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9 avril 2024 2 09 /04 /avril /2024 15:18

 

Les nouveaux Saints
 

 

Chanson française – Les nouveaux Saints – Marco Valdo M.I. – 2024

 

 

 


 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 198


 

 

 

 

 

LE CŒUR SACRÉ DU PAYS

 

Pavel Petrovich Kucherov – 1992

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

Quoi, dit Lucien l’âne, il y aurait de nouveaux saints en Zinovie. Comment donc ? Quels sont-ils ? Comment se nomment-ils ?

 

D’abord, Lucien l’âne mon ami, sache que les saints sont au nombre de deux ; un saint et une sainte. La dame est Sainte Svetlana et l’homme est Saint Stepan. Et le pope de se réjouir d’une telle circonstance :

 

« Nous avons de nouveaux saints :

Saint Stepan et Sainte Svetlana.

Célébrons cette bonne nouvelle,

Buvons, la vie est belle ! »

 

Alléluia !, s’exclame-t-il, car il pense que c’est une annonce miraculeuse, car il y a bien longtemps qu’il n’y avait plus eu de nouveaux Saints. En fait, quand on étudie la chose de près, c’est plutôt cocasse, ce sont là des saints ironiques qui portent des prénoms sulfuriques. Puis question miracle, le marin dit :

 

« Voyez, dit le marin, le miracle

Et admirez le spectacle :

Pour remplacer nos bateaux

On joue la valse des amiraux. »

 

Pourquoi raconte-t-il ça ? Eh bien, qu’au fur et à mesure que la marine zinovienne voit sa flotte se réduire, pour remplacer ces mauvaises nouvelles de bateaux sombrés, le Guide annonce la nomination de nouveaux amiraux. C’est une véritable valse...

 

Moi, dit Lucien l’âne, pour ce qui est de la valse des amiraux, j’aurais dit en songeant à Camille Saint-Saens et à son Carnaval des Animaux : On joue la carnavalse des amiraux, car non seulement c’est une danse à trois temps, mais en plus, c’est une vraie mascarade, un carnaval marin.

 

Et moi, ça me rappelle une vieille chanson de chez nous, dit Marco Valdo M.I., qui serinait : 

 

«  Les rats se pressaient pour sauter dans les vagues

Le bateau dansait

Les matelots chantaient

Le bateau coule

et tout le monde s’en fout. »

 

Et le marin commente, en aparté, « Le bateau coule, on s’en fout aussi, mais l’ennui c’est que nous on meurt. » - du coup, ce n’est pas dit explicitement dans la chanson, mais il n’y a aucune raison de douter de sa parole – et le soldat conclut philosophiquement : « On vit, on envie qui reviendra. » Après quoi, un aviateur constate :

 

« Nos oiseaux de proie invincibles

Du ciel tombent comme des mouches

Et au sol, nos avions servent de cible. »

 

Ohlala, dit Lucien l’âne, ça ne va pas fort pour les armées zinoviennes.

 

Oui, dit Marco Valdo M.I., mais le trouvère voit juste et dit, parlant pur les soldats, les marins, les aviateurs :

 

« Comme ses ministres et ses généraux,

De notre avis et de notre peau,

Le Guide impassible s’en fout. »

 

Mais grâce à Dieu, la Zinovie a un Patriarche qui souligne le caractère béni de la guerre et proclame que

 

«  le peuple de Zinovie

Doit en héros mener une guerre sainte,

Les armes à la main défendre sa vie. »

 

Alors, bien évidemment, que personne ne l’a attaqué et qu’il est seul responsable de ses malheurs et plus grave, de ceux de ses voisins.

 

Soit, dit Lucien l’âne, je vois aussi que ce religieux est aussi belliqueux que les religieux de Perse et d’ailleurs. La peste soit des religieux et des religions et de leurs marionnettes divines. Ce sont des attrape-nigauds.

 

Oui, bien sûr, dit Marco Valdo M.I., et c’est pareil pour ceux dont parle Grand-Mère dans le dernier douzain, ceux du pays des talibans où les hommes mènent leur honteuse guerre contre les femmes.

 

« De Kandahar, une voix de stentor

Menace, commande, ordonne

De revenir aux règles à la conne

Des saintes traditions de la religion,

De rétablir pendaisons et lapidations,

D’interdire aux filles l’éducation. »

 

Ah, dit Lucien l’âne, ceux-là m’inspirent une petite parodie, dont ut reconnaîtras aisément l’origine ; je l’intitule le chant des talibans et des religions de même talent :

 

« Gudule,

Quand j’avance,

L’intelligence

Recule

Et tout mon pays bascule

Et sombre dans le ridicule. »

 

Concluons là et tissons le linceul de ce monde idiot, religieux, absurde, obsolète et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes amis, dit le pope du temple voisin,

Réjouissez-vous, alléluia !

Nous avons de nouveaux saints :

Saint Stepan et Sainte Svetlana.

Célébrons cette bonne nouvelle,

Buvons, la vie est belle !

Voyez, dit le marin, le miracle

Et admirez le spectacle :

Pour remplacer nos bateaux

On joue la valse des amiraux.

Au front là-bas, dit le soldat,

On vit, on envie qui reviendra.

 

L’aviateur en remet une couche.

Nos oiseaux de proie invincibles

Du ciel tombent comme des mouches

Et au sol, nos avions servent de cible.

Chez nous, dit le soldat, encore toujours,

C’est un perpétuel carnage.

On envoie la troupe à l’abattage :

On perd mille hommes par jour.

Le trouvère dit : « C’est fou :

Comme ses ministres et ses généraux,

De notre avis et de notre peau,

Le Guide impassible s’en fout. »

 

Si pour protéger l’identité zinovienne,

Pour rétablir les manières anciennes,

Dit le Patriarche, le peuple de Zinovie

Doit en héros mener une guerre sainte,

Les armes à la main défendre sa vie,

Son génie et sa culture d’icônes peintes,

Alors, il faut sans perdre de temps

Envoyer sans compter au combat

Tant et tant de nos habitants, autant

Que nécessaire, autant qu’il en faudra.

