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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 11:28

MONSIEUR LE PRÉSIDENT

 

 

Version française – MONSIEUR LE PRÉSIDENT – Marco Valdo M.I. – 2014

d'après la version italienne de Linda Kohlerova

d'une chanson tchèque – Pane prezidente – Jaromír Nohavica – 2006

http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47312

 

LE PRÉSIDENT EN EXERCICE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Voici donc une chanson tchèque..., dit Lucien l'âne en riant de plaisir. Moi, j'aime les chansons tchèques... une chanson du pays de Chveik, le terroriste malgré lui [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=8859]] et d'Adam Juracek, autre grand perturbateur... Le pays aussi de leurs auteurs Jaroslav Hasek et Pavel Kohout... Ce doit être drôle, cette chanson ou en tous cas, assez ironique, j'imagine...

 

 

Oui, mon ami Lucien l'âne, une chanson tchèque drôle et de surcroît, à portée universelle. En somme, comme les héros auxquels tu viens de faire allusion. Au passage, tu remarqueras que la chanson commence très exactement comme Le Déserteur [[1]] de Boris Vian, chanson qui inaugura ce site des Chansons contre la Guerre.

 

 

De toute façon, c'est une bonne idée d'écrire au Président, car – en général – les présidents ou tous les chefs d'État, quel que soit leur titre, sont évidemment les premiers responsables de toutes les misères qui accablent les populations. Ils sont les premiers collaborateurs du système...

 

 

En effet, Lucien l'âne mon ami, tu ne crois pas si bien dire. D'une part, rien ne les oblige à jouer ce rôle, ni même à le jouer comme ça... Donc, pour ce qui est de la chanson... Elle parle de la guerre et de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les asservir, pour étendre toujours leur domination, pour multiplier leurs bénéfices, pour accroître leurs profits, pour assurer leurs richesses, blinder leurs propriétés et bétonner leurs privilèges... Elle parle de la guerre qui se déroule actuellement en Tchécoslovaquie, laquelle se scinda, il y a quelques temps déjà... Une guerre au cœur de l'Europe, une guerre de l'Europe contre ses populations: la guerre sociale menée au nom de l'économie contre les gens. Et si j'ai souvent, et toi aussi, lancé le cri : « Regardez ce qu'ils font aux Grecs, ils vont vous le faire aussi... », cette chanson montre que les Tchèques ( et sans doute, bien d'autres) subissent pareil traitement. Les lanternes libérales brûlent aussi les Tchèques. [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=7920]]

 


Oui, je me souviens bien de cette chanson, dit Lucien l'âne en riant. On y disait notamment :

« Monsieur prend sa vessie libérale
pour une lanterne démocratique.
Et alors ? Et alors ?
Et alors, et alors ?
Il se brûle !!! » 

Enfin, voyons celle-ci et reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde malade du libéralisme, de la concurrence, des économistes, avide, cupide et cacochyme.

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

Monsieur le Président, garant de la Constitution
Je vous fais une lettre pour demander votre intercession
Karel, mon grand fils et ma petite Eva :
Depuis un an ne viennent pas me voir et ne m'écrivent pas.

 

Vous me comprendrez
Vous qui savez tant

Vous m’écouterez, vous interviendrez
Vous me sauverez
Monsieur le Président,
Je demande un peu de bonheur, seulement
Pour quoi d'autre d'ailleurs, avons-nous fait sonner
Sur la place Venceslas, tant de clés.

 

Monsieur le Président, je me plains
La bière, le yogourt, le champagne
Les saucisses, le trolley, le pain
Les timbres, les cahiers
Le veau, la Grèce, l'Allemagne

Pratiquement tout n'arrête pas d'augmenter.

 

Vous me comprendrez
Vous qui savez tant

Vous m’écouterez, vous interviendrez
Vous me sauverez
Monsieur le Président,
Je demande un peu de bonheur, seulement
Pour quoi d'autre d'ailleurs, avons-nous fait sonner
Sur la place Venceslas, tant de clés.

Monsieur le Président de la République Tchèque
On m'a brutalement viré de la fabrique
Pendant 30 ans, pourtant, tout allait bien

Et maintenant sont arrivés de jeunes crétins

Qui s'agitent comme des pantins

 

Vous me comprendrez
Vous qui savez tant

Vous m’écouterez, vous interviendrez
Vous me sauverez
Monsieur le Président,
Je demande un peu de bonheur, seulement
Pour quoi d'autre d'ailleurs, avons-nous fait sonner
Sur la place Venceslas, tant de clés.

 

Monsieur le Président, mon Anežka, de son vivant
M’aurait tué pour cette lettre
Elle aurait dit : Jaromir, tu n'es qu'un enfant
Il est tellement occupé notre président
Avec toute l'Europe, avec le monde, avec tout ce bataclan.

 

Vous me comprendrez
Vous qui savez tant

Vous m’écouterez, vous interviendrez
Vous me sauverez
Monsieur le Président,
Je demande un peu de bonheur, seulement
Pour quoi d'autre d'ailleurs, avons-nous fait sonner
Sur la place Venceslas, tant de clés.

 

Monsieur le Président...

 
MONSIEUR LE PRÉSIDENT
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Published by Marco Valdo M.I.
13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 14:55

Mademoiselle Ilse

 

 

Canzone française – Mademoiselle Ilse – 1921 – Marco Valdo M.I. – 2011

Histoires d'Allemagne 20

 

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

 

http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=37875

 

 

 

 

Vous savez, mon cher Tiger

J'aime vous appeler Panter ou Tiger

Ça me trouble beaucoup

 

 

Tiens, Lucien l'âne mon ami, tu te rappelles certainement ces chansons de Kurt Tucholsky que j'avais traduites récemment...Il y en a plusieurs...

 

Oui, de fait, je me souviens fort bien de Guerre à la Guerre, Roses éparses sur le chemin, Bienfaisance sociale, Parc Monceau...

 

Peut-être même as-tu remarqué que je n'avais pas fait de commentaires spécifiques et que je n'avais pas parlé de Tucholsky lui-même...

 

J'avais remarqué cela et, dit Lucien l'âne avec ses oreilles dressées en points d'interrogation car Lucien l'âne est très expressif du corps, je me demandais pourquoi tu ne disais rien d'un tel artiste, d'un tel intellectuel, d'un tel militant de l'humaine nation...

 

Eh bien, la raison de mon silence est tout simplement que je préparais cette chanson qui elle va donner un éclairage sur sa personnalité et rendre hommage à Kurt Tucholsky. Et comme tu as l'air de savoir quel grand écrivain c'était, quel poète il fut, tu as pu subodorer l'immense influence qu'il a eue sur la poésie et la littérature allemandes. Je pense notamment à Bert Brecht, Günter Grass et à Hans-Magnus Enzensberger. Tu as pu voir aussi sa clairvoyance à l'égard du Blechtrommel, de ce Tambour de fer blanc qui rêva d'un Reich de mille ans,tu as pu connaître sa dénonciation du régime de ce trublion et de ses prémices implacables. Une vraie plume d'acier que cet homme-là... Je pense à l'influence de la Weltbühne qu'il anima si bien sous toutes sortes de pseudonymes. Et des pseudonymes, il en eut... Par exemple : Kaspar Hauser, Peter Panter, Tigre de Theobald et Ignaz Wrobel

 

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, je savais une partie de tout cela et je découvre avec ravissement le reste. Mais qu'en est-il de la chanson du jour ?

