Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 juin 2009 2 09 /06 /juin /2009 21:15

Pas changé.

 

Canzone parodique – Pas changé – Marco Valdo M.I. – 2009

d'une chanson de Claude Lemesle, chantée par Julio Iglésias – 1979

 

On ne sait en Italie, mais en français, le dénommé Julio Iglésias est un crooner redoutable, qui pendant des siècles s'est répandu sur toutes les radios et toutes les télés les plus diffusées – et même les autres. Un peu comme la grippe ou le choléra. Parmi toutes les scies (in italiano : seghe), toutes aussi consternantes l'une que l'autre, qu'il a pu actionner durant des années, une des plus célèbres est celle-ci : « Je n'ai pas changé ». On ne lui en demandait pas tant. À vrai dire, aurait-il pu changer ? Et changer quoi ? À part se taire...

 

C'est donc une de ces scies qui convient parfaitement pour une canzone parodique et qui permet de renouer ainsi avec cette tradition populaire qui s'empare des airs en vogue et totalement creux (les fameux « tubes ») pour leur faire porter un message ou leur faire dire quelque chose. Ici, il s'agit tout simplement de chanter qu'il convient de changer ce monde et de dire le sort que l'on compte réserver aux exploiteurs que sont les patrons : très exactement celui qu'ils infligent aux paysans, aux ouvriers, aux travailleurs et aux pauvres du monde entier.

 

En somme, c'est une manière de concevoir la riposte dans la Guerre de Cent mille Ans que les riches mènent contre les pauvres et de comme les Canuts : tisser le linceul du vieux monde.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 


On doit tout changer
On doit refaire le monde à notre idée
Sans plus s'embarrasser des cadences

Sans plus accepter cette démence

Qui nous forçait à travailler.

On doit tout changer

On doit renverser ce monde complètement fou

Qui donne en exemple l'Amérique

Pas celle de la liberté, celle de la trique

Celle qui veut dominer tout.

Alors, les patrons devront enfin travailler

Connaître la mine, l'usine et crever

Auront-ils encore ce sourire

Qui en dit long sans vraiment le dire ?

Et on leur fera subir ce qu'il font souffrir aux ouvriers

Pour quelques ronds, ils auront juste de quoi bouffer

Comme les paysans, avec rien, on les fera partir

 

Et quand ils essayeront de revenir

S'ils n'ont pas changé

On les recevra comme ils reçoivent les émigrés

Comme des riens dans un matin blême

Avec des mots si durs que même

Les chiens ne peuvent les accepter.

 

S'ils n'ont pas changé

On les poussera dans un fossé

À creuser, creuser, creuser

Pendant le reste de leur éternité.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:13

Facétieux oiseaux... Scherzosi Uccelli !

 

Canzone léviane – Facétieux oiseaux... Scherzosi Uccelli ! – Marco Valdo M.I. – 2009

 

Cycle du Cahier ligné – 22

 

Facétieux oiseaux... Scherzosi Uccelli ! est la vingt-deuxième chanson du Cycle du Cahier ligné.

 

Le Cycle du Cahier Ligné a ceci de particulier qu'il est construit à partir de l'idée folle de transcrire – à partir de la traduction en langue française - le Quaderno a Cancelli, dernière œuvre du peintre et écrivain antifasciste italien Carlo Levi, sous forme de canzones.

 

L'ambition – s'il peut y en avoir une – était de faire ressurgir, comme une rivière qui aurait traversé une montagne, la poésie qui est la matière principale du Quaderno.

 

Il fallait aussi que l'ensemble – le Cycle – renouant avec d'anciennes pratiques poétiques : celles des aèdes qui sillonnaient le monde pour l'inonder de mots, le Cycle donc ait une certaine cohérence interne et raconte en quelque sorte une histoire.

 

Nous y voilà. Une histoire... Mais qui donc pense cette histoire ? Est-ce le fruit purement imaginaire d'une imagination ou sinon, que peut-elle être ? C'est là qu'intervient la particularité majeure du Quaderno. L'histoire est tout simplement le flot ininterrompu qui submerge l'esprit du blessé-prisonnier; ce flot ininterrompu s'appelle la pensée.

 

On y découvre ainsi que la pensée est œuvre de résistance (Ora e sempre : Resistenza !) et qu'elle met en déroute le bourreau. De quoi est-elle composée ? La chose est bien mystérieuse, mais il est sûr que c'est elle qui permet d'arriver – au travers de milliers de détails – jusqu'à la libération.

 

Que le prisonnier soit un homme, un individu (Carlo Levi, Benvenuto Cellini, Marco Camenisch...), ou que ce soit tout un peuple – comme le peuple italien sous le fascisme (d'hier et bien évidemment, dans sa version contemporaine et berlusconienne), la pensée, les pensées sont les voix qui mènent à la résistance d'abord, à la libération ensuite. Elles permettent d'aller de l'une à l'autre, en dépit du désespoir, en dépit de l'oppression. Elles maintiennent en quelque sorte la tête hors de l'eau; elles permettent au moins de ne pas étouffer.

 

Bien sûr, l'apparence est celle d'un monde onirique, d'une sorte de songe continu... Mais quelle autre forme pourrait donc prendre la pensée quand on emprisonne ou quand on tient sous hypnose avec les étranges lucarnes, quand on drogue des populations entières à coups de mensonges, de fesses et de seins télévisuels.

 

Il s'agit de résister, de résister encore, de construire le monde nouveau par la pensée, pour ensuite, en des temps meilleurs, au bout du chemin de résistance, au moment de la délivrance, mettre en œuvre ce qui précisément a été pensé.

 

Le mathématicien français Poincaré en avait parlé de la pensée et disait (il pensait spécialement à la science, mais il faut ici étendre la portée de son propos ) : « La pensée ne doit jamais se soumettre... parce que pour elle ce serait cesser d'être. »

 

Et Marco Valdo M.I. se propose de résumer la chose et de lui donner une portée plus universelle en émettant cette sentence simple et correcte:

« NE JAMAIS SE SOUMETTRE

car se soumettre, ce serait cesser d'exister ».

