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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 22:51

LE SOLEIL N'A PAS D'ODEUR


Chanson italienne – Il Prigioniero Ante – Mercanti di Liquore – 2004

Version française – Le soleil n'a pas d'odeur – Marco Valdo M.I. – 2008


Pour Ante... Le grand poète des Balkans.


Erri De Luca : Honneur aux poètes qui aident à vivre.


Extrait de « Il Mattino » - 13 septembre 2002.


Quand il y a peu de temps, qu'ils frappent à la porte, qu'ils bombardent la ville avec l'artillerie, quand elle brûle, quand tu es seul dans un lit d'hôpital, quand tu arrives trop tard, quand les mots te manquent et que ton souffle est court, alors la poésie, une, prend ta place, elle te prend par la main quand nous n'y arrivons pas; elle y arrive. Durant les sièges, dans les prisons, dans les cantines, sur des morceaux de papier de fortune s'écrivent les poésies. Le partisan Ante Zemljar en écrivait durant la guerre en montagne contre les nazifascistes. Il écrivait sur un cahier. En son absence, ses camarades le trouvèrent et avec le papier, ils firent des cigarettes. Il n'y avait pas grand chose à fumer et Ante sait qu'ainsi aussi, ses poésies ont respiré. Le partisan Zemljar après la guerre perdue a fait cinq ans de prison dans la colonie pénitentiaire de Tito, Goli Otok, une île désolée. Là aussi, il écrivit des poésies avec un bout de charbon sous son ongle sur des morceaux de carton, en cachette. Dans le ghetto de Lotz en 1943, Isaie Spigel écrivait dans son yiddish pourchassé :

« Mon corps est un pain

tombé dans un calice de sang. »

Excusez-moi mes amis, je ne parle pas de Leopardi ou de Virgile, je ne fais pas honneur à la poésie. Je parle où elle est dans l'immédiat indispensable. Je parle où elle est urgente, même si à ce moment le poète est muet et ne peut même pas écrire son nom sur la porte de sa maison. Mon ami Izet Sarajlic écrivait à Sarajevo des vers répétés par tous de mémoire car là-bas les poésies sont sur le pas des lèvres.

Izet durant les années du siège écrit peu, il ne fait plus le poète. Que fait-il ? Il est là, il vit avec la ville détruite, il partage la faim, les queues pour l'eau, pour le pain. Il ne profite pas des invitations à émigrer. Il reste là, c'est sa poésie parmi ses concitoyens et elle réchauffe également. Un poète est responsable de la douleur comme de la joie.

Excusez-moi, je ne parle pas de Leopardi et de Virgile, mais de mes amis. Mais mon ami, si tu ne comprends pas immédiatement le poète, un seul vers tombé sous tes yeux pour t'éclairer, alors à quoi sert le poète ? À te prendre sous le bras, à te donner les syllabes d'une strophe miraculeuse, par exemple parfaite de mélancolie...

Et un soir de juillet, sans savoir comment franchir les centimètres entre une dame et moi, je tirai de mon étagère les poésies d'Hikmet, je récitai à voix basse ses vers et entre nous deux, disparut même l'ultime millimètre.

Mais ce n'était pas là un calcul ou un système : ou c'est le fruit du moment d'improvisation ou bien c'est faux. Car la poésie est un geste qui invente la vérité. Il ne la sait pas d'avance. Et en temps d'appel aux armes, quand le mot Guerre envahit les journaux comme une recette, un vaccin contre l'épidémie fébrile de saison, alors la poésie sert à détonner.

Mêlée au chœur, elle le fait crier, elle fait pour un moment revenir le silence. Car elle donne de la valeur aux mots, en en utilisant peu et bien serrés, car elle donne du sang au mot Guerre, elle lui offre l'éventration et le gaz nervin, elle donne des corps de femmes, de bébés, de vieux beaucoup plus que de pauvres fantassins.

Aux temps des généraux, des sonneries, des proclamations, les poètes, les poésies sauvent nos oreilles... Non, elles ne sauvent pas le monde.

-----------------

J'ai le plus intense plaisir à traduire les textes d'Erri De Luca; ils sont un ravissement poétique qui ouvrent tout grand les portes du rêve à la réalité.

Ainsi parlait Marco Valdo M.I.



