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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 22:44

Aux temps où Francesco Guccini écrivit et chanta l'histoire de Fantoni Cesira, c'était en 1973, la télévision était encore un service public et on n'arrivait pas aux sommets de l'État en passant par « là ». Ce qu'on appelle poliment en français, la promotion canapé existait certes, mais elle n'avait pas encore gangrené l'État et la société. On pourra faire remarquer qu'elle était déjà présente dans l'Empire romain; il est des traditions que tout Impero et tout Imperator remet invariablement au goût du jour; on pourrait même penser que c'est un signe qui les distingue entre tous.

Henry VIII changeait de femme et d'Église comme de chemise, Napoléon répudiait Joséphine, Evita succédait à Juan Manuel...


Cependant, Francesco Guccini en rapportant cette historiette de starlette ne se savait pas si prémonitoire; il n'avait pas entièrement perçu toute la portée de cette chanson. Il ne savait pas qu'au pays de l'image reine, le Sourire et les Tettes seraient les nouveaux signes du pouvoir.

Dès lors, Fantoni Cesira est une chanson éminemment politique; politique et critique.


Une petite paraphrase de Marco Valdo M.I., dont il sera le seul responsable, cela s'entend :


La morale de cette histoire du jour d'aujourd'hui est simple comme le pain

Au pays de l'argent, de la télévision et du pouvoir, il suffit d'être un peu putain.


On aurait pu intituler une version « up to date » de cette chanson : « La Fesse, le pouvoir et l'argent ».


Je me demande, dit l'âne, dans quel pays tout cela se passe... On dirait bien qu'il n'y en a pas qu'un...






FANTONI CESIRA



Chanson italienne – Fantoni Cesira – Francesco Guccini - 1973

Version française – Fantoni Cesira – Marco Valdo M.I. – 2008



Elle ... Elle s'appelait Fantoni Cesira, c'était la fille d'un alcoolique

Qui n'avait jamais un sou en poche et avait tout lâché pour le vin.

Travail et maison, fille et femme, qui ne pouvant s'accorder avec la boisson,

Car elle était abstinente, se tira une balle en 1953. Triste destin !


La pauvre jeune fille resta orpheline tandis que son père se saoulait.

Elle trouva du travail dans une usine et parfois au travail, elle rêvait.

Elle rêvait de yachts, de fourrures et d'habits, de villas et de piscines.

Dolce vita, beau monde, au cinéma comme les divas... Elle ne voulait plus d'usine !



Mais ce beau songe serait resté seulement un songe jamais réalisé,

quand au village, le jour de la fête du saint, un grand bal fut organisé.

Il y eut de la musique, des danses, des réjouissances, du spumante et des sons,

Puis à minuit, un jury choisi fit de Cesira Fantoni « miss Tétons ».




On lui ceignit la poitrine et les épaules de nœuds et de rubans de soie

sur lesquels était écrit en lettres d'or « vive les vaches laitières »

On lui offrit trente œillets et pour les voyages, un « nécessaire »

cinq flacons de shampoing et quatre billets de réduction pour le cinéma

Le soir même se présenta à Fantoni Cesira un monsieur assez distingué.

Il dit : « Vous permettez ? Je suis producteur. Votre visage m'attire, veuillez m'excuser...

Si vous le permettez, je vous accompagne; on gagne pas mal à faire du cinéma

mais ce soir-là, ce n'était certes pas au cinéma, que le producteur s'intéressa...


La brave fille consentit à perdre sa chasteté pour faire du cinéma,
mais ne perdit pas pour cela son courage; il lui restait Cinecittà !

Il laissa son fiancé, lâcha son travail, acheta un « topless » pour montrer ses seins,

elle fit placer son père à l'asile et s'en vint à Rome par le premier train.


Cesira fit cent antichambres et visita une dizaine de lits,

Certains soirs, elle fit le trottoir et même, se mit nue dans la Fontaine de Trevi.

Elle eut comme amants trois ou quatre nègres, deux secrétaires et trois cardinaux.

Un député qui la soutenait, lui fit faire un roman-photos.

