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15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 23:27

Le Poseur de Rails

 

Chanson française – Le Poseur de rails – René-Louis Lafforgue – 1956

 

 

Je suis un poseur de rails

Comme l'était mon père.

 

 

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, j'avais inséré l'autre jour une chanson de René-Louis Lafforgue, chanteur libertaire, surtout connu pour ses chansons gouailleuses et dansantes. Cette chanson – Les Enfants d'Auschwitz  – reflétait cependant l'autre versant de René-Louis, celui d'un fils de réfugiés espagnols, venus d'Euzkadi (qu'on nomme souvent par ici, le Pays Basque), fuyant la dictature franquiste et les massacres qu'elle perpétra avec l'appui armé (Guernica est en Euzkadi) des fascistes italiens et des nazis allemands. Derrière le chanteur de musette, on découvrait un artiste militant anarchiste – comme Maurice Fanon, Henri Tachan, Léo Ferré, Georges Brassens...

 

 

Je m'en souviens très bien de cette chanson assez bouleversante et qui mérite bien sa place près de celle de Guccini, par exemple. Et celle d'aujourd'hui, de quoi elle parle ?

 

 

Je la qualifierais volontiers de chanson de travail et même, aussi, de chanson d'émigration, de chanson du rail… Elle pourrait très bien se trouver auprès du Train du Nord de Félix Leclerc ou des Routiers d'Yves Montand. En fait, c'est un de ces poseurs de rails, fils de poseur de rails, la reproduction sociale, tu connais ça… Maintenant, elle se pratique le plus souvent entre chômeurs. Cette chanson raconte une histoire… C'est tout, rien de plus qu'une vie. Le Poseur de rails, en fait, ne le dit pas, mais il évoque combien le développement du réseau ferré a tué d'hommes – par centaines de milliers… pour le plus grand profit d'anonymes actionnaires. L'extension du rail, c'est un des épisodes terribles de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour étendre leur domination, accroître leurs richesses…

Par exemple, dit Lucien l'âne, je me souviens des massacres des Indiens lors de la construction du chemin de fer aux Zétazunis :

« Mais dans la vallée de la Platte, l'Union Pacific est confronté aux Sioux et aux Cheyennes. La situation s'aggrave lorsque la ligne pénètre dans l'ouest du Nebraska et le sud-est du Wyoming, grands territoires de chasse des indiens. Ils attaquent peu les trains mais s'en prennent essentiellement aux lignes télégraphiques, et aux équipes isolées de topographes, de constructeurs de ponts et autres débiteurs de traverses. Le massacre des bisons unifia Sioux, Cheyennes et Arapahos contre les hommes du chemin de fer. À partir de fin 1866, ils incendient les dépôts de ravitaillement, scalpent les arpenteurs et massacrent les soldats. En 1867, Dodge et ses 800 éclaireurs Pawnees se lancent dans une guerre d'extermination des Sioux et des Cheyennes. En 1868, 5000 soldats patrouillent autour du chantier. » [http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_des_chemins_de_fer_am%C3%A9ricains#Les_.C3.A9preuves_et_dangers]

 

 

 

On peut aussi évoquer les dizaines de milliers de morts du chemin de fer de la mort qui franchit la rivière Kwai :

« La ligne Siam-Birmanie, aussi appelée voie ferrée de la mort, est un chemin de fer de 415 kilomètres entre Bangkok et Rangoun construit par l'Empire du japon (Ah, les ambitions, les idées de grandeur, les Empires, les Imperi, les Reichs et toutes ces sortes de choses !!!) pendant la Seconde Guerre mondiale pour consolider la sphère de coprospérité de la grande Asie orientale. C'est sur son tracé que le pont de la rivière Kwaï a été construit.

Environ 180 000 civils autochtones et 60 000 prisonniers de guerre ont travaillé à la construction du chemin de fer. De ce nombre, environ 90 000 civils et 16 000 prisonniers de guerre sont morts lors des travaux. »

D'ailleurs, le principe général est que le chemin de fer doit se faire – envers et contre tous. Ces épisodes de la Guerre de Cent Mille Ans continuent dans le Valsusa, par exemple ; une vallée en Italie occupée militairement pour imposer aux gens les bienfaits de la civilisation et de l'exploitation financière des espaces naturels. Et puis, il y a qu'elle réserve cette chanson une fameuse surprise …

 

 

Une surprise ? Quel genre de surprise peut bien réserver une chanson ?, dit Lucien l'âne tout subitement redressé des oreilles à la queue.

 

 

Eh bien, libertaire, René-Louis Lafforgue l'était au fond de l'âme et il avait un ami, dont il fit un temps les premières parties de récital, et cet ami est un autre libertaire venu du Sud-Ouest de la France, le guitariste Georges Brassens. La surprise est que l'accompagnateur de René-Louis Lafforgue est tout simplement Brassens lui-même. Je ne connais pas d'autres exemples de pareille prestation de Tonton Georges…

 

 

Oufti, ça vaut la peine de regarder la vidéo… Pour le reste, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde maillé de fer, ferré de rails, enserré dans un filet d'acier et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Je suis un poseur de rails
Comme l'était mon père.
Je me suis mis au travail
Quand la mort lui dit "Vieux frère"
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop


J'ai hérité du chemin

Que mon bonhomme de père
Avait suivi comme un chien
Jusqu'à son heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Au boulot vaille que vaille,
On creuse, on pioche et l'on taille,
Par les champs et la rocaille,
L'immense route du rail.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

On construit un éventail
Qui, par Rome ou par Nanterre,
Grandit comme la semaille
Sur tous les coins de la Terre.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Dès que paraît le matin
Les sirènes nous rappellent.
On oublie le mal de reins,
On n'est pas des demoiselles.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Chaque jour, maille après maille,
Grandit le chemin du rail.
Attachés à la ferraille,
En chœur tout le monde gouaille.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Je vais le long du chemin
La musette en bandoulière.
Je repars toujours plus loin
Jusqu'à mon heure dernière.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