 

Les pensées sont comme les Canuts; elles ont la même ambition. Comme eux, elles chantent, même en sourdine, quand elles ne peuvent faire autrement : « Nous tisserons le linceul du vieux monde... »

 

Les pensées sont des oiseaux facétieux... Scherzosi Uccelli !

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

O scherzosi uccelli ! Ô facétieux oiseaux !

Mes pensées me sauvent de l'ombre des barreaux.

Je me souviens de l'enfance au bord de l'eau

Et des pommes en compote dans les tonneaux.

 

Reviennent les images, comme les matins,

Comme les hirondelles après les neiges et les gelées.

Comme des bannières à l'ennemi arrachées,

Dans un kaléidoscope enfantin,

Où les fragments de papier coloré ou les morceaux de verre

Se fixent en flocons de neige multicolores,

On voit des châteaux imaginaires,

Emprisonnés dans les listels d'or.

Comme un enfant avec sa langue serrée

Colle à la gomme

Sur les pages de son album,

Des papiers aux couleurs bigarrées

Et impose ses images aux formes découpées.

Les premières silhouettes apparaissent isolées :

Judith, dans sa beauté d'assassine manquée

Et le sourire de la jeune fille des îles magnifiques.

L'ostracisme est nuisible pour la république.

Qu'y a-t-il entre l'Homme de l'espace

Icare et le Premier Chrétien,

Rien, peut-être, un songe ancien,

Une embrouille, un tour de passe-passe.

Le monde entier flotte à la dérive.

L'heure est chose fuyante et vive.

Une fatigue totale emplit le temps

Sans bouger, comme un guerrier

Dans son armure enfermé,

Vidé de son sang,

Voyant le ciel au-dessus de ses yeux,

Dans un sommeil merveilleux,

Je trouve une nouvelle confiance

Avec les voix et les bruits familiers,

Et de vagues silences

Qui m'emmènent vers mon éternité.

Nuage blanc, nuage noir...

Je voulais lui donner un baiser du soir.

Il est presque midi.

Où est passée mon éternité ?

Tous mes jours enfuis

Reviennent m'encourager.

 

Je me souviens de l'enfance au bord de l'eau

Et des pommes en compote dans les tonneaux,

Mes pensées me sauvent des lenteurs du bourreau.

Ô scherzosi uccelli ! Ô facétieux oiseaux !

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:12

ATMOSPHÈRE


Version française – ATMOSPHÈRE – Marco Valdo M.I. - 2009

Chanson italienne – C'è un'aria – Giorgio Gaber – 1993

 

 

Parue pour la première fois dans l'album « Io Come Persona » (1993), voici la version posthume « Io Non Mi Sento Italiano » de dix ans postérieure. Une explosion spontané et libératoire quant à ce qu'on nous sert et à comment on nous le sert... Depuis des années nous souffrons et nous subissons les gaz toxiques de ce mode d'information.

 

Une remarque sur le tire de la traduction française : « Atmosphère »... IL s'agit tout simplement d'une réminiscence d'une des plus célèbres répliques du cinéma français : « Atmosphère ! Atmosphère !... Est-ce que j'ai une gueule d'atmosphère ? », disait Arletty dans Hôtel du Nord. Michel Simon, comédien suisse, disait à propos de gueule (et il en avait une sale gueule) : « Mieux vaut avoir une sale gueule que pas de gueule du tout... ».

 

Juste un tout petit commentaire – pas rassurant du tout : la situation est la même partout... Enfin, partout où il y a la télévision et leur « civilisation ».

C'est là aussi un aspect de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Des écrans domestiques, un monsieur un peu excité

Ou une rousse décidée sur son coude appuyé

Animent ton repas en souriant et en commentant

Avec des interviews et des films te racontent chacun à son tour

Où en est le monde.


Et sur tous les canaux arrive la nouvelle

Un attentat, un viol ou, si tout va bien, un malheur

qui devient un mystère de dimensions colossales

Quand on passe du vidéo à ces bordels de pensées

Qu'ils appellent des journaux.

 

Atmosphère, atmosphère, atmosphère...

 

Et chaque élément de fait se traduit

En tant de « il semblerait », « on annonce », « on dit »

Avec des titres à effets qui entraînent les gens

Dans un jeu infantile où on dit tout

Sans rien dire du tout.


Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

 

Laissez-nous ouvrir nos fenêtres,

Laissez-nous à nos petites histoires

Et faites-nous goûter le plaisir insolite

D'être au moins dix ans sans nouvelle !


Et dans ce gros marché d'opinions concurrentes

Tu peux pêcher une idée parmi les plus extravagantes

Et puis, il y a les interventions et les opinions alternatives

Qui te sautent dessus comme les marques

De préservatifs.


Atmosphère, atmosphère, atmosphère...

Il y a comme un goût maladif dans ce métier d'informer,

Un déficit de pensées sans jamais l'ombre d'une douleur

Et les misères humaines racontées comme des faits divers

Sont des tragédies obscènes qui satisfont la faim

De chacals avides.

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...


Laissez-nous au moins notre ignorance
Qui vaut mieux que votre idée de la connaissance

Que presque fatalement celui qui aime trop l'information

En plus de ne rien savoir, devient même plus con.

Vos journaux quotidiens rapportent les événements

Avec d'audacieux films et des prises de vue émouvantes

De personnes malades qui ne peuvent guérir,

D'enfants sousalimentés si bien photographiés

Qu'on fait poser pour mourir.


Atmosphère, atmosphère, atmosphère...

Serait-ce que vous seriez en proie à un étrange mécanisme :

« Intervenir quand il convient » est peut-être une règle du journalisme,

Et quand il y a une guerre augmente alors la demande.

Vous n'attendez pas autre chose : vous vous éclatez avec vos talk-shows,

Pour vous, c'est une fête...


Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

Laissez-nous le goût de l'absence

Laissez-moi seul avec mon existence

Car si vous me racontez ma vie de chaque jour

Je finis par ne plus croire à ce qui m'entoure.

Mais la télévision qui te berce doucement

Prise à petites doses est presque un tranquillisant

On devrait la traiter dans toutes les familles

Avec le même respect qu'il faut avoir

Pour un lave-vaisselle !

 

Atmosphère, atmosphère, atmosphère...

