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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 21:35

 

LE FANTÔME DE L'ONCLE GAÉTAN

 

Version française - LE FANTÔME DE L'ONCLE GAÉTAN – Marco Valdo M.I. – 2011

d'après la version italienne de Gian-Piero Testa

d'une chanson en comasque laghée de Davide Van De Sfroos – El Fantasma Del Ziu Gaetan – 2005

 

Un « antipiero », un soldat que, comme souvent il arrive, la guerre a aigri. Mais Davide Van De Sfroos n'en fait ni un héros ni un antihéros. Il en fait ce à quoi il est à présent réduit : un fantôme des temps passés (passés ?), qui arrive encore à horrifier les femmes et les enfants, par son portrait livide qui se trouve dans la vieille et laide villa sur les rives du lac de Côme. Parti on ne sait comment à la guerre de Crimée, il est tombé dans la folle charge de Balaklava (un des plus sublimes exemples de sottise militaire), il a cherché inutilement à tromper la mort qui n'a pas trouvé son cœur laissé chez lui avec son âme au moment de partir. Et à présent, c'est un sulfureux spectre d'Halloween. Descends-le Piero.

 

[Pour la petite histoire, à l'insensée charge de Balaklava (mieux connue sous le nom de « charge de la brigade légère », un massacre...) il est certain que participa, sans y être tenu comme officier d'accompagnement de l'armée sarde, le futur général et puis ministre dans le cabinet Lanza, Giuseppe Gaetano (lui aussi) Govone (1825-1872), peut-être le personnage le moins « dérangé » de la désolante histoire des armes italiennes. Assez sage pour avoir soutenu la diminution des dépenses militaires, il fut tellement persécuté par la caste militaire, qu'il démissionna à demi-fou et, à la fin, se suicida.] (Gpt)

 

 

 

Dans cette maison, il a embouteillé son cœur avant de partir pour cette guerre

Mais quelqu'un a bu la bouteille et l'a fracassée contrer le mur.

 

C'est inutile à présent qu'on attache ta feuille à sa branche

Car après ce coup de brise arrive l'ouragan...

 

C'est le fantôme de l'oncle Gaétan un sabre à chaque main

Il est revenu de Balaklave avec des yeux de lave

Sur l'épaule il a une dame blanche et son cheval est vert de gris

Ses moustaches goudron et sa face couleur safran

C'est le fantôme de l'oncle Gaétan, c'est le fantôme de l'oncle Gaétan

 

Ils lui ont tiré quarante mille fois dessus avec six cents autres

La mort passait la faux, mais lui s'abaissait

Et canonnades, fumée, tempête de sable, de plomb et d'os

La mort offrait sa faux à qui lui tirait dessus...

Mais chaque coup qui trouait l'uniforme semblait lui donner plus de force

Quand l'âme est distante, il est difficile au corps de s'éteindre

Et badaboum à la fin la mort a mordu plus fort encore

Mais elle n'a pas trouvé son cœur et lui est là, à présent...

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Van De Sfroos Davide
2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 15:44

 

PAUVR' ITALIE

Version française – PAUVR' ITALIE – Marco Valdo M.I. – 2010

D'après la version italienne de Gian-Piero Testa d'une chanson en lombard de Davide Van De Sfroos – Poor'Italia – 1995

 

 

Si j'ai bien compris la note de Gian-Piero Testa, cette chanson au moment où elle a été écrite (vers 1995), visait les représentants de la Démocratie Chrétienne qui tenaient le pouvoir depuis des décennies. Les choses devaient changer, des « nouveaux » devaient arriver pour faire du « nouveau ». Et de fait, il y a eu du nouveau, ce fut Silvio B. (Meno male...) et la Lega du Nord. Pour du nouveau, ce fut du neuf. À bien y repenser, Lampedusa a raison de faire dire à Tancrède : « Il faut que tout change pour que tout reste pareil » (« Se vogliamo che tutto rimanga come è, bisogna che tutto cambi!" ) et donc plus exactement : « Si l'on veut que tout reste en l'état, il faut que tout change ». De fait, on a changé les marionnettes, mais la pièce est toujours la même.

