PHALÈNE
Version française – PHALÈNE – Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson italienne – Falena - Casa Del Vento
Phalène, phalène, quel beau nom... Quelle tragique histoire... Elle sonne en mon cœur, comme elle sonne en musique... La Phalène balayée par on ne sait quel veillaque sans vergogne, écrasée tout de son long, face contre terre pour ne pas révéler de ses yeux vitreux le visage de son assassin. Telle est l'histoire crue de la chanson du jour. Une histoire violente, une histoire qui conte la lâcheté et la bassesse des hommes, quand ils sont vils.
Oh, tu sais, Marco Valdo M.I. mon ami, cette histoire-là, mille soirs, je l'ai entendue. Un peu partout dans ce monde, dans le monde de ces hommes-là, vils et sans honneur, au cœur rongé par la lèpre de l'ignominie, aux lèvres mangées par les fourmis noires de la vulgarité, ceux-là même qui tiennent plus à leur réputation et à leur tranquillité ménagères qu'à leur humanité, ceux là qui croient se débarrasser d’eux-mêmes en tuant l'autre... Ce monde, en somme, pétri de sa propre indécence n'est – et heureusement pour vous – pas celui de tous les hommes... Mais il est à vomir.
Je te l'accorde, Lucien l'âne mon ami. Ce monde n'est pas joli, il n'est pas plus honnête d'ailleurs. C'est donc l' histoire de la Phalène... Elle porte un nom de papillon, cette belle de nuit. D'autres portent des noms de fleurs comme « Bocca di Rosa », ou évoquent ou rappellent une fleur comme le coquelicot, par exemple, qui raconte lui aussi une histoire tragique que je te conterai un jour. La belle Phalène, condamnée comme nous tous à la vie, s'efforçait de faire face au destin du mieux qu'elle pouvait. On ne sait comment, on ne sait pourquoi, un de ceux-là l'élimina. Et personne, tu m'entends, personne, mis à part le conteur, ne s'en soucia.
Écoute-moi bien, Marco Valdo M.I. mon ami, ne vois-tu pas que c'est là un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin de maintenir leurs privilèges, d'accroître leurs richesses, de satisfaire leurs caprices, y compris (tu me comprends) leurs errements les plus libidineux et les plus sordides. Et la Phalène devait les satisfaire, sinon comment pouvait-elle survivre et faire vivre ses enfants, elle qu'on avait entraînée là ? Une mort blanche, en quelque sorte. Oui, oui, la mort blanche, celle de ceux que l'on tue au travail... après les avoir contraints à des tâches trop lourdes, trop longuement, des travaux insensés ou franchement, indignes. Cela dit, je rappelle qu'à mes yeux comme aux tiens, s'il n'y a pas de sot métier, il y a des métiers dégueulasses - certains les font par force, d'autres s'y complaisent. Enfin, toute cette histoire de violence contre une femme, tout cela me retourne le cœur et me pousse – en mémoire de toutes les phalènes, en mémoire de toutes les éphémères, en mémoire de toutes les lucioles – à tisser avec encore plus d'obstination le linceul de ce vieux monde obscène, lâche et cacochyme.
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La nuit fut de rouge par le sang souillée.
Et sur l'herbe, la Phalène écrasée.
Elle vendait son honneur à de vieux rabougris
Et savait comment enflammer toutes leurs nuits.
Phalène et ses enfants devaient tomber
Ils étudiaient seulement au bar du quartier
On la retrouva sans habits, dans le blé
Dépouillée de sa vie, un soir d'été
La belle Phalène s'envola vers sa mort
Toute sa vie, elle a dû combattre le sort
Rien ni personne ne veut se souvenir d'elle
Elle est oubliée, Phalène la belle.
D'elle, les gens déparlent et déblatèrent
Elle avait si peu de principes sévères
Tandis que les pères et maris idéaux
Défoulaient sur elle leurs instincts animaux.
Jamais, on ne trouva la main assassine
Elle n'en valait pas la peine, la coquine.
Rouge le sang coule de la gorge tranchée
Et sur l'herbe, la Phalène écrasée.
La belle Phalène s'envola vers la mort
Toute sa vie, elle a dû combattre le sort
Rien ni personne ne veut se souvenir d'elle
On l'a oubliée, Phalène la belle.