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13 octobre 2018 6 13 /10 /octobre /2018 20:37

 

MÊMES VENTS, MÊMES ODEURS

 

Version françaiseMÊMES VENTS, MÊMES ODEURS – Marco Valdo M.I.2018

d’après la version italienneGLI STESSI VÈNTI, GLI STESSI ODORI de Riccardo Venturi – 2018

d’une chanson suédoiseSamma vindar, samma dofterContact1971

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

 

En Suède ? Mais que peut-il bien se passer en Suède ?, demande Lucien l’âne.

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., c’est une chanson déjà ancienne ; elle a quarante ans.

 

Oui, dit Lucien l’âne, je le vois bien. Mais que se passe-t-il maintenant en Suède ?

 

Dans l’instant, Lucien l’âne mon ami, la Suède retient son souffle. Des vents nauséabonds suintent des égouts. Comme je le disais, il y a quelque temps, il faut se méfier de ces chemises qui marchent.

 

« Un matin, je sors de chez moi.
Elles m'attendaient, elles étaient là.
Elles paradaient sur le trottoir
Elles n'étaient pas drôles à voir
Toutes ces chemises d’une même couleur,
Toutes ces chemises d’une même couleur. »

 

Oh, dit Lucien l’âne, et pas seulement en Suède, ce sont des vents qui parfument le monde. Tout notre monde actuel en est infesté et pour ce qui est des chemises, elles changent de couleur selon les lieux, mais toujours elles marchent au pas. Plus que jamais, plus obstinément que toujours, en Suède comme ailleurs, tissons le linceul de ce vieux monde conservateur, odoriférant, autoritaire, nationaliste et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Les vents répandent le parfum d’un autre temps.
On sait déjà la tendance,
La morale est plus libre à présent,
Mais toujours l’amour se balance.
Dans le temps nouveau,
Nous sommes tous égaux,
Tous maigres et aux vêtements longs,
Qu’on soit fille ou garçon.

 

On supporte encore le gel de la dépression,
Le chômage rampe à terre.
Contre les puissants, grèves et protestations
Montent du sol des villes ouvrières.

 

Les paroles de lutte
Sont devenues dures.
Quand
donc auront lieu
Les premiers coups de feu
 ?

 

Et nous au bistrot entre des bouteilles et des verres,
Coup de pied
à la solitude,
Nous dansons comme des cadavres dans un gaz de rock & roll
Et nous nous déguisons
de manière sexy.

 

Le Hottkvintett suédois
Et Frank Zappa
Ont simplement
Le même papa.

 

Dans les brouillards du welfare, parfois un cri s'insinue
Et on entend marcher
les chemises brunes.
Ces
histoires d’abats-jour et de savon sont encore dans nos mémoires,
Mais comment
pouvons-nous savoir ce qui se passe
Dans les réduits
les plus profonds du pouvoir, 

où s’agitent des spectres
En uniforme.

 

Nous nous souvenons encore d’Al Capone, un roi des années 30,
Coupable de milliers d’homicides ;
Maintenant nous avons Nixon, un roi des années 70,
Qui ordonne des
milliers d’homicides.

 

Mêmes vents, mêmes odeurs
Glacent, boutonnez vos vestes, c’est l’heure !

 

 

 

MÊMES VENTS, MÊMES ODEURS
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Published by Marco Valdo M.I.
12 octobre 2018 5 12 /10 /octobre /2018 21:15

 

La Main d’Hilbert

 

Chanson française – La Main d'Hilbert – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
97
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, IV)

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Cette fois aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, il te faudra expliquer ce titre tant il est étrange et réfrigérant. Quoi ! Que veut dire cette « main d’Hilbert » ? Serait-elle séparée de son corps ? Ah, il me souvient que le dit Hilbert est porté disparu, tenu pour mort et même, on connaît son assassin.

 

Ah, Lucien l’âne mon ami, tu as bien résumé la situation. Hilbert est mort assassiné par Joos Damman, son ami, celui qui se fait passer pour Hans auprès de Katheline. Sans doute, ce meurtre avait pour objet une sordide question d’argent – la possession des sept cents carolus d’or que le tandem avait récupérés dans le fond du jardin de Katheline. Oui, c’est bien de la main de cet Hilbert disparu qu’il s’agit.

 

Justement, réfléchit Lucien l’âne, s’il a disparu, il me semble que ses mains ont disparu avec lui ; une main ne se promène quand même pas toute seule.

 

En effet, mon ami Lucien l’âne, comme tu le dis si bien, une main ne se promène pas toute seule et si elle est seule, c’est qu’on l’a séparée de son corps. Ce sont là choses certaines et un raisonnement impeccable. Mais dans la chanson, comme tu vas t’en apercevoir, il y a un raisonnement inverse et caché quant à son objectif réel et c’est Nelle qui va mener la manœuvre.

 

Au fait, Marco Valdo M.I. mon ami, quel est le but réel de Nelle et quelle est son idée ?

 

D’abord, Lucien l’âne mon ami, ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est que Nelle a pris résolument la défense de sa mère Katheline, laquelle est folle et subjuguée par son amour mal placé. Ensuite, que pour défendre Katheline, il est indispensable de ne laisser aucun doute quant à la culpabilité de Joos Damman dans l’assassinat d’Hilbert et que le premier objectif est de retrouver le corps d’Hilbert, preuve du crime. Nelle pense que Katheline sait où est le corps ; la difficulté est de l’amener à révéler l’endroit où il est enterré. C’est une difficulté car Katheline ne veut pas trahir son bien-aimé. C’est là que la ruse de Nelle se révèle efficace : elle suggère à sa mère que Hans, son amant diabolique, veut qu’elle lui porte la main gauche d’Hilbert. Et pour ce faire, c’est ici qu’intervient le raisonnement inverse, il faut séparer la main du corps, dès lors, déterrer le corps et donc, aller à l’endroit du crime. C’est ce que va faire Katheline, poussée par sa folie et suivie par le Bailli et ses juges. Une fois, le mort déterré, il ne reste plus qu’à couper la main gauche d’Hilbert et la porter à Hans, alias Joos Damman en sa prison.