Quand trop vieux pour le turbin,
Je ne pourrai plus rien faire,
En voyant passer les trains,
J
e viderai quand même quelques verres.
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop
Re-hop, re-hop

 

Le Poseur de Rails
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Published by Marco Valdo M.I.
15 décembre 2014 1 15 /12 /décembre /2014 22:07

 

Les Enfants d'Auschwitz

 

Chanson française – Les Enfants d'Auschwitz - René-Louis Lafforgue - 1966

 

 

 

 

René-Louis Lafforgue

(1928-1967) - Auteur, Compositeur, Interprète

 

Né à Donostia – Saint Sébastien (Euzkadi). À la fin de la Guerre Civile espagnole ses parents doivent se réfugier en France. Auteur et chanteur libertaire, au début des années 1950 il interprète ses compositions dans les cabarets.

En 1956, il se fait connaître du grand public avec "Le Poseur de rails", et surtout avec "Julie la rousse", chanson pour laquelle il obtient le Grand Prix du Disque. Il poursuit dans cette veine, sans trouver le même écho auprès du public avec ses titres suivant : "Ça c'est chouette" (1958), "Grand Manitou" (1961), "L’École buissonnière" (1963), "Les Enfants d'Auschwitz" (1966).

Il ouvre un cabaret rue de l'Arbalète à Paris, L’École Buissonnière, du nom d'une de ses chansons. Sa femme continue un temps de le diriger après sa disparition dans un accident de voiture.

 

 

Quand le matin mon fils, mon gars,

Je te vois haut comme trois pommes

Me tendre les bras, mon bonhomme,

En riant pour rien aux éclats.

En te voyant mon gars, mon fils,

Je revois les enfants d'Auschwitz.

 

Toi mon garçon, sang de mon sang,

Chaque instant, chaque heure qui sonne,

Tu en uses mieux que personne

En mille et un jeux innocents.

Lorsque tu joues mon gars, mon fils,

Je repense aux enfants d'Auschwitz.

 

Pierrot gourmand, cuiller en main,

Croisant un pot de confiture,

Tête à tête avec l'aventure

Tu n'attends jamais à demain.

Quand tu manges mon gars, mon fils,

Je pleure les enfants d'Auschwitz.

 

Capitaine, si ton bateau

Fait naufrage dans la baignoire,

Ce n'est jamais la mer à boire

Je mets toujours le nez dans l'eau.

En te lavant mon gars, mon fils,

Je lave les enfants d'Auschwitz.

 

Marchand de sable quand tu dors,

Le rêve est toujours au bout de ton pouce ;

La Grande Ourse sur ta frimousse

Tisse pour toi la Toison d'Or.

En te berçant mon gars, mon fils,

Je berce les enfants d'Auschwitz.

 

Un million trois cent mille morts,

Cent soixante heures sur le qui-vive.

J'ai parfois le cœur qui s'enjuive

Quand j'entends ce confiteor.

En toi mon gars, par toi mon fils,

J'embrasse les enfants d'Auschwitz.

 

 

 

 

 
 
 Les Enfants d'Auschwitz
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Published by Marco Valdo M.I.
14 décembre 2014 7 14 /12 /décembre /2014 18:43

HÉROS !


Version française – HÉROS ! – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande - Helden!  – Erich Kästner – 1928

 

 

 Et merci pour la cédille…

 

 

 

 

 

 

Héros ! L'histoire humaine ne manque pas de héros, dit Marco Valdo M.I. et Lucien l'âne mon ami, ne va pas confondre ce mot plein d'orgueil et de sonnerie (comme disait Boby Lapointe : pour une belle sonnerie, c'est une belle sonnerie ! [[http://www.youtube.com/watch?v=aJksApHi9bU]] Et merci pour la cédille…) avec ce gentil dieu grec qui titille les êtres en toutes saisons.

 

Je ne peux mal de le faire, dit Lucien l'âne en se gondolant. Vu d'où et de quand je viens et partout par où je suis passé à la recherche des roses, Éros n'a pour moi plus aucun secret. Cela dit, des héros, j'en ai vu des cent et des mille, à toutes les époques, un peu partout et tous finalement, assez cadavériques.

 

 

En général, c'est le cas ! Et, je dirais même pour les héros, c'est la meilleure des positions. Être mort est un avantage : on les honore, on les décore ; puis, on ne sait plus quoi faire. Alors, être un héros vivant… C'est encombrant. En résumé, des héros, on a toujours trop.

 

 

Héros, ah, qui dira les torts des héros et leur fâcheuse propension à mourir vivants. Nous, nos vie et nos mœurs n'avons rien d'héroïque ; nous n'avons même pas le désir et l'espoir de le devenir dans cette Guerre de Cent Mille Ans[[7951] que les riches font aux hommes depuis tant et tant de temps… Notre seule ambition, c'est de faire ce que notre conscience et notre cœur nous commandent... Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons en douce notre tâche discrète et peu vantée et tissons d'une humeur égale et joyeuse le suaire de ce vieux monde héroïque, militaire, guerrier et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 


C'est un mot qui impose.
Celui qui l'entend se redresse 

Tellement il est énorme ;
Il retentit si fort, si magnifique :
Héros !


Il parle de danger, d'agonies
De marches jour et nuit éprouvantes
Il évoque aussi les morts sanglantes,
Les batailles et les stratagèmes ennemis :
Héros ! 


Et tous ceux qui reposent là morts,
Profondément sous la terre ou la mer,
Ont gagné des médailles d'argent et d'or
Et la plus belle nécrologie militaire :
Héros ! 

