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17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 17:30
SANTA AGUEDA – SAINTE AGATHE

 

Version française - SANTA AGUEDA – SAINTE AGATHE – Marco Valdo M.I. - 2023

d’après la traduction italienne de Riccardo Venturi

d’une poésie Santa Agueda de Voltairine de Cleyre - 1898

 

 

MICHELE ANGIOLILLO

face au Conseil de Guerre - 1897

 

 

 


À cheval entre les XIXe et XXe siècles, les anarchistes italiens représentèrent véritablement la terreur pour les puissants européens ; la célèbre phrase "nous ne nous laisserons pas intimider",tant aimée du magnus de service qui a reçu un écrit sur le mur, une petite lettre ou une cathédrale de Milan sur le nez, ne fonctionnait pas beaucoup à l'époque. Et comment qu’ils étaient intimidés ? En fait, ils se chiaient dessus. Et contre les rois et les tyrans éclatait dans la rue..." ; les répressions féroces, pas rarement, dans toute l'Europe faisaient partir l’anarchiste décidé une vendetta sauvage et, en cela, les anarchistes italiens furent vraiment au premier rang, une véritable "excellence italienne", pour paraphraser une expression qui est elle aussi très à la mode aujourd'hui. Commença, probablement, Giovanni Passannante et son attentat (à peine plus qu'une égratignure) contre Umberto I en 1878. Puis les noms les plus fameux : Sante Caserio, Luigi Lucheni (ou Luccheni) et, évidemment, Gaetano Bresci - celui qui fit un peu plus qu'une égratignure à Umberto Ier. Rois, impératrices, premiers ministres français sont tombés sous les coups des anarchistes de chez nous ; il faut y ajouter aussi un premier ministre espagnol. Un premier ministre espagnol ?

Le fait est que, parmi toutes ces "excellences" anarchistes, ce fait est probablement resté le moins connu. Puisque, comme on le sait, ce site traite principalement de l'histoire à travers des chansons et de la musique, qu’un tel fait soit presque oublié on el voit aussi par le fait que, lorsqu'on cherche des chansons (populaires ou d'auteur) sur cet événement, on reste les mains vides. Des chansons sur Caserio et Gaetano Bresci, il y en a plus ou moins autant qu’on en veut, mais sur Michele Angiolillo ? Et pourtant, lui aussi était anarchiste, lui aussi élimina un puissant, et pourtant lui aussi finit sa courte vie par une condamnation à mort - et vu que c’était en Espagne, avec cette méthode d'exécution particulière et terrible qu'était la garrotte ou le garrot, « el garrote vil ». Rien.
Voulant en parler un peu,
on adonc recourir à la seule composition en vers qui en parle : un poème. L’a écrit une poétesse et militante anarchiste et féministe américaine, Voltairine de Cleyre. Ainsi, pour entendre un peu parler du geste d'un anarchiste de vingt-six ans de Foggia, il faut se servir d’un poème écrit en anglais peu après le fait, et qui - du moins à pour ce qu’on en sait - n'a jamais été mis en musique ni traduit en italien. Le présent ne peut rien mettre en musique, mais au moins le faire connaître un peu. Mais procédons par ordre.

Nous sommes en 1896, deux ans après que le boulanger Sante Caserio, un anarchiste de vingt ans de Motta Visconti (Milan), a envoyé le président de la République française, Marie François Sadi Carnot, dans l'autre monde - si tant est qu'il y ait un autre monde, finissant guillotiné peu après (le 16 août), et quatre ans avant qu'un autre anarchiste italien, le tisserand Gaetano Bresci, 31 ans, de Coiano di Prato (Florence), décide de quitter Paterson, où il était émigré. En Espagne, en ce 1896, advint l'un des événements malheureusement typiques de ces années : le 7 juin, une bombe est lancée à Barcelone lors de la procession religieuse du Corpus Domini. Moururent douze personnes et il y eut 45 blessées graves. La police, évidemment, a immédiatement attribué ce grave attentat à un anarchiste non identifié (qui par ailleurs ne fut jamais identifié). Le résultat fut, comme d'habitude, une vague de répression policière impitoyable contre les anarchistes, les communistes, les socialistes et les républicains espagnols, tous dans le chaudron.

Il s'ensuivit le célèbre procès de Montjuïc : environ 300 révolutionnaires espagnols furent emprisonnés dans la forteresse de Montjuïc (ou "Montjuich") et torturés à répétition pour extorquer des confessions. La répression a été ordonnée en personne par le premier ministre de l'époque, Antonio Cánovas del Castillo, chef du "Parti libéral-conservateur", principal auteur de la restauration monarchique en Espagne en 1874 et partisan déclaré de l'esclavage des Noirs, en particulier des Cubains. Cuba était encore une colonie espagnole, la dernière restante du continent sud-américain, et Cánovas del Castillo s'est illustré par la répression sanglante de la rébellion menée par José Martí en 1895.

Sur les trois cents détenus de la forteresse de Montjuïc, quatre-vingt-sept furent jugés, tandis que les récits des tortures et des sévices infligés aux prisonniers circulaient largement dans la presse de toute l'Europe. À l'issue du procès, huit accusés sont condamnés à mort et cinq d’entre eux furent effectivement garrottés. Plusieurs autres ont été condamnés à de longues peines de prison et d'autres encore ont été déportés vers la colonie de Río de Oro, dans l'actuel Sahara occidental.
 

Né à Foggia le 5 juin 1871, Michele Angiolillo Lombardi était imprimeur et avait émigré en Angleterre pour y travailler. À l’époque des faits de Montjuïc, il travaillait à Londres à la "Typographia", une institution peu connue puisqu'il s'agissait en fait de la section de la British Printer's Union réservée aux émigrants étrangers. Le 30 mai 1897, Angiolillo, avec au moins dix mille autres personnes, participa à une manifestation organisée au centre de Trafalgar's Square pour protester contre la répression brutale des travailleurs ordonnée en Espagne par Cánovas del Castillo. Le leader du mouvement d'opinion était l'anarchiste anglais Joseph Perry, et deux anarchistes de premier plan prirent la parole au cours de la manifestation : le Cubain Fernando Tarrida del Mármol et Charles Malato, qui était français mais d'ancienne origine napolitaine (son grand-père avait été commandant en chef de l'armée du dernier roi Bourbon de Naples). Apparemment, ce fut Charles Malato qui demanda, depuis la scène, qui serait disposé à venger les personnes mortes sous le régime de Cánovas.

Après la manifestation, Michele Angiolillo a rencontré personnellement deux victimes espagnoles de la répression, un certain Oller et Francisco Gana. Tous deux avaient été emprisonnés et torturés à Montjuïc, et souffraient de terribles blessures. L'anarchiste allemand Rudolf Rocker, qui était également présent, a écrit plus tard ce témoignage :

"Ce soir-là, lorsque Gana nous a montré ses membres rétrécis et les cicatrices laissées sur tout son corps par la torture, nous avons compris que c'était une chose de lire ces choses dans les journaux, et une autre de voir et d'entendre en personne ce qui s'était passé, directement des victimes. Nous sommes restés pétrifiés et plusieurs minutes se sont écoulées avant que quelqu'un ne se hasarde à dire quelque mot d'indignation. Seul Angiolillo ne dit rien. Peu après, il s'est levé, a dit un au revoir laconique et a quitté la maison. C'est la dernière fois que je le vis".