Cette lutte sacrée est existentielle

Elle est bénie par le ciel.

 

Grand-mère dit : Les filles de Perse et d’Iran

Me parlent des filles du pays des talibans,

Victimes d’un régime pire encore.

Des hommes là-bas font la guerre

Aux filles, aux femmes, aux mères.

De Kandahar, une voix de stentor

Menace, commande, ordonne

De revenir aux règles à la conne

Des saintes traditions de la religion,

De rétablir pendaisons et lapidations,

D’interdire aux filles l’éducation.

On ne peut taire ces abjections.

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :

 

 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ;

Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards ; 155. La sainte Reddition ; 156. Amiral, on coule ; 157. L’Art naïf ; 158. Les Filles de là-bas ; 159. Les Oies cendrées ; Épisode 160 : Les Grondements ; 161. L’État de Guerre ; 162. Comme autrefois ; 163. Traîtres à la Nation ; 164. Les Journalistes ; 165. Le Clown sénile ; 166 : Exils ; 167 : Écoutez les Gars ; 168. L’Acide nostalgique ; 169. Les Chaussettes roses ; 170. La Régurgitation ; 171 : Parlez-moi de la Paix ; 172 : Les Hybrides de la Foi ; 173 : L’Espace infini du Temps ; 174 : Les Chiens enragés ; 175 : Les Lombrics de Darwin ; 176 : Gare au Gorille en Zinovie ; 177. Le Dictateur ; 178. L’Éternité ; 179 : L’interminable Victoire ; 180. Les trois Rosiers ; 181. Les Obus ; 182. Les Fils sont partis ; 183. Les Émules d’Attila ; 184. Le Joueur de Pipeau, le Guide et les Vestales pileuses ; 185. La Statue tend le Bras ; 186. Le chouette Boulot ; 187. Un Camp, c’est un camp ; 188. Les Feux du Carnaval ; 189. Le Mystère ; 190. La Boulimie universelle ; 191 : Les Pissenlits ; 192 : Les saintes Guerres ; 193. Les Scores des Guides ; 194. Splendeur et Misère ; 195. À Midi tapant ; 196. Les Concerts ; 197. L’Embrouille

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:58

Blogspot mardi 13 septembre 2022

 
MA PLUS GRANDE CRAINTE
 

 


 

MA PLUS GRANDE CRAINTE

 

Version française — MA PLUS GRANDE CRAINTE — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi — Quello di cui ho più paura — 2022

d’une chanson grecque — Εκείνο που φοβάμαι πιο πολύ — Katerina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1978

 

Texte : Κατερίνα Γώγου / Katerina Gogou
“Τρία κλικ αριστερά”, 1978

Lecture : Fanny Polémi


 

 

PEUR

à Athènes


De quoi Katerina Gogou avait-elle le plus peur ? Elle nous le dit ici, avec la brutalité parfaite et sincère qui lui était coutumière. Elle avait terriblement peur de devenir une “poétesse”, et donc, d’une certaine manière, d’être engloutie par l’establishment. Elle avait peur, elle qui écrivait ses dissonances littéralement avec la matière de sa vie, d’être réduite à « contempler la mer » enfermée dans une chambre, en essayant d’oublier. Katerina Gogou voulait tout sauf contempler et oublier. Elle avait peur de devenir un pourvoyeur d'“opinions” vers lequel on se tourne pour obtenir une opinion plus ou moins élevée et éclairée. Elle craignait d’être enfermée dans des schémas métriques et techniques conçus spécialement pour le chant, ce qui est une chose spécifiquement hellénique.

 

Quiconque a suivi au fil du temps les événements et les aventures de la Section grecque, de l’ostensible 'Ελληνικό Τμήμα' de ce site, sait très bien que pratiquement tous les poètes grecs, même et surtout les plus classiques et les plus importants (Palamas, Solomos, Seferis, Kavafis, Ritsos, Elytis…) ont été mis en musique et chantés. Personnellement, je trouve que c’est une chose merveilleuse, qui fait de la chanson en grec quelque chose de beaucoup plus que de la simple chanson d’auteur, et qui ne trouve une certaine correspondance qu’en France et dans les pays francophones ; mais ce n’était pas le souhait de Katerina Gogou.

 

Sa terreur était celle de devoir se soumettre à la normalisation et donc, en défintive, à la neutralisation. Pour faire une comparaison nostalgique, la même chose est arrivée dans le temps à un Fabrizio De André ; ou, pour aller encore plus loin, aux « poètes maudits » français. Une neutralisation derrière laquelle on entrevoit toujours des universitaires, des prêtres et des policiers, trois catégories qui ont d’ailleurs beaucoup en commun, avec l’aide bienveillante et décisive des psychiatres qui contribuent à créer les mythes des « fous nationaux », des irréguliers régularisés, des anarchistes romantisés et des combattants anodisés. Rien de tout cela pour Katerina Gogou, qui court toujours de haut en bas en Patissìon. Et puis, bien sûr, parfois, il lui est arrivé d’être mise en musique et chantée ; on voit bien que c’est un prix à payer. [RV].

 

 

 

Ma plus grande crainte

Est de devenir un “poète”,

De m’enfermer dans ma chambre

Pour contempler la mer, sombre

Et m’y morfondre.

 

Mes veines, il ne faut surtout pas les suturer,

Car de souvenirs flous et des nouvelles de la télé,

Je colporte des opinions, je noircis du papier.

Ne laissez pas la race ratée me phagocyter

Pour m’utiliser.

 

Ne faites pas de mes cris des murmures

Pour endormir mon peuple ;

Ne me faites pas apprendre le mètre,

Ni m’y enfermer moi-même

Pour qu’on me chante.

