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14 août 2010 6 14 /08 /août /2010 08:19

QUAND LE TEMPS SERA UN PRÉ

Version française - QUAND LE TEMPS SERA UN PRÉ – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Quando il tempo sarà un prato – Alberto Radius (texte : Daniele Pace et Oscar Avogadro)

 

 

 

 

« Je t'aimerai quand dans l'air s'éteindront les bannières de la mémoire, quand le temps sera un pré vert que personne jamais n'a foulé, quand l'ordre souverain n'aura plus le fusil à la main... »

 

Je t'aimerai quand viendra

Le dernier cri de sirène de la ville

Quand toi presque fondue

Tu seras neige encore une fois.

 

Je t'aimerai quand dans l'air

S'éteindront les bannières de la mémoire

Quand le temps sera un pré vert

Que personne jamais n'a foulé.

 

Dis-moi toi ce que je peux te donner

Si je n'ai pas de mains pour te toucher

S'il n'y a rien à sauvegarder

Si l'angoisse est à manger

Dis-moi comment je fais pour te dire

Que je n'ai aucune envie de te comprendre,oh …

 

Je t'aimerai quand un sourire

Ne sera plus une grimace absurde sur ton visage

Quand l'ordre souverain

N'aura plus le fusil à la main

 

Dis-moi ce que je peux te donner

Si je n'ai pas d'yeux pour te voir

S'il n'y a pas un seul instant

Qui puisse mériter mon regret

Dis-moi comment je fais pour te dire

Que je n'ai aucune envie de te comprendre,oh …

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Published by Marco Valdo M.I.
11 août 2010 3 11 /08 /août /2010 20:42

CLANDESTIN

Version française – CLANDESTIN – Marco valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Clandestino – Ratti della Sabina

 

 

Espérons que le capitaine ne me voie pas de là-haut

Car je suis clandestin sur ce bateau

Espérons, espérons qu'il ne vienne pas à le savoir

Car je suis un rêveur et il ne peut vraiment pas me voir.

À ses yeux, ce n'est pas un beau métier

Pour lui, je ne suis pas un passager régulier

De ceux qui passent sans mystère

Moi, je suis différent de ces étrangers

Moi, je ne peux pas le faire

 

Et alors, si on veut continuer à naviguer

Il faut le faire en cachette même quand on a un monde à donner

Qui vit dans ton cœur, qui vit loin du boucan

Que font ces gens sur le pont et qui poursuit depuis toujours le mirage du néant.

 

Je préfère rester ici dessous et vivre ainsi ma vie

Certes, il faut le faire, mais c'est plus digne que de céder à la fascination du vide de l'hypocrisie

Je veux dire ensuite quand avec le temps je me serai acclimaté

Je ne trouve même pas laide la sombre chaudière de ce steamer.

J'espère toujours que le capitaine ne vienne jamais me chercher

Car on sait que les clandestins, on les jette à la mer

Où est prêt le requin qui profitera de la situation :

Il met une croix sur tes jours et sa conscience n'y voit pas d'objection.

 

Espérons espérons que le capitaine ne vienne pas

Voler cette nuit dans mes rêveries

Cette étoile si belle qui éclaire ma voie

Douce épouse de mon temps, douce dame Utopie.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Ratti della Sabina
10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 13:44

CHANSON DU PHARAON



 

Version française – CHANSON DU PHARAON – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Canzone del Faraone – Dario Fo - 1971

 

 

 

J'aime bien cette chanson, dit Marco Valdo M.I., pour ce qu'elle dit de ce qui est dû aux paysans, aux ouvriers, aux artisans et aux artistes. Ces anonymes ont fait le monde et l'histoire, ont fait les routes et les champs, ont créé les paysages, les villes et les villages, ont donné à manger à l'espèce entière... Et continuent à le faire...

 

J'étais là, je les ai aidés, je les ai vu faire, dit Lucien l'âne en levant le front.