 

D'abord, je suppose que tu sais qui était Peter Pan(ter), ce gentil héros qui combat les effrayants (et ridicules) pirates du capitaine Ehrhardt...

 

Excuse-moi, n'était-ce pas plutôt du capitaine Crochet ?, dit Lucien l'âne un peu héberlué...

 

Mais si, mais si, c'est du capitaine Crochet quand il s'agit de Peter Pan, mais s'agissant de Peter Panter, il s'agit principalement, du capitaine Ehrhardt et de ses pirates aux Casques d'Acier, ces ressusciteurs des lansquenets, tant vantés par Ernst Jünger et qui seront plus tard ceux du caporal Tambour... connu aussi sous le nom d'Adolf Hitler. Au fait, je te signale en passant qu'il s'agit du même Ernst Jünger, Orages d'acier... dont on a relaté ici même dans les Histoires d'Allemagne la conversation avec À l'Ouest... en terrain neutre, à Zurich, cinquante ans après la guerre. Mais revenons à la chanson... Cette année-là, deux ans après la guerre, Ernst Jünger s'était lancé dans la Révolution conservatrice, celle qui mènera tout droit au nazisme.

 

Alors ce que raconte la chanson du jour, notre histoire d'Allemagne du jour... ?, dit Lucien l'âne en riant.

 

En somme,dit Marco Valdo M.I., c'est un projet de brève rencontre, initié par une jeune femme. Elle met en scène, notre chanson deux personnages: Peter Panter qui n'est autre, comme je te l'ai dit, que Kurt Tucholsky lui-même et Mademoiselle Ilse Lipinski et tout au long de la chanson ces deux-là s'envoient des petits mots...

 

Waouww !, dit Lucien l'âne un peu émoustillé.

 

Exactement, tout commence par un mot de Mademoiselle Ilse où elle fait savoir à Tucholsky, alias Panter, qu'elle tient assez à passer une soirée avec lui et le Don Juan putatif finit par accepter le rendez-vous. Un roman express, en quelque sorte. Un jeu croisé de séduction que l'on trouve chez Mozart, chez Marivaux et chez tellement d'auteurs... L'objet d'une infinité de romans, de nouvelles, de films, de feuilletons télévisés... et bien sûr, d'opéras, d'opérettes, de comédies musicales, de chansons... Mais c'est bien plus que ça... Ce marivaudage sert en fait un autre but qui est bien plus important... C'est l'écrin d'une défense et illustration de Tucholsky par lui-même et d'autres considérations politiques et philosophiques.

 

Houlala, dit Lucien l'âne. Voilà qui soudain est bien sérieux. Je croyais que Mademoiselle Lipinski, sans vouloir l'offenser, était une jeune personne douée d'une certaine vitalité et d'un goût prononcé pour la danse.

 

Mais tu n'as pas tort, c'est bien cela. Ilse est une jeune femme du peuple (elle est vendeuse dans un magasin de chaussures) qui songe aussi à prendre la vie du bon côté et à ne pas trop s'en faire. Mais elle est rattrapée par l'horrible réalité que lui fait découvrir Peter Panter.

 

C'est donc bien une chanson et pas un traité de science politique. Ah là, tu me rassures, dit Lucien l'âne en souriant, je vois Mademoiselle Ilse danser le charleston en robe courte... Elle est vraiment coquine...

 

Oui, c'est décidément bien une chanson... Rappelle-toi, Lucien l'âne mon ami, que notre instrument de compréhension et d'élucidation du monde, c'est précisément la chanson, la poésie et comme il est dit en préambule à toutes ces histoires d'Allemagne...« Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. ». Et puis encore, ne penses-tu pas comme moi que Berta et Ilse sont des incarnations de l'Allemagne, de la population allemande ? En fait,dans cette chanson Kurt Tucholsky s'explique de son action d'écrivain, de poète, de journaliste, de polémiste, de militant... Bref, d'homme avec des sentiments, avec des goûts, avec une vie sociale et des moments de détente, de fête. Par ailleurs, il ne faut surtout pas oublier que c'est Günter Grass qui raconte cette histoire et qu'il le fait tout à la fin du siècle et qu'il serait très surprenant qu'il n'ait pas lui aussi conscience du rôle de Tucholsky. Bon, j'arrête là, car il y a mille choses encore à dire à propos de cette chanson.

 

Oui, mais, dit Lucien l'âne, j'aimerais quand même ajouter que tu y as toi aussi apporté ton grain à cette image mouvante et qu'il me paraît – tu ne me l'enlèveras pas de l'esprit – que parlant du passé, tu parles du présent... Et que, quand tu parles du futur du passé, de l'avenir vu de 1921, tu parles de l'avenir de nonante ans plus tard, de l'avenir de 2011. Tout comme, je crois comprendre que tes Histoires d’Allemagne parlent de l'Allemagne, certes, mais aussi de l'Europe en train de s'unifier... sous une influence grandissante et pesante de la Chancellerie berlinoise, avec tous les risques que cela représente.

 

En effet, en effet, on pourrait très bien imaginer cela... Et qu'il y a dans la chanson du jour une certaine mise en garde... Mais restons-en là...

 

Oui, dit Lucien l'âne, restons en là provisoirement et tissons le linceul de ce vieux monde au destin sans cesse recommencé, de ce vieux monde pesant et cacochyme.

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Cher Peter Panter, écrit Ilse

Je suis votre « Mam 'selle Piesenwang »

En vérité, je m'appelle Ilse

Et pas du tout Piesenwang

Ilse, Ilse Lepinski

Et n'allez pas croire... j'ai un ami

Mais il est assez tolérant.

Il m'a fait lire vos trucs marrants

Et c'est vrai, on a bien ri

Malheureusement, je n'ai pas tout compris,

Sauf que parfois, vous êtes méchant.

Mais on m'a dit que vous êtes très séduisant.

 

Mademoiselle Ilse

Je vous jure que je ne suis pas si méchant

Croyez-moi, Mademoiselle Ilse

J'ai essayé pendant trois ans

D'échapper à la guerre par tous les moyens

Pour ne pas tuer d'autres humains

Pour ne pas être fusillé

Ou crever bêtement à l'étranger

Beaucoup en firent autant.

C'étaient pourtant de bons Allemands

Un jour, on m'a donné un fusil

Je l'ai posé là et je suis parti.

 

Vous savez, mon cher Tiger

J'aime vous appeler Panter ou Tiger

Ça me trouble beaucoup

Mais pour la danse, vous n'y êtes pas du tout

Avec une robe jaune au dessus du genou.