 

Ainsi éclairci le mystère de la main d’Hilbert, conclut Lucien l’âne, tissons le linceul de ce monde funèbre, macabre et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Nelle dit à sa mère, « Ce matin,

Hans ton mignon réclame la main

Gauche d’Hilbert, il faut la chercher. »

Katheline répond : « J’irai la couper ! »

 

Et Katheline s’en va au champ,

Elle marche vite et fièrement.

Nelle porte une bêche, elle porte un couteau ;

Les officiers la suivent comme des corbeaux.

 

Katheline dit : « J’étais cachée là.

Hilbert était laid, Hans, tu es beau.

Tu auras tantôt sa main ; elle est là

Où la terre éponge l’eau. »

 

Là, près de la digue, sous la lune,

Quelle terrible dispute, quelles colères.

J’entendais tout de la dune,

J’ai vu ton poignard le mettre à terre. »

 

Elle prend la bêche et dit soudain :

« Ami Hilbert, Hans mon seigneur

M’ordonne de couper ta main.

Ne me cherche pas malheur ! »

 

Elle casse la glace, creuse découvrant

La forme d’un corps sur le dos étendu.

C’est un jeune homme au visage blanc,

D’un habit de gros drap gris vêtu.

 

Son épée repose à côté de lui,

En sa poitrine, un poignard est planté.

Katheline coupe la main sans hésiter

Et la remise dans son étui.

 

Le Bailli mande de le déshabiller.

Le cadavre d’Hilbert dépouillé,

Tous peuvent voir ôter le poignard.

On couvre le mort de sable sans retard.

 

Le cortège rentre en procession funéraire.

Katheline s’en va devant, joyeuse commère,

Porter la main à Hans en sa prison.

Nelle pleure, il n’y aura pas de pardon.

 

Comme sorcière coupable de conjurations,

Par le Bailli en personne constatées,

Katheline à peine entrée, est appréhendée

Et dans la cave, à double tour, enfermée.

 

La Main d’Hilbert
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Published by Marco Valdo M.I.
10 octobre 2018 3 10 /10 /octobre /2018 20:39
Nelle accuse

 

Chanson française – Nelle accuse – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
96
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, III)

 

ÉLECTRE

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

 

Mon ami Lucien l’âne, voici une chanson qui raconte un moment effroyable et proprement tragique, une péripétie aussi tragique que celles des grandes tragédies grecques que tu dois bien connaître.

 

Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, tu ne crois pas si bien dire. Et ça m’intéresse tout particulièrement, car la grande tragédie grecque, je la connais et depuis tellement longtemps. En fait, depuis sa création. Les tragédies grecques, je les ai vues jouées aux Dionysies, il y a maintenant environ deux millénaires et demi. L’histoire épouvantable des Atrides m’est restée en mémoire et singulièrement, le personnage d’Oreste, fils d’Agamemnon.

 

Donc, reprend Marco Valdo M.I., dès lors tu imagines bien que cette chanson est vraiment terrible, qu’elle raconte un crime épouvantable et tout comme Électre, sœur d’Oreste, accusera les assassins de son père Agamemnon, qui sont sa mère et l’amant de celle-ci, ici, Nelle accuse son père – que sous connaissons sous le nom d’Hans le Blême, de l’assassinat d’Hilbert. Elle le fait avec un grand sens du tragique et un courage fantastique. Car, très jeune encore, elle doit – elle pauvre fille – affronter l’arrogant cavalier, qui fait partie de la noblesse du comté et qui jusque-là, était de la suite du Bailli. En plus, elle doit le faire malgré le fait que sa mère Katheline, dans sa folie, veut à toute force protéger son amant ignoble. Et tout ce virulent débat se déroule sur la place publique du village, devant toute la population qui telle le chœur antique intervient dans le déroulement de la scène en criant « Justice ! Justice ! ».

 

Voyons ça, dit Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de ce vieux monde suicidaire, mortifère, injuste et cacochyme

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

« Messire, demande le Bailli, connaissez-vous cette femme ? »

« Je ne la connais pas. Une folle, sans doute. »

Relevant Katheline en sang, Nelle s’enflamme

Et s’encolère toute.

 

« Je demande à mourir, dit Nelle, si

Cet homme ne connaît pas ma mère,

S’il n’a pas tué le chien de Claes, et si

Il n’a pas assassiné son ami Hilbert. »

 

Et Katheline dit : « Donne-moi le baiser de paix,

Hans mon bel aimé ! » et son genou, elle embrassait.

Le Bailli dit : « Monsieur, quel est cet homme tué ? »

« En vérité, je ne le sais pas, elle l’a inventé. »

 

Et le Bailli interpelle Nelle : « Dis la vérité,

Jeune femme, quel est cet homme assassiné ?

« Hilbert, fils de Willem Ryvisch, écuyer

Pour les sept cents carolus de Claes, fut poignardé. »

 

« Tu mens ! », crie le gentilhomme du haut de sa hauteur.

« Certes non ! Tu es blême et tu frissonnes,

Regardez, il tremble de toute sa personne

Et ce n’est pas de froid, mais de peur.