 

C'est, dit Marco Valdo M.I., une de ces vérités universelles qu'on tente par tous les moyens d'occulter que cette évidente création collective qu'est la vie humaine. Et pourtant, c'est également vrai pour le savoir, pour tout le savoir. Le savoir médical – par exemple – est un ensemble complexe de myriades d'expériences, de connaissances accumulées au travers des temps et des hommes qui s'y sont consacrés. Pareil pour la biologie, la physique, les mathématiques, les langues, les littératures...

 

En somme, dit Lucien l'âne en s'ébrouant, que serait une chanson sans les mots qui la composent ? Et qui peut savoir qui et quand a créé tel ou tel mot... ?

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Le pharaon traverse le désert sur son char

Mais celui qui en a construit les roues

Qui les a inventées

Est un pauvre artisan de l'Euphrate.

Les savants des pyramides

Ont construit la tombe de Khéops

Avec le plan incliné

Copié des paysans du Tigre

Archimède nous a fait connaître

La vis pour pomper l'eau

Il l'avait prise aux paysans du Nil.

Les prêtres du pharaon

Scrutaient la lune et les étoiles

Pour connaître le destin de leur maître.

Nous paysans depuis toujours

Nous scrutons étoiles et lune

Pour savoir quand planter

Quand récolter le blé.

Toute la récolte va à notre patron.

Quand nous qui avons tout donné -

Et nous ne voulions pas le donner en cadeau -

Nous comprendrons que nous sommes tout

Roue, vis d'Archimède,

Blé et pyramides.

Quand nous le comprendrons

Il suffira que nous ouvrions les bras tous ensemble

Et le Pharaon et ses prêtres

Mourront d'épouvante.

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8 août 2010 7 08 /08 /août /2010 18:44

 

LES TROIS FRÈRES DE VENOSA

 

Version française - LES TROIS FRÈRES DE VENOSA – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – I tre fratelli di Venosa – Stormy Mix

 

 

 

 

Qu'en penses-tu, toi, Lucien l'âne mon ami, de l'histoire que raconte cette chanson. L'histoire de ces ces trois frères, trois paysans de Lucanie qui furent tués par les soldats du roi...? Ils étaient de Venosa, ce village où un mari dément, par ailleurs amateur de madrigaux, fit assassiner de manière épouvantable sa femme Maria d'Avalos et l'amant de sa femme... Une histoire racontée par Anatole France (http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_de_do%C3%B1a_Maria_d%E2%80%99Alvalos_et_du_duc_d%E2%80%99Andria), histoire très semblable à celle d'Isabella di Morra (http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=26253&lang=it). Mais, dis-moi, pour les paysans de Lucanie...

 

Oh, Marco Valdo M.I.,il faut d'abord bien comprendre que ce sont là des paysans de Lucanie et d'il y a longtemps encore. C'est là une histoire terrible, mais pas nouvelle, pas exceptionnelle. Le roi, peu importe le roi, peu importe le royaume, peu importe finalement l’État. Les paysans de Lucanie nous sont très proches à nous les ânes... Souviens-toi, Marco Valdo M.I. mon ami, c'est chez eux que fut confiné Carlo Levi, à peu près cinquante ans après les faits de cette histoire... À peine, une génération ou deux. Et que disaient les paysans, les contadini, les braccianti à Carlo Levi : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari » – « Nous, nous ne sommes pas des chrétiens, nous sommes des bêtes de somme ». Que voulaient-ils dire par là, si ce n'est qu'ils étaient traités par la civilisation chrétienne, par le pouvoir, par toutes les incarnations du pouvoir (et quel que soit ce pouvoir) comme des bêtes, comme des ânes. Peut-être, en effet, ont-ils eu un jour l'espoir qu'un monde meilleur viendrait, qu'ils ne seraient plus traités comme des riens, comme des culs-terreux, comme des quantités négligeables... Et sans doute, se sont-ils senti trahis – eux qui avaient peut-être pensé (à tort, forcément à tort...) que changer de roi, changer de maître, changer de patron améliorerait leur destin... Comme tous les paysans pauvres, comme tous les paysans sans terre, comme tous les pauvres du monde, ils avaient espéré (parfois, on n'a que l'espoir pour vivre) et comme tous les paysans, tous les sans terre, tous les pauvres du monde, ils ont été déçus... Ce fut la base de toutes les jacqueries, ce fut le fondement des mouvements de paysans vers 1525 en Allemagne, comme c'est le cas encore aujourd'hui en Amérique latine, en Afrique, en Asie...