 

Michele Angiolillo se procura une fausse identité de reporter pour le journal "Il Popolo", sous le nom d'Emilio Rinaldini. Si Bresci quitte Paterson pour se rendre en Italie, Angiolillo quitta Londres pour se rendre en Espagne, en passant par Paris et Bordeaux. Une fois à Madrid, il apprit que le Premier ministre Cánovas del Castillo avait décidé d'aller passer les eaux à la station thermale de Santa Águeda (ou "Sainte Agathe"), près de Mondragón, dans le Pays basque de Guipúzcoa. Le 8 août 1897, Angiolillo trouve Cánovas tranquillement assis sur un banc de la station thermale et le tue sur le coup. La femme de Cánovas assiste à la scène et lui crie : "Assassin ! Assassin !"; calmement, Angiolillo s'incline devant la dame et lui dit : "Je vous demande pardon, Madame. Je vous respecte en tant que femme, mais je regrette que vous ayez été l'épouse d'un tel homme".
 

Lors du procès qui suivit immédiatement, Angiolillo déclara qu'il ne se considérait pas comme un assassin, mais comme un bourreau qui avait administré la justice. Au sujet de sa victime, Cánovas del Castillo, il dit, entre autres choses, qu'il incarnait parfaitement l’avidité de la bourgeoisie et la tyrannie du pouvoir. Après l'assassinat, Angiolillo se fit arrêter sans résistance et nia avec force que d'autres fussent impliqués dans la tentative d'assassinat ; mais il existe des preuves tout à fait plausibles qu'un nationaliste portoricain, Ramón Emeterio Betances, avait fourni une assistance logistique à Angiolillo en Espagne, allant même jusqu'à lui remettre de l'argent. Non seulement, il semble que le dessein initial d'Angiolillo était d'assassiner deux jeunes membres de la maison royale espagnole (parmi eux, l'héritier du trône), et que c'est justement Betances qui l'en a dissuadé, en suggérant Cánovas comme objectif.

Michele Angiolillo, imprimeur anarchiste de Foggia, finit ses jours le 20 août 1897, douze jours seulement après les faits : encore un jour du mois d'août, comme Caserio trois ans plus tôt. Il fut garrotté dans la cour de la prison de Vergara, au Pays basque, par le bourreau officiel du Royaume d'Espagne, Gregorio Mayoral Sendino.

En Italie, ce fait passa généralement sous silence. Probablement, l'écho de l'affaire Sante Caserio et des émeutes anti-italiennes qui suivirent en France était encore trop frais ; on tendit à taire le fait qu'une fois de plus, un anarchiste italien avait pris sur lui la tâche de se venger d'un puissant. C'est pourquoi il n'y a pas de composition à ce sujet, du moins à ma connaissance. D'après les recherches effectuées jusqu'à présent, les échos de l'attentat contre Cánovas del Castillo ne se retrouvent même pas dans des poèmes espagnols similaires. Ce n'est peut-être pas un hasard si le seul écho certain, le poème de Voltairine De Cleyre, provienne des États-Unis : non seulement les États-Unis étaient le refuge de tant et tant d’anarchistes européens, et en particulier d'Italiens et d'Espagnols, mais il y avait aussi une situation politique particulière à Cuba, une colonie espagnole qui, seulement un an plus tard, avec la guerre américano-espagnole, obtiendrait l'"indépendance" (façon de parler, bien sûr) grâce à l'intervention armée américaine et à la défaite de l'Espagne. L'Espagne, à l'époque, était l'ennemie naturelle des États-Unis, et Cánovas, un colonialiste acharné, était vu comme une figure à abattre.

Dans la presse américaine, le geste de Michele Angiolillo a donc été largement répercuté et généralement perçu favorablement, noobstant qu’il s’agissait d’un anarchiste. Le "New York Times" a même publié la nouvelle de l'exécution d'Angiolillo avec des mots de soutien, affirmant qu'il était mort courageusement, en prononçant le mot "Germinal" assis sur la garrotte, avant que le bourreau ne lui donne le tour de vis fatal. Le "NYT" précisa également que l'Espagne avait complètement étouffé l'affaire.

Tout cela, évidemment, ne devait pas beaucoup intéresser Voltairine De Cleyre (1866-1912), la militante et activiste qu'Emma Goldman elle-même considérait comme "l'anarchiste la plus douée et la plus brillante que l'Amérique ait jamais produite". Autrice de chroniques, de reportages, de poèmes, d'essais politiques et théoriques, défenseuse de l'action directe et porteuse d'un féminisme radical. Pour Voltairine De Cleyre, seule l'action directe était un outil véritablement efficace de révolution sociale ; ce fut pour cela qu’elle se fit promotrice d’un "anarchisme sans adjectif".
 

Nous avons parlé de chansons, ou plutôt de chansons possibles et introuvables, sur le geste à moitié oublié de Michele Angiolillo. Parmi les gestes individualistes, ce n'était certainement pas le plus populaire, même s'il semble que son "Germinal !" final ait au moins contribué à en faire un prénom que pas mal de parents anarchistes ou socialistes ont donné à leurs enfants à l'époque (je n'ai pas d'enfants, mais j'avoue qu'un hypothétique "Germinal Venturi" ne m'aurait pas déplu ; et, si ce fut une fille, pourquoi pas, une Emma Voltairine...). Pourtant, un écho, même ténu, semble exister, en ce qui concerne la musique : le groupe de black metal Dawn Ray'd, basé à Liverpool, ouvertement anarchiste et antifasciste (une exception notable dans le monde du black metal), a tiré son nom d'un vers du poème de Voltairine De Cleyre dédié à Michele Angiolillo.

Ainsi se termine cette page consacrée à Michele Angiolillo et à sa vengeance. J'entreprendrai prochainement la traduction du poème de Voltairine de Cleyre, ce qui n'est pas chose aisée. L'espoir, pas si mal dissimulé, est que, tôt ou tard, Michele Angiolillo aura lui aussi sa chanson, avec plus d'un siècle de retard. [RV].


 


 



 


 


 



 


 

Sainte Agathe, toi que maudit

La présence d’un démon en homme travesti,

Bénie sois-tu, car coula sur tes pierres

Le sang du vampire nourri de tortures amères ;

Le long de tes rues, l'éclair a éclaté,

"Touché !", d'un œil à l'autre, traversé,

Bien que tes lèvres aient dit "tué", et que toutes tes portes

Tendues de noir, faisaient une moquerie grimaçante.

Bénie sois-tu ! le cri partit de toi :

"La vengeance aime, le renoncement hait,

Et la justice frappe : le tortionnaire mourra ;"

Sur son chemin, le tueur aux nerfs d'acier se tait.

"Et tous deux brûleront ensemble », unis dans la lumière

L'un dans la nuit rouge et l’inconsommable enfer ;

L’autre, le front clair et les pieds posés sur l'enfer.

Philadelphie, At 1898.

 


 

MICHELE ANGIOLILLO  face au Conseil de Guerre - 1897

MICHELE ANGIOLILLO face au Conseil de Guerre - 1897

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Published by Marco Valdo M.I.
17 septembre 2023 7 17 /09 /septembre /2023 12:17

L’ARBRE DE L’OUBLI

 

Version française - L’ARBRE DE L’OUBLI – Marco Valdo M.I. - 2023

Chanson chilienne (espagnol) - El árbol del olvido – Victor Jara - 1970

 

Texte du poète uruguayen Fernán Silva Valdés

Musique d’Alberto Ginastera

In: "Canto Libre" - 1970

 



VICTOR JARA

 

Mural - Barrio Brasil, Santiago, Chili
 

 

Víctor Lidio Jara Martínez est né à San Ignacio, province de Ñuble (Chili), le 28 septembre 1932 et a été assassiné par les militaires à Santiago (Chili), le 16-17 septembre 1973. Chanteur populaire chilien et cantautor, homme de théâtre, metteur en scène et professeur de théâtre universitaire reconnu. Emprisonné, torturé, assassiné lors du coup d'État fasciste du 11 septembre 1973 à Santiago.

