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30 octobre 2008 4 30 /10 /octobre /2008 22:44

Aux temps où Francesco Guccini écrivit et chanta l'histoire de Fantoni Cesira, c'était en 1973, la télévision était encore un service public et on n'arrivait pas aux sommets de l'État en passant par « là ». Ce qu'on appelle poliment en français, la promotion canapé existait certes, mais elle n'avait pas encore gangrené l'État et la société. On pourra faire remarquer qu'elle était déjà présente dans l'Empire romain; il est des traditions que tout Impero et tout Imperator remet invariablement au goût du jour; on pourrait même penser que c'est un signe qui les distingue entre tous.

Henry VIII changeait de femme et d'Église comme de chemise, Napoléon répudiait Joséphine, Evita succédait à Juan Manuel...


Cependant, Francesco Guccini en rapportant cette historiette de starlette ne se savait pas si prémonitoire; il n'avait pas entièrement perçu toute la portée de cette chanson. Il ne savait pas qu'au pays de l'image reine, le Sourire et les Tettes seraient les nouveaux signes du pouvoir.

Dès lors, Fantoni Cesira est une chanson éminemment politique; politique et critique.


Une petite paraphrase de Marco Valdo M.I., dont il sera le seul responsable, cela s'entend :


La morale de cette histoire du jour d'aujourd'hui est simple comme le pain

Au pays de l'argent, de la télévision et du pouvoir, il suffit d'être un peu putain.


On aurait pu intituler une version « up to date » de cette chanson : « La Fesse, le pouvoir et l'argent ».


Je me demande, dit l'âne, dans quel pays tout cela se passe... On dirait bien qu'il n'y en a pas qu'un...






FANTONI CESIRA



Chanson italienne – Fantoni Cesira – Francesco Guccini - 1973

Version française – Fantoni Cesira – Marco Valdo M.I. – 2008



Elle ... Elle s'appelait Fantoni Cesira, c'était la fille d'un alcoolique

Qui n'avait jamais un sou en poche et avait tout lâché pour le vin.

Travail et maison, fille et femme, qui ne pouvant s'accorder avec la boisson,

Car elle était abstinente, se tira une balle en 1953. Triste destin !


La pauvre jeune fille resta orpheline tandis que son père se saoulait.

Elle trouva du travail dans une usine et parfois au travail, elle rêvait.

Elle rêvait de yachts, de fourrures et d'habits, de villas et de piscines.

Dolce vita, beau monde, au cinéma comme les divas... Elle ne voulait plus d'usine !



Mais ce beau songe serait resté seulement un songe jamais réalisé,

quand au village, le jour de la fête du saint, un grand bal fut organisé.

Il y eut de la musique, des danses, des réjouissances, du spumante et des sons,

Puis à minuit, un jury choisi fit de Cesira Fantoni « miss Tétons ».




On lui ceignit la poitrine et les épaules de nœuds et de rubans de soie

sur lesquels était écrit en lettres d'or « vive les vaches laitières »

On lui offrit trente œillets et pour les voyages, un « nécessaire »

cinq flacons de shampoing et quatre billets de réduction pour le cinéma

Le soir même se présenta à Fantoni Cesira un monsieur assez distingué.

Il dit : « Vous permettez ? Je suis producteur. Votre visage m'attire, veuillez m'excuser...

Si vous le permettez, je vous accompagne; on gagne pas mal à faire du cinéma

mais ce soir-là, ce n'était certes pas au cinéma, que le producteur s'intéressa...


La brave fille consentit à perdre sa chasteté pour faire du cinéma,
mais ne perdit pas pour cela son courage; il lui restait Cinecittà !

Il laissa son fiancé, lâcha son travail, acheta un « topless » pour montrer ses seins,

elle fit placer son père à l'asile et s'en vint à Rome par le premier train.


Cesira fit cent antichambres et visita une dizaine de lits,

Certains soirs, elle fit le trottoir et même, se mit nue dans la Fontaine de Trevi.

Elle eut comme amants trois ou quatre nègres, deux secrétaires et trois cardinaux.

Un député qui la soutenait, lui fit faire un roman-photos.

La brave fille vivait bien, mais désormais elle ressentait l'appel de l'art,

pour avoir seulement un rôle dans un film, elle aurait donné n'importe quoi

Elle a étudié le bel canto, la régie, la diction, la mise en scène, tout le septième art,

Elle a couché avec trois producteurs et joué nue dans un film de Golia.


Elle a trouvé sa voie Fantoni Cesira, elle gagne des millions avec ses seins et son lit;

Elle se fait appeler Cesy Phantoni (avec ph) et veut devenir une « lady ».

Elle s'est rangée et est la maîtresse d'un producteur très influent

Il lui aura un prix « Strega » et avec elle, il produira trois ou quatre films par an.

Il est déjà marié, mais qu'importe ces bêtises quand on a du pognon,

Ils pourront faire des enfants; bientôt, à Mexico, ils se marieront.

La morale de cette histoire du jour d'aujourd'hui est simple comme le pain

pour avoir l'argent, la réputation et la gloire, il suffit d'être un peu putain.








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Published by Marco Valdo M.I. - dans Francesco Guccini

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