 

Tu as sans doute raison, Lucien l'âne mon ami. Les paysans se sont senti trahis, mais par qui, par quoi ? Ont-ils une fois encore, comme le feront les paysans de Sardaigne (http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7872&lang=it) ou ceux de Sicile (http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7734&lang=it)dans l'immédiate après-guerre, vers 1950, quand il était question d'une grande réforme agraire et d'une redistribution des terres, ont-ils cru à la loyauté de l’État (en l'occurrence, l’État italien), à la légalité des lois, à l'idée d'un État, chose commune, redresseur des inégalités, garant de l'égalité des hommes ? Ce qui expliquerait qu'ils se sont senti trahis... Mais souviens-toi, Lucien l'âne mon ami, as-tu dans le souvenir, toi qui as tant voyagé dans les campagnes et dans les temps, as-tu en mémoire des paysans qui acceptèrent l'uniforme ?

 

Oui, bien sûr, dit Lucien l'âne, il y a eu des paysans qui ont accepté l'uniforme : ceux qu'on a forcés par la terreur, ceux qu'on a enrôlés de force et ceux qui allaient à l'armée car ils crevaient dans leurs campagnes. Dans tous les cas, c'étaient des uniformes forcés, c'était sous la contrainte... Il y eut des paysans armés, mais ce furent des révoltés, ce furent des partisans qui voulaient rompre avec la société instituée, la société de la domination des fondés de pouvoir de la civilisation citadine, instaurer un nouveau monde, un monde paysan... Il y eut ceux qui suivirent Spartacus, ceux qui se regroupèrent autour de Makhno en Ukraine, les paysans d'Andalousie, on en trouve au Chiapas... et dans d'autres régions d'Amérique latine.

 

En effet, Lucien l'âne mon ami, qu'auraient donc à faire d'un roi les paysans ? Rien. Bien au contraire, le mieux, pour eux, c'est de s'en débarrasser : du roi ou ce qui en tient lieu et de toutes leurs institutions...

 

C'est sans doute le seul moyen pour construire un nouveau monde... En attendant, dit Lucien l'âne, Marco Valdo M.I. mon ami, suivons l'exemple des Canuts, tissons le linceul de ce vieux monde oppressant et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Il faisait très chaud en Lucanie

En juillet mil huit cent soixante-huit

Et les gens se sentaient déjà trahis

Par une Italie ni voulue ni comprise.

Ce fusil levé au ciel et jamais utilisé

N'est pas prêt pour Victor Emmanuel

Trois paysans, trois frères de Venosa

Refusent l'uniforme

Avec les feuilles d'automne sur la route

Il est difficile de suivre leurs pas.

Déjà, leur histoire se diffuse çà et là

Ils ont signé avec les brigands une proclamation

« Paysans restés sur leur terre

Vous n'avez rien à craindre

Là haut dans les bois, nous sommes tant et bien armés

Les abus seront vengés »

Avec dans les os le froid de l'hiver

Et l'envie d'un feu dans la cheminée

Les paysans, les frères fatigués

Avancent dans la clarté du matin

Le vingt et un janvier, la Saint Agnès

Les soldats du roi ont tendu une embuscade

Ils les ont tués à un kilomètre de chez eux

Et les ont portés sur la place de Venosa.

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Published by Marco Valdo M.I.
5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 20:48

UNE HISTOIRE FOIREUSE

Version française – UNE HISTOIRE FOIREUSE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Una Storia sbagliata – Fabrizio De André – 1980

 

 

« C'est une chanson sur commande, peut-être la seule qui m'ait été commandée. Elle fut demandée par Franco Biancacci, à ce moment à RaiDue, comme indicatif de deux documentaires-enquêtes sur les morts de Pasolini et de Wilma Montesi. À cette époque, si je me souviens bien, j'avais commencé à écrire avec Massimo Bubola le disque qui fut intitulé « L'Indiano » (celui qui a comme couverture ce tableau de Remington qui représente un Indien à cheval).