 

 

 

 

 

Dans mon pays, il y a un arbre,

C’est l’arbre de l’oubli, l’arbre

Auquel, amour, vont les chansons

Désattrister les cœurs moribonds.

 

Pour ne pas penser à toi toujours,

Sous l'arbre de l'oubli, amour,

Je me suis couché une nuit,

Et je me suis endormi.

 

De ce rêve, je me suis réveillé,

J'ai de nouveau pensé à toi amour,

J’avais oublié de t'oublier amour,

Quand je m’étais couché.

 

VICTOR JARA   Mural - Barrio Brasil, Santiago, Chili

VICTOR JARA Mural - Barrio Brasil, Santiago, Chili

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Published by Marco Valdo M.I.
14 septembre 2023 4 14 /09 /septembre /2023 18:37
J’AI DONNÉ MES YEUX

 

Version française - J’AI DONNÉ MES YEUX – Marco Valdo M.I. – 2023

d’après la version italienne de Riccardo Venturi - Ho regalato gli occhi – 2023

d’une chanson chilienne en espagnol – Regalé mis ojosNano Stern – 2020

Nano Stern, auteur et interprète de cette chanson, a cédé tous les droits d'auteur à Gustavo Gatica et à sa famille.

 

 

 

 

 

LE REPAS DE L'AVEUGLE

Pablo Picasso - 1903

 

 

 

 

Fin 2019, peu avant le déclenchement de la pandémie, des manifestations colossales ont eu lieu au Chili pour protester contre la hausse du coût de la vie et les inégalités dans le pays (alors dirigé par le président de droite Sebastián Piñera). C'est ce qu'on a appelé à l'époque la "Nueva revolución chilena". Le 8 novembre 2019, Gustavo Gatica, étudiant en psychologie de 21 ans, manifeste sur la place, à Santiago, avec des centaines de milliers d'autres personnes et on se retrouve près de cinquante ans en arrière, dans un Chili désormais "démocratique". Les agents et les carabiniers tirent des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc sur la foule, faisant trois morts et 347 blessés ; un épisode de répression brutale qui démontre que les Fuerzas Armadas chiliennes sont toujours les mêmes qu'il y a quelques décennies, sans en changer une virgule. Gustavo Gatica est touché aux deux yeux par des balles en caoutchouc mortelles et reste définitivement aveugle. Un haut responsable des carabiniers, identifié par son code (G-3), est identifié et arrêté deux mois après qu'Amnesty International a publié des éléments prouvant qu'il était responsable de la cécité de Gustavo Gatica ; il attend toujours d'être jugé. À la fin des manifestations dans toutes les grandes villes chiliennes, on dénombrait trente morts et plus de 3.000 blessés. Depuis son lit d'hôpital, Gustavo a envoyé un message aux Chiliens pour qu'ils continuent à se battre pour leurs droits, pour que tout le sang versé et tous les efforts déployés ne finissent pas dans le néant. Non, le "plus jamais ça" n'était pas vrai du tout. [RV]

 

 

 


 

 

 

Je chante le noir le plus noir de l'humanité,

Je chante la force des peuples et leur identité.

Je chante le feu de la lutte pour la dignité,

Je chante le sang des yeux désorbités.

 

Je chante pour dénoncer ce "plus jamais ça" perdu,

Je chante les morts qui ne reviendront pas,

Je chante sans relâche, car rien ne les ramènera.

Je chante pour Gustavo qui ne verra plus.

 

Au milieu de la nuit, au milieu de la mort,

J'ai donné mes yeux pour que les gens se réveillent.

Au milieu de la nuit, au milieu de la mort,

J'ai donné mes yeux pour que les gens se réveillent.

 

Je chante l'espoir pour l’avenir,

Je chante pour chasser la peur et le pire.

Je chante contre l’'impunité,

Je chante le chant arme de liberté.

 

Je chante les enfants, libérés de toute méchanceté.

Je chante les vieux, qui méritent une autre réalité.

Je chante la pitié et la colère pour l'inégalité.

Je chante, la poésie est mon arme dans cette société.

 

Au milieu de la nuit, au milieu de la mort,

J'ai donné mes yeux pour que les gens se réveillent.

Au milieu de la nuit, au milieu de la mort,

J'ai donné mes yeux pour que les gens se réveillent.

 

Au milieu de la nuit, au milieu de la mort,

J'ai donné mes yeux pour que les gens se réveillent.
 

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Published by Marco Valdo M.I.
12 septembre 2023 2 12 /09 /septembre /2023 15:51

 

Amiral, on coule

 

Chanson française — Amiral, on coule — Marco Valdo M.I. — 2023


 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.


 


 

Épisode 156

 

 

LE MARIN

 

Lev Petrovich Durasov – 1949

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Oh, dit Lucien l’âne, avec un titre pareil, il doit y avoir des marins.

 

En effet, dit Marco Valdo M.I., et même plusieurs et même, une voix de marin. Jusqu’ici dans notre voyage en Zinovie, on n’en avait pas encore entendu parler et pourtant, la Zinovie a une puissante marine de guerre. D’ailleurs, à bien y réfléchir, le titre de la canzone se rapporte à un événement de la guerre que la Zinovie fait au pays voisin. Il y a quelque temps, le navire-amiral de la Zinovie avait été coulé corps et biens.La chose n’a pas plu en haut lieu et le Guide en fut tout remué. La canzone présente cet événement sous la forme d’une blague, mais c’est un fait réel.

 

« Amiral, on sent fort la houle.

C’est un sous-marin votre bateau ?

C’est le croiseur-amiral, mon vaisseau.

Alors, Amiral, on coule. »

 

Telle est la première intervention du marin, mais il en est une autre nettement plus tragique. Elle se situe tout à la fin et parle d’une révolte à bord d’une frégate. Il y a d’ailleurs en Zinovie une sorte de tradition dans la marine de se révolter contre le pouvoir en place. Là aussi, c’est un fait réel, d’il y a un demi-siècle, qui est rappelé.

 

« Le marin dit : un équipage s’est révolté.

La frégate peine rentrée au port,

On a condamné des marins à mort

Et sans attendre, on les a exécutés. » 

 

Il s’en passe des choses dans la flotte, dit Lucien l’âne. Et pour le reste, que dit la chanson ?

 

Le reste est conté par une voix anonyme, mais dont on peut penser qu’il s’agit de celle du trouvère. Cette voix propose d’abord une réflexion sur la guerre et l’espoir que cette « triste expérience » fasse prendre conscience aux gens de Zinovie du rôle infamant que le Guide leur fait jouer. Puis, la voix enchaîne sur ce qui lui arrive depuis qu’elle a montré cette opposition à la guerre en cours. Il y a une agression par un « inconnu » et le sauvetage in extremis sans quoi :

 

« On ne sait comment

Aurait fini cet incident.

Passage à tabac ?

Ou simple assassinat ? »

 

On n’en restera pas là et la poursuite se déroule à la manière d’une « vendetta » et s’attaque aux familiers et se continue loin dans le temps.