Et en lisant les journaux avec un minimum d'ironie

Nous devrions les feuilleter comme des romans de fantaisie

Que le jour suivant – ou mieux le jour-même –

Conviennent parfaitement pour allumer le feu

Ou aller chier.

 

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...

Atmosphère, atmosphère, il manque d'air...
Manque d'air, manque d'air, manque d'air...


Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Giorgio Gaber
8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:11

LA SÉPULTURE DES MORTS

 

Version française – LA SÉPULTURE DES MORTS – M arco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – La sepoltura dei morti – Stormy Six – 1975

 

 

 

Le mois d'avril entre tous est cruel

Sur les morts fleurit le lilas.

L'hiver a enterré leur mémoire

Laissant seule la pitié,

 

Et à présent une vie est un visage jaune

C'est seulement une photographie,

La mort ne vaut même pas le journal

Que tu lis et qu'ensuite, tu jettes.

 

Au milieu du billard, trois morts abattus :

Tu marques huit points pour toi,

Tu continues à parler des faits divers

Que tu lis en buvant ton café.

 

« En 1964, tout était plus beau,

Mais c'était l'année du boom.

Je conduisait dans le vent notre 600

Et les morts restaient à leur place. »

Au milieu des gens qui filent le matin

Sous l'enseigne du tram

J'ai reconnu notre voisin

Qui joue au billard au bar.

 

« Ce corps qui est enterré dans le jardin

Donne-t-il ou non des fleurs ?

Il tient son chien à l'écart :

S'il creuse, il le retrouvera. »

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
8 juin 2009 1 08 /06 /juin /2009 22:09

AVANTI POPOLO (CAR NOUS NE VOULONS PAS ÊTRE EXPLOITÉS)

 

 

Version française – AVANTI POPOLO (CAR NOUS NE VOULONS PAS ÊTRE EXPLOITÉS) – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Avanti popolo [Poiché non vogliamo sfruttati] – Gualtiero Bertelli

 


Au grand jamais nous n'avions pensé insérer une version de « Bandiera Rossa » dans les CCG/AWS, un chant qui, dans une de ses nombreuses versions présente une strophe comme celle-ci : « Et si la Russie nous donne notre fusil / Guerre civile/ Et le Russie nous donne notre fusil / Nous voulons faire la guerre civile ». Nous ne l'aurions jamais pensé jusqu'à ce que nous tombions sur cette belle version de Gualtiero Bertelli dans laquelle il y a une strophe si clairement contre le guerre, qu'elle justifie pleinement son insertion. Il nous plairait vraiment que ce fut la version de Bandiera Rossa universellement chantée...

 

Avertissement :

Je traduis, pour la forme le refrain, dit Marco Valdo M.I., car partout dans le monde il est chanté dans sa version italienne :

En avant le peuple, à la rescousse

Le Drapeau rouge se lèvera;

Le drapeau rouge, le drapeau rouge

Le drapeau rouge triomphera.

Il restera donc en italien dans la traduction française.

 

Juste une remarque sur le commentaire et la chanson : dans le long processus de la Guerre de Cent mille Ans, que les riches font obstinément contre les pauvres, s'il faut parler de guerre civile, il suffit de se souvenir qu'elle est en cours et que les fusils (chars, avions, fusées, bombes, navires, sous-marins et autres joujoux homicides) se trouvent tous dans les mêmes mains et servent obstinément à opprimer des populations entières et à soutenir l'exploitation (la propriété, le droit d'entreprendre et donc, d'exploiter, de soumettre, de massacrer au nom de la loi (la leur), d'assassiner, d'emprisonner... etc, ad infinitum).

 

Pour le reste, la question est comment se débarrasser de l'exploitation, de l'humiliation du travail obligatoire, du pouvoir, de l'oppression... Et corollaire, faut-il accepter de se laisser massacrer : à petits feux dans le salariat et à grands feux chaque fois que ces messieurs le décident...? En somme, proclamer le refus de la guerre, clamer notre désir de paix et notre volonté de faire disparaître la richesse et l'exploitation, dire notre ambition de recouvrer notre dignité d'être humain, est-ce suffisant pour faire reculer la guerre et libérer les hommes du travail et de l'exploitation ?

 

Les peuples sont décidément très passifiques…, dit Lucien l'âne. Nous les ânes, il nous arrive de ruer et aussi, de saboter le travail... Mais en effet, une des manières d'arriver à nos fins est notre petit pas... tranquille, tranquille. En somme, il y faut une longue patience, comme l'araignée qui tisse sa toile...

 

C'est cela-même, dit Marco Valdo M.I., faisons comme les Canuts : « Tissons le linceul du vieux monde... »

 

OsR

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Avanti o popolo, alla riscossa
bandiera rossa s'innalzerà;
bandiera rossa, bandiera rossa
bandiera rossa trionferà.

 

Comme nous ne voulons pas être exploités

Ni ne voulons être exploiteurs,

Ces messieurs nous ont dit

que c'est leur liberté :

la liberté d'être patrons,

de pouvoir nous voler,

nous sommes si nombreux à travailler,

Ils sont si peu à gagner.

Avanti o popolo, alla riscossa
bandiera rossa s'innalzerà;
bandiera rossa, bandiera rossa
bandiera rossa trionferà.

Comme nous voulons notre terre

Que vous nous avez volée

Et que par malheur nous vous avons abandonnée,

Vous nous criez “Malfaiteurs !”

Mais les puissantes usines

Que nous vous avons construites,

Où vous nous avez emprisonnés,

À présent, nous voulons les diriger.

 

Nous voulons nos usines, nous voulons notre terre

Et plus la guerre, mais la liberté,

Et plus la guerre, et plus la guerre,

Et plus la guerre, mais la liberté.

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.
6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 09:46

ÇÀ CHANGERA


Version française – ÇÀ CHANGERA – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Cambierà – Alfredo Bandelli - 1988

 

 

Et pourtant aujourd'hui aussi le patron n'entend pas raison

Et pourtant même aujourd'hui le profit n'a pas de conditions

Et pourtant commandent encore les mêmes messieurs

Et pourtant ils licencient encore les travailleurs

Celui qui dit que tout est passé, que le monde est changé

Est partisan de maintenir le monde pour toujours inchangé.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.