 

Toi qui séduisis ma mère,

Toi qui réduisis Till à la misère,

La mort de Soetkin est ton œuvre,

À présent, tu files comme la couleuvre.

 

Toi, qui es venu chez nous avec un ami,

Toi qui voulus me l’imposer comme mari,

Moi, qui d’Hilbert n’ai pas voulu,

Je te demande : qu’est-il devenu ? »

 

Alors, solennel, le Bailli dit :

« Femmes, allez apaisées !

Messire, par justice, rendez-moi votre épée ! »

Le drôle refuse : « Je suis noble, ce n’est pas permis ! »

 

L’épée rendue malgré lui,

Le cavalier blême descend de cheval

Et entre deux sergents conduit,

À la prison commune, on l’installe.

 

Ainsi, à la Justice, l’accusé

Ce jour-là est remis.

Il passe au chaud la nuit

Empêché de s’échapper.

 

Nelle accuse
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Published by Marco Valdo M.I.
9 octobre 2018 2 09 /10 /octobre /2018 21:28

 

ARRÊTEZ LE JEU !

 

 

Version française – ARRÊTEZ LE JEU !Marco Valdo M.I.2018

d’après la version italienneFERMATE IL GIOCO de Riccardo Venturi – 18 novembre 2005

d’une chanson suédoise – Stoppa matchenHoola Bandoola Band – 1975

Texte et musique : Björn Afzelius et Mikael Wiehe

 

 

 

En 1975, dans le cadre de la Coupe Davis, la plus importante manifestation tennistique internationale par équipes nationales, la Suède, alors la nation leader dans ce sport grâce au légendaire Björn Borg et à Mats Wilander, devait affronter le Chili. La rencontre devait se dérouler dans les installations du club de Båstad (où depuis 1948 se déroule généralement le Tournoi de Suède), mais dès l’annonce du match, commença en Suède une énorme campagne pour le boycottage de la rencontre avec l’équipe chilienne, formée de dirigeants et joueurs favorables à la junte de Pinochet et expression de l’« upper class » (haute classe) chilienne qui avait dès le début soutenu le putsch contre Salvador Allende et l’Unidad Popular. En Suède, se forma immédiatement un groupe dénommé « Aktion Stoppa Chilematchen » (« Action Stop au Match avec le Chili »), auquel vite s’unirent d’autres organisations de la gauche institutionnelle et radicale. Même le Riksidrottförbundet (Fédération Sportive Nationale) et le Tennisförbundet (Fédération de Tennis Suédoise) furent invités à montrer leur appui au peuple chilien en annulant le match (ce qui aurait entraîné l’élimination automatique de la Suède), qui cependant, – naturellement ils répondirent pile poil l’habituel « au nom du sport » qui « ne doit pas être mêlé à la politique » (évidemment, il s’y trouvait mêlé dès lors que les joueurs chiliens, dans les interviews, exaltaient le « nouveau Chili libre du communisme » et l’« économie en renaissance » grâce aux recommandations ultralibérales de l’École de Chicago et de Milton Friedman, qui avaient fait du Chili fasciste de Pinochet leur laboratoire privilégié. L’année d’après, en 1976, la même chose se produisit avec l’Italie. Cette fois, il s’agissait de la finale même de la Coupe Davis, que l’équipe italienne de Nicola Pietrangeli, d’Adriano Panatta, de Paolo Bertolucci et de Corrado Barazzutti devait jouer à Santiago du Chili, du fait que le Chili s’était retrouvé en finale justement grâce au boycottage de la demi-finale par l’Union soviétique. En Italie aussi, il y eut très vaste mouvement en faveur du boycottage de la finale contre le Chili, mais – évidemment prévalurent les « raisons du sport ». Le match se tint, transmis en différé par la RAI, et l’Italie vainquit son unique Coupe Davis de l’histoire. [R.V.]

 

 

 

 

Les fascistes gouvernent

Par la terreur et la torture

Et puis, débitent des foutaises sur l’« esprit de légalité »,

Oui, c’est à vomir.

Les paysans et les travailleurs

Sont écrasés par les militaires,

Pour que les riches jouent au tennis.

Mais bordel, ils ne joueront pas ici.

 

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

 

Avec les olympiades de Berlin de 1936

Hitler profita tant de cette publicité

que il en fut le premier étonné.

Et les généraux chiliens

Sont en train de faire la même chose.

Mais nous ne ferons pas la propagande

De leur appareil de terreur.

 

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

pour ne pas jouer au tennis, ici, avec eux.

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

 

À Båstad, ceux qui menacent

Avec leurs matraques et leurs fusils

Veulent seulement défendre les profits

Que rapporte le tourisme.

Ils ont, comme les généraux,

De bien précises raisons économiques.

Et ensuite ils disent que le sport

N’a rien à voir avec la politique.

 

 

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

 

Il faut choisir de quel côté aller,

Il faut prendre position.

On ne peut pas se retirer

Ou bien se mettre de côté.

Si le match est joué,

La haute classe chilienne en sera fier.

Mais si la partie est arrêtée,

Nous montrons notre appui au peuple chilien.

 

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

 

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu, arrêtez le jeu !

Arrêtez le jeu !

 ARRÊTEZ LE JEU !
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Published by Marco Valdo M.I.
7 octobre 2018 7 07 /10 /octobre /2018 17:55

 

Hans le Blême

 

Chanson française – Hans le Blême – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
95
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, III)

 

 

Champ derrière les dunes - sous la neige

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Durant que Till et Lamme s’en vont sur les mers combattre l’Espagnol, comme tu vas l’apprendre ici même Lucien l’âne mon ami, la vie se poursuit au village dont ils sont partis et naturellement, sous le manteau de la guerre, continue l’histoire de Nelle et de Katheline, sa mère. Nelle, à présent, est une jeune femme et Katheline s’enfonce plus encore en sa folie, conséquence de ses supplices. Voilà où nous en sommes en cette fin d’hiver.

