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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 21:51

TZIGANES

 

Version française – TZIGANES – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Zingari – Punkreas– 2000

 

 

 

 

 

On ne sait pour les autres, dit Lucien l'âne, mais pour les Tziganes, l'histoire a la mauvaise habitude de se répéter. Pire, elle bafouille, elle bégaie, elle ne connaît qu'une manière : la chasse au nomade et cela depuis si longtemps qu'on a même oublié quand cela avait commencé. Finalement, ce n'est plus là méchanceté, c'est un réflexe conditionné, une habitude ancestrale, un conditionnement historique... pour la préhistoire, on ne sait pas... Pourtant, moi qui bourlingue depuis des siècles et des siècles, je peux te dire que les Gitans ou les Tziganes ou les Bohémiens ou les Roms, alias les Romanichels que j'ai croisés n'ont certainement pas été pires que les Sédentaires – comment les appeler autrement ? Les citadins, mais il y avait des paysans... Les citoyens, on pourrait imaginer les Citoyens. Mais attention, même nous les ânes, nous sommes Citoyens du Monde, a fortiori les Tziganes doivent l'être aussi. C'est ce que doit dire la Charte des Droits de l'homme... Mais peut-être, met-on les Tziganes en dehors ou en dessous de l'humanité sédentaire ? Alors, je me demande, et depuis longtemps, ce qu'on peut bien leur reprocher... Ils n'ont – contrairement à certains – jamais fait la guerre, ils n'ont jamais envahi aucun pays, ils n'ont jamais colonisé personne, ils n'ont jamais chassé des gens de chez eux, ils n'ont jamais pris une ville, mis à sac un empire, liquidé un peuple, jamais ils n'ont créé de camps de concentration ou de travail, ils n'ont jamais eu d'armées, ni de chars d'assaut, ni d'aviation de combat... Ils ne pratiquent pas la torture de façon massive, ils n'ont pas de prisons, ils n'entretiennent pas des forces de l'ordre pour massacrer les jeunes filles et les jeunes gens qui manifestent, ils ne prétendent pas diriger le monde, ils n'ont jamais imaginé de solution finale, ils n'ont pas de terre promise ou sainte, ils se contentent du lieu où ils sont, très provisoirement d'ailleurs... C'est à peine s'ils commencent à manifester... Bref, c'est sans doute un des peuples les plus pacifiques du monde... Sans doute même, le plus pacifique, car comme on peut le voir, ils n'ont jamais répliqué – si ce n'est par le voyage, par la chanson du vent – aux persécutions qu'ils ont subies.

 

 

Comme tu as raison, Lucien l'âne mon ami, dit Marco Valdo M.I.. Et comme tu as raison d'avoir raison. D'abord, d'où peut bien venir cette haine ancestrale qui couve en nos populations contre le Gitan, cette concupiscence qui entoure la Gitane et ses jupons colorés ? Et quelle est cette légende de voleurs d'enfants ? On accuse aussi les Gitans de vol... mais quand on compare, on peut se demander : qui vole le plus du banquier ou du Gitan ? Qui terrorise le plus : le mafieux ou le Gitan ? Qui se comporte le plus mal avec les populations : le Gitan de passage ou l'envahisseur encombrant ? Qui exploite le plus les gens : le Gitan ou l'entrepreneur ? Et on pourrait continuer ainsi longuement... Mais le Gitan est toujours le mouton noir, la victime expiatoire... Dans ce rôle, il n'est pas le seul... On notera le Juif, le Musulman (en pays chrétiens), le noir (partout ou presque), l'immigré (partout), le réfugié... Quant à la grande persécution, à leur déportation, elle fut réellement gigantesque... On estime – car les chiffres exacts sont difficiles à établir, bon nombre de Gitans ayant été abattus par les nazis avant même d'être enregistrés et comptabilisés, ceux-là n'arrivaient même pas dans les camps... Mais pour ceux dont on a pu relever la trace, on estime qu'environ un quart de la population gitane a été déportée et massacrée, exterminée... Certains pensent que c'est plus encore... Imagine que l'on ait exterminé un quart de la population française de l'époque : soit environ, dix millions de massacrés...

 

 

Et ça continue cette haine...

 

 

Oui, ça continue. La chanson parle du jour d'aujourd'hui, du comportement de gens d'aujourd'hui dans des populations qui sont soi-disant conscientes et civilisées... La chasse aux Roms a l'air de devenir un sport européen chez certains. On les tue, on les brûle. Parfois, on les rejette par avions entiers... dans les lieux qu'ils ont fuis en raison des misères qu'ils doivent y subir, en raison de la misère où on les y maintient. Voilà où nous en sommes... Il ne fait pas bon d'être Tzigane dans l'Europe sans frontières.

 

 

Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, tout cela me répugne. Crois-moi, nous devons à toutes forces, même si nous n'en avons pas beaucoup, poursuivre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux monde raciste, xénophobe, incivil et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 





Fermez les fenêtres, descendez les persiennes

Péril en la ville à nouveau des caravanes

Des nomades gitans avec des habits magnifiques

On dirait à première vue qu'ils sont dangereux

Ma chère, je vais chez les voisins

Toi, tu fermes à clé et tu montes les enfants

S'ils font des caprices et s'ils ne veulent pas dormir

Raconte que les Tziganes viendront les enlever.



Culture millénaire, usages et traditions

Et pas seulement carrousels, vols et roulottes

La grande majorité ne sait pas que nous parlons

De gens qui ont décidé de vivre en voyageant

Nous voyons la vie avec des œillères

Pour éviter de comprendre la leur.



Conséquence : leur déportation

La violence, la grande persécution

Les cocktails lancés dans la nuit

Beaucoup d'incendies, tout le monde s'en fout.



