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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 21:32

PLACE FRATELLI BANDIERA

Version française - PLACE FRATELLI BANDIERA – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson italienne (Milanais) – Piazza Fratelli Bandiera – I Gufi – 1965

d'après la version italienne de Bartleby.

 

 

En somme, Lucien l'âne mon ami, ces hiboux (mais oui, hiboux se dit « gufi » en italien), donc ces hiboux font généralement de très chouettes chansons et je trouve que celle-ci est particulièrement intéressante. D'abord, car elle est de grande qualité, mais ce n'est pas à ça que je pensais, c'est plutôt à ce qu'elle raconte. En fait, c'est l'histoire de la déshumanisation de la vie citadine avec la destruction des espaces publics au profit et pour le profit du privé, des promoteurs, des gens malades de l'avidité.

 

 

Je vois le genre, dit Lucien l'âne, ces escrocs sans aucun scrupule pour qui seul compte leur profit... En fait, c'est un pur épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres afin d'accroître leurs richesses. Ils ne se soucient de rien et tout est bon pour eux du moment qu'ils en tirent leur miel. Ils s'escroquent même entre eux. J'en ai connu dans toutes les villes et à toutes les époques ; j'en ai même connu qui n'hésitaient pas à chasser les gens de chez eux...

 

 

Et bien, c'est exactement ce qui se passe dans la chanson. Mais elle a quelque chose de particulier et c'est ce qui ajoute par rapport à d'autres chansons sur le même thème, par exemple « Le Petit Jardin »de Jacques Dutronc (qu'il faudra mettre dans les CCG) : ce personnage du petit vieux et son destin... On sent très bien qu'il incarne la ville, le quartier lui-même... Et comme la chanson date de 1965, depuis, la chose n'a fait que croître et embellir... La ville tentaculaire (mais Verhaeren parlait déjà des villes tentaculaires) s'est encore étendue, elle a mangé tous ses faubourgs, elle a repoussé plus loin encore sa coulée de béton et d'asphalte.

 

 

Pour tous ces petits vieux, pour nous-mêmes, surtout toi qui le sera un jour, il est plus que nécessaire de tisser le linceul de ce monde efficace, édificateur, ravageur, profitable et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Il était

Sur la Place Fratelli Bandiera

Il était

Un petit vieux dont je ne sais s'il avait

Quatre-vingts ans

Ou à peu près

 

Il y avait

Sur la Place Fratelli Bandiera

Il y avait

Un petit jardin où il pouvait

Aller se reposer

Et être à l'air pour causer

Mais un jour sont arrivés

Les gens de la Commune, service de l'environnement

Ils ont fait place nette de tout

Quatre plantes, une petite table et une chaise

Où il pouvait aller prendre le frais

Le petit vieux

Appuyé à son balcon

Quand il a vu ça

Et tombé comme une pierre

Une attaque cardiaque

C'est ce qu'ils ont dit hier à l'hôpital

 

Quand tombe le soir

Place Fratelli Bandiera emplie de voitures

Il y a un petit vieux qui régulièrement pète un câble

Il se met

Juste au milieu

De la route

Avec son pot de géranium

Une chaise

Et quand passe un vigile, il lui dit :

« Hé, sens-tu cet air-ci

Que nous avons

Encore aujourd'hui ! »

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Gufi

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