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6 janvier 2012 5 06 /01 /janvier /2012 22:34

LETTRES D'ALLEMAGNE

 

Version française – LETTRES D'ALLEMAGNE – Marco Valdo M.I. – 2012

d'après la version italienne – Lettere dalla Germania – Gian Piero Testa – 2010

de la chanson grecque – Γράμματα απ' τη Γερμανία – Mikis Theodorakis / Mίκης Θεοδωράκης – 1966

Texte de Fodas Ladis
Musique de Mikis Theodorakis, Licabetto, 1966
Premier disque: Yorgos Zografos e Anna Vissi, 1975, Minos
Deuxième disque : Adonis Kaloyannis e Afroditi Manou, 1975, Lyra

 

 

 

1. Je t'ai envoyé

 

 

Je t'ai envoyé deux ou trois plumes

Et cinquante marks,

J'ai fait une promenade

Et j'ai balayé deux Allemands.

 

Quand tu auras un peu de temps,

Fais un saut à la Préfecture,

Dis-leur qu'ils m'envoient

Mon certificat politique.

 

 

2. Une Blonde de Wiesbaden

 

 

Une blonde de Wiesbaden

Aime beaucoup les Grecs,

Car ils savent y faire au lit,

Y faire les durs, avec tous leurs attributs.

 

Une amie de Wiesbaden

Aime beaucoup les Grecs,

Ici et déjà à la demi-Lune,

Nous sommes déjà un couple fou.

 

Une amie à la brasserie

Aime beaucoup les Grecs,

Bien plus qu'Hitler

Bien plus qu'à Wiesbaden.

 

 

3. Notre vie est partie aux enchères

 

 

Notre vie est partie aux enchères,

Ils nous achètent, ils nous vendent,

À l'étranger, on perd sa vie,

Ils nous pressent, ils nous jettent.

 

Notre vie est partie aux enchères,

En Amérique et en Europe,

Des êtres humains nous ont fait naître

Et des êtres humain nous vendent.

 

Pour un salaire double

On nous a caché le ciel,

Il n'y a pas de lumière pour vivre.

Là-bas la misère, ici la nuit.

Maman, il n'y a pas d'endroit

Pour construire notre destin.

 

 

4. Mai est en marche pour venir.

 

 

Mai est en marche pour venir

Et il a un bout de route à faire,

Que lui prendre en premier,

Le soleil ou les nouvelles ?

 

Prends-le au vol, maman,

Qu'il ne parte pas les mains vides,

Charge-le de baisers et de bonnes nouvelles .

Ici aussi Mai est arrivé,

Un vilain Mai et mensonger

Qui nous a parlé de l'assassin,

Ce voleur de notre riz.

 

Un Mai pareil, Maman, ne me l'envoie plus

Pour dire que dans notre Grèce, ils ont assassiné Avril.

 

 

5. Hier après-midi à Aquisgrana (Croisières)

 

 

Hier après-midi à Aquisgrana

Est arrivé un type à l'air sérieux,

Il a vu nos conditions,

Notre paillasse indigne,

Et il a dit qu'il fera quelque chose.

 

Eh, maman, ne te tracasse pas

Nous n'y tomberons pas

Nous savons qui a raison

Et qui porte la faute de tout cela.

 

Comme ce gros balourd

Il en est passé une douzaine,

Ils arrivent en mission,

Cinq par cinq chaque jour

Et ils y font une croisière.

 

Et, petite mère, ne te préoccupe pas

Je les connais ceux-là,

Je le sais moi qui nous aime,

Je le sais qui je dois aimer.

 

 

6. Salut maman, salut Stratos

 

 

Salut maman, salut Stratos

Et voici une bonne nouvelle

À présent je ne travaille plus en bas

Dans les galeries dans le noir.

 

J'envoie une photographie

Que j'ai prise en tenue.

Je suis devant la mine

Et les deux autres sont des surveillants.

 

Des baisers à Maria

Et à tous les autres enfants.

Ici, on a seulement très froid

Et un ciel rempli de nuages.

 

 

7. J'ai envoyé au parti

 

 

J'ai envoyé au parti

Dix autres marks

Mais ils n'écrivent pas mon nom

Les initiales suffisent.

 

Ce n'est pas que j'aie peur, -

Je ne serais jamais ouvrier -

Pour si peu, il ne vaut pas la peine

De gaspiller de l'encre.

 

Quand vous en recevez beaucoup,

Mettez-leur mon nom,

Avec toutes les données détaillées

Et en lettres majuscules.

 

 

8. Au café "Greco"

 

 

Au café "Greco"

nous nous réunissons le soir,

cinq à cinq aux tables

et nous lisons "Avghì."
"Vima", "Nea", "Allaghì."

 

À celui qui veut "Akropolis" –

Mais ils sont si rares –

Nous lui donnons les copies gratuites,

Kosmas les a ramassées

Pour nous envelopper des choses.

 

Le dernier disque de Kazangidis

Tu ne me l'a pas encore envoyé,

"Ma Couette"

Achète-le et envoie-le-moi

Avec le "Lit pour deux."

 

Ma couette,

Mon lit pour deux,

Ne nous faisons pas d'illusion

Nous resterons séparés

Qui sait pour combien de temps encore.

 

 

9. Mitsos da Farsala

 

 

Mitsos de Farsala

est devenu un boss,

À cinq heures pétantes, il est dehors

et il parle même allemand.

 

Mitsos, le bon garçon

Vend au marché noir,

Sa femme est une noire

Et il a une limousine noire.

 

Mitsos a l'air d'un ministre,

il fait comme s'il ne nous connaissait pas,

Du travail à nous, on n'en donne pas

et on crache sur notre nom.

 

 

10. Hier dans la Wilhelmstrasse

 

 

Hier dans la Wilhelmstrasse

J'ai rencontré un Allemand,

Qui portait sous son col

Une croix gammée.

 

Et je lui dis, si tu es un homme,

Porte-la à la lumière du soleil,

Comme aux temps où en Grèce

Tu bastonnais les enfants.

 

Nous, ici, nous en avons marre de ceux-là,

Ils fréquentent cours spéciaux,

Ils confectionnent drapeaux

Des uniformes feldgrau.

 

Et je lui dis, si nous nous croisons

Tu verras comme nous nous l'entendons,

Manolis est en train de te chercher

Et Sandàs te veut aussi.

 

 

11. Un tas de Grecques

 

 

Un tas de grecques par le chapeau

Vont et viennent dans le hall,

Pour Palomares,

Le Vietnam et Charles De Gaulle.

