini a 23 ans, donc quand Katerina Gogou a écrit Καμιά φορά (Parfois), elle n’était pas encore née, et quand elle s’est suicidée, elle avait trois ans. [RV]

 

 

 

 


Parfois, lente s’ouvre la porte et vous entrez

En habit blanc et chaussures en lin.

Votre main met dans ma main

Septante-deux drachmes et vous partez.

Je reste là, je n’ai pas bougé

Pour que vous puissiez me retrouver.

Il s’est passé un long moment,

Mes ongles sont devenus grands,

À me voir, mes amis sont effrayés.

 

Je cuisine des patates, geste commun.

J’ai perdu ma fantaisie,

J’entends “Katerina”et je suis transie.

Je devrais dénoncer quelqu’un.

 

J’ai gardé des coupures de presse où

On disait que c’était vous.

Touché aux jambes, qu’ils ont dit,

Je sais, les journaux ont menti,

Je sais, ils ne tirent jamais dans les jambes.

Leur cible, c’est la tête,

Votre tête.

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 10:00

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dimanche 6 novembre 2022

LA CHANSON DES TRAVAILLEURS
 

 

LA CHANSON DES TRAVAILLEURS

 

Version française — LA CHANSON DES TRAVAILLEURS — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne — Canzone dei lavoratori — Lucone — 2022

d’une chanson anglaise — Workers' SongDick Gaughan1981

 

 

 

Chanson écrite par Ed Pickford, mineur anglais et auteur-compositeur-interprète de Durham, auteur et interprète de nombreuses chansons de combat.

La musique de ce « Worker's Song » a été arrangée au début des années 1980 par Dick Gaughan, qui l’a incluse dans son célèbre album de 1981 « Handful of Earth ».
Les Dropkick Murphys l’ont insérée en 2003 dans l’album “Blackout”

 

 

 

 

LES TRAVAILLEURS
 

Otto Griebel — 1929

 

Oui, je chante pour nous, les travailleurs qui peinons jour et nuit,

Gagnons notre salaire du cerveau et des mains,

Qui depuis des siècles pour rien de plus que notre pain,

Comptons nos morts et saignons pour nos pays.

 

Dans les ports et dans les mines, dans les moulins, dans les ateliers

Nous adapter aux temps nous a été imposé,

Pour rendre nos talents inutiles, ils ont morcelé les métiers.

Et avec la règle et le chronomètre, ils ont volé notre fierté.

 

Premiers à mourir de faim, premiers à mourir,

Premiers à faire la queue pour un bout du gâteau.

Et toujours les derniers au moment de répartir,

Car nous, on travaille quand on distribue les morceaux.

 

Et quand le ciel s’assombrit et que vient la guerre,

On nous donne une arme, on nous pousse au front.

Et on attend de nous qu’on meure pour la nation

Sans avoir jamais possédé un misérable pouce de terre.

 

Premiers à mourir de faim, premiers à mourir,

Premiers à faire la queue pour un bout du gâteau.

Et toujours les derniers au moment de répartir,

Car nous, on travaille quand on distribue les morceaux.

 

Travailleurs on fait tant et tant

Du port d’arme au labour des champs,

Attelés au soc depuis la nuit des temps

Et toujours obligés de porter le chargement.

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4 février 2024 7 04 /02 /février /2024 09:58

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lundi 7 novembre 2022

LES DÉSERTEURS
 

 

LES DÉSERTEURS


 

Version française — LES DÉSERTEURS — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson italienne — I disertoriAndrea Sigona — 2022


 

 

 

 

 

 

ENFANTS JOUANT AU SOLDAT

Francisco Goya — 1779


 

 

 

Nous avions des fusils de bois, des mouchoirs sur le visage,

De fausses barbes et des pastels pour faire les Indiens.

Nous avons vu la poudre noire près des grillages,

Nous avons gagné toutes les guerres sans les humains.