Je danse un truc terrible, un charleston,

Des ondes, on tremble, quelle sensation !

Ça monte du bas et ça vous envahit tout

Si vous venez, je vous montrerai.

Et j'ai dans ma petite boîte, quelque chose

Un de ces bonbons, qui rend tout chose

Si vous voulez, je vous en ferai goûter.

 

 

Chère Mademoiselle Ilse, j'aimerais bien

Mais avant tout, il nous faut sortir du pétrin

Dans lequel les militaires nous ont fourrés.

Quatre années de massacres, c'est assez

Ils peignent des croix gammées sur nos maisons

Ils font ces saletés-là pour que nous partions

Le meurtre politique est organisé

Le dol, le vol, l'assassinat sont exemptés

Les tribunaux ont peur et la justice suit.

Condamnations légères, non-lieux et sursis,

Ni les Balkans, ni l'Argentine, ni le Pérou

Ne supporteraient d'être comparés à nous.

 

 

Cher Monsieur Kaspar Hauser,

Je sais bien que vous êtes Tucholsky

Que vous êtes juif et plutôt fier

Moi aussi, mon nom finit par ski.

Je suis une personne bien ordinaire

Je vends des chaussures chez Leiser,

Au rayon messieurs, je m'y plais bien

Et puis, j'aime les gros, ils dansent bien

C'est tout au fond du magasin. Venez samedi

Je vous ennuierai pas, c'est promis

Je vous attendrai, on ira danser.

Mon ami est parti, j'ai toute la soirée.

 

 

Chère Mademoiselle Lepinski,

Oui, j'ai dit que « Les soldats sont des assassins »

C'est normal, sur ordre, ils tuent des humains

Et nous ne pouvons quand même pas dire oui

À un peuple qui pourrait commettre à nouveau le pire

Refaire un Reich, revouloir un Empire

À un pays où le groupe écrase l'individu

Où les tueurs se promènent tout nus

Portent des casques d'acier et font de la gymnastique.

Rassurez-vous, je ne parlerai pas de politique

Je viendrai samedi au rayon hommes chez Leiser

Nous irons boire, manger et danser chez Walter.

Mademoiselle Ilse (et Peter Panter)
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Published by Marco Valdo M.I.
13 mai 2014 2 13 /05 /mai /2014 09:02

Rédaction : Goethe et Hitler

 

Chanson française – Rédaction : Goethe et Hitler – Marco Valdo M.I. – 2014

d'après Kaspar Hauser, alias Kurt Tucholsky « Hitler und Goethe » Ein Schulaufsatz - 1932

 

 

http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47313

 

Attention, Lucien l'âne mon ami, je viens d'écrire une chanson à partir d'une « rédaction »...

 

 

D'une rédaction, Marco Valdo M.I. mon ami, dois-je comprendre que tu retournes à l'école ?

 

 

Voyons, Lucien l'âne mon ami, que me chantes-tu là ? Je n'ai aucune intention de retourner à l'école et d'ailleurs, je n'y suis pas retourné. Si tu avais attendu que je termine ma phrase, tu aurais su ce que je voulais vraiment te dire. Je reprends donc : Je viens d'écrire une chanson à partir d'une « rédaction scolaire » (Ein Schulaufsatz), publiée en 1932 par Kurt Tucholsky sous le nom de Kaspar Hauser, renvoyant sans doute au personnage du mystérieux jeune homme, mort un siècle avant et surnommé « l'orphelin de l'Europe ». Kaspar Hauser est ce jeune homme qui aurait été séquestré depuis sa naissance et serait apparu vers ses 16 ans, mutique et asocial ; il avait à ce moment toutes les apparences de ce qu'on appelle, chez nous, un innocent. Ce pseudonyme de Kaspar Hauser, quand il est choisi par Tucholsky, quant à lui, n'est certes pas innocent. En fait, ce Kaspar Hauser de Tucholsky nous ressemble : il s'embrouille dans ses propres phrases.

 

 

Donc, il y a une rédaction, censément écrite par un « innocent » et que dit-elle ?

 

 

Avant de te raconter cette histoire, je voudrais, Lucien l'âne mon ami, insister un peu sur le caractère ironique du texte de départ de Tucholsky-Hauser. Ironie et dérision que j'ai tenté de faire resurgir dans la chanson. Évidemment, la chanson n'est pas en allemand ; et comme tu le sais, je ne suis pas Tucholsky... Je veux dire que je n'en ai pas le talent ou le génie, comme tu voudras. Mais cette chanson a justement comme objet de faire connaître cette rédaction où Tucholky compare Hitler et Goethe afin d'alerter les Allemands contre le danger Hitler ; mais était-il encore possible en 1932 de changer le cours des choses ... On brûlera les livres de Tucholsky en 1933. Sans doute, aurait-on fini par brûler Tucholsky lui-même, s'il était resté en Allemagne.

 

 

Oui, mais la chanson, dis-moi...

 

 

Donc, il y a cette rédaction, un sujet imposé par un professeur délirant qui entend faire magnifier le Führer par ses élèves. Une rédaction écrite par un élève maladroit, une composition en quelque sorte chaotique, mais dans laquelle, selon l'humeur de l’époque et le penchant d'un professeur nazi, il faut évidemment encenser le Führer et le peuple allemand... Et l'élève, bien décidé à le faire, à force de vouloir l'encenser, finit par ridiculiser et dévoiler complètement l'absurde dirigeant... C'est la méthode Uylenspiegel, telle que la pratiquait Charles Decoster. Enfin, je te laisse l'analyse de textes, il y a plein de détails frappants. Et si tu en as l'occasion va lire le texte allemand de Tucholsky-Hauser. Pour moi, en somme, c'est aussi un hommage à Tucholsky, écrivain et journaliste dont on aurait bien besoin aujourd'hui, dans cette Europe rongée par le rêve d'Otto. Et comme bien de ses textes ont été mis en musique et chantés par les grands interprètes de langue allemande, j'en ai fait une chanson...

 

 

J'ai comme l'impression qu'elle complète tes histoires d'Allemagne, où tu célébras Tucholsky, ce Don Juan aux prises avec Mademoiselle Ilse. [[37875]] Et de fait, en faisant ainsi, tu tisses le linceul de ce vieux monde obstiné qui court à sa perte et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Goethe était intelligent et séduisant

Avec les femmes, il connut beaucoup d'aventures

Hitler était moustachu et très virulent

Avec le temps, il eut une énorme voiture

 

 

 

 

Considérons l'histoire d'Allemagne

Et son destin. Qui sont ses héros ?

Il y en eut tant depuis Charlemagne

Il y eut Fritz et puis, Otto

Il y eut Luther et Münzer

Il y eut Wilhelm et puis, Hitler

Hitler est mort cependant

Et Goethe bien avant.

 

Goethe s’enthousiasmait pour les sans-culottes

Il n'était pas trop patriote

Il admirait Napoléon le Grand

Et disait aux Allemands

Cet homme est trop grand pour vous.

Debout, dehors, par tous les temps

Il hurlait aux Allemands

Je suis le plus grand d'entre vous.

