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24 avril 2012 2 24 /04 /avril /2012 20:14

Enfin, soixante-huit

 

Canzone française – Enfin, soixante-huit – Marco Valdo M.I. – 2012

Histoires d'Allemagne 67

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

 

 

 

 

 

Comme bien tu penses, Lucien l'âne mon ami, et comme chacun d'ailleurs peut le penser, de la façon la plus banale, après l'année mil neuf cent soixante-sept est venue l'année mil neuf cent soixante-huit.

 

En effet, dit Lucien l'âne ébahi par tant de justesse, voilà qui me réjouit. Mais pourquoi me dis-tu cela d'une manière si mystérieuse... Je suppose quand même que ton histoire d'Allemagne, ta canzone, cette chanson a bien plus à raconter...

 

Évidemment. Je m'en vais te le dire et te donner certaines indications nécessaires à une bonne compréhension de la chose. Car, vois-tu, ces chansons, d'une certaine manière, condensent l'histoire d'une année, vue d'un point de vue principalement allemand. C'est d'ailleurs une grande part de leur intérêt. Et bien entendu, pas de n'importe quel Allemand et pas à n'importe quel moment... On a donc ici Günter Grass, un grand écrivain, qui écrit depuis un demi-siècle et qui réfléchit l'histoire de son pays. Et, avec ces chansons, j'essaye par une autre voie, d'une autre manière, la chanson précisément, de donner une version, une réélaboration de ses histoires. Tu as donc, par ce biais, une idée de ce qu'il raconte et en même temps, bien autre chose. Il est possible que certains éléments échappent à qui n'a pas suivi l'histoire de l'Allemagne, des éléments, des allusions, des évidences... Ce sont là certaines des précisions que je vais apporter. Par ailleurs, je te l'avoue, j'ai introduit des éléments qui s'agissant de 68 et de l'aire géoculturelle qui est la nôtre, ne pouvaient être ignorés ou passés sous silence. D'où, le « comme en France... » qui n'est pas dans l'histoire vue par le narrateur qu'évoque Günter Grass.

 

Jusque là, je t'ai suivi. Mais dis-moi ces précisions que tu veux me faire connaître.

 

Tout d'abord, cette chanson fait suite aux deux précédentes. En somme, elle conclut en une trilogie le rapprochement entre Martin Heidegger et Paul Celan. Ensuite, elle embraye sur la confrontation entre les étudiants et la société. Je préciserais entre certains étudiants (les SDS, par exemple, qui sont des étudiants qui se réclament d'un socialisme libertaire – Ohnesorg, Dutschke, Krahl, le narrateur sont de ce mouvement) et les chiens de garde de la société ; mais aussi, plus généralement, entre la pensée (notamment, Adorno et l'École de Francfort) et le système totalitaire, qu'il soit d'un côté ou de l'autre du rideau de fer (dans la chanson, il est question de l'invasion de la Tchécoslovaquie par des chars « amis » et de la situation de la France où De Gaulle, alors président, va s'assurer du soutien de l'armée stationnée en Allemagne auprès du général Massu avant de réprimer violemment le mouvement étudiant). Comme bien tu le sais, cette année-là, la pensée, comme la fleur du même nom, s'est mise à fleurir au printemps. Ce qu'exprime cette chanson, c'est qu'il y eut en l'année 1968, un surgissement de la pensée dans les rues, dans les universités, dans les écoles, dans les usines... En somme, à l'air libre.

 

Oh, dit Lucien l'âne en se redressant brusquement, les hommes ont toujours pensé, les hommes ont toujours voulu changer le monde...

 

Certainement. Mais d'abord, il faut préciser en disant que ce n'était pas tous les hommes, mais seulement certains qui avaient ce désir, cette impérieuse impatience. D'ailleurs, elle était là depuis très longtemps, elle bouillonnait sous la terre depuis longtemps, sous la terre, dans le cœur et dans l'esprit et la conscience de ces hommes... Ce qui fait la particularité de 1968, c'est que subitement, comme la lave sourçant des bouches d'un volcan, elle a envahi les rues et elle a changé le monde. Mais, étant donné son caractère poétique, son caractère en quelque sorte marin, elle ne s'est pas figée dans le béton des institutions que par ailleurs, elle condamnait vivement. Elle s'est refusée à leur jeu. Et ceux qui n'ont pas suivi sa voie, ceux qui sont entrés dans les jeux du pouvoir, ont été avalés par la société et ont perdu l'essentiel d'eux-mêmes. Étant une insurrection de la pensée, du cœur, de la poésie, elle ne pouvait se soumettre au système, aux règles du système, aux mensonges du système. Car, souviens-toi toujorus de ça, pour elle, comme pour toi, comme pour moi, se soumettre, ce serait cesser d'exister. Tout comme, et pour les mêmes raisons, elle ne peut collaborer, jamais. Et depuis, elle se prolonge encore... Cependant, face à la répression et face à l'agression systématique des médias, la pensée a pris le maquis, elle est entrée en résistance... C'est elle qui souffle à nos oreilles : « Ora e sempre : Resistenza ! » C'est elle qui a mis au jour le moteur de la Guerre de Cent Mille Ans, qui a dévoilé cette avidité et cette ambition, ce goût de la richesse et du pouvoir qui conduit les riches à faire une guerre impitoyable aux pauvres afin de les asservir au travail, de les contraindre à accepter leur domination, à s'incliner devant leurs ukases, à respecter la propriété, la richesse, la puissance, etc. Ainsi s'en va-t-elle, jour après jour. Où qu'elle soit, même en prison et par-delà la mort, elle poursuit inlassable son œuvre de résistance afin de mettre fin à la Guerre de Cent Mille Ans, fin qui ne peut s'obtenir que par la disparition de l'avidité et de tout ce qui en découle.

 

De sorte que, Marco Valdo M.I, mon ami, il nous faut tisser encore et toujours le linceul de ce vieux monde pourri par la richesse, ignominieux, délateur, méprisant et cacochyme

 

Ainsi Parlaient, Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 


 

 

Enfin, soixante-huit vint et ici comme en France

Fit retentir dans les rues une autre cadence

De ses mots à sa place remit le pouvoir

Et réduisit dans la vie l'espace du devoir

 

Adieu Heidegger, adieu herméneutique

Adieu jargon hermétique, vive la dialectique

Rudi Dutschke blessé, Ohnesorg mort

J'ai rejoint les SDS, j'ai rejoint Francfort

 

Mais qui dira les torts de la presse et de la télévision

Leurs ignominies, leur goût prononcé de la délation

Leur aversion pour la pensée, leur mépris des mots

Ainsi parlait le musicien sociologue Adorno.

 

Les étudiantes lui montraient leurs seins

Krahl menait l'assaut au nom de notre grand dessein.

En Allemagne, à Berlin, comme partout ailleurs

Les étudiants se révoltaient contre leurs professeurs

 

Venez donc voir notre belle Bohême

Son socialisme au visage blême

Son optimisme printanier

Et ses touristes blindés

 

Rabbin, dis-nous quand ils vont s'en aller

De façon normale ou par intervention divine ?

Façon normale : cent mille anges vont les emmener

Façon miraculeuse : ils partiront en sourdine.

 

Soixante-huit, la France est sans dessous dessus

De Gaulle court chercher réconfort chez Massu

Demain, Adorno et Krahl dans la mort réunis

Demain, Celan se glisse sous les ponts de Paris.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
22 avril 2012 7 22 /04 /avril /2012 11:16

CHANSONS DE LA LIBERTÉ

 

Version française – CHANSONS DE LA LIBERTÉ – Marco Valdo M.I. – 2012

D'après la version italienne intégrale de Gian Piero Testa « Canzoni della libertà » de la chanson grecque Τραγούδια τῆς λευτεριᾶς

Textes de Fondas Ladis, Alkis Alkeos, Bertolt Brecht (trad. Marios Ploritis), Manolis Anagnostakis, Yannis Ritsos
Musique de Thanos Mikroutsikos
Première interprétation Maria Dimitriadi, Yannis Koutras (chanson "Che Guevara")
LP: Τραγούδια τῆς λευτεριᾶς (CHANSONS DE LA LIBERTÉ) – 1978

 

 

Un beau florilège de fortes chansons politiques des années 70, fruit de la collaboration intense de Thanos Mikroutsikos avec Maria Dimitriadi, sur des textes de poètes de valeur. La chanson sur le texte de Brecht" ("Άννα μην κλαις /Anna ne pleure pas") déjà connue pour être apparue par la voix de Yorgos Koutras dans un disque de Mikroutsikos entièrement dédié aux textes du poète allemand (Μουσική πράξη στον Μπρεχτ – 1978) est une réinterprétation de Maria Dimitriadi. (gpt)

 

 

1. Le fascisme

Texte: Fondas Ladis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Le fascisme ne nous assure pas de futur

Même s'il nous apporte l'une ou l'autre nouveauté.

