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3 avril 2013 3 03 /04 /avril /2013 23:15

SOLEDAD, MA SOEUR...

 

 

Version française – Soledad, ma sœur – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Soledad, Hermana... – Alessio Lega – 1998

 

 

 

 

 

« Cette chanson fut écrite au lendemain de la nouvelle du suicide de Maria Soledad Rosas, justement la « Camarade Solitude ». J'y suis très attaché, mais je ne la propose jamais, ni dans les disques ni dans les concerts car elle touche le fond d'une douleur sans fond. Ce fond qui fait qu'aucun anarchiste ne se sent jamais entièrement seul, car il y a les autres anarchistes où qu'il aille et la solidarité est folle. Mais d'un autre côté, lorsqu'un de nous s'en va, la blessure ne peut pas se cicatriser et continue à saigner. Et ensuite peut-être est-elle trop désespérée… et ça me brise de faire des chansons sur les faits sociaux sans un minimum d'espoir. »

 

Alessio Lega, 11 Juillet 1998

 

 

La chronique.

 

7 Mars 1998. Toute la presse de la péninsule donne nouvelle de l'arrestation de trois « écoterroristes – squatteurs - anarchistes des centres sociaux turinois, accusés d'être les auteurs d'attentats dans le Val de Susa contre le TAV : Edoardo Massari, Silvano Pelissero, María Soledad Rosas (24 ans, argentine de Buenos Aires).

 

28 Mars 1998. L'anarchiste d'Ivrea, Edoardo Massari (Baleno) est trouvé pendu à un drap de la cellule dans laquelle il est enfermé dans la prison turinoise des Vallettes.

 

29 Mars-7 avril 1998. Se succèdent des manifestations et des cortèges à Turin et dans d'autres villes italiennes pour protester contre l’énième suicide d'État et pour la libération de Soledad et de Pelissero qui font en prison la grève de la faim. À la manifestation du 4 avril à Turin, des milliers d'anarchistes provenant de toute l'Italie demandent la libération des détenus.

 

11 Juillet 1998. Dans une communauté, où elle est obligée de rester après sa libération de la prison, Soledad est trouvée morte, pendue à son drap comme son compagnon Baleno.

 

Camarades,

 

La rage me domine en ce moment. J'ai toujours pensé que chacun est responsable de ce qu'il fait, pourtant cette fois, il y a des coupables et je veux dire à très haute voix qui ont été ceux qui ont tué Edo : l'État, les juges, les magistrats, le journalisme, le T.A.V., la Police, la prison, toutes les lois, les règles et toute cette société esclave qui accepte ce système.

Nous avons toujours lutté contre ces obligations et c'est pour cela que nous avons fini en prison.

La prison est un lieu de torture physique et psychique, ici on ne dispose d'absolument rien, on ne peut décider à quelle heure se lever, que manger, avec qui parler, qui rencontrer, à quelle heure voir le soleil. Pour tout, il faut faire une « requête », même pour lire un livre.

Bruit de clés, de grilles qui s'ouvrent et se ferment, voix qui ne disent rien, voix qui font écho dans ces couloirs froids, chaussures de gomme pour ne pas faire de bruit et être épiés dans les instants moins imaginables, la lumière d'une pile qui le soir contrôle ton sommeil, courrier contrôlé, mots défendus. Tout un chaos, tout un enfer, toute la mort.

Ainsi ils te tuent tous les jours, petit à petit pour te faire sentir plus encore la douleur, par contre Edo a voulu en finir immédiatement avec ce mal infernal. Lui au moins, il s'est permis d'avoir un dernier geste de liberté minimale, de décider quand en finir avec cette torture.

 

Entre temps, ils me punissent et ils me mettent en isolement, ceci ne veut pas seulement dire ne voir personne, ceci veut dire n'être informée de rien, n'avoir rien, même pas une couverture, ils ont peur que je me tue ; selon eux, c'est un isolement de précaution, ils le font « pour me sauvegarder » et ainsi ils se déresponsabilisent, même si je décide d'en finir avec cette torture. Ils ne me laissent pas pleurer en paix, ils ne me laissent pas avoir une dernière rencontre avec mon Baleno.

J'ai 24 heures par jour, un surveillant pénitentiaire à pas plus de 5 mètres de distance.

Après ce qui s'est passé, les politiciens des Verts sont venus me présenter leurs condoléances et pour me tranquilliser, ils n'ont pas eu de meilleure idée que me dire : « Maintenant sûrement, tout se résoudra plus rapidement, après ces événements, tous suivront le procès avec une grande attention, peut-être t'accorderont-ils même l'assignation à domicile ». Après ce discours, j'étais sans mots, ébahie, cependant j'ai pu répondre qu'il y avait besoin de la mort d'une personne pour émouvoir un salopard, dans ce cas le juge.

