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18 février 2024 7 18 /02 /février /2024 11:16

JE SUIS UNE

 

 

Version française - JE SUIS UNE – Marco Valdo M.I. - 2024

Chanson italienne – Io son’ unaLaura Betti 1959

 

Écrite par Fabio Mauri (1926-2009) et Franco Nebbia (1927-1984).

Arrangement et orchestration de Piero Umiliani (1926-2001)

 

Interprétée par Laura Betti dans le disque "Laura Betti avec l'orchestre de Piero Umiliani".

(1960)

 

 

 

 

 

 

LA DAME AUX MŒURS TARIFÉES

 

Georges Koutsandréou - 2006

 

 

Petit dialogue maïeutique

 

Deux mots, mon ami Lucien l’âne, à propos de cette chanson, juste pour dire que j’en ai établi les deux versions françaises, une pour chacune des deux versions italiennes.

 

A priori, dit Lucien l’âne, c’est toujours une bonne idée de proposer des versions françaises de textes d’une autre langue. C’est même une des raisons de notre participation aux Chansons contre la Guerre.

 

En effet, dit Marco Valdo M.I., et maintenant, moi qui fais souvent des parodies de chansons, c’est-à-dire que j’en donne des versions parfois fort différentes de l’originale, comme d’ailleurs le fait aussi Ventu, je reste perplexe quant à déterminer quelle version est préférable à l’autre. Ce sont toujours simplement deux canzones pour le prix d’une.

 

C’est toujours ça de gagné, dit Lucien l’âne ; mais de quoi elles causent ?

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., l’une comme l’autre sont la complainte d’une dame aux mœurs tarifiées. Elle y raconte sa vie d’une manière suffisamment ironique pour qu’on comprenne le désarroi de son existence. Dans les deux versions ça finit mal. Mais elle persiste : « Oui, je sais, j’ai de la chance. »

 

Certes, ça peut toujours être pire, dit Lucien l’âne ; mais quel triste destin. Moi, je le trouve exemplaire et intemporel, car des vies pareilles, j’en ai croisées tant dans mes pérégrinations. Alors, tissons le linceul de ce monde mercantile, brutal, vénal, idiot et cacochyme.

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 


JE SUIS UNE – VERSION I
 

 

À la morgue, j’ai passé toute la nuit ;

Puis, Charlotte à son enterrement, j’ai suivi.

Pendant deux jours, j’ai bu du café ;

Ce matin, à cause des coups, j'ai saigné.

 

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

Petite, je tenais debout avec une béquille ;

Petite, il me manquait l'œil droit ;

Je n'étais pas jolie, on se moquait de moi ;

Ils me disaient désastreuse fille.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

À dix-huit ans, au jardin d'enfants.

Chez Montessori, à vingt ans.

J'ai eu d’étranges amours :

Les ballilas m’épinglaient sur leur tambour.

 

Oui, je sais, j’ai de la chance.

La la la la... jamais la fortune ne m'abandonne.

Je suis une qui sait vivre.


À minuit de chez moi, ils m'ont chassée ;

Mes savates, ils m'ont volées.

À l'aube, ils m'ont prise et enfermée ;

Au Tanganyka, ils m'ont expédiée.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

Le gorille du zoo veut m'épouser ;

Rusée et je ne me laisse plus enchanter.

Personne ne m'invite jamais aux fêtes,

Je reste dans mon coin et je regarde.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

Dans une fusée, par hasard, je suis montée ;

Vers Mars, les astronautes m'ont trouvée ;

Par l'écoutille, ils m'ont expulsée ;

Je danse dans l'espace, une rumba endiablée.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

La la la la... jamais la chance ne m'abandonne.

Je suis une qui sait vivre.

La la la la la... la chance ne m'abandonne pas

La vie est la vie, qu’y puis-je, moi ?
 

 

JE SUIS UNE – VERSION II



À la morgue, j’ai passé toute la nuit ;

Puis, Charlotte à son enterrement, j’ai suivi.

Pendant deux jours, j’ai bu du café ;

Ce matin, à cause des coups, j'ai saigné.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

Petite, j'avais une béquille.

Un sein, c’est trop peu pour une fille,

On se moquait, je n'étais pas belle ;

La nonne infirme, on m’appelle.

Oui, je sais, j’ai de la chance.


Mes parents assassinés par les nazis ;

Me tuer, les franquistes ont failli.

Fascistes, idioties et douleurs mêlées,

Sur leurs tambours, les balillas m'ont violée.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

La la la la... jamais la chance ne m'abandonne.

Je suis une qui sait vivre.

 

Ils m'ont chassée de chez moi à minuit ;

À neuf heures, ils m'ont passé les menottes,

Embarquée avec cinq ou six mignottes.

Ce jour-là, le jus de mes os a coulé.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

Contre un mur, un camion m'a écrasée ;

Ainsi, par accident, en enfer, je suis arrivée.

Là, le chef est un diable terroriste ;

Moi, en enfer, sans arrêt, je résiste.

Oui, je sais, j’ai de la chance.

 

La la la la... jamais la chance ne m'abandonne.

Je suis une qui sait vivre.

La la la la la... la chance ne m'abandonne pas.

La vie est la vie, qu’y puis-je, moi ?


 

LA DAME AUX MŒURS TARIFÉES   Georges Koutsandréou - 2006

LA DAME AUX MŒURS TARIFÉES Georges Koutsandréou - 2006

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 15:48

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samedi 1 octobre 2022

Petit Manuel de Survie
 

 

 

Petit Manuel de Survie

 

 

Chanson française — Petit Manuel de Survie — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64. Que faire ?; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ;

 

Épisode 72

 

 

 

 

 

 

 

 

LES ENFANTS DU CORBEAU

 

Ioulia Iakovliéva — 2019

 

 

 

Où les enfants recherchent leurs parents disparus

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Encore une étape, encore un épisode de ce voyage en Zinovie, dit Lucien l’âne, quelle histoire !

 

Oui, mon ami, dit Marco Valdo M.I., tout simplement, car il se passe plein de choses en Zinovie. Et puis, il importe véritablement de le savoir, de savoir ce qui s’y passe vu de l’intérieur, par les voix du peuple, par les mots des gens d’autant que la vie en Zinovie est une drôle de vie.

 

Pour ce qu’on en a appris jusqu’ici, dit Lucien l’âne, la chose est déjà évidemment évidente. Un drôle de pays avec un drôle de régime doit forcément engendrer pour ceux qui y vivent une drôle de vie et les doter d’une aptitude particulière pour y mener tant bien que mal leur propre existence.