Hitler était très patriote.

Il n'aimait pas les juifs ; c'était sa marotte

 

 

Le peuple allemand

Que le monde envie tant

A été fier

À certains moments

De Goethe et de Hitler

Goethe était intelligent et séduisant

Avec les femmes, il connut beaucoup d'aventures

Hitler était moustachu et très virulent

Avec le temps, il eut une énorme voiture

Décapotable, pour se montrer dedans.

 

 

Goethe est un écrivain

Apprécié à l'étranger. Nous le répudions.

Hitler est un écrivain

Allemand, il a vendu Mein Kampf par millions

Finalement, en conclusion

Jeunes, vieux, filles, garçons

Tous hitlériens à l'unisson

Avec un parti d'un million

C'est nous qui décidons

Hitler a toujours raison

 
 
Rédaction : Goethe et Hitler
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Published by Marco Valdo M.I.
11 mai 2014 7 11 /05 /mai /2014 21:25
LES PRISONNIERS

 

Version française – LES PRISONNIERS – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Die Gefangenen – Theobald Tiger alias Kurt Tucholsky – 1931

Texte Theobald Tiger in Die Weltbühne, 14.04.1931, Nr. 15, S. 534.

 

 

 

 

 

 

Les entends-tu avaler, Dieu du ciel ? 

Ils sont assis sentant le moisi, ils mangent du moisi et

Ils le prennent d'une cuillère en fer dans les gamelles officielles

Pour l'amener à leur bouche privée.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les entends-tu avaler, Dieu du ciel ?
Ils sont assis sentant le moisi, ils mangent du moisi et
Ils le prennent d'une cuillère en fer dans les gamelles officielles
Pour l'amener à leur bouche privée.

Le corps digère ça,
Mais c'est tout à fait insensé

Ce qu'ils font là.

Les entends-tu avaler, Dieu du ciel ?

 

Les vois-tu trotter dans la cour, Seigneur ?
On les mène comme des chevaux, afin qu'ils ne meurent pas trop rapidement
Il importe qu'ils soient souffrants,
Il y a une bible dans le tiroir du pasteur.
Il leur lit de temps en temps une phrase ou deux
Croyant qu'il est meilleur qu'eux.

Les vois-tu assis dans ton temple, Seigneur ?

 

Sens-tu comme ils souffrent ?
La nuit, des rêves troubles les harcèlent ;
Leur libido est en désordre,
Ils voient d'énormes sexes sur pattes
Et les poursuivent

Sens-tu comme ils souffrent ?

 

Oui, ils ont failli – c'est vrai.
Aucun homme ne peut punir un autre, seulement lui infliger un tourment.
Car la dette et la punition ne viennent jamais au même moment.
Oui, ils ont failli, c'est vrai.

 

Ils sont assis là et souffrent :   

Car ils ont volé ;      

Car leurs parents ne purent engendrer qu'un corps ravagé ;      

Car ils voulaient une république en Espagne ;

Car ils n'approuvent pas la politique de Staline;   

Car ils n'aiment pas le Duce ;      

Car ils voulaient fonder des syndicats en Amérique…

Ils sont la lie de la terre.

Les justes ne peuvent exister, s'il n'y a les injustes.

Oui, ils ont failli, c'est vrai.

 
Et ainsi, il est ordonné :

Eux, ils ont péché.

D'autres les ont condamnés.

D'autres encore exécutent le jugement.

Qu'ont à faire ensemble tous ces gens ?

 

Oh Dieu, vois !
Aie pitié, aie pitié des prisonniers !
L'homme qui condamne, n'a aucune pitié.
On doit le tourmenter, encore une fois,
Et même ainsi, rien ne serait encore réglé.
Les entends-tu, les vois-tu, les comprends-tu, les prisonniers ?

 

 

 
LES PRISONNIERS
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Published by Marco Valdo M.I.
10 mai 2014 6 10 /05 /mai /2014 21:42
NOVEMBRE 18

 

Version française – NOVEMBRE 18 – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – November 18 – Kurt Tucholsky – 1926

Texte de Kurt Tucholsky (publié sur Die Weltbühne du 16 novembre 1926, signé de son pseudonyme de Theobald Tiger), adapté par Hanns Eisler.
Musique de Hanns Eisler.
Interprétée par Ernst Busch

http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47212




 

Berlin 1918
Là pour la première fois

En Prusse, la terre trembla. 


 

Tiens, Lucien l'âne mon ami, j'espère que Novembre 1918, te rappelle quelque chose. C'est à la fois, l'effondrement du Reich allemand, la fin de la guerre et l'éclatement d'une révolution rapidement avortée en Allemagne et pire que tout, avortée par ceux-là mêmes qui auraient dû la soutenir... si l'on en croit leur déclaration de principe, autrement dit et en clair : les sociaux-démocrates. Et ce sera une chirurgie violente, pratiquée directement sur le peuple insurgé. Pour en venir à la traduction, comme tu peux le voir, il y avait ici deux versions presque semblables du même texte en allemand et comme bien tu penses, j'ai pris la version originale de Theobald Tiger, personnage que tu as souvent rencontré ici sous le nom de Kurt Tucholsky et que tu as sans doute apprécié sous celui de Peter Panter (Mademoiselle Ilse).

 

 

 

 

 

 

Oh, je te comprends bien. Si les versions sont presque semblables, il n'y a pas beaucoup de raison de les traduire toutes les deux... et tant qu'à faire, il vaut mieux en effet choisir la version originale.

 

 

 

 

 

 

Ce n'est pas que l’adaptation soit moins bonne, mais j'aime presque toujours mieux m'en tenir à l'originale... Peut-être par corporatisme... Que sais-je ? Cela dit et pour en venir à la chanson elle-même, Novembre 18, vu de Berlin huit ans plus tard, c'est assez bouleversant. D'où l'intérêt de faire paraître dans le site des CCG toutes les chansons de ce temps-là. Elles éclairent le nôtre. C'est le sens du titre : huit ans après, rien n'a fondamentalement changé... D'ailleurs, huit ans plus tard, ce sera pire encore.

 

 

Huit ans plus tard ? Que veux-tu dire ? Moi, je ne m'y retrouve plus dans tous ces huit ans, dit Lucien l'âne en piaffant sur place.