 

« Comme les cagots, les pestiférés,

Pour la vie, vous êtes oblitérés. »

 

Avec ça, dit Lucien l’âne, on ne peut pas dire que la Zinovie soit un pays où il fait bon vivre. Enfin, tissons le linceul de ce vieux monde revanchard, criminel, rancunier, vindicatif et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 


 


 


 

Amiral, on sent fort la houle.

C’est un sous-marin votre bateau ?

C’est le croiseur-amiral, mon vaisseau.

Alors, Amiral, on coule.

Peut-être cette triste expérience

Fera prendre conscience

Aux enfants des gens du pays

Du rôle infamant d’ennemis

Détestés par tous les écoliers, les étudiants,

Tous les malades et les médecins

Les paysans et tous les citoyens

Des plaines et des monts des pays voisins.

 

 

Hier soir, rentrant chez moi,

Tout en haut de l’escalier,

Un géant m’attend sur le palier.

Dans l’ombre, je ne le vois pas.

Le faux ivrogne m’empoigne au cou

Et serre, serre ; je me sens partir.

Un balai ami le roue de coups,

Sous l’averse, le géant doit fuir.

On ne sait comment

Aurait fini cet incident.

Passage à tabac ?

Ou simple assassinat ?

 

Ils ne peuvent tout maîtriser ;

Une fois reconnu, vous êtes visé.

Lancée, la vindicte s’étend

D’abord à toute la famille,

Aux enfants, garçons et filles.

Elle prend tout son temps,

Elle vous suit année après année.

On demande au père, à la mère

Au frère puîné, à la sœur aînée

De vous mettre plus bas que terre.

Eux, sans même sourciller,

Ils se refusent à se renier.

 

Comme les cagots, les pestiférés,

Pour la vie, vous êtes oblitérés.

Alors, certains vous menacent ;

Certains vous encouragent.

Plus le temps passe,

Plus il vous faut de courage.

Et les choses ne vont pas s’arranger,

Elles peuvent s’aggraver encore.

Le marin dit : un équipage s’est révolté.

La frégate peine rentrée au port,

On a condamné des marins à mort

Et sans attendre, on les a exécutés.

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 

 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards ; 155. La sainte Reddition

LE MARIN   Lev Petrovich Durasov – 1949

LE MARIN Lev Petrovich Durasov – 1949

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Published by Marco Valdo M.I.
10 septembre 2023 7 10 /09 /septembre /2023 16:37

  La sainte Reddition

 

Chanson française — La sainte Reddition — Marco Valdo M.I. — 2023


 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

Épisode 155

 

 

 

LE RÊVE DU GUIDE

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Comme on peut le voir, Lucien l’âne mon ami, le titre parle de sainte reddition.

 

C’est ce que je vois, dit Lucien l’âne, mais ce que ça cache ça, je ne le sais pas et donc, j’aimerais qu’on me l’explique.

 

Je vais le faire à l’instant, répond Marco Valdo M.I., et pour commencer, je cite le passage de la canzone où il en est question :

 

« Au Guide seul est impartie la mission

D’imposer à tous la sainte reddition. »

 

Mais, répond Lucien l’âne, ça n’explique rien.

 

En effet, j’y viens, dit Marco Valdo M.I.. Voyons voir : donc, le Guide – l’actuel, mais au fond, ils sont tous ainsi – se doit de guider tout un peuple et au-delà et idéalement, tous les peuples. Voilà le sens de ce distique. Il faut comprendre le Guide, c’est dans sa nature : pour guider, disait le premier Guide, il faut un Guide.

 

Truisme, évidence, pléonasme, redondance, lapalissade, dit Lucien l’âne.

 

Peut-être, répond Marco Valdo M.I., mais c’est la fonction, la mission essentielle du Guide ; sans ça, il n’existe pas. Que toi et moi, on le considère comme un cinglé, ne change rien au fait. Il a une mission et il ne peut y déroger. Comme Guide, il doit s’assurer que tout le monde le suit et imposer à tous cette nécessité historique : à lui, l’Empire et la Gloire. Et si les gens, le peuple, les peuples, la nation, les nations, le monde, l’univers rechignent à le suivre, il doit les forcer à se rendre à ses injonctions, il doit leur imposer la « sainte reddition ».

 

Oh, dit Marco Valdo M.I., à un double titre : d’abord, car elle est sanctifiée par le fait que le Guide l’impose comme une cause sacrée et ensuite, car il s’est ménagé le soutien de la religion et de l’Église locale, qui lui est inféodée et dans le même temps, le lie et l’inféode à son tour. C’est toujours le résultat de l’alliance du sabre et du goupillon. Pour le reste, je résume. Grand-Mère introduit en évoquant la suite des Guides ; puis, le trouvère amène l’idée de la sainte reddition ; ensuite, une voix parle de la propagande guerrière dans le pays et de l’endoctrinement des enfants et enfin, un inconnu signale la mélancolie du Guide qui se rend compte de son incapacité à atteindre son objectif :

 

« Triste sort, songe le Guide éperdu,

Comment reconquérir ce qui est perdu ? »

 

Pourtant, dit Lucien l’âne, je trouve qu’il n’y a pas là de quoi s’en faire et encore moins de pleurer.

 

Je suis d’accord, dit Marco Valdo M.I. et c’est pour ça, que ni toi, ni moi ne serons jamais des Guides.

 

Alors, conclut Lucien l’âne,tissons le linceul de ce vieux monde perdu, perclus, pessimiste, neurasthénique, maussade et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 

 

 

Grand-Mère dit : Je me souviens

De tous les Guides. Depuis l’autre siècle,

Tous voulaient leur statue sur un socle

Et celui-ci, maintenant, s’y verrait bien.

Un Guide ne peut se contenter

D’être seulement un personnage politique,

Il lui faut une stature historique,

Être maître absolu de la société.

Il exclut toute hésitation, toute critique,

Toute concurrence à sa propre autorité.

Il ne conçoit pas de limite à sa grandeur,

L’univers seul comblerait son bonheur.

 

Bien raisonné, Grand-Mère, dit le trouvère.

Le Guide se rêve au-delà de la Terre.

Un empire totalement boulimique,

Une ambition absolument cosmique

Guident le Guide dans sa marche

Et ses pas solennels de patriarche.

Le vent souffle sur le monde

Ses nuées de conscience délétère.

Il empuantit l’entière atmosphère

En une féconde ronde immonde.

Au Guide seul est impartie la mission

D’imposer à tous la sainte reddition.

 

Une voix mâle dit : Moi, la guerre

Je ne la ferai pas, je n’aime pas ça.

Leurs limiers vous collent au derrière

Et jusqu’au front, ils ne vous lâchent pas.

Au travail, ils viennent vous recruter,

Avec eux, pas question de discuter.

Am, stram, gram,

Bourre et bourre et ratatam.

Les enfants sont initiés aux joies

Des chants, des hymnes, des péans

Et des arts militaires comme autrefois

Leurs bisaïeux et leurs grands-parents.

 

Un inconnu murmure : Rien ne peut nous sauver.

Avant, il y avait des gens protégés,

Il ne pouvait rien leur arriver.

Maintenant, même eux sont en danger.

Constamment, la Zinovie rétrécit,

Elle perd un bout là, un bout ici.

Le Guide ne le supporte pas.

Chaque nuit, il rumine cet aléa.

Comment égaler le Guide suprême,

Si le territoire n’est plus le même ?

Triste sort, songe le Guide éperdu,

Comment reconquérir ce qui est perdu ?