 

Ne prenez pas de jumelles pour me mettre près

De ce sabotage auquel je ne participerai jamais.

Ne laissez pas ma fatigue me pousser

Sous la coupe des prêtres et des lettrés

Et m’atrophier.


Ils ont tous les moyens

Et la routine et l’habitude

Ont fait de nous des chiens

Honteux de nos petits bonheurs,

Honteux d’être chômeurs.

 

C’est comme ça.

Ils nous attendent au coin, là-bas,

Mauvais flics et bons psys,

Marx, et tout le fourbi.
 

Je crains tout ça,

Mon esprit se perd dans ce magma.

C’est la faute de ces cloches.

Putain, je ne peux plus écrire.

Quoi ?… Un autre jour… Peut-être…

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:56

Blogspot Jeudi 15 septembre 2022

 
UN TEMPS VIENDRA
 

 

 

UN TEMPS VIENDRA


 

Version française — UN TEMPS VIENDRA — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne — VERRÀ UN TEMPO — Ottavia Mira — 2013

d’une chanson grecque — Θα 'ρθεί καιρόςKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981


 

Texte : Katerina Gogou
(Du receuil Τρία Κλικ Αριστερά, 1978)
Musique : Kyriakos Sfetsas
Album : Στο Δρόμο (« Sur la route »)


 

 

 

 

 

 

 

 

 

MARIA, UN TEMPS VIENDRA


 


 


 


 

Dialogue maïeutique

 

La création poétique reste, malgré tout, Lucien l’âne mon ami, une chose étrange et captivante — Pour celle ou celui ou ceux qui la font (faire est le mot exact pour dire faire de la poésie, pour « poéter » en français ; le poète est un homo faber) ; par ailleurs, la poésie est une compagne pleine de séduction et d’intelligence, au sens où cette dernière est compréhension profonde, capacité d’englober la conscience de tout et le monde dans la conscience et la conscience elle-même, bref, de prendre conscience et de la laisser et la regarder filtrer, sourdre, sourcer. Le texte poétique est son, couleur, mouvement, temps, rythme, syncope, musique, mélodie. En deux mots, la poésie fascine qui elle regarde. Si on peut faire une poésie pour soi, s’offrir de laisser couler sa conscience dehors, il est bon également de se baigner de l’ambiance d’une poésie autre ; elle aussi fascine. C’est le cas dans cette recréation qu’est la version ; en ce sens, la version se distingue de la traduction ; celle-ci aussi fascinée par l’image lointaine de la poétesse grecque — Katerina Gogou, en retaille une à sa manière. C’est un peu ce qui s’est passé — par exemple — entre Jean-François Millet (La Sieste) et Vincent Van Gogh (La Méridienne). C’est le cas pour celle-ci qui interpelle quant au destin des choses, du monde, des gens, de Maria et du moi poétique. Elle interpelle quant au temps à venir pour chacun pour soi.

 

Ah, dit Lucien l’âne, si on en restait là, sinon tu vas nous faire un traité d’esthétique.

Cependant, que tout ça ne nous empêche pas de tisser le linceul de ce vieux monde autopoétique, autocréateur, autonome, définitivement athée et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l’âne

 

 

Un temps viendra où le monde changera.

Souviens-toi de ça, Maria.

Souviens-toi, Maria, à la récréation,

Quand on courait en tenant le bâton.

Ne me regarde pas. Ne pleure pas.

Tu es l’espoir. Écoute, un temps viendra

Où les enfants choieront leurs parents

Et ne s’envoleront pas à tous vents,

Où on ne claquera plus les portes,

Où on ne traitera plus les vieux de la sorte.

Et le travail, Maria,

On le choisira ;

On ne sera plus des chevaux

À la foire aux bestiaux.

Imagine, les gens parleront en couleurs

Et d’autres avec des notes et des fleurs.

On gardera certains mots

Dans une grande bouteille d’eau,

Des mots, des significations

Tels : défaut — oppression — solitude — prix — gain — humiliation

Pour les leçons d’histoire.

Ce sont, je ne veux pas décevoir,

Des temps difficiles, Maria,

Et d’autres viendront. Je ne sais pas -

N’attends pas trop de moi…

J’ai vécu, j’ai appris, j’ai dit tant de choses

Et j’ai tant lu, je n’ai retenu qu’une chose :

« Il convient de rester humain. »

Nous allons changer la vie !

En dépit de tout, Marie.

Demain, après-demain…

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:53
lundi 19 septembre 2022
Blogspot
L’Eau qui dort
 

 

 

L’Eau qui dort

 

 

 

Chanson française — L’Eau qui dort Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

 


 

 

Épisode 69

 

 

 

 

 

 

 

VERS L’AVENIR RADIEUX — 1917

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Ah, Lucien l’âne mon ami, quelle bonne surprise de te rencontrer. Je viens de terminer une nouvelle chanson française de mon cru, une de celles de notre voyage en Zinovie.

 

Ah, fort bien, Marco Valdo M.I. mon ami, je l’attendais impatiemment ; non pas que cette comédie humaine, cette zinovienne comédie, soit une série quelconque où l’auteur ménage des surprises renversantes et des intrigues alambiquées et des situations excitantes et des événements surprenants pour appâter le lecteur, mais simplement, je suis intrigué et intéressé plus encore à ces voix plus encore que s’il s’agissait d’une pièce montée savamment dosée des ingrédients palpitants utilisés pour sidérer le public.

 

C’est mon avis, dit Marco Valdo M.I., et même en en étant l’auteur, en écrivant tout ça de ma main, j’en suis toujours à me demander, comme chantait François Béranger dans ses Tranches de vie :

 

« J’en suis encore à me demander

Après tant et tant d’années

À quoi ça sert de vivre et tout

À quoi ça sert en bref d’être né. »,

 

mais aussi, où le train de ce voyage va encore m’emmener et ce que vont dire les voix de Zinovie.