 

Je vois ça d’ici, dit Lucien l’âne, la plaine maritime, ses polders, ses digues, ses haies, ses canaux et ses dunes qui se finissent d’une plage que vient lécher la mer du Nord, le tout est couvert de neige et de glace. Les jours vacillent, on entend au loin le pas du printemps. Soit, mais quel est cet étrange Hans le Blême, qui donne le titre à la chanson et dont jusqu’ici, nul n’avait jamais parlé ?

 

Ah, dit Marco Valdo M.I., tout comme sous le manteau de la guerre, la paix continue ; inversement, sous le manteau de la paix, la guerre continue. Ceci tient, Lucien l’âne mon ami, ce que depuis longtemps tu avais compris, au fait que guerre et paix sont deux états de la même chose ; l’une et l’autre se compénètrent et ne forment qu’un continuum. Ainsi, j’en viens à Hans le Blême dont la chanson trace le portrait et dévoile peu à peu l’identité. Je ne peux dès lors t’en dire plus à son sujet. Si ce n’est qu’il s’agit d’un personnage particulièrement odieux, un fort contre les faibles, un fier contre les modestes, un lâche, un menteur, un louvoyeur, une véritable anguille quand il se voit contraint d’assumer ses paroles et ses actes.

 

Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, j’insiste quand même ; dis-moi qui il est.

 

Si tu y tiens vraiment, Lucien l’âne, je ne saurais te le refuser. Il s’agit de ce mystérieux personnage qui vînt certaines nuits chez Katheline et qui avait, par ruses et promesses, poussé la pauvre folle à lui révéler où étaient cachés les sept cents carolus d’or, héritage de Claes le charbonnier et les avait volés. Par ailleurs, on apprend que c’est le père de Nelle et que ce noble personnage entre ce jour à cheval dans le village comme un des membres de la suite du Bailli. Pour la suite, reporte-toi à la chanson.

 

Oui, voyons la suite, dit Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de ce vieux monde vénal, corrompu, tricheur, escroc et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Neiges et glaces sur le monde,

Au premier mois où le veau gèle

Au ventre de la vache qui vêle,

Neiges et glaces se confondent.

 

Les gamins et les chats

Vont à la chasse aux moineaux,

Pauvre gibier, maigre repas

Quêtant miettes et eau.

 

« Hans, mon cœur tire à toi,

Le feu brûle mon visage.

Où sont tes baisers si froids ?

Quand reviens-tu, mon Roi mage ? »

 

Un coureur, grelots à la ceinture,

Passe à toute allure.

Il crie : « Voici venir le Bailli !

Qu’on rassemble le pays ! »

 

Passe le cortège des officiers,

Suivi d’une troupe de nobles gens,

Tous de velours et de fourrures parés,

Tous bons amis du Bailli, caracolant.

 

Au milieu, un bec de vautour, poil roux, joues blêmes,

Costume vert aux fils d’or, manteau de velours noir,

Couvert d’une toque verte au plumeau noir,

Porte fier sa bouche mince et son air de carême.

 

Katheline, de joie affolée, fend le cortège,

Stoppe le cheval du blême cavalier,

Rit et crie : « Hans, te voici, mon aimé,

Tu es le plus beau des soleils sur la neige. »

 

Le bailli fait halte et toute la troupe de gentilshommes.

« Que me veut cette gueuse ? », demande le blême.

Tenant la bride à deux mains, elle dit : « Mon homme,

Emmène-moi au bout de la terre, je t’aime !

 

Ne t’en reva pas, reste là !

Mon aimé, j’ai tant pleuré pour toi.

Regarde, Nelle, notre enfant ! »

Il lève son fouet menaçant.

 

« Va-t-en, femme, dit le blême,

Je ne te connais pas ! »

Il pousse son cheval, la renverse et même,

Lui ouvre la tête d’un seul pas.

 

Hans le Blême
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4 octobre 2018 4 04 /10 /octobre /2018 12:31
Battez Tambours !

 

Chanson française – Battez Tambours ! – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
94
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, II)

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

« Battez Tambours ! », brrr, quel impératif sinistre, ça sent la guerre à plein nez, la guerre militaire ou la guerre civile, mais bien sanglante, se récrie Lucien l’âne.

 

Évidemment, réplique Marco Valdo M.I., c’est sinistre, ça sent la guerre à plein nez, la guerre militaire ou la guerre civile, mais bien sanglante. Il n’y a là rien d’étonnant quand il s’agit de la Légende de Till qui raconte allégoriquement une partie de la Guerre de Quatre-vingts Ans et celle beaucoup plus longue qui se mène aujourd’hui encore partout dans le monde afin de faire vivre et se développer l’esprit de liberté. Il te faut comprendre, Lucien l’âne mon ami, l’esprit comme le principe de vie, le principe même de la vie, une vie, héroïque, joyeuse et glorieuse, comme dit la Légende. Dans le fond, cette guerre de l’esprit est une guerre de libération qui se confond assez bien avec la Guerre de Cent Mille Ans et sans doute, l’englobe-t-elle entièrement.

 

Cette guerre-là, reprend Lucien l’âne, qui englobe jusqu’à la Guerre de Cent Mille Ans, me fait penser à l’infini qui, quand on réfléchit, est lui-même composé d’une infinité d’infinis. Ainsi, pour m’en tenir aux seuls nombres, mais on pourrait répéter l’opération avec des mondes, l’infini, que j’appellerai pour la commodité l’« infini global », contient l’infinité infinie des uns, l’infinité infinie des deux et ainsi de suite, à l’infini. Rien que de te le dire, j’attrape le vertige.