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère ; 154. Les Pillards

 

 

 


 

LE RÊVE DU GUIDE

LE RÊVE DU GUIDE

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6 septembre 2023 3 06 /09 /septembre /2023 18:35
LA GUERRE

 

Version française – LA GUERRE – Marco Valdo M.I. - 2023

établie à partir de la traduction italienne de Riccardo Venturi

D’une

Chanson russe – Войнa - Kino / Кино - 1988

Paroles et musique : Viktor Coj [Tsoj]
Album: Группа крови / Gruppa krovi (Blood Type), Moroz records

 

 

 

 

 

L'ENNUI DE LA GUERRE

Vladimir Petrovich Yarkin – 1990 ca.

 

 

 

Montrez-moi l'avenir radieux et ses croyants,

Peignez-moi ceux qui sont morts en chemin.

Montrez-moi le seul survivant du régiment,

Il faut une muraille, un retranchement

Et les clés du fortin.

 

Ciel et terre

Entre ciel et terre, c’est la guerre !

Et où que vous soyez,

Quoi que vous fassiez,

Entre ciel et terre, c’est la guerre !


Des gens connaissent le jour et la nuit.

Des gens ont des enfants, des ennuis.

Des gens pour qui sont vraies les paraboles.

Certains soutiendront le mur et d'autres, de l’épaule

Feront crouler les murs des geôles.

 

Ciel et terre

Entre ciel et terre, c’est la guerre !

Et où que vous soyez,

Quoi que vous fassiez,

Entre ciel et terre, c’est la guerre !

 

L'ENNUI DE LA GUERRE  Vladimir Petrovich Yarkin – 1990 ca.

L'ENNUI DE LA GUERRE Vladimir Petrovich Yarkin – 1990 ca.

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5 septembre 2023 2 05 /09 /septembre /2023 12:42
MON GROUPE SANGUIN

 


 

Version française - MON GROUPE SANGUIN – Marco Valdo M.I. – 2023

d’après les traductions anglaise et italienne d’une chanson russe

Группа крови Gruppa Krovi Kino / Кино - 1988

 

Paroles et musique : Viktor Tsoj
Album : Группа крови, Moroz Records


 

 

TOUS EN ARMES

Mikhail Grigorevich Molotkov - 1982

 

 

 

 

 


Dialogue Maïeutique

 

 

Juste quelques mots, Lucien l’âne mon ami, pour commenter cette chanson russe dont je viens de faire une version française et pour en souligner l’opportunité. D’abord, ce titre « Mon Groupe sanguin » vient de ce que les soldats russes sont étiquetés sur la manche de leur uniforme, un peu comme les vaches sont poinçonnées d’une plaque à l’oreille quand on les envoie à l’abattoir. En 1988, c’était en Afghanistan. En 2023, c’est en Ukraine, mais c’est toujours la même rengaine.

 

Oui, dit Lucien l’âne, quand un régime va mal, quand son incurie déborde, quand il part en débandade, il reste toujours la dernière ficelle patriotique pour rameuter les foules autour du Guide. Par exemple, Mussolini avait trouvé l’idée d’aller conquérir un empire en Afrique, il proposait la gloire et des terres au peuple d’Italie. Il suffisait d’aller faire la guerre là-bas et de tous faire front avec lui. Plus tard, il s’en prit aux Albanais, il s’en prit aux Grecs et toujours au nom de la Patrie.

 

C’est toujours ainsi en Russie, répond Marco Valdo M.I., on agite le tribalisme, on réveille les sentiments et les comportements les plus barbares : tous autour du chef qui a forcément toujours raison envers et contre tout, envers et contre l’étranger qui est ennemi par nature. À propos de rengaine, Vian  disait dans Chantez, quelques phrases qui résument parfaitement l’affaire :

 

« Mourir quand on a vingt ans
C'est un destin épatant
Tous aux armes, et sus à l'ennemi.

Ah, comme la vie serait triste
Triste, triste, triste
Ah, comme la vie serait triste
Si l'on ne pouvait pas chanter
Chantez les joyeux compères
Qui déclarent la guerre
Et qui n'y vont pas... »

 

Oui, bien sûr, dit Lucien l’âne, c’est comme ça : ceux qui déclarent les guerres et qui exaltent l’héroïsme et l’élimination de l’adversaire sont ceux qui n’y vont pas. Ils envoient les autres, c’est plus sûr. Cela dit, que raconte cette chanson russe ?

 

 

Eh bien, reprend Marco Valdo M.I., d’abord, il faut reconnaître à Victor Tsoi, chanteur russe, célèbre là-bas, le courage d’avoir en pleine guerre (de conquête, la Russie allait s’ouvrir un passage vers l’Océan Indien ; maintenant, c’est la Mer Noire) conté l’histoire de ce soldat ; en fait, de n’importe quel soldat, de tout soldat qu’on envoie au casse-pipe contre son gré, d’un soldat qui n’y croit même pas au discours pontifiant et grandiose du chef de l’État. Et ce soldat au corps perdu dans la chaleur, empreinte sur le sol d’un pays étranger, espère en sortir et rentrer chez lui. Mais statistiquement, ses chances sont fort réduites et d’ailleurs, lui qui ne voulait pas y aller, lui qui ne voulait pas « payer le prix », il n’en reviendra pas.

 

« Je ne veux pas, je ne veux pas payer le prix,

Je ne veux pas gagner à n'importe quel prix

Je ne veux pas mettre mon pied sur la poitrine de qui que ce soit.

J'aimerais rester avec vous,

Juste rester avec vous.

Dans le ciel là-bas, une étoile m'appelle déjà. »

 

 

C’est le destin de tant et tant d’hommes envoyés vers un horizon grandiose, dit Lucien l’âne. Ils n’en reviennent pas. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde triste, bêtifiant, idiot, benêt et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.


 

 

 

C’est un endroit chaud,

Les rues attendent nos empreintes

La poussière d'étoiles de nos bottes.

Fauteuil moelleux, plaid à carreaux,

La gâchette pas pressée à temps.

Journée ensoleillée, rêve éblouissant.


Mon groupe sanguin est sur ma manche,

Mon numéro d'identification est sur ma manche

Au combat, souhaitez-moi bonne chance

Ne me laissez pas sur ce pré !

Ne me laissez pas sur ce pré !

Souhaitez-moi bonne chance, souhaitez-moi bonne chance !

 

Je ne veux pas, je ne veux pas payer le prix,

Je ne veux pas gagner à n'importe quel prix

Je ne veux pas mettre mon pied sur la poitrine de qui que ce soit.

J'aimerais rester avec vous,

Juste rester avec vous.

Dans le ciel là-bas, une étoile m'appelle déjà.
 

 

Mon groupe sanguin est sur ma manche,

Mon numéro d'identification est sur ma manche

Au combat, souhaitez-moi bonne chance

Ne me laissez pas sur ce pré !

Ne me laissez pas sur ce pré !

Souhaitez-moi bonne chance, souhaitez-moi bonne chance !

 

TOUS EN ARMES  Mikhail Grigorevich Molotkov - 1982

TOUS EN ARMES Mikhail Grigorevich Molotkov - 1982

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1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 16:09

 

Les Pillards

 

Chanson française — Les Pillards — Marco Valdo M.I. — 2023


 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

Épisode 154

 

 

 

 

LE BÉBÉ AU LANDAU

 

Abraham Mintchine - 1929

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Lucien l’âne mon ami, il est heureux pour le soldat d’être protégé par un rigoureux anonymat et que ses paroles comme ses lettres nous paraissent dans la chanson par des voies impénétrables.