Et pourtant sur ce monde pèse encore la guerre

Et pourtant quelqu'un détruit notre terre

Et pourtant il y a toujours dans le monde les damnés et les opprimés.

Et pourtant ce sont toujours les mêmes qui meurent de faim

Celui qui dit que tout est passé, que le monde est changé

Est partisan de maintenir le monde pour toujours inchangé.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.


Et pourtant la loi est restée la même depuis toujours

Et pourtant ce sont toujours les pauvres gens qui paient

Et pourtant, aujourd'hui, nous vivons les mêmes illusions

Et pourtant même aujourd'hui, nous avons les mêmes raisons.

Celui qui dit que tout est passé, que le monde est changé

Est partisan de maintenir le monde pour toujours inchangé.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.

Mais il changera, oui, il changera

Car il est nécessaire et juste, tu verras qu'il changera.

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Bandelli
6 juin 2009 6 06 /06 /juin /2009 09:44

BYZANCE

 

Version française – BYZANCE – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Bisanzio – Francesco Guccini – 1981

Et

Parodique chanson italienne – Bisenzio - Riccardo Venturi - 2001

 

 

 

Byzance, ce soir.

 

Par Riccardo Venturi.

 

Nous descendions presque machinalement vers le port Bosforeion, quand une ombre furtive s'approcha. Nous ne savions pas exactement quelle forme elle avait, même si on voyait un affleurement se projeter à la lumière de la lune, στο φως του φεγγαριού, parallèle au mouvement de la mer, tranquille et inquiétant.

Elle nous dit, à voix basse, être l'écho d'un idéal et la vision de choses futures. Nous étions déjà prêts à remonter dans la R4 immatriculée à Smyrne et à passer la frontière turque proche tout en sachant les événements incertains qui nous y attendraient, nous fumes retenus pas une grosse main puissante de montagnard. « Peut-être n'avez-vous pas bu assez », nous dit-elle. Marcos Oualdos M.Y. secoua la tête avec un sourire malicieux, ouvrit le coffre de l'auto et montra à l'inconnu les douze bouteille de raki qui y étaient couchées, vides comme l'espace intersidéral. « Peut-être que je me trompais », dit d'une voix caverneuse l'inconnu. « Venez avec moi. »

 

Et nous rentrâmes, légers, nous éloignant du port, vers la ville. Il énonçait, dans un dialecte, que nous comprenions partiellement seulement, des choses sur Procope de Césarée. Il s'arrêta à une fontaine qui répandait une eau très fraîche. « Vous connaissez... »

 

Une des jeunes femmes, comme ahurie, s'enhardit à demander : « Nous connaissons... ? »; il s'ensuivit un bref silence absolu, qui parut à tous durer des siècles.

 

« Connaissez-vous... l'Anarchein ? ». Il utilisait l'ancien infinitif du verbe « anarchô ». Né avant le substantif. D'abord l'action; vivre sans gouvernement et sans règlements, sûrement, mais aussi étymologiquement : non-début, sans commencement. An-archô. Vivre sans règle est n'avoir aucun début. Quelqu'un, timidement, pensa au roman que Pasolini écrivait quand il fut tué, « Petrolio », qui ne commence pas. « Ce roman ne commence pas », est-il écrit exactement sur la première page du manuscrit. Et la règle, le régiment, la parade, la file doivent par la force des choses avoir un début et une fin. Anarchein signifie au contraire faire abstraction des extrémités bourgeoises. Il signifie n'avoir ni début ni fin; et, par conséquent, anarchein est l'unique système valide et vrai pour défaire la mort.

 

Sans dieux, sans paradis, sans transcendance. Avec cette simple question, le gigantesque inconnu à la voix blèse et rocailleuse avait déjà donné la réponse. Connaissons-nous ? La connaissance, par les ruelles de Byzance aux mille noms, paraissait claire dans les regard et les visages de millions de vies qui possédaient seulement elles-mêmes, et qui dans leurs regards et dans leurs visages trouvaient leur unique raison d'exister. L'inconnu, dans ses poches, avait trois bombes allumées.

 

Trois balles obscures, trois mèches qui brûlaient, lentement, inexorablement. « Nous sauterons tous, autant que nous sommes, en l'air », dit doucement l'autre des femmes. « Jamais », répond-t-il. « Nous, nous ne mourrons jamais. Nous sommes mille fois morts et nous sommes renés autant de fois. Buvez, buvez encore », et il tira d'une autre poche une petite bouteille d'un liquide sombre et très fort, distillé de sang de roi.

 

À ce moment précis, le mage tirait des horoscopes de santé et de prospérité pour le puissant. Justinien et Théodora, avec leurs lois, avec leur Autocrate pour user et abuser de l'oppression des peuples. Aleksandr Nevackij, Varègue du royaume de Kiev, ne faisait pas la fête. Lui avait compris: et le Mage Masethatios, manipulateur d'atomes, continuait, continuait. La R4 arrivait, parcourant les ruelles obscures, au palais de l'empereur.

L'explosion fut entendue de tous les continents. Une guitare de lumière décrivit une virevolte indicible au-dessus du détroit du Bosphore. Markos Oualdos M.Y., qui était au volant, enclencha la seconde pour partir comme on fait sur la glace; la voiture s'éleva doucement, au-dessus de Byzance qui peut-être n'a jamais existé, alimentée par deux rations d'alcool au moment même noble et prolétaire. « Vous avez vu ». Nous avons vu et fait. Accouraient les peuples innombrables, les Alamans et les Goths, accouraient les impies. Le palais n'existait plus.

 

Sur une plage. Au soleil. Nous nous aimions tous désespérément. Nous nous cherchions. Peut-être nous trouverions nous. Peut-être ne nous trouverions nous jamais. Peut-être sommes-nous tout. Peut-être sommes nous rien. L'inconnu, malgré le soleil terrifiant, n'enlevait pas son pardessus ni son chapeau. On se trouvera sûrement. Nous avons vaincu la mort, nous avons ridiculisé Dieu.

 

Car nous sommes nés pour marcher sur la tête des rois; et parfois éclate la tête des rois.