J'insiste, en prison, ils ont tué d'autres personnes et aujourd'hui, ils ont tué Edo, ces terroristes qui ont la licence de tuer.

 

Je chercherai la force quelque part, je ne sais où, sincèrement je n'ai plus envie, cependant je dois continuer, je le ferai pour ma dignité et au nom d'Edo.

L'unique chose qui me tranquillise est de savoir qu'Edo ne souffre plus. Je proteste, proteste avec tant de rage et tant de douleur.

 

Sole

 

(la source est Anarcopedia. La lettre n'est pas datée mais semble écrite peu après le suicide d'Edoardo « Baleno » Massari, survenu le 28 Mars 1998.)

 

 

+++++++++++

 

 

Ariane, ma sœur, de quel amour blessée

Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée !

 

Ainsi, mon ami Lucien l'âne, c'est la Phèdre, la grande Phèdre et son amour désespéré qui ouvre mon commentaire. C'est elle qui incarne Soledad, quelque part au sommet de la tragédie française, quelque part dans les plus hautes aires de la littérature dramatique. Soledad ! Camarade ! Nous dirons toujours et ton destin et ton amour. Nous dirons notre mépris – ô non, pas notre haine, comment haïr ceux qui ne comptent pas aux rangs de la dignité humaine, à quoi bon et comment haïr des raclures de temps... Mais ces deux vers de Jean Racine, qui les écrivit il y a quelques siècles, racontant les tourments d'une princesse de bien des siècles avant lui encore, disent ô Soledad : ta vie, ton amour et ta mort. Regarde ceci :

« Soledad, ma sœur, de quel amour blessée

Vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ! »

 

J'ajouterais : Jamais tes assassins

N'atteindront les ciels où tu reposes enfin.

 

Certes, on mit brutalement fin à ton existence et à la sienne, mais pour toi, je mettrai une chanson de plus dans les Canzoni contro la Guerra... Oh, elle aurait déjà dû y être depuis longtemps déjà... Elle n'y est pas... Elle est de Barbara... Une de tes sœurs noires... Une voix venue du plus bel enfer. Je la mettrai, je te le promets, pour meubler le grand silence qui t'entoure. Je t'en dis deux vers ou trois...

Que disait-elle ? Et que tu as peut-être dit, peut-être pensé ? Que sais-je moi et mon ami Lucien l'âne, qu'en sait-il ? Elle disait :

« Car mourir pour mourir

Je ne veux pas attendre

Et partir pour partir

J'ai choisi l'âge tendre. »

 

 

En t'écoutant, dit Lucien l'âne en un discours suspendu, je songe à Lully, à Couperin, à Debussy et à leurs tombeaux, leurs tombeaux de musique... Et toi, Marco Valdo M.I., ami d'un âne gris et noir selon le temps et l'humeur, toi ici, appelant Barbara à la rescousse, tu nous fais un tombeau de mots pour la Solitude.

 

 

Oui, mais que veux-tu que je fasse d’autre ? Notre rage est infinie, mais elle ne peut remonter le temps et rétablir ce qu'il a englouti. Mais, mais, elle peut encore se faire entendre... Et puis, je crois bien que Baleno, Soledad et les autres qu'ils ont pendus, étouffés, empoisonnés, étranglés, flingués... que sais-je ? assassinés dans leurs prisons se joindraient ici à moi pour rappeler qu'ils tiennent encore serré Marco Camenisch (Achtung banditen!) – sauf à ce qu'ils l'aient lui aussi, après tant et tant d'années, purement et simplement, éliminé. Les rats... Les milliers de rats, fidèles du grand rat.[[17043]]

 

Ce monde, quand on l'examine de près, est décidément peu recommandable. Et pourtant, tout dépend du lieu et des gens qu'on y rencontre... le hasard des rencontres... Le hasard des lieux... Comme tout peut être si merveilleux, si magnifique... En fait, il suffirait de mettre fin à cette guerre de Cent Mille Ans que les riches font avec toute leur immense indignité, leur outrecuidance, leur suffisance, leur imbécillité aux pauvres à la seule fin de maintenir leur ridicule domination, d'assurer leurs privilèges, de développer leur richesse, de se pétrir d'ennui et d'avidité... triste sort ! Ainsi, Marco Valdo M.I. mon ami, tant que nous vivrons, il nous faudra poursuivre cette tâche simple, ce devoir de canuts, il faudra tisser le linceul de ce vieux monde au parfum de cadavre, trop blême, trop suffisant, trop indigne pour l'humaine nation et décidément, cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 