 

C’est bien ça, répond Marco Valdo M.I., à tel point qu’un Zinovien a eu l’idée — c’est la première voix de la chanson — de proposer un petit manuel de survie aux gens de Zinovie — c’est-à-dire à toute la population à l’exception du Guide, des Guidons, des dirigeants, de leurs sbires et de leurs affidés. C’est l’objet des deux premières strophes et comme on peut s’y attendre, il s’agit d’une série de conseils que je t’invite à découvrir. J’ajoute cependant que d’une certaine façon, on aurait pu l’intituler : Manuel élémentaire de résistance en milieu hostile.

 

Ça m’a l’air fort intéressant, dit Lucien l’âne. Et ensuite, pour le reste, qu’y a-t-il ?

 

Ensuite, résume Marco Valdo M.I., il y a deux autres voix qui racontent de toutes autres choses. Une relate comment elle a échappé à la corvée de la figuration forcée pour saluer avec l’enthousiasme populaire de rigueur le passage d’un cortège (automobile) de personnalités officielles. La dernière voix fait état des résultats de la récolte forcée des pommes de terre, des carottes et des choux par une équipe de citadins « volontaires ».

 

Voyons tout ça, conclut Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde sans grande signification, plein de voix et de discorde et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Petit manuel de survie

Pour la vie en Zinovie :

Ni en douce, ni ouvertement

Ne dénoncez personne aux autorités ;

Ne collaborez pas avec les dirigeants ;

Défilez-vous de tout sans hésiter ;

Sous aucun prétexte, ne vous laissez

Embrigader dans leurs entreprises,

Pour un salaire minable, elles vous avilissent.

Elles ne visent qu’à vous abaisser,

Ne vous souciez ni de l’État, ni de la Cause,

Ni l’une, ni l’autre, ne valent grand-chose.

 

Faites comme si vous étiez un d’eux,

Convaincu des idéaux radieux.

Toujours réagissez avec un humour serein,

Avec patience, avec retenue, avec bonté.

Saluez les gens avec cordialité,

N’enviez personne, ni rien.

Ne revendiquez pas de place à leur table,

Ne participez qu’à l’inévitable.

Et tenez pour négligeable

Ce qui est réputé formidable

Vivez comme si tout ça pour vous

Ne valait pas un clou.

 

Qui étaient ces personnalités ? Mystère.

Des dirigeants, des chefs, des militaires ?

Qui venaient d’où ? Qui allaient où ?

À la vérité vraie, nous, on s’en fout.

On nous a envoyés sur le boulevard

À rester là, sur le trottoir, l’air réjoui,

Saluer le passage d’on ne sait qui.

Le cortège est passé tellement en retard.

J’étais déjà rentré chez moi manger.

On m’a demandé pourquoi

Je n’étais pas au bon endroit ;

J’ai dit : on a oublié de me noter.

 

Les trains ne sont jamais arrivés ;

Le chemin de fer est débordé.

La récolte est minable comme tout ;

Extraordinaire, disent les chefs et les journaux.

Le monde des patates, des carottes et des choux

Par ordre, s’est noyé en tas sous les eaux

Dans ces « dépôts provisoires en attendant »,

Destinés à durer éternellement.

La grandiose récolte laissée sur place

A pourri avant l’arrivée des glaces.

On aurait mieux fait de laisser les paysans

S’occuper des cultures comme avant

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 15:44
 
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dimanche 2 octobre 2022
RÉPRESSION-DÉPRESSION
 
RÉPRESSION-DÉPRESSION

 

Version française — RÉPRESSION-DÉPRESSION — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi — Repressione. Depressione. — 2e chanson grecque — ΚαταστολήKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου1978


Chanson sans musique
Tirée du recueil “Ιδιώνυμο”, 1978

 

 

 

 

 

 

OPHÉLIE

Paul Steck — 1894

 

 

 

En italien (comme en français), la différence subtile entre “répression” et “dépression” est confiée à la consonne initiale. En grec, ce n’est pas nécessaire : καταστολή signifie les deux à la fois, et le grec outre qu’intrinsèquement sacré, est aussi une langue très lucide. En fait, il faut beaucoup de clarté pour comprendre que la répression et la dépression ne sont que les deux faces d’une même pièce, qui interagissent et sont cause et effet de l’autre ; la répression et la dépression dérivent toutes deux d’un ancien verbe signifiant « soumettre » ou « envoyer sous », κατα-στέλλω. Inculquer la dépression comme une forme extrême, efficace et décisive de contrôle, qui brise notre dernière défense sociale en faisant de nous des zombies en costume, des morts parmi les morts. Quelque chose, en effet, qui nous subjugue. Non, Katerina Gogou n’est jamais rassurante, comme ne peut jamais être rassurant celui qui décrit avec une extrême lucidité l’abîme et nos saisons en enfer. En 1978, deux de ses recueils de poèmes sont sortis : Τρία κλικ αριστερά, que nous avons déjà vu plusieurs fois, et cet Ιδιώνυμο ('Proprement dit') pour les éditions Kastanioti, un petit volume illustré par l’auteur elle-même. [RV].

 

 

Là où parmi elles, je distingue rasés, les creux

Que les gens nomment ordinairement les yeux,

Pousse une petite croix funéraire

Et une femme dépressive avec des lunettes noires

Avec en main, une laisse lascive,

M’y suit dans mes dernières heures,

Les grandes eaux lugubres des forces obscures

M’appellent à passer sur l’autre rive…

Morts brutalement dans leurs costumes, tombent

Dans les eaux des corps gonflés des tombes

Et à mon crâne s’accrochent, pétales de pierre,

Là où ma chevelure commence. Ils veulent vivre.

Ils ont faim, ils ont faim,

Ils ont tous faim…

À coups de dents, ils mettent en morceaux

Ma dernière défense sociale,

Ce que les gens appelaient mon cerveau

Et sans manger, sans pleurer, je m’affale ;

Je n’ai pas peur, je ne vois pas, je ne parle pas, je ne fuis pas, je ne résiste pas.

Je suis l’autarcique et phosphorescente, des morts, la proie

Je m’en vais au-delà.

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 15:41

 

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jeudi 6 octobre 2022

La Banalité
 

 

 

La Banalité

 

 

Chanson française — La Banalité — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ;


 

 

Épisode 73

 

 

 

 

PIERRE LE GRAND,

 

LE DÉBUT DE L’AUTOCRATIE

Ilia Zorkine — 2022

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Ah, dit Lucien l’âne, pourquoi donc cette chanson s’intitule « La Banalité ».