C'est ainsi que je lui ai demandé de collaborer aussi à ce travail. Je me rappelle que nous décidâmes tout court de faire la chanson sur Pasolini, et pas vraiment parce que la mort de la pauvre Montesi nous indifférait, mais par le fait qu'à nous qui écrivions des chansons, comme je crois de la part de tous ceux qui se sentaient dans un certaine mesure liés au monde de la littérature et du spectacle, la mort de Pasolini nous avait transformés quasiment en orphelins.

Nous en avions vécu la disparition comme un grand deuil, presque comme si un proche parent nous avait quittés. Dans la chanson cependant, il reste des traces de cette ambivalence, je veux dire du fait qu'on s'y réfère à deux décès et non à un seul. On l'entend au début quand je chante : «Cos'altro vi serve da queste vita / ora che il cielo al centro le ha colpite [ À quoi d'autre vous servent ces vies/ maintenant que le ciel les a frappées en plein milieu]. »

Comment naît une chanson ? Je dirais qu'une bonne part du sens et de la valeur de la chanson est avant tout dans son titre, Una storia sbagliata [Une Histoire foireuse], une histoire qui n'aurait jamais dû arriver. Au sens où dans une ambiance de civilisation normale, une histoire de ce genre ne devrait pas se passer. Et puis, il me semble qu'il y a deux autres vers qui mieux que d'autres donnent le sens de la chanson : « Storia diversa per gente normale / storia comune per gente speciale [ Histoire différente pour gens normaux / Histoire commune pour gens spéciaux »]; là pour « normal », on doit comprendre médiocre ou peu civilisé et pour « speciale » : normalement, civilement habitué à vivre avec la diversité. Je m'explique : pour une personne mûre et civile, je dirais qu'il est absolument normal qu'un homosexuel fasse la cour à un semblable du même sexe. Et absolument normal même qu'il s'en amourache. Il devrait y avoir, aussi pour un hétérosexuel, mille moyens de se défendre sans recourir à la violence. Malheureusement la culture machiste et intolérante d'un passé encore trop récent, et alors encore plus récente qu'aujourd'hui, et que je définirais un passé encore répétitif, a fait croire à la majorité que le terme « normalité » devait coïncider avec le terme « intolérance ».

Et puis, un autre aspect tragique que nous avons voulu souligner dans la chanson pour la mort de Pasolini est celui lié à une mode malheureusement encore assez courante qui se réfère elle aussi à l'ambiance d'ignorance et de chasse à la différence. C'est le fait que la mort d'un grand homme de pensée soit transformée en viande de porc à débiter sur les étals de boucherie des hebdomadaires poubelles et pas seulement de ceux-là. Le vers « È una storia per parrucchieri [C'est une histoire de perruquiers – une histoire de coiffeurs] » veut dire que c'est une histoire que malheureusement on l'a lue alors et encore parfois encore aujourd'hui sur les revues équivoques pendant qu'on attend pour se faire faire la barbe ou la permanente. C'est un peu en général le sens de la chanson. »

 

Fabrizio De André

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, j'avais traduit cette chanson il y a déjà quelques semaines, avant le voyage en Italie dont je t'ai parlé l'autre jour. Voyage agréable, quelque part en Toscane, exactement à Montepulciano, où j'avais accompagné une jeune mariée. Ce fut une grande et belle journée. Mais, comunque, j’avais laissé en plan et c'est bien normal comme tu le devines, j'avais donc laissé en plan la traduction de cette chanson de Fabrizio De André. Chanson qui raconte une histoire tragique qui a encore – et à mon sens aura longtemps encore , disons tant qu'il y aura des hommes – de très subtiles répercussions dans la vie quotidienne de chacun de nous. On n'assassine pas un écrivain – ici, Pier Paolo Pasolini – un poète (un grand) sans que cela ne marque définitivement le monde.

 

Je le pense bien ainsi aussi, dit Lucien l'âne tout raidi. D'autant que vient de partir cet autre grand écrivain qui raconta le voyage de l'éléphant et qui connaissait assez bien les pensées de la mort.