 

Le méprisant, le voleur,

Le vilain, le margoulin,

Avec ce nez fureteur

Qui les casse à tous.

 

Si j'avais toutes ces grecques

Je resterais au pays,

Je transvaserais ma bonne huile

Et je me foutrais du De Gaulle.

 

 

12. Arrivèrent certains généraux

 

 

Arrivèrent certains généraux à quatre ou cinq étoiles

Ils parlèrent de l'OTAN les femmes leur manquaient

Et avec leurs minutieux discours, ils se firent des couilles ainsi

Ils trouvèrent les femmes et filèrent dans leurs automobiles.

 

 

13. Au Ministère du travail
(Nous travailleurs grecs)

 

 

Nous travailleurs Grecs

Qui sommes en Allemagne,

Nous demandons sur papier timbré

Qu'on cesse de nous enculer.

 

À toutes vos promesses infinies,

une grande barbe a poussé

Construisez une usine,

Qu'en Grèce nous revenions.

 

 

14. Grecs Turcs et Italiens

 

 

Grecs, Turcs et Italiens

En ont marre de l'Allemagne,

Et dès lors, ils ont fait une occupation

À l'extérieur de la Chancellerie.

 

Grecs, Turcs et Italiens

Ont arrêté de se disputer,

Ils pensent à leurs maisons

Et à leurs mères malheureuses.

 

Grecs, Turcs et Italiens

Sont partis en grève,

Car deux Espagnols

Ont fini ensevelis dans la mine.

 

Dis à Stavros le pope

Qu'il dise une prière

Dis-le au muezzin

Et aussi à l'imam.

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Published by Marco Valdo M.I.
5 janvier 2012 4 05 /01 /janvier /2012 19:41

LA JAVA DES GAULOIS

 

Chanson française – La Java des Gaulois – Ricet Barrier - 1958

Paroles et musique: Ricet Barrier, Bernard Lelou

Mais que viennent faire ces Gaulois barbus dans les Chansons contre la Guerre ?... Dis-le moi, Marco Valdo M.I., mon ami et si tu arrives à me l'expliquer, je te la chante, moi, cette chanson. Et d'abord, quel est celui qui a osé chanter pareille chanson ?

 

Celui-là, Lucien l'âne mon ami, tu le connais et tu as déjà pu remarquer qu'il ne faisait pas dans la dentelle, que son mode d'expression était assez cru, direct, clair et sans ambiguïté... C'est notre ami Ricet Barrier. Un spécialiste de la chanson baptisée à l'acide ironique, un homme qui traite les choses au second degré... Ici, il s'en prend à la fois, aux nationalismes, aux gens pleins d'ancêtres et aux guerriers. Il décape la guerre elle-même et les vaillantes troupes d'envahisseurs (dans la Vase de Soissons). Tu vois donc qu'il y a tout lieu de le mettre avec sa chanson dans les Chansons contre la Guerre.

 

Tu causes, tu causes, mais tu ne m'expliques pas...

 

Ah ! Voilà que tu veux une explication de textes maintenant... Moi qui évitais d'en faire, comptant sur la sagacité de l'auditeur. Mais bon, voilà. Allons-y. Remarque préliminaire : ici, il s'agit de la France et je ne dirai rien des autres pays – sauf de l'Italie comme envahisseur, en m'en tenant étroitement au texte de la chanson. Tu sais que dans chaque pays, il y a toujours des ancêtres de références : les Germains pour la Germanie, les Angles (droits ?), les Bretons et les Normands pour les Grands-Bretons, les Celtes pour les Bretons, les Vikings pour le Danemark et la Normandie, les Lombards pour la Lombardie, sans compter les Étrusques, les Romains et autres Doriens... Bref, il y eut les Francs pour la France et les Gaulois pour la Gaule (rien à voir avec le Général De Gaulle, lequel comme son nom l'indique avait deux « l » et deux étoiles). Donc, pour la chanson, il s'agit des Gaulois – eux-mêmes ancêtres de la Gaule et des Francs.

 

Oui, je sais tout cela au moins aussi bien que toi... et alors, dit l'âne Lucien qui commence à rigoler doucement.

 

Alors, regarde la description de ces ancêtres – forcément, j'insiste sur le forcément – valeureux, costauds, un peu rustres peut-être, mais d'un courage à toutes les épreuves – enfin, presque. Ils chassaient rien moins que le mammouth... Cro-Magnon se contenait d'aurochs, de lapins et de champignons. Donc, on déploie ici toute la panoplie folklorique habituelle (les peaux de bête, le druide, le devin, le menhir, le gui...) qu'on retrouvera un peu plus tard dans la série des Astérix... dont l'idée est d'ailleurs issue de cette chanson-ci. Voilà pour la description des ancêtres...

 

On s'en souvient de Vercingétorix, de ses braies, de ses moustaches et d'Alesia... dit l'âne Lucien en se marrant carrément.

 

Il faut quand même rappeler que la France avait fait de l'expérience de l'État Français de l'ineffable moustachu qu'était le Maréchal Pétain, de sa milice et de ses Gaulois et qu'il en restait de fameuses traces... et certains même parlaient avec regret et nostalgie de cette époque où il n'y avait pas de grèves, où les bons Français avaient du travail (obligatoire...), où on mettait les métèques dans des camps et où les trains étaient à l'heure... On ne peut éviter d'y songer.

 

Voici donc où commence à faire son effet l'acide ironique, dit Lucien l'âne en hochant son énorme tête....

 

Et tout ça, sans remonter à l'Atlantide et au mythe de Thulé, aux sectaires de Wotan ... si tu vois de qui et de quoi je parle. La mythologie gauloise (moustaches, y comprises) était un des fondement du pétainisme... Tout comme le slogan : « La Gaule manque de bras, il faut retrousser nos manches », qui vient tout droit de la propagande de Vichy. Il faut des ancêtres et ce qui vaut pour la Gaule, vaut pour d'autres régions dans d'autres pays... Tu m'as compris...

 

 

Évidemment, dit l'âne Lucien. Je les ai vus à l'œuvre ces branques.