 

On regardait les nuages blancs entre les étoiles,

La pluie trempait nos pantalons, on avait peur.

Et les premières poésies d’amour… Les plus belles…

On criait, riait, plaisantait, on rêvait de deux cœurs.
 

La guerre arriva pour de vrai et appela aux armes,

Sur nos visages, faim, soif, peur et silence,

Une géométrie de rayons, de tirs et de lumière,

La vie se gelait derrière la lune obscure.

 

Le laid temps noir arriva entre mille questions

Pour nous, pêcheurs de sel, paysans de rien.

On a compris et vint le jour de fuir au loin

Dans les bois, sur les sentiers ivres vers l’horizon.


À présent, plages et monts reposent certains soldats ;

Le retour est toujours heureux pour qui rentre chez soi.

Comme histoires et utopies, la neige sur les prés fuit

Et ce ciel aujourd’hui, à le voir, on pleure et on maudit.

 

La guerre s’arrêta pour de bon et on redevint manœuvres.

Et sur chaque visage, fatigue, peur, soif et faim…

Les phares, géométries lointaines de lumière.

Le Duce est pendu, la mort décampe pour rien.

 

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29 janvier 2024 1 29 /01 /janvier /2024 19:02

 

 

 

La Statue tend le Bras



 

 

Chanson française – La Statue tend le Bras – Marco Valdo M.I. – 2024

 

 

 


 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 185


 

 

 

 

 

 

LA MÉTAMORPHOSE D’UN GUIDE

 

Evgeni Anatolyevich Rastorguev – 1985

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

N’est-ce pas une allusion à « panta rhei » ?, demande Lucien l’âne. C’est Héraclite qui avait en ce temps lointain établi cette sentence. Oui, Héraclite, j’en suis sûr, car je l’ai bien connu quand je m’égarai du côté d’Éphèse. C’était un homme, cet homme-là qui ne parlait pas pour ne rien dire. C’était lui aussi un accoucheur d’idées et plus proprement, de vérités universelles. Tandis que nous allions ainsi trottinant sous le soleil de printemps, lui sur mon dos, moi sur mes quatre pieds, il me disait – je cite de mémoire d’âne - : « Les ânes préfèrent la paille à l’or » et moi je lui ai répondu : « Le son, Héraclite, le son ; les ânes préfèrent le son, pas la paille. Et certainement pas l’or, car la paille sèche, l’or dure et le son se mange. »

 

Sans doute, Lucien l’âne mon ami, et si de leur côté, les hommes, dit-on depuis Hélène, préfèrent les blondes, il convient pour mieux comprendre la canzone de se référer à la sentence complète : « panta rhei kai ouden menei » - Tout s’écoule et rien ne reste, car on comprend mieux l’intervention du trouvère :

 

« Tout bouge, tout s’écoule...

Nulle chose ne reste comme avant.

...

Demain est plein d’aléas

Et le Guide se fait vieux. »

 

me s’il convient de se souvenir que le prince sicilien soutenait que la ruse des puissants est que « tout change pour que rien ne change ».

 

Mais, dit Lucien l’âne en balançant les oreilles, foin de dissertation, que dit d’autre la canzone.

 

Après le trouvère, donc, dit Marco Valdo M.I., surgit d’un lointain nulle part, ou d’un éloigné partout, n’importe où dans les pays (hors la capitale) de Zinovie, le Veilleur qui s’en était allé vagabonder et prendre l’air du temps. Il confirme diverses choses. D’abord, que là-bas aussi, tectonique des populations, tout bouge, la croûte de la société se craquelle, l’unanimisme de façade (la société Potemkine) se ternit, des étincelles témoignent de curieux courts-circuits et la « guerre qui n’est pas » n’a fait qu’accélérer un lent processus qui maturait depuis longtemps.

 

Oui, oh, oui, dit Lucien l’âne, il est long le temps de l’histoire, long le temps des grandes masses de gens, long le temps de l’accumulation des insatisfactions, des rancunes et des éveils des inassouvis. Mais, nul ne sait quand, nul ne sait exactement où, un jour, tout se met à trembler, à bouger et puis, à précipiter le mouvement.