En bourlinguant par le monde

En ouvrant des trous dans un filet qui entraîne au fond
À qui pense que

Bourlinguer par le monde

Rester en mouvement ne peut que générer la rage

Chez qui se sent en cage.

Mais vaincs la peur de les avoir là tout près

Qui sautent le mur et entrent dans le jardin

La trouvaille classique pour ce mécontentement

C'est faire comme John Wayne, brûler leur campement

Cependant, à la différence des Indiens et des cow-boys

Ici on n'est pas à Hollywood, ce n'est pas du cinéma

On ne peut se voir comme des héros.



Conséquence : leur déportation

La violence, la grande persécution

Les cocktails lancés dans la nuit

Beaucoup d'incendies, tout le monde s'en fout.



En bourlinguant par le monde

En ouvrant des trous dans un filet qui entraîne au fond
À qui pense que

Bourlinguer par le monde

Rester en mouvement ne peut que générer la rage

Chez qui se sent en cage.

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28 décembre 2010 2 28 /12 /décembre /2010 15:29
ROMANCE DU PRISONNIER

 

Version française - ROMANCE DU PRISONNIER – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson espagnole – Romance del prisionero (Romancillo) – 15ième siècle (?)

 

 

 

Un poème du « Romancero Viejo », groupe de « chansons de geste » remontant au Moyen-Âge espagnol transmis sous forme orale jusqu'au 19ième siècle, quand l'érudit Agustín Durán commença à les étudier systématiquement, les recueillant dans son fameux « Romancero General », publié pour la première fois en 1821.

Une seconde fois, comme le dit l'importante fonds documentaire The Lied, Art Song and Choral Texts Page, la version originale aurait été mise en musique en 1950 par le grand compositeur classique espagnol Joaquín Rodrigo Vidre, « El Maestro Rodrigo » (1901-1999). Il existe au moins une transposition précédente du texte traduit en allemand .« ACH, IM MAIEN WAR'S, IM MAIEN » – Paul Johann Ludwig von Heyse (1830 –1914) – texte et Hugo Wolf (1860 –1903).


Chicho Sánchez Ferlosioen donna une version personnelle en 1978 et Paco Ibáñezl'interpréta dans la version originale en 1978.

 

 

Ô c'était en mai, en mai

Quand la chaleur donnait

Quand le blé montait

Et que les champs étaient en fleurs,

Quand chantait l'alouette

Et que répondait le rossignol,

Quand les amoureux

Tombaient dans les bras de l'amour.

Sauf moi, triste, malheureux,

Qui vit en cette prison,

Qui ne sait quand est le jour,

Ni quand sont les nuits,

Si ce n'était une oiselle

Qui chantait à l'aube.

Un archer me l'a tuée

Dieu en aura de lui merci !

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 23:41

Histoires d'Allemagne (2)

 

Pour des raisons techniques, j'ai dû couper les Histoires d'Allemagne en deux .

 

BAVIÈRE, MAI 1919 – LE BROUILLARD OPALIN

 

 

Conseils ouvriers en Bavière

Cinquante-trois prisonniers russes libérés

Contre-révolution en Bavière

Cinquante-trois prisonniers russes arrêtés

À Graefelfing, conseil de guerre

Le 2 mai 1919, cinq heures et demie, l'aurore noire

On mène les prisonniers à l'abattoir

Les femmes et les enfants du village pleurent

Dix salves dans les sables de la carrière

À la mitrailleuse, cinq ou sept par paquets

Agonie dans le brouillard opalin du petit matin

Charles Gareis, député, révèle les faits

On le retrouve mort un autre petit matin.

 

 

MAYENCE, MARS 1922 – KONSIDÉRABLES DOKTEURS

 

 

Le Rhin est vert

La cathédrale est rouge

La tour en briques sombres

De sympathiques vicaires

Dans les villages

Offrent des cigares

Une Lorelei traverse la salle

Analyse ou Ingebeur

Une dizaine de Konsidérables Dokteurs

Tout cela est kolossal.

 

 

MAYENCE, AVRIL 1922 – LE SENS CACHÉ

 

 

Dans les gares

On délivre des passeports pour la Sarre

Le mark augmente

Il y a des routes plates

Des sillons lancent des lièvres

Tout ça procure

De bien douces satisfactions

Un philosophe allemand découvre

Un sens caché dans sa réflexion.

 

 

MAYENCE, JUIN 1922 - SOUVENIRS

 

 

Les fils de l'Afrique

Sur les quais du Rhin

Silhouettes kakis

Gueules noires

Fez rouge sur l'eau verte

Le vin « froid » du Rhin

Les univers incontrôlables

Sont inoubliables.

Les souvenirs tranchent sur la vie courante.

 

 

MAYENCE, NOVEMBRE 1922 – LES SURHOMMES

 

 

Retrouver la campagne

Des soirs d'octobre

Un peu de brouillard,

Un peu d'air froid

Des prés un peu blancs

Mais quelle sagesse y loger ?

Il y a les rives du Rhin,

La Lorelei et la cathédrale

Des typographes au teint blanc

Marchent la nuit sur les toits.

 

 

Rheinstrasse

Par la fenêtre

Trois toits d'ardoise

Un clocher d'église

Un ciel gris

Des brasseries pareilles à des cathédrales

Des villas pareilles à des châteaux forts

Des briquets pareils à des revolvers

Des policiers semblables à des amiraux,

Pays de surhommes.

Je rêve, je rêve d'un pays

Un pays... Un pays où

Les désespoirs d'amour ne donnent pas faim

Un pays où

Les tailleurs n'ont jamais fabriqué la culotte d'un roi

Les pâtissiers cuit le biscuit de l'empereur,

Un pays où

Les poètes ne soient pas inspirés des dieux

Les réputations ne soient pas mondiales

Les renommées ne soient pas cosmiques

Un pays où

L'on n'attende pas le messie.

Tout cela ouvre des abîmes mélancoliques.