 

 

Comme disait le très regretté Robert, Jean-François, Joseph, Pascal Lapointe, dit Boby, né le 16 avril 1922 à Pézenas (Hérault), et y décédé d'un cancer le 29 juin 1972, chanteur français, connu pour ses textes parsemés de calembours, de contrepèteries et d'à-peu-près. Ainsi que le décrit Wiki. Que dit-il au fait , notre ami Boby?

« Je dis que l'amour,

Même sans amour,

C'est quand même l'amour

Comprend qui peut

ou comprend qui veut ! ».

 

Ainsi donc, l'introduction de Riccardo Venturi est un roman à clés – multiples, c'est un récit des plus passionnants et certainement explosif, si l'on veut bien le lire attentivement. Riccardo devait avoir un oncle du genre de celui de Boris Vian, tel qu'en lui-même il apparaît dans La Java des Bombes Atomiques, ce génial et fameux bricoleur qui fit sauter à lui seul tout un G.8. Bien fait....En plus, on ne put même pas le condamner... Il avait raison.

 

On en redemande, dit Lucien l'âne, des tontons flingueurs comme celui-là. Ce serait un juste retour des choses... Où il y a de la Gênes, il y avait de l'espoir... et ils l'ont tué.

 

 

En attendant, faisons comme les Canuts : « Tissons le linceul du vieux monde... »

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Ce soir aussi, la lune est sortie

Enveloppée d'une couleur trop rouge et vague,

On ne voit pas ce soir, elle s'est offusquée,

La pointe du stylo s'est brisée.

Quel horoscope, Mage, peux-tu tirer cette soirée ?

 

Moi, Filemazio, médecin, mathématicien, astronome, peut-être sage,

Réduit comme un aveugle à tâtonner partout,

Je n'ai pas la connaissance ou le courage

Pour faire cet horoscope, pour deviner de réponse,

Je reste ici à attendre que revienne le jour.

 

Et je dois dire, je dois dire, que je suis trop vieux pour comprendre,

Que j'ai perdu mon esprit dans qui sait quel abus, ou quelle oisiveté,

Et les astres changent dans les nuits d'équinoxe.

Ou alors moi, alors moi, j'ai mésestimé ce nouveau dieu.

Je lis en moi et dans les signes que quelque chose change

Mais c'est un faible présage qui ne dit ni comment, ni quand...

 

Je m'en allais l'autre soir, presque machinalement,

Descendant vers le port de Bosphoreion là où se perd

La terre dans la mer presque jusqu'au néant

Et puis redevient et ce n'est plus l'occident :

Qu'importe à cette mer d'être bleue ou verte ?

 

J'entendais les chants obscènes des ivrognes,

De gens au regard vide et peint...

Hippodrome, bordel et soldats nordiques,

Romains et Grecs hurlez où vous êtes partis...

J'entendais jurer en allemand et en goth...

 

Ville absurde, cité étrange de cet empereur marié à une putain,

De foules innombrables, de labyrinthes et de cruautés,

De barbares qui peut-être savent déjà la vérité,

De philosophes et d'hétaïres, suspendue entre deux mondes, entre deux ères...

Chance et âge ont décidé pour un jour pas trop lointain,

Où le destin voudrait qu'elle choisisse ma main, mais...

 

Byzance est peut-être seulement un symbole insondable,

Secret et ambigu, comme cette vie,

Byzance est un mythe qui ne m'est pas familier,

Byzance est un songe incomplet,

Byzance peut-être n'a jamais existé

Et j'ignore encore et une autre nuit s'en est allée.

Lucifer est déjà sorti, et s'est levé un peu de vent,

Il fait froid sur la tour ou c'est mon âge malade,

Je confonds vie et mort, je ne sais laquelle est passée...

Je me couvre la tête de mon manteau et je n'entends plus,

Et je m'endors, je m'endors, je m'endors...

 

Bisenzio

 

Réécriture assez parodique et démythifiante de Riccardo Venturi faite en 2001 ou depuis. Quartier populaire de la plaine entre Peretola et Campi.

 

Ha, dit Marco Valdo M.I, j'étais un peu perdu dans cette chevauchée fantastique, où manquait dès l'abord l'ingrédient principal : le cheval ou sa version moderne et populaire : le bus. Ici, le 30.

Dès lors, si on y ajoute la drache, tout s'obscurcit et l'aventure démarre.

 

« Le 30 est en fait l'autobus qui va de la gare de Florence à Campi Bisenzio » ( et retour, quand il y en a) : telle est la note explicative que l'on trouve au bas du texte italien. Et dès lors, bien des choses s'éclairent dans cette sombre histoire florentine.

Surtout si l'on prend la peine de consulter une carte.

Le parcours du personnage n'est pas si erratique que cela et dans tous les cas, il y a moyen de le reconstituer, même s'il ne va pas vers son but affirmé : Prato.

Les tenants de l'affaire restent cependant plongés dans un joyeux mystère que seul un soleil franchement estival pourra sans doute éclaircir.

 

Reconstituons les faits :

Un personnage : Io, Ballerini... épicier...

Un bus : le 30.

Une série de lieux :

Capalle

je dois aller à Prato;

Quaracchi, San Piero a Ponti, Via San Martino, San Donnino...

Et Campi Bisenzio.

 

Tous lieux situés le long du Bisenzio et dans les lieux des Campi Bisenzio, qui entourent le lit de la rivière qui descend vers l'Arno, à proximité de Florence.

 

Et une fameuse dérive du personnage, semble-t-il, perdu sous une pluie diluvienne, une vraie « drache », sans compter ce qu'il avait éclusé lui-même dans le Bar Deanna...

Piera l'attend de pied ferme, demain matin.

Nougaro, quant à lui, était sous, sous , sous le balcon...

Mais aussi, on ne peut s'empêcher de penser au brave Léopold Bloom et à l'éveil de Dublin...

Dès lors, Bisenzio, qui rappelle Byzance et renvoie à ainsi à Ulysse et son Odyssée, à moins qu'il n'y ait là quelque chose des aventures de Sally Mara et des équipées de son père et de son frère ou encore, l'équipée parisienne de Zazie et de son tonton, qui comme chacun sait (après les révélations de Zazie) est une tata.

 

Grand moment d'errance dans les quartiers populaires proches de Florence.

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 

Ce soir aussi, le 30* est arrivé.