 

J’ai toujours pensé, répond Lucien l’âne, que ce qui était dit ici, cette diffusion sans filtre des propos quotidiens de gens de Zinovie était une manière de résistance à l’atmosphère étouffante qui règne en ce pays. C’est sans doute pourquoi elle est strictement interdite et condamnée par toutes les autorités et pourquoi aussi il vaut mieux que les intervenants restent anonymes.

 

Fort bien, dit Marco Valdo M.I. ; maintenant, connais-tu le sens du mot « pillard » et la différence qu’il y a entre lui et son presque synonyme qu’est le mot « pilleur » ?

 

J’imagine, dit Lucien l’âne, qu’il y a une gradation entre les deux. Le pilleur est un personnage un peu méticuleux qui exécute son action de dépouillement avec une certaine délicatesse ; quant au pillard, c’est tout au contraire un pirate grossier et sans retenue, cupide, avide, malintentionné et pour tout dire, crapuleux. Le premier – le pilleur – n’ a aucune volonté malveillante à l’égard des personnes ; l’autre – le pillard – a toutes les caractéristiques du bandit criminel.

 

Oui, c’est quelque chose comme ça, répond Marco Valdo M.I., et cette définition du pillard correspond à la façon dont se conduisent la plupart des soldats de l’armée d’invasion dont fait partie , contre son gré, le soldat.

 

« Le soldat écrit : Ils prennent tout,

Ils rapinent pour des milliards,

C’est une armée de pillards.

Ces charognards fouillent partout.

Ces rapaces envoient tout au pays.

Tout ce qu’ils trouvent est pris. »

 

Dans cette chanson, il établit avec beaucoup de détails, une sorte d’inventaire de ce que ceux de son armée volent systématiquement chez les civils du pays occupé. Un inventaire détaillé que je laisse à chacun le soin de découvrir.

 

Bonne idée, dit Lucien l’âne, pas de redondance inutile. Je m’y emploie de ce pas et pour le reste, tissons le linceul de ce vœux monde impérialiste, envahisseur, parasiteur, phagocyteur et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Le soldat écrit : Ils prennent tout,

Ils rapinent pour des milliards,

C’est une armée de pillards.

Ces charognards fouillent partout.

Ces rapaces envoient tout au pays.

Tout ce qu’ils trouvent est pris.

Ces écumeurs vident les caves,

Jusqu’à plus soif, ces pirates boivent.

Ils pillent, dérobent, cambriolent,

Ils chapardent, raflent, volent

Les autos, les motos, les vélomoteurs,

Les camions, les tondeuses, les tracteurs

 

Les marmites, les casseroles, les couverts,

Les assiettes, les plats, les petites cuillers

Les conserves, les pâtes, le café, le thé,

Les appareils ménagers, les ordis, les télés,

Les frigos, les congélateurs,

Les poêles, les cuisinières,

Les ventilateurs, les climatiseurs,

Les radiateurs, les chaudières,

Les salles de bain, les douches, les baignoires,

Les lavabos, les toilettes, les armoires,

Les draps, les matelas, les couvertures

Les tapis, les carpettes, les tentures,

 

Les pantoufles, les chaussures, les bottes,

Les pantalons, les chemises, les culottes,

Le linge, les vêtements, les sous-vêtements

Ceux des dames, si petits, si transparents

Qu’ils les voient en rêve dedans,
Mais les dames ont fui depuis longtemps.

Les parfums, les crèmes, les savons

Les gels, les shampooings, les démêlants,

Les mousses, les aftershaves, les lotions,

Les dentifrices, les brosses à dents

Les brosses à cheveux, les peignes,

Les ciseaux, l’alcool, les médicaments

 

Les fauteuils, les canapés, les divans,

Les chaises, les tabourets, les bancs,

Les guéridons, les sièges de bébé, les tables ;

Les prises, les lustres, les plafonniers,

Les rampes, les marches des escaliers,

Les ascenseurs, la tuyauterie, les câbles,

Ils arrachent, ils démontent, ils embarquent

Les cloisons, les planchers, les parquets.

Les portes, les fenêtres, les volets

Les balançoires, les piscines, les barques,

Outils, pelles, bâches, râteaux, brouettes,

Berceaux, landaus, poussettes et trottinettes.

 

 

 

 

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 

 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre ; 153. Le Trouvère

 LE BÉBÉ AU LANDAU   Abraham Mintchine - 1929

LE BÉBÉ AU LANDAU Abraham Mintchine - 1929

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Published by Marco Valdo M.I.
1 septembre 2023 5 01 /09 /septembre /2023 10:27
LES PETITS SOLDATS

 


Version française – LES PETITS SOLDATS – Marco Valdo M.I. - 2023

Chanson italienne – Soldatini di cartaGiulia Ventisette – 2018

 

 


 

 

LES PETITS SOLDATS

Gioacchino Toma - 1862

 

 

 

Cette chanson LES PETITS SOLDATS (Soldatini di carta) parle de la mafia, de personnes prêtes à tout pour obtenir un avantage ou un gain, même à troquer la vie de leur mère contre une poignée d'argent (contre une poignée de zéros).

...

Ce qui est aujourd'hui un homme ou une femme sans scrupules, hier, donc il y a 10 ans, ou 20, ou 30, était comme moi : il était né d'une mère, dans un hôpital ou peut-être à la maison, il était soigné, il jouait au ballon dans une cour avec ses copains.

 

Et aujourd'hui ? Où jouent aujourd'hui les enfants d'hier ?

 

Je les ai imaginés comme des soldats de papier, prêts à livrer une bataille qu'ils ne comprennent pas, qui les accable jusqu'à ce qu'ils arrivent à la mort et se rendent compte qu'ils n'ont plus rien, pas même l'estime de leurs petits-enfants, qui les méprisent et continuent à jouer pour prendre d'autres chemins, et être meilleurs.



Extrait de l’interview de Giulia Ventisette : Contre la Résignation
Intervista Giulia Ventisette - Contro la rassegnazione


 


 


 


 

Les enfants d'hier jouaient à mourir,

Ils traçaient le portrait de leur avenir.

Ils ont les fusils des petits soldats,

Soldats de papier, morts au combat ;

Leur mission : devenir des soldats.

 

Les enfants d'hier s’endorment le soir,

Pour quelques zéros, ils ont perdu leur mère.

Leurs crimes silencieux par des chèques couverts,

C'est la recette d'une heure en noir

Et ils ne pleurent pas leur désespoir.

 

Ils effacent leurs méfaits avec un verre de whisky ;

Ils refroidissent leurs palais avec un cœur de glace.

Ils oublient tous leurs crimes avec un verre de whisky,

Avec un cœur de glace...


Les enfants d'hier mangent à présent

Grandis, grossis, obèses sur leurs divans,

La bouche dans la gamelle des chiens errants,

Souhaits et remords mis au placard,

Le destin de leurs enfants confié au hasard.


Rient jaune aujourd'hui, les enfants d’hier ;

Ils ont le regard vide des statues de pierre.

La nuit, muets, ils ruminent leur malheur,

Témoins patients de notre peur

Et du Diable devenu Seigneur.

 

Ils effacent leurs fautes avec un verre de whisky ;

Ils refroidissent leurs palais avec un cœur de glace.

Ils oublient toutes leurs erreurs avec un verre de whisky,

Avec un cœur de glace…

 

À l'approche de la mort, ils ne savent plus quoi :

Ils ont tout vu, mais craignent le grand moment.