 

 
HÉROS !
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Published by Marco Valdo M.I.
11 décembre 2014 4 11 /12 /décembre /2014 20:47

CLASSE 1899

Version française – CLASSE 1899 – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande - Jahrgang 1899 - Erich Kästner – 1928

 

 

 

 

Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,

Comme chairs à canon.

 

 

 

 

Donc, Lucien l'âne mon ami, quand j'indique, comme ici, « version française », il faut comprendre très exactement : « Ceci n'est pas une traduction ». Ce qui a l'avantage de ne pas tromper les gens sur ce qu'ils peuvent lire.

 

 

De toute façon, dit Lucien l'âne en riant de toutes ses dents, il suffit d'aller voir ce que font les traducteurs patentés pour comprendre combien tu as raison de désigner ainsi ton travail.

 

 

Cela dit, j'en viens à cette histoire d'Erich Kästner qui est remarquable en ce qu'elle exprime le destin de toute une génération : celle dont la vie a commencé la dernière année du siècle précédent, celle qui vivra son adolescence dans la guerre 14-18 et passera finalement du banc de l'école au casse-pipe ; c'était aussi celle d'Erich Maria Remarque (né en juin 1898). Une génération entière qui est passée du catéchisme aux joies du sexe… De la confirmation aux multiples éjaculations. Ainsi, j'y ai retrouvé ce mot quasiment disparu du vocabulaire de notre époque et certainement de la majorité écrasante de nos contemporains, le mot « confirmand » qui désigne chez les catholiques et les protestants les gens qui reçoivent la confirmation de leur engagement religieux ; il s'agit d'une cérémonie qui se fait à l'adolescence. C'est le début de l'histoire. La fin est tout aussi étonnante. Quand je dis que cette canzone, publiée en 1928, exprime le destin de ces hommes, elle le fait aussi pour le futur et combien :

« Les vieux disent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !».

 

 

En somme, dit Lucien l'âne , mon ami Marco Valdo M.I., tu es en train de me dire que Kästner prophétisait que 14-18 engendrerait 39-45.

 

 

C'est bien l'impression que l'on a avec le recul. Qui sème le vent, récolte la tempête, dirait-on presque. Je t'ai déjà parlé de cet effet second de l'art poétique, de tisser les trames invisibles du futur. Cependant, je ne pense pas un seul instant qu'Erich Kästner fût devin, ni qu'il imaginait ce qui allait suivre, même s'il savait à quoi s'en tenir avec cette bande de crapules nazies. Pour le reste, tout est dit par la chanson. Il y a seulement ces étranges flocons de pommes de terre qui se mettent à neiger. Tout s'explique par le fait que d'un côté, il y avait ces années-là un excédent de patates et de l'autre, simultanément, on assistait à un manque de céréales… Alors, il a fallu sécher les pommes de terre – ce sont ainsi que sont fait les flocons : par séchage – pour que la fécule ne pourrisse pas et combler la pénurie des céréales en mêlant les flocons de patates aux farines pour faire le pain – mieux connu sous le nom de K-Brot (pain de guerre)… qui manifestement a laissé de mauvais souvenirs. Et puis, il y a ce « craché par terre » qui est un geste de conjuration de la jettatura...

 

 

Chez les ânes aussi, on crache par terre pour conjurer et même, pour jurer. Le mieux est donc à présent de regarder ce texte et puis, de reprendre notre tâche et nous remettre à tisser le linceul de ce vieux monde polysémique, polémophère, polymorphe, politiquement bancal et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Nous avons couché avec les femmes,
Tandis que les hommes étaient en France.
Nous nous sommes pris pour des amants ;
Nous étions à peine des confirmands.


Ensuite, on nous prit pour faire des militaires,
Comme chairs à canon.
À l'école, les bancs se vidèrent,
Les mères pleuraient à la maison.

 

Ensuite, il y eut un peu de révolution
La pomme de terre neigea en flocons ;
Puis, les femmes revinrent,
Et vinrent les gonocoques.

 

Entre-temps, les vieux ont été ruinés,
Il nous resta la nuit pour étudier ;
Le jour, nous étions employés 
Et nous comptions les billets.

 

Alors, elle a presque eu un enfant
De toi ou de moi – on ne sait !
Un de nos amis l'a cureté.
Et bientôt nous aurons trente ans.


Nous avons passé nos examens finalement
Et nous avons déjà tout oublié.
Nous sommes seuls jour et nuit maintenant
Et nous n'avons juste rien à manger !


Nous avons vu le monde en face,
Au lieu de jouer avec des poupées.
Nous avons craché par terre,
Pour ne pas tomber devant Ypres.


Notre corps et notre esprit progressivement
Se sont durcis et renforcés.
On nous avait trop longtemps, trop tôt et trop intensément
Dans l'histoire mondiale projetés!


Les vieux dirent, il serait temps
Pour vous de semer et de récolter maintenant.
Nous, nous serons bientôt prêts. Encore un moment.
Encore un moment. On a presque fini !
Puis, nous vous montrerons, ce que nous avons appris !

 

 
CLASSE 1899
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Published by Marco Valdo M.I.
10 décembre 2014 3 10 /12 /décembre /2014 21:52

CHANT DE NOËL,

 

CHIMIQUEMENT NETTOYÉ

 

Version française – CHANT DE NOËL, CHIMIQUEMENT NETTOYÉ – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Weihnachtslied, chemisch gereinigt – Erich Kästner – 1928

 

 

Le Père Noël vient demain.

Mais seulement chez les voisins.