 

Donc, nos ancêtres les Gaulois (ici, il me faudrait te renvoyer à la chanson de Boris Vian – Faut Rigoler !, dans laquelle Henri Salvador disait que ses ancêtres étaient les Gaulois... Je te rappelle au besoin qu'Henri était né à la Martinique et métis) ne peuvent être que de redoutables combattants... Les femmes se jettent à leurs pieds... Pas mal pour l'ego des descendants... Redoutables et sanguinaires : « Tue-le, Tue-la, c'était la loi des Gaulois ». Les plus faibles sont évidemment (au minimum) mis à l'écart (voir le destin de Chilpéric). Mais voici qu'arrive un envahisseur (ici, César – voir De bello gallico)... Bref, on prend tous ces éléments, on mélange, on secoue et on sert... C'est du Ricet Barrier. Le dernier couplet vient cependant tempérer un peu les ardeurs ancestrales et ramener à plus de civilité ...

 

Mais que vient faire la Pompadour dans tout ça ?, demande Lucien l'âne secoué par une vague d'hilarité.

 

La Pompadour vient faire le lien avec les Capétiens et la France ultérieure, celle des cours d'histoire, celle où toutes les bribes se mélangent après les libations du bal du quatorze juillet. Ce qu'il y a de bien avec cette chanson trempée dans le jus abrasif du comique, c'est qu'après l'avoir comprise, on ne peut plus prendre au sérieux : ni les Gaulois de pacotille de la propagande, ni les ancêtres glorieux, ni les guerriers et les guerres, ni les commémorations officielles de n'importe quelle nature et de n'importe quelle nationalité... L'acide comique est vraiment efficace contre la moisissure des « imbéciles heureux qui sont nés quelque part » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=177&lang=it]]...

 

En somme, dit Lucien l'âne en riant franchement, moi qui suis de partout et de nulle part, moi qui ai traîné mes sabots dans toutes les sentes, moi qui ai porté tous les fardeaux, qui ai suivi l'impavide Hidalgo, l'oncle Toby qui fit le siège de Namur et qui chevauchait la sienne chimère (hobby-horse), moi qui me suis tenu à l'écart des rantanplans du Blecktrommel, qui ai connu l'éléphant qui s'en allait à la Cour de l'Empereur et qui ai fréquenté le dromadaire depuis la plus haute Antiquité, moi qui ai vu le géomètre tenter vainement de se faire engager au Château, moi qui ai connu le fidèle berger, moi qui ai croisé le Maître et Marguerite, moi qui posais pour le peintre-médecin en Lucanie, enfin bref, moi, qui fis de la figuration dans une étable pour consoler une jeune accouchée, moi qui ai tout vu et plus encore, je trouve que Ricet Barrier a bien fait de « prendre par le fondement » (prendere per il culo), ces crétins qui ne se sont pas encore rendu compte que la terre n'avait pas de frontières, que l'homme comme l'âne était chez lui partout sur la terre, que si l'homme et l'âne étaient certes de races différentes, entre les ânes et entre les hommes, il ne pouvait être raisonnablement question de races, que la couleur n'était qu'un effet chromatique et qu'il n'y a rien de plus con que de faire des rodomontades ou de faire la guerre à ses contemporains. Comme disait Léo Ferré : « La vie est courte et y en a qu'une... Y en a marre ! » et dès lors, Marco Valdo M.I. mon ami, tissons ensemble le linceul de ce vieux monde ancestral, folklorique, rongé par le nationalisme et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 


Poilus, barbus, vêtus de peaux de bêtes
Ils bravaient la tempête
Tue-le, tue-la
C'était la loi des Gaulois!

Ils prenaient la route
Pour chasser le mammouth
Et courir le guilledou
Ils coupaient le gui
Mais à propos où
Où coupaient-ils donc le houx ?
La chasse finie
Les homme réunis
Plongeaient sur la nourriture
Au petit Chilpéric
Qu'était rachitique
On jetait les épluchures

Poilu, barbu, le druide noble tête
Arrivait pour la quête
Paie pas, planque-toi
C'était la loi des Gaulois

Quand ils guerroyaient
Même les feuilles tremblaient
Les femmes se jetaient à leurs pieds
Mais un beau matin
Un sombre devin
Leur a prédit: ça va barder!
Tout près des menhirs
La troupe en délire
Astiqua les fers de lance
Vercingétorix, un dur, un caïd,
Étudia la carte de France

Bardé, casqué, un Jules nommé César
Arriva sur son char
Il leur a dit:
« Veni, vidi, vici »

On se tira les tifs
On se tapa sur le pif
Mais on vit bientôt les légions
Des Romains pompettes
Qu'aimaient la piquette
Se coller dans la Vase de Soissons
La Gaule manque de bras
Dit un chef gaulois,
Il faut retrousser nos manches
Ils firent des maisons
Ils firent même les ponts
Sauf le samedi et le dimanche

Poilus, barbus, ils guinchaient le samedi
Au bal sur pilotis
Flânant, crânant
On causait entre poteaux
En regardant les Gauloises
Jouer les Pompadours
Et la Gaule endimanchée
Chantait à plein gosier
En trinquant à l'amour
L'amour !

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Published by Marco Valdo M.I.
4 janvier 2012 3 04 /01 /janvier /2012 18:06

LA BALLADE DE L'ÉMIGRANT INCONNU

 

Version française - LA BALLADE DE L'ÉMIGRANT INCONNU – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – La ballata del migrante ignoto – Tj DJ

 

 

Une très bonne chanson, une très belle idée que cette chanson... dit Lucien l'âne. Le destin du migrant est semblable à celui du poilu qu'on envoyait aux tranchées d'une autre guerre.

 

En effet, dit Marco Valdo M.I., le migrant est un conscrit de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent férocement contre les pauvres, sournoisement, par mille manières... Le migrant inconnu est là pour rappeler toutes les horreurs qui poussent les gens à migrer et celles qui l'attendent tout au long de son parcours, quand ce dernier n'est pas brutalement interrompu par la mort.

 

Décidément, il faut que nous tissions avec acharnement, mais tranquillement le linceul de ce vieux monde esclavagiste, oppresseur, tueur et cacochyme.

 

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Je ne me rappelle pas quel mur

quelle frontière ou quelle mer

ou peut-être était-ce un bout de terre

Où je voulais arriver.

Un drapeau flottait

Je ne rappelle plus sa couleur

Ce jour il m'advînt de mourir

Je ne me rappelle plus pourquoi.
Je rappelle seulement mon premier amour

Qui m'attendait au loin

Et qui pleurait des larmes amères

Le jour où je partis pour ne plus revenir.

 

Je suis venu de loin

Mais le reste je l'ai oublié

Je ne sais même pas

Quelle fut la couleur de ma peau.
Je ne sais pas en quels temps j'ai vécu

Je ne sais si j'ai gagné ou perdu

Je sais que j'ai crié à cause de l'horreur

Mais je ne me rappelle plus pourquoi

Je rappelle seulement mon premier amour

Qui m'attendait au loin

Et qui pleurait des larmes amères

Le jour où je partis pour ne plus revenir.

