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6 février 2012 1 06 /02 /février /2012 21:30

CENDRES

Version française – CENDRES – Marco valdo M.I. a – 2012

Chanson italienne – Cenere – Germano Bonaveri

 

 

Il y a , Lucien l'âne mon ami, il y a souvent, peut-être même toujours diverses interprétations possibles à une chanson et souvent, certaines d'entre elles échappent à l'auteur... Au moins au moment où il l'écrit... Par la suite, comme n'importe quel lecteur – auditeur, il lui arrive de les découvrir. Les mots sont comme les cendres des enfants d'Auschwitz – fumées et cendres – dont parlait la chanson de Guccini [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=7]], quand ils s'envolent, on ne sait trop ce qu'ils vont devenir, ni même s'ils vont devenir.

 

Je me souviens très bien de cette chanson de Guccini... Pleine de cendres et de fumées... Une histoire un peu comme celle de la vie elle-même telle que la décrit Macbeth : 

« The way to dusty death. Out, out, brief candle!
Life's but a walking shadow, a poor player
That struts and frets his hour upon the stage
And then is heard no more: it is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing. »

 

Tu as raison, l'âne aux mille visages et aux vies tout aussi innombrables, il y a de ça dans la chanson de Germano Bonaveri... De cette « dusty death » qui ne saurait tarder, de ce « walking shadow », de ce « poor player »... Un ton , une fragance des bords de Tamise... C'est ça que j'aime dans cette manière d'aborder la chanson, avec ce qu'il faut de philosophie pour inquiéter les esprits et traverser les temps. Suffisamment énigmatique pour tenir le cerveau en éveil, assez claire pour le satisfaire un instant, assez séduisante pour qu'on y revienne et d'une belle saveur poétique à chantourner la langue. Je te dis cela et je te rappelle, des fois que cela t'aurait échappé, que je l'ai traduite cette chanson... Oh, ce n'est sans doute pas la meilleure des traductions, mais c'est la mienne... Autrement dit, je l'ai examinée cette chanson de Cendres de près et comme il se doit, j'ai dû la démonter et la reconstruire dans une autre langue... Dès lors, je puis t'assurer qu'elle a bien des qualités... Et comme une belle dame, je ne te dirai jamais ses défauts, pour autant que je lui en trouve...

 

Mais au fait, où voulais-tu en venir avec cet excellent préambule ? Car, pour ce qui me concerne, j'ai perdu le fil... dit l'âne Lucien en ouvrant de grands yeux interdits et en dressant ses oreilles en points d'interrogation.

 

Oh, je te l'ai laissé entendre dès le début... C'est sa proximité avec la chanson de Guccini. On peut l'entendre comme une chanson à résonance individuelle... Un père, un fils, une interrogation sur la relation (Che ora è ?), une solitude qui se désespère, une autre qui part dans la brume... Ou la voir comme une réflexion sur d'autres désespoirs, d'autres dimensions du malheur... Par exemple, prends le personnage d'Anna, qui apparaît au détour d'un vers :

« Anna qui rêve d'un amour qui ne peut pas survivre En laissant mourir une larme dans le bassin,... »,

n'est-elle pas celle qui nous laissa son journal pour tout bagage ? Et puis, ne peut-on voir ces millions de destins individuels charriés par le fleuve noir de la démence dans ces vers :

« Pourtant, parmi ces particules friables d'humanité,

Tu pourrais lire d'anonymes histoires glissées dans ta mémoire.

Chaque colline de cendre a sa vérité... ».

 

Oui, maintenant que tu le dis...

 

Tu sais, Lucien l'âne, mon ami, je vais te laisser expérimenter le chemin poétique... Et pas seulement pour cette chanson-ci. Le chemin poétique, je vois ton regard... Le chemin poétique... Il suffit de se laisser porter et des vents inconnus tirés par des courants « variopinti » t'emmènent dans les étranges pays où vivent la pensée et sa sœur, l'imagination. Ce sont des endroits où l'on ne s'ennuie jamais.

 

Je les connais bien, j'y vais souvent et depuis si longtemps et en effet, je ne me suis jamais ennuyé... Qu'est-ce donc que l'ennui ? Si je pouvais – au moins une fois – l'éprouver... Oui, je les connais bien et de puis longtemps ces chemins poétiques, ces endroits où conduisent les vents imaginaires... Il est facile de les connaître... il suffit pour cela s'échapper des mains des hypnotiseurs et de tourner le dos à leurs machines à décerveler... Ainsi, de nos rêves et de nos méditations fragiles et obstinées, tissons le linceul de ce vieux monde plat comme un écran, rébarbatif, hypnotique et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 


La voile recueille la coulée du vent ; au loin, sur le canal,

Le déshabillage des arbres cède les feuilles à la vie.

Comme tombent en chute libre les confettis du carnaval,

Les instants qui passent se muent en années de ta vie.

 

L'écho lointain des impressions crie de ton passé

Je gèle comme la cendre grise brûlée sur un ancien bûcher .

L'impalpable imprécision de ce qui a été

Ne laisse pas de trace quand le présent s'est consumé.

 

Pourtant, parmi ces particules friables d'humanité,

Tu pourrais lire d'anonymes histoires glissées dans ta mémoire.

Chaque colline de cendre a sa vérité,

Chaque vérité peut accoucher du vagissement d'une histoire.

 

Anna qui rêve d'un amour qui ne peut pas survivre

En laissant mourir une larme dans le bassin,

Un chien qui aboie à la lune et semble presque rire

De ce qu'il cherche un patron dont il n'a pas besoin.

 

Un père assis dans un bar, la tête entre les mains

Qui appelle par son nom un fils déjà parti ailleurs

Poussé par son impatience d'accepter demain

Et le cauchemar de ne pouvoir se réinventer un lieu.

 

Ces yeux grand ouverts et tristes derrière l'avenir

D'un enfant encore maltraité sans raison,

Quelqu'un subira un futur à vomir

En pleurant une enfance nue et sans compréhension...

 

Toutes histoires comme file doucement la cendre dans le vent,

Se posent tranquilles poussières sur mes moments d'ennui.

Peut-être n'est-elle pas folie, la nostalgie que je ressens maintenant

Pour toutes mes espérances qui ne sont pas changées en vie.

 

Pendant que l'automne enlève les feuilles oubliées sur le canal

Se couche sur nos vies habituelles un soleil routinier

Des tas de cendres s'évanouissent doucement sans faire mal

Fils de feux allumés sur des histoires oubliées,

Et cette cendre glisse tranquille dans ton été.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Bonaveri Germano

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