 

La canzone de Kästner est un antichant de Noël, parodie du «  chant de Noël pour enfants » traditionnel «  Morgen, Kinder, wird’s was geben! »(« Demain, enfant, on donne quelque chose ! ») ; Kästner dit : « Morgen, Kinder, wird's nichts geben! » (« Demain, enfant, on ne donne rien ! ») . Le texte de« Weihnachtslied für Kinder » est de Philipp von Bartsch (1795)  et la lodie de Gottlieb Hering (1809)Le premier vers de ce chant classique, que connaissent tous les enfants à qui on le serine, dit textuellement : « Morgen, Kinder, wird’s was geben! » - « Demain, enfant, on donne quelque chose ». Bref, c'est le jour des cadeaux au pied du sapin vert… Sur le souvenir de quoi se construit une vision nostalgique de cette fête ; nostalgie qui crée cette ambiance sirupeuse qui caractérise cette période de décembre. Au fait, tout va bien (du moins sur le moment…) quand on peut le faire, quand on peut jouer à faire des cadeaux aux enfants.

 

 

Pourquoi cette restriction, demande Lucien l'âne un peu estomaqué. Pourquoi ce « du moins sur le moment » ?

 

 

Tout simplement ceci, qu'on ne mesure pas les ravages que peut créer pareille coutume à terme dans une population très largement infantile ; il suffit de songer au formidable hochet que constitue le cadeau : cadeaux d'affaires, cadeaux fiscaux, corruption, goût des jouets – type grosse bagnole, gadget dernier cri, mode… Transformation de la femme (ou de l'homme) en jouet érotique, réification du monde et mercantilisation … C'est Noël tous les jours pour certains… ou à tout le moins, le désir… La glorification de la société capricieuse.

 

 

Je vois, dit Lucien l'âne en hochant la tête. Mais quand même, pourquoi Erich Kästner éa-t-il écrit un tel « Noël chimiquement nettoyé »…

 

 

Ça tient à son histoire personnelle. Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, dans son enfance et toute sa jeunesse, Erich Kästner a vu trimer sa mère… Ida Amalia Kästner, sa mère, travaillait pour son fils les nuits entières. Le jeune Erich sut très tôt, qu'il n'a une enfance et une jeunesse (des études...) que grâce à la quantité de travail inhumaine que sa mère s'imposait pour lui. La reconnaissance pour sa mère le marquera pour sa vie entière. Alors, il va présenter aux (autres) enfants la vérité sur Noël et pour cela, il va « nettoyer chimiquement » le chant traditionnel et en faire une parodie décapante et instructive. Un chant de lumière, une chanson de lucidité.

Aux enfants de pauvres, aux enfants de chômeurs, de mutilés de guerre, de sans-logis, d'ouvriers et d'employés sous-payés, il adresse ce chant qui commence par : « Demain, les enfants, vous n'aurez rien ! ». Il s'agit de briser l'illusion, le tour de passe-passe social. C'est Noël au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, y compris aux enfants de pauvres.

 

Oui, mais je me demande, dit Lucien l'âne en dressant ses oreilles en points d'interrogation et sa queue en point d'exclamation… Je me demande si une telle chanson a des chances d'être entendue...

 

 

Oh, Lucien l'âne mon ami, tu poses là une question fort pertinente et qui concerne toutes les chansons du monde. Mais pour celle-ci, j'ai une réponse très étonnante et encourageante. Je te cite une maman allemande de nos jours parlant de Noël et de la chanson de Kästner :

 

« Nous n'avons pas d'argent pour cela, vous le savez bien quand même !  », je devais dire au moins une fois cette phrase CHAQUE JOUR à mes trois enfants. (Et encore pour moi c'est comme une pointe dans le coeur : Je pourrais hurler de désespoir - laisser course libre à mes larmes, quand il n'y a personne !) 
Au début mes enfants me demandaient toujours à nouveau : « Pourquoi pas ? » 
L'année dernière, à Noël, Erich Kästner a donné à mes enfants la réponse à leur question.

Mes enfants sont depuis lors devenu calmes - - - peut-être : réveillés. 
La plus jeune a 10 ans. Mais je crois, elle a compris. »

 

 

En effet, c'est une réponse à ma question et elle me fait augurer que d’autres chansons ne sont pas si insignifiantes qu'on pourrait le penser. Du moins quand elles disent quelque chose et à ce propos, que ce CHANT DE NOËL, CHIMIQUEMENT NETTOYÉ ?

 

 

En somme, dit la chanson, Noël, c'est pour les riches ! Vous les pauvres, les enfants pauvres, vous pouvez regarder, mais pas toucher. Bien sûr qu'il y a des cadeaux et en masse, vous pouvez les voir dans les vitrines, et ces cadeaux, ces jouets, ces friandises, ces jolies choses – comme dans la vie des adultes – iront dans les maisons de ce qui en ont, dans les maisons des possédants. Ceux qui n'ont rien au départ, n'auront rien à l'arrivée de Noël, comme dans la vie de tous les jours. Ils pourront toujours aller dans les rues écouter sonner les cloches…

 

 

Et, ajoute Lucien l'âne en râpant le sol d'un de ses petits sabots noirs, sans qu'on sache exactement lequel, je pense qu'Erich Kästner a raison de démystifier la Sainte Nuit, ce grand office de la réconciliation sociale, « Paix sur la Terre, etc. », « Mes bien chers frères et autres fadaises…. ». C'est véritablement un attrape-chrétiens...

 

 

Et chaque année, ça recommence… et c'est efficace. On est en présence d'un véritable escroquerie. Car, Noël veut tout simplement dire nouveau et nouveau quoi ? Eh bien, nouvel an, pardi ! Et pourquoi ou comment en est-on venu à cette fête de l'an nouveau ; car c'est le solstice d'hiver… Et cette fête du solstice d'hiver, ce sapin vert qui fêtaient le tournant de l'année et le moment où les jours vont s'allonger, le moment où le temps bascule, où l'on peut à nouveau voir venir (lentement, mais sûrement) le printemps, ont été littéralement volés par le christianisme aux fins de propagande… Pareil pour la crèche et son nouveau-né, lequel n'est à nouveau autre que l'an nouveau, que l'enfant de la Terre et du Soleil qui va grandir dans sa lumière, n'est autre que le jour qui va croître jusqu'au solstice d'été. Et là vraiment, on comprend le sens de la fête… C'est celui du temps sans cesse recommencé, la vie qui bat… comme un gigantesque cœur.