 

Vois-tu, Lucien l'âne mon ami aux oreilles si noires qu'on dirait qu'on les a trouvées au fond de la mine, vois-tu, je viens encore de la croiser cette dame qui enlève à son gré les hommes... Regarde ma dernière chanson, La Ballade de Miguel (http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=35548&lang=it) raconte une histoire de mort. Une histoire foireuse, elle aussi. Pour en revenir à P.P.P. (Pier Paolo Pasolini) et à sa mort et sans entrer dans le mystère de son assassinat, car il fut assassiné, ce fut comme si on avait tranché d'un coup un moment du monde, comme si on avait mis fin à une voix essentielle. Pier Paolo Pasolini était un d'entre nous, sans doute parmi les plus lumineux ou les plus ténébreux, mais un d'entre nous qui mena avec une certaine obstination son expédition vers sa propre identité, quelqu'un qui marchait dans les pas de la liberté, quelqu'un qui nous menait à nous-mêmes. Ce qui est le rôle du poète.

 

Marco Valdo M.I., mon ami le plus cher, je ne comprends pas bien ou pas tout à fait bien ce rôle étrange du poète. Et pourtant, j'en ai croisé beaucoup.

 

Mon ami Lucien l'âne, je ne vais pas essayer de parler de tous les poètes. Ici, le poète, c'est Pier Paolo Pasolini. Par le mot, par l'écriture, mais aussi par l'image – il fut également un grand cinéaste, il dit l'essentiel et l'insupportable de cette société, une vérité encore plus vérité aujourd'hui et l'assassinat du poète sur la plage d'Ostie, à mes yeux, est précisément le moyen pour cette société de se fermer les yeux sur sa propre et immense indignité. Il avait perçu et il disait le côté totalement amoral de ce monde, sciemment amoral par la volonté de quelques-uns. Précisément, ses assassins. Amoral, sans morale, disqualifiant par principe la morale, le monde de ceux qui refusent que la morale soit la pierre de touche et la mesure de la condition humaine; ceux qui – pour leur commodité – excluent la morale de la conduite du monde, des obligations du pouvoir (politique, militaire, économique...).

 

Mais, dit Lucien l'âne en redressant sa crinière irisée, ceux-là, je les connais, je sais bien qui ils sont... Ce sont les puissants et les riches qui font aux pauvres cette Guerre de Cent Mille Ans pour maintenir ce monde injuste et périmé.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

C'est une histoire à oublier

C'est une histoire à ne pas raconter

C'est une histoire un peu compliquée

C'est une histoire foireuse.

 

Elle commença sous la lune

Et finit dans un fleuve d'encre

C'est une histoire un peu curieuse

C'est une histoire foireuse

 

Histoire différente pour gens normaux

Histoire commune pour gens spéciaux

À quoi d'autre vous servent ces vies

Maintenant qu'en plein milieu le ciel les a frappées

Maintenant qu'aux bords le ciel les a sculptées.

 

C'est une histoire de banlieue

C'est une histoire d'un coup et via

C'est une histoire irrésolue

C'est une histoire foireuse.

 

Une plage aux pieds du lit

Station Termini aux pieds du cœur

Une nuit un peu agitée

Une nuit foireuse

 

Histoire différente pour gens normaux

Histoire commune pour gens spéciaux

À quoi d'autre vous servent ces vies

Maintenant qu'en plein milieu le ciel les a frappées

Maintenant qu'aux bords le ciel les a sculptées.

 

C'est une histoire vêtue de noir

C'est une histoire de bas-empire

C'est une histoire pas mal ensablée

C'est une histoire foireuse

 

C'est une histoire de carabiniers

C'est une histoire de coiffeurs

C'est une histoire un peu putassière

C'est une histoire foireuse

 

Histoire différente pour gens normaux

Histoire commune pour gens spéciaux

À quoi d'autre vous servent ces vies

Maintenant qu'en plein milieu le ciel les a frappées

Maintenant qu'aux bords le ciel les a sculptées.

