LE CAMARADE G.
Version française – LE CAMARADE G. – Marco Valdo M.I. – 2009
Chanson italienne – Il compagno G. – Ivan Della Mea – 2002
« Fin octobre 1962. Dissoute une manifestation syndicale en soutien à Cuba. Soudain, une charge de la « celere » (police anti-manifestations), le bataillon Padova, et une jeep renversa un jeune étudiant communiste appelé Giovanni Ardizzone... »
…
Le camarade G.... Figure-toi, mon ami Lucien l'âne aux poils si drus, que cette lettre solitaire, ce G, tout seul, là devant les yeux de tous, me rappelle quelque chose, une histoire de résistance, elle aussi. Elle se passait dans la future capitale de l'Europe, à Bruxelles, au début des années quarante. Un groupe de jeunes universitaires – de l'Université Libre de Bruxelles, la bien nommée en l'occurrence, mit sur pied un groupe de résistance armée, qui se spécialisa – si ma mémoire est bonne – dans le sabotage. Comme tu le sais, le sabotage est souvent le fait ou la spécialité des ingénieurs et comme on dit, c'est de bonne guerre. Ce groupe s'appelait le Groupe G. Lui aussi avec ce G tout seul devant les yeux de tous. Certains d'entre eux furent eux aussi assassinés par les nazi-fascistes...
C'est là une coïncidence que cette lettre, ce G. tout seul devant les yeux de tous, dit Lucien l'âne un peu raisonneur pour la circonstance, mais quand même, il y a bien un lien qui est la lutte de résistance au cœur de la Guerre de Cent Mille Ans. Mais, dis-moi, qui est ce camarade G. ?
Comme tu peux le lire dans l'introduction que j'ai traduite, il s'appelait Giovanni Ardizzone et il fut assassiné par une jeep de la police anti-manifestations italienne en 1962 à Milan. Ce n'est d'ailleurs pas le seul cas du genre : rappelle-toi Carlo Giuliani à Gênes en 2001. La chanson rappelle la mémoire de Giovanni Ardizzone, le camarade G.
Concluons ici et laissons parler la chanson, dit Lucien l'âne : Ora e sempre : Resistenza !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I.
Milan a de la mémoire
Des souvenirs, en voici deux :
On est fin octobre, le soir
En mil neuf cent soixante-deux
Il y a quelqu'un à terre
On l'appelle Giovanni
Sa bouche est encore remplie
De oui à la paix, non à la guerre
De paix sur la terre
Et de ses vingt ans aussi
Assassinés par un agent
Encore un peu fasciste.
Ainsi mourut Ardizzone, étudiant
Étudiant et communiste.
La nuit de la veillée
Je ne sais ce qui me prit
Je fixai Moroni
Et je dis : il me vient une pensée
Giovanni nous ressemble
Giovanni nous ressemble
À nous tous, nous tous
Tant que nous sommes, tous.
Alors doit mourir le fascisme.
Alors que meure le fascisme
Fonce Giovanni en avant
À Gênes aussi, en avant
Demain avec Giuliani
Abattu par un soldat
Par un carabinier
Serrons dans nos doigts
Pour ne jamais oublier
L'histoire et la mémoire
De ces heures noires.
Tranquillement, nous nous regardons
Quel mal y a-t-il à le faire ?
Et nous découvrons
Que tous nous ressemblons
À Carlo, à ce garçon
Porteur de notre optimisme
Qui parle du droit
De vivre dans la joie.