Sous un soleil catastrophal

Trouve-t-on dans la maigreur des paysans

Le contrepoison aux chaleurs bestiales ?

Quelle attitude adopter au milieu d'un tel chaos ?

 

 

MAYENCE 1923 – LA RACE PURE

 

 

Époque multicolore où des prophètes et des névropathes

Naissent dans les rues mélancoliques des grandes villes

Devant un décor bariolé d'oranges et de tomates

Phantasmes nocturnes en marge des états-civils ,

Ils surgissent de la désolation des temps

Comme au lendemain des guerres surgissent les mendiants.

 

 

C'est la grande faillite de la couleur locale

La planète vidée de ses mystères

Par un trust d'industriels international

Prend des allures de planisphère.

Les demi-mondaines interlopes aux yeux cerclés

Sont prises brusquement d'un grand besoin de simplicité

Demain, les bars serviront de la soupe aux choux

Elles sentent aux tremblements de leurs genoux

Venir des temps plus durs

Elles découvrent le prix de la race pure.

 

 

MAYENCE 1924 – HERMAN HESSE

 

 

Les poètes ressemblent aux oiseaux

Les forgerons ont le cheveu farouche,

La jambe longue, les sourcils loyaux

Le front juste et un entêtement louche

Le poète échange avec la nature

Des signes sans bavures

Des réflexions sans répliques

Il fait de l'œil aux étoiles

Comme les grands voiles

Il chante avec les vents

Il interpelle les nuages

Il songe sur les plages

Il parle avec le temps

 

 

MUNICH 1925 – SUR LA PORTE DES CAFÉS

 

 

À Munich, en 25, svastika sur la porte de cafés

« Interdit aux Juifs, aux nègres, aux Belges et aux Français ».

 

 

BERLIN, AVRIL 1925 – VAINQUEURS DE LA PROCHAINE

 

La misère côtoie les millions illicites.

 

Chère Mademoiselle,

 

Votre petit camarade de classe se permet, à l'occasion de son élection à la Présidence du Reich, de se rappeler à votre bon souvenir. Je tends la main à tous les vrais nationalistes, je désire la paix et j'espère bien que nous serons vainqueurs de la prochaine guerre.

 

Veuillez agréer, Chère Mademoiselle, l'expression de mes sentiments les plus cordiaux

 

von Hindenburg

 

 

BERLIN – OCTOBRE 1925 – LES « LANSQUENETS »

 

 

Les lansquenets aimables jeunes gens

Un peu assassins, pleins de racisme.

Se distinguent par leur antisémitisme

Leur violence et leur besoin d'argent.

Ils finissent au coin d'un bois au petit matin

Dans une tombe mal recouverte, sans horizon

Un génie étrange les pousse à ces jeux malsains

À l'auberge des mauvais garçons

Conspiration, guerre civile, saccages

Incendies, meurtres et pillages.

La Sainte Vehme exécutait.

Bref, la Gestapo s'annonçait.

 

MAYENCE , DÉCEMBRE 1926 - DÉFENSE DE SE SUCIDER

 

Près de Grosshesselohe, le pont sur l'Isar

S'appelle « Le Pont des Suicidés »

Trente mètres de haut, un tremplin

Son passé est tragique.

On a posé un grillage

Et une pancarte :

« Défense absolue de se suicider »

 

 

MAYENCE, MARS 1927 – SUICIDE ET SPORT

 

 

Le service de douze ans dans la Reichswehr

A une grosse influence sur le développement

Du suicide et du sport

Activités nécessaires pour abréger

La vie de la caserne.

 

 

MAYENCE, PANOPTIKUM, MAI 1927

 

 

Sur un bateau chargé de bière et de bruit

Des chœurs d'hommes secouent la nuit

Le bateau des clubs allemands

Les bannières flottent au vent.

Qu'il est beau d'avoir un drapeau

Qu'il est doux d'avoir un drapeau

Qu'il est digne d'avoir un drapeau

 

 

 

Sur « La Mort Blanche »

Un chaland voilé de noir

Les sociétés secrètes

Pavillons de croix gammées

Et têtes de mort

Les Casques d'Acier au garde-à-vous

Windmantel vert et canne

Juges en cagoule

Le Conseil de guerre condamne

À mort

Un engagé de quinze ans.

 

 

DARMSTADT, CIMETIÈRES, SEPTEMBRE 1929

 

 

À Darmstadt

Dans le cimetière de la forêt

Des lapins sauvages sautent les allées

Dérapent dans le sable

Et se perdent dans l'herbe.

Les roses trémières flambent

Des rideaux de buis noirs

Brodés de croix blanches

Sur un ciel d'émail

En demi-cercles sur les gradins

Sépultures des soldats allemands

En rangs serrés, horizontaux

Les mains jointes, disciplinés

Ils dorment dans une gloire symétrique.

Les mouches bourdonnent autour des fleurs.

 

 

À Darmstadt, un jardin dévasté,

Le cimetière des morts en captivité

Quelques croix pauvres et pathétiques

Italiens sous terre comme des médailles antiques

Russes morts à l'hôpital diphtériques

Des Français, rapatriés, il reste pourtant

Les noms dans la pierre du monument.

Deux cent cinquante noms inemployables en allemand

Mazure, Tirel, receveur, Dupuis, Roques, Durant

Visages de réservistes avec ce sourire

Sûrs de ne plus revenir.

C'était une époque mortelle pour les garçons de vingt-cinq ans.

 

 

BERLIN – 1933 – SVASTIKA

 

 

L'Allemagne est gonflée de mythes

Comme l'énorme Zeppelin

Dans le ciel du matin

Un fétiche définitif s'invite

Svastika des hindous exotiques

Emblème à la frivolité décorative

Portée par ce vent phytérotique

À d'aberrantes dérives

Svastika des hitlériens

Aimant de limaille mythologique

Symbole de la grandeur de l'Aryen.