 

Arrête alors, Lucien l’âne mon ami, de toute façon, j’ai compris. La preuve, je te résume le propos : l’infini global contient la globalité des infinis particuliers ou de tous les infinis qu’on peut spécifier, y compris une infinité de lui-même. Quant à la chanson, elle reprend à sa manière deux chants que Till distille aux mouettes quand le navire des Gueux se prélasse sur la mer. C’est un peu le péan des guerriers grecs avant le combat.

 

Tout cela n’est pas très « contre la guerre », bien au contraire, Marco Valdo M.I. mon ami.

 

Sans doute, Lucien l’âne mon ami, en est-il ainsi. Cependant, ce n’est qu’un paradoxe en apparence. Il est clair comme l’eau de roche que Till et l’ensemble des gens des Pays se passeraient volontiers de toute violence, tout comme ils se passeraient volontiers de tout conflit. Leur protestation douce des gens des Pays contre la domination religieuse, contre l’Inquisition, contre les Espagnols ne s’est durcie que des rigueurs qu’on leur infligeait. Sans domination, point n’est besoin de libération ; sans domination têtue et violente, point n’est besoin de résistance obstinée.

 

En somme, dit Lucien l’âne, on ne saurait mettre dans le même sac l’occupant et l’occupé, le dominateur et le dominé, l’agresseur et la victime. Par ailleurs, il y a une question liée au temps ; si la vie humaine était éternelle, il n’y aurait aucun inconvénient (quoique ?) à user de la patience pour résoudre les conflits. Seule la brièveté de la vie impose de précipiter un peu le mouvement et d’opposer la force à la force, la vérité au mensonge, la ruse au pouvoir, et ainsi de suite. Définitivement, il s’agit de vivre sa vie, laquelle est

 

« courte et il n’y en a qu’une
Qu’on soit Ricain ou qu’on soit Russe ! »

 

Y en a marre, en effet, et puis, tant pis, nous nous tissons le linceul de ce vieux monde infini, guerrier, pacifique et cacochyme

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Aux premiers soleils de mai, les vagues enchantent

Les mouettes qui agitent le ciel clair,

Le navire joue avec la mer,

La brise murmure et Till chante :

 

« Les cendres battent sur mon cœur.

Les bourreaux ont éteint le bonheur,

Ils ont allumé méfiance et délation

Et pourri les entrailles de la nation.

 

Frappez-les à mort, toujours !

Vive le Gueux ! Battez tambours !

Boulets de fonte ! Boulets de fer !

Les bourreaux vont en enfer !

 

La Brille, Verger de Liberté, est prise ;

Flessingue, clé de l’Escaut, est prise ;

Camp-Veere, nid des canons, est prise

Et demain, à nous, Hollande et Frise !

 

À roi parjure, peuple rebelle.

Pour nos droits, pour nos amours,

Pour nos enfants, pour nos belles,

Vive le Gueux ! Battez tambours !

 

Les Pays où vivait Princesse Liberté

Ont des allures de cimetières.

Les Pays où violes et fifres ont joué

Sont de silence et de mort, la nouvelle terre.

 

Les sublimes trognes, les faces heureuses

S’y ternissent en pâles visages résignés ;

Buveurs ivrognes et filles amoureuses

Y promènent leurs spectres désenchantés.

 

La terre gronde sous le pied meurtrier.

Abeilles, mes sœurs, en essaims, par milliers

Chassez les frelons d’Espagne hors d’ici !

Par mort, menez-les hors des Pays !

 

Boulets de fonte ! Boulets de fer !

Les bourreaux vont en enfer !

Frappez-les à mort, toujours !

Vive le Gueux ! Battez tambours ! »

 

Battez Tambours !
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Published by Marco Valdo M.I.
2 octobre 2018 2 02 /10 /octobre /2018 20:53

 

Le Verger de Liberté

 

Chanson française – Le Verger de Liberté – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
93
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, I)

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Un verger de liberté ?, décidément Marco Valdo M.I. mon ami, tu en inventes de ces titres. Qui donc aurait l’idée de faire pousser la liberté dans des arbres.

 

À la vérité, Lucien l’âne mon ami, l’idée de ce verger de liberté n’est pas de moi, on la trouve déjà dans la Légende et on peut supposer que la Légende ne fait que rapporter ce qui est « légendaire » ; en l’occurrence, ce beau nom qui fut attribué, par les Gueux, lors de sa libération, à la ville de Brielle sur l’île de Voorn, qui e situe à l’embouchure de la Meuse et contrôle le passage vers Rotterdam et l’intérieur de l’Europe. La prise de Brielle – dont Très-Long (alias Guillaume de Blois, seigneur de ceci, de cela et en néerlandais d’époque : Jonckheer Willem van Bloys gheseit Treslong) était originaire, du temps où son père y résidait en tant que bailli, marque en quelque sorte le début de l’histoire des actuels Pays-Bas. C’est de là qu’abandonnés – sous la pression et le chantage des Espagnols – par l’Angleterre d’Élisabeth, pays où ils se réfugiaient habituellement, les Gueux de mer vont installer leur refuge et leur place-forte. C’est le tournant de cette longue guerre de libération.

 

En tout cas, c’est vraiment un beau titre, déclare Lucien l’âne. Mais qu’en est-il du reste de la chanson ? Que peut-elle raconter ?

