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17 mai 2012 4 17 /05 /mai /2012 20:34

LE TRAVAIL REND LIBRES

 

Version française – LE TRAVAL REND LIBRES – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Il lavoro rende liberi – Meltea Keller – 2011


Je porte une aiguille dans la poche de ma veste

Qui se transforme en épée quand ils volent mon temps

Ils m'ont dit que le travail donne de la satisfaction:

Je l'ai redit au préposé aux toilettes de la gare...

 

Vends-toi au mieux, babe, ne vas pas chercher trop loin

Plus tu es intelligente, moins tu auras en main

Chiffres, tettes, yeux éteints, disponibilité

Nous payons en souffle la flexibilité.

 

Il y a une chose qui arrive chaque jour à midi

Explique-le à mon estomac ce qu'est la liberté

Fais le même compromis: ça finira bientôt

Ou quelque dépendance au hasard me sauvera

Ce n'est certes pas ainsi que j'imaginais mon avenir...

 

Et jamais comme cette fois la peur de mourir vivants

Quand ils arriveront au feu sacré en moi

Pourquoi? Pourquoi? J'ai un 'daimon' qui meurt

Car, car - la jeunesse meurt

Change les choses ou tu changeras !

 

Je porte une aiguille dans la poche de la veste

Et toi tu te fous de moi parce qu'ils t'ont déjà mangé

Tu l'as bien vendue pour un plat de lentilles

Et pendant qu'ils te déshabillent tu souris et tu m'injuries

Ce n'est certes pas ainsi que j'imaginais mon avenir...


Et jamais comme cette fois l'angoisse d'un vrai refuge

Pourquoi l'âme ne prend pas le gris de la société

Pourquoi? Pourquoi? J'ai un 'daimon' qui meurt

Car, car - la jeunesse meurt...
Change les choses ou tu changeras !

 

Jamais comme cette fois,

Jamais comme cette fois...

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Published by Marco Valdo M.I.
16 mai 2012 3 16 /05 /mai /2012 15:44

 

Mal aux genoux

 

Canzone française – Mal aux genoux – Marco Valdo M.I. – 2012

Histoires d'Allemagne 69

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

 

 

Mal aux genoux, mal aux genoux... Justement... Elle tombe à pic ta chanson... J'ai horriblement mal aux genoux. Pas étonnant avec ce temps... On souffre terriblement de ça, nous autres, les ânes et en plus, on en a quatre des genoux... C'est d'autant plus douloureux..., dit Lucien l'âne en se relevant d'un coup de reins majestueux sur ses jolis sabots noirs comme le brai. D'ailleurs, tu le vois, je m'étais mis ainsi à genoux dans la boue, car c'est un excellent remède à l'arthrose, l'arthrite et compagnie. Enfin, je suppose que ce n'est pas de mes genoux qu'elle parle cette canzone...

 

En effet, Lucien l'âne mon ami, ce n'est pas de tes genoux qu'elle se soucie, mais de ceux de Willy... Lequel Willy et ses genoux ont réellement existé comme tels dans l'histoire d'Allemagne de cette année 1970. Quand Willy est tombé sur ses genoux, personne ne s'y attendait et ce fut une telle surprise, qu'elle fit le tour du monde. On en parle encore aujourd'hui. Il faut dire qu'il a fait ça en direct devant les journalistes, les télévisions et tous les officiels qui étaient présents à  cette cérémonie. Willy était censé s'incliner un instant et déposer une gerbe de fleurs à l'endroit où il y avait eu un ghetto... et où il n'en restait plus rien... L'autre avait donné l'ordre de le raser complètement, habitants compris. Ce qui fut énergiquement accompli... L'autre avait été nommé chancelier d'Allemagne en 1933 et avait disparu dans les décombres de sa chancellerie en 1945. Entre les deux, il y avait eu des millions de morts, des dizaines de millions de morts... Comme le disait au siècle précédent Platen, un poète élégiaque – allemand lui aussi : « Il n'est rien de pire ici bas que d'être Allemand ».

 

La citation est parfaitement adaptée à la situation... Est-ce toi qui l'as retrouvée ?

 

Non, non... Enfin, oui, sans doute... À force de lire, mais pas directement dans les poèmes de Platen... C'est Karl Kraus qui l'avait publiée dans sa revue Die Fackel... Mais peu importe, je ne vais pas te parler de la Troisième nuit de Walpurgis, ça nous mènerait trop loin. Retiens seulement que Willy, frappé aux genoux par le mal de son pays (rien de pire ici bas que d'être Allemand), peu après que l'autre ait accédé au pouvoir, s'est exilé en Norvège, est devenu Norvégien et n'est rentré et n'a repris la nationalité allemande qu'après l'élimination du Führer des « barbares Aryens » (dans la canzone : l'autre). Et bien des années, vingt-cinq très exactement, un quart de siècle plus tard, il est devenu lui-même chancelier d'une moitié de l'Allemagne et c'est comme chancelier que ses genoux – ce jour-là – l'ont lâché. Il y aurait encore un milliard de choses à raconter, mais je te laisse découvrir la canzone...

 

Certes, mais Willy n'a pas fait que tomber sur les genoux quand à son tour, il fut chancelier... J'en ai le souvenir d'un homme qui a tenté de changer les choses, et en comparaison avec ses prédécesseurs, dans le bon sens...

 

En effet, si on mesure l'action de Willy à celle de ses prédécesseurs (et même de ses successeurs) au poste de chancelier, il constitue une exception... On dirait une sorte de personnage humain et assurément pacifique au milieu d'un monde de belliqueux et d'affairistes. Un gars étrange qui boitait là où tous les autres marchaient au pas de l'oie. Un gars qui imposa des actes de paix là où on en était encore prêt à en découdre... D'ailleurs, finalement, ils ont réussi à l'écarter... Donc, voilà, c'est l'histoire de Willy.

 

Je me demande, dit Lucien l'âne en hochant son vaste crâne, je me demande dans quelle mesure ce ne fut pas, alors qu'il fut plongé dès sa jeunesse dans une phase apocalyptique de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour asseoir leur domination, étendre leurs privilèges, assurer leurs richesses, imposer le travail et l'exploitation, ce ne fut à sa manière que Willy tissa, comme nous nous nous efforçons de le faire, le linceul de ce vieux monde d'épouvante, de détresse, de massacres, mythomane et cacochyme (heureusement).