Parti comme toujours du Bar Deanna

On ne voit pas Capalle, il commence à faire sombre,

Dire que ce soir je devrai aller à Prato,

Et il pleut tant qu'à Quaracchi, c'était presque un lac...

 

Moi, Ballerini, épicier, communiste, gastronome, peut-être sage,

Réduit comme un aveugle à tâtonner partout,

Je ne trouve plus ma route, sous cette drache,

Piera m'attend déjà avec le plat et les légumes,

Il me faut rester dans la rue jusqu'au jour...

 

Et je dois dire, je dois dire,

Qu'il me l'avait bien dit Spartaco de partir,

Que j'ai perdu mon esprit dans on ne sait quel abus ou quelle oisiveté

Mais la maline, m'a tenu dans son commerce,

Moi peut-être, peut-être moi,

Avais-je sousestimé le grondement,

Mais ensuite s'est déchaîné un ouragan du tonnerre,

Et maintenant, qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire à Piera ?

 

Je m'en irai à cette soirée, presque machinalement

Vers San Piero a Ponti, là où se perd

La terre sous le ciel jusqu'au néant.

Si tu ne fais pas attention à trébucher, tu y laisses une dent,

Les champs ressemblent à la mer, on n'y voit rien...

J'entendais les chants obscènes des ivrognes

Qui sortaient du petit bar de Via San Martino,

Café, liqueurs, lotto et vin,

Mais celui-là là, c'est Cioni qui est à San Donnino,

J'entendais jurer en campi-byzantin.

 

Ville absurde, cité étrange

Mais où donc je vais, putain la cochonne,

Entre des flaques démesurées qu'on se la fait en passant,

Et il ne manque même pas le parapluie, c'est la vérité,

Entre les trans et les doses d'héro.

Il me faudra dormir dans un chantier.

Et puis, demain, je me serai pris de ces coups

Car à la gare, j'ai raté le dernier autobus, mais...

 

Le Bisenzio répand une puanteur insondable

D'oeufs pourris et de viande putréfiée.
Le Bisenzio est une infection dont je n'ai pas l'habitude.

Le Bisenzio pue et bien autre chose qu'un pet.

Le Bisenzio n'a peut-être même jamais existé

Et il pleut encore, putain de pluie, quelle drache.

Piera a dû rester levée, elle a fermé le loquet

Demain quand je rentrerai, elle prendra le rouleau à tarte,

La chose, vraiment, m'épouvante quelque peu,

Elle m'endort,

Elle m'endort,

Elle m'endort.

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Francesco Guccini
4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 19:29

Nuit de Décembre

Canzone léviane – Nuit de Décembre – Marco Valdo M.I. – 2009

 

Cycle du Cahier ligné – 21

 

Nuit de Décembre est la vingt et unième chanson du Cycle du Cahier ligné. Une autre face de la nuit du prisonnier, c'est la confrontation nocturne avec les gardiens, qui claquent les portes, tapent leurs clés ou leurs matraques sur les grilles ou les portes, réveillent les assoupis, et espionnent le dormeur. Quand ils ne se livrent pas à des fouilles surprises, des tabassages punitifs ou d'autres manœuvres d'intimidation, ainsi que le rapporte – notamment – Marco Camenisch qui passa de longues années dans les prisons italiennes avant de poursuivre son périple dans les prisons suisses. Bien entendu, resituant l'aventure carcérale dans le contexte de la Guerre de Cent Mille Ans, il faut bien reconnaître que la frange des prisonniers politiques – car il y en a encore – notamment, Marco Camenisch, même blessés, même malades, est celle qui subit les pires sévices. Les nervis soit sur ordres, soit motu proprio, soit pour continuer une tradition bien établie, sont d'une brutalité, qui parfois confine au sadisme.

Le prisonnier trouve alors dans le rêve, le songe, la fréquentation de la Sphinge, la visitation de la nonne, une façon de s'échapper un peu de ce monde d'affrontements où il est à la merci constante de l'ennemi.

Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne, dis-moi encore un peu de la nonne, tu sais bien celle que racontait Victor Hugo et que chante Georges Brassens. En voici, dit Marco Valdo M.I., un couplet qui ne fut pas dans la chanson de Tonton Georges et qui me paraît rappeler notre histoire et le songe de notre prisonnier – l'érotisme et l'amour sont sacrés à eux que l'enfer carcéral affame de tendresse; alors, même en songe, on se retrouve, on se rejoint et les murs n'y peuvent rien. Donc, voici la rencontre nocturne des deux amants perdus, que Victor Hugo et Saint Ildefonse racontaient vers 1828; écoute :

 

« Une nonne, avec une lampe,
Sort d’une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s’amassent,
De lourds carcans sont leurs colliers.
- Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers ! »

 

Cependant, ce n'est qu'un répit de l'imagination et la pression est telle que la rage lui monte aux yeux...

 

Ora e sempre : Resistenza !

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Voici la nuit de décembre, la nuit d'ombre

Elle commence tôt, la nuit

Dans ce très long couloir sombre.

Les gardes et nous, comme des ennemis,

Comme deux partis dans une ville divisée,

Comme deux entités opposées,

Le jour et la nuit,

La joie et l'ennui,

Qui coexistent seulement

Au point où s’inverse le mouvement.

Comme un fer brillant

Dans la chair du mourant.

Et dans ce long passage obscur,

Ils ouvrent, ils claquent les portes

À faire trembler les murs,

Gestes insensés que la nuit emporte.

D'un coup apparaît un profil de madone,

Comme elle est belle, la nonne

D'une beauté extraordinaire,

Qui pèse comme pèse la lumière.

La Sphinge nichée dans l'ombre,

Rougit à battre le cœur à rompre.

Ce sourire, cette rougeur,

Ce profil si parfait, un peu photo en couleurs

D'une voix tendre et voilée,

Elle questionne dans la langue sacrée

Les quiz de la mythologie

Les fondements de la famille

L'homme, l'Oedipe crépusculaire

Le Cyclope monoculaire de son œil de verre

Nous observe de son regard froid.

La rage ferme mon œil droit.

On s'épie.

Dans la nuit de décembre, la nuit.