La brave fille vivait bien, mais désormais elle ressentait l'appel de l'art,

pour avoir seulement un rôle dans un film, elle aurait donné n'importe quoi

Elle a étudié le bel canto, la régie, la diction, la mise en scène, tout le septième art,

Elle a couché avec trois producteurs et joué nue dans un film de Golia.


Elle a trouvé sa voie Fantoni Cesira, elle gagne des millions avec ses seins et son lit;

Elle se fait appeler Cesy Phantoni (avec ph) et veut devenir une « lady ».

Elle s'est rangée et est la maîtresse d'un producteur très influent

Il lui aura un prix « Strega » et avec elle, il produira trois ou quatre films par an.

Il est déjà marié, mais qu'importe ces bêtises quand on a du pognon,

Ils pourront faire des enfants; bientôt, à Mexico, ils se marieront.

La morale de cette histoire du jour d'aujourd'hui est simple comme le pain

pour avoir l'argent, la réputation et la gloire, il suffit d'être un peu putain.








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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 14:38

Jusqu'au milieu du siècle dernier, l'Italie rurale, celle du Sud, le Mezzogiorno, était toujours maintenue sous le régime des grandes propriétés foncières – les latifundia, héritées des usages féodaux et les paysans, pour la plupart, étaient des sans-terre, des braccianti, des journaliers, des somari, ainsi qu'ils se définissaient eux-mêmes en Lucanie « Noi, non siamo cristiani, siamo somari... », disaient-ils à Carlo Levi qui, avec Cristò si è fermato a Eboli (Le Christ s'est arrêté à Eboli), posa avec force cette question de l'abandon de la paysannerie par l'Italie, comprenez par l'État italien... Par parenthèse, le Sud s'étale encore aujourd'hui sur des continents entiers et les histoires comme celle rapportée par la chanson se retrouvent régulièrement un peu partout. La guerre contre la paysannerie pauvre est toujours en cours.

En 1950, sous la pression des revendications paysannes et dans la crainte d'une véritable révolution qui aurait pu amener l'Italie vers le socialisme, la Démocratie Chrétienne mit au jour une loi agraire que les paysans ont cru pouvoir appliquer et ont voulu appliquer à leur manière et selon leur vision du monde. En somme, vouloir appliquer la Loi est – en République – une attitude qu'on dirait aujourd'hui empreinte de la plus aimable citoyenneté; en somme, vouloir appliquer la Loi paraît relever du droit le plus élémentaire.

Mais dans la réalité des faits, il n'en fut rien. Dans les faits, la Loi était très théorique et quand elle fut appliquée, elle le fut sous le contrôle d'experts et par des des experts; pas question que les paysans puissent appliquer la loi eux-mêmes.

Plus grave encore, si on vota la Loi agraire, geste éminemment politique et électoraliste, on ne fit pas grand chose pour l'appliquer et surtout, on n'y mit aucun empressement. De plus, cette Loi visait à constituer une couche de petits propriétaires, garante de la stabilité du régime et barrage efficace contre toute tentative d'économie collective ou coopérative.

Cependant, les paysans sans terre n'étaient pas nécessairement d'humeur à se laisser lanterner de pareille façon et en divers endroits, en Sicile, en Calabre... et en Sardaigne, il y eut des tentatives d'application directe de la Loi par les paysans organisés. Elles furent réprimées de la plus dure des façons : Salvatore Carnevale fut assassiné par les mafieux; en Sardaigne, ce sont les carabiniers que les patrons envoyèrent réprimer les paysans. Il y eut des morts. La chanson « La Terre inculte » raconte un de ces épisodes. Elle est directement inspirée d'une nouvelle éponyme d'Ugo Dessy, qui savait de quoi il parlait, vivant à l'époque parmi les paysans de Sardaigne.

Cette chanson (encore une fois, sans musique, sans musicien... l'auteur n'étant que traducteur, parolier, poète ou aède...) a comme objectif aussi de renvoyer à la nouvelle originelle d'Ugo Dessy qui est bien plus riche et bien plus fournie que la chanson elle-même.



LA TERRE INCULTE



La Loi dit : les terres incultes

les terres vierges de moissons

sont à ceux qui les travaillent.

Mais plus que la Loi, les patrons

commandent aux carabiniers.