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 

 

Willy, appelons-le ainsi

Willy avait mal aux genoux

Du gauche, du droit, il boitait aussi

Quand il venait chez nous

Ô ses douleurs, ce n'était pas arthrose, arthrite et compagnie

C'étaient les séquelles d'un mal au pays

 

Die Fackel citait Platen, on était en 1933

« Tu le sais depuis longtemps

Il n'est rien de pire ici bas que d'être Allemand »

L'autre était chancelier depuis trois mois

L'idée n'est pas nouvelle comme tu le vois.

Willy aussi en ce temps-là

Se sentait si mal d'être Allemand

Qu'il a changé de nom et même de pays.

 

Willy, appelons-le ainsi

Willy avait mal aux genoux

Du gauche, du droit, il boitait aussi

Quand il venait chez nous

Ô ses douleurs, ce n'était pas arthrose, arthrite et compagnie

C'étaient les séquelles d'un mal au pays

 

Au début, il ne s'appelait pas Willy,

C'est comme je vous le dis

Quand il est né, à Lübeck, il s'appelait Frahm

Herbert Ernst Karl Frahm

Du nom de sa mère; son père,

Un comptable appelé John Möller

Avait simplement disparu

Sans même l'avoir reconnu.

 

Willy, appelons-le ainsi

Willy avait mal aux genoux

Du gauche, du droit, il boitait aussi

Quand il venait chez nous

Ô ses douleurs, ce n'était pas arthrose, arthrite et compagnie

C'étaient les séquelles d'un mal au pays

 

L'autre était chancelier depuis un mois

L'Allemagne suffoquait déjà.

Herbert Ernst Karl entrait dans l'anonymat

Il se renomma Willy Brandt et le resta

Dans la clandestinité, dans l'exil, à l'étranger

Il mena le combat et garda sa dignité

Jusqu'à se faire citoyen norvégien

Pour récuser ces barbares Aryens

 

Willy, appelons-le ainsi

Willy avait mal aux genoux

Du gauche, du droit, il boitait aussi

Quand il venait chez nous

Ô ses douleurs, ce n'était pas arthrose, arthrite et compagnie

C'étaient les séquelles d'un mal au pays

 

L'autre était crevé depuis vingt-cinq ans

Willy était chancelier depuis un an

Pour réparer l'ignominie d'autrefois

À genoux face au ghetto, il tomba.

Recoudre ce qui était déchiré

Une cicatrice bien dessinée

Rapprocher ce qui était séparé

Reconnaître la moitié opposée.

 

Willy, appelons-le ainsi

Willy avait mal aux genoux

Du gauche, du droit, il boitait aussi

Quand il venait chez nous

Ô ses douleurs, ce n'était pas arthrose, arthrite et compagnie

C'étaient les séquelles d'un mal au pays

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
14 mai 2012 1 14 /05 /mai /2012 20:37

LA COURSE



Version française – LA COURSE – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – La corsa – Giorgio Gaber – 1965

 



Ce texte de Gaber, comme d'autres, anticipait d'autres chansons comme L'ingranaggio qui naîtront de la collaboration avec Sandro Luporini.

 

*****


On ne saurait laisser passer une fois encore une chanson où il est question de robot, mon ami Marco Valdo M.I., sans rendre à Karel Čapek ce qui lui est dû. C'est-à-dire l'invention du robot, du moins en gros... En somme, l'idée du robot.



Tu as parfaitement raison, Lucien l'âne mon ami. J'aurais déjà dû le faire pour la chanson de La Mort du Robot [[19043]] du chanteur français Daniel Balavoine... Mais cela étant, rattrapons notre omission tant qu'il est temps encore... Ainsi, le robot (mot slave... désignant le « travailleur ») est venu au monde dans l'univers de l'anticipation ou de ce qui sera plus tard appelé la science-fiction. Et celui qui a porté le plus loin, me semble-t-il, la personnalité du robot, c'est le biologiste Isaac Asimov... lui-même auteur de science-fiction. Comme tu le sais, peut-être, il a carrément imaginé un monde rempli de robots, fondé sur la science de la robotique et les lois de la robotique.



Tu parles de personnalité du robot... Que faut-il comprendre ? Le robot serait-il un être vivant, complexe et doué de psychologie...



Sur ce point, la réponse est simple... Certains, dont Asimov, pensent que c'est, en effet, possible et pas nécessairement plus effrayant que certains membres de l'espèce humaine... Je dirais même, bien au contraire. Ne fût-ce que par la première loi de la robotique : un robot (il s'agit de robots évolués – des androïdes) ne peut pas tuer un humain (a fortiori... plusieurs) de son propre chef. Mais il y a autre chose, c'est qu'il y a également des robots animaux et pourquoi pas, un robot-âne qui tournerait la noria à la place de l'âne de chair et de sang.



« Noi, non siamo robot, siamo somari », s'écrie Lucien l'âne en brayant comme barrit un éléphant. Et le voilà parti dans un éclat de rire inextinguible...

 

Tu ne crois pas si bien dire, dit Marco Valdo M.I. Sans entrer dans tout le délire du démiurge, de l'homme donnant naissance à certaine créature... C'est assez romantique, effrayant [[http://www.dailymotion.com/video/x54d9t_frankenstein-1932-bande-annonce_shortfilms]] et ça peut même être drôle...


 

 

Cela dit, je reviens sur l'idée de départ de « robot », qui provient directement de la façon où dans les langues populaires slaves, on dénomme le « travailleur »... Ce qui donne toute sa dimension à la chanson et confirme son sens profond... Un travailleur italien se prend pour un robot et se rend compte qu'il n'est en finale qu'un robot... Juste retour de l'histoire sociale sur elle-même. Le « robot » est la démonstration vivante de l'absurdité du principe libéral de l'Arbeit macht frei... Non le travail ne rend pas libre, il « robotise » l'homme, il l'esclavagise derrière le délicat paravent du contrat social... Et puis, depuis un certain temps déjà, mais de façon de plus en plus évidente, de plus en plus répandue, de plus en plus étendue, dans les usines, dans les labos, le robot remplace le travailleur. Cela dit, je n'ai personnellement rien contre le robot et même contre les robots dans la mesure où ils font disparaître le travail, où ils prennent réellement la place et le fardeau de l'esclave. C'est même merveilleux... à la condition que le temps et l'effort humains libérés par les robots puissent servir à une vie débarrassée des contraintes, une vie où l'homme puisse vivre pleinement sans plus subir la dictature du travail. Vive le robot libérateur, celui qui délivre l'homme de l'obligation du travail, de l'obligation de « gagner sa vie », de l'obsession de la richesse, de l'infantilisme de la possession et de la domination. Ce serait la fin de la course jamais finie, qui jamais ne se termine sauf par la mort du coureur.