Rassembleur nationalsocialiste

C'est la croix gammée

Moulin à vent aux ailes pliées

Il a déjà broyé du Juif et du communiste.

 

 

BERLIN – 1935 – NOUS EN SOMMES LÀ.

 

 

Berlin, immense autel à la louange du Führer

Librairies dédiées au dieu et à ses saints

On s'aborde, on se quitte en saluant Hitler

Caserne et librairie : Berlin.

Flamboient les réclames, tournent les rotatives

Mugissent les radios, s'élancent les invectives

On ne naît, on ne meurt que pour Hitler.

Tout se mesure à la vertu guerrière

Berlin : Sparte dans un hall de banque

De noirs SS montent la garde

Des gens vêtus jaune défilent bottés jusqu'aux épaules

La nuit, une auto, dans les phares

Une section de chemises brunes répète dans le noir

Tous portent le poignard

Croix gammée – Noir, blanc, rouge.

Photos militaires : tout pour le muscle !

Prestige du bain d'acier.

Suspicion sur l'étranger

L'Allemagne prend du fer

On parle bas, complot, atmosphère

L'Allemagne veut-elle la paix ? Souhaite-t-elle la guerre ?

Il est possible qu'elle soit sincère.

En attendant, voilà

Nous en sommes là.

 

BERLIN 1936 – UNE VILLE DE GARNISON

 

 

Berlin réduite moralement aux proportions

D'une ville de garnison

Sa cuirasse l'étouffe, les arts dépérissent

L'assassinat est un monopole de la police.

À Berlin, provinciale et féérique

Le crime se spécialise dans l'exécution politique

La plaisanterie est punie des travaux forcés

Un peintre de cartes postales apprend aux hommes à hurler

Le grand Aryen blond est majoritairement petit, brun et frisé.

Il lève le bras comme le chien lève la patte.

À tous moments, partout, dans les parcs, dans les rues

« Connais-tu le pays où fleurit le canon ? »

Telle est la question.

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 23:40

Histoires d'Allemagne

 

Canzone française – Histoires d'Allemagne – Marco Valdo M.I. – 2010

Vialatteries I.

 

 

On fait parfois des choses sans trop savoir pourquoi. C'est un peu le rythme du pas du poète, de celui qui fait, de celui qu'un bouillonnement intérieur pousse à conter des histoires, à inventer des chansons. Par exemple, je ne sais trop si ce que j'ai fait a sa place ici...

 

Je me demande bien pourquoi donc tu me dis cela, Marco Valdo M.I. mon ami. Qu'as-tu bien pu inventer qui te tracasse à ce point ?... car je le vois bien cela te tracasse.

 

En effet, cela me tracasse. Tu l'as bien senti, mon ami Lucien l'âne. Mais il est vrai que tu es mon ami et que tu es un âne sensible. Ce que j'ai inventé, ce qui m'est passé par la tête, puis que j'ai fait, c'est une sorte de chanson de geste, une sorte d'opera secco, une étrange fresque qui, à sa manière, recrée un voyage dans l'Allemagne d'avant 1939... Je devrais dire pour être exact d'après 1918 et d'avant 1939. Bref, un monde un peu oublié, un monde étrange qui a débouché sur le délire du Reich de Mille Ans. Tout comme Rome, Berlin ne s'est pas faite en un jour. Même si elle s'est défaite en peu de temps, mais de cela nous ne parlerons pas. Comment te dire, Lucien l'âne perspicace, je ne sais pas le pourquoi de cette création qui s'est imposée, comme toutes les canzones. Tout ce que j'en sais, c'est qu'elle frappait à la porte avec insistance.

 

Alors, si la muse insistait à ce point, tu as bien fait d'ouvrir et d'écouter son conseil. Mais explique-moi un peu d'où et comment...

 

D'où, d'abord. Cette canzone d'un genre étrange m'a été inspirée par un de mes pères, disons littéraire, ainsi qu'il apparaît dans ma biographie, que je te cite ici. Il y est très exactement dit ceci : "Marco Valdo M.I. est une créature littéraire, c'est un hétéronyme. Il est né des œuvres de Carlo Levi et Italo Calvino. Il a comme parrains : dans la branche anglaise, Laurence Sterne, qui faillit être archevêque d'York, dans un pays où on est prêtre ou évêque ou archevêque de père en fils, dans la branche d'Europe centrale, Joseph Roth et Franz Kafka, du côté espagnol, on le dit parent de Cervantès, en Lusitanie, de José Saramago, dans l'Antiquité, on lui trouve des ascendances du côté de Madaure avec Apulée et enfin, Alexandre Vialatte pour la branche française." Je dirais un certain Alexandre Vialatte. Ce dernier a écrit mille choses, un paquet gigantesque de chroniques... Connue sous le titre étonnant de "Chroniques de la Montagne". Et parmi tout cela, les « Bananes de Königsberg » qui sont elles-mêmes l'origine de la chanson du jour.

 

Voilà pour le d'où. Mais dis-moi, parle-moi un peu du comment.