Chez Gaetano, tard le soir,

Il y a zio Antoni, l'anarchiste,

aux yeux trop noirs et trop vifs,

Franciscu, qui ne possède rien,

dit Gesù Cristu Aresti...

Et Cruccueu, avec son moignon.

Ils parlent à voix basse

Certains sur les sièges,

D'autres accroupis.


La Loi dit : les terres incultes

les terres vierges de moissons

sont à ceux qui les travaillent.

Mais plus que la Loi, les patrons

commandent aux carabiniers.


Les hommes avec leur houe et leur pelle

Les jeunes avec les pancartes et les drapeaux.

les femmes et les enfants, derrière.

Ils sont partis à l'aube.

Les sillons ouvrent la terre,

à la semence de la main de l'homme.

Une terre vierge à en rêver,

trente hectares de reflets rose bleu.

les filles de leurs mains enterrent les semis


La Loi dit : les terres incultes

les terres vierges de moissons

sont à ceux qui les travaillent.

Mais plus que la Loi, les patrons

commandent aux carabiniers.


Sur trois camions, ils sont arrivés.

Immobiles, rigides, armes pointées.

L'officier s'est avancé :

"Cette terre n'est pas à vous !"

"Nous la travaillons, donc elle est nôtre.

La Loi dit... »

L'officier crie :

"La politique ne m'intéresse pas !"

"Cinq minutes pour dégager !"


La Loi dit : les terres incultes

les terres vierges de moissons

sont à ceux qui les travaillent.

Mais plus que la Loi, les patrons

commandent aux carabiniers.


« Gens qui avez à la place du cœur un uniforme,

retournez-vous en chez vous, en paix ! »

dit le vieux au bâton planté dans la terre.

L'officier a fait signe d'avancer.

Zia Clara est tombée.

Zio Antoni est tombé.

Gésù Cristu Aresti est tombé.

À treize ans, Giorgio est tombé.

Les survivants ont fui en hurlant.


La Loi dit : les terres incultes

les terres vierges de moissons

sont à ceux qui les travaillent.

Mais plus que la Loi, les patrons

commandent aux carabiniers.


Morts, blessés et drapeaux rouges,

Ravalant la peur, les femmes devant

ils retournent. Immédiatement.

On ne laisse pas les morts à terre;

Ni les blessés, seuls, à pleurer,

de rage et de douleur.

On n'abandonne jamais personne,

ni les outils, ni les drapeaux

Jamais rien, même des lambeaux rouges…


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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 14:25
LA MINE EN FLAMMES.

 

Chanson italienne – Miniera – Gianmaria Testa – 2006

Version française – La Mine en flammes – Marco Valdo M.I. – 2008

 

 

 

Alors que dans chaque auberge mexicaine

ils dansent tous au son de l'hawaienne

Un chant vient de loin, si effroyablement triste.

C'est le mineur brun là-bas émigré.

Sa chanson est le chant d'un exilé.

Ciel d'étoiles, ciel couleur de mer

Tu es le même ciel que sur ma terre

Ramène-moi en rêve vers ma patrie

Rapporte-lui un cœur qui meurt de nostalgie


Dans la mine, tout est en flammes

Pleurent enfants, sœurs, mères et femmes

Mais le mineur au visage brun subitement

dit aux sauveteurs, si chacun est chancelant

J'irai seul en bas moi que personne n'attend



et dans la nuit, un cri soulève les cœurs

Mammas, ils sont saufs, ils reviennent, les mineurs

Il manque seulement celui au visage brun

Mais pour le sauver lui, il n'y en a aucun.

Ciel d'étoiles, ciel couleurs de mer

Tu es le même ciel que sur ma terre

Ramène-moi en rêve vers ma patrie

Porte-lui mon cœur qui meurt de nostalgie.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 19:20

À FRANCO

Chanson italienne – A Franco – F.F. Rossi

Version française - À Franco – Marco Valdo M.I. – 2008



Tu avais vingt ans et tu es mort

après une agonie de trois jours

Tu es mort en héros en silence

sans demander l'aide du bourreau.


Victime choisie par le destin

qui t'a voulu symbole de la liberté,

liberté portée par un drapeau

avec le “A” rouge sur le tissu noir.

Tu n'a jamais eu de toit

tu étais un pauvre enfant trouvé.