 

Et, reprend Marco Valdo M.I., les gens qui voient bien où va l’argent public, où s’en vont les détournements de leurs privations que l’État, le pouvoir affectent à la guerre et aux dépenses militaires, les gens veulent la fin de ce gaspillage.

 

« Les revenus stagnent depuis deux étés

Où la guerre qui n’est pas a commencé.

Les manifs, les émeutes, les incendies,

Les gens veulent arrêter la gabegie. »

 

Ma foi, dit Lucien l’âne, ma foi qui est à la fois foi et moi-même, ils ont raison. Mais encore ?

 

Eh bien, dit Marco Valdo M.I., voici qu’intervient un nouveau venu, un pilote et il n’y va pas de main morte pour décrire le désastre :

 

« Maintenant, nos avions tombent du ciel

Comme de vulgaires mouches à miel.

Dans les carcasses désintégrées, on ramasse

Ce qui reste de nos meilleurs aviateurs. »

 

et demande qu’on y mette fin :

 

« Il est temps de mettre fin à cette casse.

Chaque heure qui passe est un crève-cœur. »

 

M’est avis, dit Lucien l’âne, que voilà que se lève un vent de vérité et je ne sais ce qui en résultera, je ne sais.

 

Moi non plus, dit Marco Valdo M.I., comme toi, je ne fais qu’écouter les voix des Zinoviens qui s’interrogent sur l’état de la Zinovie. Pour finir, il y a la Grand-Mère qui à son ordinaire, vient présenter le message des filles de Perse ou d’Iran, c’est pareil. Elles s’en prennent à nouveau aux vestales barbues et barbares, les envoient « bêler dans les divins déserts » et dénoncent leur oppression et les assassinats. J’arrête là ; au texte, je te renvoie.

 

Fort bien, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde mouvant, mu, mutant et cacochyme.

 

 

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Tout bouge, tout s’écoule

Le temps, les jours, les ans,

Les lustres, les siècles déboulent,

Nulle chose ne reste comme avant.

Les vérités, les certitudes s’écroulent

S’effondrent les empires puissants.

Les anciens s’en vont, le sol s’effrite

Sur sa stèle, la vieille statue tend le bras,

Elle montre l’avenir du doigt.

Et dit le trouvère, comprend qui veut,

Demain est plein d’aléas

Et le Guide se fait vieux.

 

Salut, dit le Veilleur, je débarque

D’une région loin de la capitale

Et là aussi, la rumeur signale

Que la terre insensiblement craque.

Tout bouge, tout a augmenté :

Le prix des œufs, du lait, du pain.

De l’essence, de la vodka et du train.

Les revenus stagnent depuis deux étés

Où la guerre qui n’est pas a commencé.

Les manifs, les émeutes, les incendies,

Les gens veulent arrêter la gabegie.

 

Rien ne va plus. Faites vos jeux,

Pour leur pari, nos vies sont l’enjeu.

Et ce n’est pas tout, dit le pilote,

Sur mer, on a déjà perdu la flotte ;

Maintenant, nos avions tombent du ciel

Comme de vulgaires mouches à miel.

Dans les carcasses désintégrées, on ramasse

Ce qui reste de nos meilleurs aviateurs.

Et dit le soldat, plus le temps passe,

Plus augmentent les chances qu’on meure.

Il est temps de mettre fin à cette casse.

Chaque heure qui passe est un crève-cœur.

 

Ah, dit la Grand-Mère, les hommes résolus,

Les vrais compagnons des Filles d’Iran

Mettaient leur vie et leur pas dans leur rang.

Les vestales à la barbe dure les ont pendus.

À moi aussi, le temps me dure

De voir ces religieux bourreaux s’en aller

En troupeau, dans les divins déserts bêler.