 

Mais seule la fin de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les transformer en robots afin, comme dit de loup, de mieux les exploiter, pourrait mettre un terme à cette chaîne sans fin du travail qui tue la vie de celui qui y est contraint. On lui prend son temps (c'est-à-dire la substance de sa vie-même) contre un peu d'argent... C'est une ignominie. C'est ainsi que l'on arrive à comprendre que la naissance de l'homme passe par la fin du travail... Lors donc, Marco Valdo M.I., mon ami, tissons le linceul de ce vieux monde stakhanoviste, stressé, fordiste, financier, obèsement riche et cacochyme (heureusement).





Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.











Je suis un robot . Si on veut, je remue la tête,

Fidèle à mon patron, je ne fais jamais de fête.
Je travaille tout le jour, je n'ai jamais de temps perdu

Mais au fond, ça me convient, ça me rapporte plus

Vas-y fonce, continue ta course qui vaut plus que ta vie.

Vas-y fonce, continue ta course, la course n'est jamais finie.


Continue, tu n'as pas d'échappatoire et cherche à faire de l'argent

Qu'importe si tu ne vois pas tes enfants depuis longtemps

Si tu ne reconnais plus un arbre dans un pré

Si, pour aller plus vite, tu renverses un estropié.

Vas-y fonce, continue ta course qui vaut plus que ta vie.

Vas-y fonce, continue ta course, la course n'est jamais finie.


Je suis un robot à chaque commandement

Je bouge par à coups.

Mais je suis normal, je ne suis pas fou du tout.


Je travaille tout le jour, je n'ai jamais de temps perdu

Oui, mais au fond, ça me convient, ça me rapporte plus

 

Vas-y fonce, continue ta course qui vaut plus que ta vie.

Vas-y fonce, continue ta course, la course n'est jamais finie.


Ainsi, de jour en jour, tu deviens plus important

Mais regarde-toi dans le miroir : ne vois-tu pas que tu es vieux ?

Tu es vivant et tu sembles mort,

La course est déjà finie

Tu avais malheureusement tort,

Tu as aussi perdu la vie !

Vas-y fonce, continue ta course qui vaut plus que ta vie.

Vas-y fonce, continue ta course, la course n'est jamais finie.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Giorgio Gaber
13 mai 2012 7 13 /05 /mai /2012 21:01
MÉDITERRANÉE

 

Version française – MÉDITERRANÉE – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson espagnole – Mediterráneo – Joan Manuel Serrat – 1971

 

 

 

Les chansons contre la guerre existent et il existe des chansons d'autres natures qui, à un certain moment, peuvent être écrites contre la guerre, contre l'impérialisme et le colonialisme politique et culturel, contre une injustice quelconque. Des exemples, il n'en manque certainement pas. Ainsi, en 1971, Joan Manuel Serrat écrivit, en castillan, même si beaucoup croient qu'il s'agit d'une chanson originairement composée en langue catalane, cette chanson célèbre, considérée en Espagne comme "la chanson du siècle." C'est une chanson qui parle de la Méditerranée et de son identité. On n'y trouve pas une allusion à un thème politique, ou de protestation, ou de nature sociale; pourtant, elle doit être, probablement lue entre les lignes. 1971: le franquisme est encore debout, et les chansons de protestation, si elles ne veulent pas être clandestines ou sévèrement censurées doivent se masquer. Ainsi, très souvent, dans ces années, l' "identité méditerranéenne" est un prétexte pour affirmer une diversité, un écart net par apport à la colonisation américaine en pleine action. Dans l'Espagne franquiste, très bien tolérée dans sa "fonction anticommuniste", dans la Grèce sous la dictature des Colonels à la solde directe de la CIA, et devenue centre de recrutement et formation de tout le fascisme subversif européen, dans l'Italie des massacres d'État et de Gladio, écrire et chanter une chanson comme celle-là était une forme de protestation masquée, mais très claire; et le jeune Serrat, (qui sur la petite couverture de l'album homonyme, "Mediterráneo" ne montre pas non plus ses 28 ans de l'époque) le fit de son côté.

 

Existe aussi une hypothèse , (mais pas confirmée) selon laquelle elle fut composée par Serrat dans le célèbre monastère catalan de Montserrat (!), où il s'était retiré en compagnie d'autres jeunes intellectuels catalans en signe de protestation contre le procès de Burgos et contre la peine de mort. La chanson se serait originairement intitulée Observo a los animales (Nací en el Mediterráneo).

 

Si on veut une preuve de la nature symbolique de cette chanson, il y a un an, qu'il me soit permis un souvenir tout personnel, qui se rapporte au même concert de Chiara Riondino auquel j'eus l'occasion d'assister à la maison du peuple "Raffaello Andreoni" de Coverciano, à Florence, et durant lequel Riondino interpréta, en me la fixant définitivement dans la mémoire, cette chanson incroyable qu'est « Mon grand-père partit pour l'Ortigara ». Ce devait être la période suivant de peu les faits de Sigonella. Riondino attaqua les premières notes de l'introduction musicale à la version italienne de "Mediterráneo", écrite par Gino Paoli, mais avant de commencer à chanter prononça cette phrase qui, elle aussi, s'est instillée dans la mémoire: "Méditerranée. Parce que nous, même si nous sommes une colonie américaine, nous sommes très différents des Américains. Malgré tout." En scandant et en détachant bien les mots, surtout le "Malgré tout." Un petit épisode arrivé dans une maison du peuple de la banlieue florentine. Pourtant, il devait être bien clair à Riondino quelle valeur put et dut avoir cette chanson, que j'offre aux CCG aussi, inutile le nier, pour sa grande beauté intrinsèque. [RV]

 

 

 

Peut-être car mon enfance

Continue à jouer sur ta plage,

Et caché dans les cannaies

 

Dort mon premier amour,

J'emporte ta lumière et ton odeur

Partout où je vais.

