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5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 19:38

TORQUEMADA

 

 

Version française – TORQUEMADA - Marco Valdo – 2012

Chanson italienne – Torquemada – Germano Bonaveri – 2007





 


 

 





Voici, mon ami Lucien l'âne, la terrible présence du Grand Inquisiteur, personnage parmi les plus redoutables qui furent, Tomas de Torquamada. C'était un dominicane, un véritable «chien de son maître », une sorte de mâtin d'Espagne, pour laquelle il œuvra énormément à la catholicisation et à l'unification, écrasant tout ce qui menaçait cette douce perspective, si chère aux franquistes... ses descendants. Franquiste (son ordre – celui des dominicains – était, à l'origine, un ordre franciscain), fasciste et hitlérien avant l'heure...

 

Mais enfin, Marco Valdo M.I., comment peux-tu prétendre pareilles choses à propos d'un religieux de la très Sainte Mère l'Église Catholique, Apostolique et Romaine... Ce sont là de graves accusations, même pour Torquemada, mort il y a plus de cinq cents ans... S'il revenait, il te brûlerait...

 

D'abord, mon ami Lucien l'âne, laisse-moi rendre grâce à ta sagacité... En effet, tu as parfaitement raison, s'il revenait, il me ferait brûler et toi aussi, d'ailleurs. Et je crois même que ses descendants, si on les laissait faire, n'hésiteraient pas non plus à nous faire notre fête, comme on dit ici. Il te ferait brûler comme sorcier et représentant de la figure du diable... Quant à moi, rappelle-toi, que je me nomme Valdo... Ce qui serait déjà une raison pour me torturer, me mettre à la question et me brûler... Torquemada et les inquisiteurs étaient des dominicains, des disciples de Dominique qui fit la croisade d'extermination des Cathares et contre les Vaudois (en italien, Valdesi). Leurs méfaits sont innombrables et on ne compte plus les crimes qu'on peut leur imputer. Ainsi, la seule liquidation des Cathares relève purement et simplement du génocide... Une sorte de crime contre l'humanité...

 

Tu sais, dit Lucien l'âne en serrant son regard noir comme le basalte, j'ai beaucoup circulé sur les bords de la Méditerranée, j'ai bien connu l'Espagne, j'ai été ravitailler Montségur, passant par de petits chemins à peine visibles... L'histoire retient qu'à Montségur : « Tous les cathares qui refusèrent de renier leur foi périrent sur le bûcher qui fut dressé pour un peu plus de 200 suppliciés dont la femme, la fille et la belle-mère de Raymond de Péreille : après avoir distribué tout ce qu'ils possédaient à ceux qui les avaient défendus durant dix mois, les parfaits de Montségur furent enfermés dans un enclos préparé au pied de la montagne puis les croisés mirent le feu aux fagots qui y étaient entassés. En tout, deux cent vingt hommes et femmes périrent dans le brasier. Parmi eux se sacrifièrent des soldats de la garnison qui n'avaient pas voulu les abandonner. » Et je peux te dire que tout cela est vrai... Je sens encore l'odeur des braises...

 

Ah, dit Marco valdo M.I., ce fut un grand temps de massacre. Quant à l'Inquisition espagnole, ce fut proprement terrifiant... Un vrai racket, organisé par une bande de truands... Tout-à-fait comparable à ce que firent plus tard les nazis... Car non seulement, ces déments de l'Inquisition, Torquemada à leur tête, chassèrent et massacrèrent les Juifs et les Musulmans, mais ils s'emparèrent – droit qui leur fut officiellement concédé par le Pape et par les Rois de la très Sainte et très Catholique Espagne – des biens de leurs victimes. Il n'y a pas de petits profits... En somme, ce fut une grande crapulerie.