Les gardes et nous, comme des ennemis.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
4 juin 2009 4 04 /06 /juin /2009 19:28

Apollon le vagabond

 

Canzone léviane – Apollon le vagabond – Marco Valdo M.I. – 2009

 

Cycle du Cahier ligné – 20

 

Apollon le vagabond est la vingtième canzone du cycle du Cahier ligné.

Cette canzone léviane, comme d'autres canzones du cycle du cahier ligné, raconte l'histoire d'un prisonnier, blessé, malade mais la particularité de cette canzone est que cette histoire est vue de l'intérieur de sa pensée, racontée dans le flot de la pensée qui traverse le cerveau du prisonnier-blessé-malade.. Bref, on suit les méandres la plupart du temps oniriques de ce long songe éveillé et parfois, partiellement endormi. On le suit dans la nuit, on le suit dans l'arrivée du jour. Apollon surgit au bout de la nuit, il arrive courant sur son char (ainsi que l'imaginait la tradition hellénique) et montre (un instant) son visage débonnaire, souriant et sévère et puis continue sa course éternelle et quotidiennement répétitive. Apollon s'éloigne et le prisonnier-blessé-malade reste. Apollon s'enfuit à l'horizon et reviendra demain: Apollon est un vagabond. La nuit se termine. La nuit recommencera bientôt.

Nul ne sait, si ce n'est le prisonnier-malade-blessé ce qu'est l'expérience de la prison,la sensation de la nuit pour qui est cloué dans la souffrance de l'enfermement. Le jour est une libération , mais provisoire. La nuit reviendra et reviendra le jour et ainsi de suite, presqu'à l'infini. Le temps n'en finit pas de finir. La vie s'y perd comme l'eau s'enfonce dans le sable du désert. La colère du prisonnier-malade-blessé n'y pourra rien changer. Le piège s'est déjà refermé.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Dans ce lieu intermédiaire,

La colère oscille dans une fièvre d'enfer

Elle brûle, elle gèle,

Elle se soumet et se rebelle.

En tâtonnant, on chemine dans ce couloir,

On cherche l'air dans ce purgatoire

Scaphandriers lourdauds dans une mer inconnue,

Salée et poissonneuse,

À cette profondeur, ténébreuse

On s'arrête appuyé aux parois nues.

Et au travers du périscope, les yeux révulsés

vers le ciel noir, de chaque côté

S'étale une mer monotone et connue.

Soudain, Apollon agrippe et emporte

la Nymphe par ses cheveux déjà verts…

Il la couche sur la terre

Arrache la pomme de l’arbre et rouvre les portes.

Il retrace chaque ombre, divise les mots et tempère sa propre lumière

Il fait tanguer le monde, il repeint les persiennes et le ciel,

Il montre son visage débonnaire, souriant et sévère,

Entre les vignes par les chemins du ciel.

Sans bruit, il s’éloigne, d'un bond.

Apollon est un vagabond.

Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I. - dans Marco Valdo M.I.
1 juin 2009 1 01 /06 /juin /2009 22:09

LE DÉPART DU CROISÉ : LE PREUX ANSELME

 

Version française – LE DÉPART DU CROISÉ : LE PREUX ANSELME – Marco Valdo M.I. – 2009

 

Chanson italienne – La partenza del Crociato (Il prode Anselmo) – Giovanni Visconti Venosta – 1856

 

 

 

Le Sultan pour le briser

Fit tailler un pieu piquant

Mais Anselme prévoyant

Dans son froc avait mis l'acier.

 

 

 

Grâce à ma génitrice, qui au dernier salon du livre de Turin s'est longuement entretenue avec la splendide Dame Viglongo, propriétaire de la maison d'édition homonyme de Turin depuis 1945, je suis entré en possession de la réédition du « Le Preux Anselme – Le départ du croisé pour la Palestine ». L'édition originale remonte à 1944 sur les presses des Éditions Daniel de Rome, depuis absorbées par la Viglongo et on y trouve des illustrations de Livio Apolloni (1904-1976), célèbre illustrateur et auteur de BD romain actif dans les années 20 et après la seconde guerre et auteur, entre autres, d'une BD de « La Ferme des Animaux » de George Orwell.

Ce petit volume se conclut avec une étude notable de Walter Fochesato, spécialiste de la littérature pour enfants et de l'histoire de l'illustration et coordinateur rédactionnel du mensuel « Andersen. Le monde de l'enfance »; postface dont je tire la plus grande partie de cette introduction.

Alessandro

 

Giovanni Visconti Venosta (Milano 1831-1906) écrit dans ses « Souvenirs de jeunesse » : … « Sur la fin de cet automne [1856], j'écrivis une farce poétique, à laquelle ne manque pas une certaine notoriété. […] Nous étions près de la rentrée scolaire, et un jour, une bonne dame, qui habitait près de notre maison de Tirano (Valtellina), vint chez moi avec son fils qui était élève au gymnase de Côme , je crois. La mère me dit que son fils était tout mortifié, car il n'avait pas réussi à faire son devoir d'automne, donnés par son professeur. En fait, il l'avait commencé, mais il ne pouvait le terminer. L'enfant pleurait presque, et moi, me laissant attendrir, je m'offris à finir ce foutu devoir. Il s'agissait d'un poème, dont le sujet, choisi parmi ceux en vogue dans les écoles en ces temps-là, était : « Le départ du croisé pour la Palestine ». L'élève avait commencé son poème ainsi :

« Passe un jour, passe un autre

Jamais ne revient notre Anselme

Car il était fort dégourdi

Il alla à la guerre et mit son casque... »

Il s'était arrêté là. En lisant ces vers me passa par al tête une tentation mauvaise, mais irrésistible; je ds à la mère et au fils qu'ils reviennent le jour suivant et que je l'aurais fini ce poème. Je courus à mon bureau, je répétai ces vers en les déclamant et le reste vint de lui-même.

Le jour suivant quand la mère et le fils revinrent, le crime était consommé. J'écoutai sans remords leurs mots de remerciement et je remis la feuille.