Je sais ce qu'il cache entre ses dents,
Tandis qu'il sourit et me donne la main.

 

Ses racines s'ancrent dans le système

Et se perdent dans la profondeur du passé.

Ses masques changent dans le temps,

Mais certes pas la haine qu'il me voue.

 

Le fascisme, il faut le comprendre à fond.

Ne crèvera pas tout seul, on doit le briser.

 

Le fascisme ne vient pas d'un endroit

De bain, de soleil et de vent.

Je connais son pas fatigué

Et lui, sait notre jeunesse exubérante.

 

Mais comme le choléra, il se répandra de nouveau,

En posant son pas sur ton indifférence

Et il arrivera un jour à ton côté

Si tu perds tes lunettes de classe.

 

2. Chypre

Texte: Fondas Ladis
Musique: Thanhttp://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=4725&lang=itos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Des soldats en armes

Amenés de la terre d'en face

Arrivèrent avant l'aube

Sur la malheureuse Chypre

 

Ils ne la surprirent pas dans son sommeil

Et même pas dans ses champs

Mais l'ont fraternellement tuée

Dans le bain de son sang

 

Écoute crier les réfugiés

Comme l'olivier desséché

Et regarde mon cœur noir

Lui aussi brisé en deux

 

Et du plus profond de toi hurle

Aux fascistes une malédiction

Anathèmise les puissants

Qui torturent les faibles

 

3. Chili

Texte: Fondas Ladis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Au Chili les fenêtres bien barrées

S'ouvrent dans la nuit à une à une

Et les femmes en noir tendent l'oreille

Au pleur de l'archipel d'heure en heure.

 

Au Chili dans les vergers luxuriants

Les paysans sortent souvent en rue pour observer

Fidel qui combat à Santa Clara

Et le corps tombé de Guevara.

 

Du Chili dans les mines ruisselantes

Les travailleurs portent le cuivre au soleil

Mais pour l'avenir, en cachette du gardien

Ils renterrent le bout le plus précieux.


 

4. Afrique

Texte: Fondas Ladis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Afrique, je te chanterai

Avec la bouche du Printemps

Voici la liberté proche de toi,

Mais elle n'a pas encore donné d'éclairs.

 

Lance ta sagaie mortelle

Dans les corps des croisés

Montre tes dents rouges

Aux étals des marchands.

 

Tu n'as plus de langue à présent

Ta douleur se trouve maintenant au-delà

Tu te tus pendant tant de siècles

Que tu ne peux parler qu'avec le fusil.

 

Dans chaque recoin, battent tes tambours

À un rythme de libération

Pour toutes ces années de peine

Depuis tant d'années, moi, je t'attends

 

Chaque chose change de couleur maintenant,

Chaque chose, vois-tu, est en train de renaître

Toi, terre humiliée

Tu es réveillée et tu fais peur.

 

5. Che Guevara

Texte: Fondas Ladis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Du sommet du Kilimandjaro je t'envoie des cris

"Che", oublié sur les monts de Bolivie

Je répands tous les ans des escarbilles

Goûte avec nous le baiser de l'utopie

 

Maintenant les gars de vingt ans venus au monde

À l'heure où Fidel entrait dans La Havane

Tombent à présent par milliers sur l'Ogaden

Dans les avions de Lénine

 

Mais ne reste pas mort dans les neiges

Avec sur les yeux un masque de doute

Si tu forças les temps ou qu'ils furent lents

Viens encore au rendez-vous de l'Histoire

 

 

 

6. Février 1848


Texte: Alkis Alkeos
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Manuel Duarte du Cap Vert

Je ne verrai peut-être jamais ta figure

Pourtant si j'en juge par tes écrits sanglants

Elle devait être pleine de chaleur

 

Elberto Combos mon frère du Panama

Je n'entendrai peut-être jamais ta voix

Pourtant elle est irréductible comme ta terre

Si j'en juge par les messages que porte le vent

 

Naim Ashab des rives du Jourdain

On ne se serrera peut-être jamais la main

Pourtant, sur moi veille la même étoile

Qui veille sur toi et cela est suffisant.

 

Ce soir d'égales espérances ont uni

En un accord, nos cœurs ne fût-ce que pour un instant

Alors qu'éclairent notre chemin

Les pages de notre manifeste communiste.

 


 

 

7. Anna, ne pleure pas
Deutsches Lied 1937

[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=4725&lang=it]]

Texte: Bertolt Brecht (traduction grecque de Marios Ploritis)
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète
: Yannis Koutras


 

Ils parlent à nouveau de temps glorieux
(Anna, ne pleure pas)
Nous chercherons d'avoir du crédit chez le boutiquier


Ils parlent de nations, de valeur
(Anna, ne pleure pas)
Sur l'étagère, il n'y a pas un bout de pain.


Ils parlent de nouveau de victoire qui nous donnera un avenir
(Anna, ne pleure pas)
Moi, ils ne me tiendront pas

L'armée est en marche
(Anna, ne pleure pas)
Quand je reviendrai

J'aurai devant moi d'autres drapeaux

L'armée est en marche.

 

Marios Ploritis, traducteur grec de Brecht.



DEUTSCHES LIED 1937

Sie sprechen wieder von großen Zeiten
(Anna, weine nicht)
Der Krämer wird uns ankreiden.

Sie sprechen wieder von Ehre
(Anna, weine nicht)
Da ist nichts im Schrank, was zu holen wäre.

Sie sprechen wieder vom Siegen
(Anna, weine nicht)
Sie werden mich schon nicht kriegen.

Es ziehen die Heere
(Anna, weine nicht)
Wenn ich wiederkehre
Kehr ich unter andern Fahnen wieder.

 

 

 

8. Et il eût fallu encore

Texte: Manolis Anagnostakis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Il eut fallu encore beaucoup de lumière pour faire le jour

Mais la défaite, moi, je ne l'accepte pas

Maintenant, je vois le trésor caché qu'il faut sauver

Et des flammes tant de sources à préserver

 

Parlez, montrez vos blessures, me des furies dans les rues.

La panique qui vous noie le cœur, comme un drapeau

Clouez-la au balcon, chargez attentifs les marchandises.

Votre prévision est sûre. La ville devra tomber.

 

Dans un coin, là avec soin je mets de l'ordre

Je dispose mes savantes barrières de mon dernier réduit.

J'accroche des mains coupées aux murs, je pare

De têtes tranchées mes fenêtres, j'entrelace

Mon filet avec des cheveux coupés et j'attends

Debout et seul comme un temps j'attends.

 

 

 

9. Quand je saluai mes amis

Texte: Manolis Anagnostakis
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

Comment le dire

La foule tenait en respect les provocateurs

Et à leurs perfidies, mes mots

Clouaient les enchanteurs.

 

Comment le dire

Quand ils érigeaient des échafauds secrets

En piégeant le sommeil à chaque porte

Et combien de faits pourraient finir aux archives

Combien de formes seraient encore des nombres.

 

Comment le dire

Simplement qui et ce qu'était Ilias

Kleri, Raoul

La rue Egitto

Je te parlerai encore par signes

Avec des paraboles obscures

Et des fables

 

La scène a été préparée

Mais les réflecteurs ne donnent pas de lumière

Il y a ici tous les dignes

Personnages du drame

Générations de générations de rôles

L'amant affligé

L'homme souriant

Les sonnettes du fou

Chaque race inférieur

Patriciens et plébéiens

Et bourreaux d'eux-mêmes.

 

Comment tant de personnages

Peuvent-ils devenir des numéros

Et tant d'événements

De simples livres

Sans l'invention

D'une nouvelle disposition des éléments

Sans une nouvelle initiation qui époussette la toile.

