LA LETTRE JAMAIS ÉCRITE
Version française – La Lettre Jamais Écrite – Marco Valdo M.I. – 2009
Chanson italienne – Lettera mai scritta – Ratti della Sabina – 1998
Est-ce une femme, est-ce une enfant ? On ne sait, peut-être les deux ? On ne sait celles que l'amour enveloppe et réclame... L'une peut être fille de l'autre... Allez savoir ! La chose n'est pas claire. Mais toujours les amours s'entremêlent et ont de ces reflets moirés. Le vieux Corneille aurait tout aussi bien pu dire : “L'amour n'attend pas le nombre des années”. Est-ce un jeune soldat, perdu dans un camp, et où et quand, qui s'adresse à sa mie ? Ou est-ce déjà un (jeune) père enlevé à son enfant...
Dans les deux circonstances, c'est l'amour qui est triomphant – amour pour l'amie, amour pour l'enfant, amour pour les deux, amour pour la vie, amour de vivant. Même par delà cette disparition, même par-delà cette lettre qui ne fut jamais écrite de la main d'un vivant. C'est le titre qui le dit...
Tout cela a des parfums de tragédie suspendue dans l'infini du temps...
Douce fille à la chevelure moire.
Tu sais que je pense encore à toi
Et cet hiver glacial passera
Passera même cette nuit noire.
Dans le ciel, nos hirondelles reviendront
Dans les champs, nos marguerites fleuries
Et de nos chemins de pierre, les chars s'en iront
Et pour un temps, disparaîtront de nos vies.
Et un jour, peut-être, je t'embrasserai
Nous déferons cette guerre qui nous a séparés
Même que ce n'est pas la guerre qui me fait peur
C'est de ne plus voir tes sourires, mon cœur.
Douce fille, distante à présent encor
Je te rêve en amie, je te vois en épouse
Même si rêver maintenant demande un effort
Mais tu le sais, l'espérance toujours repousse
Et peut-être c'est juste cela qui nous aide à tenir
Et à survivre à l'horreur de la prison
Cette espérance qui sait partir
Plus haut que le fracas des canons.
Et que nulle barrière ne peut retenir.
Il me revient d'imaginer parfois et je le sens vraiment
Le parfum des champs de blé où mon père
M'emmenait quand j'étais enfant
Cet absurde conflit est si éloigné de ces temps.
Douce fille, je lance tous mes mots au vent
Et aux oiseaux de printemps,
Je leur confie ces pensées
Par le soleil d'un matin enluminées.
Et si pour de vrai, on se retrouve bientôt
Dans ce monde qui paraîtra meilleur
Nous inventerons de nouveaux mots
Nous donnerons aux pétales de nouvelles couleurs.
La guerre n'est peut-être qu'un moment délicat
Mais pense à tous ceux qui ne la raconteront jamais
Et si je devais être de ceux-là
J'espère, myosotis, que jamais
Jamais, tu ne m'oublieras.
Tu dors cette nuit, mon bébé
Puisque le noir ne te fait plus peur
La guerre est finie, l'orage s'est éloigné
Les gens se promènent encore à cette heure.
Maintenant, le temps est venu de recommencer
Tant de sang pour un drapeau
La guerre est finie, l'orage s'est éloigné
Et le calme est revenu à nouveau.