Ils ont tué tant de filles, tant de jeunes gens.

De leurs malédictions, les filles n’ont cure :

Sous les tchadors, les yeux brillant de sang,

Pour elles, cheveux au vent, vivre leur nature

Est un dessein bien suffisant.

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ;


 

Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ;

Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards ; 155. La sainte Reddition ; 156. Amiral, on coule ; 157. L’Art naïf ; 158. Les Filles de là-bas ; 159. Les Oies cendrées ; Épisode 160 : Les Grondements ; 161. L’État de Guerre ; 162. Comme autrefois ; 163. Traîtres à la Nation ; 164. Les Journalistes ; 165. Le Clown sénile ; 166 : Exils ; 167 : Écoutez les Gars ; 168. L’Acide nostalgique ; 169. Les Chaussettes roses ; 170. La Régurgitation ; 171 : Parlez-moi de la Paix ; 172 : Les Hybrides de la Foi ; 173 : L’Espace infini du Temps ; 174 : Les Chiens enragés ; 175 : Les Lombrics de Darwin ; 176 : Gare au Gorille en Zinovie ; 177. Le Dictateur ; 178. L’Éternité ; 179 : L’interminable Victoire ; 180. Les trois Rosiers ; 181. Les Obus ; 182. Les Fils sont partis ; 183. Les Émules d’Attila ; 184. Le Joueur de Pipeau, le Guide et les Vestales pileuses

LA MÉTAMORPHOSE D’UN GUIDE  Evgeni Anatolyevich Rastorguev – 1985

LA MÉTAMORPHOSE D’UN GUIDE Evgeni Anatolyevich Rastorguev – 1985

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27 janvier 2024 6 27 /01 /janvier /2024 11:46
UN TRAIN

 

Version française – UN TRAIN – Marco Valdo M.I. – 2024

Chanson italienne – Un treno - Gianni Siviero – 1988

 

Paroles et musique : Gianni Siviero
 

 

 

 

LE TRAIN

Johan Axel Gustav Acke dit J.A.G. Acke, ca. 1910-20

 

 

 

LE TRAIN A SIFFLÉ

Extrait de la nouvelle "Il treno ha fischiato" (Le train a sifflé) de Luigi Pirandello

 

Messieurs, Belluca avait oublié depuis de très nombreuses années - mais vraiment oublié - que le monde existait.

Absorbé dans le tourment continuel de sa misérable existence, absorbé toute la journée dans les comptes de son bureau, sans jamais un moment de répit, comme une bête aux yeux bandés, attachée à la barre d’une noria ou d’un moulin, il avait oublié pendant des années et des années - mais vraiment oublié - que le monde existait.

 

Deux nuits auparavant, alors qu'il s'était endormi épuisé sur ce canapé, peut-être à cause d'une fatigue excessive, insolitement, il n'avait pas réussi à s'endormir immédiatement Et soudain, dans le silence profond de la nuit, il avait entendu, de loin, siffler un train.

 

Il lui était apparu que ses oreilles, après tant d'années, qui sait comment, soudain s'étaient débouchées.

Le sifflet de ce train lui avait déchiré et emporté un morceau de la misère de toutes ses horribles angoisses, et presque d'un sépulcre découvert, il s'était trouvé retrouvé à errer haletant dans le vide aéré du monde qui s'ouvrait énorme autour de lui.
 

Il s'était instinctivement accroché aux couvertures qu'il jetait sur lui tous les soirs, et avait couru en pensée après ce train qui s'éloignait dans la nuit.