 

 

Alors, il faut tout t'expliquer, dit Marco Valdo M.I. en riant. C'est bien simple pourtant. Commençons à 1918... J'ajoute huit ans, je suis en 1926 ; là, c'est la république de Weimar. J'ajoute encore huit ans, je suis en 1934... Je te rappelle qu'on est en Allemagne... 1934 , les nazis s'installent définitivement ; en 1933, on aurait encore pu croire qu'ils ne resteraient que six mois, un an au maximum... Continuons, huit ans plus tard, donc en 1942, les choses empirent : les nazis adoptent la « solution finale », c'est-à-dire décident l'extermination industrielle de populations entières sur une base ethnique : les Juifs, les Roms et de pureté raciale : les handicapés, les homosexuels le tout nourri du concept fumeux de sauvegarder la race aryenne ; sur le plan militaire, les choses commencent à aller mieux... Le vent tourne à l'Est... Huit ans plus tard, …

 

 

Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, arrête, je t'en prie, tu as déjà fait cent histoires d'Allemagne... Et puis, nous avons à faire. Il nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde hanté par les fantômes du nazisme, poursuivi par son délire d'accumulation, rongé par sa cupidité, malade d'ambition, souffleté par l'indécence, suant de puissance, gonflé d'infantilisme et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

 

IL Y A HUIT ANS

 

 

 

Texte original de Theobald Tiger (alias Peter Panter)

 

 

 

 


Alors, oui !
Là pour la première fois
En Prusse, la terre trembla.
Le dernier caporal l'a ressenti :
Air lourd ! C'est l'orage !
On a éteint la chaudière.
Bas les armes ! Et tout le monde au logis.

 

Et alors…
Où étaient-ils quand même alors :
Les empereurs avec leurs grands colliers ?
Ils étaient assis tremblant dans leur tanière,
Avec des voitures et des toilettes pour dames.
Insectes muets : Kronprinz, officiers
Aucun n'était droit. Tous sont tombés.

 

Alors, oui !
C'est si loin… aujourd'hui!
Ils sont toujours tous au pouvoir.
Criminels. Armée, gloire.
Tout a repoussé.
Vos gueules, Allemands ! Préparez ! Préparez !
La bouffe pour vingt monarchies.

 

 

Alors, oui !
Comment ont-ils baptisé ça ?
Révolution ? Ce n'en était pas.
Ils vous ont vendus et trahis
Vous pensez toujours que c'en fut une :
1918 ? Un nombre d'or.
Ce sera mieux la prochaine.
Encore. Encore.

NOVEMBRE 18
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Published by Marco Valdo M.I.
8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 21:46

Les Volontaires

 

Chanson française – Les Volontaires – Jean-Baptiste Clément – 1873

Musique de Marcel Legay

http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47284

 

 

 

 

Les gars à poil de ce temps-là

Voulurent qu'on les appela

Les volontaires...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Petit rappel historique à l'usage des bonnes gens.

« Dans le cours de l'année 1791, une coalition se forme contre la France alors en pleine Révolution. L’émigration se renforce de plus en plus. Le roi et sa cour se disposent à fuir. Les frontières de la France sont menacées. Conformément à l'article 14 de la loi du 15 juin 1791, un registre est ouvert, dans chaque district, pour l'inscription des Volontaires nationaux appelés à la défense du territoire.

L’entrée en guerre de la Prusse aux côtés de l’Autriche le 6 juillet 1792 oblige l’Assemblée législative à contourner le veto royal en proclamant, le 11 juillet 1792, la patrie en danger et en demandant à tous les volontaires d'affluer vers Paris. »

C'est bien à ces volontaires que renvoie la chanson de Jean-Baptiste Clément.

 

 

 

 

 

 

Oh, dit Lucien l'âne en passant la langue, je me demande, Marco Valdo M.I. mon ami, comment on va pouvoir faire de ces volontaires qui partent en guerre, une chanson contre la guerre ?

 

 

 

 

 

 

En fait, Lucien l'âne mon ami, c'est assez simple. Car quoi qu'il en adviendra par la suite, ces volontaires qui étaient en même temps pour la plus grande part, des gens du peuple et du petit peuple, bref, des pauvres – dont la solde parfois était la sauvegarde, ces volontaires se levèrent pour aller défendre cette révolution, cette libération qu'ils venaient de conquérir et qui effrayait tant le reste de l'Europe. Comme on le sait , dans la Guerre de Cent Mille Ans, les riches et les puissants ont toujours détesté, condamné, vilipendé, saboté et attaqué toute avancée vers une libération de l'oppression et de l'exploitation. Les formes de ces avancées ont varié selon les époques, mais toujours la répression fut à la mesure de la peur qui saisit les maîtres du jeu social. On peut citer Spartacus, les paysans allemands à la suite de Münzer, les Vaudois-Valdésiens... et bien entendu, entre autres, la France de la Révolution. En ce temps-là, contre cette dernière, ils s'étaient tous coalisés : des Empereurs et Rois du continent aux commerçants et financiers des bords de la Tamise. Et on lui fit la guerre durant plus de vingt ans...

 

 

 

 

 

 

Mais enfin, quand même l'Empire, l'Empereur, ses Rois et toute sa noblesse, ses nouveaux et anciens riches ne correspondaient pas à ce qu'ils avaient espéré... C'est le moins qu'on puisse en dire...

 

 

 

 

 

 

Que l'espérance des Volontaires ait été ensuite trahie, qu'ils aient été proprement roulés dans la farine par les nouveaux Maîtres arrivés au pouvoir en France-même, ne change rien à l'immense appétit de Justice et de Liberté qui mobilisait ces « gars à poil de ce temps-là » qui étaient pour l'essentiel des paysans sans terre qui en avaient marre de l'esclavage et de la misère. Mais cependant, c'étaient les volontaires de la Liberté et ils se mettaient route contre la Guerre que les riches et les puissants leur faisaient... C'est donc bien une chanson contre la guerre...

 

 

 

 

 

 

Curieux quand même, ces armées de volontaires qui s'en allèrent contre la guerre les armes à la main... Mais peut-être n'ont-ils pas trouvé d'autres moyens de se protéger contre les fauteurs de guerre et les sbires de leurs anciens exploiteurs... toujours désireux de récupérer leurs domaines et leurs sinécures. Et ce peuple de paysans pauvres fut victime de sa propre générosité... Il avait du tempérament... Le reste de l'histoire est une lutte entre riches et puissants, une explication entre gangs rivaux... Et crois-moi, c'est encore le cas à présent... À nous, il ne nous reste que ce que nous pouvons faire, là maintenant et à notre manière, autrement dit tisser nous-aussi le linceul de ce vieux monde sans cesse renaissant, de ce vieux monde mercantile, répressif, dominateur, contrôleur et cacochyme.

 

 

 

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Comme ils étaient fort entêtés

Quand ils avaient leurs volontés

Nos vaillants pères !

Les gars à poil de ce temps-là

Voulurent qu'on les appela

Les volontaires,

 

Au pays où l'on fait du vin,

Où la vigne est le médecin

Des poitrinaires,

Les hommes sont si bien bâtis

Que tous, un jour, grands et petits,

Sont volontaires.

 

Mal équipés, en gros sabots,

Ils coururent, le sac au dos,

À nos frontières,

Avec la Marseillaise au cœur,

Et du courage à faire peur

Des volontaires.

 

On ne voyait point de musards,

Point de poussifs, point de traînards

Dans les ornières.

La Liberté donnait du nerf,

Des pieds et des jarrets de cerf

Aux volontaires.

 

Aussi ce ne fut pas bien long

De reclouer le pavillon

Sur nos frontières.

Liberté, mère des héros,

Ils avaient du feu dans les os,

Tes volontaires.