 

 

Ainsi donc, à moi, Lucien l'âne, je trouve ce Noël social tout à fait à mon goût. Il me rappelle un autre chant qui revendiquait Noël comme fête du solstice, comme grande fête athée. Il me souvient aussi que tu en étais l'auteur… Oui, Oui, Noël est à nous !  et raison de plus pour reprendre notre tâche et tisser le suaire de ce vieux monde déiste, religieux, escroc, menteur et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Demain, les enfants, on ne donnera rien !
Seul celui qui a déjà, recevra un cadeau demain.
Votre mère vous a offert la vie.
Quand on y pense, ça suffit.
Votre temps aussi viendra. 
Demain n'est pas encore là.

 

Mais il ne faut pas être triste.
Les riches aiment les pauvres.
L'oie rôtie se lamente.
Les poupées, ce n'est pas moderne. 
Le Père Noël vient demain.
Mais seulement chez les voisins.

 

Allez donc dans les rues !
Là, on célèbre Noël.
Le christianisme, du haut de la tour sonnant
Rend les petits enfants intelligents.
Bien secouer la tête avant l'usage !
Ça marche aussi sans arbre de Noël.


Lampes Osram - Sapin Vert
Apprends à siffler ! Sois fier ! 
Arrache les planches,
Car dans le fourneau le bois manque !
Douce nuit et sainte nuit -
Ne pleure pas, si elle s'en va ! Au contraire : ris !

 

Demain, les enfants, il n'y aura rien ! 
Sauf de la patience pour qui n'a rien !
Demain, vous comprendrez Noël !
Dieu n'est pas seul coupable.
La bonté de Dieu est si grande…
Ah, le bon temps de Noël !

CHANT DE NOËL, CHIMIQUEMENT NETTOYÉ
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Published by Marco Valdo M.I.
9 décembre 2014 2 09 /12 /décembre /2014 19:44
BETTOGLI, 1911

 

Version française – BETTOGLI, 1911 – Marco Valdo M.I. – 2014
Chanson italienne – Bettogli, 1911 - Bededeum – 2008

 

 

 

 

 

Le texte du morceau est inspiré d'un fait réel : le 26 Juillet 1911, dans la marbrière, propriété des Comtes Lazzoni, dans la localité de Bettogli (près de Carrare), la montagne s'écroula tout à coup, en tuant dix mineurs, dont quelques-uns très jeunes.


C'est seulement un des multiples épisodes qui pourraient être racontés, dans l'interminable défilé de morts dans les carrières de Carrara ou dans n'importe quel autre lieu de travail…
La mélodie est un morceau traditionnel écossais « Clyde's bonnie banks », elle aussi inspirée d'un dramatique incident minier produit à Blantyre (près de Glasgow) le 22 Octobre 1877, où moururent plus de deux cents mineurs.


Ce morceau est dédié à tous les morts au travail, de tous les temps et de partout, et à la mémoire de ceux qui, comme Alberto Meschi, se sont battu généreusement pour que cette extermination cesse.

 

Alberto Meschi (1879-1958), anarchiste et syndicaliste italien, est un personnage remarquable à plus d'un égard et sa vie vaut la peine d'être contée. 
Maçon et autodidacte, dès sa jeunesse, il entre dans les organisations ouvrières de La Spezia. En 1905, il émigre en Argentine où il poursuit durant quatre ans son travail syndical ; puis, expulsé, il rentre en Italie et à partir de 1911, il dirige la Bourse du Travail de Carrare ; il prend la tête des luttes des carriers des Alpes apuanes et des travailleurs de la Versilia. Soldat lors de la 1ère Guerre Mondiale, il finit prisonnier dans les Carpates. À la fin du conflit, il revient chez lui et reprend vite sa place à Carrare, en entrant au Conseil général de l'Union syndicale italienne.


Après l'avènement du fascisme en mai 1922 , Meschi se réfugie en France. Il est un des fondateurs de la Concentration Antifasciste et de la Ligue italienne des droits de l'homme. Lors de la Guerre civile en Espagne, il rejoint la Colonne Rosselli, qui regroupe des Italiens antifascistes combattant aux côtés des républicains espagnols contre les franquistes, les fascistes et les nazis. À la chute de la République espagnoleil revient en France. Quelques années plus tard, comme Joseph Porcu [[8748]] et des milliers d'autres, il est arrêté par le gouvernement collaborateur de Pétain. À la fin de 1943 après une fuite rocambolesque, il revient clandestinement en Italie et, au lendemain de la Libération du 25 avril 1945, il est chargé par CLN (Comité de Libération Nationale) de diriger la Bourse du Travail de Carrarejusqu'en 1947. Puis, pendant environ 20 ans jusqu'à sa mort, il a continué à s'intéresser à la problématique de l'unité syndicale en développant aussi une activité éditoriale en se consacrant à la publication du « Cavatore » (Carrier), une feuille syndicale.


Par sa vie aventureuse et son travail de syndicaliste, il est devenu, pour les travailleurs du marbre , le personnage emblématique du syndicalisme « apuano ». Secrétaire de la Bourse du Travail de 1911 à l'immédiat après-guerre, avec la parenthèse du Ventennio fasciste, Meschi, homme au caractère certes tenace et rugueux mais aussi homme de médiation dans les longues négociations syndicales, sut cicatriser les déchirures internes entre les composantes socialistes, républicains et anarchiques et guider les travailleurs à des conquêtes syndicales et sociales qui restent exemplaires : comment ne pas se rappeler la réduction de l'horaire journalier de 12 heures à 6 heures 50 pour les travailleurs du marbre.