 

J'y viens, j'y viens. Mais d'abord, si tu le veux bien, écartons la question rituelle de la musique... Je rappelle que Ramuz avait écrit l'Histoire du Soldat avant que de connaître le destin musical que Strawinsky lui réserverait. Comme je l'ai déjà dit, le texte est fait, les musiciens sont en retard. Sans doute, y a-t-il du brouillard. Maintenant, le comment, comment dire ? C'est une sorte de film, de journal, une suite comme il y en a en musique, une suite de tableaux, qui quand on considère l'ensemble donne une vision kaléidoscopique de l'Allemagne de ce temps trouble. Maintenant pour l'urgence de cet opus, de cette œuvre – car je ne peux m'empêcher de la considérer comme telle, comme le travail d'un peintre ou d'un musicien, comme une élaboration matérielle, je ne sais trop en donner de raison. Peut-être comme un air dans l'air, une nécessité autonome... Au fait, Cassandre savait-elle le pourquoi de ses récits ? C'est un peu comme regarder avec les yeux de l'aède aveugle l'avènement de ce qui fut ... Une des pires histoires de l'Histoire de l'humaine nation. Un des moments les plus pathétiques et les plus meurtriers de la Guerre de Cent Mille Ans. Peut-être est-ce un regard aigu sur ce ventre d'où a surgi la bête immonde, sur un des ventres qui accoucha d'une bête immonde, car nul n'ignore qu'il y en eut d'autres et qu'il y en a encore... et sur le comment elle a surgi, comment elle a grandi... et en filigrane, sans doute, une histoire d'aujourd'hui, une histoire d'aujourd'hui où il est question de ventre et de bête. Et c'est bien le plus effrayant.

 

Ceci, vois-tu Marco Valdo M.I., me renforce dans cette impérieuse nécessité que je ressens de tisser le linceul de ce vieux monde phytérotique, suicidaire et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

Pour des raisons techniques, j'ai dû couper en deux ces Histoires d'Allemagne. Suite voir Histoires d'Allemagne 2.

 

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27 décembre 2010 1 27 /12 /décembre /2010 23:38

TOUS OU AUCUN

 

Version française – TOUS OU AUCUN – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson allemande – Keiner oder Alle – Bertolt Brecht – 1934 (Musique Hans Eisler)



Tiré de Têtes rondes et têtes pointuesou Pauvres gens ne sont pas riches (Die Rundköpfe und die Spitzköpfe) (1934), une comédie qui aux dires des auteurs est plutôt « un récit d'horreurs », une adaptation de « Mesure pour mesure » de Shakespeare, qui devint une féroce satire des théories (raciales) nazies.

Dans un pays imaginaire, en pleine crise économique (l'Europe ? le monde ? aujourd'hui, demain ? demande Lucien l'âne ); la révolte des gens réduits à la faim risque de renverser le Pouvoir. Les riches trouvent une solution aussi simple que géniale pour rester en selle : détourner le mécontentement populaire de ses vraies causes en transformant l'affrontement de classes en un affrontement racial (Notons, dit Lucien l'âne, que ce pourrait un affrontement au nom de la religion, de la civilisation ou de la démocratie... On l'a encore vu récemment....). Ainsi, on confie temporairement (ce peut être des années et même, des dizaines d'années – en Allemagne, en Espagne, au Portugal, en Italie, au Chili, au Rwanda... par exemple) les rênes du pays à un personnage sordide chargé de pousser l'ethnie majoritaire (le groupe...) des Têtes Rondes contre les minoritaires des Têtes Pointues. L'objectif sera atteint à la fin : les riches seront à nouveau au pouvoir ( en Italie ?) et le peuple plus opprimé que jamais.

 

Esclave, qui va te délivrer ?

Ceux qui se trouvent au plus bas

Peuvent te voir, Camarade

Et peuvent entendre tes cris.

Les esclaves doivent se libérer.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

Seul on ne peut se sauver.

Fusil ou chaînes.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

 

Affamé, qui va te rassasier ?

Avec toi partager le pain.

Viens avec nous, que la faim emmène

Nous t'indiquerons le chemin

Les affamés doivent manger.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

Seul on ne peut se sauver.

Fusil ou chaînes.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

 

Tabassé, qui te vengera ?

Toi, à qui on donne les coups

Viens donc seulement chez les blessés

Nous, tous affaiblis

Nous allons, Camarade, te venger.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

Seul on ne peut se sauver.

Fusil ou chaînes.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

 

Perdant, qui va oser ?

Celui qui ne peut plus traîner sa misère

Doit se frapper dessus

De ne l'avoir pas fait plus tôt.

Agir aujourd'hui et non demain.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

Seul on ne peut se sauver.

Fusil ou chaînes.

Tous ou aucun. Tout ou rien.

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 17:42

MONTEZUMA, L'AZTÈQUE

Version française – MONTEZUMA, L'AZTÈQUE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Montezuma – Punkreas – 1997


Il est certes difficile d'imaginer

Qu'il y a encore des cons qui veulent fêter

Cette nouvelle terre de Colomb très vite transformée

Par un massacre au plomb !

 

Sous le prétexte de découvrir un continent

Ils n'épargnèrent personne parmi ces gens

Et ils volent des milliards pour rappeler l'anniversaire

Il faut avoir honte de regarder le calendrier.

 

Allez-y, fêtez mais rappelez-vous que Montezuma n'est pas mort !

Sa malédiction descend sur vous, 500 ans c'est beaucoup

Vous connaîtrez la même fin, vous autres !

C'était un peuple sans défense, mais les temps sont changés, à présent, les Aztèques, c'est nous !

 

À présent, c'est un temps de vengeance, d'en venir aux mains

On réexhume les vieux sacrifices humains.

Colomb n'existe plus ni Ferdinando Cortez

Pour les conquistadores, maintenant c'est la mort .

 

À présent, nous sommes égaux, vous ne dictez plus la loi

Une autre bombe est née et nous en sommes les mèches.

Nous n'y étions pas alors, mais à présent nous sommes prêts

Salauds de conquistadores, voici la reddition des comptes !

 

Allez-y, fêtez mais rappelez-vous que Montezuma n'est pas mort !

Sa malédiction descend sur vous, 500 ans c'est beaucoup

Vous connaîtrez la même fin, vous autres !

C'était un peuple sans défense, mais les temps sont changés, à présent, les Aztèques, c'est nous !

 

Allez-y, fêtez mais rappelez-vous que Montezuma n'est pas mort !

Sa malédiction descend sur vous, 500 ans c'est beaucoup

Vous connaîtrez la même fin, vous autres !