 

Et à l'abri sous ton sable,

Je garde amour, jeux et peines.

 

Moi,

 

Qui sur ma peau retient le goût

Amer de ce pleur éternel,

Que cent peuples ont versé en toi,

 

D'Algésiras à Stamboul,

Pour peindre d'azur

Leurs longues nuits de l'hiver.

 

À force de mésaventures,

Ton âme est profonde et obscure,

 

À tes crépuscules rouges

Mes yeux se sont accoutumés

Comme le chemin au détour...

 

Je suis chanteur, je suis menteur,

J'aime le jeu et le vin

J'ai une âme de marin...

 

Que voulez-vous que j'y fasse si je suis né

Sur une rive de Méditerranée ?

 

Tu vas et tu viens

Embrasser mon village

En jouant à la marée

 

Tu pars, en pensant revenir.

Tu es comme une femme

Parfumée de brai

 

Qui se lamente et qui se tourmente

Qui se connaît et qui se craint

 

Ah !

 

Si un jour pour mon malheur

Vient me chercher la Parque

Mettez à la mer ma barque

 

Au levant automnal

Et attendez que la tempête

Déchire ses ailes blanches.

 

Et enterrez-moi sans deuil

Entre la plage et le ciel...

 

Sur le flanc d'un mont,

Plus haut que l'horizon.

Je veux avoir une belle vue.

 

Mon corps sera chemin,

Je donnerai le vert aux pins

Et le jaune aux genêts...

 

Au bord de la mer, car moi, je suis né

Sur une rive de Méditerranée.

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Published by Marco Valdo M.I.
11 mai 2012 5 11 /05 /mai /2012 21:26

L'ÉTHIQUE DU SÉDENTAIRE

 

 

Version française – L'ÉTHIQUE DU SÉDENTAIRE – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne - L'etica del sedentario - Apuamater Indiesfolk – 2005

 

 

 

"Contre le culte de l'image et les bombardements médiatiques.. la conscience individuelle d'un homme victime de la nature...mais conquérant de l'impuissance de l'univers." (Davide Giromini)

Les brèves, concises présentations que Davide Giromini fait des chansons qu'il écrit, ont une particularité très rare: elles sont précises et brillantes comme un éclat de cristal de Bohême, et en même temps ils sont délicieusement trompeurs. Comme trompeuse est l'insertion de cette chanson que je fais maintenant , dans cette recueil démesuré, sans plus recourir à l'artifice des "Extra." Destinée naturelle pour cette chanson ironique et renversante, chanson qui s'en va ronger à la base – quelqu'un peut-être s'en rendra compte – la mobilité, l'agitation, le déplacement inutile, l'idiotie fébrile.

 

Maintenant je ne sais plus depuis combien d'années, je me bats dans le GPV – Grand Poulailler Virtuel, et aussi sur ce site, avec une quantité d'imbéciles qui réussissent la mission impossible de me rendre zen. Mais d'un zen tout particulier, sans implications surnaturelles ou transcendantales, sans litanies, sans non plus de philosophies d'aucune sorte. Les imbéciles du GPV ont toute une série d'expressions accusatrices fixes, établies; une des plus fréquentes est: révolutionnaire de salon. Pour ceux-là, en effet, il faut faire la révolution avec toute une série d'images dont ils se délectent, qu'ils s'approprient, assaisonnées de poses qui ne dépareraient pas dans ce cher vieux Grand-Hôtel (modèle-type du photoroman). La révolution, bien au contraire, aujourd'hui, on la fait vraiment dans son salon. Et si on n'a pas de salon, une pièce, un débarras, un bain, une prise téléphonique, un banc suffit. Sédentarité. Opposition.

Opposition au mouvement faux qui n'a aucune raison d'être, sauf si on a la volonté précise de le faire sans aucune raison plausible ("pour la raison-même du voyage: voyager"). Les plus grands sédentaires sont aussi les plus grands nomades. Opposition au travail, à la "révolution" comique de celui qui veut tout sauf dépasser l'état de choses existant. Extinction totale de l'« information ». Se rebeller à chaque forme de pensée, car maintenant ce qu'on gobe comme "pensée", c'est seulement une mastication mal faite et putride d'effroyables précuits. Avec deux notes, suspendre l'homme face à l'univers Comme l'a fait Ludovic Van , et avec peu de mots, comme sait le faire Darmo.

 

La guerre ? Et bien quoi, la guerre ? Voici la chanson qui énonce une des choses fondamentales. En parler, de n'importe quelle façon, pourvu qu'on en parle. L'éthique du sédentaire éteint cette chose. L'éthique du sédentaire éteint tout. L'éthique du sédentaire est la chanson la plus "contre la guerre" de ce site. [RV]

 

****

 

« Rien faire et laisser dire », telle est sa devise à l'ami Ventu. Encore que, comme le perroquet Laverdure, on lui rétorquerait bien « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire... ». Note cependant, c'est important, qu'en l'occurrence le papegai perroquette... Il ne cause pas, il ne fait que restituer sempiternellement la même rengaine... Et alors ? Précisément, qui cause, qui cause...? Telle est la question.

 

Ben, Ventu... Et nous aussi, d'ailleurs, dit Marco Valdo M.I. Et puis quoi ? Il ne faudrait pas oublier que ce qui caractérise l'humaine nation, ce n'est pas tant qu'elle soit capable de dormir – le chat dort [[DORMIR]] plus qu'elle, ni qu'elle puisse bailler (souviens-toi des trois orthographes : Bâiller, bailler, bayer) [[ET BAILLER ET DORMIR]] – ainsi, les portes le font bien mieux, ni qu'elle aurait comme propre le rire – mais la mort rit beaucoup mieux encore, ni qu'elle travaille – le bois et le fer le font aussi, ce n'est pas qu'elle pense – allez savoir quoi et ce qu'il peut bien en résulter, non, décidément non, ce qui caractérise l'humaine nation, c'est que comme Ventu, elle cause, elle cause...