 

Alors, dit Lucien l’âne, si tu sais cela, il est temps de me dire le titre de ce soixante-neuvième épisode de notre voyage et quelles choses il raconte.

 

Nous y arrivons, Lucien l’âne mon ami, comme le train qui est entré en gare et se range le long d’un quai anonyme quelque part en Zinovie. Donc, la chanson est intitulée « L’Eau qui dort » ; on verra que ce titre n’est pas venu comme ça de nulle part, mais bien du passage majeur de la chanson :

 

« Malgré les dénonciations, malgré les sanctions,

Dans les diverses couches de la population,

En Zinovie, le mécontentement se répand.

Toujours se méfier de l’eau qui dort, dit le dicton. »

 

Cependant, reprenons : les voix j’en ai dénombré quatre — se répondent sans s’adresser directement l’une à l’autre comme dans une discussion qui regroupe au hasard des gens de rencontre, mettons, au coin d’une rue, sur une place, au marché, à la gare, dans un train, quelque part.

— La première, celle qu’on vient d’entendre, celle qui a connu la révolution dit :

 

« Au commencement était la révolution :

En Zinovie ! Quelle école, quel tournant !

On l’a fréquentée par millions :

Délateurs, bourreaux et victimes des camps. »

 

— La deuxième lui réplique :

 

« Imagine, en Zinovie, l’invraisemblable ;

Imagine, en Zinovie, l’inimaginable ;

Imaginons, en Zinovie, l’impensable ;

En Zinovie, oser se dire l’indicible.… »

 

Oh, dit Lucien l’âne, « Imagine », on dirait une allusion à une voix étrangère et même peut-être une référence, un renvoi, un rappel, une sorte de message codé qui va se chercher un répondant de l’autre côté du monde.

 

Certainement, Lucien l’âne, qu’on peut l’interpréter ainsi.

— La troisième, car il me semble que c’en est une autre encore, est assez réaliste et établit un diagnostic de l’état d’âme des gens de Zinovie :

 

« Il est une insondable léthargie

Au fond du cœur des gens.

En Zinovie, on a cru à l’avenir radieux,

Une fois, mais pas deux. »

 

et enfin,

— la quatrième est celle que nous connaissons comme l’incarnation de la « vox populi » zinovienne, la dénommée Mariamarie.

 

Ah et que dit-elle ?, demande Lucien l’âne.

 

La voix de Mariamarie est en fait une caisse de résonance de la pensée populaire, de celle qui est gavée de propagande télévisuelle et qui est prête à tout pour se donner de l’importance et se rassurer sur sa propre grandeur précisément en s’incarnant dans la grandiose Zinovie entièrement imaginaire qui hante les nuits du Guide.

 

« Nous, on a la force et la puissance,

Une histoire glorieuse et des valeurs.

Nous, ça nous met en confiance

Et ça effraye les gens d’ailleurs. »

 

Eh bien, dit Lucien l’âne, nous allons voir ça. En attendant, tissons le linceul de ce vieux monde déclamatoire, fanfaron, prétentieux, stupide, stupéfiant et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Au commencement était la révolution :

En Zinovie ! Quelle école, quel tournant !

On l’a fréquentée par millions :

Délateurs, bourreaux et victimes des camps.

Ce n’est pas là des on dit,

J’ai tout vu de mes yeux d’enfant,

C’était un monde de jeux interdits,

Où la misère a prospéré depuis ce temps.

Malgré les dénonciations, malgré les sanctions,

Dans les diverses couches de la population,

En Zinovie, le mécontentement se répand.

Toujours se méfier de l’eau qui dort, dit le dicton.

 

Imagine, en Zinovie, l’invraisemblable ;

Imagine, en Zinovie, l’inimaginable ;

Imaginons, en Zinovie, l’impensable ;

En Zinovie, oser se dire l’indicible.

Imaginez, le Guide et les autres décident

De divulguer la vérité sur les répressions

Et sans restriction, accordent

La liberté aux libres déclarations,

Des groupes, des journaux, des opposants

Et ouvrent franchement, tout grand,

Les portes, les fenêtres et les grilles du régime

Par la loi et la constitution sur cela, unanimes.

 

 

Si on laisse les mêmes aux commandes

Du pays, du gouvernement et de son train ;

En Zinovie, ça ne changera rien,

Ils continueront leurs sarabandes,

À maintenir le mode de vie existant,

À n’importe quel prix, n’importe comment.

Parlez-en un peu aux gens de Zinovie,

Écoutez leurs propos indifférents.

Il est une insondable léthargie

Au fond du cœur des gens.

En Zinovie, on a cru à l’avenir radieux,

Une fois, mais pas deux.

 

 

Nous, on a la force et la puissance,

Une histoire glorieuse et des valeurs.

Nous, ça nous met en confiance

Et ça effraye les gens d’ailleurs.

Les autres ont peur, dit Mariamarie

Le monde a peur de la Zinovie.

La Zinovie est le plus grand pays

La Zinovie a beaucoup d’amis,

Et d’invincibles armées immenses.

Les autres ont la force et la patience,

Mais les autres ont tellement, tellement à perdre.

Nous, grâce au Guide, on a quasiment rien à perdre.

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64. Que faire ?; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ;

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:50

Blogspot lundi 19 septembre 2022

 
CEUX QUI ONT ÉTÉ BRISÉS. CEUX QUI RÉSISTENT.
 

CEUX QUI ONT ÉTÉ BRISÉS. 

CEUX QUI RÉSISTENT.