 

Liberté, c'était en ton nom

Qu'ils se faisaient chair à canons

Et de civières !

O Patronne ! Quand vous hurlez,

Ça fourmille comme les blés,

Les volontaires.

 

 
Les Volontaires
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8 mai 2014 4 08 /05 /mai /2014 18:55

BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES

 

Version française – BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Ballade von der Krüppelgarde – Robert Gilbert – 1930

Texte de Robert David Winterfeld alias Robert Gilbert (1899-1978), signé par la suite du pseudonyme David Weber (et ce n'était pas le seul dont il usait). Il semble qu'il ait tiré son adaptation d'une chanson de Jean-Baptiste Clément, mais je ne sais pas laquelle.
Musique de Hanns Eisler.
Interprétation Ernst Busch.

 

Nous ne pouvons pas marcher au pas,

La plupart d'entre nous n'ont qu'une jambe.

 

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, as-tu mémoire d'avoir rencontré pareille bande d'éclopés ? Mais avant d'aller plus loin, deux mots à propos du nom de cet incroyable défilé... Une traduction littérale serait : la garde des boiteux, des éclopés, des estropiés ou la garde boiteuse, éclopée, estropiée, infirme... Finalement, j’ai penché pour les invalides en référence à cet Hôtel des Invalides à Paris où depuis Louis XIV, sont hébergés ces militaires endommagés... Quant à la Garde , le mot ne recouvre pas la même chose en français qu'en allemand et vu le nombre, le mot « armée » conviendrait mieux. Et puis, j'avais en tête certain général de l'armée morte ou de l'armée des morts, que raconte Ismail Kadaré et qu'interpréta Marcello Mastroiani. D'où, cette « armée des invalides ».

 

 

Je trouve, en effet, Marco Valdo M.I. mon ami, que voilà un excellent titre. Quant à ta question des éclopés, j'ai vu de telles bandes de dégingandés bien des fois à commencer par celle des Dix Mille de Xénophon, en passant par la première Croisade [[9491]], les croisades en général et l’inénarrable Huitième, en particulier et les retraites de Russie – française, européenne, allemande, italienne... Et comme tu le sais sans doute, j'en ai vues plusieurs de mes propres yeux d'âne... En plus, ces gens-là ne rêvaient que de me manger... Autant te dire que je me suis tenu à l'écart de ces joyeux troupiers.

 

 

Tu as bien fait, Lucien l'âne mon ami. Car vaut mieux un âne vivant qu'un Lucien mort.

 

 

Maintenant, pour ta question, si je n'ai aucune idée à ce sujet, même vague, il me semble à voir ton œil qui vibre que toi, tu en as une... Alors, de quoi s'agit-il ? Aurais-tu une réponse à cette question concernant une chanson de Jean-Baptiste Clément ?

 

 

Tu as l’œil, Lucien l'âne mon ami et de fait, j'ai trouvé une chanson de Jean-Baptiste Clément qui me semble, car je n'ai pas pu m'en assurer plus que ça auprès de Robert Gilbert, alias alias... chanson qui me semble être « Les Volontaires », que je vais m'empresser de proposer comme Chanson contre la Guerre, car c'en est une assurément. Quoique ces volontaires ont l'air en meilleure forme que cette armée de stropiats, d'impotents, d'unijambistes... Sauf à la fin où :

« ...ils se faisaient chair à canons

Et de civières ! »

 

 

Évidemment, c'est ce qui attend tous ceux qui se précipitent la fleur au fusil au devant des canons et des pétoires ennemis. Quoi qu'il en soit, tu auras traduit une chanson et tu en apporteras une autre et c'est fort bien. Peut-être finira-t-on par dire que tu t'es gourré et que ce n'était pas « Les Volontaires », mais une autre chanson de Clément qui a servi de base à celle-ci... et donc quelqu'un te démentira...

 

 

Ce n'en sera que mieux, car alors, il apportera une autre chanson de Jean-Baptiste Clément, auteur dont je crois bien qu'une bonne part de la production mériterait d'être reprise ici...

 

 

Restons-en là, si tu veux bien, pour le moment et reprenons notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde exploiteur, propriétaire, belliciste et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Nous sommes l'armée des invalides,
La plus belle armée du monde ;
Nous sommes presque un milliard,
En comptant les morts.

 

Les morts ne suivent pas,
Ils doivent rester en terre
Nous ne pouvons pas marcher au pas,
La plupart d'entre nous n'ont qu'une jambe.

 

Notre lieutenant se terre sous terre
Notre capitaine a un moignon
Notre maréchal est à terre,
Ce n'est plus qu'un tronc.

 

Nous sommes l'armée des invalides

Un homme sur deux a des membres de bois.
Les prothèses sont beaucoup plus belles.
Les aveugles lisent encore mieux avec les doigts.

 

Même si nous boitons, contre vous nous marcherons
Même si nous perdons à gauche la jambe droite dans l'action.
Nous sommes l'armée des invalides, le plus fort des bataillons
Et la fière avant-garde de la révolution

 

 

 

 

 

BALLADE DE L'ARMÉE DES INVALIDES
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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 20:06
TEMPS MODERNES

 

 

Version française – TEMPS MODERNES – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson italienne – Tempi moderni – The Stab – 1979

 

 

 

Les présidents aux mêmes manières,

Cette nuit ont à la boutonnière

Leur sale puant sourire.


Photomontage d'Anne-Catherine Becker-Echivard

 

 

 

 

 


On dit que nous vivons en des temps modernes
En l'an civilisé 1979
Quand je regarde alentour, tout ce que je vois
Est torture, hypocrisie et douleur modernes.


En ces temps modernes de petits enfants meurent
Meurent de faim, mais qui ose demander pourquoi ?
Des gamines sans vêtements courent en hurlant
Brûlées au napalm, dans le feu de la nuit

 

Le prisonnier seul pleurera
Dedans sa tombe
Le malheureux de demain laissera
Le ventre de sa mère.

 

Pendant que de gras dictateurs siègent sur leurs trônes,
Les enfants enterrent les os de leurs parents,
Et la police secrète dans le profond de la nuit
Fait fonctionner pour la femme nue la chaise électrique.

 

Le prisonnier seul pleurera
Dedans sa tombe
Le malheureux de demain laissera
Le ventre de sa mère.


Le nègre gît dans le caniveau, mort,
Où le pétrole coule plus noir,
Les routes deviennent rouges, il y avait lui,
Qui naquit et commença à exister.
Vécut et mourut sans liberté.

 

Pendant que les bureaucrates, les spéculateurs,
Les présidents aux mêmes manières,
Cette nuit ont à la boutonnière
Leur sale puant sourire.