Le soleil n'a pas d'odeur



Il y avait une petite fenêtre barricadée par une table en bois,

L'unique prise d'air de la cellule,

l'homme s'habituait à l'obscurité.

À midi, debout sur le lit de camp,

la fissure de la lumière s'allonge ...

... moins d'une ligne, un vers, brève...

Ellepasse  sur les paupières des yeux...

Il y a un nœud dans le bois

qu'il touche de l'ongle et avec le temps...

Avec la pointe de l'ongle et du temps...


Dans la cellule, il sert de jeu pour l'homme...

Un jour, le nœud cède, poussé par l'ongle...


Ami du temps, qui repousse jour après jour,

le nœud cède...

Il s'enlève comme un bouchon de bouteille


et dans son col passe un jet de lumière droite,


lisse, elle s'élargit et inonde le pavement...

Le prisonnier Ante se déchausse...


Et il s'y baigne les pieds

Il y a un an qu'il ne sort pas de sa cellule

que la porte ne mène nulle part ... un an

... il cligne des yeux... le soleil par le trou.

C'est une orange ronde dans sa main,

ses pieds se frottent l'un contre l'autre...


comme deux enfants la première fois à la mer...


les pieds d'Ante Zemljar...


Ante Zemljar, commandant de nombreux partisans...

démobilisé avec le mérite de la victoire à la guerre


et à présent enfermé par ses propres camarades... ennemi de la patrie

Lui ennemi, qui l'a rattrapée par le col...

qui l'a débarrassée des envahisseurs

fleuve après fleuve de la Neretva à la Drina...

avec les coups de la faim...

sans prendre même un oignon à un paysan,

car ainsi va la guerre partisane...

Ennemi... lui...

Ils l'ont enlevé de sa maison...

à sa Sonia de deux ans,

qui sait déjà crier « Laissez mon papa ! »...

Oui, vous, vous êtes ses ennemis


Ante connaît les parcours...

Il sait qu'un poing de droite laisse du sang

sur le mur de gauche et vice-versa.

Un poing droit dans le visage laisse du sang

à terre

Mais il y a la nouveauté...

Ici, les coups peuvent laisser du sang au plafond.

On apprend toujours sur les voies du sang

et les coups ingénieux des gendarmes.


Ante conserve le nœud...

Il le remet dans le bois...


Le gardien ne le saura pas... Le soleil n'a pas d'espion,

il s'infiltre en douceur et ne laisse pas de traces...

Même s'il perquisitionne, le gardien ne peut dire

« Il y a eu du soleil ici, je sens son odeur ».

Le soleil n'est pas un rat...

Même s'il en arrive beaucoup dans une cellule,

personne ne s'aperçoit que dehors, il manque un rayon,

qu'il y a un trou dans la conduite du soleil...

qu'il perd de la lumière par un trou de bois...


Encore quelques mois...

Puis, ils lui donneront du soleil...

Tout en une fois... sur le dos,

pire que les coups de bâton,

sur l'île nue à casser des cailloux.
Ante... le prisonnier Ante a gardé le nœud...

Parfois, loin du gardien


il le pointe contre le soleil et se procure une ombre

sur l'île nue à casser des pierres blanches.


Et puis, à les jeter dans la mer... Adriatique

Car la peine est pure... Elle n'a pas de valeur pratique

... et la mer ne se remplira pas.




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Published by Marco Valdo M.I. - dans Mercanti di Liquore
13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 13:05
La chanson du héros raconte le débat intérieur, la conversation avec soi même, le monologue, la rumination d'une femme ou d'un homme qui s'apprête à assassiner un de ceux-là qui dirigent en ce monde, qui exploitent ou qui oppriment. On ne sait trop qui est le futur assassiné : un président, un premier ministre, un homme d'État, un patron, un militaire... Ou alors, est-ce peut-être un songe, une méditation, une scène prémonitoire... Que sais-je ?

Ce héros qui ne veut pas l'être fait songer à ces socialistes russes qui assassinaient le tsar et ses ministres, à ces anarchistes italiens qui s'en prenaient aux tenants de la monarchie et aux fascistes (on pense ici aux attentats contre Mussolini), à ces révolutionnaires allemands et français qui s'en prenaient aux patrons, aux Basques qui liquidèrent le successeur désigné du généralissime...