 

Pour la marque qui en est restée

Ne nous demande plus comment elle s'est passée

Car tu le sais que c'est une histoire foireuse

Car tu le sais que c'est une histoire foireuse

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Fabrizio De André
5 août 2010 4 05 /08 /août /2010 20:48

L'HISTOIRE

 

Version française – L'HISTOIRE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – La Storia - Subbuglio

(Une chanson pour Amnesty)

 

 

 

Dieu des armées bénis

Tout le sang versé pour toi

Protège nos chars d'assaut

Guide nos balles assassines

 

C'est seulement un mal nécessaire

Qui sera vite oublié

Que ce soit juste, que ce soit erroné

C'est de l'histoire, ce n'est pas péché

 

C'est l'ordre nouveau, il va tout remettre à zéro

Dieu des armées bénis

Nos soldats, nos armes intelligentes

Fais mourir seulement nos ennemis

Les différents, les mauvais, les infidèles.

 

Nous, nous tuons car c'est nécessaire

Cette ville doit être bombardée

La paix doit être défendue, la paix doit être conquise

C'est l'histoire et elle doit être respectée.

 

C'est l'histoire et elle doit être remise à neuf

Nous tuons car c'est nécessaire

Cette ville doit être bombardée

La paix doit être défendue, la paix doit être conquise

 

C'est de l'histoire et elle doit être respectée

C'est de l'histoire et elle doit être remise à zéro

Ce qui est juste, ce qui est erroné

C'est de l'histoire, ce n'est pas péché.

 

C'est de l'histoire et elle doit être respectée

C'est de l'histoire et elle doit être remise à zéro

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Published by Marco Valdo M.I.
4 août 2010 3 04 /08 /août /2010 20:05

ROSANERA

Version française – ROSANERA – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne (Cosmais) – Rosanera – Davide Van De Sfroos – 2005

 


Rosanera est une guitare... Elle fait le tour du monde dans les bras d'artistes... On y rencontre Federico Garcia Lorca, le poète assassiné par les franquistes – le 19 août 1936, Django le Manouche et aussi, Woodie Guthrie et Bob Dylan, guitaristes et chanteurs étazuniens, sans doute, Fabrizio De André et d'autres encore....

Elle – comme tous les musiciens populaires – joue pour tous, sans distinction... Sauf, car son nom (Rose Noire) vient d'un trou noir dans sa carcasse, trou causé par une balle de révolver, sauf pour ceux qui tirent des balles dans les guitares et – on peut le supposer – accessoirement, dans les guitaristes. Pour ceux-là, elle refuse obstinément de jouer le moindre son.

 

 

Téquila ou kérosène désormais sans différence

Et je regarde cette guitare sur le mur de la chambre

Je l'ai emportée partout dans le monde, je l'ai grattée comme une croûte

Sur notre peau il y a toutes les routes du monde comme des marques de fouet

Une femme en Valtelline qui parlait aux saints

M'a dit que tous les bois se souviennent de leur plante

Qu'il y a un bois pour la croix et un pour la porte

Pour le bois de guitare, la plante n'est jamais morte.

 

Elle m'a dit que cette guitare a voyagé sur un bateau

Et que peut-être un certain Garcia Lorca en a joué

Elle a fini là-bas en Irlande chez un ivrogne du Connemara

On en a joué en Camargue le jour de la Sainte Sara

Quand je l'ai rencontrée, elle était dans les bras d'un jazziste

Un Manouche avec des moustaches et un problème à la main gauche

Mais une nuit, on l'a volée, peut-être était-elle trop belle

Je l'ai retrouvée en Algérie avec un trou de révolver.

 

Je l'ai soignée, je l'ai guérie et elle sonnait encore mieux

Là où il y avait le trou, j'ai mis une rose noire

J'en ai joué sur le bateau quand les gens changeaient de terre

J'en ai usé comme d'une épée pour tailler la tête à la guerre

Un gars du Minnesota fuyait sa maison,

Un jour me demanda si je pouvais la lui prêter.

Il a fait une chanson sur un train rempli de gens

Avec dedans une réponse que souffle encore le vent...