C'était un peuple sans défense, mais les temps sont changés, à présent, les Aztèques, c'est nous !

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26 décembre 2010 7 26 /12 /décembre /2010 11:31

PLUS QUE VOUS

Version française – PLUS QUE VOUS – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Più di voï – Punkreas – 2002

« Mourir du travail non. »

 

Nous avions déjà rencontré les Punkreas et même, traduit une de leurs chansons « Ma che bel mondo è »[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=4051&lang=it#agg51613]], car elle avait fait l'objet d'une censure commerciale, de la part de ceux qui s'arrogent le droit d'enfermer les mots dans des contrats pour en tirer des profits des plus illicites... A-t-on déjà vu l'oiseau réclamer des droits d'auteur sur ses authentiques créations ?

 

L'oiseau, non. Mais des gens comme eux, oui. Ils ont réussi à enfermer le chant de l'oiseau dans leur caisse à musique, caisse enregistreuse , s'il en est. Ils ont coupé les ailes aux oiseaux, ils sont coupé la langue aux rossignols. On ne peut être plus crétin. Ce pourquoi tu avais toi aussi fait une parodie de la même de leurs chansons – What a thunderfull World... [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=21193&lang=it]]. Cela dit, la chanson d'aujourd'hui que dit-elle ?

 

Elle parle de la mort au travail, de la mort par le travail, de la mort due au travail... De la mort des travailleurs, bien évidemment. Avec les compressions de personnel, l'accélération des cadences, la recherche de plus de profits pour moins de gens... Le nombre de morts au travail ou du travail s'intensifie dans cette partie du monde. Dans l'autre partie du monde, celle où l'on délocalise, le nombre de travailleurs est plus grand, les mesures de sécurité inexistantes... Là-bas, la mort au travail est endémique; elle fait partie du paysage. Du fait aussi qu'elle est moins chère... On indemnise peu, quand on est bien obligé d'indemniser. Cependant, on avait cru un temps en sortir de ce côté-ci du monde, de ce côté de la planète où malgré tout, au terme d'efforts gigantesques, de luttes longues et patientes, on avait instauré des législations sociales, des mesures de protection, des organismes de surveillance en matière de sécurité... On... c'est-à-dire les travailleurs eux-mêmes, notamment et surtout juste après les deux guerres mondiales, quand ils avaient encore les armes sous la main et la pratique de la résistance et du sabotage... Quand on était encore à deux doigts de faire une révolution, de faire basculer le monde... Bref, quand ils craignaient leurs colères, ils... C'est-à-dire ici, les patrons et leurs sbires. Ainsi, j'insiste, la réduction du temps de travail (ils l'allongent à présent), la pension anticipée (ils la reculent à présent), les salaires augmentés (ils les réduisent à présent), la protection sociale et le droit au chômage (ils les détruisent à présent), l'assurance-maladie (ils la démantèlent à présent – augmentation des frais d'hospitalisation, par exemple), la sécurité au travail (ils l'oublient à présent)... Toutes ces avancées, qui n'étaient que de timides premiers pas vers une société juste et honorable, sont mises en cause, sont dénoncées par eux comme des freins à la compétitivité, comme des freins aux progrès des entreprises. Périssent les hommes pour que les actions progressent.

 

Ce que tu me décris là, c'est l'état des lieux de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, jour après jour, pied à pied, avec une cruauté impitoyable afin de faire croître leurs profits, leurs richesses, leurs pouvoirs, leurs privilèges. Ce sont en somme, les dernières nouvelles du front. Ils ont raison ces Punkreas de mener en chantant leur combat, qui est aussi le nôtre et celui de la presque totalité des humains... Manière comme une autre de tisser le linceul de ce vieux monde mortifère et cacochyme.

 

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

Nouvelle semaine rendez-vous avec le sort

On commence à travailler. Il y a danger de mort

Toujours plus fréquent comme une maladie qu'on glisse

Comme une prime de production inattendue dans l'enveloppe de paie.

 

Angoisse et pleur pour des décennies parmi l'amiante

Pour celui qui l'attrapait et au fond s'y attendait

Une augmentation qui est arrivée vraiment

Mais c'était celle du prix d'entrée au cimetière.

 

Mourir du travail, non

Ne jamais oublier qu'on travaille pour manger

On ne pointe jamais sa vie.

Personne ne vaut plus que vous.

 

Pleuvent les médailles, les mots de douleur

Des dirigeants désolés : c'était un grand travailleur

Tandis qu'on discute sur l'article 18

Pour celui qui du coup, demande son propre licenciement.

 

À présent, on recrute des immigrés

Sans risque sans noms ouvriers fidèles

Salaires bas sans charges ni contributions

Et en cas d'accident, de parfaits inconnus.

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Published by Marco Valdo M.I.
24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 23:07

GRÈCE 1970

Version française - GRÈCE 1970 – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson (au sens poétique du terme) italienne – Grecia 1970 – Giuseppe Ungaretti – 1969

 

 

Pour traduire, dit Marco Valdo M.I., j'ai traduit et c'est en traduisant que m'est venue une réminiscence, comme un doute... Le nom de l'auteur me disait bien quelque chose, était-ce le même, était-ce cet Ungaretti qui fut un fameux va-t-en guerre, qui signa le Manifeste des intellectuels fascistes (on peut d'ailleurs se demander comment un tel oxymore a pu exister – intellectuel suppose au moins d'avoir une intelligence du monde..., mais passons). Et si tel était le cas, quelle attitude adopter ? J'avais déjà traduit le texte.