 

 

Version française — CEUX QUI ONT ÉTÉ BRISÉS. CEUX QUI RÉSISTENT. — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi — A chi è stato spezzato. A chi resiste. — 2022

d’une chanson grecque — Σ’ όσους σπάσανε. Σ’ όσους κρατάνε.Katerina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1978

 

 

 

 

 

 

LES DERNIERS ONT POSÉ LEUR TÊTE…

Athènes — 2022

 

Nous avons appris que Katerina Gogou avait une grande peur d’être réduite à contempler la mer enfermée dans une pièce, et d’être chantée. Elle avait aussi peur de devenir une “poétesse” ; mais il est un peu difficile, corps d’une pipe, de ne pas l’appeler ainsi. Par ailleurs, ses vers n’ont jamais été vraiment mis en musique, chantés, récités ; ils restent des mots bruts, nus. Αμηλοποίητα, comme on dit dans un de ces mots grecs très difficiles et longs. Katerina, qui se glissait parfois dans un bar avec les cigarettes qu’elle fumait, de vrais mégots, commandait un truc à boire et sortait une feuille de papier et un crayon. Et elle écrivait des choses du genre, dans le temps qu’il lui fallait pour fumer et se jeter un tord-boyaux. [RV]

 


 

Écrabouillés par les vagues en colère,

Restes à jamais disséminés

Dans la chambre noire de la terre

L’esprit démantibulé


 

Par la ronde éternelle

De l’inexorable cours des étoiles,

Les derniers

Ont posé leur tête pâle,

Sacrifice consacré,

Rituel de temps troubles.

 

Et il n’y eut plus personne,

Et une neige blanche de silence

A définitivement enseveli les villes.

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:47

Blogspot - mardi 20 septembre 2022

 
ELLE EST BLANCHE — POUR LA REVALORISATION DU NOIR
 

 

ELLE EST BLANCHE — POUR LA REVALORISATION DU NOIR


Version française — ELLE EST BLANCHE — POUR LA REVALORISATION DU NOIR — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne — È bianca (Per il ristabilimento del nero) — Riccardo Venturi — 2022

d’une chanson grecque — Άσπρη είναι (για την αποκατάσταση του μαύρου)Katerina Gogou / Κατερίνα Γώγου — Νοέμβριος 1982 / Novembre 1982]

Texte : Katerina Gogou
Musi
que : Kostas Athyridis
P
remier interprète : Lolek
I
nterprétée par : Georgia Velibasaki / Kostas Athyridis

 

 

 

 

Blanche est la race aryenne

 

 

GUERRIERS GRECS

 

CÉRAMIQUE — ANTIQUITÉ

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Revoici, Lucien l’âne mon ami, un poème, devenu chanson chantée, de la poétesse athénienne contemporaine Katerina Gogou (elle aurait pu être encore vivante de nos jours, si la Parque funeste ne l’avait invitée à la suivre). On en a déjà recréés plusieurs en langue française et nous n’avons — les autres fois — pas fait de dialogue maïeutique, car il y avait une introduction de Riccardo Venturi. Cette fois, ce n’est pas le cas. Ceci explique cela qui suit. Donc, comme à l’habitude de Katerina Gogou, une poésie abrupte, des textes lapidaires qui entrent directement dans le vif de notre temps.

 

En effet, dit Lucien l’âne, j’avais suivi tes recréations et au premier coup d’œil, je trouve effectivement celle-ci digne d’être gravée dans la pierre blanche et sans doute, en lettres noires quand le soleil est au zénith et projette l’ombre à la verticale.

 

Quand le soleil est à la verticale, Lucien l’âne mon ami, tu as raison, il projette l’ombre noire du haut en bas et les lettres dans la pierre deviennent noires. Souviens-toi de notre dialogue à propos de la Lune Noire : « Lune Noire, Lune Noire… Cette Lune Noire de Carlo Levi rappelle étrangement le Soleil Noir d’Eliphas Levi, tu sais bien ce soleil noir qui apparaît dans cette phrase qui dit : « Le téméraire qui ose regarder le soleil sans ombre devient aveugle et alors pour lui, le soleil est noir ! »



Et de fait, dit Lucien l’âne aux yeux noirs, à trop regarder le soleil, on finit par le voir noir. C’est pareil pour nous les ânes. Mais une Lune Noire… »

 

Oui, dit Lucien l’âne, mais encore ?

 

Oh, répond Marco Valdo M.I., je voulais juste faire remarquer cette dichotomie du blanc-noir qui inspire de curieuses pensées. Notamment, revenons (à propos de noir et de blanc) à nos moutons et à la chanson de Katerina Gogou fondée sur le rapport blanc-noir et sa volonté de réhabiliter le noir face à l’omniprésence du blanc. C’est finalement fort simple : elle énumère des choses blanches et conclut à la difficulté de revaloriser le noir.

 

En réalité, de quoi parle-t-elle et à quoi se réfère-t-elle ?, demande Lucien l’âne.

 

Ce qu’elle dit, ce qu’elle dénonce, ce qu’elle appelle, dit Marco Valdo M.I., c’est la domination de la race blanche et la revalorisation de la race noire. Mais c’est aussi, la mise en cause d’un certain hellénisme, d’un certain national-nostalgisme qui identifie la race aryenne et une certaine nation grecque. Je rappelle au passage que les habitants de la Grèce sont généralement connus pour leur peau sombre et leurs cheveux noirs ; par ailleurs, toujours à propos de race aryenne, les représentations des céramiques antiques des guerriers grecs (aryens) en faisaient des hommes noirs. Les éléments du plaidoyer de Katerina Gogou sont ceux qu’elle rencontre dans sa vie, laquelle n’a rien d’une existence que les couleurs rendent plus douces à vivre. Tel est l’arrière-plan de ce poème : sa vie noire ; elle aussi aurait bien eu besoin d’être revalorisée ; mais il est trop tard. Pour mieux faire comprendre mon propos, je rappelle que Katerina Gogou est morte d’une overdose d’héroïne à 53 ans et qu’elle vivait au sein d’une population qu’on appellera marginale — misère, pauvreté, drogue, sursauts de révolte, répression. Enfin, pour ce qui est mon commentaire, voilà tout.