Tous vus par l'ordre établi, par le système en place comme des « terroristes » (« Achtung Banditen !), tous vilipendés, tous méprisés, pour oser s'élever contre la terreur des riches et des puissants. Il n'y a qu'à voir comment les traitent les chiens de garde du système que sont les médias.

Mais ce héros, qui ne veut pas l'être, est solitaire, volontairement; il n'agit que pour des raisons personnelles (ce qui exclut bien évidemment les Fous de Dieu)... en toute conscience : « le fait est qu'on a passé la mesure... », comprenez :que vous avez passé la mesure, que vous êtes allé au delà de ce qui est juste. Ce qui le situerait plus du côté de ces anarchistes qui se voulaient de modestes acteurs dans la guerre de cent mille ans. Un acte de conscience...

LE HÉROS


Chanson italienne – L'Eroe – Mercanti di Liquore (2002)

Version française – Le Héros – Marco Valdo M.I. – 2008



J'aurais préféré qu'il y ait du soleil, plus de confusion et plus de bruit

Car le silence a peu à voir avec ce que je veux faire.

Quelque part sonne une cloche, mon heure approche

dans deux minutes, le portail s'ouvrira et j'aurai ma chance.


Et que personne ne s'avise de m'appeler héros.

Je l'ai fait pour des motifs strictement personnels.

Je suis trop différent de vos héros.

Je l'ai fait pour moi, pas pour vous.


Et toi, certainement, tu ne suspectes rien, tu es tranquille et arrogant

Tu ne peux certes pas imaginer que vient l'heure de payer.

Je t'attends là, car je te l'ai juré, tu es la saleté qu'il faut laver

Les larmes sont devenues une mer, toi, tu vas t'y noyer.


Et que personne ne s'avise de m'appeler héros.

Je l'ai fait pour des motifs strictement personnels.

Je suis trop différent de vos héros.

Je l'ai fait pour moi, pas pour vous.

Et vous, cachés derrière vos fenêtres, je ferai ce que vous auriez voulu

Je vous montrerai ce qu'on peut faire au lieu de ramper.

Ainsi demain dans les journaux, vous lirez qu'un bandit a foutu des coups de pied au cul de l'ordre établi

Et parleront les corbeaux, les rats et les chacals et vous là... à les écouter !

Puis, je reviens au présent et je te fais comprendre, nous y sommes !

Je sais que tu es prêt à sortir !

Je respire profondément, je m'installe tranquille, le portail s'ouvre....

J'ouvre le bal...

Et que personne ne s'avise de m'appeler héros.

Je l'ai fait pour des motifs strictement personnels.

Je suis trop différent de vos héros.

Je l'ai fait pour moi, pas pour vous.

Et il ne s'agit pas de courage ni même de peur, le fait est qu'on a passé la mesure.

Je suis trop différent de vos héros, je l'ai fait pour moi, pas pour vous

Je l'ai pour moi, pas pour vous

Je l'ai fait car vous, vous ne l'auriez pas fait....

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Mercanti di Liquore
10 novembre 2008 1 10 /11 /novembre /2008 12:43

MER ADRIATIQUE


Chanson italienne – Mare Adriatico – Mercanti di Liquore – 2004

Version française – Mer Adriatique – Marco Valdo M.I. – 2008


Je l'ai connu celui-là

Celui-là de Cesenatico

Qui voulait acheter

la mer Adriatique


Il la voulait toute à soi

De Trieste jusqu'en bas

Cette belle mer

Plus verte que bleue.


Je veux être le propriétaire

et l'unique maître

des plages, de la mer

des poissons et de tous les êtres


Je paierai ce que ça coûtera,

Et mettez aussi sur mon compte

Venise, Bari, et Ancona

Et San Benedetto de Trente


Que diable veux-tu en faire ?

Lui demandaient les gens...

Fais un plongeon dans la mer,

Elle est toute à toi pour rien.


Que diable veux-tu en faire ?

Lui demandaient les gens...

Fais un plongeon dans la mer,

Elle est toute à toi pour rien.


Vous n'avez pas compris

quel type, moi je suis ?

Le monde ne me plaît pas à moi

Si je ne peux dire : c'est à moi.