Il se passa quelques mois. Tandis que je passai un examen à l'Université de Pavie, je remarquai que les professeurs me regardaient avec une certaine curiosité, parlant à mi-voix entre eux et riant. L'examen fini, l'un d'eux me raccompagna et me dit : « Donc... « Passe un jour, passe l'autre... »... C'est vous l'auteur de la Ballata ? Alors, en retour, je l'interrogeai de mon côté, et je sus qu'il avait eu mon « Croisé » par un de ses amis, professeur à Côme. Peut-être le professeur de ce fameux élève. À partir de ce jour, mon Croisé chemina longuement à mon insu, et je le rencontrai à tout moment, parfois réduit, parfois augmenté, et souvent malmené. »

.

 

 

 

Marco Valdo M.I., qui écrivit plus récemment « La Croisade de Pierre », se réjouit hautement de ce poème aux saveurs moyenâgeuses et racontant – bien avant lui – l'aventure du croisé. Il n'a pas pu s'empêcher, pris d'une « intention mauvaise », de le traduire illico, c'est-à-dire dès après en avoir eu connaissance. Il en abandonna même la lecture d'un roman de Saramago, que par ailleurs, il recommande tout autant à ceux qu'un soir d'été de lecture et la proximité de la mort n'effrayent pas trop. Au fait, le titre de ce roman est en français : « Les intermittences de la mort » et en portugais, langue dans laquelle il fut écrit : « As Intermitências da Morte » et en italien, la chose va de soi, « Le Intermittenze della Morte ».

 

Qu'on ne s'attende pas au sublime récit, façon Chanson de Roland, ni à certain lyrisme épique... Quoique... Ce lyrisme-là est bien présent, mais il sombre dans le pataquès et joyeusement. Les vers sont chaotiques et boitillants... Par parenthèse, on comprendra que l'helme (helmet, elmo...) n'est autre chose que le heaume ou le casque et ça vous a un de ces airs de chevalerie... ou de feux de Saint Elme, rien de plus fulgurant. On l'aura compris, si le Preux Anselme est ridicule, c'est bien ainsi qu'il convient qu'il soit. L'ironie et la dérision ont tissé leur toile tout au long de cette catastrophique histoire. C'est ce qui d'ailleurs fait son charme, sa réputation et l'a propulsée cent cinquante ans plus tard, ici même.

 

« Le Preux Anselme » a connu diverses heures de gloire et notamment, durant le ventennio (période où fleurit le goût de la croisade fasciste...) où l'idée de partir combattre au loin titillait certain Rodomont au menton carré et au crâne dégarni. Mais là aussi, malgré toutes les précautions, malgré de sensibles modifications imposées d'en haut , lesquelles modifications et versions sont reprises ici entre [...], le Preux Anselme poursuivit son œuvre de destruction de la forfanterie et de l'appétit de gloriole.

 

Les successeurs du Rodomont au menton dressé feraient bien de méditer la leçon et éviter toute forme de croisade ou même, de lutte contre l'Infidèle, contre l'étranger, contre ceux venus d'ailleurs.

 

Gloire donc au Preux Anselme, à ses pompes et à ses œuvres !

 

Cela dit, suivons les aventures de cet inestimable croisé.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

 

 

Passe un jour, passe l'autre

Jamais ne revient le Preux Anselme

Car c'était un grand apôtre

Il alla à la guerre et mit son casque...

 

Il mit son casque sur la tête

Pour ne pas se faire trop mal

Et partit la lance en tête

Á cheval sur un cheval.

 

Sa belle l'embrassa

Lui donna un baiser et dit : « Va ! »

Autour du cou, elle lui plaça

Un flacon de pastis plat.

 

[Et sa mère qui l'embrassa

Lui donna un baiser et dit : « Va ! »

Mais ne fais pas le malin

Avec les sous de papa !]

 

Puis, elle lui donna un anneau doré

Gage sacré de sa foi.

Elle lui mit dans son barda

Jusqu'aux chaussettes pour ses pieds.

 

Ce fut dès mâtines

Qu'Anselme sortit fier et beau

Pour aller en Palestine

Conquérir le Tombeau.

 

Il n'alla pas par la voie ferrée

Comme aujourd'hui la machine à vapeur.

En ces temps-là, on ne ferrait

Pas la voie, mais le voyageur.

 

Sa cravate de fer forgé,

Et son gilet de cuivre doré

Il voyageait, c'est vrai, porté

Mais le cheval allait à pieds.

 

De ce jour, il ne fit qu'aller

Aller toujours, aller, aller...

Quand au pied d'une chaumière,

Il vit un lac et c'était la mer.

 

Méfiant... et pensif, il s'arrêta

Sagement il médita

Puis se penchant, et d'un doigt

À bon compte, il l'essaya.

 

Lorsqu'il fut sur le bâtiment,

Il lui vint le mal de mer

Mais Anselme en un moment

Remit son déjeuner à l'air.

 

[La Cité de Constantin

En le découvrant trembla.

Elle voulut trinquer au vin

Mais le Coran l'en empêcha]

 

Le Sultan pour le briser

Fit tailler un pieu piquant

Mais Anselme prévoyant

Dans son froc avait mis l'acier.

 

Pipes, tapis, croissants

Sabres, yatagans

Odalisques, minarets,

Le Sultan déjà tout emballait.

 

Quand près de Salamine

Une vilaine soif le tourmenta

Anselme délaissant la marine

Pris son casque et boire s'en alla

 

Mais le casque le croirez-vous

Tout au fond, avait un trou

Et il mourut de soif en trois jours,

Sans s'en apercevoir, ce balourd.

 

[N'avait-il pas lu , pauvre cœur,

Le bon docteur Amal ?

Ne savait-il pas que pour l'homme en sueur

L'eau glacée est fatale.]

 

[Sur la fiasque d'essence

Il mit sa lèvre et fit « glou, glou... »

Sur le champ, il tomba éteint.

Et le Preux Anselme fut !]

 

Passe un jour, passe l'autre,

Jamais ne revient le guerrier

Car c'était un grand apôtre

Il alla en guerre avec son cimier.

 

Il mit son cimier sur la tête

Mais le fond, il ne regarda pas

Et ainsi advînt cela

Que jamais il ne revînt de la conquête!

LE DÉPART DU CROISÉ : LE PREUX ANSELME
Partager cet article
Repost0
Published by Marco Valdo M.I.

Présentation

  • : CANZONES
  • : Carnet de chansons contre la guerre en langue française ou de versions françaises de chansons du monde
  • Contact

Recherche