 

Sur ma tombe, il y n'a pas nom

Moi-même, je l'ai oublié

il y a une inscription un po' décoloré

dans une langue inconnue.
Il y a quelques mots écrits

Mais je n'en sais pas le sens

Il y a un flambeau qui brûle

Et qui toujours brûle.

Brûle seulement pour mon amour

Qui m'attendait au loin

Et qui pleurait des larmes amères

Le jour où je partis pour ne plus revenir.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 18:10

Les Ambassadrices


Canzone française – Les Ambassadrices – Marco Valdo M.I. – 2012
Histoires d'Allemagne 57

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 –
l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

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Mil neuf cent cinquante-huit, un peuple, deux États, deux ambassadrices,aux jambes longues, longues, longues. Voilà ce que raconte le narrateur de cette histoire d'Allemagne. Qui est ce narrateur, je ne pourrais te le dire. Tout ce que je puis en savoir est ce qu'il en dit lui-même.

 

Et que dit-il exactement ?, dit Lucien l'âne en ouvrant des yeux grands comme le Schwartzsee et en redressant l'oreille gauche en point d'interrogation.

 

Il dit très précisément : « Leur double beauté m'attirait »... On le comprend ; je veux dire, je le comprends aussi bien que je ne comprends pas ce qui fait qu'on se laisse séduire et attirer par la beauté...

 

On, dit Lucien l'âne en rigolant tout en effectuant de jolis soubresauts, je veux dire , j'imaginais parfaitement que tu te laisserais séduire par de telles Germaines. Mais qu'en est-il de ce narrateur et de ce qu'il disait...

 

On, je veux dire, je, j'y reviens à l'instant , dit Marco Valdo M.I. lui-même hilare. Il dit « De toute façon, les grands airs (de l'opéra) de Düsseldorf commençaient à me faire bâiller. Et comme après la mort de Maman, je n'ai pas voulu épouser le Conseil de surveillance de notre florissante usine de lessive... » En fait, quand on décrypte la chose, il devrait s'agir d'un descendant de Fritz Henkel, le fabricant de lessives et de mille autres produits bien connus. Voilà pour le narrateur. Quand aux deux donzelles, jumelles blondes aux yeux bleu clair de près d'un mètre quatre-vingts, elles firent des ravages dans l'imaginaire masculin de l'époque, et depuis ce moment jusqu'encore aujourd'hui où elles hantent les souvenirs de tant d'enfants du baby-boom. Il s'agit bien sûr, tu l'auras deviné, des sœurs Kessler... Ce n'étaient ni des chanteuses exceptionnelles, ni des actrices remarquables, mais de splendides danseuses de charme. Elles ont quand même passé une vingtaine d'années en Italie, où les Gemelle firent l'objet d'un véritable engouement du public télévisuel. Et le narrateur n'a pas tort lorsqu'il dit qu'elles furent – en quelque sorte – le véritable miracle de la renaissance allemande.

 

Voilà des dames bien passionnantes..., s'ébroue l'âne Lucien.

 

C'est certain et bien des mâles en furent pour leurs frais... Elles se révélaient inapprochables... Si tu vois ce que je veux dire. D'ailleurs, à ces indélicats qui les traitaient d' « ice creams » (ce qui est assez réfrigérant...), elles répondaient « hot dogs » (chiens en chaleur...). Mais foin de ces marivaudages, je voudrais quand même que tu notes que l'entreprise Henkel (le fameux Konzern dont parle le narrateur) – qui comme toutes les autres avait largement collaboré au régime du Reich de Mille Ans, s'était vu remettre ses biens confisqués et fut relancée dans la Düsseldorf d'après-guerre. Cela aussi a contribué (guerre froide oblige !) à édifier le « miracle économique allemand ». À propos, te souviens-tu du nom du Dictateur de Chaplin [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7631&lang=it]]...

 

Si je me souviens bien, dit l'âne Lucien, il se nommait Hinkel, Adenoid Hynkel... C'est peut-être une coïncidence.

 

 

Peut-être... Mais, sincèrement, j'imagine le contraire ; je croirais plutôt à un mot-valise , un croisement entre Hitler et Henkel. Enfin bref, on prend les mêmes et on recommence. Et voilà qu'aujourd'hui, l'Europe risque fort de payer pareille bévue. Elle est en train – les Grecs en premier, après les Allemands de l'Est et tous les Allemands pauvres eux-mêmes – de subir le « miracle politique allemand »? Cependant, je ne dirai rien de ses dirigeants actuels, car – tu le devines – ils n'ont que peu d'influence sur la dérive, la grande erre de ce monstre gigantesque, ce Minotaure prussien toujours à l'œuvre dans son labyrinthe. Comme bien tu le comprends, ce dragon est insatiable et il va continuer à réclamer – jusqu'à ce qu'on le tue – qu'on lui serve tout ce qu'il réclame... Voilà ce que dit réellement cette chanson...

 

Mais alors, dit Lucien l'âne, c'est nous, ce sont les pauvres de l'Europe qui allons payer les frais du « miracle économique allemand », qui allons – dans cet épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour étendre leur domination, pour accroître leur richesse, pour assurer leur pouvoir, pour multiplier leurs profits – comme ils l'ont fait aux Grecs, devoir subir des restrictions en tous genres, sous peine de répressions féroces. Dans ce cas, Marco Valdo M.I. mon ami, il est plus urgent encore que nous poursuivions notre tâche qui consiste, je te le rappelle, à tisser inlassablement le linceul de ce vieux monde boulimique, ravageur, insatiable, vampirique et cacochyme.

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 


 

 

Bons baisers à bientôt

Ton amour me manque trop

Un peuple, deux États, deux ambassadrices

Aux longues jambes séductrices

 

Elles chantaient des pots pourris

En allemand à Berlin

En français à Paris

Et à Rome, en italien.

 

Alice et Ellen Kessler chantaient

Aux Zétazunis en anglais

La « Sensation of Germany »

De sa danse conquérait tous les pays.

 

Oh, les belles duettistes

À l'accent saxon

Oh, les belles gambettes

La Germaine sensation.

 

Pas de messieurs dans les loges des belles

Disait la « campanule »,

La maîtresse des Bluebelles,

Le chaperon majuscule

Kessler Zwillinge, Gemelle Kessler

Mes deux jumelles aux yeux pers

Au joli nom de Soeurs Kessler

Étaient nées au temps d'Hitler.