 

 


Carrare épiait en silence sa plainte, 
Le matin d'automne où je rencontrai

Ce visage de seize ans que la douleur égratignait ;
Chaque larme était un sillon qui jamais ne disparaîtrait

« Dis moi, je te prie, qui ou quoi t'a blessée… »
Surprise, elle leva les yeux, dénoua son cœur et parla :

« Vingt ans, la chaleur d'un baiser. Et un sourire…
Ainsi l'homme que j'aimais à la montagne monta….

Il avait les yeux couleur du bois qui domine la mer,
Le courage du faucon qui défie le soleil… »

Chaque muscle tendu à briser la pierre,
La roche plus blanche que la Lune offre…

Mille hommes accrochés au flanc de la montagne
Pour un gramme de pain que le patron nous donne…

Un instant à peine, suspendu dans le temps…
Le fracas de la montagne submerge les cris

Ensuite sur chaque corps, le vent pieux pose…

Comme un blanc linceul, la poussière blanche.

La corne sonne et les cœurs s'éteignent,
Et un fleuve de plaintes de la carrière monte…

Châles noirs, moites, avec l'angoisse dans les pieds ;
Sur les lèvres, ce nom tremble et demande pitié…

Dix flambeaux allumés sur la route des maisons ;
L'un est l'homme que j'aimais qui jamais plus ne reviendra

Rouge est la sueur qui lave la pierre,
Noir le destin qui ne laisse pas de trêve…

De celui mort en arrachant une bouchée à la vie,
Le visage et le nom, il vous faut vous souvenir.


STRENTA ANDREA 20 ANS, PASQUINI ANGELO 71 ANS, GARELLA GIUSEPPE 43 ANS, MAZZI LUIGI 32 ANS, GIROMINI ROMEO 30 ANS, MUSETTI GIOVANNI 35 ANNI, FRACASSI MASSIMO 47 ANS, VERDINI DOMENICO 31 ANS, BARBIERI CLEONTE 15 ANS, CUPINI GALLIANO 13 ANS

 

 
BETTOGLI, 1911
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8 décembre 2014 1 08 /12 /décembre /2014 22:17

LES LARMES DU PAYS

 

ANNO 1636

 

Version française – LES LARMES DU PAYS / ANNO 1636 – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Tränen des Vaterlandes / Anno 1636 – Andreas Gryphius – 1636

 

Texte d'Andreas Gryphius (1616-1664), poète et dramaturge allemand , Glogau, en Basse Silésie (aujourd'hui Głogów, Pologne).
Musique de Jacques-Louis Monod (1927-), pianiste, compositeur et de directeur d'orchestre 
franco-américain, dans son « Cantus contro Cantum IV » pour choeur mixte, sackbuts (du français « saqueboute », un ancien trombone à coulisse) et des trombones.

 

 

 

Comme disait leur commandant en chef, le très honorable Comte t'Serclaes de Tilly, excellent élève des Jésuites  : « Il faut bien que le soldat s'amuse... »

 

 

 


Un très beau et terrible sonnet qui en trois coups de pinceau décrit toute la mort et la destruction, extérieure et intérieure, causée par la terrible Guerre de Trente Ans qui déchiqueta l'Europe dans la première moitié du XVIIième siècle (de 1618 à 1648) et qui accompagna l'auteur de la plus tendre enfance jusqu'à l'âge adulte. 
À la fin du conflit, dans le seul Empire germanique la population s'était réduite de 3 
à 4 millions, avec une baisse démographique de 15 à 20 pour cent…

 

 

 

 

En quelque sorte, le sonnet décrit une « magdebourisation », terme rappelant le « sac de Magdebourg » par une armée catholique de 24000 hommes lesquels incendièrent, volèrent, violèrent, assassinèrent et massacrèrent 25000 des 30000 habitants de la villeComme disait leur commandant en chef, le très honorable Comte t'Serclaes de Tilly, excellent élève des Jésuites  : « Il faut bien que le soldat s'amuse... »

 

 

Il ferait très bien comme Reichsführer-SS, ce t'Serclaes…, dit Lucien l'âne en frémissant du bout des oreilles au bout de la queue.

 

 

Sans aucun doute. Donc, pour en revenir à ce que je voulais te dire, en établissant cette version des Larmes du pays, je me grattais le crâne en me disant que tout cela me disait bien quelque chose et que j'avais rencontré Gryphius en pleine conversation avec d'autres écrivains et artistes dans une auberge quelque part au milieu des troubles. Je tournais et je retournais la chose dans ma tête et cela m'est revenu. J'avais croisé Andreas Gryphius et d'autres écrivains et poètes de langue allemande de son époque dans un excellent roman de Günter Grass : Das Treffen in Telgte (1979), littéralement La Rencontre à Telgte, publié en français sous le titre : Une rencontre en Wesphalie (1981). Il fallait que ma mémoire arrive à mettre ces réminiscences en place… Et elle y est arrivée.

 

 

Décidément, Marco Valdo M.I. mon ami, tu as une mémoire presque aussi bonne qu'une mémoire d'âne. Car moi, de mon côté, je me souviens de Gryphius et d'autres de ce temps dont j'ai porté le corps et les livres sur mes petites pattes noires que tu vois ici. Par bonheur, j'avais pu quitter Magdebourg à temps… Je voyais les flammes d'assez loin pour ne pas m'y brûler le poil et y rôtir entier comme tant de gens. Je pense, mémoire d'âne, que cet épisode épouvantable de Magdebourg vaut bien la prise de Jérusalem par les Croisés ( le chroniqueur dit : « «A peine les nôtres eurent-ils occupé les murs et les tours de la ville, alors ils purent voir des choses terribles : certains, et c'était une chance pour eux, étaient décapités, d'autres tombaient des murs criblés de flèches ; beaucoup d'autres enfin brûlaient dans les flammes. A travers les rues et les places, on voyait des têtes amoncelées, des mains et des pieds coupés ; hommes et chevaux couraient parmi les cadavres. Mais cela n'était rien encore : parlons du Temple de Salomon, où les Sarrasins avaient l'habitude de célébrer leurs cérémonies religieuses. Que s'y était-il passé ? Si nous disions la vérité, nous ne serions pas crus : disons seulement que dans le Temple et dans le portique de Salomon, on avançait avec du sang jusqu'à la hauteur des genoux et des mors des chevaux. »), les massacres obstinés de la croisade contre les Albigeois (dont une part étaient des disciples de Valdo), et compte tenu des armes et de la taille des villes de ce temps, ce sac de Magdebourg vaut bien le bombardement de Dresde, ville ouverte et désarmée, qui fit environ 135.000 morts.