 

Il y avait, ah ! il y avait, en dehors de cette horrible maison, en dehors de tous ses tourments, il y avait le monde, si, si lointain, vers lequel ce train se dirigeait... Florence, Bologne, Turin, Venise... autant de villes qu'il avait fréquentées dans sa jeunesse et qui, bien sûr, brillaient encore de mille feux sur la terre cette nuit-là. Oui, il savait la vie qu’on y vivait ! La vie qu'un temps, il avait vécue lui aussi ! Et il suivait, cette vie, il l'avait toujours suivie, tandis que lui là, comme une bête aux yeux bandés, il tournait la barre du moulin. Il n'y avait plus pensé ! Le monde s'était refermé pour lui, dans la tourmente de sa maison, dans l'étroitesse aride et hirsute de sa comptabilité... Mais voici à présent, comme par une crue violente, il rentrait dans son esprit. L'instant qui le frappait, ici, dans sa prison, se répandait comme un frisson électrique par tout le monde, et lui, l'imagination soudain réveillée, pouvait, oui, pouvait le suivre par les villes connues et inconnues, les landes, les montagnes, les forêts, les mers... Ce même frisson, cette même pulsation du temps. Il y avait, pendant qu'il vivait ici cette vie "impossible", tant et tant de millions d'hommes dispersés sur toute la terre, qui vivaient différemment. Maintenant, au même moment où lui souffrait ici, il y avait les montagnes enneigées et solitaires qui dressaient leurs fronts azurs vers le ciel nocturne... Oui, oui, il les voyait, il les voyait, il les voyait ainsi... Il y avait les océans... les forêts…

 

Et donc, lui – maintenant que le monde était revenu à son esprit – pouvait en quelque sorte se consoler ! Oui, en se relevant de temps en temps de son tourment, pour prendre par l’imagination une bouffée d'air dans le monde. Cela lui suffisait !

Naturellement, le premier jour, il avait exagéré. Il s'était saoulé. Tour le monde, tout d'un coup : un cataclysme. Peu à peu, il s’était ressaisi. Il était encore ivre du trop trop d'air, il le sentait.

Il serait allé, à peine remis du tout, s'excuser auprès du chef de bureau, et aurait repris comme avant sa comptabilité. Seulement, le chef de bureau désormais ne devait plus exiger trop de lui comme par le passé : il devait lui permettre, de temps en temps, entre un morceau et l’autre à enregistrer, qu’il fasse un petit saut, oui, en Sibérie... ou... ou... dans les forêts du Congo :
 

- C'est fait en un instant, mon seigneur Chevalier. Maintenant que le train a sifflé....


 


 


Le train avance lentement

Hurlant de fatigue,

Tel une chenille, maladroitement

Il rampe à travers la ville.


Derrière les vitres sales,

Des regards hébétés

Cherchent des habitudes

Ou une rue, qui sait ?


Un regret, une idée vaine,

Quelque chose qui confirma

Qu’il avait valu la peine

D'avoir vécu là.


Le train s'étire.

Désormais, c'est la campagne

Ouverte comme le purgatoire

D'une irréalité apathique.


Et il perce la nuit

Suçant le rail usé,

Traînant ses yeux fermés

Et sa chasteté derrière lui.

 

À l'aube, où la mer s’abandonne,

S’est perdu le mûrier,

Et le tronc tordu des oliviers

Au regard se donne.

 

Avec un dernier raclement,

Le train éteint son hurlement.

Les êtres ici reviennent

À leur pauvreté ancienne.

 

La poussière aussi est d’antan

Qui, tombant lentement,

Couvre les valises nouvelles

Et les chaussures de ville,

Et des chaussures de ville...

 

 

 LE TRAIN  Johan Axel Gustav Acke dit J.A.G. Acke, ca. 1910-20

LE TRAIN Johan Axel Gustav Acke dit J.A.G. Acke, ca. 1910-20

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Published by Marco Valdo M.I.
21 janvier 2024 7 21 /01 /janvier /2024 19:52

 

Le Joueur de Pipeau, le Guide et les

 

Vestales pileuses.