 

Deux Marlènes, doubles beautés,

Mystère ensorcelant de la gemellité

Bien des femmes n'aimaient pas leurs pas

Si bien cadencés... Allez savoir pourquoi.

 

Rejointes un temps au Lido

Par deux anglaises aussi jumelles qu'elles

On les voyait de face, on les voyait de dos

Mais on ne savait jamais laquelle.

 

En ce temps-là, pour des Teutonnes,

Jolies et jumelles synchrones

Lys de Saxe aux yeux pervenche

Danser à Paris, quelle pacifique revanche

 

Mes impeccables danseuses étaient si belles

Leurs jambes en vision stéréoscopique

Ah, Alice ! Hé ! Ellen ! Manœuvres diplomatiques.

Le vrai miracle allemand cette paire de jumelles.

 

Bons baisers à bientôt

Ton amour me manque trop.

Un peuple, deux États, deux ambassadrices

Aux longues jambes séductrices

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2 janvier 2012 1 02 /01 /janvier /2012 16:20

LETTRE À MON FILS

Version française – LETTRE À MON FILS – Marco valdo M.I. - 2011

Chanson italienne – Lettera al figlio – Germano Bonaveri – 2010

 


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Lucien l'âne mon ami, je vais te faire un cadeau... car, vois-tu, une année nouvelle commence et il est de coutume de faire un cadeau aux amis. Et je vais y joindre deux autres chansons, mais de langue française, qui me paraissent donner à celle-ci un écho qui la magnifie... Cette chanson est de Germano Bonaveri, que j'ai déjà traduit, et de cette nouvelle traduction et de ses échos, je lui fais cadeau aussi... La chanson elle-même s'intitule : Lettre à mon fils et elle est assez émouvante.



Voilà un titre qui m'intrigue, dit Lucien l'âne en souriant... Que peut-on bien raconter à son fils ?



Oh, tu sais, Lucien l'âne mon ami, à son fils ou plus généralement, à ses enfants, on parle tout le temps. Évidemment, pour qui s'en soucie. Mais la chanson ici a ceci de particulier, c'est qu'elle parle à un fils que le narrateur, celui qui chante n'a pas eu et tout le laisse penser, n'aura pas. Et il semble bien qu'il le regrette. Mais passons. Il lui parle comme si...



Et que dit-il ? Et en quoi cela a-t-il à voir avec les Chansons contre la Guerre ?



J'y viens à l'instant. Dans cette chanson, canzone en vérité, le père dit à l'enfant comment conduire sa vie, comment affronter le monde, comment en somme faire face à la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, que les puissants font aux plus faibles... Cette Guerre insensée dont l'objectif absurde entre tous est la création et l'accumulation de la richesse. Et ce père le fait en relatant sa propre vie, en référence à sa propre expérience du réel dans lequel nous baignons tous. Et puis, elle pose comme le Paul Verlaine de sa prison de Mons, cette lancinante question :

« Qu'as-tu fait, ô toi que voilà

Pleurant sans cesse,

Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,

De ta jeunesse ? »

 

Question, dit Lucien l'âne, qu'avec le temps, avec le temps... On finira tous par se poser... Mais peux-tu me rappeler, rien que pour l'entendre ce poème de Verlaine.

 

À ton service, mon ami l'âne Lucien, Verlaine, c'est en soi une bonne chanson :

 

Le ciel est, par-dessus le toit...

Paul VERLAINE, Sagesse (1881)



Le ciel est, par-dessus le toit,

Si bleu, si calme !

Un arbre, par-dessus le toit,

Berce sa palme.

 

La cloche, dans le ciel qu'on voit,

Doucement tinte.

Un oiseau sur l'arbre qu'on voit

Chante sa plainte.

 

Mon Dieu, mon Dieu, la vie est là,

Simple et tranquille.

Cette paisible rumeur-là

Vient de la ville.

 

Qu'as-tu fait, ô toi que voilà

Pleurant sans cesse,

Dis, qu'as-tu fait, toi que voilà,

De ta jeunesse ?

 

Tu avais promis deux chansons pour l'an nouveau en cadeau au cantautore Bonaveri et à nous tous ici.... Quelle est donc la deuxième et que vient-elle faire ici ?

 

 

Ce qu'elle vient faire ici, tu le découvriras par toi-même... La raison en est évidente... Car il s'agit du sujet-même de la canzone de Bonaveri: l'homme face à son avenir, l'homme à la poursuite de lui-même, le grand rêve de la vie... Mais, figure-toi Lucien l'âne mon ami, cette quête est présentée, chantée, avec une force, une conviction peu commune par ce qui est encore, malgré sa mort prématurée, un des plus grands de la chanson... Tu pourras le comparer à d'autres interprétations de la même chanson par une série d'autres chanteurs... Comme on dit chez nous, y a pas photo... Brel est de loin le plus bouleversant... Cette chanson, je vais la placer dans les chansons contre la guerre, car elle y a sa place, cette chanson de 1968. Elle s'intitule « La Quête » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=39978]], la quête d'une impossible étoile... laquelle pourrait tout simplement être une autre façon de nommer « L'âge d'or » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=10588&lang=it]] ou la fin de la Guerre de Cent Mille Ans, quand tous les hommes seront égaux et pas seulement en droits, pas seulement sur le papier, mais dans le réel... Où plus personne n'exploitera personne....

 

J'irai voir cette chanson... et rappelle-toi, nous tissons le linceul de ce vieux monde nourri du désespoir des hommes, vampire suçant le sang des pauvres pour engraisser les riches, gigantesque tricheur, menteur et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Dors, dors, repose-toi.

Un jour, mon âme se consolera

De ce fils que je n'ai pas,

Maintenant dors, un jour, tu comprendras.

 

Dors, dors mon amour,

Petit cœur d'homme repose à ton tour.

Et chaque gentil rêve dans tes pensées déposera

Cet enthousiasme inconscient que j'avais hier comme toi.

 

Dors, dors mon petit gars

Je joue à t'imaginer ici à côté de moi;

N'aie pas peur de ce mystère qui ôte l'envie de vivre,

Un jour, tu comprendras que tu n'as rien à perdre.

 

Dors, dors mon aimé,

Tiens-toi à l'oreiller pour ne pas naufrager

Regarde le monde les yeux ouverts et il ne te décevra pas

Tu sais, ton ravissement est le cadeau qui nous sauvera.