 

Et c’est bien assez, dit Lucien l’âne, car l’essentiel a été dit. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde binaire, aristotélicien, dur, rude et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 


 


 


 

Blanche est la race aryenne,

Le silence,

Les leucocytes,

Le froid, la froideur,

La neige,

Les blouses des docteurs,

Le linceul des morts,

L’héroïne encore.

Comme il est difficile alors

De revaloriser le noir.Blog

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:44

Blogspot Mercredi 21 septembre 2022

 
DÉMOCRATISATION DÉCENTRALISATION DÉMOBILISATION
 

 

 

DÉMOCRATISATION – DÉCENTRALISATION

 

DÉMOBILISATION


Version française — DÉMOCRATISATION DÉCENTRALISATION DÉMOBILISATION — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la version italienne de L’Anonimo Toscano del XXI SecoloDemocratizzazione. Decentralizzazione. Smobilitazione. — 2022

d’une chanson russe — Демократизация. Децентрализация. Демобилизация.Antivoennyj Bolničnyj / Антивоенный Больничный — 2022

 

 

 

Antivoennyj Bolničnyj (lit. “Congé maladie contre la guerre”) est un collectif anarchiste clandestin russe, qui prône une très légère opposition au régime de Vladimir Poutine et à ses guérillas “patriotiques”. Le titre de cette chanson (pour laquelle il n’y a bien sûr ni “auteurs”, ni supports vidéo) est aussi le programme de base du Collectif. Il est choisi pour être publié (avec une traduction italienne) le jour même où le tsar de toutes les Russies organise des référendums, annonce des mobilisations « quasi générales » et fait comprendre que les armes nucléaires sont une option à envisager…… [AT-XXI, 21-9-2022]

 

 

 

LE TRAIN

Natalia Gontcharova — 1914

 

 

 

Un convoi militaire roule

Vers la frontière de l’Ukraine,

Militarisation…

Devant lui, sur les voies,

Un groupe de saboteurs s’active,

Explosion !

 

Les partisans se meuvent la nuit,

Les partisans ont pris le maquis.

Plus de manifestations !

Fini les réunions et les affiches,

On incendie les bureaux militaires,

Radicalisation !

 

Un juge stupide, inepte,

Me met sous enquête,

Discréditation !

On lui revaudra,

À sa maison, le feu on mettra.

moralisation !

 

Dans son bunker, Poutine perd espoir,

Il n’atteindra pas la victoire.

Capitulation !

Le bunker se fissure,

Détruisons sa structure,

Dépoutinisation !

 

Pas besoin d’un Führer, pas besoin d’un drapeau

On n’est pas du bétail, on n’est pas un troupeau,

On n’est pas une nation d’esclaves !

Renversons le sadique chauve,

Tout le pouvoir à la population,

Démocratisation !

 

Pas d’ordre d’un tsar de Russie,

Construisons l’autonomie

Et une confédération !

Assez de cette bureaucratie de Moscovie !

Autonomie des régions !

Décentralisation !

 

Pas de jeux de guerre

Ni de projets autocratiques,

Pas de conflits planétaires !

On piétinera ce bunker diabolique,

Alors, viendra le jour pacifique.

Démobilisation !

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Published by Marco Valdo M.I.
3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 15:18
LA CHANSON DU BIG BANG

 

Version française – LA CHANSON DU BIG BANG – Marco Valdo M.I. - 2024

Chanson italienne – La canzone del Big BangPiero Galli - 2014


Paroles et musique : Piero Galli

 

 

ET LE BIG BANG FUT !

 

 

 

 

De lui-même, Piero Galli ne dit pas grand-chose, si ce n'est qu'il est instituteur. Un instituteur, en somme, avec la passion de la musique. Un "professeur chantant" qui, à un moment donné, a commencé à utiliser sa passion pour écrire des chansons pour l’enfance ; ou plutôt, des chansons dédiées aux enfants de ses classes, âgés de 6 à 11 ans, mais un peu différentes de celles du "Zecchino d'Oro" ou du "Carletto l'ha fatto nel letto". Partant de la passion universelle de tous les enfants, autrement dit les dinosaures (celui qui n'a pas été passionné par les dinosaures n'a jamais été un enfant !), il a entrepris d'expliquer la science, la vraie, aux enfants. C'est ainsi qu'est née cette "chanson du Big Bang". Une chanson d'astrophysique parfaite pour les enfants, en somme. Ce n'est pas rien !

 

Comme pour dire : aux enfants, et pas seulement dans ses classes, Piero Galli ne propose pas de petites chansons sur les petits anges, les petites mères, les petites mamans et les petits chiens espiègles. Il explique les principes de base de la science, en parlant aussi des dinosaures. Il explique comment l'univers est né, dans un langage évidemment simple mais exact et avec une musique sur laquelle on peut même danser. En d'autres termes, il remplit sa fonction d'éducateur en ne remplissant pas l'esprit de ses jeunes élèves de divers contes de fées moyenorientales. Il enseigne aux enfants l'émerveillement qui, il y a déjà des millénaires, a été exprimé par Héraclite : "À partir de choses aléatoires s'éparpille la belle structure du cosmos". Eἰκῇ κεχυμένον ὁ κάλλιστος κόσμος. [RV].

 

 

 

 

Il y a quinze milliards d'années,

Il n'y avait rien du tout dans l'Univers :

Aucune planète, aucune étoile allumées...

Et tout était divers.

 

Il y avait seulement une boule isolée

Très dense et incandescente.

Des réactions chimiques compliquées

Se déclencha une explosion fluorescente.


Alors Big Bang, et Big Bang, alors,

L'univers s'est rempli de traînées colorées,

De matière rassemblée et condensée

A formé planètes, étoiles et le ciel encore.

 

Mais si tu penses stable dans le temps

Tout ce qu'il y a dans l'univers aujourd'hui,

Tu te trompes lourdement, mon ami,

Car tout est bien différent.