 

On ne pouvait attendre moins de ces gens-là. Et comme je te l'ai dit tout à l'heure, si on les laissait faire, ils recommenceraient sans aucune hésitation... Ils l'ont d'ailleurs déjà fait... Quant à nous, il nous faudrait retourner dans les montagnes... Ora e sempre : Resistenza ! Mais peut-être comme dit la chanson de Bonaveri, s'y prendraient-ils autrement.. En usant de moyens modernes, de la télévision, des États – par exemple en mettant des gens à eux à la tête d'un pays... Un peu comme Salazar au Portugal... Rappelle-toi... Salazar...

 

Mais oui, António de Oliveira Salazar, ce fervent catholique portugais, qui paré des plumes de l'économiste s'en vint en pleine crise économique prendre les rênes de son pays pour le sauver... Un sauveur... Un technicien... Un spécialiste de l'économie... Il en fit une dictature de cinquante ans... Un pays épouvantable... Tu as d'ailleurs fait une chanson sur cette période, n'était-ce pas la chanson sur Pereira [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=37262&lang=it]]...

 

C'est exact... Lucien l'âne mon ami, tu as une excellente mémoire. Et ta remarque sur Salazar me fait penser à certaines circonstances actuelles où dans un pays que je ne nommerai pas – mais sur le territoire duquel s'insère le Vatican, dans une situation financière et économique difficile (ou prétendue telle), on vient de faire appel à un grand catholique, technicien économique de renom... Un spécialiste de l'économie... On dirait que l'histoire portugaise se répète ... Il faut se méfier des techniciens de l'économie... Surtout quand ils sont en plus à la tête d'un gouvernement.

 

Pour en finir avec Torquemada et ses descendants putatifs, je m'en vais reprendre – et je compte bien que tu en feras autant – ma tâche obstinée qui consiste – comme les Canuts – à tisser le suaire (s'agissant de grands de l'Église, c'est mieux !) de ce vieux monde moyenâgeux, qui pue l'encens, la cendre d'hérétiques, le bûcher, haineux et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

 

Il faut beaucoup de rigueur

Et une moralité éprouvée

Pour ne pas abandonner la voie

De la vérité vraie .
Je me présente, Votre Excellence,

Je suis Tomas de Torquemada,

Homme de foi et de science:
Je vous demande de me concéder

De restaurer les vieux pouvoirs

De notre époque de gloire,

Où l'on combattait l'impiété'

Au tribunal de l'inquisition.

 

Combien figures, Seigneur Torquemada,

Et combien d'astucieux déguisements!,

Vous en avez fait du chemin : compliments !

Indemne, malgré les siècles délirants,

et maintenant je vous retrouve même chaque soir

À bonimenter dans les journaux télévisés

Mais votre figure n'est pas la vraie

Ou ce sont des disciples immoraux

Qui se répartissent les retransmissions

Pour s'assurer cette impunité

Fille de siècles d'inquisition

Mère de notre société.

 

La lame de l'assassin de chèvres

A toujours un mouton à égorger,

Ainsi, qui cherche à condamner

Trouve toujours une loi à faire respecter;
Mais il reste le doute, Seigneur Torquemada,

Qu'un juge puisse se tromper parfois

Et qu'aucun dieu ne lui accorde

Le droit de juger

Et dans ces jours de Moyen-Âge,

Où chaque sort est décidé par vous,

L'enfer aussi a peur

Et maintenant, prie pour nous

 

Je me présente, Votre Excellence,

Torquemada était mon nom:
Certains maintenant renient l'homme

En abusant du nom de dieu,

Les sicaires de l'arrogance

Se répartissent le pouvoir

Avec une aveugle violence

Plus subtile que ma torture.

Tandis que comme le Juif Errant, je cherche le repos

En vaguant dans l'éternité,

Mon projet monstrueux

Se reproduit en chaque société'

 

Il nous faut beaucoup de sueur

Et une certaine dose de folie

Pour parler à l'ami

Et semer une idée...

Torquemada peut se reposer

Et ses subordonnés s'en aller :

Il suffit d'arrêter de subir

Chaque jour le même mensonge.

Dans ces temps moyenâgeux

Il suffit du courage d'aimer,

Pour renier de toute son âme

Les très saints inquisiteurs.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Bonaveri Germano

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