Oui, dit Lucien l'âne, je te comprends bien et je t'approuve. Il convenait de réfléchir. Le texte est là, de toute façon et comment le comprendre, comment le critiquer, si on se refuse à le voir. Ou fallait-il laisser dans l'ombre confortable le passé de ce monsieur ? Donc, tu as eu raison de le traduire et même, tu as raison de proposer ta traduction. Cependant, je crois que tu as tout aussi raison de rappeler qui fut cet Ungaretti et si tu le veux bien dire quelques mots du texte. Car un tel texte, émanant d'un tel homme, que peut-il bien dire ?

 

Je vois, Lucien l'âne mon ami, que tu m'as suivi ou précédé dans mon raisonnement. Voilà un texte qui parle de liberté, de la Grèce éternelle... On ne saurait le rejeter. Par ailleurs, je te signale qu'il ne me paraît pas idiot de lire Louis-Ferdinand et je ne m'en suis pas privé. Voyons maintenant le texte. On me dit – les spécialistes de l'histoire littéraire qu'Ungaretti est un poète hermétique et je le crois volontiers. Il vaut mieux d'ailleurs. On voit ci-dessus qu'il fut – au moins pour ce texte-ci (re)révélé par L'Unità, journal communiste. Cela ne nous avance pas beaucoup. Le texte est tardif (Ungarreti mourra quelques temps après à un âge canonique)... Écartons l'hypothèse du gâtisme... Je disais seulement que ce texte qui accuse les « monstres » fascistes grecs de 1970 vient de la main d'un homme qui connu ses plus grandes gloires aux temps de la splendeur du fascisme italien, un ami de longue date de Mussolini... En somme, cela me fait penser à la réflexion d'Eric Satie, à propos de Ravel, qui avait refusé la Légion d'Honneur : « Ravel refusela Légion d'honneur, mais toute sa musiquel'accepte. »... Traduisons : Ungaretti traite de monstres les responsables d'un régime semblable à celui que lui-même a soutenu et porté aux nues.

 

Il n'en reste pas moins le texte... Marco Valdo M.I. mon ami. Tu admettras qu'Athènes n'est pas Sparte...

 

J'admets volontiers cela, Lucien l'âne mon ami, j'admets cela. Mais tu admettras que la capitale de la Grèce contemporaine est Athènes et que même les colonels les plus bornés n'auraient jamais pensé que c'était Sparte. Donc, Athènes s'impose. Je vais te dire que cette poésie me fait le même effet que la statue de la Liberté comme porte-flambeau des Zétazunis. Elle n'a jamais lâché son flambeau même quand les paladins s'en allaient mener des guerres au bout du monde, même quand ils soutenaient les pires régimes dictatoriaux (les mêmes colonels par exemple). Pour tout te dire, Lucien l'âne mon ami, en matière de poésie et de chanson comme on la conçoit ici, je préfère et de loin celle d'Asimos et par exemple, Quand la Patrie m'appellera... C'est nettement moins hermétique, c'est nettement plus humain et plus libertaire, puisqu'il s'agit d'avancer sous le voile de la « liberté ». Crois-moi, elle a bon dos la liberté... Une fois officiellement proclamée, elle permet bien des choses... C'est dans son essence-même, me diras-tu. En fait, je me dis souvent quand j'entends parler de la « liberté », celle vantée ici par Ungaretti, cette liberté générale, je me dis comme Zazie disait de Napoléon (encore un grand ami de la Liberté, celui-là) : Liberté, mon cul ! Qu'est-ce qu'elle peut bien signifier dans le réel, concrètement. Par exemple, ces dernières années à Athènes, précisément. Ou pour parler de l'Italie, est-ce elle cette « liberté » qu'on a mise en maison ? Je dis maison, car il existe des maisons closes, où en effet, on se permet des libertés d'un certain genre fort prisé en hauts lieux. Est-ce la liberté des riches d'exploiter les pauvres sans contraintes ?

 

Écoute-moi, Marco Valdo M.I, on va la proposer ta traduction et notre petite conversation à son sujet... Pour le reste, retournons à nos moutons et de leur laine, tissons le linceul de ce vieux monde gâteux et cacochyme.

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

Post-scriptum :

Tiens, à propos de liberté, de la Liberté, cette grande fille si attrayante, je l'avais déjà portraicturée, comme devait dire François Rabelais et disait même, plus récemment, Félicien Rops, je cite : « Une belle fille comme la mignonne que tu connais, peut être portraicturée (sic) sans aucune idée de lubricité. »... Je l'avais portraicturée en Fille de Janus [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=9365&lang=it]], une canzone publiée ici-même.

 

Athènes, Grèce, secret, sommet

d'une fable enchâssée dans le topaze qui l'annelle.

 

Sur son bleu particulier ressort

en de minimes

Limites, pour être mesure, liberté

de la mesure, liberté de loi qui

à soi libéra des lois.

 

Depuis la mer,

Du ciel à la mer,

Libère l'humain sommet,

Les lois de liberté, de la mer au ciel

 

Ne serais-tu, Athènes, Grèce,

Qu'un repaire de déments ? Qu'une

Terre de la démesure, Athènes,

Mienne, Athènes aux yeux ouverts,

Qui à qui aspirait à l'humaine

Dignité, ouvrait les yeux.

 

À présent, tu aveugles, monstrueuse ?

Qui t'a réduite à cela,

Quels monstres ?

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24 décembre 2010 5 24 /12 /décembre /2010 09:28

JE NE VEUX PAS QUE TU PLEURES, MON CŒUR

 

Version française – JE NE VEUX PAS QUE TU PLEURES, MON CŒUR – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson grcque – Δε θέλω καρδιά μου να κλαις - Νικόλας Άσιμος Nikolas Asimos – d'après la version italienne « NON VOGLIO CHE TU PIANGA CUORE MIO » de Gian Piero Testa

 

J'ai ramé un peu pour venir à bout (pour autant que...) de la phrase ritournelle, qui n'est pas reprise dans le texte dont je dispose. …. On dirait une série d'interjections : "ghié" (ghié mou : mon fils, mon dieu), "po po" (oh, oh), "re" (eh!) avec "ra" comme variante phonique. À mon oreille (qui a connu des temps meilleurs...) je l'entends comme je l'ai écrite ci-après... (gpt) : « Yè po po ri, yè po po ri, yè po po ri ra ».