Ils étaient dix et ils t'ont pris,

ils t'ont massacré le cerveau.


Ils sont déversé sur toi

la peur millénaire

qu'a le pouvoir de voir

la révolte prolétaire.

Si tu es mort sans faute

comme un martyr d'autres temps

Sur ta tombe, nous nous agenouillerons

comme des fidèles dans un sanctuaire.

Ton visage encore à présent

reste gravé dans les têtes

de tout pauvre prolétaire

comme un symbole libertaire.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 17:35

UNE PETITE HISTOIRE SORDIDE


Chanson italienne – Piccola storia ignobile – Francesco Guccini – 1976

Version française – Petite histoire sordide – Marco Valdo M.I. – 2008




C'est arrivé près de vous, de chez nous, ici, là-bas, ailleurs, avant, maintenant et rares, en effet, sont ceux qui ont assumé leur devoir d'homme, c'est-à-dire ne pas laisser la femme – même la passagère du destin, celle de passage, celle qu'on a croisée un peu par hasard et qu'on a un peu par hasard marquée pour toujours – seule face à la douleur, seule face au remords. Même si dans certains pays, il n'y a plus la honte légale.


Bon sang de bonsoir, elle ne l'a pas fait toute seule et si tu t'es rapproché d'elle – même si tu n'es pas le seul à avoir goûté à ses charmes, à avoir partagé avec elle le plaisir de vie, si elle t'appelle (au secours) et elle t'appelle, sinon tu ne le saurais même pas... Si elle t'appelle, tu dois (impératif moral...), homme, l'accompagner, la secourir, l'aider et partager avec elle et face au monde, la douleur de l'enfantement rompu.

Il y a peut-être de bonnes ou de mauvaises raisons pour rompre le processus de vie, mais voilà, vous l'avez mis en branle ensemble et s'il faut l'arrêter – c'est là une décision intime et singulière – elle ne doit pas être seule face à l'angoisse. Tiens-lui la main, mon frère ! C'est la meilleure chose que tu puisses faire...

Car la comme ailleurs, l'argent ne suffit pas; l'argent ne suffit jamais à faire un homme. Il a « payé », dit la chanson. La belle affaire... Tu rigoles ? Ça change quoi ? Il a payé pour évacuer son angoisse propre, mais l'angoisse de celle qu'il laisse souffrir seule, cette angoisse-là demeure. Si tu as participé à l'action, ta simple dignité d'être humain te commande d'être là, tout entier, et de tenir la main de cette « mater dolorosa ».

Bien sûr, depuis 1974, quand cette chanson fut écrite et courage d'un homme, elle fut chantée, les choses ont évolué dans certains pays et dans le bon sens.

Certains pourtant voudraient enclencher la marche arrière.... Ne l'oublions pas, non plus.

Face à ceux là, comme face à d'autres nostalgiques de la restauration, un seul mot d'ordre : Ora et sempre : Resistenza !








Quelle petite histoire sordide qu'il m'échoit de vous conter

Si commune, si banale

qu'elle ne mérite même pas deux colonnes dans un journal

ou une musique ou des paroles un peu rimées

qu'elle ne mérite même pas l'attention des gens

Tant ils ont de choses plus importantes à faire.

Si tu l'as voulu, cela ne leur importe en rien,

Ils te l'avaient dit que tu finirais mal.


Mais si ton père savait quelle a été ta faute

Il suffoquerait de douleur.

Quelqu'un qui pouvait dire : “Je regarde tout le monde la tête haute”.

Il imagine à peine son déshonneur,

lui qui, quand tu es née, mit de côté cette bouteille

pour l'ouvrir le jour de ton mariage.

Il te voyait diplômée, il était fier de sa fille.

Si seulement il imaginait la honte.

Si seulement il imaginait la honte.

Si seulement il imaginait la honte.

Et penser à ce qu'il a fait pour ton éducation

De bonnes écoles, et peu mais de bonnes fréquentations,

élevée dans les valeurs de la famille et de la religion

d'obéissance, de chasteté et de bonnes manières.

Dis-moi alors ce que tu as fait, qui te l'as mis en tête

ou dis-moi où et quand tu l'as appris

toi qui n'a jamais vu à la maison une chose qui ne fût pas honnête

Et de certaines choses, on n'a même jamais parlé.