 

Dors, dors mon petit gars,

Le silence de ce crépuscule étoilé te bercera:

N'aie pas peur de ce mystère qui ôte l'envie de vivre,

Un jour, tu comprendras que tu dois résister.

 

Maintenant dors, mon ange

Dors et invente ton futur, dessine-le comme tu le veux

Et si un jour, il devenait difficile de le faire de tes mains,

Abandonne-toi à ton inébranlable confiance au lendemain.

 

Car moi aussi, tu sais, mon âme

Je peignais des horizons sereins dans un ciel si calme,

Mais la vie n'est pas d'improbables rêves,

Ou de résister comme qui n'a plus rien à perdre.

 

À présent, dors, dors, repose-toi,

Je veille sur ce fils que je n'ai pas.

J'aurai soin de lui, de moi, de son monde et des rêves qu'encore il fera

Car, tu sais, ton ravissement est le cadeau qui me sauvera.

 

Et me sauvera ce délire des simples

Qui revendique l'égalité entre les hommes

Et si un jour, tu as l'envie d'y croire

Comme nous, quand nous étions plus jeunes,

Tu découvriras qu'entre les plis des siècles

Se cachent les histoires des humbles,

Ces gens qu'ils appellent peuples,

Ces vies aux contours indélébiles.

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1 janvier 2012 7 01 /01 /janvier /2012 22:47

CONTRE

 

Version française – CONTRE – Marco valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Contro – Germano Bonaveri – 2004

 

Contre les missions de rééducation

Contre celui qui va contre et nous défendra;

Contre les préjugés sans opinion

Contre les opinions sans liberté.

 

Contre qui se cache derrière les drapeaux

Contre tous les martyrs de la société

Contre mouvements et jeux de pouvoir

Contre les condottieres de l'humanité

 

Contre le faux credo des religions,

Contre celui qui connaît la seule vérité

Contre celui qui condamne des nations entières

Contre celui qui les acquitte sans autorité

 

Contre l'ignorance ethnique et sociale

Des interventionnistes dépourvus d'humilité

Contre les pacifistes en guerre contre le mal

Contre celui qui sait toujours de quel côté se ranger

 

Contre les abstinences pour la rédemption

Contre les détenteurs de la sainteté

Contre les naïfs, pères de la terreur

Dans les intégrismes, la pitié meurt

 

Contre les missions de rééducation

Contre celui qui va contre et nous défendra;

Contre les préjugés sans opinion

Contre les opinions sans liberté.

 

Contre les moralismes hétérosexuels

Contre les violeurs sans dignité

Contre les exploiteurs de femmes le long des boulevards

Contre les pères la pudeur de la civilisation.

 

Contre qui ne croit pas qu'on puisse agir

Contre le pessimisme et l'immobilité

Contre qui décide les règles du jeu

Contre qui participe et n'a aucune règle.

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 22:24
MÉLODIE ROUGE



Version française – MÉLODIE ROUGE – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson allemande – Rote Melodie – Kurt Tucholsky – 1922

Première interprète : Rosa Valetti

Musique de Friedrich Hollander

 

 

Rosa Valetti était une actrice de cinéma et de cabaret et une chanteuse. Fondatrice du célèbre « Cabaret Grössenwahn » (Grands délires ?) au café de l'Ouest à Berlin ; elle fut l'interprète de la première mise en scène de L'Opéra de Quatre Sous de Bertolt Brecht et elle tînt un rôle important dans plusieurs films fameux de cette époque, de « L'ANGE BLEU » à « M, LE MAUDIT ». Kurt Tucholsky écrivit spécialement pour elle cette « MÉLODIE ROUGE » que Valetti présentait souvent dans ses performances théâtrales.

 

Kurt Tucholsky, l'auteur du texte de cette chanson, était un écrivain, poète, journaliste et un des plus importants auteurs satiriques allemands. Né en 1890 dans une famille juive d'origine polonaise, Tucholsky dès sa jeunesse composa des textes satiriques régulièrement publiés sur d'importants hebdomadaires, quotidiens et dans les revues d'art. En 1915, il fut appelé sous les armes et survécut à trois années de guerre, qui le marquèrent profondément. Rentré à Berlin, il devînt le directeur de « Ulk », le supplément hebdomadaire du Berliner Tageblatt, et il se lança dans une série de féroces pamphlets contre la guerre et contre les militaristes. Au début des années 20, il se transféra à Paris, où il s'enticha du cabaret et où il put finalement respirer un air de liberté qui lui manquait sur sa sinistre terre. La fin de l'expérience démocratique de la République de Weimar et la montée des droites poussèrent Tucholsky à des positions toujours plus radicales, pacifistes et de totale aversion envers l'autoritarisme et le militarisme. En 1924, dans les colonnes de la revue que par la suite, il dirigea "Die Weltbühne" ("Le Théâtre du Monde"), il fit connaître son personnage littéraire le plus fameux, le bourgeois juif hypocrite et arrogant « Monsieur Wendriner », protagoniste de nombre de ses récits.

En 1929, Tucholsky publia son œuvre al plus importante : « Deutschland, Deutschland über alles », accompagnée de terribles montages photographiques satiriques de l'artiste dadaïste, Helmut Herzfeld, qui avait anglicisé son nom en John Heartfield en signe de protestation conter la campagne patriotique anti-britannique de la droite. « Deutschland, Deutschland über alles » est une impitoyable critique de l'Allemagne, de sa société, du rôle de l'armée, de la corruption de la justice, qui vaudra à Tucholsky une condamnation à mort virtuelle : un groupe de chemises brunes appartenant aux SA (Sturmabteilungen), dirigées par Ernst Röhm, leader national-socialiste, chercheront à le tuer tandis qu'il se trouvait à Wiesbaden pour un cycle de conférences.

 

 

Tucholsky décida à ce moment de s'exiler en Suède où, en 1933, il fut rejoint par le retrait de sa nationalité allemande, juste au moment où les nazis sur la place de l'Opéra à Berlin brûlaient les livres interdits, y compris les siens. De la Suède, il fut contraint d'assister impuissant à la victoire du nazisme et à la persécution de la Weltbühne et de son nouveau directeur, son ami Carl von Ossietzky.

 

Le soir du 21 décembre 1935, Kurt Tucholsky mourut à l'hôpital de Göteborg d'une overdose de somnifères, selon toute probabilité un suicide ou une tentative de trouver d'endormir pour quelque heures son désespoir.

