LE FANTÔME DE L'ONCLE GAÉTAN
Version française - LE FANTÔME DE L'ONCLE GAÉTAN – Marco Valdo M.I. – 2011
d'après la version italienne de Gian-Piero Testa
d'une chanson en comasque laghée de Davide Van De Sfroos – El Fantasma Del Ziu Gaetan – 2005
Un « antipiero », un soldat que, comme souvent il arrive, la guerre a aigri. Mais Davide Van De Sfroos n'en fait ni un héros ni un antihéros. Il en fait ce à quoi il est à présent réduit : un fantôme des temps passés (passés ?), qui arrive encore à horrifier les femmes et les enfants, par son portrait livide qui se trouve dans la vieille et laide villa sur les rives du lac de Côme. Parti on ne sait comment à la guerre de Crimée, il est tombé dans la folle charge de Balaklava (un des plus sublimes exemples de sottise militaire), il a cherché inutilement à tromper la mort qui n'a pas trouvé son cœur laissé chez lui avec son âme au moment de partir. Et à présent, c'est un sulfureux spectre d'Halloween. Descends-le Piero.
[Pour la petite histoire, à l'insensée charge de Balaklava (mieux connue sous le nom de « charge de la brigade légère », un massacre...) il est certain que participa, sans y être tenu comme officier d'accompagnement de l'armée sarde, le futur général et puis ministre dans le cabinet Lanza, Giuseppe Gaetano (lui aussi) Govone (1825-1872), peut-être le personnage le moins « dérangé » de la désolante histoire des armes italiennes. Assez sage pour avoir soutenu la diminution des dépenses militaires, il fut tellement persécuté par la caste militaire, qu'il démissionna à demi-fou et, à la fin, se suicida.] (Gpt)
Dans cette maison, il a embouteillé son cœur avant de partir pour cette guerre
Mais quelqu'un a bu la bouteille et l'a fracassée contrer le mur.
C'est inutile à présent qu'on attache ta feuille à sa branche
Car après ce coup de brise arrive l'ouragan...
C'est le fantôme de l'oncle Gaétan un sabre à chaque main
Il est revenu de Balaklave avec des yeux de lave
Sur l'épaule il a une dame blanche et son cheval est vert de gris
Ses moustaches goudron et sa face couleur safran
C'est le fantôme de l'oncle Gaétan, c'est le fantôme de l'oncle Gaétan
Ils lui ont tiré quarante mille fois dessus avec six cents autres
La mort passait la faux, mais lui s'abaissait
Et canonnades, fumée, tempête de sable, de plomb et d'os
La mort offrait sa faux à qui lui tirait dessus...
Mais chaque coup qui trouait l'uniforme semblait lui donner plus de force
Quand l'âme est distante, il est difficile au corps de s'éteindre
Et badaboum à la fin la mort a mordu plus fort encore
Mais elle n'a pas trouvé son cœur et lui est là, à présent...