Et de certaines choses, on n'a même jamais parlé.

Et de certaines choses, on n'a même jamais parlé.


Et ta mère, ta mère, comme mère l'a deviné,

Elle sait lire comme mère dans chacun de tes regards.

Tu dois lui demander pardon, dire que tu t'es repentie,

que tu as compris, que tu regrettes ton erreur.

Mais comment vas-tu faire pour lui dire que personne ne t'a forcée

Ou lui dire que tu éprouvais même du plaisir.

Cela elle ne pourra pas le comprendre, car elle, en femme honnête,

elle l'a presque toujours fait par devoir.

Elle l'a presque toujours fait par devoir.

Elle l'a presque toujours fait par devoir.


Et ne dis pas de mal de lui, tu as encore eu de la chance.

Dans ce cas-là, tu sais, beaucoup le font.

Si, je le sais, dès que tu l'as dit, comme ça se fait, il t'a laissée

Mais il t'a trouvé l'adresse et les sous.
Puis, il a raison, tu ne peux pas démontrer que c'était de lui,

et puis, tu n'es même plus mineure

et dès lors, cette faute est entièrement la tienne.

Nous la loi ne nous poursuit pas.

Nous la loi ne nous poursuit pas.

Nous la loi ne nous poursuit pas.

Et ainsi tu t'es retrouvée sur une table de marbre

désirant presque mourir

comme un animal à l'abattoir, tu hurlais

mais ton cri ne pouvait presque pas sortir

et ainsi entre peur et remords, tu te retrouvais

vraiment seule entre les mains d'autrui

Et tu pensais en sentant ces morsures dans ta chair

à ton père, à ta mère et à lui aussi.

À ton père, à ta mère et à lui aussi.

À ton père, à ta mère et à lui aussi.

Mais quelle petite histoire sordide, tu es venue me raconter,

Je ne vois vraiment pas ce que je peux faire.

Te dire une phrase d'usage pour essayer de te consoler

Ou te dire : “Désormais, c'est fait, n'y pensons plus !”

C'est une chose qui ne peut faire une chanson à succès.

Elle ne vaut pas deux colonnes dans un journal.

Toi, tu l'as voulu, mais que veux-tu y faire maintenant

et les politiciens ont bien d 'autres choses à penser.

Et les politiciens ont bien d 'autres choses à penser.

Et les politiciens ont bien d 'autres choses à penser.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 17:28

ÉMIGRÉ LÀ-BAS EN GERMANIE.


Chanson italienne – Emigrato su in Germania – Gianni Nebbiosi – 1972

Version française – Émigré là-bas en Germanie – Marco Valdo M.I. – 2008




Une chanson où sont condensés divers thèmes : l'émigration, le malaise psychique, la solidarité entre exclus, la rébellion contre le pouvoir qui emprisonne et tue les esprits et les corps.

Une très étrange figure, celle du professeur Gianni Nebbiosi. Romain, psychiatre et psychanalyste réputé, dans les années 60-70 son discours de lutte pour une psychiatrie démocratique (qui s'inséra dans le mouvement qui conduisit à la loi Basaglia) le conduisit même à ... empoigner la guitare comme arme, dans ce vaste mouvement de la chanson politique et militante actif à cette époque. Il composa et chanta ainsi quelques (stupéfiantes) chansons qui parlaient des conditions inhumaines du malade mental en Italie, rassemblées dans l'album « E ti chiamaron matta » (1972) [ Et ils te diront folle], contenant également « E qualcuno poi disse » [Et quelqu'un dit ensuite], sans doute la chanson la plus fameuse de Nebbiosi.... Par la suite, Nebbiosi retourna à sa profession, mais restent une quinzaine de chansons pour la plupart tellement inoubliables...

Riccardo Venturi.







Émigré là-bas en Germanie

Je sens mon cœur qui défaille

Je ressens l'étrangeté des choses, des gens

et même, à la fin, de l'esprit.



Et je finis à l'hôpital

pour cette maladie mentale.

J'y ai trouvé, avec stupeur,

quelqu'un qui parle comme un seigneur.



Il raconte certains faits

de romans et de portraits,

et de poètes et de personnes

dont je ne connais pas le nom.