 

Tout simplement, dit Marco Valdo M.I., à cause d’une réflexion faite par une des voix anonymes de la chanson, qui dit ceci :

 

« La vie serait d’une profonde tristesse,

Sans les marquis, sans les princesses

Une vie sans légendes, sans contes,

D’une insondable banalité, en fin de compte. »

 

En fait, comme toujours, il m’a fallu choisir un titre et il est rare qu’il y en ait un et un seul qui permette de caractériser l’ensemble des propos d’une chanson de ce voyage. La preuve en est que je suis généralement obligé de décomposer mon commentaire.

 

Oui, j’avais remarqué, répond Lucien l’âne. Et cette fois-ci ?

 

C’est pareil, répond Marco Valdo M.I. ; cette fois-ci, on pourrait décomposer en deux commentaires. Une partie (la première) raconte la Zinovie ; elle évoque les « grandes répressions et les camps de concentration » et les « millions de morts » ; ensuite, les ambitions démesurées du Guide actuel, en ça aussi, fidèle successeur des glorieux anciens bâtisseurs d’empire et du rêve qui depuis longtemps sert de justification au pouvoir.

 

« Les plus lointains de nos glorieux ancêtres

Avec génie, ont rêvé et conçu la Zinovie

Comme un grand empire et le meilleur être

Capable d’organiser pour toute l’humanité, la vie.

Dans l’égalité commune, tous bénéficieraient

De la justice et du bonheur d’être ensemble,

De travailler, de se distraire ensemble ;

Tous s’aideraient, tous s’aimeraient. »

 

Enfin, comme disait ma grand-mère, si tu ne crois pas celle-là, dépêche-toi de la croire quand même, car autrement, on t’en fera croire une autre.

 

Je vois, dit Lucien l’âne ; encore l’avenir radieux.

 

Oui, reprend Marco Valdo M.I. ; cependant, la dernière partie est décapante ; elle révèle le peu d’illusions qu’entretiennent les voix anonymes sur la réalité de ce rêve magnifique. Je te laisse découvrir tout ça.

 

Je m’y mets à l’instant, dit Lucien l’âne, et ensemble, tissons le linceul de ce vieux monde fallacieux, faux, fourbe, hypocrite, menteur, mensonger, insidieux, bancal, saugrenu et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

En Zinovie, il y avait autrefois

Des ducs, des princes et des rois.

Ils profitaient à n’y pas croire,

On se raconte encore leurs histoires.

Pour servir et meubler les arrière-plans,

Des esclaves, des serfs, des paysans

Formaient le terreau de la nation

Et vivaient leur vie sans illusion.

La vie serait d’une profonde tristesse,

Sans les marquis, sans les princesses

Une vie sans légendes, sans contes,

D’une insondable banalité, en fin de compte.

 

Question histoires, en Zinovie,

On est servi pour la vie.

Grâce aux grandioses répressions,

Grâce à nos camps de concentration,

On peut nourrir toute une littérature

Sur la révolution et sa grandiose nature.

Que serait la France sans Napoléon ?

Que serait l’Égypte, sans les pharaons ?

En Zinovie, plus y a de morts –

Dans nos camps de concentration, ;

Il y en a eu plus de cinquante millions –

Plus le pouvoir du Guide est fort.

 

La Zinovie, hors frontières, compte à peine ;

Elle se contracte, elle rétréit à l’extérieur.

De son palais, le Guide la voit souveraine.

Normal, il vit replié à l’intérieur.

Les plus lointains de nos glorieux ancêtres

Avec génie, ont rêvé et conçu la Zinovie

Comme un grand empire et le meilleur être

Capable d’organiser pour toute l’humanité, la vie.

Dans l’égalité commune, tous bénéficieraient

De la justice et du bonheur d’être ensemble,

De travailler, de se distraire ensemble ;

Tous s’aideraient, tous s’aimeraient.

 

La question est : cela est-il possible ?

Ce serait compter sans la complexité

Sans les grands nombres et les individualités

Et la loi historique de l’impossible.

Le monde est bien trop compliqué

Pour permettre un idéal aussi simplifié ;

Plus on tente de l’approcher,

Plus on s’embrouille dans la réalité.

On fait pourtant de notre mieux,

Plus on veut y voir,

Plus on voit le brouillard.

C’est à désespérer de l’avenir radieux.

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15 février 2024 4 15 /02 /février /2024 15:38

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mercredi 5 octobre 2022

LA SOLITUDE
 

 

LA SOLITUDE

 

Version française — LA SOLITUDE — Marco Valdo M.I. — 2022

D’après la traduction italienne — LA SOLITUDINE — Gian Piero Testa — 2013

d’une chanson grecque — Η μοναξιάKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981

Texte : Katerina Gogou
Musi
que : Kiriàkos Sfetsas
Dis
que : « Sto dromo/Per la strada », 1981

 

 

 

 

 

MARCHÉ PUBLIC à ATHÈNES
 

Panayiotis Tetsis – 1985 circa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Je me suis mis en tête de traduire autant que possible du recueil de poèmes de Catherine Gogou, " Τώρα να δούμε εσείς τι θα κάνετε/Adesso vediamo cosa farete voi (Poesie 1978 — 2002) (À présent, voyons ce que vous ferez vous) ", publié cette année 2013 par les éditions Kastaniotis, Athènes, et que je possède en version électronique par un heureux coup du sort. Comme je le fais souvent, je commence par les textes mis en musique, ou accompagnés de musique, comme dans le cas de Gogou ; et au fur et à mesure que j’en trouve un qui me semble bon pour notre site, je l’envoie, en espérant qu’il intéressera les visiteurs. La question de savoir si, en fin de compte, il conviendra de réunir les morceaux qui sont séparées pour le moment, sera décidée en temps voulu par les consuls. (gpt)

 


 

 

La solitude…

N’a pas les yeux couleur d’inquiétude

De l’amour troublé.

Elle n’erre pas languide et apathique

Se traînant dans des discothèques

Et des musées gelés.
Elle n’a pas de cadres jaunes du “bon” vieux temps.

De boules de naphtaline dans les coffres de grand-maman,

De rubans violets et de chapeaux de paille surannés.

Elle n’écarte pas les jambes avec des rires étouffés,

Un regard bovin, des soupirs sifflants…

Et des dessous troublants.

 

La solitude

A la couleur des Pakistanais, la solitude

Et on la mesure carreau par carreau,

Morceau par morceau

Au pied de la cheminée.

Par tous les temps,

La tête de sueur trempée,

Dans la file d’attente, elle attend patiemment :

Burnazi — Ag. Varvara — Kokkinia

Toumba — Stavroupoli — Kalamaria.