 

La chanson dit très bien elle-même ce qu’elle veut dire, Lucien l’âne mon ami, mais je m’en vais te la présenter à ma façon. Après l’épisode d’Emden, la flottille des Gueux de mer s’échappe et s’en va rejoindre la flotte nettement plus importante rassemblée par Guillaume de la Marche. Au passage, comme tout bon corsaire, Très-Long s’empare d’un vaisseau espagnol qui s’en allait vers Anvers porter ses trésors au duc d’Albe. C’est une anecdote fort instructive et importante, car ce bateau chargé d’or transporte (comme d’autres similaires) les fonds nécessaires au payement des mercenaires qu’emploient les Espagnols.

 

En somme, dit Lucien l’âne, les Gueux tentent de couper le cordon ombilical entre l’Espagne et les Pays. C’est évidemment une bonne manière d’assurer une naissance.

 

Et, reprend Marco Valdo M.I., de fil en aiguille, le duc d’Albe, qui doit payer ses gens et ses armées pour éviter les manifestations de mécontentement – au début et les désertions, les rébellions et les pillages – ensuite, a recours à des augmentations d’impôts et enclenche ainsi un mouvement de résistance de plus en plus vaste et de plus en plus dur, qu’à son tour, il se doit de réprimer de plus en plus. C’est l’engrenage classique des libérations. Tandis que de l’autre côté, ces prises de navires venus d’Espagne et d’Amérique donnent les moyens d’alimenter et d’armer la révolte. C’est ainsi qu’au fur et à mesure, le rapport de forces se renverse.

 

Fort bien, dit Lucien l’âne, ainsi va le monde. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde répressif, autoritaire, vénal et cacochyme

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

La flotte de Hollande et de Zélande

Croise au large des côtes de Néerlande.

La grande lanterne, le grand fanal

Haut sur le mat du vaisseau de l’amiral,

 

Guillaume Lumey de la Marche,

Capitaine général à la voix de tonnerre

Commande et règle la marche

De la flotte et des Gueux de mer.

 

C’est un homme redoutable et respecté,

Large et fort tel déjà sa statue.

Il ne coupera sa barbe pointue

Que les prêtres pendus et les comtes vengés.

 

« Ton cou sera le premier tordu »,

Dit Till. « C’est mon vœu amical. »

Lamme dit : « Tu étoufferas avant moi, animal ! »

Et tous deux de rire comme des bossus.

 

Dans la lumière frisante des vagues, Très-Long

Pousse son vaisseau à l’horizon

Et s’empare d’un navire chargé d’or pur,

D’épices, de vins et de mercure.

 

Et le duc désargenté impose encore et encore

D’abominables impôts, des taxes permanentes.

Tout va pour le Roi et les Pays vont de Ruine à Mort

Et la lutte chaque jour reprend lancinante.

 

Les bourreaux ont frappé.

Battez tambours de guerre,

Les bouchers seront étranglés,

Vive les Gueux de mer !

 

Duc d’Albe, duc de sang,

Ce brouillard suant la peste t’attend.

Qui donc encore te salue ?

Tu ne peux plus marcher dans nos rues.

 

Ô duc ! Entends-tu la voix des Pays,

Cette forte rumeur qui monte,

Ces murmures se gonflent en cris.

Ô duc ! Les temps sont venus de ta honte.

 

La flotte des Gueux remonte la Meuse,

Et par surprise, prend La Brille, port fortifié.

Ainsi le soleil se couche sur la ville fameuse,

Renommée ce jour-là « Le Verger de Liberté ».

 

Le Verger de Liberté
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Published by Marco Valdo M.I.
1 octobre 2018 1 01 /10 /octobre /2018 21:13

ÉTEINS LA RADIO !

 

Version française – ÉTEINS LA RADIO ! – Marco Valdo M.I. – 2018

d’après la version italienne SPEGNI LA RADIO de Riccardo Venturi – 2018

Texte : Giorgos Kanellopoulos

Musique : Giorgios Hatzinasios

Interprète :Vicky Moscholiou

 

 

Et pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

L’autre jour, souviens-toi Lucien l’âne mon ami, on traduisait ici même la chanson turque « Haberleri açma baba » de Zülfü Livaneli, qu’en français, j’avais intitulée N’ALLUME PAS LA TÉLÉ, PAPA ! plus récente cependant que celle que je présente aujourd’hui, puisqu’elle date de 2013 et qu’ÉTEINS LA RADIO ! date, quant à elle, de 1976.

 

Oh, dit Lucien l’âne, je m’en souviens fort bien de cette chanson turque et en effet, à tout le moins, les deux titres : ÉTEINS LA RADIO ! et N’ALLUME PAS LA TÉLÉ, PAPA ! se ressemblent ou ont une proximité indéniable.

 

Il n’y a là rien d’étonnant, reprend Marco Valdo M.I., à ce que ces chansons proposent de couper les flots d’horreur qui submergent le quotidien, car toutes deux renvoient à un monde environnant en crise et pour l’une à une société : la Grèce du milieu des années 70 qui est la Grèce d’après la dictature des colonels toujours en état de crise latente – elle l’est encore quarante ans plus tard et l’autre à la Turquie contemporaine qui vit sous l’empire de la dictature démocratique d’Erdogan et aux portes des interminables guerres moyen-orientales. Sans compter les anciens forfaits épouvantables et jamais encore oblitérés du génocide arménien et de la guerre que le pouvoir actuel mène contre les Kurdes.

 

Je comprends, dit Lucien l’âne. Je comprends très bien ce besoin de se mettre à l’écart, en dehors, de prendre le temps de vivre.