Moi, je lui parle de chantiers

et de mes trop nombreux métiers,

de sueur et de fatigue,

de choses qu'il ne sait même pas.



Mais nous nous écoutons

et on dirait qu'on apprend

pourquoi nous avons été exclus

pourquoi ils nous ont enfermés.



C'est ainsi que l'autre matin

quand ils ont étranglé

et frappé tant et plus

un qui s'était pissé dessus.



Nous nous sommes regardés en face

et puis, après, à l'improviste,

plus esclaves, plus étrangers,

nous sautâmes sur le dos des infirmiers.

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 10:02
TITANIC

Chanson italienne – Titanic – Francesco De Gregori – 1982

Version française – Titanic – Marco Valdo M.I. – 1982




Variante dans le texte : dans les versions chantées, la fille de première classe est plus dépouillée et elle dit «  avant d'arriver, je me ferai baiser » et aussi « pour se caser on va en Amérique »...

Nous prendrons ces variantes comme base du texte, vu que ce sont elles qui sont « vraiment » chantées...




La première classe coûte mille lires

la seconde cent, la troisième douleur et épouvante.

Et puanteur de sueur de l'écoutille

et odeur de mer morte.

Monsieur le Capitaine écoutez-moi,

j'ai de belles et bonnes mille lires,

je veux voyager en première classe

sur cette mer splendide.

Voici ma fille qui a quinze ans

et qui a acheté un chapeau à Paris,

si vous nous invitez à votre table pour le dîner ce sera très bien

et avec l'orchestre qui nous accompagne avec ces nouveaux rythmes américains,

nous saluerons la Grande Bretagne notre verre à la main

et la glace au-dedans du verre nous ferons un toast tintinnabulant

à ce voyage véritablement mondial, à cette lune gigantesque.


Mais qui a dit qu'en troisième classe,

qu'on voyage mal, en troisième classe.

Cette couchette semble un lit à deux places,

on y est mieux qu'à l'hôpital.

Nous on nous a toujours appelés « cafoni » [culs terreux, paysans ...],

mais ici, on nous traite de messieurs,

quand il pleut, on peut rester à l'intérieur,

mais avec le beau temps, nous sortons

sur cette mer noire comme le pétrole

pour admirer cette lune de métal

et quand résonnent les sirènes on dirait presque le chant du coq.

On dirait presque que la glace que nous avons dans le cœur

petit à petit s'en va se dissoudre

dans la fumée de ce vapeur

de ces vacances en haute mer.

Et tourne, tourne, tourne, tourne l'hélice

et tourne tourne qu'il pleuve ou qu'il neige,

pour nous autres les gars de troisième classe

qui vont en Amérique pour ne pas mourir.

Et le marconiste sur sa tour,

de ses longs doigts célestes dans l'air,

recevait des messages de félicitations

pour cette croisière extraordinaire.

Et il transmettait saluts et espoirs

dans presque toutes les langues du monde,

il communiquait avec Vienne et Chicago

en un peu moins d'une seconde.


Et la fille de première classe,

amoureuse de son propre chapeau,

quand au soir, elle le vit danser, elle le trouva soudain si beau.

Peut-être à cause de ces yeux de glace

si difficiles à éviter,

elle pensa “ Peut-être avec un peu de courage,

avant d'arriver, je me ferai baiser”.


Et comme elle est belle la vie ce soir,

entre l'amour qui tire et un père qui prêche,

pour nous, filles de troisième classe,

qui pour nous marier allons en Amérique

pour nous, filles de troisième classe

qui pour nous caser allons en Amérique.


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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 09:57


PRENDS CETTE MAIN, GITANE !




Prends cette main, gitane, dis-moi quel futur j'aurai.

A présent que le vent emporte les feuilles et la pluie, le feu va fumer.

Et qu'il y a quelqu'un qui dit : Regarde ! Un qui dit : Où ?, un qui dit : Qui sait ?

Il y a l'eau qui s'arrête, l'eau qui bouge, l'eau qui s'en va.

Prends cette main, gitane, lis-la autant que tu veux.

Lis-la jusqu'au bout, lis-la comme tu peux.


Prends cette main, gitane, dis-moi encore combien il nous reste de vie.