 

 

De cela aussi, j'ai un souvenir de lecture de Kurt Vonnegut où dans Abattoir 5, il en parle en témoin direct… et un des rares survivants. Donc cette chanson est tirée d'un sonnet de 1636 d'Andreas Gryphius qui devait en avoir, comme toute la population, vraiment marre de ces armées vagabondes. Cependant, Lucien l'âne mon ami, on ne saurait passer sous silence que cette Guerre de Trente Ans à peine finie, on en commença d'autres et d'autres encore. Comment expliquer cela ? On ne peut imputer cette frénésie assassine à Dieu, lequel selon le point de vue : soit n'existe pas ou s'il existe, s'en fout complètement des humains et de leurs querelles – ce sont les deux meilleures solutions pour les dieux ; soit un dieu est le premier moteur de ces tueries et c'est un sadique de première grandeur… Je pense qu'il vaut mieux finalement s'en tenir à la Guerre de Cent Mille Ans [[7951]] que les riches et les puissants font aux pauvres afin de maintenir, d'asseoir et de développer leurs pouvoir, domination, privilèges…

 

 

Alors, reprenons notre tâche qui ne prendra fin qu'avec cette foutue guerre et tissons le suaire de ce vieux monde saccageur, massacreur, incendiaire, assassin et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Nous sommes finalement dévastés complètement, entièrement !
Le peuple en foule déchaînée, les sacquebutes en délire 
Les épées gluantes de sang, les couleuvrines tonnant
Ont dévoré toute la sueur, le travail et les réserves.


Les tours se dressent dans les lueurs, l'église est anéantie.
Le Rahthaus gît en capilotade, les forts sont détruits. 
Les filles sont violées, et par tout le pays,
Le feu, la peste et la mort transpercent le cœur et l'esprit.

 

Ici, des fortifs et de la ville, le sang frais sans arrêt s'écoule.
Cela fait déjà trois fois six ans que le flux de notre fleuve,
Presque bouché par les cadavres, lentement se pousse.

 


Et je ne dis rien de ce qui est pis que la mort,
Plus terrible que la peste, le feu et la faim, encore,
Qu'à nombre de nous, même de l'âme fut dérobé le trésor 

LES LARMES DU PAYS  ANNO 1636
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7 décembre 2014 7 07 /12 /décembre /2014 22:41
LE GOÛT DE CONSOMMER

Version française – LE GOÛT DE CONSOMMER – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson espagnole - Consumo gusto – Ska-P – 2002

 

 

 

 

il suffit de regarder le ciel au-dessus de la ville et de voir toutes ces traînées blanches qui s'entrecroisent…

 

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, autour de nous, comme dit la chaisière, les hommes, ils ne pensent qu'à ça…

 

 

Certes, ce sont des obsédés, mais foi d'âne, il n'y a pas que ça dans la vie… Le tout évidemment, c'est de savoir ce que c'est que ce ça… Le célèbre docteur Freud le disait bien : le ça, ça compte.

 

 

Précisément, Lucien l'âne mon ami, tu as mis le doigt sur le point central de cette histoire : ça compte et ça n’arrête pas de compter. Au centre du monde, tirant toutes les ficelles, il y a le comptable. C'est comme ça dans cette société. Je veux parler de cette société malade du pognon et de la consommation. Une société qui mène l'espèce tout droit à sa propre destruction.

 

 

C'est toujours comme ça, disait le hérisson. C'est toujours comme ça dans cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres depuis tant et tant de temps.

 

 

La société de consommation est là depuis des dizaines d'années et elle se maintient , elle croît même malgré les ravages que manifestement elle crée – à titre d'exemple, mon ami Lucien l'âne, voici un indice en quelque sorte : il suffit de regarder le ciel au-dessus de la ville et de voir toutes ces traînées blanches qui s'entrecroisent… Ce sont les avions. Et dans les avions, il y a les gens, des millions de gens pris par ce délire collectif de la vitesse, de la consommation… Et ces avions ne font pas que tracer des lignes dans le ciel – ce qui est déjà une infection, mais en outre, ils font du bruit et ils bouffent des tonnes et des tonnes de carburant et d'oxygène… Je dirais surtout d'oxygène. Sans compter les crasses qu'ils balancent dans l'air. Et ce n'est là qu'un début ; faut voir comme ils sont fiers de vanter les millions de pékins qui se pressent dans les aéroports et la plupart pour des futilités. Et ils font tout, rigoureusement tout ce qu'ils peuvent pour accroître encore cette surpopulation aérienne. Tout ça, c'est riches (Les mêmes que décrit Kästner dans Wintersport – c'était en 1929) – candidats et imitations de riches… On peut résumer la chose par « Je dépense, donc je suis », comme on le lisait sur une affiche de 1968.