Je ferai faire un coffre en fer

fort grand, fort utile

Pour y mettre les barques, la mer

Les villages et les villes.


Que diable veux-tu en faire ?

Lui demandaient les gens...

Fais un plongeon dans la mer,

Elle est toute à toi pour rien.


Que diable veux-tu en faire ?

Lui demandaient les gens...

Fais un plongeon dans la mer,

Elle est toute à toi pour rien.


Il est fait comme çà

Celui dont je vous parle là.

Il avait des montagnes de pognon

Mais il était malheureux, au fond.


Il ne savait pas que le monde

ne coûte pas un centime.

Tu peux tout avoir gratuit

Si tu veux, même un enfant.





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Published by Marco Valdo M.I. - dans Mercanti di Liquore
1 novembre 2008 6 01 /11 /novembre /2008 19:35

Si j'en crois les diagnostics en cours, elle souffre de cette terrible maladie qui l'a déjà frappée précédemment. Elle a une rechute de berlusconite. Ne ris pas, c'est une maladie mortelle. C'est une variante évoluée de la mussolinite, qui a failli emporter l'Italie pour de bon au siècle dernier. Ce sont les mêmes symptômes. L'Italie se meurt, ses citoyens étouffent de honte; ses autres habitants gonflent d'orgueil et d'arrogance, d'avidité et d'inconscience. L'air commence à leur manquer. Mais voyons, si tu le veux, cette chanson.

 

Oui, oui, mais de qui est-elle ? Quel est son titre ? Qui sont ses interprètes ? Tu ne m'en as rien dit, s'exclame l'âne un peu en désarroi et rarrachant une touffe de chiendent, d'un coup sec.

 

Elle s'intitule tout simplement : « L'Italie »; elle est l'œuvre des Mercanti di Liquore, tu sais ce groupe de Monza dont je t'ai déjà parlé. Elle chante le désespoir d'un amoureux de l'Italie. C'est une belle chanson d'amour, mais elle a un fort parfum, elle est tonique et pleine de vie. Mais elle n'a pas été facile à mettre en scène, à présenter. C'était un morceau en prose auquel j'avais du mal à donner toute sa dimension de canzone en français. Un peu comme tu peux avoir la surprise devant un texte de roman de Saramago où il n'y  a pas de ponctuation... Le texte était beau, mais il y manquait une respiration, un rythme, une scansion. C'est une complication quand tu traduis, car un texte est la musique et le rythme par lui-même. Ce qui fait que ma version est fort différente - en apparence - du texte italien. Quoique... J'ai trouvé - après avoir traduit - une entrevue d'un des membres des Mercanti, Lorenzo Monguzi, qui confirme mon approche, me semble-t-il. Je l'ai placée à la fin de cet article.

 


 

L'ITALIE

Chanson italienne: L'Italia – Mercanti di Liquore – 2005.

Version française : L'Italie – Marco Valdo M.I. – 2008.

Quand je l'ai connue,

l'Italie était déjà une femme

de constitution robuste et saine

et plus que travailler, je dirais

qu'elle se mettait en peine,

puis comme elle était grasse,

madonna elle suait... 



Dans l'étable, deux bêtes

et un chœur de poules à qui couper la tête

pour se donner du bien, pour se faire une fête,

l'Italie s'inventait des histoires fabuleuses,

qui sait comment elle faisait...


Si on l'emmenait faire un tour,

l'Italie maillot rose

montait à l'arrière de la voiture

car elle était respectueuse...

Moitié de siège pour elle

et moitié pour nous autres ses frères,

pas exactement de Mameli1,

mais quand même suffisamment beaux.



Quand elle allait dîner dehors,

elle mangeait tout

ensuite, on pouvait se mirer dans son assiette,

et la panse pleine, d'un coup, elle se levait,

elle faisait une belle révérence,

l'Italie, et puis, elle dansait...

Nous muets et fascinés

par le rythme de ses pas,

elle dansait vraiment bien

comme font souvent les gras.

L'Italie dans ses virevoltes haletait et forçait,

elle semblait tomber mais elle se relevait.