 

 

 

10. La caserne

 Texte: Yannis Ritsos
Musique: Thanos Mikroutsikos
Premier interprète: Maria Dimitriadi

 

 

 

La lune entra dans la caserne

Elle fouilla entre les couvertures des soldats

Elle saisit une main nue

Dors, dors

Toi qui délires dans le sommeil

Toi qui ronfles

Une ombre gesticule sur le long mur

Le dernier tram est passé – calme

 

Peut-être tous ceux-ci

Demain seront morts

Mais ils pourraient maintenant déjà

Être morts

 

Un soldat s'est réveillé

Il tourne un regard vitreux

Un filet de sang

Est coagulé sur les lèvres de la lune

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Published by Marco Valdo M.I.
21 avril 2012 6 21 /04 /avril /2012 10:50
BON TRAVAIL


Version française – BON TRAVAIL – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Buon lavoro – Stormy Six – 1977

 

 

 

Chaque matin l'orchestre radiophonique

S'égaye et te pousse du coude

La trompette lancer son refrain magique

Tandis que les violons saluent.

La foule se met en route, dépasse les montres,

Lâche les rafales

De ses petits pas précis en noir et blanc

Qui s'égrainent sous les feux.

 

"Bon travail!", le ciel est noir, le jour naît en ville

"Bon travail!", chantent les murs, chacun aura son dû.

 

Le long de l'usine continue le spectacle

Des jours qui se poursuivent.

À six dans le cercle, ils galopent pour mordre

La queue du dimanche.

Ils ont les orbites carrées comme boîtes,

Quand tu ne les vois pas, ils te regardent;

Ils ont trois bouches et trente-trois rubans magnétiques.

 

"Bon travail!", le ciel est noir, le jour naît en ville

"Bon travail!", chantent les murs, chacun aura son dû.

 

Quand sur les boulevards, la pluie reste seule,

L'heure de la lumière électrique

Mesure le sommeil de plomb des gens

Qui vendent leur vie pour vivre.

 

"Bon travail!", le ciel est noir, le jour naît en ville

"Bon travail!", chantent les murs, chacun aura son dû.

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Published by Marco Valdo M.I.
19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 14:28

Le Papillon égaré

 

Canzone française – Le Papillon égaré – Marco Valdo M.I. – 2012

Histoires d'Allemagne 66

Au travers du kaléidoscope de Günter Grass. : « Mon Siècle » (Mein Jahrhundert, publié à Göttingen en 1999 – l'édition française au Seuil à Paris en 1999 également) et de ses traducteurs français : Claude Porcell et Bernard Lortholary.

 

 

Comme tu le supputes ou tu le sais, sans doute même, le sais-tu depuis bien plus longtemps que moi, la philosophie n'est pas un jeu d'enfants. Quoique à certains moments, dans certaines époques, dans certaines circonstances, elle ressemble fort à un passe-temps d'enfants gâtés. C'est un peu, de façon sous-jacente ce que sous-entend notre narrateur. Il suffit d'écouter le refrain de la canzone, pour percevoir le dilemme du philosophe – ou de tout autre « intellectuel » : la prudente retraite ou le dérangeant engagement. Nizan avait déjà dénoncé cette « trahison des clercs » ; Sartre, un temps perdu entre l'être et le néant de la philosophie, réclamait l'engagement. C'en était ainsi en ces temps-là. On était en 1967 et le vent soufflant doucement encore annonçait une tempête. Notre narrateur est à l'Université de Fribourg où il tient un séminaire de philosophie, dans lequel il met en présence Paul Celan, poète juif de Bucovine, un rescapé des camps nazis et le philosophe local, dont je t'ai déjà parlé, Martin Heidegger, recteur de cette université au temps du nazisme. Rencontre historique ou papillon égaré ?

 

Je pencherais volontiers pour le papillon égaré... dit Lucien l'âne en raclant le sol d'un sabot noir et contestataire.

 

Donc, notre narrateur qui mène vaille que vaille son séminaire, dans cette université perdue au fond de la Forêt-Noire, décortiquant dans un silence monotone des vers de Celan, rumine les événements de Berlin où il était, il n'y a pas si longtemps. Plantons le décor : le Shah d'Iran, pétrole oblige,remis sur le trône par les Anglo-étazuniens en 1953, a progressivement instauré une dictature policière tout en préservant les intérêts de ses mentors. Une dictature policière suppose une police politique assez répressive et secrète, destinée à écraser toute opposition ou à liquider les opposants. Dans l'Iran du Shah, c'est la Savak. C'est elle qui va attaquer les étudiants berlinois qui manifestent contre la venue du Shah et de sa dame, Farah Diba. La police berlinoise non seulement n'interviendra pas contre les nervis de la Savak, mais en plus, elle poursuivra le travail des sbires iraniens et réprimera très brutalement la manifestation, qui se tient pendant une séance de gala en « l'honneur » du Shah au Deutsche Opera . Cette opération policière du soir s'appellera – nom de code : la chasse au renard. Entre matraquages, fumigènes et brutalités diverses, elle culminera par l'assassinat d'une balle dans le crâne à bout portant de l'étudiant Benno Ohnesorg. Entrée par l'oreille, la balle policière fera éclater le cerveau du jeune homme. L'auteur de ce crime crapuleux est l'officier de police Kurraz, qui ne sera jamais condamné pour cet assassinat.

 

Ainsi va le monde et la démocratie... Bref, un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et les puissants font aux pauvres et aux gens afin de renforcer leur puissance, d'assurer leurs privilèges, de démultiplier leurs profits, d'asseoir leur domination et d'assurer le bon ordre.... Ainsi vont les mœurs d'État, les meurtres d'État et l'intérêt supérieur des nations, qui ne sont que les intérêts des riches et des puissants; des intérêts avec lesquels on ne badine pas. Ceci montre encore une fois combien il est nécessaire que nous tissions avec une terrible obstination le linceul de ce vieux monde ennuyeux, répressif, hypocrite et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

En ce début d'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

Les yeux ouverts,

Tous sommeillent

Farah Diba en Miss Univers

Peuple leur veille.

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

À Berlin, grande réception à l'Opéra

Du Shah et de sa souris

Kölle Alaaf, qui va payer ça ?

Ce sont les gens du pays

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

J'aurais dû être à Berlin

Face aux nervis du shah

Et à leurs battes de bois.

Pour soutenir les Iraniens.

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

Chasse au renard, ce soir-là

Dans les rues autour du Deutsche Opera

Patrouilles, charges, matraques et compagnie

Une balle de flic dans la tête, Benno Ohnesorg sans vie.

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

Un mois plus tard, est arrivé

Hésitant grandement à rencontrer

Le philosophe de l'étant au bord de l'étang,

Au cœur de la Forêt-Noire, le poète Paul Celan

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie

 

Au souvenir des morts et des camps

Entre le philosophe à la croix circulaire

Et le poète que l'étoile jaune encore éclaire

Le silence indicible de Todtnauberg s'étend.

 

En ce début, l'après-midi

Tous méditent sur l'ennui

Du papillon égaré dans la monotonie

Du séminaire de philosophie.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
18 avril 2012 3 18 /04 /avril /2012 17:19

 

Mort au travail !

 

 

Canzone de langue française – Mort au travail ! – Marco Valdo M.I. – 2012

 

L'ami Ventu disait , dans son commentaire aux Trois Soeurs [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=41078&lang=it#agg113493]], que nous lui faisions plaisir en le mettant en chanson... Ce n'était pas la première fois et ma foi, pourquoi pas, lui en faire encore une. Le sujet en vaut la peine. J'ai donc concocté à partir d'un des derniers textes de son blog Asocial Network, une petite chansonnette que je lui dédie. On trouvera le texte italien, le sien sur son blog Licenziarci tutti [[http://ekbloggethi.blogspot.com/2012/04/licenziarsi-tutti.html]] et je mets ci-après, en guise d'information la traduction approximative que j'en ai faite. Pour le reste, vous ( toi Lucien l'âne, mon ami, Ventu et tous les autres) apprécierez. Le tout n'est pas sans rapport avec la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de toujours s'enrichir, d'écraser les gens de leur domination tatillonne, de leur arrogance crasse afin d'en tirer profit sur profit jusqu'à s'en péter la panse

 

 



 

 

 

C'est tout ce que je souhaite aux riches..., dit Lucien l'âne en riant aux éclats. À propos si tu veux améliorer ta connaissance de l'italien, je te suggère cette leçon...

 

 


Avant de conclure, deux mots à propos de ton titre qui me semble assez amphibologique : Mort au travail ! Ce pourrait être l'évocation d'une personne, d'un ouvrier ou d'un âne, car souvent les ânes meurent au travail , par exemple ; ou une sorte de cri de révolte, d'appel à la résistance.

 

 

Ce sont ces deux significations et d'autres encore. Mais je crois bien surtout, l'appel à la résistance....