Il est trop tard pour redevenir des enfants.

Ils n'ont pas la force des petits soldats,

Des petits soldats de papier assassinés.

Dans les yeux de leurs petits-enfants, ils voient

Qu’ils ne seront pas soldats ;

Ils savent jouer, ils ne seront pas soldats.

 

Ils effacent leurs méfaits avec un verre de whisky ;

Ils refroidissent leurs palais avec un cœur de glace.

Ils oublient tous leurs crimes avec un verre de whisky,

Avec un cœur de glace...
 


 

LES PETITS SOLDATS
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Published by Marco Valdo M.I.
28 août 2023 1 28 /08 /août /2023 13:38

 

Le Trouvère

Chanson française — Le Trouvère — Marco Valdo M.I. — 2023

 

 

LA ZINOVIE

est le voyage d’exploration en Zinovie, entrepris par Marco Valdo M. I. et Lucien l’âne, à l’imitation de Carl von Linné en Laponie et de Charles Darwin autour de notre Terre et en parallèle à l’exploration du Disque Monde longuement menée par Terry Pratchett.

La Zinovie, selon Lucien l’âne, est ce territoire mental où se réfléchit d’une certaine manière le monde. La Zinovie renvoie à l’écrivain, logicien, peintre, dessinateur, caricaturiste et philosophe Alexandre Zinoviev et à son abondante littérature.

 

 

Épisode 153

 

 

 

 

 

LE VISAGE UBIQUITAIRE

 

 

 

 

 

Dialogue Maïeutique

 

Cette fois, Lucien l’âne mon ami, c’est Grand-Mère qui est la voix de la chanson et la seule. Ce n’est pas qu’elle rabâche, ni qu’elle radote, simplement, elle parle toute seule : « Grand-Mère soliloque ».

 

C’est assez inhabituel, dit Lucien l’âne. Que se passe-t-il ?

 

Évidemment, dit Marco Valdo M.I., tu as bien perçu cette nouveauté et ta question est la bonne. Comment expliquer ça ? Pourquoi Grand-Mère est seule tout d’un coup. Eh bien, si Grand-Mère se fait la voix de la chanson et la seule, c’est qu’elle est la seule qui est là.

 

Et pourquoi ?, demande Lucien l’âne.

 

Il y a une double réponse à cette question, dit Marco Valdo M.I., car Grand-Mère va relayer, répercuter les voix de deux autres protagonistes de ce parlement informel. D’abord, le trouvère. Où est passé donc passé le trouvère, car c’est lui la première voix de ce choral.

 

Justement, répond Lucien l’âne, où est-il ?

 

Ça, on ne le sait pas, constate Marco Valdo M.I., mais par contre, on le sait suivi et même poursuivi par des inconnus qui sont sans doute des sbires du Guide ; c’est ce qu’on devine à ce que raconte Grand-Mère :

 

« À leurs oreilles, toujours suspect,

Il récite ses chants, l’œil inquiet.

Puis, il s’en va, il ne dit rien.

Des inconnus le filent au train. »

 

Quant au soldat, on sait qu’il a dû repartir au front comme il le disait l’autre jour (Les Faux Pas) . Malgré les risques, car son courrier peut être saisi ou espionné par les services, il dénonce l’omniprésence ubiquitaire du Guide :

 

« Ici, le Guide est partout, bien sûr.

Sur les écrans, sur les murs.

Son portrait, sa voix, son nom

Se répètent jusqu’à l’indigestion.

Le Guide polymorphe envahit tout,

Il s’insinue dans le moindre trou. »

 

Oh, dit Lucien l’âne, pour ça, on se croirait dans le roman d’Orwell.

 

En effet, répond Marco Valdo M.I., le Guide est assurément la réplique zinovienne de Big Brother, du Grand Frère ; il est en quelque sorte de la même famille, une sorte de cousin lointain et comme dans le roman 1984, la plupart des habitants de la Zinovie sont hypnotisés par cette présence envahissante. L’œil du Guide les suit littéralement partout, jusque même dans les lieux d’aisance. Pour ce qui est des oreilles, même les murs sont à l’écoute du moindre propos. C’est un peuple rendu suspect à lui-même, tenu de se surveiller, de se dénoncer et d’imposer à chaque habitant la conscience de son imparable culpabilité, version séculière du péché mortel.

 

Et dès lors, dit Lucien l’âne, comment y échapper ?

 

C’est quasiment impossible, répond Marco Valdo M.I., c’est à peine si on peut l’atténuer en faisant ouvertement les louanges du Guide et même ainsi, les personnages les plus haut placés, les agents les plus sûrs, les alliés les plus certains et les complices les plus fidèles du Guide ne peuvent y échapper. Il règne là-bas une terreur secrète, honteuse et perverse ; y vivre est un supplice quotidien, car la peur gangrène les plus ténus instants de la vie.

 

Houlà, dit Lucien l’âne, j’ai vraiment horreur de ça. Franchement, je ne pourrais pas y vivre ou alors, comme le trouvère, je deviendrais un éternel errant.

 

Je me demande, continue Marco Valdo M.I., comment un pays peut survivre avec un tel régime. Dans le fond, c’est peut-être la manifestation d’une maladie auto-immune du système qui inexorablement conduit la Zinovie à la ruine. J’ai comme l’idée qu’un cancer des profondeurs la ronge et la déforme depuis très longtemps.

 

Oui, dit Lucien l’âne. D’ailleurs, à la voir, elle est difforme et ça ne s’arrange pas. Mais sait-on jamais, on a déjà vu de ces régimes disparaître et des nations renaître. En attendant, tissons le linceul de ce vieux monde en décomposition, gangreneux, gangrené, dénaturé et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Grand-Mère soliloque : le trouvère

L’éclectique public réverbère

De la famille d’il était une fois.

Devenu un conteur à mille voix,

De la Zinovie dit l’histoire ancienne

Afin qu’on s’en souvienne.

Jour après jour, il déballe tout

Petit bout par petit bout.

À leurs oreilles, toujours suspect,

Il récite ses chants, l’œil inquiet.

Puis, il s’en va, il ne dit rien.

Des inconnus le filent au train.

 

Le trouvère m’a dit : au début, je voulais

Écrire un livre complet et bien épais.

Au travail, pendant les trajets,

À la maison, chez les amis,

L’idée me hantait jour et nuit.

Comme un volcan, je dégoulinais

De poussées de lave magmatique,

D’avalanches de pensée chaotique.

À des visiteurs, j’ai lu mes récits.

Souvent, on fouillait ma maison,

Dans la corbeille, on volait mes brouillons.

En rue, des inconnus m’ont suivi.

 

Je voulais une nouvelle manière,

Dansant hors du ronron ordinaire,

Sortie des ornières littéraires,

Une histoire simple et claire,

Une légende infinie, une moderne litanie,

Le Livre des Voix sans cacophonie.

Pour l’écriture, aucun problème,

Avec un style bien à lui,

À peine commencé, de lui-même,

Le Livre a patiemment construit

De Voix multiples en ébullition

Un conte polyphonique sans prétention.

 

Grand-Mère dit une voix est une voix.

Ah, voilà une lettre du soldat.

Ici, le Guide est partout, bien sûr.

Sur les écrans, sur les murs.

Son portrait, sa voix, son nom

Se répètent jusqu’à l’indigestion.

Le Guide polymorphe envahit tout,

Il s’insinue dans le moindre trou.

