LES PASSANTES
Version française – Les Passantes – Marco Valdo M.I. – 2009
Chanson italienne – Le Passanti – Fabrizio De André
Disons-le tout de suite, ce titre Les Passantes est celui d'une chanson de Georges Brassens, dont le texte (publié en 1908) était d'Antoine Pol. L'histoire en est connue.
Simplement, un chanteur italien, traducteur de Brassens, passeur de Brassens en italien, et lui-même un des plus intéressants et plus fabuleux cantauteurs, Fabrizio De André en fit une version italienne : Le Passanti.
Et c'est là que le jeu de miroirs commence.
Marco Valdo M.I., familier des chansons de Brassens et qui a traduit quelques-unes des chansons de De André, a comparé les deux versions et s'est dit qu'il serait intéressant qu'elles soient mises en présence l'une de l'autre dans une même langue : le français. Excluons tout de suite l'hypothèse que la version en français de la chanson de Fabrizio De André ne se ressente pas du traducteur : elle s'est voulue au contraire la plus littérale possible pour monter comment dans ce mouvement de va et vient de la traduction, adaptation, recréation... la plastique des langues est intervenue.
L'occasion était trop belle avec deux maîtres pareils....
Qu'on n'y voie aucune autre prétention que celle-là.
Ainsi parlait Marco Valdo M.I.
Je dédie cette chanson
À chaque femme sentie comme amour
dans un moment de liberté.
À celle connue à peine
On n'avait pas de temps et elle valait la peine
d'y perdre un siècle de plus.
À celle qu'il faut presque imaginer
Tant tu l'as vue vite passer
De son balcon à un secret au-delà
et il te plaît de te remémorer le sourire
qu'elle ne t'a pas fait et que tu lui a imposé
dans un vide de bonheur.
À la compagne de voyage
Ses yeux le plus beau paysage
Font sembler plus court le chemin
et peut-être es-tu l'unique à la comprendre
et la fais-tu descendre sans la suivre
Sans lui avoir effleuré la main.
À celles qui sont déjà prises
Et qui vivant des heures désolées
Avec un homme désormais trop changé
t'ont laissé, inutile folie,
voir le fond de la mélancolie
D'un avenir désespéré.
Images chères pour un instant
vous serez bientôt une foule distante
Dépassées par un souvenir plus récent
Pour peu que le bonheur revienne
il est fort rare qu'on se souvienne
Des épisodes du chemin.
Mais si la vie te fait faux bond
Il t'est plus difficile d'oublier
ces bonheurs entrevus
Ces baisers qu'on n'osa pas donner
ces occasions laissées en attente
ces yeux plus jamais revus.
Alors dans les moments de solitude
Quand le regret devient habitude,
Une manière de vivre ensemble,
On pleure les lèvres absentes
de toutes les belles passantes
Que nous n'avons pas réussi à retenir.