 

Grâce à ce grand coup d’il y a longtemps,

Tout est encore en mouvement,

Toutes les galaxies et les nébuleuses

De cet épicentre, s’éloignent.

 

Alors Big Bang, et Big Bang, alors,

L'univers s'est rempli de traînées colorées,

De matière rassemblée et condensée

A formé planètes, étoiles et le ciel encore.

 

Alors Big Bang, et Big Bang, alors,

L'univers s'est rempli de traînées colorées,

De matière rassemblée et condensée

A formé planètes, étoiles et le ciel encore.

ET LE BIG BANG FUT !

ET LE BIG BANG FUT !

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Published by Marco Valdo M.I.
1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 18:28

vendredi 23 septembre 2022

Blogspot
Le Régime en Place
 

 

 

Le Régime en Place

 

 

Chanson française — Le Régime en Place — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

 

 

Épisode 70

 

 

 

 

 

 

CONFRONTATION

 

 

 

Alexandre Deineka — 1932

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Encore, Lucien l’âne mon ami, encore des voix qui cette fois racontent la Zinovie et éclairent sous des angles fort différents ce que c’était et ce que c’est d’être des habitants de la Zinovie, comment on s’y sent et ce qu’on ressent face à ce que le titre de la chanson appelle « le régime en place ».

 

« Chez nous, l’ennui chronique est dominant…

La masse admet le régime en place…

En fait, chacun lutte pour améliorer ses chances

Selon sa naissance et d’après son expérience. »

 

Voilà qui est intéressant, dit Lucien l’âne. Peux-tu donner quelques précisions ?

 

 

Certainement, répond Marco Valdo M.I., les voici. De la première opinion, de la première voix — dont je rappelle que pour des raisons de sécurité, elles sont toutes anonymes, celle qui s’exprime dans la première strophe, je retiens :

— l’ennui chronique dominant qui baigne la société ;

— l’acceptation du régime par la population résignée et la lutte de chacun pour tirer le maximum de sa position dans ce régime socialement régulé.

En clair, la place de chacun est déterminée par le groupe social de sa naissance, très fortement délimité, et seulement dans ce cadre, chacun peut mener son existence, sauf exception.

 

Traduisons, dit Lucien l’âne, par une formule : à chacun selon son rang (c’est la naissance), à chacun selon sa débrouille (c’est l’expérience). Que dit la suite ?

 

La seconde des voix, reprend Marco Valdo M.I., reprend l’histoire de la Zinovie à partir de la grande Révolution : de l’enthousiaste espoir à l’usure de l’illusion ; autrement dit, de la joie de l’avenir radieux à la tristesse du quotidien morne ; le tout au travers des chansons :

 

« Au début, au vieux temps, on chantait :

Révolution ! Tous dans la ronde…

Après, on a jeté les vieilles chansons ;

C’en était fini de la révolution. »

 

Excellent résumé express, dit Lucien l’âne, d’un siècle de Zinovie : de la révolution à la rétrovolution. J’imagine que cette rétrovolution de l’enthousiaste participation de la masse du peuple correspond à la glaciation du pouvoir et à la stratification renforcée de la population. En bref, un pouvoir campé sur ses positions, qu’il renforce au fil du temps face à une population qui lentement prend ses distances et voit sa foi fondre comme un iceberg quittant le pôle pour s’en aller vers les tropiques.

 

C’est ça, dit Marco Valdo M.I., de façon très imagée, mais c’est bien ça. Quant à la troisième voix, elle fait part du discours national dominant tel que l’énonce le Guide.

 

« En Zinovie, un nouveau monde se bâtit,

On va l’étendre au monde entier.

Avec un cœur de fer et un moral d’acier,

Comme le Guide l’a toujours prédit.

 

Elle révèle pourtant mezzo voce, à mi-voix, à mots couverts, la discrète distance qui s’installe par rapport à l’allégeance inconditionnelle, exigée par le pouvoir :

 

« À l’étranger, des voix parlent de liberté ;

En cachette, on écoute les mots interdits. »

 

Oui, dit Lucien l’âne, en public, on ne peut que débiter le mantra, on ne peut que réaffirmer le discours officiel ; en privé, on rêve de liberté et on brave les interdits ; c’est un peu la lave sous le volcan.

 

Cependant, reprend Marco Valdo M.I., la dernière voix, racontant un séjour de travail forcé à la campagne pour les moissons d’un groupe de citadins (ces groupes rassemblent généralement des gens d’une entreprise, d’une institution, d’un centre de recherche), décrit la bataille menée contre les rats, la victoire des rats, qui finissent par envahir l’abri, et comme dans la chanson de Serge Reggiani : « Les Loups sont entrés dans Paris », les rats finissent par repartir, mais ici, bredouilles, dépités, car il n’y a rien à manger.

 

« Les rats sont entrés dans l’abri.

À part nous, il n’y avait rien à manger ;

Les rats en douce sont repartis, dépités. »

 

Enfin, les deux derniers vers donnent, toujours avec cette même ironie détachée, le sens de cette histoire de rats :

 

« Alors vraiment­ pourquoi voulez-vous

Que les étrangers viennent chez nous ? »

 

Pour ma part, dit Lucien l’âne, je m’en vais tisser avec toi le linceul de ce vieux monde illusoire, illusionniste, menteur, truqueur, délirant et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

En Zinovie, il n’y a aucun mystère.

Pour tous, les faits sont les mêmes,

Le tout est d’affronter le problème.

Grosso modo, il y a deux manières :

— Subjective : les sentiments des gens,

Chez nous, l’ennui chronique est dominant ;

— Objective : il faut voir le comportement,

La conduite des gens, et comment

La masse admet le régime en place,

Comme elle lui donne sa préférence.

— En fait, chacun lutte pour améliorer ses chances

Selon sa naissance et d’après son expérience.