 

Le vent emportait ce que disait chaque corde,

Au fond, un manche de guitare est un chemin de fer

La distance apporte ce que le cœur attend,

Et nous sommes capables de changer de note sans jamais changer la face.

J'ai chanté des chansons de lune sur les cailloux de Sardaigne,

J'ai chanté des chansons fantômes devant les croix de la Bretagne,

J'ai joué pour celui qui buvait sans jamais oublier

J'ai joué pour celui qui partait, pour celui qui rentrait

 

J'ai joué de Rosanera, pour aiguillonner ce monde

Hors des chiottes et des églises, pour le sacristain et le vagabond,

Nous avons décidé de jouer sans juger personne...

Seul celui qui tire sur une guitare n'a pas droit à une chanson...

Seul celui qui tire sur une guitare n'a pas droit à une chanson...

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 23:02

Départ de Miguel (208)

 

La Ballade de Miguel

 

Chanson de langue française – La Ballade de Miguel – Marco Valdo M.I. – 2010

 

Voici une canzone, una vera lamentazione, un attitu... comme on en fait en Sardaigne pour les morts... Afin qu'ils restent – au moins – dans la mémoire. On le verra dans la canzone, Miguel était un syndicaliste militant, un parmi les autres. Celui que la Camarde (elle s'écrit presque comme une camarade...) est venue chercher l'autre jour... Miguel était - et il le proclamait bien haut et bien souvent – un anar. On ne sait si, pour le monde c'est une gloire, mais pour nous, c'est un honneur.

 

 

Un ami part toujours trop tôt

Ciao compagno !

Miguel est mort, quelle ballade

On le disperse demain

Miguel était un camarade,

On dit compagno, en italien,

En anglais, comrade,

En néerlandais, en flamand, kameraad

En allemand, Genosse, en portugais camarada,

Salut Miguel ! Saùde Camarada !

Un ami part toujours trop tôt

Ciao Compagno !

Miguel au fil des jours,

Rude, gentil, anarchiste.

Un mec sympa... enfin pas toujours.

Surtout, face aux fascistes.

Venu de l'émigration capverdienne,

Miguel assumait sa part, la sienne

De syndicaliste et de militant,

Léo disait : Y en a pas un sur cent

En voici un, pourtant

Miguel anarchiste et libertaire.

Miguel était un type en colère

Et c'est pour çà, qu'on l'aimait

Et nombreux, et beaucoup, qu'on l'aimait.

Miguel ne peut pas mourir,

Miguel ne veut pas mourir

Il me le dit, il me le crie

Miguel est toujours en vie

Joyeux et toujours debout

Encore et encore avec nous

Comme les Canuts de Lyon à tisser

Le linceul de ce monde injuste et périmé

Un ami part toujours trop tôt

Ciao compagno !

Saùde Camarada !

Ora e sempre : Resistenza !

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2 août 2010 1 02 /08 /août /2010 23:02

LE PISTOLET

Version française – LE PISTOLET – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – La Pistola – Giorgio Gaber – 1978

 

 

Nos temps de bouleversements

Sont des temps assez dignes d'histoire mais pas de mémoire

L’État n'agit pas et protège encore moins

Il nous faudrait un pistolet

 

La violence urbaine est une chose sérieuse

Il y a ce sentiment d’hostilité que l'on ressent et qui circule dans l'air

Il est juste que les gens s'autodéfendent

Moi, je m'achète un pistolet.

 

[Parlé] 7,65, automatique, sans permis, crosse noire quadrillée, canon court, gâchette chromée avec détente douce… clic…clic…clic !

 

En ce moment, je l'emporte le dimanche

Car les gens sont plus répandus et sortent avec leurs chiens

Et ils ne savent rien de l'objet le plus fidèle et le plus parfait

Que je tiens en main.

 

Je le sens qui descend, tire et pèse comme une pierre

Je ressens l'importance de sa présence

On se sent chez soi quand on l'a en poche

Une de ces choses qui au bon moment

Peuvent exploser et faite grand bruit.

 

Pensez que moi, même sur les oiseaux

Je ne tire jamais !