 

Et moi, ça me plaît bien de causer, dit Lucien l'âne... Que serais-je autrement, à part un âne et de surcroît, un âne inconnu... De ce fait, j'aurais peut-être un monument mais « un monument, un monument, que voulez-vous que je fasse d'un monument », comme disait le tonton qui bricolait des bombes atomiques[[LA JAVA DES BOMBES ATOMIQUES]].

 

Quant à cette idée de la mort qui rit... On la retrouve tout au long du Moyen-Âge gravée dans les vieux monuments et sur le pierres tombales et l'Ostendais Ensor en fit un étonnant portrait.

 


http://emotioninart.files.wordpress.com/2010/02/mort-et-masques11.jpg

 

 

 

On la retrouve aussi dans ce passage de Léo Ferré [[THANK YOU SATAN]] :

 

« Le rire des têtes de morts
Le moyen de tourner la loi
Et qu'on ne me fasse point taire
Et que je chante pour ton bien
Dans ce monde où les muselières
Ne sont plus faites pour les chiens... »

Oh, Marco Valdo M.I., mon ami, arrête avec ta mort qui rit... On s'en arrangera bien le moment venu de celle-là... D'ailleurs, on rira avec elle. Et puis, elle m'attend depuis si longtemps qu'elle pourra bien attendre encore. Le pas de l'âne traverse l'éternité... De long en large. Cela dit, il y a toujours cette foutue Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres et qui s'active dans toute l'Europe...

Cette Guerre impitoyable qu'ils mènent contre les pauvres de toute l'Europe, comme ils la mènent contre les pauvres du monde entier... Hier, ils s'en prenaient aux pauvres d'Allemagne, puis d'Europe centrale... Aujourd'hui, ils s'en prennent aux Grecs... Demain, ce sera notre tour. La peste budgétaire s'étend de jour en jour.

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, à ce sujet, il y a deux questions à retenir : combien faut-il de pauvres pour faire un riche ? À partir de quand (aux yeux des riches) un pauvre est-il assez pauvre ? Car plus le pauvre est pauvre, plus le riche est riche... Et comme le but exclusif de la Guerre de Cent Mille Ans est la rapine pure et simple, qu'il est d'étendre au plus possible les profits, les privilèges et les richesses, la nouvelle offensive sur les pays du Sud de l'Europe pousse logiquement à la diminution des revenus des pauvres, à la réduction des salaires, des pensions et de tous les moyens de vie, à la destruction des emplois et des pensions, à la réduction drastique des services publics, des services sociaux, des services de santé et à la privatisation de tout , y compris ce qui peut encore sembler un bien commun : l'eau, l'air, l'espace public, la forêt, la mer... C'est expropriation systématique... C'est une guerre de conquête...

 

Face à cela, une seule réponse possible : Ora e sempre : Resistenza ! Dès lors, Marco Valdo M.I., mon ami, reprenons notre tâche quotidienne et tissons – en gardant la joie au cœur – le linceul de ce vieux monde absurde, ratatiné en componction, décervelé, incommensurablement injuste, somptueusement vil et cacochyme (Heureusement !).

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Donner à la solitude de nouvelles aspirations

Ne pas allumer la radio ni même la télévision

Effacer de la vie l'heure de révolution

Lui faire prendre mille directions

Faites de mots dits à peu, peu de places et limitées

Les événements sont d'autant plus neufs et intéressants

Que tu les as cherchés, rire rire rire rire

Rire de tous ces sous dont ils nous enveloppent mais ne nous touchent pas

Travailler seulement quand c'est utile

Ne pas voter se rebeller à toute forme de pensée

Avec deux notes, suspendre l'homme face à l'univers

Comme l'a fait Ludovic Van

Avec deux notes, suspendre l'homme face à l'univers

Comme l'a fait Ludovic Van

 

Donner à la solitude de nouvelles aspirations

Ne pas allumer la radio ni même la télévision

Effacer de la vie l'heure de révolution

Lui faire prendre mille directions

Faites de mots dits à peu, peu de places et limitées

Les événements sont d'autant plus neufs et intéressants

Que tu les as cherchés, rire rire rire rire

Rire de tous ces sous dont ils nous enveloppent mais ne nous touchent pas

Travailler seulement quand c'est utile

Ne pas voter, se rebeller à toute forme de pensée

 

Avec deux notes, suspendre l'homme face à l'univers

Comme l'a fait Ludovic Van

Avec deux notes, suspendre l'homme face à l'univers

Comme l'a fait Ludovic Van

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Published by Marco Valdo M.I.
9 mai 2012 3 09 /05 /mai /2012 20:21
GIULIO

 

 

Version française – GIULIO – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Giulio – Pierangelo Bertoli – 1992

 

 

 

L'état de Giulio Andreotti, 93 ans, est grave, il est hospitalisé avec un pronostic réservé au Policlinico Gemelli (Rome), mais il semble que sa vie ne soit pas en danger. Wikipedia l'avait déjà donné pour mort et la lui a ainsi allongée d'un peu..
Mais si la vieille Vedette devait malencontreusement lâcher les amarres, des vieux "camarades de goûters", il semble seulement maintenant rester Ciriaco De Mita (84 ans)...

Je dédie à l'Oncle Jules (Zio Giulio) cette chanson de Bertoli avec mes vœux de prompte guérison.





Giulio Andreotti fut souvent et longtemps ministre et premier ministre italien..., dit Lucien l'âne en riant. Je m'en souviens très bien, c'était au temps où sous le masque de la Démocratie Chrétienne, le parti catholique (autrement dit, la main du Vatican dans la culotte de l'Italie) tenait ferme les clés de la nation. À ce propos, il semble bien qu'on en soit revenu à ce stade... sous d'autres masques, sous d'autres combinaisons.