Elle expire en criant, elle enchaîne les maisons.

Elle s’empare des moyens de production,

Met fin à la propriété.

Le dimanche, elle rend visite aux prisonniers,

Dans la cour, le criminel et le révolutionnaire ont la même allure.

Vendue et acheté: argent, argent, souffle par souffle.

À proximité de la place Klotziàs, au marché aux esclaves.

Au matin, elle se lève.

C’est une putain dans les maisons de mauvaise vie.

C’est le dernier tour de garde de la sentinelle,

Et le dernier kilomètre de la ROUTE NATIONALE — CENTRE

Pour la viande pendue à un crochet de la Bulgarie.

 Son sang se tarit et elle ne peut rien d’autre,

Car ils vendent son peuple,

Elle danse pieds nus un zebekiko sur la table,

Tenant dans ses mains gonflées

Une hache bien aiguisée.

 

La solitude,

Notre solitude, dis-je. Celle dont je parle

Dans nos mains, est une hache,

Au-dessus de vos têtes, elle tourne,

Tourne, tourne, tourne.

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Published by Marco Valdo M.I.
14 février 2024 3 14 /02 /février /2024 17:43

 

Les Feux du Carnaval



 

 

Chanson française – Les Feux du Carnaval – Marco Valdo M.I. – 2024

 

 

 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 188


 

 

 

LA COSTAUDE DE LA BASTOCHE

 

Clovis Trouille – 1934

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Mon ami Lucien l’âne, je suppose qu’au cours de ta longue existence, tu as souvent rencontré des cirques, des foires et des fêtes foraines, étant toi-même par ricochet, un animal forain.

 

Si tu veux, Marco Valdo M.I. mon ami. Aristote disait lui-même que l’homme est un animal politique et je ne vois donc aucune difficulté à me voir sous la désignation d’animal forain, autrement dit, d’animal itinérant. Cela convenu, je me demande ce que vient faire ici cette étrange épithète.

 

Eh bien, répond Marco Valdo M.I., comme on va le découvrir, la chanson elle-même est très foraine dès le début où elle peint le Guide de Zinovie en lutteur de foire militaire, en une sorte de Costaude de la Bastoche.

 

« À force de prendre des poses guerrières,

Des airs de lutteur de foire militaire,

Le Guide va nous mettre à dos l’univers. »

 

En somme, dit Lucien l’âne, le Guide serait une sorte de leveur de fonte se trémoussant sur tous ses écrans et à l’exposition colossale. Ils en font tout un plat en Zinovie de cette vieille attraction.

 

Dès lors, reprend Marco Valdo M.I., le Guide fait le gros bras, roule des mécaniques sur les tréteaux de la grande foire et pendant ce temps, le ciel de la capitale s’enflamme :

 

« ...bombant le torse ;

Comme pour le Corse, tout se corse.

Les flammes au-dessus de la capitale,

Ce sont les feux du Carnaval. »

 

Il y a là une atmosphère de carnaval et les feux éclairent un monde factice où le Guide en émule du professeur Pangloss crie et répète : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ».

 

Le pire, dit Lucien l’âne, c’est qu’il y en a pour le croire, mais le triomphalisme a ses limites.

 

En effet, dit Marco Valdo M.I., et c’est ce que monte le deuxième couplet. Les choses ne se font pas comme le Guide l’avait espéré et une drôle d’odeur se répand dans l’air du pays :

« Un drôle d’air plane sur le pays.

Tout ça sent le roussi ».

 

Tout ça, malgré les efforts de propagande qui frappent les enfants jusque dans les écoles qu’on inonde de fariboles :

 

« Aux enfants, ils expliquent tout :

La patriotique grande guerre,

Les raisons d’avoir raison malgré tout

Et toutes les raisons d’être tous fiers. »

 

Les élèves qu’on nourrit au lait de l’autosuggestion :

 

« On leur apprend à regarder dans le miroir

Pour voir un héros de la grande Histoire. »

 

Voilà, dit Lucien l’âne, qui démonte la méthode de la toute puissante et envahissante propagande. C’est digne de l’analyse de Serge Tchakhotine, qui en son temps (celui du Grand Guide) avait décrit : « Le viol des foules par la propagande politique ». Tout un programme…

 

Ensuite, Lucien l’âne mon ami, lucide, le trouvère s’interroge sur la durée probable de cette farce macabre :

« Au train où vont les choses,

Ça pourrait encore durer longtemps.

Un million de morts ou deux,

Est-ce assez pour satisfaire les dieux ? »

 

et il voit très clairement que la seule façon d’en sortir est que les gens de Zinovie prennent en mains leur destin et bazardent le Guide et sa bande aux poubelles de l’Histoire.

 

« Il est encore temps ! C’est à nous les vivants

D’éteindre les incendies du président,

De mettre fin à ce délire ardent. »

 

Je pense comme lui, dit Lucien l’âne, que c’est aux Zinoviens de mettre fin au règne de la bêtise. Mais si j’ai bien suivi, il reste un couplet.

 

Eh oui, continue Marco Valdo M.I., c’est Grand-Mère qui reparaît pour faire connaître le bilan, pour faire état de l’état de l’État religieux qui opprime les filles de Perse et les marie dès 13 ans pour repeupler l’Iran en mal d’enfants et qui va à vau l’eau sous leur houlette perverse.

 

« Ils marient les filles de treize ans.

C’est légal. C’est inscrit dans la loi,

C’est conforme aux enseignements.

La Perse maigrit, elle manque de gras,

Elle perd ses campagnes, elle perd ses paysans.

Elle perd ses eaux, elle se vide déjà. »

 

Restons-en là, dit Lucien l’âne, et tissons le linceul de ce vieux monde propagandiste, crédule, croyant, dupe, candide et cacochyme.

 

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Les hourras, les femmes, les fleurs,

Les beaux défilés des beaux vainqueurs

On partait en cortège, bombant le torse ;

Comme pour le Corse, tout se corse.

Les flammes au-dessus de la capitale,

Ce sont les feux du Carnaval.

À force de prendre des poses guerrières,

Des airs de lutteur de foire militaire,

Le Guide va nous mettre à dos l’univers.

Vous parlez d’un aller triomphant,

Déjà deux ans, dit le soldat, maintenant,

Qu’on est là-bas qu’on s’enterre.

 

 

C’est un pari pas vraiment réussi ;

Un drôle d’air plane sur le pays.

Tout ça sent le roussi,

Le trouvère dit alors : sans attendre,

Il nous faudra ramasser les cendres.