 

 

Comme on le verra, la ritournelle n'est pas traduite...


Yè po po ri, yè po po ri, yè po po ri ra

Je ne veux pas que tu pleures, mon cœur pour tout ce que nous avons subi hier

Tant et tant de grandes choses se sont perdues mais tu retrouveras un sentier

Le monde ne sait pas vivre, descends et allons à pieds.

Là où chacun cherche à retrouver le son de sa propre voix.

 

Je hais la guerre et j'implore de la vie

Qu'elle ne me laisse pas le seul déplaisir

Et qu'au moins une fois, tu m'aies pris dans tes bras

Je sais que je te demande trop.

 

Yè po po ri, yè po po ri, yè po po ri ra

 

Je ne veux pas que tu pleures, mon cœur pour tout ce que nous avons subi hier

Reconnais pour une fois ta dette et retournes chercher un sentier

Et si tu perds celui avec lequel tu vis, ce ne sera pas ta seule faute

Il est juste que vivent comme des enfants ceux qui ont un cœur.

 

Je désire la guerre pour une vie que je ne vis pas

Afin que ne me reste pas le seul déplaisir

Et si au moins une fois tu m'avais vu, petit chanceux

Comme je m'attendrirais quand tu me parles avec dureté.

 

Je hais la guerre et j'implore la vie

qu'elle ne me laisse pas seulement le déplaisir

Et si au moins une fois tu m'avais pris dans tes bras

Je sais que je te demande trop.

 

Yè po po ri, yè po po ri, yè po po ri ra

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23 décembre 2010 4 23 /12 /décembre /2010 13:33
NOËL DE MERDE

Version française – NOËL DE MERDE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Natale di merda – Spaziobianco– Noël deux mil dix.

 

Un autre Noël de merde arrive (Russo)



Inéluctable comme chaque année, même si on cherche à ignorer son arrivée, annoncé de pères noël pendus et accrochés aux terrasses et aux fenêtres, par des lumières à la noix et des vœux hypocrites comme tout, le voici, le voilà : il arrive le énième Noël de Merde.



La moitié de toute la richesse italienne est dans les mains de 10 % de la population; le chômage atteint des chiffres records, ce gouvernement fait une propagande terroriste contre les étudiants et va accoucher définitivement d'une loi de de merde sur l'instruction, le Pape se scandalise un jour sur deux de la pédophilie qui a traversé l'église dans les dernières décennies tandis que les hiérarques du Vatican font de la politique en soutenant le très catholique gouvernement du bonga-bonga, les achats se contractent car les gens ont toujours moins d'argent en poche face au consommisme soutenu par des publicités ridicules, une neige bloque encore l'Italie comme si on était au 19ième siècle, les prévisions disent que, si la chose est possible, 2011 sera pire que 2010.

Malgré tout on s'apprête à manger , des cloches sonneront la nuit du 24 au 25 en se foutant du fait que je voudrais dormir, des cadeaux reçus de gens à qui je n'en ai jamais fait tant me pèse et me viendra le désagrément de ne pas pouvoir rendre la pareille, des vœux aux voisins que nous croiserons la veille et et que on pouvait on leur souhaiterait de mourir sur le pot de diarrhée, un programme télévisé encore pire que d'habitude, un bon 90 % d'objets reçus dont on se demande qui aurait bien pu nous faire des choses aussi inutiles.

En somme, arrive l'habituel Noël de Merde.





Voici qu'arrive un autre Noël de merde

Avec ses lumerottes, ses chansons de merde

Et je me fous complètement

Des cadeaux sous l'arbre

Crèche et colombe

Panettone et torrone

Non, je ne veux pas de raison

Et laissez-moi tranquille

Je ne veux pas manger

Avec quelqu'un qui me demandera

Si j'ai trouvé du travail

Si j'ai trouvé l'amour

Et qui me trouve maigri

Et qui me trouve grossi.



Arrive un autre Noël de merde

Avec les cousins et les neveux de merde

Et je m'en fous complètement

Si tu te réjouis bêtement

De me raconter que tout

Va bien dans ta vie

Celui-ci a son diplôme

Celui-là est avocat

Nous ne savons que nous dire

Nous ne pouvons pas nous voir

Et puis tu m'as cassé les couilles

Avec tes bénédictions

Je dois en plus payer

Sinon, on me regarde de travers.



Entretemps, Christian fait un autre film

Tandis que tu te nourris de vent et que ta mère est précaire

Entretemps, Christian fait un autre film

Et tu payes ton billet, puis tu te jettes du toit

Tu fermes les yeux et bonne chance à toi.



Arrive un autre Noël de merde

Télévision avec des programmes de merde

Et je m'en fous complètement

Des messages avec des cœurs

S'il neige ici dehors

Écharpe, gants et chapeau

Non, ce n'est pas moi ce zozo

Tombola : sept et demi

Peut-être cela semble fou

Mais plutôt que m'assommer

Je veux seulement ma mère

Et je veux seulement mon chien

Sans chœur et sans cloche.



Et entretemps, Christian fait un autre film

Toi, tu vis d'air et ta mère est précaire

Et tu payes le billet et tu te jettes du toit

Par contre, Christian fait un autre film

Chômage et délocalisation

Christian fait encore un autre film

Et ta maison s'agrandit et on ne sait qui la paye

Entretemps, Christian fait un autre film

Pendant que lui fait une recharge, tu vis dans une décharge

Mais Christian fait un autre film

L'appel arrive en terrasse et le cerf-volant s'abat.



Encore Christian, seulement Christian...

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