Certes... Et s'il n'y a plus une grande force incarnant la main-mise cléricale, c'est qu'elle a changé de manière, mais pas de but. La nouvelle tactique se serait bien ralliée à Descartes et à son « Larvatus prodeo »... « J'avance masqué »... Et à celle adoptée par le cancer, allant de métastase en métastase, jusqu'à envahir tout l'organisme... S'il n'y a plus à proprement parler de parti catholique, c'est qu'après son implosion, on retrouve les catholiques partout, ou presque. C'est ainsi qu'au nom de la tolérance, on arrive à faire taire toute voix anticléricale, laïque, athée, antireligieuse... À faire taire toute voix humaine, en quelque sorte. Dès lors, l'Église ne pèse plus seulement sur un parti, mais sur tous. Ainsi, l'étreinte s'est encore resserrée. Et comme auparavant, elle ne pèse pas seulement sur les partis... mais sur toutes les structures du pays et au-delà, sur toutes les personnes. Il y a là la plus insidieuse et la plus vile des dictatures, dont on n'ose pas dire le nom. On vit dans son pays comme sous une occupation et de fait, c'en est une. Malheur à qui met en cause cette sournoise invasion du quotidien. J'en tiens pour exemple celui du juge Tosti [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=38759&lang=it]], qui eut l'idée simple et légitime de refuser de juger sous le crucifix... Les foudres cléricales le frappent encore aujourd'hui. Je précise cependant que cette manière d'étouffoir est propre à toutes les religions et que si l'Italie suffoque sous l'emprise catholique (et c'est le cas dans toute l'aire vaticane), une même chape de plomb ou de vérités révélées et imposées au nom d'autres croyances écrase d'autres populations en d'autres lieux et continents.



Raison de plus, Marco Valdo M.I., mon ami, pour que nous reprenions illico notre tâche qui consiste à tisser le suaire de ce vieux monde monothéiste, clérical, croyant, crédule, superstitieux, étouffant et cacochyme (heureusement).



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane





 

Je vous en prie, ne me prenez pas pour un innocent

Je crois que le sérieux est très important

Certes, vous semblez tellement convaincu, que je ne suis pas

Derrière ces amis et vos parents, évêques ou pas.

 

Tu connais la vérité, n'est-ce pas ?

Derrière les monuments, toute ta pourriture pue déjà,

Si tu te déclares pur

Ce sera un pur parjure

 

Cette face d'eau stagnante à la TV

Monstre de cynisme dominant, c'est toi

Tu parles en usant les lèvres que tu n'as pas

Toi, va avec le baron qui conte t'accoquiner

 

Tu connais la vérité, n'est-ce pas ?

Derrière les monuments, une tombe attend déjà

Si tu ne demandes pas l'urgence

C'est seulement claire connivence

 

Tu connais la vérité, n'est-ce pas ?

Derrière les monuments, une banque sautera

Si tu te sens éternel,

Tu as maquillé jusqu'aux comptes de l'enfer

 

Tu nourris d'imagination le parasite qui est en toi

Tu vends tes amis mourants comme une harpie

Tu énonces sans pitié une phrase insolente

Tu penses que les gens sont ignorants et ne comprennent pas

 

Tu connais la vérité, n'est-ce pas ?

Dans les maisons parfois, on connaît la réalité

Si tu regardes, autour de toi, tu vois

Sous la mer de merde grandit une autre destinée.

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Published by Marco Valdo M.I.
8 mai 2012 2 08 /05 /mai /2012 20:58

LA PLANÈTE DU SOLEIL





Version française – LA PLANÈTE DU SOLEIL – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Il pianeta del sole – Don Backy – 1981







Un reggae utopique ou, mieux, dystopique où la terre est vue comme une fourmilière insouciante de sa destruction qui approche.





Je voudrais juste souligner , dit Lucien l'âne, la date de conception de cette chanson... 1981... Depuis les choses n'ont fait qu'empirer.



En effet, dit Marco Valdo M.I., mais à mon sens, il faudrait sérier un peu les risques : la guerre, je veux dire, la militaire, celle qui fait couler le sang, qui bombarde, qui tue joyeusement... se porte extrêmement bien.



D'ailleurs, de ce point de vue, si j'ose dire, du point de vue de la planète du soleil, de l'autre planète, on est toujours à deux doigts de réaliser la prévision de Caussimon [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=9227&lang=it]]



« Tu vois, c'est écrit à la une
On se dispute déjà la Lune.
Enfants de demain, innocents !
Un général sur les planètes
Vous suivra de loin, à la lunette
Et dira : C'est rouge de sang !
À tant jongler avec la bombe
Un jour, faudra bien qu'elle tombe
C'est son but et c'est notre lot
Il faudra bien que ce jour vienne
Adieu Paris et adieu Vienne
Adieu Rome et Monte-Carlo ! »



Elle ne chôme que rarement cette vieille putain... Iran, Irak, Afghanistan et les grands massacres du Ruanda, du Soudan et les millions de morts du Congo (capitale : Kinshasa). Et ce n'est pas fini...



Là, il s'agit de la guerre classique, en quelque sorte. Mais la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres a bien d'autres visages, emprunte bien d'autres masques, connaît bien d'autres méthodes pour terroriser les populations et les gens... La faim, par exemple. Ou le terrorisme des marchés, la guérilla financière, la stratégie commerciale... Le but est toujours le même : il s'agit de maintenir un haut niveau de terreur mondiale, de faire régner la peur du futur, la crainte viscérale du changement, d'assurer les droits du plus riche à le rester, des droits du plus fort à tirer le plus grand profit de sa situation, d'empêcher toute remise en cause de l'ordre établi... Bref, de permettre aux riches d'assouvir sans limites leur avidité infantile.



Et cette chanson de Don Backy parle de tout cela et conclut magnifiquement :



« Ô terre décadente

Refuge de fourmis qui se gonflent de morgue

Sous le pied de la mort
On a déjà fixé notre sort. »



Il me semble bien que lui aussi, à sa manière, avec ses mots, tisse le linceul de ce vieux monde décadent, suicidaire, à l'orgueil hypertrophié et cacochyme (heureusement!).



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.




Des pinceaux, des couleurs

Et une énorme toile blanche

J'y peins le cosmos et deux planètes presque égales,

L'imagination ne me manque pas

 

La terre sera la première

L'autre est égale et différente

Son nom n'est pas important il suffit de dire que ses gens

Sont sans angoisse dans leur tête

 

Tout y est libre :

L'eau l'air et les habitants

Font une nation, une famille de frères

Et sont toujours souriants.

 

La science n'y invente pas

Des machines de mort

De la couleur du soleil, tu le vois,

Le drapeau de la paix qui flotte haut et fort

 

Là-haut, les femmes sont encore

Même à cent ans, de jeunes mères

Et, dans les jardins d'or, les vieux vigoureux

En toute quiétude ferment les yeux.

 

Le ciel est sans nuages

La joie a là sa source

Et les hommes astronautes des espaces

Sont amis des animaux et des plantes.