 

Cette phrase de Tomasi di Lampedusa, par ailleurs prince et écrivain sicilien, mon cher Marco Valdo M.I., dit Lucien l'âne en relevant son échine, me paraît tout indiquée. C'est la phrase-clé par excellence. Le podestà est ressuscité en sindaco; ce sont toujours les gens du même bord qui restent aux commandes. En somme, il s'agit à nouveau d'un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans (Milan ?) que les riches font aux pauvres pour assurer leur domination et garantir leurs richesses sans cesse croissantes.

 

Avant d'aller plus loin, mon cher Lucien l'âne mon ami, je reviens à cet écrivain sicilien et à l'acuité de sa vision des choses... Elle est proprement stupéfiante. L'ironie en effet est qu'elle s'applique aussi bien à ces gens du « Nord »... La Sicile de Tomasi (celle d'il y a un siècle et demi) serait-elle le prototype de la grande Padanie contemporaine ?

 

Enfin, tout est relatif..., dit Lucien l'âne en riant de tout son piano blanc, ourlé de lèvres roses. Ces Padaniens, ces Lombards, ils sont franchement au sud, pour nous; en quelque sorte, on est toujours au nord ou au sud de quelqu'un d'autre...

 

En effet, tout est relatif... Remarque, Lucien l'âne mon ami, que s'applique encore mieux à ces gens-là, la phrase suivante, toujours de Giuseppe Tomasi di Lampedusa : «Noi fummo i Gattopardi, i Leoni; quelli che ci sostituiranno saranno gli sciacalletti, le iene; e tutti quanti Gattopardi, sciacalli e pecore continueremo a crederci il sale della terra.», que je te traduis illico comme suit : « Nous fûmes les Guépards, les Lions; ceux-là qui nous remplacerons, seront des chacals, des hyènes; et tout comme des Guépards, chacals et brebis continueront à se prendre pour le sel de la terre ».

 

Décidément, les Canuts avaient raison... Tissons le linceul de ce vieux monde peu ragoûtant et cacochyme.

 

Ainsi parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Et ils savent tout eux, ils font tout eux

Escrocs et canailles, vieux barbus et docteurs

Ils font le monde

Tandis qu'ils sont à table,

Ils deviennent aimables

Quand ils arrivent à rouler.

Toujours verts de colère,

Toujours prêts à vendre même de la merde,

Toujours prêts à faire la chose juste,

Mais derrière leur dos, le fouet est prêt.

Ils vont en Thaïlande coucher avec des gamines

Et ils frappent la leur quand elle fume une cigarette.

 

Et ils disent pauvr'Italie, pauvre'Italie.
Et ils disent pauvr'Italie, pauvre'Italie.

Et ils disent pauvr'Italie, pauvre'Italie, pauvr'Italie, pauvre'Italie

Avec la croix prête pour qui faute.

 

Prêts à tirer sur qui tente de faire quelque chose.

Au moindre problème,

Ils s'en débarrassent en vitesse.

Dès le lever du soleil, ils se chient dessus

C'est leur philosophie pour croire d'être en forme.

 

Et ils se scandalisent car il y a la guerre

Et ils foutent leurs enfants dans la merde.

Ils te regardent crever la caméra à la main

Et puis se réfugient tous dans l'église.

Ils ont volé tout ce qui pouvait être volé

On les met en prison, ils se mettent à braire...

Si quelque chose va de travers,

Ils s'en prennent au gouvernement,

Si tout va mal;

Ils s'en prennent au Père Éternel.

Quand il fait chaud, ils veulent l'hiver,

S'il fait froid, ils veulent l'enfer.

Ils veulent le calme et font du chambard

Ils achètent tout

Et rien ne leur va jamais bien,

Ils disent que personne ne peut les commander

Et ils font tout ce que

L'on dit à la télévision.

Ils passent leur vie à pisser contre le vent

Car la chose qui importe est de n'être jamais contents.

Toujours au premier rang

Quand la bataille est finie.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Van De Sfroos Davide
13 janvier 2010 3 13 /01 /janvier /2010 11:38

LE FILS DE GUILLAUME TELL

 

Version française – LE FILS DE GUILLAUME TELL – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson suisse-italienne ( en italien – Côme) – Il Figlio di Guglielmo Tell – Davide Van De Sfroos – 1999

 

 

 

Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national

Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.

 

 

 

 

 

Ah, ah, ah, ah, dit Lucien l'âne dans un braiment hallucinant à réveiller les morts, même suisses, des kilomètres à la ronde.

 

Dis, Lucien l'âne comique, qu'est-ce qui te prend ? Pourquoi brais-tu ainsi, demande Marco Valdo M.I.? Tu hallucines, tu as mangé quoi ?