 

Quand je l'ai connue,

nous étions compatriotes,

elle puait la misère

et avait d'étranges manières

avec sa grosse voix forte et son ton rieur,

contente car elle vivait, car elle survivait encore

à guerre, après-guerre, guerre d'après encore,

avec son caractère de putain et ses habits de sœur,

maîtresse en fourberie et un peu girouette,

mais vis-à-vis des autres,

très tendre et très humaine.

Elle avait de beaux gestes et des yeux ardents

un air familier, le sein proéminent,

un corps très maladroit, un peu hors mesure,

tenu tout ensemble par des points de suture,

pourtant elle était belle encore, magnifique et attirante,

une beauté impudique et parfois inconvenante,

portée et disposée aux vices du plaisir,

l'Italie savait encore jouir...

 

Avec les ans,

nous nous sommes perdus de vue,

je lui écrivis nombre de fois,

mais sans réponse.

On me dit qu'elle s'était mise

dans certaines affaires étranges

avec des voleurs et des voyous...

Puis, hier, je l'ai rencontrée

dans un supermarché, l'Italie

avec sa charrette au rayon des surgelés,

tellement maigrie

qu'elle me paraissait être une autre fille,

avec ses pommettes refaites

et sa petite frange courte.

J'aurais voulu lui dire que j'avais la nostalgie

des temps où je jouissais de sa compagnie;

que je la trouvais belle, en somme, séduisante, vraiment

et que même lointain, j'étais pourtant son parent.

 

Elle m'a regardé comme on regarde les enfants,

elle m'a demandé si je savais où étaient les gressins;

me voyant perplexe, elle s'est retournée soudain,

et dans l'instant, mon Italie s'en est allée...

 

Italie, mon ancienne aimée,

tu as perdu ton allégresse

et peut-être ne te souviens-tu plus de l'ancienne courtoisie

et même si je l'admets, j'en suis resté confus,

que diable, au moins tu pouvais saluer !

Pourtant, malgré tout, je t'aime encore,

quelque chose de moi-même t'appartient.

Il te plaît de faire la pécore

et de me faire désespérer,

mais je sais qu'un jour ou l'autre, je te reverrai danser.


la la la la
la la la la
la la la la
la la...

1Fratelli d'Italia ou Hymne Mameli (auteur du texte) est en fait l'hymne national italien.







L'Italie .... C'est l'Italie. Comme je le disais, mon texte m'a été donné par Paolini... Lui, il a un tas de cahiers absolument fascinant pour quelqu'un comme moi. Chez lui, il y a une quantité invraisemblable de cahiers écrits à la main; il n'est pas ami des ordinateurs; au contraire, sans doute, il garde même un peu de mépris car les choses écrites avec l'ordinateur sont toutes égales...Marco, dès le moment qu'il peut écrire, il prend des notes. Un matin que je m'étais à peine levé et que je ne comprenais pas encore grand chose, il a sorti un de ces cahiers et il m'a dit : « Regarde, ceci pourrait être une chanson ». C'était un morceau en prose, il n'y avait pas de métrique, cependant, l'idée m'a plu immédiatement de comparer l'Italie a une femme vue d'abord par les yeux d'un garçon qui en est attiré sexuellement et qui a une imagination tout entièrement tournée autour de cette femme qu'en réalité, il ne connaît pas bien. Il la voit, il l'entrevoit. Puis, avec les années, sa perception change aussi. C'est une très belle façon de raconter l'évolution de l'Italie, toujours dans l'optique de la métaphore dont nous parlions précédemment.

Entrevue avec Lorenzo Monguzi, un des membres des Mercanti di Liquore, publiée par La Brigata Lolli (Bielle).





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Published by Marco Valdo M.I. - dans Mercanti di Liquore
28 octobre 2008 2 28 /10 /octobre /2008 16:16
La musica dei Poveri, ce titre est celui d'une chanson des Mercanti di Liquore (2002). Il pose au locuteur de langue française un énorme problème de traduction, qui a du sens. Le titre est "La Musica dei Poveri" et le refrain est "La musica è dei poveri... " et là, on voit bien où se trouve la difficulté : traduire par "la musique est des pauvres". Cela ne sonne pas bien en français. « La musique est aux pauvres », sonne déjà beaucoup mieux et révèle un sous-entendu : la musique est celle des pauvres, elle est des leurs, elle vient des pauvres, elle ne peut vivre que parmi eux. D'où le titre français : « La Musique aux Pauvres ! » (point d'exclamation compris) qui claque au vent, qui sonne comme une injonction, comme une revendication, comme une devise, comme un slogan.