 

C’est ça, reprend Marco Valdo M.I. Dans les deux chansons, il s’agit de trouver un momentBrel disait : une heure, une heure seulement, une heure, une heure quelquefois, une heure, rien qu’une heure durant – où savourer la vie en paix – un peu, beaucoup, passionnément, à la folie… Et même si cette paix est relative, si on sait par-devers soi qu’elle est pure illusion : rien qu’une heure, une heure seulement, une heure, une heure quelquefois ; une heure, rien qu’une heure durant. Pour certains peuples, à certains moments, c’est un inaccessible rêve.

 

À moins que ce soit pour l’humanité entière…, ponctue Lucien l’âne.

 

Et puis, Lucien l’âne mon ami avant de te laisser conclure, juste un mot à propos des « purs et durs » pour indiquer qu’on les voit à l’œuvre dans presque tous les pays où ils sont le magma nauséeux qui porte au pouvoir les pires gens qui soient – ceux qui

« pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple. »

 

Et c’est précisément cet encens qui se distille par les radios, les télés et autres twitters et qui flux toxique permanent porte le poison jusque dans les lieux les plus intimes. En effet, il convient – pour raison de santé mentale – de fermer ces canaux de propagande qui violent – jour après jour, heure par heure – les populations connectées. Orwell et Bradbury sont de lecture saine.

 

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, certainement, Orwell et Bradbury et d’autres encore. Que conclure ? Si ce n’est que fermer ces canaux qui déversent leurs eaux putrides d’une propagande digne de la machine à décerveler du bon père Ubu, l’ancêtre totémique de toutes ces baudruches, est le premier pas indispensable de la résistance. Et crois-moi, si ce n’est déjà fait, il importe de commencer au plus vite et puis, de poursuivre. Dans le fond et partout dans le monde, le vieil Italien avait raison qui disait : Ora e sempre : Resistenza ! Alors, fermons radios, télés et tous ces médias qui n’ont de sociaux que l’apparence, qui socialisent en apparence, et tissons le linceul de ce vieux monde malade de soi-même, glaireux, véreux et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Chaque jour changent les frontières,
Les gens se massacrent dans les rues.
Regardez en Israël et Palestine
Et dire qu’on l’appelle la « Terre Sainte ».

 

Là-bas au Chili, ils ont brûlé les bois
Et avec les arbres, ils y ont fait un lager.
Et même si tu écris quelque chose sous votre toit
Un jour ou l'autre, tu le payeras cher.

 

Je te prie, éteins la radio,
Les nouvelles égorgent, comme un couteau.
Je t’en prie, éteins la radio.

 

En des milliers d’associations et de réunions,
Les slogans viennent et vont.
Et les anciens collabos se multiplient
Et parlent de démocratie.

 

Et tous ces « purs et durs » mijotent
Dans la même marmite,
Et pour leurs intérêts propres
Brûlent de l’encens au peuple.

Je te prie, éteins la radio,
Les nouvelles égorgent, comme un couteau.
Je t’
en prie, éteins la radio.

 

ÉTEINS LA RADIO !
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Published by Marco Valdo M.I.
30 septembre 2018 7 30 /09 /septembre /2018 20:11

 

Les Bœufs qu’on abat

 

Chanson française – Les Bœufs qu’on abat – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
92
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, I)

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Ça alors ! dit Lucien l’âne, on dirait du Malraux. J’ai comme le vague souvenir d’un livre qui fit fureur un temps dans certains cénacles de France.

 

Certes, répond Marco Valdo M.I., c’est le titre d’un livre où l’écrivain André Malraux fait parler « le Général » à la retraite, mais c’est surtout une citation de Victor Hugo, dont je lis le passage, tiré du Tombeau de Théophile Gautier :

 

« Tout penche et ce grand siècle, avec tous ses rayons
Entre en cette ombre immense où pâles nous fuyons.
Oh ! Quel farouche bruit font dans le crépuscule
Les chênes qu’on abat pour le bûcher d’Hercule !
Les chevaux de la mort se mettent à hennir,
Et sont joyeux, car l’âge éclatant va finir… »

 

Donc, rendons au grand Victor Hugo, ce qu’il a signé de son nom : Victor Hugo.

 

Oh, Marco Valdo M.I., ça me rappelle ce récit de Riccardo Venturi dont tu fis une chanson : Signé Vittorugo.

 

Oui, Lucien l’âne mon ami, et tu fis bien de l’évoquer, car elle est vraiment drôle. De toute façon, ici ce sont des bœufs qu’on abat ; c’est peut-être plus prosaïque, et du coup, passablement, ironique ; car, c’est bien le sens – cette ironie amère – de la réplique de la mystérieuse interlocutrice que Till rencontre à l’auberge. C’est de l’ironie d’insistance, car la belle inconnue se rend compte que Till, plus préoccupé par ses manœuvres de courtoisie, n’entend pas le ton grave de ses avertissements qu’elle ne peut énoncer à voix haute, ni en clair au milieu de tous ces gens. C’est en quelque sorte un message codé. Et tant pour les chênes d’Hugo (1872), que pour les bœufs de la Légende (1867), la source doit en être une expression populaire, une sorte de cliché dans le genre : « il pleut comme vache qui pisse ». Cela dit, le message – cette fois, grâce aux bœufs promis à la mort– est nettement perçu et Till s’en va à l’instant faire passer discrètement (la ville est déjà remplie d’ennemis) l’alarme. Il était temps : « L’Espagnol arrive ! ».

 

« L’Espagnol ? », s’étonne Lucien l’âne, là-bas, tout en haut des Pays et même hors des Pays, si j’ai bien compris où se situe Emden. Et puis, dans la ville d’Emden, des Espagnols seraient vite repérés.