 

Moi, dans notre temps, je ne vois pas clair

Il y a un un développement énorme, une grande liberté de pensée

C'est vraiment intéressant, mais cela ne me rassure pas

J'emmène toujours mon pistolet.

 

[Parlé] 7,65, je l'ai déjà dit, gâchette sûre, j'ai déjà un rapport splendide : doux, sensible...… clic…clic…clic !

 

Je le sens un peu dur dans la poche de mon pantalon

Il me fait toujours un effet certain si froid et lisse

Je le caresse de la main et je le sens qui se réchauffe

Au contact de ma cuisse.

 

Je marche tout raide mais je me sens bien

Comme si j'étais en érection permanente

Parfois, j'entre dans un urinoir

Pour regarder un moment mon splendide objet

Personne ne peut savoir ce que je fais.

 

Pensez que moi, dans les urinoirs, je ne pisse jamais.

 

[Parlé] Eux, ils pissent, ils pissent tous, ils viennent là pour çà et ils pensent : pareil pour moi. Ils voient seulement ma nuque et mes jambes, je le tiens un peu écarté et je le regarde : beau, la crosse avec ses quadrillés...Il y en a un à côté, je sais ce qu'il fait, je vois ses jambes et sa nuque, bien portant le mec, le pli de sa nuque me sourit comme si c'était une grande bouche... Que fait-il , il se moque ? Non, je ne pisse jamais dans les urinoirs ! Donc la crosse, les quadrillés et la gâchette douce et sensible comme une petite paupière, tendre, à demi-fermée, clic… clic…[JE TIRE]

 

Nos temps de bouleversements, nos temps...

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Giorgio Gaber
18 juillet 2010 7 18 /07 /juillet /2010 09:17

LES BOÎTES PARLANTES


Version française – LES BOÎTES PARLANTES – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Le Scatole parlante – Legittimo Brigantaggio (Domenico Cicala) – 2006


La fable raconte l'histoire de deux aspics

Fatigués depuis longtemps de leur sempiternelle reptation

Pensaient « Tôt ou tard quelque chose devra changer,

Notre morsure est faible et le monde est puissant ».

« As-tu entendu parler de cet astucieux autant qu'avide

Qui a subjugué un peuple avec un venin atypique ?

C'est çà qu'il nous faut, quelque chose de puissant

Quelque chose qui soit sournois, discret, sans scrupule,

Plus la morsure normale mais quelque chose de tranchant,

Un sérum qui travaille essentiellement l'esprit ! »

Ces couleuvres irrévérencieuses y pensaient sérieusement,

Elles songeaient au pouvoir et à la gloire entre leurs dents...

« C'est l'opium des plus débiles et la lymphe des puissants

ricanent-elles envieuses face au soleil désormais brûlant.

« Il n'y a pas de temps à perdre, provoquons notre destin,

demandons au vieux sage des réponses prophétiques »,

Mais le discours de l'oracle fut autant que jamais emblématique

Et il gela subitement les deux couleuvres déjà rêveuses :

« C'est pas pour vous petits serpents, mais pour un grand poisson

Le seul capable jouer d'une telle musique

Ne tient pas ses admirateurs avec un sérum magique

Mais simplement à l'aide de boîtes parlantes ! »

Télécharmeurdeserpents, l'homme des boîtes parlantes

Télé-charmeur de serpents, l'hommedesboîtesparlantes

Nous sommes presque arrivés à la fin de la question

Revenons à nos deux couleuvres désormais déprimées au soleil.

« L'idée de ces boîtes a été malicieusement trouvée

Pour anesthésier jusqu'à la plus petite pensée. »

« Mais comment est-ce possible, où est donc l'orgueil ?

Personne ne laisserait impunie une telle embrouille ! »

« Tu ne dois pas te préoccuper, tu verras, on l'arrêtera,

Le pays des Poètes ne tombera pas dans ce piège ! »

Mais ce ne fut pas là l'issue, l'histoire est assez différente

Les boîtes parlantes ont désormais envahi ta tête !

Télécharmeurdeserpents, l'homme des boîtes parlantes

Télé-charmeur de serpents, l'hommedesboîtesparlantes

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Published by Marco Valdo M.I.

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