De combien d'années sera fait le temps, et à quoi il ressemblera.

Aura-t-on des voitures ou des brins d'herbe ?

Y aura-t-il de numéros à retenir ?

Y aura-t-il des barques à repeindre ?

Y aura-t-il des arbres à planter ?


Prends cette main, gitane, raconte-moi comment est l'obscur.

La nuit est longue à traverser, fais-moi place à côté de toi.

Tes yeux resplendissent dans le noir.

Ta bouche et tes doigts parlent.

Ton anneau retourné s'illumine.

A la lumière de l'enseigne de l'hôtel en face

Tes dents et ton dos brillent

tandis que tes sens scintillent, dans l'obscurité.

Prends cette main, gitane. Fais-moi place près de toi.

La nuit est longue à traverser, fais-moi place près de toi.

Tes yeux sourient dans l'ombre.

Tes cartes s'ouvrent, nos mains se mêlent

Et le présent et l'infini dans l'obscur se confondent.

Tandis que tes sens répondent, dans l'immensité.


Francesco De Gregori – Prendi questa mano, zingara. - 1996.

Version française : Marco Valdo M.I. - Prends cette main, gitane. - 2008

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29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 09:47

 


Evelin Bandelli. La foto ci è stata spedita da Gildo dei Fantardi, che ringraziamo di cuore.

Evelin Bandelli.


LETTRE À MON PÈRE

Chanson italienne – Lettera a mio padre – Evelin Bandelli

Version française – Lettre à mon père – Marco Valdo M.I. – 2008



Evelin Bandelli est la fille d'Alfredo Bandelli, lui-même chanteur, même chantauteur engagé, d'autres diraient prolétarien. La fille a repris le flambeau de la chanson socio-politique et présente ici celui qui sans aucun doute fut en chanson aussi, son père.

Cette chanson est aussi à la fois, une déclaration d'amour et une profession de foi – qu'on se rassure ! – une profession de foi prolétarienne, antifasciste. Simplement, une très belle chanson...

Mais une chanson rare par ce qu'elle révèle de la relation père – fille quand elle s'instaure au fil du temps, dans la durée et sans doute, au-delà de certaine séparation inévitable.

Ces deux-là se retrouveront, c'est sûr ! (M.V.M.I.)





Je me rappelle tes yeux noirs

et ton regard limpide et sincère

tes yeux pleins de nobles pensées

dirigés droit vers le futur

Je voudrais te dire à présent que j'ai trente ans

que je suis femme, mère et aussi, épouse

je voudrais te dire que je n'ai plus d'angoisses

que je sais répondre à mes désirs

Mais la vie est dure comme dans le temps

et les patrons n'ont jamais disparu

Et même, armés de drapeaux, ils passent à l'attaque

et redonnent vie à ces partis

ces partis qui en ont fait de belles.

Ils nous ont tué et volé avec orgueil,

ils ont repris leurs étendards dans leurs fosses

Ils ont porté la semence pourrie à germer

mais quelque chose prend naissance en mon cœur

Une rage que je sens en dedans,

je ressens la fureur de ton chant

Qui frappe ce fasciste en plein dans le mille

Je me rappelle quand tu chantais

Les chansons nées de tes pensées

Je me rappelle quand tu t'en allais

puis, tu revenais, comme si c'était hier;

Tu posais tes mains grandes comme le monde

et en elles, je disparaissais

et je rêvais de te voir faire la ronde

avec maman et certainement, toujours vivant

mais toujours, la vie est remplie de surprises

Je sais qu'un jour nous nous reverrons encor

et heureux de partir vers de nouvelles aventures,

nous chanterons sans dire un mot.

Tu posais tes mains grandes comme le monde

et je disparaissais en elle

nous chanterons ensemble une ronde

et nous dirons à tous que tu es vivant.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Bandelli
29 octobre 2008 3 29 /10 /octobre /2008 09:39
LES NOUVEAUX ÉMIGRANTS PARTENT.



