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25 mai 2013 6 25 /05 /mai /2013 22:34
VINGT ANS

 

Version française – VINGT ANS – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne - Vent'anni - Cantacronache – 1965

Texte de Michele L. Straniero
Musique de Sergio Liberovici

 

 

Nizan.jpeg

 

 

 

 

 

Ah, une chanson sur les vingt ans... En connais-tu des chansons sur les vingt ans ? Mille chansonniers y ont cassé leur plume. Du reste, restons-en à « On n'a pas tous les jours vingt ans, ça n'arrive qu'une seule fois par an... »...

 

Je sais, je sais, Marco Valdo M.I., je connais ton aversion des scies et certainement, cette version des Vingt Ans de Berthe Sylva a dû casser les oreilles de mille jeunesses. Mais, mais, il te faudra bien m'entendre rectifier ton ironie et remettre le texte original : « ça n'arrive qu'une seule fois seulement... » et te demander de chercher le texte de cette chanson et de la mettre dans les Chansons contre la Guerre, car à mon sens, comme bien des chansons populaires – Le temps des Cerises, par exemple – en sont elles aussi.

 

Je te l'accorde, elle le mérite et je le ferai... N'empêche que depuis nos grands-mères, elle nous assomme. Et puis, ma petite déviation parodique n'était pas sans évoquer cette idée que le plus long âge de la femme est trente ans. Cela dit, il y a une excellente – elle aussi – chanson de Léo Ferré qui s'intitule Vingt Ans et dont je me demande pourquoi elle ne figure pas déjà dans les CCG. Je l'y mettrai aussi avec le commentaire de rigueur. Et je suppose que si on cherchait un peu, on en trouverait encore un fameux lot... J'imagine que ce doit être pareil dans toutes les langues... Car, en effet, vingt ans, ça marque et elle avait raison Berthe Sylva : « On n'a pas tous les jours... ». Il y a d'ailleurs toutes sortes de vingt ans. Paul Nizan, dans Aden Arabie, un livre que certains aimeraient qu'on oublie, et aimeraient aussi qu'on ne lise pas la préface – énorme préface : elle fait la moitié du livre dans l'édition de François Maspero – qu'écrivit Jean-Paul Sartre. Parenthèse, s'il y a une chose à lire de Sartre, c'est bien celle-là. Bon, ce que Nizan disait dans Aden, c'était ceci : « J'avais vingt ans et je ne laisserai personne dire que c'est le plus bel âge de la vie. » et de mémoire toujours, car je n'ai pas le texte sous la main, il disait aussi : « Tout menace de ruine un jeune homme... ». Quand tu lis Nizan à vingt ans, le monde prend une autre couleur, une autre dimension. C'est un peu – évidemment, toutes proportions gardées, comme de découvrir la Guerre de Cent Mille Ans et ses résonances.

 

 

« Aux armées, 5 novembre 1939

    Rirette chérie. Reçu hier soir ta lettre du 1er novembre. Il est bien agréable de se dire qu’après quinze ans, on s’aime assez pour échanger des lettres d’amour, et qu’on a en somme triomphé de tout ce qui sépare les gens. Ce séjour aux armées me rappelle un peu le séjour en Arabie, mais nous savons plus de choses, nous sommes bien plus profondément complices, nous avons appris à nous passer de littérature. De sorte que sans doute ce temps ne sera pas perdu, s’il ne se prolonge pas jusqu’à une époque où j’aurai une longue barbe blanche et où je me promènerai le long de la ligne Maginot dans une petite voiture à chenilles. Julie de Lespinasse, Juliette Drouet, quelques autres dames n’ont qu’à bien se tenir. Tu le sais, la légende veut que, pour apaiser les combattants et les consacrer exclusivement à des pensées guerrières et à la contemplation de leur destin militaire, les puissances font répandre du bromure, du camphre dans le vin, le sel, le café. Cette légende me paraît frivole et s’il y avait du camphre dans le vin, du bromure dans le café, les hommes au palais le plus étamé s’en apercevraient, mais je n’ai pas besoin de ces témoignages du goût : c’est assez que je lise une lettre de toi, que je t’en écrive une, que je pense à ta robe rose de Piana, à ta robe plissée de l’hiver dernier, à ce retour de Prague en décembre 37 où tu n’en finissais pas de jouir, pour que j’aie la preuve physique et personnelle qu’il ne peut y avoir de bromure dans le vin. De sorte que nous n’avons aucune inquiétude à avoir pour le moment de ma permission et qu’il suffira que j’aperçoive extrêmement peu de tes genoux, de tes cuisses, que tu viennes sans aucune provocation lancer ta langue dans ma bouche pour que nous arrivions à des résultats honnêtes. Je crois qu’il sera sage que tu renonces à l’usage vain du pantalon. Il nous restera assez de temps pour parler et nous dire des choses importantes. A propos de Talmud, je viens de lire que le Eben Haeser y prescrit aux ouvriers de ne faire l’amour que deux fois par semaine, aux savants que le sabbat, aux âniers qu’une fois par semaine, aux chameliers qu’une fois par mois, aux seuls rentiers tous les jours : il faudra que je me range dans la dernière catégorie. On lit aussi dans le Talmud, livre plus badin que je ne pensais, que quiconque fait l’amour en dessous de sa femme aura le délire (Gittin 70) : c’est un délire bien agréable, je t’embrasse, dans l’esprit de ce qui précède.
Nizan. »