 

En effet, Lucien l’âne mon ami, ta question mérite un commentaire circonstancié, même si je n’aime pas beaucoup ces explications de texte, qui sont le fait normal d’un professeur, mais assurément pas d’un auteur. Autrement dit, c’est bon que c’est toi ; sinon, je ne fais pas ça et pour une simple raison, c’est qu’il revient au lecteur de chercher le sens des choses ; c’est bon pour le mental et ça laisse place aux mystères de l’art poétique. Et donc, revenons à la chanson, que vient faire l’Espagnol à Emden. D’abord, il faut noter qu’en disant « L’Espagnol arrive ! », Till n’a pas besoin de faire de longs discours et ce message bref est très parlant et fort efficace. Quand on est Gueux, on ne se pose pas de question avec un pareil signal, on file à son poste de combat. Maintenant, est-ce que ce sont des Espagnols, ces soudards ? Vraisemblablement non, ce sont probablement des mercenaires allemands que les Espagnols payent pour chasser les Gueux. En finale, ça revient au même : il va y avoir un affrontement. Alors, tous au vaisseau, qui est toujours bloqué à quelques encablures de la rive par les glaces et dès lors, ne peut s’échapper, ni échapper aux troupes terrestres. Ce sera un étrange combat naval.

 

C’est ce que j’allais dire, rétorque Lucien l’âne. Ce ne doit pas être fréquent de tels combats. De plus, la situation est vraiment dangereuse pour le navire qui ne peut manœuvrer.

 

Bien sûr, dit Marco Valdo M.I., il est très vulnérable et n’étaient son artillerie et ses mousquets qui peuvent tenir l’ennemi à l’écart, ce serait l’abordage tout de suite, avec l’avantage du nombre aux mercenaires. Mais la chanson raconte tout ça et ce qui s’ensuit. Elle raconte aussi le touchant moment où Lamme voit sa femme. Il ne te reste plus qu’à conclure …

 

Eh bien, conclut Lucien l’âne, tissons le linceul de ce vieux monde mercenaire, militaire, belliqueux et cacochyme

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Till dit : « La mort vient comme un voleur ?,

Je n’y comprends rien, je ne comprends pas.

Quel est ce mystère, dis-moi, ma sœur ? »

Elle dit : « Ils viennent, j’entends leurs pas. »

 

« De qui sont ces pas ? De quel ennemi ? »

« Des soudards, une bande de soldats du roi. »

« Mais, dit Till, on nous traite bien ici. »

« Oui, dit-elle, comme les bœufs qu’on abat. »

 

« Reste là, dit Till, ne crie pas ni ne pleure ;

Je m’en vais sauver nos gens. »

« L’Espagnol vient ! », la voix court à l’instant

À toutes les tavernes, à toutes les demeures

 

Tous pressent l’allure et filent au vaisseau,

À bord, on prépare vaille que vaille

Les armes et la mitraille pour une bataille

Navale sur la glace autour du bateau.

 

« Vois-tu, Lamme, cette femme sur le quai,

Sa robe noire d’écarlate brodée,

Sa capeline blanche relevée

Qui tient son visage caché ? »

 

Elle découvre sa chevelure et son front,

Lamme hurle : « Ma femme ! ».

La dame fuit d’un grand trotton,

Au grand dam de Lamme

 

Et Lamme veut sauter du pont.

On le retient, il pleure, il supplie.

« Si tu quittes le bord, on te prendra la vie

Et tu pendras comme à la ligne un poisson. »

 

« La diablesse enragée !, se lamente Lamme,

Ma femme, pourquoi ainsi se montre-t-elle ?

Si elle m’aime, pourquoi me laisse-t-elle ?

Elle me brûle pire que mille flammes. »

 

Alors, avec son artillerie, l’ennemi arrive,

Alors, autour du navire, les boulets plombent,

Alors le vaisseau tiraille vers la rive,

Alors vers le soir, une pluie tiède tombe.

 

Et la mer se fâche sous la glace,

Et soulève les blocs face contre face.

Et à l’aube, le navire ouvre ses ailes de lin

Et vogue vers la mer, libre dans le matin.

 

Les Bœufs qu’on abat
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28 septembre 2018 5 28 /09 /septembre /2018 12:43

 

LA CHEMINÉE FUME
Version française – LA CHEMINÉE FUME – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne (Veneto Triestino) – Fuma el caminAlfredo Lacosegliaz1977

Poème de Carolus L. Cergoly, poète triestin (voir aussi Il suo nome: bandito).

Musique : Alfredo Lacosegliaz

 

 

 

 

 

Carolus L. Cergoly (pseudonyme de Carlo Luigi Cergoly Serini (Zriny), 1908-1987) est un écrivain et poète triestin. Dans ses poésies, on trouve souvent les thèmes de la Résistance, la persécution des juifs, les barbaries nazifascistes. Il écrit ces poèmes parce que, comme on peut le lire dans la préface de son livre « Chants clandestins » : « Aujourd’hui les cieux sont presque sereins, mais il ne faut pas oublier, comme certains le voudraient, les larmes et le sang versés pour les rendre propres. »

 

 

 

Matinée et soirée

Fume la cheminée

Du lager

De Mauthausen, grand frère

De celui de la Risière

 

Sang et larmes

Pleuvent sur Trieste

 

Lotte Hen

Chemise brune

Et croix gammée au bras

À son premier service

Au « Block 33 »

Femmes et enfants

Remord la conscience.

Elle dit au kapò

Parce que

Nous ici, nous faisons les bons

Mais au fond, nous brûlons

Les juifs et les slaves

 

Pendant ce temps à Genève

Ce soir, on donne le Parsifal

De Richard Wagner

Sous la direction de Toscanini.

 

 

LA CHEMINÉE FUME
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