 

 

Je me demande, dit Lucien l'âne en riant, je me demande quand l'intelligence viendra aux hommes ; j'entends homme, au sens générique ; car ici, comme dans d'autres domaines, les femmes ne sont pas en reste. Bref, les hommes sont d'un infantilisme tellement insondable. Certains arrivent à surmonter cette addiction ; mais actuellement, c'est une petite minorité et globalement, l’humanité est atteinte de ce goût de la consommation (« Consumo gusto », précisément) qui la mène à sa perte. Alors, Marco Valdo M.I. mon ami, reprenons notre tâche et tissons le suaire de ce vieux monde perclus d'avidité, rongé d'envies, infecté par ses consommations, malade du développement et de la croissance et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Acheter des choses qui ne valent rien
Acheter pour les oublier au grenier
Acheter est un plaisir divin
Acheter, car on aime gaspiller

 

Toute la journée à bosser comme un con jusqu'au soir
Pour un salaire de merde qui vient toujours en retard
La télé dit de consommer
On accepte avec plaisir, on se laisse persuader


Payer, le collège de l'enfant
Payer, le gaz, l'eau et l'électricité
Payer, la résidence de maman
Payer, la vie consiste à dépenser

On paye la facture de la voiture, on paye les impôts
On paye la putain d'hypothèque, on paye son compte au bistrot
On paye la facture du vidéo, on paye la facture du téléviseur
On paye l'assurance de la voiture, on paye la facture de l'ordinateur


Putain de pognon, putain d'argent
La société de consommation fait de nous ses serviteurs
Putain de pognon, putain d'argent
Toujours le couteau sur la gorge, c'est la vie du consommateur
ESCLAVE DE LA PUBLICITÉ 
ON EST ESCLAVE
ESCLAVE DE LA SOCIÉTÉ

LE BIEN-ÊTRE N'EST PAS POUR TOUT LE MONDE


C'est l'histoire des travailleurs humbles
Qu'on a utilisés et ne l'ont même pas vu
Qui tire profit, qui tire les ficelles ?

Ceux qui sont « en haut », ceux qui prennent notre dû.

 

 
 
LE GOÛT DE CONSOMMER
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6 décembre 2014 6 06 /12 /décembre /2014 09:22
LA LOI DU MARCHÉ

 

Version française – LA LOI DU MARCHÉ – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson italienne – Loi du marché – Casa Del Vento – 2004

 

 

 

 

 

Au-delà des nuages :

Précarité, flexibilité,

La « loi du marché »

À nos rêves, nous fait renoncer

 

 

 

 

 

 

Je me rappelle mon grand-père occupé à raconter

Des histoires de terre, de sueur et de pauvreté

Ouvrier agricole à la journée au noir

Sans syndicat, sans espoir

Tes enfants un jour auront un bel avenir

Tu verras, de tes mains, la joie naîtra.

J'ai presque trente ans, mais ça viendra 
ce temps est malade à mourir

 

Prends-moi la main, prends-la

Reste près de moi

Nous, nous ne nous plierons pas

À un avenir qui n'existe pas

Ce n'est pas la loi de marché
Qui fera ma liberté
Nous ne nous rendrons pas
À un futur qui n'existe pas

 

Je voudrais te donner la joie et un monde meilleur

Une maison, un fils qui court dans le soleil ; d'ailleurs

Comment y croire et rêver ?

Je regarde, rien ne semble changer



Prends-moi la main, prends-la

Reste près de moi

Nous, nous ne nous plierons pas

 

À un avenir qui n'existe pas

Ce n'est pas la loi de marché
Qui fera ma liberté
Nous ne nous rendrons jamais
À un futur qui n'existe pas

LA LOI DU MARCHÉ
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5 décembre 2014 5 05 /12 /décembre /2014 12:01

MANIFESTE AMOUREUX

 

 

Version française – MANIFESTE AMOUREUX – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson italienne – Amore Manifesto – Casa Del Vento – 2008

 

L'abeille vole

Vers un lys ou une viole

 

 


L'abeille voleVers une fleur qui fleure
Vers une fleur qui consoleVers un lys ou une viole

Et vole l'abeille !
Il existe tant de fleurs
Aux tailles multiples
Aux multiples splendeurs

Vole l'abeille
Vole libre dans l'air
Vole de pair
Entre les draps vole

Et vole l'abeille 
Il n'y a rien là d'anormal
C'est un choix qui fait mal
Il n'y a rien là que de pareil


C'est une joie.
Une émotion, une danse
Ne cache pas toujours
Son amour


Amour manifeste
Je suis sans masques
Quand je m'en vas
Je ne me déguise pas

Ô splendide famille
Père mère fils et fille
Cette merveille
À tous en tout pareille

Mais le soir tout change
Les choses déchantent
Le père repart dans la nuit
La famille s'évanouit

Il n'arrive plus à trouver
Quelque manière de parler
Il ne sait pas communiquer
Chaque frisson part en fumée

Mais il sait bien où aller
Et il sait qu'il suffit de payer
L'important est ne pas voir
Ainsi le cœur n'est pas blessé

 

C'est une joie.
Une émotion, une danse
Ne cache pas toujours
Son amour

 

Amour manifeste
Je suis sans masques
Quand je m'en vas
Je ne me déguise pas

Amour manifeste
Je suis nu, sans voile

Je ne m'habille pas
Je ne me déguise pas

Comme la soutane est sadique

Toujours contre l'amour gai
Sa voix ne se fatigue jamais
Quelque chose lui manque
Elle dit péché se donner de l'amour
Fleur avec la même fleur
Elle sent une force au cœur
Qui la porte vers l'amour

 

C'est une joie.
Une émotion, une danse
Ne cache pas toujours
Son amour

 

Amour manifeste
Je suis sans masques
Quand je m'en vas
Je ne me déguise pas

Amour manifeste
Je suis nu, sans voile

Je ne m'habille pas
Je ne me déguise pas

 

Amour manifeste
Je suis sans masques
Quand je m'en vas
Je ne me déguise pas

Amour manifeste
Je suis nu, sans voile

 

Je ne m'habille pas
Je ne me déguise pas

MANIFESTE AMOUREUX
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