 

Ben, de l'herbe, comme d'habitude... De l'herbe forte, de l'herbe dure... Du chiendent, des chardons, quelques pousses d'angélique, que sais-je... ce que je trouve le long de mon chemin... Pour le reste, je ne brais pas, je ris.

 

Et pourquoi ? Et si fort surtout...

 

C'est à cause du fils de Guillaume Tell...

 

Mais enfin, il doit être mort depuis longtemps, le fils de Guillaume Tell... Si je me souviens bien, il devait vivre vers 1350...

 

Oui, ça, je le sais, je l'ai même promené sur mon dos et on avait fait une jolie promenade autour du lac des Quatre Cantons... Mais je ris à cause de la chanson de Van de Sfroos... Elle est vraiment très drôle...

 

En effet... Je la découvre comme toi cette histoire bien connue du chapeau du bailli que Guillaume ne voulut pas saluer et tout ce qui s'ensuivit. La Suisse et tout çà... Les banques, le paradis des riches, l'impitoyable capitalisme à la Suisse, comme Nestlé par exemple... « ... Et de richissimes Américaines dans de richissimes palaces soignées par de richissimes docteurs jugés par de richissimes magistrats. Et tout ce monde roule roule dans de richissimes voitures. A carrosseries bien ouvragées immatriculées. ... », une Suisse comme la décrit Hélène Bessette dans sa Suite Suisse et puis, si ces Suisses respectaient leur propre légende de montagnards et de défense de la qualité de l'alpage, de ses habitants et de son paysage... ce serait dans la ligne de ce Guillaume mythique... Mais regarde ce qu'ils font à ce Guillaume Tell écologiste qu'est Marco Camenisch... Depuis les années qu'ils le tiennent serré en prison... Non, la Suisse n'est pas ce qu'elle aurait dû être dans sa légende généreuse de ce Guillaume montagnard repoussant le pouvoir et la domination, de ce défenseur des paysans libres de l'arc alpin... Cela dit, cette chanson, moi aussi, elle me fait beaucoup rire ( j'aime beaucoup l'abricot... C'est très suisse l'abricot...) et ce Guillaume Tell d'opérette, complètement bourré qui fout une trouille phénoménale à son fils... Un héros national « al rovescio »... « à l’envers »… Un efficace anti-mythe... le nationalisme plaqué or s'effondre sous le rire... Pour ce que rire est le propre de l'homme... Une autre manière de tisser le linceul de ce vieux monde avaricieux et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

Je suis le fils de Guillaume Tell, qui était un grand homme

Mais voilà, de moi, les gens ne souviennent pas, même pas de mon nom

Et pensez que c'était moi, ce garçon avec la pomme sur la tête

Et je ne pouvais pas trembler et je priais : « Espérons qu'il la touche... »

Et les gens me regardaient tous, ils me regardaient de leur fenêtre

Tous les yeux me fixaient, mais moi, je regardais l'arbalète...

 

« Papa, papa... Si on essayait avec une pastèque... »

« Il ne faut pas douter de moi, mon fils, tu sais que ça me fâche ! »

« Papa, papa... Au moins avec un melon... »

« C'est pas possible, mon fils, tu le sais... et puis, ce n'est pas la saison... »

« Papa, papa... Alors avec un pamplemousse... »

« Ne crains rien, mon fils; ton papa s'appelle Guillaume ! »

 

À y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell

Car depuis ce jour-là, je me promène avec un lange

Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national

Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.

 

Papa était déjà au fond, déjà il réglait la mire

Et moi, j'avais des sueurs froides car il continuait à boire, à boire des bières...

« Arrête de boire, papa, autrement tu vas voir double »

« N'aie pas peur mon fils, au pire... je te tue ! »

Voilà, je l'entends... Je le sens... Là, il tire !

Quel est le rigolo qui a dit

Comme qui dirait :

« On essaye avec un abricot? »

 

À y penser, ce n'est pas si bien ... d'être le fils de Guillaume Tell

Car depuis ce jour-là, je me promène avec un lange

Moi, je suis content pour mon papa, qui est devenu un héros national

Mais depuis lors, quand je vois une pomme, je me sens mal... mais mal.

 

Je suis le fils de Guillaume Tell

Qui ne s'est jamais abaissé à saluer un chapeau.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Van De Sfroos Davide

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