 

Je le pensais également ; ça va tout à fait dans le sens de notre sentence : Ora e sempre : Resistenza ! Cela dit, n'oublions pas de reprendre notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde trop plein d'entreprises, de travail, de malheur et décidément, cacochyme.

 

Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

 

 

Leur décision est prise

Faut sauver l'entreprise

Faut sauver l'économie

Alors, par milliers, ils licencient.

 

Vive la grande civilisation du travail !

Salut, respect et sentiment

Aux morts en travaillant

Aux suicidés du travail

 

Demain, plus personne

Plus de place, plus de boulot

La grande menace est là

Sans travail, tu mourras

 

Mourir, j'ai le temps demain

Pour vivre, j'ai tout pour moi

Une tête, deux mains,

Un amour et un chat

 

L'usine, le bureau ferme

On s'en fout, qu'ils ferment

Nous on dit : basta !

On se licencie tous, on s'en va.

 

On met fin à l'emprise

Des entreprises

Et de l'économie

Sur notre vie

 

Cessez de produire l'inutile en série

Sauvez la planète et la vie

D'Honolulu à Budapest,

Economia delenda est !

 

 

 

SE LICENCIER TOUS

 

Dimanche 15 avril 2012

 

Version française – Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

Texte italien : Licenziarsi tutti – Riccardo Venturi.

 

Suicide mon cul !

 

Je n'ai vraiment aucunissime intention d'accomplir ce geste insensé et moins que jamais si je devais perdre mon travail. Qu'il aille se faire foutre, le travail ! J'ai tout ce qui m'est utile pour vivre : une tête, deux mains, un amour et un chat. Pour mourir, il y a le temps. Je ne voudrais certes pas manquer de respect à tous ceux qui, ces derniers temps, ont décidé de se tuer car ils ont perdu leur travail, en choisissant souvent des modalités atroces ( s'immoler, se jeter sous un train et autres façons de faire) ; ils ont simplement anticipé leur suicide. Je trouve singulier que l'alternative dans la « grande civilisation du travail » soit entre se suicider car on n'en a plus (ou on n'en trouve pas) et mourir par milliers en travaillant. L'alternative entre le patron qui te licencie, te met au chômage technique, te mobilise, te précarise et te jette dehors et le patron qui te fait voler en bas d'un échafaudage, te thyssenkruppe à feu vif dans le laminoir, t'asphyxie dans la chaufferie, te presse à ton ordinateur jusqu'à te tuer de sommeil. Le temps est venu de dire BASTA ! Ça suffit ! De s'apercevoir que le travail est seulement la mort mise à toutes les sauces. De le refuser, au lieu de se suicider car on n'en a pas. De se licencier tous.

L'usine ferme ? Et qu'est-ce qu'on s'en fout, qu'elle ferme ! Cinq mille, dix mille licenciements pour sauver l'entreprise en crise, avec son supermanager qui fait semblant d'être triste quand il l'annonce ? Tu sais ce qu'on fait, alors ? On s'en va tous, tant que nous sommes. Nous ne voulons pas toujours « épargner » pour leurs « coûts insoutenables » ? Ils se soutiendront bien tous seuls ces coûts ; enlevons-les de nos couilles. Plus personne. À produire des choses que bientôt plus personne n'achètera, ils y penseront bien leurs robots, leurs machines, leur hypertechnologie. Marchionne ? (le PDG de Fiat) ? Tu nous as caramélisé la bite avec tes menaces quotidiennes de « sortir Fiat d'Italie ». Va-t-en, toi et ta Fiat de merde. Les lettres de renvoi, cette fois, c'est nous qui te les envoyons : Par la présente, etc, l'employé Rossi Mario, en ayant plein les couilles, a décidé de ne plus se présenter au travail à compter du... et va te faire foutre toi et tes petits pulls à col roulé. Et les petites et moyennes entreprises ? Le moteur de la nation ? Le système Italie ? À partir de lundi, nous allons à la pêche et nous recommençons à vivre. Pour manger ? On mangera les poissons, qui sont si bons, ils contiennent du phosphore et ils sont bons pour la vue. Es familles ? Elles comprendront. Ici, désormais, on ne travaille plus, plus personne ; tous se sont libérés. Il faudra s'arranger, mais l'être humain a toujours démontré dans toute son histoire qu'il était capable de le faire. La Camusso (syndicaliste) restera là avec l'article 18 (droit de licencier) à la main, comme une démente : on ne peut plus l'appliquer. Avec une pertinentissime raison, tous sont partis. Licencier les agents de l'État ? Il vaut mieux licencier l'État. Le fisc doit envoyer ses rappels ? Impossible, il n'y a plus personne pour les envoyer. Il faut soigner tante Geneviève qui est malade ? On offre au docteur de lui laver son linge, si on sait le faire ; où on lui cultive des topinambours ou on arrose ses tomates pendant un certain temps. Et s'il n'y a plus de docteurs, car les universitaires aussi se sont licenciés ? On soigne avec des herbes. Ou la tante Geneviève meurt. Au milieu de tous ces suicides et des homicides de la « civilisation du travail », on a désappris à mourir. À accepter la mort. Ils ont disparus ces beaux lits de mort avec tous les parents autour, et au contraire, on veut vivre vivre vivre toujours plus, mais en vivant une vie qui n'en est plus une. En vivant une vie qui est seulement un lent suicide au service du capital. Et, alors, on va mourir, mais comme nous le voulons. D'un coup ou même en souffrant, car ça peut arriver ; dans ce cas, oui, on pourrait aussi décider de n'en avoir plus envie et de mourir de sa propre volonté et sans l'intervention d'aucun Dieu, peut-être le pire de tous les patrons.

 

Mais voyez à quoi on en est réduits, tous tant que nous sommes. À faire dépendre notre vie de systèmes macro et micro-économiques. L'économie doit être détruite (Delenda est !) car elle nous détruit nous autres tous. Nous devrions commencer piano piano, sans faire trop de bruit ; puis transformer la brise en vent et le vent en tempête. Les êtres humains (et les ânes, dit Lucien l'âne) ont décidé de ne plus travailler. D'utiliser leurs propres ressources, leur propre intelligence et leurs propres capacités naturelles et acquises sans plus les mettre au service d'un patron. Avec lenteur, sans plus forcer. Et sans plus se poser tant de « grandes questions » paralysantes, qui ont mené à la plus tragique impasse de l'histoire ; car, désormais, du caractère criminel du travail, tous ont pu se rendre compte, mais sans avoir plus aucun moyen efficace pour le contrebattre tant ils sont résignés à « faire partie d'un système » qui ne peut être combattu. Et alors, on découvre des paradoxes qui ont tout le tragique dont est capable le ridicule.

 

Il y a, par exemple, des "anarchistes" qui ne sauraient plus comment vivre s'ils perdaient demain leur beau petit coin dans un bureau de l'État; mais pourquoi, s'ils sont "anarchistes" et vraiment ennemis jurés du travail contre lesquels tonnent dans leur blog jour après jour, est-ce qu'ils ne se licencient pas ? Sans doute, ne pourront-ils plus cultiver leurs passions : les films, les bandes dessinées, les livres et tout le reste ? Ne pourront-ils plus aller en vacances dans de beaux endroits, et défiler dédaignant tout tout en distillant leurs perles d'expérience, leur désillusion, les révolutions manquées de leur jeunesse, leurs colères et leur poison sur tout ? Hein, pappappero. Un beau licenciement collectif, et soudain, ils seraient contraints eux aussi à se confronter avec un présent qui dépasse le fameux « état de choses », duquel ils cancanent aujourd'hui. Le cheval de bataille de leurs bavardages; ils l'ont tellement dépassé, l'état de choses, qu'ils en restent là tous les jours à gagagner leur sasalaire avec la foutue peur mal dissimulée, que tôt ou tard monsieur Monti et Madame Fornero s'occupent d'eux. Hier soir encore, je me suis retrouvé au milieu de pas mal d'anarchistes, dieu serpent, il n'y en avait pas un qui travaillât un brin.