 

 

Chanson française – Le Joueur de Pipeau, le Guide et les Vestales pileuses – Marco Valdo M.I. – 2024

 

 

 


 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 183


 

 

 

 

 

 

LE JOUEUR DE PIPEAU ET LE RAT

 

 

Willy Bosschem – ca 1980

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Sans doute, Lucien l’âne mon ami, connais-tu l’histoire du joueur de flûte ; on en avait déjà parlé en présentant la chanson d’Hugues Aufray : Le Joueur de Pipeau et celle d’Hannes Wader: Der Rattenfänger. Elle est légendaire et à ce titre, elle a atteint comme on va le voir dans la canzone, mais à la fin et de manière très énigmatique, comme on le verra.

 

Certes, dit Lucien l’âne, je connais la légende du joueur de flûte et je sais donc qu’il finit par emmener les enfants de la ville qui vont l’accompagner dans un long voyage tout au travers du monde. En somme, ces enfants, déçus de la vergogneuse avidité des dirigeants, s’en vont à la suite du musicien, qui est l’incarnation du destin et de la conscience – s’essaimer partout. Et si j’ai bien suivi ce que j’ai entendu jusqu’ici dans notre voyage en Zinovie, ils s’exilent pour fuir le Guide, son ambition impériale et la guerre qu’ils sont honteux de lui voir mener et plus honteux encore de devoir la faire – du moins pour ceux qui en reviennent vivants.

 

C’est bien là le sens de la canzone, répond Marco Valdo M.I., mais ce n’est qu’une partie de cette dernière et de plus, le joueur de pipeau n’apparaît que tout à la fin.

 

Que raconte-t-elle donc avant ? , demande Lucien l’âne.

 

Je m’en vais te le dire, reprend Marco Valdo M.I. ; elle commence par un duo entre le trouvère et la Grand-Mère, ce qui comme on sait va mettre en écho la situation en Zinovie et celle en Perse, autrement dit en Iran. Une situation qui est assez semblable dans les deux pays, sauf qu’en Perse, ce sont les filles qui expriment les voix du refus, de l’opposition et de la résistance aux régime dictatorial. Et de fait, les propos des unes et des autres se rejoignent pour établir que les dirigeants - le Guide et sa bande de malfrats en Zinovie ; les religieux de tous poils en Perse – sont absolument des fous furieux et belliqueux. Dans ce second couplet, les filles de Perse dénoncent les religieux : ces pileuses vestales ; autrement dit, ces vestales à poils au menton.

 

Oh, dit Lucien l’âne, j’aime beaucoup cette manière de présenter des barbus vierges en vestales à barbe. Il suffit de voir leurs immenses portraits pour les imaginer dans une baraque de foire s’exhibant sous l’étiquette racoleuse : « Les Vestales à Barbe », saints frères de ces femmes à barbe de nos fêtes foraines.

 

Mais, Lucien l’âne mon ami, les filles de Perse ne se laissent pas impressionner par ces pieux pileux et elles dénoncent sans fard leur hypocrisie et leurs délirants slogans :

 

« La guerre est une mission glorieuse,

Tuer, être tué est une bénédiction.

La foi est la chose la plus précieuse,

Dieu tout puissant protège notre nation. »

 

Je vois, dit Lucien l’âne, ce sont vraiment des fous furieux et nous prêterons volontiers à ces dames et ces demoiselles notre antienne favorite : « Ora e sempre, resistenza ! » - « Maintenant et toujours : résistance ! »

 

Ensuite, reprend Marco Valdo M.I., c’est au soldat d’intervenir et il parle de la guerre que la Zinovie fait au pays voisin ; une guerre-éclair qui s’éternise et qui est donc – en soi – déjà un immense échec. Pour le reste, il conclut en précisant que le mieux pour le soldat est de rentrer chez soi.