À l’école de chez nous, dit la mère,

Aux enfants, ils expliquent tout :

La patriotique grande guerre,

Les raisons d’avoir raison malgré tout

Et toutes les raisons d’être tous fiers.

On leur apprend à regarder dans le miroir

Pour voir un héros de la grande Histoire.

 

Évidemment, dit le trouvère,

Il y en a qui malgré tout espèrent.

On peut toujours voir la vie en rose ;

En réalité, on ne sait pas vraiment

Ce que nous réserve le printemps.

Au train où vont les choses,

Ça pourrait encore durer longtemps.

Un million de morts ou deux,

Est-ce assez pour satisfaire les dieux ?

Il est encore temps ! C’est à nous les vivants

D’éteindre les incendies du président,

De mettre fin à ce délire ardent.

 

Grand-Mère dit : Vous savez, là-bas,

Ils marient les filles de treize ans.

C’est légal. C’est inscrit dans la loi,

C’est conforme aux enseignements.

La Perse maigrit, elle manque de gras,

Elle perd ses campagnes, elle perd ses paysans.

Elle perd ses eaux, elle se vide déjà.

La Perse a besoin de beaucoup d’enfants,

L’Iran religieux a besoin de futurs soldats.

Le pays a besoin de beaucoup de mamans.

Les filles ne veulent pas de ce futur-là ;

Et les dents du présent rongent le temps..

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 


Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ;

Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards ; 155. La sainte Reddition ; 156. Amiral, on coule ; 157. L’Art naïf ; 158. Les Filles de là-bas ; 159. Les Oies cendrées ; Épisode 160 : Les Grondements ; 161. L’État de Guerre ; 162. Comme autrefois ; 163. Traîtres à la Nation ; 164. Les Journalistes ; 165. Le Clown sénile ; 166 : Exils ; 167 : Écoutez les Gars ; 168. L’Acide nostalgique ; 169. Les Chaussettes roses ; 170. La Régurgitation ; 171 : Parlez-moi de la Paix ; 172 : Les Hybrides de la Foi ; 173 : L’Espace infini du Temps ; 174 : Les Chiens enragés ; 175 : Les Lombrics de Darwin ; 176 : Gare au Gorille en Zinovie ; 177. Le Dictateur ; 178. L’Éternité ; 179 : L’interminable Victoire ; 180. Les trois Rosiers ; 181. Les Obus ; 182. Les Fils sont partis ; 183. Les Émules d’Attila ; 184. Le Joueur de Pipeau, le Guide et les Vestales pileuses ; 185. La Statue tend le Bras ; 186. Le chouette Boulot ; 187. Un Camp, c’est un camp

LA COSTAUDE DE LA BASTOCHE   Clovis Trouille – 1934

LA COSTAUDE DE LA BASTOCHE Clovis Trouille – 1934

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Published by Marco Valdo M.I.
12 février 2024 1 12 /02 /février /2024 10:43

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mardi 11 octobre 2022

 
La Ligne de Conduite
 

 

 

La Ligne de Conduite

 

 

Chanson française — La Ligne de Conduite — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ;

 

Épisode 74

 

 

 

 

 

 

AGRESSION

 

 

 

Rasim-Babayev-Azer — 1965

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Finalement, Lucien l’âne mon ami, toutes ces chansons, ce n’est si facile à faire, ni ce n’est pas aussi simple qu’il en a l’air et pour comprendre, pour trouver toutes les harmoniques, il convient de jouer avec les vers, de les imbriquer différemment comme on peut le faire avec les pièces de certains jeux d’enfants.

 

Oui, dit Lucien l’âne, tout le monde sait que l’air ne fait pas la chanson, à moins que ce ne soit l’inverse ou que ce soit l’inverse, allez savoir. Quant à jouer avec les vers, les mélanger et les disposer autrement, comme des grains de couleur d’un kaléidoscope, je suis partant ; j’adore les puzzles.

 

Exactement, répond Marco Valdo M.I., j’en donnerai des exemples ici encore ; cela dit, en voici une tout aussi complexe que les précédentes et comme d’habitude, on pourrait gloser tant et plus, mais comme toujours, il me faudra couper court. Ces gens-là de Zinovie y disent de ces choses qui demandent à être décantées ; j’allais dire déchantées. Il est rai que la vie en Zinovie est un perpétuel désenchantement, assez désappointée pour que les habitants envisagent très sérieusement de quitter le pays, de s’exiler. Ces derniers, avec cette guerre, cette fuite collective s’intensifie. Même si, elle résulte de millions de décisions individuelles.

 

J’ai entendu dire ça, réplique Lucien l’âne, et je trouve qu’ils ont parfaitement raison de foutre le camp d’un tel merdier.

 

Ainsi, revenons aux voix, dit Marco Valdo M.I., elles nous apprennent beaucoup de choses. La première voix explique une certaine manière d’exil intérieur — au double sens, d’exil dans le pays et d’exil en soi-même, une façon individuelle de résistance quotidienne et elle laisse penser que dans un premier temps, il est possible de vivre sa vie en passant, en quelque sorte, sous la pluie en évitant les gouttes d’eau.

 

« En Zinovie, même en Zinovie,

L’homme arrive à vivre sa vie.

À son rythme, plus ou moins vite,

Il impose sa ligne de conduite. »

 

Certes, dit Lucien l’âne, on peut vivre en passager clandestin dans ce grand vaisseau à la dérive et sans doute, certains y arrivent. Ce n’est pas toujours le cas et puis, c’est comme vivre dans un pays occupé par une puissance étrangère. Il faut être constamment sur ses gardes et faire semblant. À la longue, c’est quand même épuisant.

 

Mais, reprend Marco Valdo M.I., ensuite, la deuxième voix nous parle de Mariamarie, l’incarnation du peuple. Sous son apparence de récit anodin, elle cache une forte dose d’ironie, surtout si on recombine certains vers :

 

« Va-z-y et tâche de t’en sortir ;

Si tu te noies, pas la peine de revenir.

Qui gagnera la guerre, Mariamarie ?

Nous, la défaite, on ne l’aura pas volée. »

 

De toute façon, dit Lucien l’âne, en Zinovie, on se comprend à demi-mots. Évidemment, c’est indispensable ; il n’y a pas le choix, car les choses ne peuvent être dites. L’euphémisme, la litote et l’antiphrase meublent les conversations.

 

Et puis, dit Marco Valdo M.I., une voix, une autre voix examine la possibilité de se libérer par l’exil en territoire étranger. Pour bien faire, imagine-t-elle, il faudrait que tous ceux à qui cet étouffoir collectif rend la vie pénible s’en aillent ailleurs. Même si on peut en trouver des exemples dans l’histoire du monde, elle évoque cette solution surréaliste pour l’abandonner aussitôt. Ce serait une manœuvre impossible ; alors, ces gens-là restent là.