 


Ce sont seulement des temps modernes…

 

 

TEMPS MODERNES
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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 19:27
DIGOS BOOGIE

 

Version française – DIGOS BOOGIE – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson italienne - Digos Boogie – Ivan Graziani – 1981

www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=47238

 

 

 

 

 

 

 

 

Le mot DIGOS est un acronyme pour les services spéciaux de la Police d'État italienne, dont la dénomination complète est : Divisione Investigazioni Generali e Operazioni Speciali – Division des enquêtes générales et des opérations spéciales. C'est cette police qui surveille également le territoire, les étrangers... Elle encadre et réprime les manifestations, infiltre les groupes et les mouvements politiques, révolutionnaires ou plus généralement de protestation. Elle s'occupe également des groupes d' « ultras », groupes de supporteurs de football.

C'est elle aussi qui est chargée de certaines opérations politiques et d'interventions discrètes mais musclées. Bref, c'est une police politique, c'est la police d'État par excellence.

 

 

Ah, dit Marco Valdo M.I., mon ami Lucien l'âne, voici juste une petite note à propos de la chanson et de ce sibyllin :

«  Nous sommes tous flics depuis quatre générations ».

Il suffit de calculer un brin et en prenant comme mesure d'une génération vingt ou vingt-cinq ans, on se retrouve des dizaines d'années en arrière. Comme la chanson date de 1981... En fait, on se rend compte ainsi qu'elle est la police du pouvoir quel que soit le régime. En fait, elle transcende les régimes. Comme on est en Italie, elle a servi (sous un autre nom...)le fascisme... Au fait, à quelle police était rattaché l'OVRA - la police politique de Mussolini – de sinistre mémoire ?

 

 

Ah, dit Lucien l'âne, on ne se refait pas... Mais une telle police n'est pas spécifique à l'Italie... Tous les États qui se respectent en ont une... et toutes ces polices politiques ont une fâcheuse tendance à se comporter selon une certaine conception du monde à cent lieues d'être libertaire. Et, à mon tour de te rapporter une petite anecdote à propos de police et de recherche et de répression de l'amour dans les endroits « discrets » et sombres... Lorsqu'on avait instauré à Bruxelles des patrouilles de police mixtes – un homme et une femme... ce furent les gendarmes (à l'époque, il y en avait encore ; en Italie, ce seraient les Carabinieri) qui surprirent la patrouille de police en pleine action amoureuse (et en uniforme... au moins, partiellement). Ceci dit reprenons notre tâche qui consiste à tisser le linceul de ce vieux monde (précisément ce que ce type de police doit empêcher) policier, fliqué, enquêteur, fouineur, répressif, autoritaire et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Nous sommes tous flics, Digos boogie
Nous sommes méchants mais toujours justes, Digos boogie
Nous sommes tous flics depuis quatre générations
Nous croyons à la loi qui ne pardonne pas et qui ne se trompe jamais.
Nous sommes tous flics, Digos boogie.

 

Et ainsi,
Nous marchons la nuit dans les ruelles sombres,
Sombres pour épier les couples enlacés à faire l'amour
Contre les murs.
Pour un peu d'amour…


Nous sommes tous flics, Digos boogie

Nous sommes de la, de la, de la Digos, boogie

Nous sommes tous flics, Digos boogie

Et ainsi,
Nous marchons la nuit dans les ruelles sombres,
Sombres pour épier les couples enlacés à faire l'amour
Contre les murs.
Pour un peu d'amour…

 

Nous sommes tous flics, Digos boogie
Nous sommes méchants mais toujours justes, Digos boogie
Nous sommes tous flics depuis quatre générations
Nous croyons à la loi qui ne pardonne pas et qui ne se trompe jamais.
Nous sommes tous flics, Digos boogie.

Et ainsi,
Nous marchons la nuit dans les ruelles sombres,
Sombres pour épier les couples enlacés à faire l'amour
Contre les murs.
Pour un peu d'amour…

 

Nous sommes tous flics, Digos boogie

Nous sommes de la, de la, de la Digos, boogie

Nous sommes tous flics, Digos boogie

Et ainsi,
Nous marchons la nuit dans les ruelles sombres,
Sombres pour épier les couples enlacés à faire l'amour
Contre les murs.
Pour un peu d'amour…

 

 
DIGOS BOOGIE
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4 mai 2014 7 04 /05 /mai /2014 12:31

HOP LÀ ! NOUS VIVONS !

 

Version française – HOP LÀ ! NOUS VIVONS ! – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Hoppla! Wir leben! – Walter Mehring – 1927


Texte de Walter Mehring.
Musique de Edmund Meisel (1894-1930)

 

 

 

 

 

 

Éclipse de Soleil
Peinture de George Grosz

 

 

 

 

 

 

 

C'est la chanson qui porte le titre au célèbre spectacle théâtral « Hop là, wir leben ! , ein Vorspiel und fünf Akte », écrit par d'Ernst Toller (1893-1939), écrivain, dramaturge et révolutionnaire allemand, juif, qui s'est suicidé le 22 mai 1939 à New York (comme le jeune révolutionnaire protagoniste de l'opéra), où il était réfugié pour échapper aux nazis. Le drame, mis en scène par Erwin Piscator, fut représenté en 1927 à Hambourg et à Berlin.


« Hop là, wir leben ! » est l'histoire d'un militant communiste spartakiste qui, à son retour à la liberté après des années d'internement dans un asile judiciaire, trouve une société inhumaine et corrompue et ses camarades d'antan intégrés dans le système. Il voudrait tuer l'un d'eux, devenu ministre, mais il est précédé par un tueur de droite. Cependant, il est arrêté à la place du meurtrier et en finit en se pendant. Une constatation lucide et désespérée de la faillite des idéaux juvéniles de révolution sociale et une analyse impitoyable de la République de Weimar maintenant presque à la fin de sa course, sur le point de céder au nazisme. (de Sapere.it)
« Hop là, nous vivons ! » elle a été proposée pour la première fois en Italie par Giorgio Strehler en 1951 (traduction d'Emilio Castellani et Giorgio Strehler, musiques de Fiorenzo Carpi, Fritz Hollander, Gino Negri, Kurt Weill).

 


Il y avait déjà une référence à cet opéra dans les CCG : voir celui de notre Marco Valdo M.I.

 

 

 

 

Ils ont raison les amis des CCG, le Holà, nous vivons ! que j'avais écrit est bien une allusion directe à Ernst Toller et à son Hop là, nous vivons ! Et à la révolution allemande manquée après la guerre de 1914-18 et à la République des Conseils Ouvriers de Bavière. Une allusion aussi au fait que Toller est un de ces inclassables libertaires anarchisants, proche d'Erich Mühsam [[38381]]. Mais pour en venir à la chanson de Walter Mehring, qui s'intitule elle aussi Hop là, nous vivons ! Et qui renvoie elle aussi à Toller, vu qu'elle figure dans l'opéra, on y trouve – on est en 1926, lorsque Toller écrit la pièce d'origine – une lucidité incroyablement précise, une analyse de ce qui adviendrait dans les années suivantes... En fait, on y annonce purement et simplement la remontée du militarisme et sa conséquente guerre mondiale : « Vor dem nächsten Weltkrieg » ( « avant la prochaine guerre mondiale ») et comme à Troie, Cassandre a raison. Ernst Toller et Walther Mehring font une analyse politique de ce qu'il se passe et de ce qu'il va se passer... et de l'inéluctabilité des choses à partir du moment où la guerre est un des moteurs du développement. Écoute bien ce qu'ils disent :

« Nous avons à nouveau besoin d'une guerre
Et de temps plus héroïques !
C'est la seule politique :
Hop là, nous vivons -
Nous vivons et nous comptons ! »... Ainsi, la Guerre est, en effet, le moteur du développement, et réciproquement : le développement est le moteur de la Guerre.