 

Planète distante

De mille années-lumière

De mille années d'amour, de bonté, de tendresse,

De milliards d'années de paix

 

Personne là-haut n'a jamais vu

Une larme éclore

Pourtant, il en est une transformée en diamant

Dans le musée à visiter

 

D'un grand balcon les enfants

Vont regarder notre terre

Ils savent notre histoire, notre soif d'or et de pouvoir,

Notre extermination par la guerre

 

Ô terre décadente

Refuge de fourmis qui se gonflent de morgue

Sous le pied de la mort

On a déjà fixé notre sort

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Published by Marco Valdo M.I.
7 mai 2012 1 07 /05 /mai /2012 16:02

LOIN

Version française – LOIN – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Lontano – Poor Man Style – 2011







Je viens en étranger, je suis clandestin

J'abandonne ma terre pour chercher fortune ici

Je ne refuse pas certain travail en noir mais honnête

Je reste à la marge de ta société

Qui a vécu cela dans sa propre peau sait

Qu'il n'y a pas de problème de moralité

Mais la moralité va se faire foutre

Si le premier problème est la peau et sa couleur

Ici, il y n'a pas de méritocratie

Ici, c'est une dictature camouflée en démocratie

J'ai l'énergie avec laquelle je soutiens ma famille partout

Soit au Maroc, au Sénégal, en Albanie, en Roumanie

D'abord, il faut un monde global

Sans frontières ou classe sociale

Mais si après, on en fait une question raciale

Il me semble que le problème est grave

C'est élémentaire

L'immigration est née avec l'humanité

Et avec les années, se développe et se répète

Mais ici, je subis les abus de la police

Même quand je fais la queue pour un bout de papier en attente

Qui sait, pour demain peut-être ou après-demain

Mais ma famille n'attend pas, elle a faim

Maintenant je reste clandestin

Par force, clandestin

Il en sera ainsi, c'est écrit dans ma destinée.

 

Je veux plus d'Italiens à la peau noire et comme Ministre Nelson Mandela

Je laisse tout, je m'échappe et je pars d'ici

Je pars loin et je cherche fortune

Je ne sais pas encore où

J'abandonne tout : ma terre, ma famille, mon identité

Je vais loin

Le paradis est au-delà de la mer.

 

Et je ne crois pas

Qu'il soit facile de tout laisser et de se retrouver seuls dans un monde différent

Je pense seulement

Que moi aussi, sans doute, à leur place, j'aurai fait pareil

Mais ce doit être parce que

J'ai toujours eu comme seul exemple mes parents

Et qu'ils se souviennent que

Lorsqu'ils sont arrivés ici les gens

Faisaient la moue et les traitaient de culs-terreux.

Il y a celui qui prend ce qu'il a et s'en va il ne sait où

Mais a besoin de sa liberté

Il y a celui qui n'a rien

Et fuit par nécessité

Et n'a pas d'autres possibilités

Mais tente sa chance

Et se retrouve au-delà de cette frontière

Où à un début correspond aussi une fin

Comment tout ceci finira, il ne le sait pas encore.

 

Mais prends ton courage

Boucle ta valise et va-t-en.

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Published by Marco Valdo M.I.
5 mai 2012 6 05 /05 /mai /2012 14:34

L'AN 2000

 

Version française – L'AN 2000 – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Il 2000 – Ugolino – 1971

 



De mon côté, je pense déjà à l'an 3000, quand je pourrai finalement jouir de la pension tant convoitée...

 

Mort au travail ! Oui, mais surtout à ceux qui nous contraignent à travailler !

 

+++++

 

Ah, mon ami Lucien l'âne, l'an 2000... Qu'est-ce qu'il a pu faire rêver... et tirer des plans sur la comète... En 2000 ceci, en 2000, cela... Des bugs, des bigs, des begs, des bogs, des bings, des bongs et des bangs !

 

Je sais, je sais... C'était déjà pareil en l'An Mil et en l'An Zéro, itou et même, en l'An Mil avant zéro et en l'An – 2000.... Toujours les mêmes couillonnades et toujours, la même Guerre de Cent Mille Ans que les riches faisaient déjà aux pauvres afin de déjà les exploiter, déjà les écraser sous leur domination, déjà étendre leurs domaines, déjà multiplier leurs richesses, déjà les obliger à travailler, déjà vouloir du profit, encore du profit, toujours du profit... Déjà le même infantilisme attardé... Ah, Marco Valdo M.I., quand donc viendra l'Âge d'Homme, où dépouillé de tous les oripeaux de la richesse, débarrassé du sale virus de l'avidité, l'être bipède vivra enfin comme un être humain...

 

Mais, Lucien l'âne mon ami, il ne faut pas tirer parti de cette longue traversée du désert de l'avidité pour se désespérer. La seule réponse est d'encore et toujours, tels les Canuts, tel Valdo lui-même, faire l'éloge de la pauvreté, dire que la richesse elle-même est le mal qui nous ronge, redire que cette société des riches est à détruire (Delenda est ! - à force, on aura l'air de vieux Catons ! Et verra-t-on advenir la chute de l'empire...), et tisser tranquillement le linceul de ce vieux monde trop gras, obèse, dégoulinant d'argent, asthmatique, glaireux et cacochyme (heureusement).

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Une chance que je ne sois pas un type trop pessimiste

Sinon je ne saurais pas où donner de la tête

Un sac de pensées, les heures de travail

Et maintenant il ne manquait plus que l'amour.


Une chance que je sois quelqu'un qui aime le risque et l'aventure

Sinon le doute me viendrait que la vie est dure

Il me faudra trente ans pour faire ma place

Mais en 2000, je serai à mon aise.

 

2000, 2000 sera une année exceptionnelle

Plus personne ne se trouvera mal en 2000, en 2000,

Quelle belle année ce sera 2000, 2000

On sera tous bien en 2000, en 2000,

Si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive !

 

En 1999, je le sais

Je pourrai m'acheter toutes les choses que je voudrai

Dans quel luxe je vivrai, quel confort il y aura

Je vivrai comme peut vivre un pacha

 

Celui qui ne me croit pas, plus tard s'en apercevra

Trente ans, c'est long à passer, n'est-ce pas ?

Mais s'il me rencontre, quel changement, il constatera

Je sais déjà qu'il ne me reconnaîtra pas.