 

« Nous autres, on est encore là,

Car on ne peut émigrer tous à la fois.

Ça ferait un fameux embouteillage,

Le plus grand de tous les âges. »

 

Sans compter que ceux qui s’en vont laissent tout derrière eux et ne savent ce que l’ailleurs pourra leur offrir. Vu sous cet angle, l’exil est un luxe.

 

Et de trois, dit Lucien l’âne. Et pour finir, comment finit la chanson.

 

Très mal, répond Marco Valdo M.I. ; elle finit sur une note macabre, digne de la Légende du Soldat mort (Legende vom toten Soldaten) de Bertolt Brecht. Mais je n’en dirai pas plus.

 

Alors, concluons ici, dit Lucien l’âne, et tissons le suaire de ce vieux monde écrasant, étouffant, ahurissant, désolant et cacochyme.

 


Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 


 

Le contrôle social sur l’individu

N’est jamais totalement absolu,

Certaines choses lui échappent toujours ;

La vie est pleine de surprises,

Malgré le Guide et son emprise.

La vie est l’écume des jours.

En Zinovie, même en Zinovie,

Dans les circonstances risquées

D’une société si embrouillée,

L’homme arrive à vivre sa vie.

À son rythme, plus ou moins vite,

Il impose sa ligne de conduite.

 

Le fils de Mariamarie veut aller

Au lac, avec ses copains, se baigner.

Va-z-y et tâche de t’en sortir ;

Si tu te noies, pas la peine de revenir.

La vie, Mariamarie, c’est quoi ?

Vivre, dit-elle, c’est juste un cinéma.

En Zinovie, on se goinfre d’intelligence ;

Elle sert à nourrir l’inconscience.

Maigre fiancée, femme potelée,

Mariamarie n’est pas si abrutie.

Qui gagnera la guerre, Mariamarie ?

Nous, la défaite, on ne l’aura pas volée.

 

Nous autres, on est encore là,

Car on ne peut émigrer tous à la fois.

Ça ferait un fameux embouteillage,

Le plus grand de tous les âges.

On perd souvent ; on gagne parfois.

Des opposants, des dissidents, des exilés,

Des tas de gens partis à l’étranger,

Faut réfléchir : quitter la Zinovie,

C’est une loterie.

Nous autres, on sait bien ça.

Un jour, quand même, on s’en ira

Et on laissera tout derrière soi.

 

La priorité du collectif sur l’individuel,

En Zinovie, c’est le baratin éternel.

Le soldat, l’air pas très dégourdi,

Rêveur soudain réveillé dit :

Morts, en fait de vie personnelle,

On va à la fosse commune, à la poubelle ;

Et même pour la gloire de l’État,

Moi, je ne veux pas pourrir en tas.

Honteuse trahison au bataillon,

Sur ordre, on lui fit la leçon :

On le fusilla. Ainsi, finit le soldat ;

À l’écart, tout seul, on l’enterra.

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Published by Marco Valdo M.I.
12 février 2024 1 12 /02 /février /2024 10:39
 
 
 
 
 
 

jeudi 13 octobre 2022

 LA LUMIÈRE DÉLAISSE VITE NOS VIES

LA LUMIÈRE DÉLAISSE VITE NOS VIES

 

Version française — LA LUMIÈRE DÉLAISSE VITE NOS VIES — Marco Valdo M.I. — 2022

d’après la traduction italienne — COME FA PRESTO A ANDARSENE LA LUCE — Gian-Piero Testa — 2013

d’une chanson grecque — Πόσο νωρίς φεύγει το φως απ’ τη ζωή μαςKaterina Gogou / Κατερίνα Γώγου — 1981



Texte : Katerina Gogou
Musi
que : Kyriakos Sfetsas
Dis
que : Sto dromo/Sur la Route, 1981

 

 

 

 

 

 

L'ŒIL D’ATHÈNES

 

 

 

Pour éclairer ce poème de Katerina Gogou, pour la récitation duquel, confiée à l’autrice elle-même, Kyriakos Sfetsas a composé la musique en 1981, il faut essayer de se souvenir de la technique photographique avant l’irruption de la photographie numérique : quand on achetait et chargeait des rouleaux de pellicule, on calculait le temps et l’ouverture, développait les négatifs, puis faisait tirer des copies. La lumière de la vie est vécue comme ce qui permet de photographier ; et la vie qui entoure Katerina s’imprime dans les négatifs lugubres d’une réalité déformée, dégoûtante, névrotique, où les hommes sont réduits à l’état d’ombres, et dont on s’échappe soit en s’impatientant, soit, quand cela ne suffit pas, par de vains retours à un passé qui n’est lui-même déformé que parce qu’un avenir ne se dessine pas, soit par un pur défoulement et une provocation gratuite envers ceux qui acceptent cette vie inacceptable et s’y adaptent. Cependant, il y a encore un souffle d’espoir dans ce poème qui émerge dans les derniers vers, où un drapeau noir de l’anarchie semble capable de redonner de la lumière, du cœur et des chemins à l’humanité aliénée et déshumanisée.

Ce texte appartient à la collection Ιδιώνυμο (idem : c’est-à-dire le type de délit que la loi prévoit expressément et poursuit avec des peines plus graves ou plus légères que les peines génériques, selon que le comportement illégal est considéré comme un danger public particulier ou qu’il est plus justifiable au regard de l’éthique commune). (gpt)

 

 

Comme la lumière délaisse vite nos vies, mon frère…

À travers nos paupières allergiques,

La vie marche lentement sur nos ongles

Autant qu’on y adhère.

Elle s’efface… Ombre au coin de la rue.

Disparue.

Les ténèbres !

Une photo négative, les gens

Yeux rouges de loups piégés,

Aux prothèses étrangères — des crocs empruntés,

Pour s’en tirer un peu plus longtemps,

Les sangsues s’enfoncent dans nos gorges et sucent nos acnés.

Ce sont ceux du train, je m’en souviens bien,

Qui, à notre premier rêve de partir au loin,

Nous ont jetés sur les rails électrifiés.

Sacs vides sur un passage non surveillé

Comme un poids en trop chargé.

Ceux qui ont : “vécu” — entre guillemets,

Avec mille fusils nous tiennent en respect

De la terrasse de la compagnie du téléphone.

Dans nos chemises de coton, froides et moites,

Nous faisons comme si nous avions une capote

Et voyez, à nous tous une barre violette

Bat encore sous nos paupières.