Qu’il soit midi, qu’il soit minuit

Dans la tranchée, aux pires moments,

Sans trembler sous le bombardement,

La peau de son visage lisse luit.

 

 

 

LA ZINOVIE


 

Tous les épisodes précédents sont accessibles ici :


 

 

Épisode 1 : Actualisation nationale ; Épisode 2 : Cause toujours ! ; Épisode 3 : L’Erreur fondamentale ; Épisode 4 : Le Paradis sur Terre ; Épisode : Les Héros de l’Histoire ; Épisode 6 : L’Endémie ; Épisode 7 : La Réalité ; Épisode 8 : La Carrière du Directeur ; Épisode 9 : Vivre en Zinovie ; Épisode 10 : Le But final ; Épisode 11 : Les nouveaux Hommes ; Épisode 12 : La Rédaction ; Épisode 13 : Glorieuse et grandiose Doussia ; Épisode 14 : Le Bataillon des Suicidés ; Épisode 15 : Les Gens ; Épisode 16 : Jours tranquilles au Pays ; Épisode 17 : La Région ; Épisode 18 : Mémoires d’un Rat militaire ; Épisode 19 : L’inaccessible Rêve ; Épisode 20 : La Gastronomie des Étoiles ; Épisode 21 : Le Progrès ; Épisode 22 : Faire ou ne pas faire ; Épisode 23 : Le Bonheur des Gens ; Épisode 24 : La Sagesse des Dirigeants ; Épisode 25 : Les Valeurs d’Antan ; Épisode 26 : L’Affaire K. ; Épisode 27 : L’Atmosphère ; Épisode 28 : La Nénie de Zinovie ; Épisode 29 : L’Exposition colossale ; Épisode 30 : La Chasse aux Pingouins ; Épisode 31 : Le Rêve et le Réel ; Épisode 32 : La Vérité de l’État ; Épisode 33 : La Briqueterie ; Épisode 34 : L’Armée des Chefs ; Épisode 35 : C’est pas gagné ; Épisode 36 : Les Trois’z’arts ; Épisode 37 : La Porte fermée ; Épisode 38 : Les Puces ; Épisode 39 : L’Ordinaire de la Guerre ; Épisode 40 : La Ville violée ; Épisode 41 : La Vie paysanne ; Épisode 42 : La Charrette ; Épisode 43 : Le Pantalon ; Épisode 44 : La Secrète et la Poésie ; Épisode 45 : L’Édification de l’Utopie ; Épisode 46 : L’Ambition cosmologique ; Épisode 47 : Le Manuscrit ; Épisode 48 : Le Baiser de Paix ; Épisode 49 : Guerre et Paix ; Épisode 50 : La Queue ; Épisode 51 : Les Nullités ; Épisode 52 : La Valse des Pronoms ; Épisode 53 : La Philosophie spéciale ; Épisode 54 : Le Pays du Bonheur ; Épisode 55 : Les Pigeons ; Épisode 56 : Les Temps dépassés ; Épisode 57 : La Faute à la Contingence ; Épisode 58 : Guerre et Sexe ; Épisode 59 : Une Rencontre en Zinovie ; Épisode 60 : La Grande Zinovie ; Épisode 61 : La Convocation ; Épisode 62 : Tatiana ; Épisode 63 : L’Immolation ; Épisode 64 : Que faire ? ; Épisode 65 : Ni chaud, ni froid ; Épisode 66 : Le Congé éternel ; Épisode 67 : À perdre la Raison ; Épisode 68 : Les Sauveurs de l’Humanité ; Épisode 69 : L’Eau qui dort ; Épisode 70 : Le Régime en Place ; Épisode 71 : Un Conflit avec l’Étranger ; Épisode 72 : Petit Manuel de Survie ; Épisode 73 : La Banalité ; Épisode 74 : La Ligne de Conduite ; Épisode 75 : Les Femmes de Zinovie ; Épisode 76 : La Légende ; Épisode 77 : Le Devoir sacré ; Épisode 78 : Les nouveaux Soldats ; Épisode 79 : Bruit de Fond ; Épisode 80 : Une résistible Ascension ; Épisode 81 : La Zone interdite ; Épisode 82 : Les Pommes ; Épisode 83 : La Normalité ; Épisode 84 : L’Autorisation ; Épisode 85 : L’Exclusion ; Épisode 86 : Quelle Affaire ? ; Épisode 87 : Le Vase vide ; Épisode 88 : Introspection ; Épisode 89 : Le Pays gris ; Épisode 90 : Tout un Style ; Épisode 91 : L’État unique ; Épisode 92 : Le Veilleur de Nuit ; Épisode 93 : Le Questionnaire ; Épisode 94 : Le Roi des Rats ; Épisode 95 : Si tu veux la Paix ; Épisode 96 : Les Vieilles et la Guerre ; Épisode 97 : L’Étoile filante ; Épisode 98 : La Guerre nécessaire ; Épisode 99 : Les Méditations ; Épisode 100 : La Guerre des Boutons ; Épisode 101 : Hurler avec les Loups ; Épisode 102 : Les Cantines éternelles ; Épisode 103 : L’Homme debout ; Épisode 104 : Les Nouveaux Cerisiers ; Épisode 105 : La Logique du Soldat Mort ; Épisode 106 : Les Fuites ; Épisode 107 : Les Ratures ; Épisode 108 : Les Lombrics philosophiques ; Épisode 109 : Les Réservistes ; Épisode 110 : La Logique de la Paix ; Épisode 111 : Le Citoyen et le Régime ; Épisode 112 : Les Ennemis extérieurs ; Épisode 113 : L’Oiseau de Feu ; Épisode 114 : Le Rêve du Guide ; Épisode 115 : Le Bourbier atomique ; Épisode 116 : L’Exilé ; Épisode 117 : La Journée ordinaire ; Épisode 118 : Les Commandeurs ; Épisode 119 : Sainte et Martyre ; Épisode 120 : La Patrie en Danger ; Épisode 121 : Les Églantiers sauvages ; Épisode 122 : Le Temps restant ; Épisode 123 : L’Invincible Armée ; Épisode 124 : L’Explorateur ; Épisode 125 : La Mémoire ; Épisode 126 : Souvenirs du Vieux Temps ; Épisode 127 : La Pauvreté chaleureuse ; Épisode 128 : Du Village à la Ville ; Épisode 129 : À l’École de la Capitale ; Épisode 130 : Le meilleur Élève ; Épisode 131 : Le Rire doux ; Épisode 132 : Les belles Jambes ; Épisode 133 : La Guerre et la Paix ; Épisode 134 : Le Moyen Âge ; Épisode 135 : Roman ; Épisode 136 : L’Aventure guerrière ; Épisode 137 : L’Âme de la Guerre ; Épisode 138 : Les Illusions perdues ; Épisode 139 : Contes et Mécomptes ; 140. Les Apories ; 141. Les Bâtisseurs de l’Avenir radieux ; 142. Les Écrevisses ; 143. La Fin des Ascèses ; 144. En aparté ; 145. Le beau Voyage ; 146. La Marche de l’Histoire ; 147. Les Morts froids ; 148. L’Industrie de la Guerre ; 149. Les Fruits mûrissent ; 150. Les Faux Pas ; 151. Les Soldats ; 152. Les Mamelles de la Guerre

 

LE VISAGE UBIQUITAIRE

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Published by Marco Valdo M.I.

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  • : Carnet de chansons contre la guerre en langue française ou de versions françaises de chansons du monde
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