Enfin, et c’est le Veilleur de Nuit qui en parle, il est question d’un opposant que le Guide, qui n’avait pas réussi à le faire mourir en l’empoisonnant, a fait enfermer dans un cellule au-delà du cercle polaire et on comprend que cet opposant est très proche du joueur de pipeau. Tout reste assez énigmatique et surtout, la fin de la canzone qui annonce :

 

« Personne ne voit le joueur de pipeau

Et le jour se lèvera bientôt. »

 

Oui, dit Lucien l’âne ; ce doit bien signifier quelque chose comme « Demain, il fera jour ; demain est un autre jour » et il me semble qu’il y a là de quoi inquiéter le Guide et les vestales poilues. Cela dit, la peste soit des religions et des religieux. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde barbu, moustachu, poilu, pieux, pileux, pelu, velu et cacochyme.

 

 

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Vraiment, c’est la réalité, dit le trouvère,

En Zinovie, les dirigeants sont fous.

En Perse, ils sont fous à lier, dit la Grand-Mère,

Et pire, ces religieux mènent le pays au trou.

Et si on laisse faire ces déments,

Ils entraîneront le monde entier

Dans les plus épouvantables tourments.

Fous et dangereux, on ne peut le nier.
Ennemis de tout le monde,

Ils sèment la terreur et la peine

En une hideuse et vicieuse ronde

Qu’ils nourrissent de peur et de haine.

 

Forcées, les filles de Perse s’habillent de noir

Pour caboter entre les îles du désespoir.

Sur les murs de la ville, elles lisent

Des horreurs qu’elles méprisent :

« La guerre est une mission glorieuse,

Tuer, être tué est une bénédiction.

La foi est la chose la plus précieuse,

Dieu tout puissant protège notre nation. »

L’eau fuit dans le ciel ; les lacs, les fleuves

S’assèchent et le désert s’installe.

Et les gens aussi loin qu’ils peuvent

Émigrent de ce nid de pileuses vestales.

 

Oh, savez-vous la nouvelle, dit le soldat ?

On me renvoie encore au combat.

Cette guerre-éclair n’en finira donc pas ?

De victoire en victoire, on reste là.

Quand on avance d’un côté,

On recule d’un autre, en vérité,
Et toujours de nouveaux cadavres.

Et toujours de nouveaux candidats

Au statut d’immortel héros de l’État.

Quand donc rentrera-t-on au havre ?

Pourtant, que pourraient faire de mieux

Les soldats que rentrer chez eux ?

 

Le veilleur de nuit dit : pas plus tard qu’hier,

Du fond de sa cellule auprès du cercle polaire,

Un opposant annonce la chute de l’Empire

Du Guide, de ses femmes et de ses sbires.

Au fin fond du pays, les gens discutent,

La terre remue et s’ébroue de l’hiver,

Une odeur de printemps s’immisce dans l’air.

Le légendaire son guilleret de la flûte

Hante les rues et les impasses des bourgs,

Monte à pic le long des grandes tours.

Personne ne voit le joueur de pipeau

Et le jour se lèvera bientôt.

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 

 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ;

Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards ; 155. La sainte Reddition ; 156. Amiral, on coule ; 157. L’Art naïf ; 158. Les Filles de là-bas ; 159. Les Oies cendrées ; Épisode 160 : Les Grondements ; 161. L’État de Guerre ; 162. Comme autrefois ; 163. Traîtres à la Nation ; 164. Les Journalistes ; 165. Le Clown sénile ; 166 : Exils ; 167 : Écoutez les Gars ; 168. L’Acide nostalgique ; 169. Les Chaussettes roses ; 170. La Régurgitation ; 171 : Parlez-moi de la Paix ; 172 : Les Hybrides de la Foi ; 173 : L’Espace infini du Temps ; 174 : Les Chiens enragés ; 175 : Les Lombrics de Darwin ; 176 : Gare au Gorille en Zinovie ; 177. Le Dictateur ; 178. L’Éternité ; 179 : L’interminable Victoire ; 180. Les trois Rosiers ; 181. Les Obus ; 182. Les Fils sont partis ; 183. Les Émules d’Attila

LE JOUEUR DE PIPEAU ET LE RAT    Willy Bosschem – ca 1980

LE JOUEUR DE PIPEAU ET LE RAT Willy Bosschem – ca 1980

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