Comme la vie est chère, mon frère

La qualité baisse, et le courage se dérobe,

Plusieurs fois — mais jamais n’abandonne.

Il y a les antidépresseurs, et par chance,

Penche la balance.

Il n’y a plus rien d’autre devant.

Je m’incline et je serre mes dents.

Je retourne en arrière, l’esprit sanglant

Je retourne en arrière pour me sauver

Et je ne sais où aller.

C’est la merde là aussi — comme on sait -

Partout des fers tordus et des trous d’obus

J’ai peur, je m’embrouille, je suis perdu.

Voici la porte ouverte du supermarché

Et j’entre sans hésiter

J’ai l’air d’un prédateur cherchant où est l’argent.

Et à trouver ce que je peux utiliser.

« Delirium Tremens », « Je veux voler »…

Je rassemble les chaînes stéréo et j’entends

Des airs différents pour chaque appareil

Et la sono à fond à trouer les oreilles.

Avec une paire de ciseaux Singer, ensuite,

Je découpe et j’agrandis leurs bouches.

J’y colle le baiser de la mort glaireux

Et en elles, je vide les psychotropes,

Les pharmacies et les pharmaciens avec eux.

Mort à Byzance aux putains de dynasties,

Aux interventions pacifiques, au diaphragme de mon amie,

Les tirages Kodak vendus et C. Stavrou

S’en est allé mourir où ?

Mort aux Immortels

Drapeaux noirs et ouvrir les feux rouges

— OUVRIR — la route, la bouche,

Les yeux, le cœur et la cervelle.

Ça ferait tomber la porte

Et le vieux film, pareil.

Non. Non, ne le faites pas, ne faites pas des hommes

Des négatifs noirs et de nous, des soleils.

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Published by Marco Valdo M.I.
12 février 2024 1 12 /02 /février /2024 10:36

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lundi 24 octobre 2022

 
Les Femmes de Zinovie
 

 

 

Les Femmes de Zinovie

 

 

Chanson française — Les Femmes de Zinovie — Marco Valdo M.I. — 2022

 

 

 

LA ZINOVIE
est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.
La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

 

LA ZINOVIE

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode 5 : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 6: Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; 071. Épisode : Un Conflit avec l’Étranger ; 072 : Petit Manuel de Survie ; 073. La Banalité ; 074. La Ligne de Conduite


 

 

 

 

Épisode 75

 

 

 

 

 

 

 

 

LA MOISSON (MARTA et VANKA)

 

 

 

Kazimir Malevich - 1929

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Comme son titre l’indique, Lucien l’âne mon ami, cette chanson est consacrée aux femmes de Zinovie. Ne pense pas cependant que ce serait une somme, une sorte d’encyclopédie ; si elle parle des femmes de Zinovie, elle ne raconte pas l’histoire de toutes les femmes, seulement des femmes paysannes et encore, celles qui vivent dans un village. Autrement dit, des femmes dans une communauté rurale – ce qui exclut les citadines et les femmes qui vivent dans des lieux isolés. C’est ce qu’on désigne sous l’appellation de monde rural. C’est leur monde à elles.

 

Soit, dit Lucien l’âne, je vois très bien ce dont il s’agit. Elles sont là comme les ouvrières dans une ruche.

 

C’est un peu ça, reprend Marco Valdo M.I. et en Zinovie, ce monde du village est un univers un peu particulier du fait que les hommes sont la plupart partis en ville pour y trouver du travail plus gratifiant ou plus valorisant à leurs yeux, ou à l’armée imaginant y vivre des aventures et souvent aussi, à la guerre. De toute façon, il est rare qu’ils reviennent vivre au village ou alors, pour les guerriers, en cercueils de zinc pour s’y enfouir définitivement. Cette situation a des conséquences. La première et ce sont les premiers vers de la chanson, c’est que c’est principalement de femmes et que même s’il y a des hommes, ce sont elles qui constituent la majorité du peuple. Et puis, il y a la conséquence de la conséquence, c’est que des hommes, il n’y en a pas pour toutes et la conséquence de cette conséquence, c’est que :

 

« En Zinovie, dans les lointains villages,

La rédemption, c’est le mariage.

Le mari et les enfants, la mission sociale,

Pour les filles, c’est l’assomption finale. »

 

Évidemment, dit Lucien l’âne, dans la situation de pénurie, c’est important d’assurer sa situation. D’autant, j’imagine qu’il y a des hommes qui tentent de profiter de l’aubaine. Ma grand-mère me l’a toujours seriné cette vieille chanson qui disait :

 

« Tant qu'il y aura des coqs dans un village

Il y aura des poules à surveiller. »

 

(Tant qu’il y aura des coqs…) 

 

Il y a de ça, Lucien l’âne mon ami, note que l’inverse s’applique mieux à la chanson, tu vois ce que je veux dire.

 

Oh, oui, dit Lucien l’âne. « Tant qu’il y aura des poules dans le village, il y aura des coqs à surveiller…

 

C’est d’ailleurs le fond de la deuxième et de la troisième strophe, réplique Marco Valdo M.I. ; mais il y a de ça ; cependant, les dames ont plus d’un tour dans leur sac. Naturellement, il te faudra pallier par l’imagination ce que – faute de place – ne dit pas la chanson. Enfin, les trois quarts de la chanson, car la dernière strophe est d’un tout autre calibre C’est une réflexion sur l’inertie colossale de la Zinovie face à son Guide et l’impossibilité, qui en découle, d’y changer le cours (désastreux) des choses. Comme tu le verras, c’est le retour d’une de ces voix anonymes qui poursuit la discussion qui traverse tout ce voyage. Je veux dire celle qui évoque la position de l’individu face à l’oppressante présence du collectif. Entre eux, la plupart du temps, c’est une guerre larvée, une guerre froide.

 

On va voir ça tout de suite, dit Lucien l’âne. Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde pesant, lourd, étouffant, oppressant et cacochyme

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

 

En Zinovie, dans le monde rural,

Le peuple, c’est les bonnes femmes.

Le travail paysan, c’est pour les dames.

Aux hommes, l’héroïque devoir national.

À la campagne, les femmes vivent ensemble ;

À force, toutes se ressemblent.

Mariamarie et ses voisines,

On les dirait toutes cousines.

En Zinovie, dans les lointains villages,

La rédemption, c’est le mariage.

Le mari et les enfants, la mission sociale,

Pour les filles, c’est l’assomption finale.

 

Mariamarie nie avoir dormi 

Même une nuit avec le commissaire.

 

Avec ses paroles d’or, il a séduit

Son cœur pur de ménagère.

