BALLADE DE L'ÉMIGRANT
Version française – B ALLADE DE L'ÉMIGRANT – Marco Valdo M.I. – 2012
à partir de la version italienne de Riccardo Venturi – BALLATA DELL'EMIGRANTE - 2012
Chanson
portugaise - Trova do emigrante – Manuel Freire – 1968
Paroles de Manuel Alegre
Musique de Manuel Freire
Il part la nuit et ne regarde pas
Les champs qu'il va laisser
Tout tremblant en dedans
Comme la terre à Agadir
Feuille à la feuille se défeuillant
Son cœur de partir
Il n'a ni soif d'aventure
Ni vouloir de terres lointaines
Sa vie l'a fait voyager
Et s'il cherche les terres de France
C'est que le sort lui fut dur
Et aussi qu'un homme se fatigue
Les rides que creuse sa sueur
Ne sont pas des rides, mais des pièges
Des pertes, des larmes et des dommages
De la suée pour compte d'autrui
Aucune paye ne compense
Tant de sueur répandue.
On vit la mort en vivants
Quand le travail ne donne pas de fruit
On meurt à chaque minute
Quand ne vient jamais le fruit.
À lui le sort fut dur
Et il part pour les terres de France.
Ne pensez pas qu'il part content,
Il emporte dans ses yeux le vert
Des champs où il perd
Les gens qui lui ont tout donné.
Il part mais il reste présent
Dans tout ce qu'il n'a pas cueilli.
Champ vert, vert et triste
Il t'a moissonné et aujourd'hui il est parti
Il t'a moissonné mais sa faux
Moissonnait seulement de l'espérance
Un homme ne résiste pas toujours,
Il part pour les terres de France.
Un homme part et avec lui part
La marque d'une racine,
Avec lui part une cicatrice
d'un lieu à présent vide.
Il porte gravé dans la peau
Un pays un champ un fleuve
Des femmes restent à pleurer
Ceux qui sont partis
Et leurs larmes versées
Ne changent vraiment rien.
Un temps, ils furent des seigneurs de la mer,
Et ils vont par les terres de France.