 

Au début, au vieux temps, on chantait :

Révolution ! Tous dans la ronde,

Nous renions le vieux monde

Et dans la glorieuse lutte, on mourait.

Puis, on chanta un ton plus bas :

Un pays grandiose comme la Zinovie,

C’est sûr, ailleurs, il n’y en a pas.

Au monde entier, on fait envie.

À la guerre, notre chant héroïque,

Usé, s’était fait nostalgique.

Après, on a jeté les vieilles chansons ;

C’en était fini de la révolution.

 

En Zinovie, nous sommes des sauvages,

Sauvages, mais d’un genre particulier.

Des comme nous, dans tous les âges,

Vous pouvez toujours en chercher.

En Zinovie, on est des sauvages instruits ;

En Zinovie, un nouveau monde se bâtit,

On va l’étendre au monde entier.

Avec un cœur de fer et un moral d’acier,

Comme le Guide l’a toujours prédit.

On marche à la tête de l’humanité.

À l’étranger, des voix parlent de liberté ;

En cachette, on écoute les mots interdits.

 

De notre logis, on décida de chasser les rats.

Dans la phase décisive du combat,

Sans interrompre la bataille des moissons,

On les repoussa de mille façons.

On a vidé la grange, on a bouché les trous

Avec des tessons, avec des pièges à clous,

Peines perdues tout ça, les amis,

Les rats sont entrés dans l’abri.

À part nous, il n’y avait rien à manger ;

Les rats en douce sont repartis, dépités.

Alors vraiment­ pourquoi voulez-vous

Que les étrangers viennent chez nous ?

LA ZINOVIE

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Published by Marco Valdo M.I.
1 avril 2024 1 01 /04 /avril /2024 18:25
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MA LIBERTÉ EST DANS MES SOULIERS
 

 

MA LIBERTÉ EST DANS MES SOULIERS


Version française — MA LIBERTÉ EST DANS MES SOULIERS — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi — La mia libertà sta nelle suole — 2022

d’une chanson grecque — Η ελευθερία μου είναι στις σόλεςKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1978


Texte : Katerina Gogou
Musi
que : Sans musique ajoutée
"Τρία κλικ αριστερά », 1978

 

 

 

 

 

 

 

LES SOULIERS

 

Vincent Van Gogh — 1886


 

Autrefois on disait : « Chaussures cassées, et pourtant il faut y aller » ; cela faisait partie de la panoplie de la Résistance, non ? Maintenant, à y bien repenser, Katerina Gogou a dû être l’une des dernières non seulement à le dire et à l’écrire, mais aussi à le revendiquer : des chaussures cassées, trouées, défoncées, comme mètre de la Liberté (ce mot qui, en grec, figure aussi dans l'« hymne national » et sur lequel on peut mettre l’accent où l’on veut, eleftherìa, eleftherià, lefterià…). Il s’agit de la liberté essentielle : celle d’aller, tout simplement. Que ce soit « de haut en bas de Patissìon » ou à l’autre bout du monde. Seul celui qui va, qui erre, qui se meut, qui n’a pas de « poste fixe », qui ne reconnaît pas d’obligations et de devoirs, peut être vraiment libre ; et il n’y rien qui peut l’arrêter, pas même les clous jetés sur la route. Dans cet authentique (et en même temps arrogant et émouvant) manuel de l’anarchisme, Katerina Gogou se révèle extrêmement lucide, notamment en ce qui concerne les nombreux — “camarades” ou “renégats” (ce qui, en grec, se dit religieusement “apostats” ; Le grec, Il serait bien de se le rappeler toujours, est une langue d’essence profondément sacrée) — qui ont, en effet, ciré et verni leurs chaussures de diverses façons et couleurs variées, sans que ce vernissage n’ait pris et, surtout, en continuant à jacasser sur les chaussures cassées et la Résistance avec de belles chaussures de grand luxe aux pieds, des chaussures italiennes souvent. Ce qui reste, c’est notre rouge, rouge et maintenant indigne, déshonorant, fané et, plus que tout, extérieur. Une patine de peinture qui s’écaille avec le temps. Un rouge que rend encore plus précis le « rétablissement du noir ». [RV]

 

 

 

Ma liberté est dans les semelles

De mes galoches vagabondes.

Je dévergonde tout le monde,

Je balade mes souliers

À volonté.

Quand vous mettez votre dentier

Dans le verre avant de vous coucher,

Quand vous vous déshabillez,

Quand vous vous démenez

Pour vos héritiers

Dans votre entreprise,

Quand on enfonce l’idée dans votre calebasse,

Que vous mangez de la mayonnaise

Alors que c’est une bouffe dégueulasse,

Je marche dans mes godasses

Au-dessus de vos toits,

— Mais non, mon enfant, pas comme ça,

Pas comme Mary Poppins, cette idiote avec son balai —

Et ne peuvent recevoir ma chaîne,

Seulement ceux qui ont le même relais.

 

Pour vous, petits merdeux, j’ai de la peine,

Mais je ne peux me perdre avec vous,

Je ne veux rien savoir de vous.

Votre liberté est dissimulée

Dans les semelles de mes chaussures usées.

Le temps viendra où vous les lécherez,

Où « Miracle, miracle ! », vous crierez,

Ces chaussures ne sont jamais fatiguées,

Ces chaussures ne sont jamais pressées.

 

Quand je serai partie de là,

Paul, Myrtle, Myrto, même pointure, ils les porteront

Les clous que vous jetez dans la rue, ne les percent pas,

Dans votre glorieuse patrie, elles vous battront.

Compagnons de route et apostats,

Désespérés, votre temps viendra,

De peindre les vôtres,

Mais la peinture

Ne prendra pas, quoi que vous fassiez,

Quoi que vous donniez,

Ce rouge si rouge,

Ce rouge insolent est notre rouge.

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