Henriette Nizan, Libres mémoires, Robert Laffont, 1989, p. 272. Edition établie par Marie-Josée Jaubert.


 

Mais, Marco Valdo M.I. mon ami, on n'est pas là pour parler de Nizan, d'Aden Arabie, de La Conspiration, des Matérialistes de l'Antiquité – même si c'est un des meilleurs livres qui soit sur le sujet... et crois-moi, en ce qui concerne les matérialistes de l'Antiquité, j'en connais un bout. Mais peut-on les mettre en chanson, c'est une gageure... Alors, si tu veux bien, ferme la parenthèse et dis-moi deux mots de cette chanson-ci...

 

Là, Lucien l'âne mon ami, tu m'embarrasses... Je n'arrête pas de le faire... Enfin, celle-ci est en quelque sorte une chanson de vingt ans, comment dire, prospective et une chanson optimiste et volontariste. Note que ce ne serait pas un mal de ces temps-ci dans le climat que diffusent les médias et les lamentables incantations des économistes, des politiques et des religieux en tous genres. Un grand lamento socio-économique est en crue dans notre petit monde triste. Finalement, la Marinette de Berthe Sylva est plus drôle que ces grands incantateurs. Quant à la chanson, elle me rappelle étrangement « Si tous les gars du monde... » [[44469]], c'est un peu le même thème...

 

C'est l'évidence-même que si tous les gars et les filles et les ânes et les bêtes... Alouette, alouette... s'y mettaient, on finirait la Guerre de Cent Mille Ans en dix minutes (et encore), mais cela ne se peut... Et nous savons pourquoi... L'avidité, la cupidité, l'envie, le goût de la richesse, l'aspiration à un statut, à une reconnaissance, je ne sais quel complexe d'infériorité qui pousse à vouloir dominer les autres, l'ambition, la stupidité... que sais-je encore … font que certains défendent bec et ongles, à toutes forces, l'ordre établi, déjà fort ridicule et s'entêtent même à en établir un pire encore. C'est la principale raison pour laquelle il nous faut, Marco Valdo M .I. mon ami, ne jamais renoncer à tisser le linceul de ce vieux monde ridicule, religieux, patriarcal (ce qui est la même chose – tant que Dieu est un homme ; si demain, Dieu est une femme, remplacer patriarcal par matriarcal ; pour le reste, ce sera pareil), dès lors dominateur, vil, absurde et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

À vingt ans, nous ne voulons pas pleurer
Nous ne voulons pas nous illusionner
À vingt ans nous voulons maîtriser
Le présent, l'avenir et la liberté.

 

Voici ma main, viens toi-aussi
Marcher, chanter ici !
Si la jeunesse s'unit
Guerre, terreur : ce sera fini.

 

Ces mains aujourd'hui ont refusé
De forger le fer pour tuer,
Ces mains sont nées pour semer
Et travailler dans la liberté

 

Voici ma main, viens toi-aussi
Marcher, chanter ici !
Si la jeunesse s'unit
Guerre, terreur : ce sera fini.

 

Ces mains aujourd'hui ont refusé
De détruire tout avenir
Ces mains sont nées pour accueillir
Le futur dans la liberté.

 

Voici ma main, viens toi-aussi
Marcher, chanter ici !
Si la jeunesse s'unit
Guerre, terreur : ce sera fini.

À vingt ans, nous ne voulons pas pleurer
Nous ne voulons pas nous illusionner
Nous avancerons sans tuer
Vers les jours radieux de nos étés.

Voici ma main, viens toi-aussi
Marcher, chanter ici !
Si la jeunesse s'unit
Guerre, terreur : ce sera fini.
Jamais, Niemal, Jamàs
Pour la liberté, faites place !

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Published by Marco Valdo M.I.

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