Solitude, camarade…

Au bout de ton drap, il y a notre défaite
La fin de la pensée, la certitude inutile
Que notre révolte était une phrase toute faite

Criée pour se fondre dans un univers futile.
Solitude, camarade…

Au fond de ta vie, il y a la roche perdue
Le sommet inatteignable, la distance infinie
Notre vie faite, quotidienne et foutue
Le travail, la maison, la tristesse, la vie…

Camarade Solitude, nous partons en vacances
Garde-la au frigo ta désespérance
Nous nous en occuperons à la fin de la ligne
Là où dans nos slogans, nous parlons d'espérance.
Solitude, camarade…

Au bout de cet été, lorsque nous reviendrons,
Sois encore comme une ancre cassée
Et coulant ensemble, je pourrai te dire « Nous porterons
Cette haine sociale dans l'histoire corrompue »
Solitude, camarade…

L'histoire maintenant est finie et se noie dans un puits
Ils sont en train de te tuer ces quatre assassins,
Le coup sur nos visages, la violence de la collision
Nous arrache les armes et casse nos canines.

Camarade Solitude ici tous sont coupables :
La répression nous tue sans trêve,
Ses esclaves abrutis, la torpeur de la cause,
L'État assassin, les bourreaux conscients.
Solitude, camarade…

Cependant nous tous aussi, camarades trop fatigués
Trop occupés à chercher un lendemain
Pour défendre d’aujourd’hui des coups sur les flancs
Pour nous défendre aujourd'hui, pour user de nos mains.
Solitude, camarade…

Nous trinquions à la fin de notre juillet libertaire

À notre défaite honorable et certaine
Ce train en partance dont je ne connais pas l'horaire
Le sang ne coule plus mais la blessure est toujours ouverte.

Camarade Solitude, de toi, je peux dire « morte »
Mais moi, je ne suis pas certain de respirer
Ce paysage âpre de continuelle douleur
Ce ciel fumeux, cette lune tordue.
Solitude, camarade…

Au bout de ton drap, il y a notre défaite
La fin du futur, la perte de l'orgueil
La révolte en cage, il y a la mort déjà écrite
Il y a mon espérance pendue en juillet.

 

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Alessio Lega
6 juillet 2012 5 06 /07 /juillet /2012 08:44

MALATESTA

 

Version française – MALATESTA – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Malatesta – Alessio Lega – 2012

 

 

 

Dans quelques jours, le vingt-deux juillet, il y aura quatre-vingts ans qu'Errico Malatesta est mort relégué, avec sa famille, dans une maison de Rome. Jusqu'à quelques années avant, il avait réussi encore, pourtant vieux, à continuer son activité, en publiant clandestinement, tous les quinze jours, Pensiero e volontà(Pensée et volonté); puis le régime fasciste avait serré l'étau autour de lui. Trop connu dans le monde entier pour être éliminé; il fut ainsi, à la lettre « incarcéré dans une pièce », comme Alessio Lega écrit dans cette chanson, consacrée à ses derniers jours. C'est la définition la meilleure pour les "arrêts domiciliaires" qui encore maintenant sont dispensées à profusion par des magistrats diligents à ceux qui s'opposent (Il suffit de prendre le TAV...).

Gardé à vue par des agents armés, sans pouvoir sortir ni avoir de contacts avec le monde extérieur. Il réussit, pour la énième fois, à s'échapper seulement par sa mort le vieux Malatesta ce 22 juillet de 1932 ; et jusque dans sa mort, il faisait peur. Tant que sa tombe fut elle aussi isolée. Les agents de police reçurent l'ordre de se déporter, toujours en armes, de la porte de maison au cimetière où il avait été enterré. Ils furent commis à la garde d'une tombe, pour empêcher que quelqu'un ne s'en approchât pour déposer une fleur, qu'on soupçonnait d'avoir les pétales de l'idée et de la résistance. [RV]

 

********

 

Elle me rappelle, cette chanson, une chanson amérindienne qui commence elle aussi par Dors, dors... Bien sûr, elle parle d'autre chose... D'une mère qui va travailler aux champs pendant que dort l'enfant... Elle est en espagnol... Du moins, la version que je connais. « Duerme, duerme »... Et elle a toute sa place dans Les chansons contre la Guerre... Elle parle du travail et de la mort... Du métis, de la négritude, de l'oppression des patrons blancs... Je la proposerai bientôt... Elle aurait bien plu à Errico Malatesta...