 

Aujourd'hui, l'état de choses est par contre, brutalement sous les yeux de tous. Je suis convaincu qu'au désespoir, on ne peut opposer d'autre désespoir. On doit lui opposer une chose tout aussi brutale, mais joyeuse. On doit opposer le licenciement au travail. Une « civilisation » qui est une association létale de capital, d'État sous toutes ses formes et tous ses régimes, d'économisme et de patronat. Qu'est-ce qui a été opposé à l'"exploitation de l'homme par l'homme?" La création progressive de "meilleures conditions de travail?" Vraiment? Et si elles étaient tellement "meilleures", l'aliénation de l'humanité (une aliénation qu'il n'existait pas dans la civilisation préindustrielle), serait due à quoi, à l'air détraqué ? Et la "planète" sera sauvée à coups de protocoles de Kyoto, mais faire des protocoles au pays de Fukushima selon moi est pire qu'une blague de Berlusconi ? Maintenant on ne peut sauver la "planète" que d'une seule manière : en arrêtant toute la production en série d'objets et "services" qui ne servent absolument à rien de rien. Y compris cet ordinateur de merde avec lequel je suis en train de vous écrire. La communication des idées va très bien avec le papier et le stylo, quand il y a vraiment des idées ; par contre, maintenant, il y a Twitter.

En somme, ils perdent leur travail et ils se tuent. Ou ils tuent en grand. Ils se tuent parce qu'ils ne réussissent pas à faire vivre leur famille ou alors, ils tuent leur famille, tout court. Ou ils entrent dans le beau bureau climatisé, dans la beauty farm, dans la banque qui les a jetés dehors, dans l'atelier qui ne les voulait plus, et avec une arme à feu produite par d'autres travailleurs ( naturellement en sureffectif ), ils font un massacre. Ils montent sur les grues. Ils immigrent sur des barques, parce que leurs terres où souvent il suffirait de se mettre au dessous un arbre à faire l'amour en attendant que les fruits tombent, ont été massacrées par guerres, pétroles, matières premières, mines, phosphates, cuivre, on ne sait quoi, faims, chômages, famines, tout. Pour cela précisément, ils glorifient tous le travail. Dans l'histoire, on a peut-être trop peu fait de cas d'un phénomène : le travail a uni les « pires ennemis ». Le travail est le point fondamental des radotages de toutes les religions comme des "communistes." Des fascistes comme des libéraux. Jusqu'à certains"anarchistes." Vraiment, personne n'essaye de s'en débarrasser, de l'envoyer se faire foutre. En paroles, nombreux; dans les faits, personne. De belles constructions théoriques, des "manifestes", des primitivismes à la John Zerzan, des invectives et des paradoxes exquis comme celui-ci; mais personne, finalement, qui se licencie. Qui renonce à sa petite place, s'il en a. Qui renonce à en chercher en envoyant tout en l'air et en convainquant ses proches à en faire autant, à ne pas se tuer de larmes et de préoccupations, à être prêt même à manger de la merde et à dormir sous un pont et à s'activer tranquillement pour que ce pont devienne un palais pour tous. Je me demande s'il n'a pas raison Sirio à ne pas vouloir donner ses vingt ans à la mort; qui est Sirio? Je le sais, et il le sait. Et sa mère le sait aussi, que je ne voudrais plus voir mourir rapidement car elle a vingt ans aussi, elle, et elle les aura toujours.

 

Par contre, on devrait commencer vraiment tous à se licencier, à s'échapper du travail. Les laisser enfin seuls avec leur machinettes et avec leurs économies, ces messieurs. Seuls avec leurs balles en main, et rendre le temps au temps en le soustrayant définitivement à l'argent. Je voudrais que les yeux de qui j'aime ne fussent jamais comme ces fleurs offertes en mai et rendues en novembre. Et je fume un cigare, sale chien de dieu. Je le sais que je ne devrais pas, qu'il me fait mal et tout ça; mais je ne mourrai pas de travail. Je vais probablement le perdre ce travail qui bien plus que la fumée a contribué à m'envoyer ad patres; vous n'imaginez pas non plus quelle vie j'ai eue jusqu'au 21 septembre 2011. Et qui s'en soucie. Je prends congé. Je perdrai, peut-être, tout. Ils me couperont électricité et gaz. Vous ne lirez pas plus l' "Asocial Network"; ce n'est pas une chose fondamentale pour l'humanité. Si j'ai vraiment encore envie de "faire circuler mes idées", je trouverai bien la manière de le faire. S'il y a quelque chose auquel je tiens, c'est ce trou dans lequel je vis; beh, on peut se dire qu'un beau jour, je le perdrai aussi, mais je ne perdrai pas la vie. Le désespoir ne m'aura pas. Le travail et sa peste bubonique ne m'auront pas . Aucun train ne me passera dessus, putain de madone. À la fin je mourrai, comme tous, mais après avoir vécu ma vie. Quand viendra le moment, en espérant qu'il arrive sur une plage d'Elbe, quand je serai étendu là à n'en pas taper une, avec la Semaine Enigmistica (mots croisés), même si tous ses collaborateurs se licencient et qu'elle ne sort plus, j'en ai, sûr, une réserve pour des décennies. Je vous suggérerais : vous aussi, faites-le. Licenciez-vous tous, parce que de "changement", il ne peut y en avoir d'autre. Licencions-nous tous, car ainsi, nous vaincrons :


VINCEREMOS !

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17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 16:08

TROIS SOEURS





Version française – TROIS SOEURS – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne (Toscano pistoiese) – Tre sorelle - Antonio Boatto – 1992

Une chanson populaire toscane (Pistoia)
Mise en musique et arrangement : Riccardo Tesi, Maurizio Geri et Claudio Bonafé
Album: Riccardo Tesi et Banditaliana (1998)



Certain soir

Certains soirs, je m'en vais ; certains soirs, je reviens. Ce n'est pas que cela ait une quelconque importance, vu de ce site (qui va de l'avant parfaitement, même sans moi) ; c'est que certains soirs, on a envie de parler aux nues. Et , c'est pas pour dire, mais des conversations avec les nues, ici, j'en ai eu pas mal.



Quand je pars de quelque part, je pars pour de vrai. Je disparais. Inutile de m'écrire ou de me chercher. De bien des lieux, j'ai disparu sans aucune intention d'y retourner. Des « Chansons contre la Guerre », par contre, je disparais toujours pour y revenir. Le lien que j'ai avec ce site va au-delà de tout et même, si parfois, je sens le besoin de m'en éloigner, le désir d'y revenir ne faiblit pas. Depuis un certain temps, mes retours ici sont marqués d' "extras" ; cela finira en une sorte de « parcours » en lui-même : « R.V. : le retour » ou quelque chose du genre. Je blague, naturellement, cependant, avant de me replonger dans la mêlée, j'ai besoin de me constituer un viatique. Et cette fois, ce sont ces « Trois sœurs ».



Cette chanson populaire pistoiaise , admirablement arrangée par Riccardo Tesi et la Banditaliana, un salut au passage à Maurizio Geri, s'il me lit..., est tout particulière pour moi. Je veux la dédier à Marco Valdo, qui a avec moi, si je me rappelle bien , une chose en commun: de bien connaître la ville suisse de Fribourg. À Fribourg, j'ai habité quelques années, et c'est précisément de Fribourg, le 26 septembre 2004, que « je tombai »sur ce site après que pendant un an et des poussières, j'avais été administrateur fantôme. L'histoire fribourgeoise des "Trois sœurs" est une histoire de file aux caisses des supermarchés.

 

Mais l'histoire fribourgeoise de cette chanson est aussi une histoire d'éloignement et de pensées, car le climat du haut plateau helvétique n'est pas celui des collines du Chianti, et l'architecture des maisons n'est pas la même, et rien n'est comme dans tes yeux et dans ton esprit. Je sais que j'exprime des idées plutôt banales, mais de quand je suis revenu où je suis né je n'ai plus la moindre envie de m'en éloigner à nouveau. J'ai accompli mes voyages et mon vagabondage, qui n'a pas été si vaste; mais je me suis aperçu que pour se sentir vraiment un "citoyen" du monde, il faut avoir racines bien attachées à la terre. Sans racines, on court le risque d'être seulement des citadins du néant.

 

Un jour qu'il pleuvait, je faisais la queue à la caisse du petit supermarché Migros derrière chez moi. De quand je reste debout, je pense, j'ai l'habitude de chanter dans la file à la caisse. À l'Esselunga de la rue de l'Argingrosso, parfois, les caissières me demandent de me mettre à chanter quelque chose, et je leur concocte les choses les plus improbables, bien souvent reprises par ce site. Ce jour-là où il pleuvait, il m'arriva de chanter "Trois sœurs." Ainsi, sans y penser. Dans ce jour infâme, froid, j'étais allé retrouver quelque chose qui me ramenait d'où je venais; mais ce n'était pas la chanson napolitaine ou sicilienne habituelle qu'en Suisse, tous associent à probablement l'Italien émigrant. Je ne crois pas qu'ils eussent jamais entendu, au Migros de Beauregard, une chanson toscane. Et je dus la chanter particulièrement bien ; tous se mirent à m'écouter; une dame âgée avec les sacs des courses déclara : « Quelle merveille ! ». Ils regardaient. Je n'ai pas exactement l'aspect de l'Italien émigrant. Cheveux sombres, barbe rougeâtre inexorablement blanchie, haut de presque deux mètres.