Quand on l'emmène dans le monde des riches, elle trouve l'atmosphère déliquescente et elle dépérit, elle s'anémie, elle perd toutes ses couleurs, elle s'épaissit de mauvaises graisses, elle traîne son corps adipeux, elle étouffe, elle ternit... Dans ce monde-là, des chacals multinationaux lui courent après. Ils la vendent, ils la prostituent et s'en font de gras revenus.

« Si tu chantes ma chansonnette, pour faire ton métier de vedette

T'as qu'à barrer ce qui t'embêtes avec des X avec des X

Ou bien chanter en engliche des conneries qui plaisent aux riches

Alors tu seras sur l'affiche... », chantait Léo Ferré dans une chanson au titre explicite « La Mafia ».



Les musiciens, les chanteurs – enfin, pas les cuistres ni les pitres – pour la plupart, ont juste droit aux miettes.

La musique et la chanson – qui valent – sont des jumelles rebelles. Elles ont souvent pris parti dans les luttes des hommes, dans cette grande guerre civile qui chaque matin se relance.

Elles sont du côté des pauvres irrémédiablement. Diablement !

 


LA MUSIQUE AUX PAUVRES !



Chanson italienne – La Musica dei Poveri – Mercanti di Liquore – 2002

Version française – La Musique aux Pauvres ! – Marco Valdo M.I. – 2008



Elle n'appartient pas à la culture

On ne la trouve pas sous un drapeau

Elle n'a jamais besoin de protecteurs

Elle ne peut pas rester à l'intérieur, sa place est dehors !

Ils ne l'auront pas ces fils du bien-être

Elle reste ce qu'elle doit être

Ils ne l'auront pas ces avocats ni ces affairistes

Encore moins les policiers ou les emprisonneurs

La musique est aux pauvres, la musique est aux pauvres

Elle a mille visages ou un seul seulement

Plus elle est lointaine et plus elle t'est parente

Elle est nouvelle, elle a cent mille ans,

Ils cherchent à la tuer mais elle est vivante.


La musique est aux pauvres, la musique est aux pauvres


Beaucoup en réclament la paternité

Mais elle n'appartient même pas à qui la fait

Les marchands de disques ne l'auront pas

ni les pitres déguisés en grands artistes

les criminels distingués ne l'auront pas

Elle n'est pas aux vainqueurs, elle est aux vaincus.


La musique est aux pauvres, la musique est aux pauvres

La musique est aux pauvres, la musique est aux pauvres

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26 octobre 2008 7 26 /10 /octobre /2008 09:43

L'Homme qui ne Dort Jamais



L'Homme qui ne Dort Jamais

Sent les projectiles errants

dépeigner ses cheveux

Et vraiment cela lui déplaît.



L'Homme qui ne Dort Jamais

est en contact permanent

avec l'Europe et le Moyen-Orient

Et il est vraiment inquiet.



« Ça tourne mal là dehors, j'en sens l'odeur

Une alarme du cœur... Dites-moi, vous,

Comment dormez-vous ? »



L'Homme qui ne Dort Jamais

Perçoit le moindre signal

Il ressent comme la sienne

La douleur d'où qu'elle vienne.



L'Homme qui ne Dort Jamais

Est inquiet tout le temps

Pour le destin de gens

qu'il ne connaîtra jamais.



« Il y a de la haine là dehors ! Je ne peux l'éviter

La défaite du cœur ... Dites-moi vous

Comment dormez-vous ? »



L'Homme qui ne Dort Jamais

Voudrait lire dans son journal

que la folie est en phase terminale

mais cela n'est jamais écrit.



L'Homme qui ne Dort Jamais

est seulement un ange ignoré

ou peut-être un prix immérité

que nous n'aurons jamais.



« Il y a une voie meilleure, mais je ne saurais l'indiquer

La défaite du cœur...

Dites-moi vous

Comment dormez-vous ? »





Chanson italienne – L'Uomo che non dorme mai – I Mercanti di Liquore – 2005

Version française - L'Homme qui ne Dort Jamais – Marco Valdo M.I. – 2008

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