Il promettait de divorcer et de fonder

Avec elle, une sainte famille.

Une ruse connue de toutes les filles

Pour cultiver les infidélités.

Le complot contre le Commissaire s’est éventé,

L’accusation de Mariamarie s’est dégonflée,

Quand tous ont témoigné

De ses relations extraconjugales répétées.

 

Avec l’espoir de se remarier,

La jeune veuve est exemplaire.

Toutes les tentatives de se la faire

Ont régulièrement échoué.

On n’avait pas ménagé nos peines

Et toutes sont restées vaines.

Épousez-moi d’abord

Et vous aurez mon corps.

Le jeune barbu recueille les suffrages

De toutes les filles du village.

Auprès des femmes, le Christ avait du succès.

A-t-il eu des enfants ? On n’en parle jamais.

 

Changer de Guide, changer de décor,

On en a tous envie, on en rêve encore.

Changer de direction, changer les choses,

Une révolution, personne ne l’ose.

Avec ses promesses et ses grands discours

Que l’Histoire suive son cours,

À sa guise, elle est bonne fille ;

Chacun se fera en elle

Son histoire personnelle.

Foin de l’avenir radieux et de ses fantaisies,

Mes amis, j’ai résolu le problème :

Le but de la vie est la vie elle-même.

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Published by Marco Valdo M.I.
12 février 2024 1 12 /02 /février /2024 10:34

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mardi 25 octobre 2022

 
NUIT DE CRISTAL
 

 

NUIT DE CRISTAL

 

 

Version française — NUIT DE CRISTAL — Marco Valdo M.I. — 2022

Chanson allemande (en bas allemand — Kölsch) — KristallnaachBAP — 1982


Album « Vun Drinne Noh Drusse » (« From the inside to the outside »)

 

 

 

 

 

KRISTALLNACHT — NUIT DE CRISTAL

 

 

 

Charlotte Salomon — 1942

 

 

 

 

La Nuit de Cristal (en allemand : Reichskristallnacht) est le pogrom contre les Juifs du Troisième Reich qui se déroula dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938 et dans la journée qui suivit. Ce pogrom a été présenté par les responsables nazis comme une réaction spontanée de la population à la mort le d’Ernst vom Rath, un secrétaire de l’ambassade allemande à Paris, grièvement blessé deux jours plus tôt par Herschel Grynszpan, un jeune Juif polonais d’origine allemande. En fait, le pogrom fut ordonné par le chancelier du Reich, Adolf Hitler, organisé par Joseph Goebbels et commis par des membres de la Sturmabteilung (SA), de la Schutzstaffel (SS) et de la Jeunesse hitlérienne, soutenus par le Sicherheitsdienst (SD), la Gestapo et d’autres forces de police.

Sur tout le territoire du Reich, près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits, 7 500 commerces et entreprises gérés par des Juifs saccagés ; une centaine de Juifs furent assassinés, des centaines d’autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures et près de 30 000 furent déportés en camp de concentration : au total, le pogrom et les déportations qui le suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes. Événement majeur de la vague antisémite qui submergea l’Allemagne dès l’arrivée des nazis au pouvoir en, la « nuit de Cristal » fait partie des prémices de la Shoaha.

En provoquant cette première grande manifestation de violence antisémite, les nazis voulurent accélérer l’émigration des Juifs, jugée trop lente, en dépit de la politique de persécution et d’exclusion mise en œuvre depuis. L’objectif fut atteint : le nombre de candidats à l’émigration crût considérablement. Mais, en dépit de l’indignation que l’évènement suscita dans le monde, les frontières des autres pays restèrent fermées.

Marquant une rupture avec la politique nazie de 1933 à 1937, ainsi qu’une étape dans la violence et la persécution antisémites, cet évènement fut également révélateur de l’indifférence des nations au sort des Juifs d’Allemagne et d’Autriche, et de l’incapacité des États démocratiques à contrecarrer les coups de force menés par l’Allemagne de Hitler.

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Nuit_de_Cristal)

 


 


 


 


 

Quelque chose tinte, je le sens parfois,

Quelque chose s’égare en moi.

Un bruit, une sonnerie peu claire,

Tinte de façon familière,

Elle résonne rarement directement.

On s’éveille, on se frotte les yeux et on voit

Entre Brueghel et Bosch, sur un panneau de bois,

Aucun humain ne relève les hurlements,

Car de la fin d’alerte moins cher est le signal.

Cela sent la nuit de cristal.

 

Dans le calme avant la tempête — qu’est-ce que c’est ?

Quelqu’un quitte la ville en secret.

La notabilité incognito en vitesse s’en va

— Ces officiels n’aiment pas être là,

Quand le peuple, l’âme toujours prête,

Crie et s’agite au point central,

Hurle « Heil — Halali », à la vengeance sans limite,

Frémissant d’envie dans la Nuit de Cristal.


À tous ceux que dérange ce qui est différent,

Ceux qui, grégaires, suivent le courant,

Pour qui les homos sont des délinquants,

Les étrangers des lépreux, il faut un dirigeant.

Et alors, n’arrive aucune cavalerie,

Aucun Zorro ne s’en soucie.

Dans la neige, il pisse un “Z” triomphal,

S’étale et crie :

« Et après ? — Nuit de Cristal ! »
 

Dans l’église avec l’horloge de Franz Kafka,

Sans aiguilles, d’une sourde voix,

Un aveugle lit Crasse-Tignasse à un sourd

Derrière la porte verrouillée à triple tour

Et avec ses clés, le gardien se croit,

Se sent et se considère vraiment génial,

Car il vend les issues contre le mal claustral

De la Nuit de Cristal.

 

Pendant ce temps, peut-être sur la place du marché,

Aujourd’hui avec un visage, non masqué, nouveau,

Ramasse des pierres, affûte son couteau,

Sur ceux qu’on a déjà dénoncé,

La foule des lyncheurs répète le jugement dernier.

Et dans l’entrepôt, à peine amarré

— Les galères sont depuis longtemps au port —

On attend les esclaves encore,

La camelote du combat inégal

De la Nuit de Cristal.

 

Où Darwin est mis à toutes les sauces,

Ils chassent les gens ou les torturent,

Le pouvoir cache l’argent, le monde se rengorge,

Défigurés par le garde-à-vous et les courbettes,

Ils soufflent des hymnes sur un peigne

Dans un appétit de profit bestial,

En criant « Hosanna ! » et « Crucifiez-le ! »,

Quand ils y voient un quelconque avantage,

C’est tous les jours la Nuit de Cristal.

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Published by Marco Valdo M.I.

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