 

Elle doit m'être resté gravée, cette chanson, qui dans premières strophes semble presque la traduction de Vive la République, Vive la Liberté vient probablement de la même "veine" populaire européenne vieille de plusieurs siècles et, peut-être, de millénaires. C'est, justement, sur ce site que j'en fis une parodie, en vérité une des choses les plus horribles que j'aie jamais écrites. Maintenant, en y revenant, c'est le moment de faire connaître l'original. Ce sont des jours où je me suis mis à me la chanter, qui sait pourquoi. Y compris aux caisses du supermarché. Ce n'est peut-être pas moi qui y revient, mais ce sont les chansons qui me prennent par la main et me ramènent d'où je suis venu. C'est toujours ainsi que ça se passe, je crois. [RV]

 

 

 

Ah, ce cher Ventu, nous étions en ces mêmes années sur les bords des mêmes fleuves et rivières : la Sarine, bien évidemment, qui coule à Fribourg et l'Escaut qui passe à Condé et Valenciennes . Et peut-être même en Toscane, l'autre année. Et tellement souvent, ici-même.

Et ces Trois Sœurs, ont un air de déjà vu... Du côté de Tchékov, me semble-t-il. Avec ce petit goût doux amer qu'a la vie quand elle s'enlise dans le réel, et ce petit parfum d'ennui et de désespérance.

J'entends aussi une autre voix, celle d'une comédienne de par ici, qui jouait un rôle essentiel, celui de l'Acopleûse, une immigrée elle aussi, venue d'Italie en terre liégeoise. Elle portait le terrible patronyme d' Inverno (Jenny d'Inverno) et était sorcière à ses heures.... Je l'entends encore quand elle disait à l'auteur de la dite « Acopleûse », « Célestine » wallonne, « Madame » expérimentée, marieuse, entremetteuse, paranymphe, autrement dit maquerelle : « À cinq heures, derrière l'église! », à ce moment, simple connivence et souvenirs perdus d'une enfance ou d'une adolescence enfiévrée, parfois. C'est, en effet, à cette heure et à cet endroit que la galanterie retrouvait ses droits et pratiquait ses exploits.

 

Oh, oui !, dit Lucien l'âne, c'est bien comme ça que ça se passait dans les villages. C'était là que les filles retrouvaient les gars, derrière le mur, le long du cimetière, où la vie en fleurs retrouvait la mort fleurie, où la vie à venir se faisait sur le dos de la vie passée. J'en ai vu de ces rendez-vous, de ces baisers doux, de ces approches lentes, de ces scènes de cœur et de ces parties de jambes en l'air, à cinq heures derrière l'église et parfois même, selon le temps, se poursuivaient-elles dans l'église.

 

Gai, gai, marions-nous

Mettons-nous la corde au cou.... était souvent la conclusion de ce genre de performances...

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Elles étaient trois sœurs, trois amours

Elles étaient trois sœurs, trois amours

 

La plus petite se prit à naviguer

La plus petite se prit à naviguer

 

De naviguer, sa bague tomba à la mer

De naviguer, sa bague tomba à la mer

 

« Beau pêcheur, viens donc pêcher là »

« Beau pêcheur, viens donc pêcher là »

 

« Et repêcher ma bague, tombée à la mer »

« Et repêcher ma bague, tombée à la mer »

 

 

« Et quand je l'aurai pêchée, que me donneras-tu ? »

« Et quand je l'aurai pêchée, que me donneras-tu ? »

 

« Je te donnerai cent écus et un sac brodé »

« Je te donnerai cent écus et un sac brodé »

 

« Je ne veux ni écus, ni sac brodé »

« Je ne veux ni écus, ni sac brodé »

 

« Un seul baiser d'amour, si tu me le veux donner. »

« Un seul baiser d'amour, si tu me le veux donner. »

 

« Mais que diront les gens quand ils nous verront baiser ? »

« Mais que diront les gens quand ils nous verront baiser ? »

 

« Allons derrière le mur, personne ne nous verra. »

« Allons derrière le mur, personne ne nous verra. »

 

 

Commentaire complémentaire et essentiel de Lucien Lane.

 

L'Acopleûse est une pièce de théâtre en wallon de Hesbaye, dont l'auteur est Marcel Hicter. Cette acopleûse (1964) est une des multiples pièces de théâtre qui ont comme origine « La Célestine » (1499) de Fernando De Rojas, auteur espagnol.

Je tenais spécialement à le rappeler car le même Marcel Hicter était aussi un savant latiniste et helléniste qui s'intéressa spécialement à Lucien et à la Métamorphose de l'Âne d'Or, que nous conta Apulée de Madaure, c'est-à-dire à la première histoire où sont rapportés des épisodes de ma propre vie.

 

Lucien Lane.

 

 

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Published by Marco Valdo M.I.
17 avril 2012 2 17 /04 /avril /2012 08:29

LA DERNIÈRE PAGE DE « MEIN KAMPF »


Version française – LA DERNIÈRE PAGE DE « MEIN KAMPF » – Marco valdo M.I. – 2012

Chanson étazunienne - Last Page Of « Mein Kampf‎ » – Jim Robertson – 1945
Écrite par Jack B. Johnstone et Will Livermash



Mein_Kampf.jpg

Dans la première strophe Hitler est nommé "Schicklgruber", le nom de famille original de son père Alois, douanier autrichien, qui en 1876 , se le fit changer en Hiedler, le nom de famille de son père. biologique présumé, puis mal transcrit dans les registres en Hitler.

 

 

 

Maintenant que nous avons gagné le combat

Tous ensemble, nous écrirons

La dernière page de Mein Kampf

Nous l'écrirons , oui, c'est sûr.

Ainsi le monde entier pourra lire

La dernière page de Mein Kampf

Le livre sera plein douceur

De la façon dont il sera écrit maintenant

Les plans de Schicklgruber

Nous les changerons tous et comment !

Maintenant que nous avons gagné le combat

Tous ensemble nous écrirons

La dernière page de Mein Kampf

 

Les nations envahies sont maintenant libres

Elles seront heureuses quand elles verront

La dernière page de Mein Kampf

Nous rétablirons chaque frontière

Les nations Alliées réécriront

La dernière page de Mein Kampf

Et il n'y aura plus de projet

De conquérir aucun pays,

Mais il y aura Quatre Libertés

Qui tiendront toujours

L'esclavage et la brutalité

Disparaîtront quand nous écrirons

La dernière page de Mein Kampf

 

Himmler, Goering et Goebbels

Tous trépasseront quand ils verront

La dernière page de Mein Kampf

Ils verront que ce n'est pas une blague

Et qu'Adolf n'a jamais écrit

La dernière page de Mein Kampf

Il n'y aura plus de saluts nazis

Nous les remettrons à leur place

Il n'y aura plus de délires

Sur une race supérieure

Nous enverrons Adolf et sa bande

Aux Enfers, à la fin de

La dernière page de Mein Kampf



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Published by Marco Valdo M.I.
14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 19:07

 

Montémé

 

Chanson française – Montémé – Marco valdo M.I. – 2012

 

 

Montémé, Montémé, cela me rappelle bien des choses, dit Lucien l'âne en tournant la tête pour manger une branche de saule. Mais je n'arrive plus trop bien à savoir quoi. Sans doute, s'agit-il de ce Mont-Aimé de Champagne où je gambadais autrefois, quand d'Ay, je m'en allais retrouver une bergère à Vertus. Elle me disait quand je descendais la colline d'un pas sautillant de ce trop de printemps qui me tenait au ventre, elle me disait « Ô mon aimé ! », ma bergère pleine de vertus.