 

2000, 2000 sera une année exceptionnelle

Plus personne ne se trouvera mal en 2000, en 2000,

Quelle belle année ce sera 2000, 2000

On sera tous bien en 2000, en 2000,

Si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive !

 

Il est vrai que je connais quelqu'un de mon âge

Les choses dont je rêve, lui les a déjà

Il me plairait aussi oui, de les avoir déjà

Il me faudra seulement un peu de patience.

 

2000, 2000 sera une année exceptionnelle

Plus personne ne se trouvera mal en 2000, en 2000,

Quelle belle année ce sera 2000, 2000

On sera tous bien en 2000, en 2000,

Si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive, si on y arrive !

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4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 22:40

Carmen et la Lune

 

Canzone française – Carmen et la Lune – Marco Valdo M.I. – 2012

Histoires d'Allemagne 68

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

 

 

Voici donc, mon ami Lucien l'âne, une nouvelle Histoire d'Allemagne, celle de l'année 1969. Et voici, une nouvelle narratrice, elle s'appelle Carmen et cette année-là, elle fréquentait du haut de ses deux ou trois ans la crèche des étudiantes mères célibataires de Bochum. Par parenthèse, le combat pour des crèches est toujours d'actualité... et en Allemagne, plus encore depuis la disparition de la République Démocratique... Et afin que nul n'en ignore, cette très jeune personne se présente dès le début de la canzone : « Moi, Carmen l'indomptable... »

 

Ça promet, dit Lucien l'âne secoué par un rire quelque peu explosif. Elle ne manque pas d'air, si tu veux mon avis.

 

Cette Carmen est une personne fort pétillante et assez fière d'elle-même. Et elle ne manque pas d'air... Tu ne pouvais mieux dire. En effet, elle n'hésite pas un instant à s'assimiler à la célèbre Carmen de Bizet


 

 

dont elle nous chante sans atermoiement les deux airs les plus connus. C'est sa carte de visite en quelque sorte.

Elle raconte la crèche de son enfance et les événements qu'une enfant a pu retenir de ces temps lointains. Je te les résume : la mort de Jan Palach, les deux astronautes sur la Lune, l'élection de Willy Brandt comme chancelier et les péripéties de la vie dans son monde de la crèche... Ces péripéties d'enfants montrent d'ailleurs la différence d'approche entre les « prolos » et les étudiants. Question cruciale à cette époque où les étudiants, du moins, une partie d'entre eux, tentaient de se fondre dans le monde ouvrier...

 

À mon sens d'âne, elle le reste. Il va de soi que cela ne peut concerner qu'une frange des étudiants et par extension, la frange des ex-étudiants, diplômés ou non, devenus « manœuvres intellectuels » – autrement dit, ceux qui ne renient pas leur révolte et sont rétifs aux sirènes des riches. Ceux qui gardent en leur tête et en leur cœur notre sentence : Ora e sempre : Resistenza ! Ce sont ceux-là qui ont choisi le camp des pauvres dans la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'accroître leur puissance, de multiplier leurs profits, d'étendre leurs propriétés, d'imposer le travail obligatoire, de voler la vie des pauvres. Je ne sais trop combien ils sont, mais ils ont tout du tisserand, du canut qui tisse jour après jour, comme nous entendons le faire, le linceul de ce vieux monde ennuyeux, plein de vide, insupportable, chaotique et cacochyme (heureusement).

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Je te le dis, moi, Carmen l'indomptable

L'époque est folle et tout est difficile

Sans mentir, le monde est vraiment insupportable

Dis-donc Carmen de quoi s'agit-il ?

 

Je suis Carmen, née dans la Rhur

Je suis Carmen et je connais l'amour.

Et quand on parle de Carmen

On entend toujours cette rengaine :

« L'amour est enfant de Bohême,

Il n'a jamais, jamais connu de loi,

Si tu ne m'aimes pas, je t'aime,

Si je t'aime, prends garde à toi ! »

Ou encore

« Toréador, en garde!

Toréador! Toréador!

Et songe bien, oui, songe en combattant

Qu'un œil noir te regarde

Et que l'amour t'attend,

Toréador, l'amour, l'amour t'attend ! »

 

En 1969, dit Carmen, hélas...

L'année avait mal commencé

À Prague, sur la place Wenceslas

Jan Palach par le feu s'était immolé

 

J'étais encore à la crèche des étudiantes

Une vraie crèche de la fin des années soixante

Autogestion, assemblées , ça discutait

Maman n'était pas étudiante, elle nettoyait

 

À Bochum, notre crèche dans des bureaux

Finalement, c'était plutôt rigolo

Au début, y avait les enfants d'étudiantes célibataires

Et plus tard, sont venus les enfants de prolétaires

 

Nous les prolos, on a foutu le bordel, à peine arrivés

Avec leurs méthodes, ils n'arrivaient pas à nous calmer

Nous les mômes, on voulait tout et rien partager

Les poupées, les jouets, on voulait tout garder.

 

À l'été, moi et les autres, scotchés à la télé

On zyeutait les hommes sur la Lune

Avec leurs étranges costumes

Et leur drôle de drapeau étoilé.

 

On a dessiné tout ça : par terre, sur les murs

Après, ma mère a tout nettoyé...

Et puis, aux élections, c'est sûr

C'est son Willy qui a gagné

 

Croyez-moi ou ne me croyez pas

Après tant de temps, j'en rêve encore moi

De la crèche des étudiantes

De la fin des années soixante.

 

Je suis Carmen, née dans la Rhur

Je suis Carmen et j'ai connu l'amour.

Et quand on parle de Carmen

On entend toujours cette rengaine :

« L'amour est enfant de Bohême,

Il n'a jamais, jamais connu de loi,

Si tu ne m'aimes pas, je t'aime,

Si je t'aime, prends garde à toi ! »

Ou encore

« Toréador, en garde!

Toréador! Toréador!

Et songe bien, oui, songe en combattant

Qu'un œil noir te regarde

Et que l'amour t'attend,

Toréador, l'amour, l'amour t'attend ! »

 

Dis-donc Carmen de quoi s'agit-il ?

L'époque est folle et tout est difficile

Sans mentir, ce monde est vraiment insupportable

Je te le dis, moi, Carmen l'indomptable.

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