 

(Juste un mot à propos de Kurt Tucholsky... Pour dire qu'il connut des moments de sa vie, où tout en menant ce combat, il pouvait trouver des moments de paix et pourquoi pas, de réel plaisir...Voir à ce sujet la chanson Mademoiselle Ilse [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=37875&lang=it]]... On y découvre un autre Tucholsky...)[Lucien Lane]

 

« Mélodie Rouge » est une chanson dédicacée spécialement par Tucholsky au général Erich Ludendorff, un des plus grands bouchers de la première guerre mondiale et par la suite, un grand ennemi de la démocratie parlementaire et de la République. Durant les années de Weimar, Ludendorff devînt le point de référence de tous les nationalistes, militaristes et revanchards allemands et peut être considéré à bon droit comme un des instigateurs du nazisme.

 

Dans cette chanson – dont ne connaissant pas bien l'allemand (« excusez-moi, pardon, comme chantait Paolo Conte), j'ai réussi à comprendre seulement le sens, en m'aidant d'une horrible traduction automatique et de recherches sur des sites en langue anglaise – Tucholsky reprend un des thèmes des anciennes ballades magico-naturelles, celui du retour des morts en une cavalcade vengeresse, pour raconter une mère qui, ayant perdu à la guerre son unique fils, s'adresse au général Ludendorff et, en le maudissant, lui lance une sorte d'enchantement : tous les soldats morts à la guerre et les militants démocratiques assassinés sortent de leurs tombes et marchent compacts, comme un seul bataillon, contre le responsable de leur mort, le perfide général pré-nazi.

 

 

 

Pour Erich Ludendorff

 

La femme chante :

 

Je suis seule

Ça ne peut être

Mon fils se trouve chez les Russes.

Là-bas, on les a envoyés

Comme du brave bétail,

Au front – en omnibus.

Et là – là s'arrêta le voyage.

Hého ! Il git dans la crasse.

Les ans, les ans

Passent lents et mutiques.

Les cheveux, les cheveux

Ont le gris de la Baltique.

Général ! Général !

Ne tente pas cela encore une fois !

Les morts crient !

Pense aux rouges !

Garde-toi ! Garde-toi !

Écoute la rumeur diffuse du chœur !

Nous approchons tout près – Homme des canons !

De la tombe ! Fous le camp !

 

 

Je vis au travers du pays

Dans le monde en feu

Des milliers de femmes pleurer.

La Camarde fauchait.

Elles souffraient au milieu

Au milieu de cent mille horreurs.

Et pourquoi, cette angoisse de la mort et cette frayeur?

Hého ! Pour une saleté !

Les corps ! Les corps !

Gisent dans la terre.

Nous les femmes ! Nous les femmes !

Nous ne valons maintenant plus rien !

Général ! Général !

Ne tente pas cela encore une fois !

Les morts crient !

Pense aux rouges !

Garde-toi ! Garde-toi !

Écoute la rumeur diffuse du chœur !

Nous approchons tout près – Homme des canons !

À la tombe ! Fous le camp !

 

 

Dans la nuit obscure,

Quand personne ne veille

Alors sortent des tranchées

Le fusilier

Le mousquetaire,

Qui ne connaissent pas la paix.

Le bataillon des morts s'élève

Hého ! Vers celui qui vit.

Vaguement, vaguement

Tu entends dans le bruit du vent

Ils arrivent ! Ils arrivent !

Et ils envahissent ta maison...

Général ! Général !

Ne tente pas cela encore une fois !

Les morts crient !

Pense aux rouges !

Garde-toi ! Garde-toi !

Écoute le chœur souterrain !

Nous approchons tout près – toi, Homme d'os !

Au pas !

Suis nous !

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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 10:40

TROP DE BOULOTS À LA CON

 

Version française - TROP DE BOULOTS À LA CON – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson italienne – Troppi lavori del cazzo – Fucktotum– 2002

 

 

Quel titre et quelle chanson et juste avec ça... Ce qu'elle raconte, c'est vraiment le destin des pauvres dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent constamment contre le pauvres pour étendre leurs empires, renforcer leurs pouvoirs, accroître leurs profits et toujours mieux exploiter les gens... Elle rappelle d'ailleurs une de tes chansonchômes wallonnes d'expression française... Y a plein de chômeurs en Wallonie [[ http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=9455&lang=it]] et ce passage :

« Y a pas d'emplois en Wallonie

Que des petits boulots, que de la tonte de gazon

Rien que de l'intérim et des trucs à la con. »

 

Et malgré tout ce que les riches et leurs supporters racontent, malgré les fables gouvernementales, les élucubrations erratiques des économistes, les cornichonneries libérales... Pour les pauvres, la situation ne risque pas de s'améliorer... Bien au contraire... Il suffit de voir ce qu'ils ont fait aux Grecs et qu'ils nous feront demain... Quant aux riches, ils seront encore plus riches... Tel est, du moins, leur plus cher désir et leur but...

 

Voilà pourquoi, Marco Valdo M.I., mon ami, il nous faut chaque jour, sans relâche, tisser le linceul de ce vieux monde profondément ennuyeux, baignant dans sa mauvaise graisse, nauséeux et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

 

J'ai fait tant de demandes

Baissé la culotte

Pour des places

Sans dignité.

 

Quand ils donnent à l'heure

Moins qu'à une sœur

Puis , ils paient

On ne sait quand.

 

Les filles là-haut à Cortina

Moi, ici à l'atelier

Je charrie ma collègue

C'est mieux qu'une branlette

 

J'attends le vingt-sept

Et je décharge les caissettes

Ou je fais les vendanges

Pestant à chaque grain.

 

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

 

Dans les supermarchés

Les plus désespérés

Vêtus en dindons

Ébaudissent les enfants

 

Ils distribuent les feuillets

Aident les peintres

Ou vivent aux carrefours

En tirant des paquets atroces.

 

J'ai tiré sur la plage

Un vieux qui coulait

Sur la place, je fais le mime

Et j'évite les catarrhes.

 

J'amène à l'hôpital

Les avortements qui tournent mal

Je branle les taureaux

Si je rate, quelles douleurs !

 

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

 

J'emmène chier les chiens

Pour moi, il n'y a pas d'avenir

La vie se fait lourde

À l'ombre d'une presse

 

Et quand je serai vieux

Je me regarderai dans la glace

Pourquoi a-t-on travaillé ?

Et je mourrai en colère.