 

J'aime beaucoup tes sympathiques remembrances, mon ami Lucien l'âne et j'imagine fort bien ton émoi. Cependant, si ma chanson parle bien de ce Mont-Aîmé-là, de ce Moïmer comme on dit là-bas, elle n'est pas aussi primesautière que tes aventures anciennes. C'est une terrible histoire de guerres et aussi, le souvenir d'un holocauste, la fin du premier Empire français, la venue du Tzar de toutes les Russies et l'annonce de la fin de l'Empire russe. On y trouve aussi des choses plus réjouissantes comme de grandes beuveries et une prêtresse nue.

 

Tout ça dans une si petite chanson ? Je ne peux y croire...

 

Alors, je te détaille les choses, mais bien entendu de façon succincte. Car, vois-tu, Lucien l'âne mon ami, comme je te l'ai déjà dit, une chanson n'est pas un cours d'histoire, ni un traité encyclopédique, ni rien de ce genre. De plus, une chanson demande à l'imagination de celui qui l'écoute de faire certains efforts... Elle ne se livre pas toute comme ça... Elle aime l'intelligence et elle la sollicite. Mais venons-en quand même à quelques éclaircissements. En premier, ce soleil rouge qui surgit en ayant dans l'oreille le mot de Cambronne, qui est un mot du peuple, comme tu le sais, toi qui comme moi, doit l'user et l'entendre quasiment tous les jours. Je ne crois pas inutile d'insister sur tout ce que ce « merde » a de symbolique. Je te rappelle en une anecdote rapide que Cambronne, qui devait ménager – suite à la défaite – les occupants de la France et le roi qu'ils avaient réinstallé sur son trône, répondait quand on lui demandait s'il avait vraiment prononcé ses mots héroïques en réponse à la provocation des Anglais : « Vous rendez-vous ? » : « La garde meurt et ne se rend pas » et ensuite, en réponse à la même question : « Vous rendez-vous ? », il avait tout simplement dit : « Merde ! ». Cambronne donc, pour ménager la chèvre et le chou, répondait : « Je n'ai jamais pu dire : « La Garde meurt et ne se rend pas », puisque voyez-vous : « Je ne suis pas mort et je me suis rendu ».

 

 

Oh, je comprends sa réponse, d'autant que je sais qu'il l'a vraiment craché ce boulet-là ; je m'étais réfugié dans un bosquet voisin et j'ai tout entendu. Et puis, on peut l'interpréter de diverses façons... ce fameux « Merde », lancé aux Anglais. Je m'explique. Ce pouvait être : Merde, on n'a plus de balles, Merde, ils sont trop nombreux, Merde, je suis blessé, Merde, on meurt vraiment, Merde, cette guerre me fait chier... Peut-être faudrait-il écrire la litanie de Cambronne...

 

Pour les Puissances, je te renvoie à tes souvenirs d'histoire... Les troupes contre-révolutionnaires vont en effet envahir Paris... et ramener la monarchie. Cette fois, ces loups ne sont pas entrés par Ivry ou par Issy, comme les loups [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=715&lang=it]] chantés par Reggiani, mais bien par Saint-Denis...

 

C'est normal quand on vient du Nord, dit l'âne Lucien.

 

Ensuite, Alexandre est bien entendu l'empereur de Russie, le tzar, tout heureux d'envahir Paris, d'occuper l'Élysée et qui va fêter ça par un grand défilé militaire... 350.000 soldats... Et où ça ? Sur le Montémé, là-bas en Champagne. À l'endroit qui est aujourd'hui nommé Bergères-de-Vertus. Pourquoi ? Comment a-t-il voulu obstinément faire ce rite de victoire à cet endroit, à 2500 kilomètres de Moscou ? Que savait-il du Montémé ? Que savait-il des Cathares, lui, l'orthodoxe, féru de religion ? Pour l'anecdote aussi, nous sommes en Champagne, dans un pays de vignes et de vin... La soldatesque russe ne va pas se priver d'en boire, d'en boire tant que le fait est toujours présent dans un refrain populaire, deux cents ans après,

 

« Buveurs de Moscovie, partirez-vous ?

Nous boirons bien notre vin sans vous. »

 

Ensuite, toute la fin de la chanson tourne autour du Montémé lui-même, de sa signification et de l'élimination par l'Église catholique à coups de délations, d'intimidations, de rafles, de prisons, de meurtres, d'incendies, de bûchers, de massacres, de croisades de la religion concurrente des Cathares. Le Montémé est un témoin très important de cet « ethnocide ». D'abord, car les Cathares y étaient présents – Aubri dixit – depuis environ huit cents ans, depuis l'arrivée de Fortunat, prêtre manichéen, chassé par Augustin, lui-même manichéen retourné, le prototype du traître. Sache par exemple qu'en l'An Mil, à Vertus, Leutard développait les thèmes manichéens et cathares et y ajoutait une contestation sociale fort populaire et le refus de payer l'impôt à l'Église... Ce qui était somme toute logique. Pour cela, on l'a traité de fou hérétique (actuellement, on dirait terroriste...), puis on l'a emprisonné et ensuite, pour être bien sûrs, on l'a suicidé dans le puits de Vertus, dit « puits de Saint-Martin ». La guerre d'extermination des cathares ne s'est pas arrêtée pour autant, on continua à brûler de l'hérétique et à Montémé, en 1239, on en fit un énorme bûcher. Pour situer également l'extension de cette guerre que la catholicité fit aux Cathares, Montségur, [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=9276&lang=it]], autre massacre, autre bûcher, se déroulera à l'autre bout de la France, dans les Pyrénées. Cette guerre d'extermination se poursuivit dans les Alpes... Ce fut une grande fête en présence de moult évêques, prêtres, curés, doyens, chevaliers et dames de la noblesse... à l'instigation et sous la houlette de Thibaud de Champagne. L'affaire dura plusieurs jours de suite. On avait pris au marché de Provins dans une rafle six cents « suspects », la plupart dénoncés par un ancien cathare dénommé Robert le Bougre, dit le « marteau des Cathares »... On brûla vifs les 183 qui ne voulurent pas abjurer.

 

Tu sais, Marco Valdo M.I., mon ami, pour ce qui est d'une doctrine qui repose sur interprétation des mondes à partir du bien et du mal... J'en ai connu depuis fort longtemps de ces doctrines, moi qui parcourait le monde depuis tant de temps. J'en ai connu jusqu'au fond des Indes, à Babylone, en Égypte, dans la Grèce d'Ionie ; on m'en parlait dans les mystères auxquels, je te le rappelle, j'ai été initié... Une telle religion précède et de loin l'apparition du catholicisme... Cela dit, l'ancienneté d'une religion ne la rend ni meilleure, ni pire, ni plus véridique... Deux choses encore, qu'est-ce que cette prêtresse et qu'est donc ce soleil rouge ?, dit l'âne Lucien, tout entier pris par sa curiosité...

 

Comme tu as pu t'en rendre compte, toi qui as parcouru le monde et son histoire, toi qui connais les civilisations paysannes et fondamentalement, païennes, la sorcière est la plus redoutable partisane de la résistance aux simagrées thaumaturgiques de l'Église. Elle, la sorcière, soigne vraiment les gens, elle les console vraiment du malheur, elle est aussi la femme – personnage sulfureux par excellence. Elle est femme, mais ce n'est pas une vierge aseptisée. Elle détient un savoir et un savoir-faire. Elle est aussi redoutable en ce qu'elle est celle qui accompagne vraiment le dernier sommeil. Elle est l'acabadora. En plus, cette femme qui danse nue magnifie la nudité et le corps humain, que l'Église n'aura de cesse à travers les siècles de vouloir dissimuler et déprécier ... Domestiquer le naturel pour magnifier quoi ? Pour le forcer à quoi ? À respecter la puissance et la richesse, tout simplement. Quant au soleil rouge, c'est l'embrasement de la nature, l'embrasement populaire, la lumière des belles journées de la vie dans toute sa quotidienneté.

 

Certes, cela me rappelle une sentence que je t'ai souvent entendu prononcer, qui dit : « Au matin du grand soir, le coq rouge pondra l'œuf noir »... et l'histoire de la prêtresse-sorcière, femme promise au bûcher, comme les Cathares et les pauvres amis de Valdo, m'en rappelle une autre de tes sentences, que nous évoquons souvent ici : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari ». Et nous, pour mettre fin à la domination qui contraint les pauvres au travail et qui justifie cette exaction en serinant aux pauvres ces paroles de riches : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front », « et moi aussi, dit le riche, je gagnerai mon pain à la sueur de ton front », nous n'usons pas de la torture, ni du bûcher. Nous usons de la parole pour tisser le linceul de ce vieux monde, religieux, obscène, emberlificoteur et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

 

 

 

Le soleil rouge résonne

Encore du mot de Cambronne

Les Puissances sont entrées

Comme des loups par Saint-Denis

Alexandre occupe l'Elysée

Pour fêter la victoire de son Moscou-Paris

Au pied du Montémé, un lieu bien éloigné

Durent défiler

Raides et de neufs vêtus

Trois cent cinquante mille soldats

Lentement marquèrent le pas

Et des générations de gens de Vertus

Buveurs de Moscovie, partirez-vous ?