Chanson italienne – Partono i nuovi emigranti – Evelin Bandelli

Version française – Les nouveaux émigrants partent – Marco Valdo M.I. – 2008

... L'argument de cette chanson est tiré du fait que dans le courant du voyage d'émigrants clandestins venus d'Afrique vers l'île sicilienne de Lampedusa, en vue de Lampedusa, une enfant de quelques années était morte dans les bras de sa mère; les marins, sans aucune retenue, ni égard, arrachèrent cette petite des bras de la mère et la jetèrent par dessus bord. Peu après, ma mère bouleversée de douleur, se jeta dans les eaux glacées pour tenir compagnie à sa petite. Ce fait avait ému Evelin et par cette chanson, elle raconte le souvenir et la douleur de celui qui cherche à trouver des conditions de vie meilleures.

Comme dit un journal suisse : à « Lampedusa, ce confetti d'Italie, au large de la Sicile - plus proche de Tunis que de Palerme », cette année (2008 – mois de septembre) plus de 15.000 réfugiés sont arrivés par la mer. L'endroit est conçu pour accueillir environ 800 personnes, or depuis le début de l'été, on y compte près de 2000 réfugiés. Libye-Lampedusa, l'autoroute de la mer. [Marco Valdo M.I. rappelle : une autoroute de terre conduit aussi à Dachau, par exemple.] Ils proviennent d'Ethiopie, de Somalie, du Maghreb, d'Irak, d'Afghanistan et même du Sri Lanka et fuient les conflits et la famine ou rêvent simplement d'une vie meilleure.

Les Suisses s'inquiètent d'un tel « déferlement »... Soyons sérieux un instant : il y a environ 400.000.000 de personnes en Europe et 8.000.000 en Suisse. Un « déferlement » de 15,000 personnes... Disons simplement que les Suisses n'aiment pas les émigrants; les Italiens, qui y ont émigré, le savent bien. Précisions : les Suisses n'aiment pas les émigrants pauvres. Les Suisses aiment les émigrants riches et plus encore, les émigrants très riches.

Mais il ne faut pas jeter la pierre aux Suisses (d'abord, ils ont déjà assez de cailloux comme ça dans leur paysage – Rasez les Alpes qu'on voie la mer !, criaient les jeunes Suisses quand ils jouaient à la révolution à la fin des années 60). Dans tous les États d'Europe, c'est pareil. C'est un comportement de nantis, c'est un réflexe de peur, c'est un signe aigu d'imbécillité. Si seulement, ils pensaient un instant : Et si c'était moi ce réfugié, moi que la vie pousse au bout du désert et de la mer...? Mais ils ne pensent pas, voilà tout : ce qui est précisément l'imbécillité.

Comme on peut le voir, cette chanson est toujours d'actualité et semble-t-il, elle le restera longtemps encore.

Son titre cependant renvoie à la chanson « Les émigrés partent » d'Alfredo Bandelli, le père d'Evelin. La coïncidence de ces deux chansons, qui se font écho dans le temps, rappelle aux Italiens que des Italiens aussi furent des émigrants, eux aussi mal accueillis, eux aussi objets de sarcasmes, de mauvais traitements et de racisme.



Il vient de loin ce bateau

chargé de personnes

Il vient de l'Orient ou peut-être du Sud

On dirait qu'il veut couler


Ils laissent mères pères et même enfants

à la recherche d'une vie meilleure

pour un rêve en tête et la faim au cœur

Ils partent pour venir ici

Vois-le ondoyer dans le vent

avec cette charge de haine et de faim

qui implore pitié
Vois-le naviguer dans le vent

le marin qui a pris jusqu'à leur cœur

et leur dignité


Sur cette grande mer aux vagues gigantesques

on dirait que les rêves se sont brisés

Une mère pleure sa propre fille

Elle sait que ça n'ira pas


Vois-le balancer dans le vent

Il y a une fillette entre les vagues et les flots

qu'on jette dans la mer

Vois-le voyager dans le vent

Il y a une mère qui suit sa fille

au fond de la mer


L'histoire est la même qu'il y a cent ans

On meurt de faim ou on part de là

et derrière le calvaire de celui qui part

il y a certainement quelqu'un qui y gagnera


Vois-le ondoyer dans le vent

ou on meurt de faim et de peines

ou on meurt en mer.

Vois-le balancer dans le vent

Il y en a qui arriveront en terre étrangère

Mais ils seront esclaves.



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Published by Marco Valdo M.I. - dans Bandelli

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