 

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

Trop de boulots

J'ai fait trop de boulots à la con

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Published by Marco Valdo M.I.
22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 12:08

L'ÉTAT AUSSI EST UN ALLIÉ FORT UTILE

Chanson italienne - « Anche lo Stato è un ottimo alleato » - Collettivo del contropotere – 1976

Version française - « L'État aussi est un allié fort utile » – Marco Valdo M.I. – 2008

 

En effet, dit Lucien l'âne. L'État est un allié fort utile... Mais pour qui ? Ce que je constate, moi qui ne suis qu'un âne, je vais te le dire... L'État est au service, pour ne pas dire à la botte, des riches et des vrais puissants... Il n'est, d'une certaine façon, qu'une entreprise de domestication des humains au profit des puissances d'argent. Mais que raconte la canzone ?

 

Mais tout simplement, mon ami Lucien l'âne, cette canzone décrit un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour mieux les exploiter, pour les dominer, pour les domestiquer, afin de continuer indéfiniment à accroître leurs profits, à augmenter leur main-mise sur le monde … C'est ce qu'on nomme la « croissance »... C'est le sens profond de son mécanisme à cette manipulatrice, c'est là le moteur réel de la croissance... rendre les riches toujours plus riches... Son but n'est certainement pas – par exemple – de nourrir les plus pauvres, de répartir les produits de la terre afin que chacun puisse en bénéficier... Dans ce cadre, les États sont des instruments précieux. Il suffit de voir ce qui se passe actuellement en Europe, où les États pressurent leurs citoyens au profit des riches...

 

C'est bien ce que j'imaginais..., dit Lucien l'âne en branlant du chef. Oui, je vois bien que partout en Europe (et c'est un des endroits du monde où les choses sont les moins insupportables), les États prennent aux pauvres pour donner aux riches... et de plus en plus.

 

L'État est un instrument fort souple... Il permet de varier les plaisirs et la force de la pression sur les gens. L'État sert aveuglement le libéralisme... Tu te souviens, Lucien l'âne mon ami, qu'un jour, j'avais dit que le libéralisme était comme le vin : il y en a du doux – quand tout va bien et qu'il doit lâcher du lest pour ne pas mécontenter les peuples (par exemple, après la guerre quand les résistants avaient encore leurs armes et la capacité de se défendre) ; il y en a du demi-brut quand les choses se compliquent, quand aussi les gens hypnotisés par les media, ensorcelés par la publicité, trompés par les discours, n'ont plus le réflexe de se défendre et qu'on serre la vis, on accroît prudemment encore l'emprise des riches et l'ampleur de leurs profits ; et puis, il y a le brut – en Grèce par exemple, ou au Chili, ou en Syrie, ou en Chine ou demain, en Grande-Bretagne ou ici ou n'importe où ... quand il convient de mettre les gens au pas et d'assurer crûment une insolente croissance des richesses de ces arrogants qui ne se cachent même plus. Et bien, l'État suit docilement les instructions de ces maîtres masqués... et ceci, tu le remarqueras, quel que soit le parti au pouvoir et son programme de façade.

 

Ne me dis pas qu'on doit continuer à supporter pareille veulerie... En tous cas, voilà qui montre encore combien il est important que nous – pour notre modeste part – nous tissions le linceul de ce vieux monde hypocrite, veule, lâche, laid , répressif et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

L'État aussi est un allié fort utile

Et de la bourgeoisie et du patronat;

Pour protéger les patrons, il fait des lois

Et ensuite, les prêtres nous disent même de rester tranquilles.

Mais si par hasard on se rebelle

Et qu'on ne veut plus être exploités,

Son visage démocratique disparaît

Et apparaît celui d'une bête plus brutale.

Combien de prolétaires sont morts sous le plomb des policiers,

Combien d'ouvriers sont enfermés dans les cellules du capital.

Ils ne permettent pas non plus aux étudiants de respirer,

Pour maintenir toujours debout le porc du capital.

Qui protège le mieux les patrons si ce n'est les généraux :

Chars, bombes, mitraillettes, esprit de discipline militaire

Et si l'apparence de la puissance militaire ne suffit pas

... On fait un coup d'État !

Contre l'impétuosité de la juste lutte

De millions de prolétaires

La loi abuse de la répression

Au profit de celui qui a le pouvoir;

D'aveugles magistrats réactionnaires ;

Nous répondent ... par le tribunal et la prison.

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Published by Marco Valdo M.I.
21 décembre 2011 3 21 /12 /décembre /2011 22:44
L'ÉLASTIQUE

 

Version française – L'ÉLASTIQUE – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson italienne – L'elastico – Giorgio Gaber – 1973

 

 

 

Étendu sur le lit

Je ne sais pas bien par où commencer

La pièce est silencieuse

On a entendu le clic d'un enregistreur

Pourquoi je suis ici

Que suis-je venu faire

Je suis désolé

Je n'en sens plus le besoin

Je ne sais que dire

Que raconter

Une histoire ou un rêve

Moi, au dedans de moi, au dedans de moi, dedans de moi...

Moi, au dedans de moi, au dedans de moi, dedans de moi...

 

Je me souviens que je courais

Mon corps me suivait

C'était un corps primitif

Mais mon esprit le tirait

Mon esprit qui tirait mon corps nu

Nous étions deux, entre moi et moi, l'élastique

Moi, au dehors de moi, au dehors de moi, dehors de moi...

 

Il y avait mon corps humain

Qui s'efforçait de me suivre

Qui demandait d'aller lentement

mais l'esprit le tirait

Et mon corps qui me semblait si pensant

Se fatiguait, traîné par l'élastique.

 

Dieu, quel sensation de peur

Voir ce fil tendu

près déjà de la rupture

L'élastique ne tient plus, l'élastique ne tient plus...

D'un coup, dehors et dedans

L'accident.

 

Un enfant s'est brisé

Ne poussez pas,vous me faites mal

Je ne peux sortir, il fait trop noir

Vous, vous m'écrasez contre le mur

Lui marchait sans fil

J'ai peur de mourir

Il avait vu un soleil noir

On ne peut me toucher

Je suis dans une bouteille

Je suis enfermé dedans et je ne veux pas sortir

Il y a trop d'espace enter moi et moi

Je me sens en dehors de moi

Ma tête en dehors de moi

Mon corps en dehors de moi.

 

Mon esprit flottait

Dans une étrange dimension

Et je me rappelle avec peur

Une vision lumineuse

Mon corps si lointain comme mort

Était abandonné et il n'y avait plus d'élastique.

Moi, au dehors de moi, au dehors de moi, dehors de moi...

Moi, au dehors de moi, au dehors de moi, dehors de moi...

Moi, au dehors de moi, au dehors de moi, dehors de moi...

Moi, au dehors de moi, au dehors de moi, dehors de moi...

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Giorgio Gaber

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