Nous boirons bien notre vin sans vous.

La prêtresse se dénudait dans le couchant

Sa jument portait tous les tourments

Alexandre, ange de lumière

Au sommet du Moïmer

Cinq jours sur le mont bizarre

Médita sur l'holocauste des Cathares

Et la fin prochaine des tzars.

Et le soleil rouge éclate dans le soir.

 

 

 

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 22:41

Le Parti d'en Rire

 

Chanson française – Le Parti d'en Rire – Pierre Dac et Francis Blanche – 1959

http://www.dailymotion.com/video/xaywdx_pierre-dac-francis-blanche-le-parti_fun

 


 

Le Parti d'en Rire a comme devise : « Contre tout ce qui est pour – Pour tout ce qui est contre ». Son organe officiel a existé quelques années, c'était L'Os à Moëlle, rédacteur en chef : Pierre Dac, journal où on a rencontré pêle-mêle outre Pierre Dac, Francis Blanche, Pierre Doris, Jean Yanne, Robert Nahmias...

 

 

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, je ne sais trop ce que tu pourrais penser de la manie de Mélanie et encore moins, ce que tu pourrais penser de toute forme d'élections... En somme, je me demande, si tu as déjà voté... et pour quel parti , le cas échéant, tu le ferais...

 

Tu sais bien, Marco Valdo M.I., mon ami, que nous les ânes, nous sommes interdits d'élections – rassure-toi, pas d'érections... Bien au con traire, voilà qu'on nous en attribue (viriles) bien plus qu'il ne nous en faut. Nous ne sommes ni électeurs, ni élus. Mais, toi, qui vis dans une de ces démocraties confortables et somme toute, assez luxueusement meublées – du moins dans ses Palais de la Nation, dans ses Assemblée, mais pas trop dans les maisons du peuple – si tu devais voter ... juste une supposition – pour quel parti, à quel parti réserverais-tu ta voix ?

 

À supposer qu'un jour, j'aille voter... Tu as bien dis que c'était là une supposition, une simple supposition...

 

Ce serait assez drôle, en effet.

 

Mais voyons, Lucien l'âne mon ami, arrête de braire... Moi, je n'ai aucune hésitation à ce sujet... Je sais très bien quel parti je prendrais et pour quel parti, je voterais... Et je vais te le dire en confidence, car ce sont là des choses que généralement on cache, un secret un peu honteux, en tous cas d'une stricte confidentialité... Mais moi, je n'ai aucune honte, aucune réticence à dire le nom du parti auquel irait – je dis bien irait, dans le cas évoqué par ta supposition où j'irais voter – irait, donc, ma voix... Par parenthèse, on est bien peu de chose... Je te confesse que je n'ai qu'un goût moyen pour le MOU (Mouvement Onaniste Unifié), ou même le MOI (Mouvement Onaniste Indépendant)... Ce sont des conservateurs, pour ne pas dire des réactionnaires...Donc, ma voix irait au Parti d'en Rire, fondé conjointement par Pierre Dac et Francis Blanche... en 1959. Car, tu en conviendras avec moi et avec eux, je veux dire Francis Blanche et Pierre Dac et tous les membres du Parti d'en Rire... «  Seules la joie et la gaieté peuvent nous sauver du pire. »

 

Ah, que voilà une belle et vigoureuse proclamation... Quand on voit ce qu'ils font aux Grecs (et qu'ils nous feront demain), il ne reste que le Parti d'en Rire « pour nous sauver du pire »... Pour un tel parti, on irait même jusqu'à aller voter... Même nous les ânes... C'est tout dire.

 

Et puis, Lucien l'âne mon ami, regarde ce programme, digne du Captain Cap... [[http://fr.wikisource.org/wiki/Le_Captain_Cap/I/Un_mot_sur_le_Captain_Cap]] :

 

« Réconcilier les oeufs brouillés ,

Faire que le veau d’or puisse se coucher... »

 

En effet, je trouve la chose exaltante et élection ou pas, il convient cependant de tisser le linceul de ce vieux monde électoral, particrate, plein de promesses et cacochyme...

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

 

Oui
Notre parti
Le Parti d’en rire
Oui
C’est le parti
De tous ceux qui n’ont pas pris de parti
Notre parti
Parti d’en rire
Oui
C’est le parti
De tous ceux qui n’ont pas pris de parti
Sans parti pris, nous avons pris le parti
De prendre la tête d’un parti
Qui soit un peu comme un parti
Un parti placé au-dessus des partis


En bref, un parti, oui
Qui puisse protéger la patrie
De tous les autres partis
Et ceci
Jusqu’à ce qu’une bonne partie
Soit partie
Et que l’autre partie
C’est parti !  Ait compris
Qu’il faut être en partie
Répartis
Tous en seul parti : Notre parti


Nous avons placé nos idéaux
Bien plus haut
Que le plus haut
Des idéaux
Et nous ferons de notre mieux
Crénom vindieu de vindieu de Vindieu !
Pour que ce qui ne va pas aille encore mieux
Oui pour vivre heureux
Prenons le parti d’en rire
Seules la joie et la gaieté peuvent nous sauver du pire
La franche gaieté
La saine gaieté
La bonne gaieté des familles


Nos buts sont déjà fixés:
Réconcilier les oeufs brouillés ,

Faire que le veau d’or puisse se coucher,
Apprendre aux chandelles à se moucher ,

Aux lampes-pigeons à roucouler,
Amnistier les portes condamnées,
A l’exception des portes-manteaux
(tiens ça rime pas, ah oui je sais:)
C’est pour ça qu’y peuvent s’accrocher
Exiger que tous les volcans
Soient ramonés une fois par an,
Simplifier les lignes d’autobus
En supprimant les terminus
Et pour prouver qu’on n’est pas chiches
Faire beurrer tous les hommes-sandwichs.
Voilà quel est notre programme
Voilà le programme

Une, deux, trois
Demandez le programme

Quatre, cinq, six...
On le trouve partout

Trois, quatorze, seize...
Je le fais à cent sous


Mais... pas d’hérésie !

 


- Notre parti
- Parti d’en rire, oui
- Non!
- Si!
- Crétin!
- Pauvre type!
- Abruti !


Et voici... ce qu’est notre parti  : Oui !

 

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Published by Marco Valdo M.I.
12 avril 2012 4 12 /04 /avril /2012 12:58

GUÉRILLA

 

Version française – GUÉRILLA – Marco valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Siamo Guerriglia – Banda Bassotti – 2012


Texte : David Cacchione, Musique : Angelo "Sigaro" Conti

 

 

 

 

Partout et malgré tout

Sur les montagnes de la vie

Les fleuves de souvenirs

Se croisent dans cette histoire

J'écoute les idées

Comme dans un train bondé

Et je raconte l'onde

Qui se mouvait sur les monts

 

Mais on ne vit pas esclaves

Quand on naît rebelles

De jour et de nuit

D'Ostiense à la Via Rasella

Nos vieux allaient et venaient

Dans les villes occupées

Toujours libres

Et jamais domptées

 

Nous sommes

Car nous pensons

Et nous nous ressouvenons

Et puis nous rêvons

Et nous résistons

Ensuite, nous avançons

Et nous revenons

Nous sommes Guérilla

 

Entre vie et mort

S'est faite cette histoire

Celle des sept Cervi

Est unique mémoire

Le massacre de Marzabotto

Et des Fosse Ardeatine

L'histoire n'est pas un rêve

La mémoire vit

 

Aucune phrase

Aucune égalité

Ce n'est jamais égal

Qu'on vous arrache les ongles

On ne peut pas oublier

Un DNA commun

Nous tient en vie.

Nous sommes Guérilla

 

En ce monde où

La paix vit de bombes

il y a encore des rebelles

Sur les montagnes - de notre vie

 

Nous sommes

Car nous pensons

Et nous nous ressouvenons

Et puis nous rêvons

Et nous résistons

Ensuite, nous avançons

Et nous revenons

Nous sommes Guérilla

Nous sommes Guérilla

 

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