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28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 21:39

BRIGAND ON MEURT

Version française – BRIGAND ON MEURT – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson napolitaine – Brigante se more – Musicanova

De Carlo D'Angiò et Eugenio Bennato

 

Être sudiste en d’autres terres.

Voilà les pensées que me suscite cette remarquable chanson.

 

Quoi ? Tu es du Sud... ?, toi Marco Valdo M.I. mon ami. Je ne l'aurais jamais cru. Que je sois du Sud, moi, le somaro, l'âne, enfant d'Apulée de Madaure (Tunisie, actuellement), je le comprendrais, mais toi...

 

Quoi ? Tu es du Sud... ?, toi Lucien l'âne mon ami. Je ne l'aurais jamais cru. Comment peux-tu prétendre cela, toi qui viens, tu l'avoues à l'instant, du Nord, de l'Afrique du Nord... Tu vois, Lucien l'âne mon ami, tout est relatif pour un enfant ou un âne du Niger ou d'Angola, du Congo ou de la Tanzanie, tu es franchement du Nord. Pareillement, un Padanien (si tant est qu'il en existe...) peut sans doute se targuer d'être du Nord, mais il est franchement du Sud quand on le regarde avec mes yeux ou avec des yeux danois, suisses, autrichiens, luxembourgeois, hollandais, polonais, russes, finnois, suédois, norvégiens... Bref, on est toujours au Nord ou au Sud de quelqu'un ou de quelque part. Il faudrait camper sur le pôle pour échapper à cette dichotomie. Encore qu'au pôle Sud, on soit au Sud de tout le monde et au pôle Nord, au Nord de tout le monde. Ceci n'est vrai que pour une personne... À ceci près toutefois, que ce sont des endroits inhabitables.

 

Marco Valdo M.I., tu es un personnage plein d'humour et j'aime beaucoup cette manière ironique de mettre à mal certaines prétentions fondées sur une boussole folle. Mais cependant que veux-tu dire, toi qui es très largement au Nord de toute l'Italie, quand tu me dis que tu es du Sud...

 

Eh bien, tout remonte à la construction d'un État fantôme, imposé aux peuples par les puissances séculaires, dont certaines ont depuis disparu... L’Empire austro-hongrois, l'Empire russe, la Prusse et toutes les principautés germaniques... Mais l’État qu'ils avaient imposé par peur des Lumières est toujours là et opprime les populations qui y habitent. Cet État, que je me garderai bien de qualifier autrement en tant que tel, n'a – à proprement parler, comme tous les États d'ailleurs, rien fait, rien décidé, rien proposé, rien développé... Il fut et reste l'instrument de certaines personnes, castes, partis, groupes, holdings, gangs... qui ont tout intérêt à le maintenir en place, car en quelque sorte, c'est leur raison d'exister. Il est loisible à chacun de donner à ceux-là le nom qu'ils méritent à ses yeux.

 

C'est précisément ce que nous reprochons aux États en général, dit Lucien l'âne. Quand je dis nous, c'est moi, c'est toi, c'est le peuple, ce sont les « somari ». Je te le répète : les États sont les instruments de certaines coteries... C'est bien le sens du Christ s'est arrêté à Eboli, c'est bien le sens de la phrase des paysans sans terre de Lucanie (mais tout autant de ceux de Sicile, de Calabre, de Sardaigne, d'Afrique du Nord, du Sud, d’Amérique du Sud, d'Asie et d’ailleurs...). « Noi, non siamo cristiani, siamo somari ». Jusqu'à présent dans l'histoire des hommes, « L’État, c'est moi, l’État, c'est nous » est une parole de riches, de puissants, de gens du pouvoir. Leur seule légitimité, c'est d'avoir pris le pouvoir... De quelque façon que ce soit... D'ailleurs, crois-moi, on prend toujours le pouvoir par un tour de passe-passe, par force ou en se fondant sur la tromperie (ils appellent ça des promesses électorales)... Le pouvoir, c'est comme la richesse, on le prend toujours au détriment des autres, des plus faibles, des crédules... L’État est un instrument des riches dans la Guerre de Cent Mille Ans qu'ils mènent contre les pauvres pour prendre le pouvoir, pour garder le pouvoir, pour accroître leurs richesses, pour étendre leur domination, pour assurer leurs privilèges, pour exploiter le travail des pauvres, pour prendre la vie des gens et l'obliger à s'épuiser à leurs profits. Par corollaire, toute participation à la machinerie mise en place pour camoufler cette vérité implacable est une pure et simple abdication de sa propre qualité d’être humain, un ralliement au camp et à la société des riches dans la Guerre de Cent Mille Ans et une acceptation de la responsabilité que cette société (qui n'est pas la nôtre et à laquelle nous ne nous rallions pas) endure dans la destruction des espèces vivantes, toutes les espèces, y compris l'espèce humaine. La poursuite de la richesse est la pire ennemie de la vie elle-même.