 

 

Ce que tu dis là est très exactement à replacer dans le cadre de la Guerre de Cent Mille Ans et également dans les errements du rêve d'Otto. En fait, les guerres ponctuelles – mondiales ou non, celles faites par les militaires, les armes, avec leurs tueries sont des états paroxystiques particuliers, mais la Guerre, elle, est permanente... Elle est la justification ultime du pouvoir... Du pouvoir de certains sur tous ; elle est le fondement de la domination des riches et des puissants (très minoritaires) sur les pauvres (innombrables). En fait, Orwell touchait juste lorsqu'il mettait au jour certaine sentence de novlangue : « La Guerre, c'est la paix... » et j'ajouterais volontiers, et inversement.

 

 

Soit, mais peut-être est-il temps de resituer dans l’extraordinaire bouillon artistique et culturel qu'était cette Allemagne qui, un court moment (ce fut l'éphémère et incertaine République de Weimar), disposa d'espaces de liberté. Il importe aussi souligner ici le fait que Mehring ne fut pas seulement un cabarettiste et qu'il s'inscrivait résolument et depuis longtemps dans la mouvance dada (on y trouve notamment, George Grosz (Georg Groß), Helmut Herzfeld, alias John Hearthfield...) et dans ce qui portera un temps le nom de « simultanéisme » (ce qu'on entend nettement dans cette chanson chorale, où s'entremêlent les discours assez discordants... Où va le monde, Monsieur ? On ne sait trop, mais ainsi va le monde et il y va sûrement... et qu'on retrouve dans le Simultan Berlin, autre chanson de Mehring) et qui fut dans un premier temps, la transposition au cabaret en effet de ce que tentèrent les peintres cubistes. En fait, Mehring est cabarettiste car il veut aussi intégrer la matière sonore et le mouvement dans la poésie et que le cabaret (celui du Berlin de ces années) est le lieu le plus commode et le plus foisonnant pour l'art comme forme de création d'inédit et de révolution. Ainsi, avec Mehring (et les autres poètes, penseurs, artistes, écrivains, satiristes, chanteurs, musiciens, peintres, photographes, imagiers en tous genres), on est dans un univers où on ne peut séparer le fond, la forme, le temps, le son, la couleur ... Un univers très bousculé où tout s’entrechoque... Avec la descendance de Dada et l’expressionnisme, on navigue quelque part du côté de Kurt Tucholsky, Tristan Tzara, Karl Krauss, Erich Kästner, George Grosz, Alfred Döblin... Et puis d'un coup, les égouts débordent, le magma excrémentiel accumulé comme la lave d'une coulée volcanique se régurgite, le monde soudain est noyé dans un océan de bêtise et de fumier. En vérite, je vte le dis, le travail de Bartelby, Venturi sur la chanson allemande de la première moitié du siècle dernier est en train de faire revenir au monde cet univers submergé sous la bave puante de la barbarie fasciste et son clone national-socialiste. Certes d'autres l'avaient fait, mais pas dans un contexte aussi largement ouvert et diversifié que celui des Chansons contre la Guerre.

 

 

Oh, tu sais Marco Valdo M.I., j'ai bien perçu combien le texte de Mehring (comme ceux des autres de la même époque) est chargé de signification. Et son antienne terrifiante « Hop là, nous vivons - Nous vivons et nous comptons ! » me paraît convenir très bien aux temps présents... On dirait le mantra de nos élites. REGARDEZ CE QU'ILS FONT AUX GRECS ! ILS VOUS LE FERONT AUSSI... Compter, compter, c'est tout ce qu'ils savent faire... Et compter, crois-moi, moi, je déteste ça. Ça me paraît une perversion mentale qui gangrène le cerveau, le cœur et les pensées. Cela dit, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde surarmé, inféodé, sur le bord du gouffre et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Dans cet « Hôtel de la Terre »
C'est la crème de la société que l'on convie
Elle porte d'une main légère
La lourde charge de la vie !
Elle fut toujours bien nourrie
Jusqu'à ce qu'on notifie
En paiement d'un chèque une déclaration de guerre
Les diplomates vinrent là
Pour débattre du cas.
Ils dirent : Nous avons à nouveau besoin d'une guerre
Et de temps plus héroïques !
C'est la seule politique :
Hop là, nous vivons -
Nous vivons et nous comptons !

 

Bruits de sabre - extase de peuple -
Quelle danse danse-t-on demain ?
Hop là !
Gaz moutarde - phrases d'humains
Nos angoisses !
Hop là !
Notre cœur saigne
Devant la noirceur du noir d'encre.
Hop là !
Liberté - derrière des barres -
Tranchées.
Hop là ! Nous vivons !

Dans cet « Hôtel de la Terre »
Ce sont les militaires que l'on convie
Nous combattions pour leur guerre -
Pour nous, ils ont haï !
Ils ont fait des frais sanguinaires,
Ils ont donné des prothèses, comme pourboire
Aux cadavres, un charnier -
Au bout du compte comme ils devaient payer
Pour toutes les agonies du mouroir :
Alors, notre Generalfeldmarschall
Et le clergé à l'unisson -
Ont chanté des héros l'émouvant choral :
Hop là, nous vivons -
Nous vivons et nous comptons !


Les troupiers - et les rouges,
Seront demain nos adversaires.
Hop là !
Et ces quelques millions de morts -
Nos remords !
Hop là !
Notre cœur désespère
Sous les minerais de fer !
Hop là !
Liberté - derrière des barres -
Tranchées.
Hop là ! Nous vivons !


Dans cet « Hôtel de la Terre »
C'est encore la crème de la société que l'on convie
Elle porte toujours d'une main légère
La lourde charge de la vie !

Les ennemis ont eu le dessous

Donnez-y au mutilé un sou !
Nous l'avons à peine nous-mêmes !
Ministres, philosophes et poètes :
Ce sont à nouveau les mêmes têtes !
Tout est de nouveau comme avant la guerre -
Juste avant la prochaine guerre mondiale -
Fascistes tambours musique militaire -
Écoute quand même ! Miséreux !
Quand allons-nous en finir avec eux ?

 

Si nous démolissons tout le machin
Quelle danse danse-t-on demain ?
Hop là !
Si à la place des leurs régissent
Nos exigences.
Hop là !
Cherchez auprès de votre dieu protection
Contre l'échafaud à haute tension.
Hop là !
Dehors vos Généraux !
Nous ordonnons : Hop là ! Nous vivons !
Et nous comptons !

 

 
HOP LÀ ! NOUS VIVONS !
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