 

 

D'accord, Lucien l'âne mon ami, mais ce n'était pas la question ici. Quoique... Pour en revenir à mon qualificatif de « sudiste » ou d'habitant du Sud... Il se réfère tout simplement à la Wallonie, qui est une région du Sud, située sur le territoire de l’État Belge... dont plus personne ne sait ce qu'il est, ni sa raison d’être, hormis celle évoquée ci-dessus. Tout ce que je peux en dire, c'est qu'ici aussi, le Sud est exploité par le Nord, que les régions du Sud sont écrasées par la domination du Nord, même si les gens du Nord prétendent à une autre vérité historique, même si leur propagande affirme le contraire. Notre région a subi et subit encore un destin similaire à celui des populations de l'autre côté du mur : chômage, destruction industrielle, misère croissante des services publics, sous-équipement, privatisation accélérée... Bref, un destin de Sud au sens où l'entend la chanson du jour. Il est temps que cela se sache et que la propagande venue de notre Nord ne soit plus prise au sérieux par personne, si tant est qu'il y ait eu un jour quelqu'un pour y croire...

 

 

C'est toujours ainsi avec la propagande, dit Lucien l'âne. Son but principal est de faire prendre le faux pour le vrai, le mensonge pour vérité, d'inverser offenseur et offensé... Et tant plus on en remet, tant plus le mensonge est énorme, tant plus on arrive à y faire croire... Mais nos amis italiens le savent bien eux qui ont subi le fascisme et qui subissent aujourd’hui le bunga-bungisme.

 

 

Pour éclairer ta lanterne, sache, mon ami Lucien l'âne, toi qui viens de si loin, que les gens d'ici (ceux du Sud, ceux de Wallonie) n'ont jamais, au grand jamais attaqué personne, n'ont jamais au grand jamais exploité une population, c'est-à-dire d'autres gens, n'ont jamais – comme tous les somari du monde ni envahi, ni conquis les pays et les régions voisines, qu'ils n'ont jamais fait que se défendre... Quant à la caste wallonne, cette couche de riches qui exploitait la population wallonne, elle était tellement nulle qu'elle n'aurait pu être conquérante ailleurs et par voie de conséquence, elle n'a jamais pu exploiter... les régions du Nord... Elle a d’ailleurs perdu son propre dominium dans le Sud... Quant à obliger les populations du Nord à parler la langue en usage chez nous (le français, qui est notre italien à nous), jamais au grand jamais, il n'en a été question, jamais au grand jamais, ce ne fut une volonté des populations du Sud – d’ailleurs leurs volontés n'ont jamais été prises en compte... Elles ont même été systématiquement étouffées, contrecarrées, écrasées... Mais l'inverse est vrai... Pour quelque obscure raison que nous n'arrivons pas à entrevoir, on nous impose contre notre volonté la langue des deux tiers de la population de ce pays fantôme, de cet ectoplasme, on l'impose dans l'enseignement, on gaspille des sommes folles à vouloir l'inculquer (enfoncez-vous bien ça dans la tête !) à nos enfants comme on nous l'a fait bouffer à nous-mêmes – sans trop de résultat, je te rassure. On l'impose en matière d'emploi, elle est cause de discrimination, y compris salariale. Comme disait Léo Ferré, Y en a marre !

 

Oui, tu as raison, Marco valdo M.I. C'est là aussi un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour accroître leur richesse, renforcer leur domination, étendre leurs pouvoirs, multiplier leurs profits... Car vois-tu, il en va des régions ou des pays comme des hommes... les régions, les pays eux-aussi sont acteurs dans cette terrible guerre. Et pour cela aussi, il nous faut avec « obstination et en sens contraire » tisser le linceul de ce vieux monde mensonger, paré de propagande et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Nous avons posé nos guitares et nos tambours

Car cette musique doit changer.

Nous sommes des brigands, nous faisons peur

Avec le fusil, nous voulons chanter.

 

Et maintenant, nous chantons cette chanson nouvelle

Tous les gens doivent l'apprendre

Nous nous foutons du roi Bourbon

Notre terre est nôtre et on n'y touche pas.

Notre terre est nôtre et on n'y touche pas.

 

Tous les villages de la Basilicate

Se sont réveillés et veulent lutter

Même la Calabre est en révolte

Et nous faisons trembler cet ennemi

Et nous faisons trembler cet ennemi

 

Celui qui a vu le loup et s'est épouvanté

Ne connaît pas encore la vérité.

Le vrai loup qui mange les enfants

C'est le Piémontais que nous devons chasser

C'est le Piémontais que nous devons chasser

 

Belles femmes qui donnez votre cœur,

Si vous voulez sauver le brigand

Ne le cherchez pas, oubliez jusqu'à son nom,

Qui nous fait la guerre est sans pitié

Qui nous fait la guerre est sans pitié.

 

Homme on naît, brigand on meurt

Mais jusqu'au dernier, nous devons tirer

Et si nous mourons, apportez une fleur

Et malédiction pour cette liberté.

Et malédiction pour cette liberté.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Bennato

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