Et dans la traduction, j'ai écrit Réveille, réveille... en souvenir des Cajuns... des Acadiens massacrés par les envahisseurs et déportés [[40252]]

 

Pour le reste, on s'en remet au commentaire de Riccardo Venturi... et reprenons notre tâche quotidienne et tissons le linceul de ce vieux monde rabougri, dispendieux, fol, mortifère et cacochyme (Heureusement !)

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 


 

Malatesta.jpg

 

  ERRICO MALATESTA

 

 

" Est anarchiste, par définition,

Celui qui ne veut ni être opprimé

Ni ne souhaite être oppresseur.

Celui qui revendique le plus grand bien-être,

La plus grande liberté,

Le plus grand bonheur possible

Pour tous les êtres humains. »

 

 

 

Dors dors Malatesta

Car l'histoire tournoie

Comme un corbeau de la lune

Déclinant

Dors dors dans ton lit

Cette caisse galvanisée

Ils te surveillent de près

Et mettent la nuit sous scellés

 

 

Dors dors Malatesta

Ici maintenant tout est en ordre

Chaque nuit, on se réveille

Chaque chose a son coût

La justice est un uniforme

On l'enfile et on se tire

L'égalité est un bien énorme

Elle est même cotée en Bourse.

 

 

Elle est même cotée en Bourse...

 

 

Dors dors Malatesta

Les gratte-ciel de douleur

Dressés comme des pierres

Sur le cœur

De ce chaos si malade

Que nous appelons notre vie

Dans l'idée que la joie

Soit notre énième blessure.

 

Dors dors Malatesta

Pensèrent les dirigeants

Pour la fête

En digérant même les fragments

De la terre crue en motte serrée

Et à court de respiration

Tandis qu'un bourreau que rien n’apitoie

Te garrotte encore un tour.

 

Dors tranquille Malatesta

Comme tu vois tout va bien

Sur l'abîme du futur

L'obligation des chaînes

On ne devrait plus y penser

Car celui qui part ne revient plus

Dans cette solitude

Ultramoderne

 

Réveille réveille Malatesta

Pietro Gori, Bakounine

Au son de la trompe

Faites renaître le matin

Caps de bonne espérance

Pour redoubler la passion

Emprisonnés dans une pièce

Bientôt la révolution

 

Bientôt la révolution....

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Alessio Lega
5 mars 2012 1 05 /03 /mars /2012 15:57

TOUT LE SANG DU MONDE

 

Version française – TOUT LE SANG DU MONDE – Marco Valdo M.I. – 2012

Chanson italienne – Tutto il sangue del mondo – Alessio Lega – 2010

 

 

 

Toi, le commissaire

Tu m'as à peine frappé,

Au fond, c'est ton métier

Et tu en as reçu l'ordre...

Et moi, j'ai fabriqué comme un pauvre couillon

Ces lois inouïes,

Ma prison

Car je suis noir,

Je suis arabe –n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien..

Car je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien.

 

Et toi, le magistrat,

Tu m'as condamné plus

Pour faire un exemple

Que pour mon délit...

Et je cuis ton pain

Et je presse ton vin

Pas tout seul, c'est certain

Je ne suis qu'un pantin

Et puis je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde mais pas l'italien..

Et puis je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien.

 

Et toi ma bonne dame,

Tu peux m'insulter,

Tu as acheté le droit de blesser et d'humilier..

Et je paie l'amour si je ne peux pas faire sans

Dans cette ruelle qui est moins sale

C'est certain que ta conscience

Car je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien..

Je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien..

 

Pourtant quand vous êtes venus

Dans mon pays

Vous m'avez colonisé

Moi, je veux juste manger

Et aujourd'hui, comme hier,

C'est vous qui nous tuez

Et nous qui avons laissé

Notre été pour votre hiver.

Et puis je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde mais pas l'italien..

Je suis noir,

Je suis arabe – n'est-ce pas.

Tout le sang du monde

Mais pas l'italien.

 

Mon pays est celui

dont je mange le pain

Où l'amour est un fruit que je cueille

Quand j'ai faim

Si j'en apprends la langue,

Et si j'en cultive les plantes,

Mes yeux restent

Ceux d'un émigrant

Car nous sommes tous noirs

et tous nous venons d'ailleurs

nous sommes les travailleurs

Car nous sommes tous arabes

Nous sommes tous des émigrés

Nous sommes la richesse

Nous sommes les oubliés.

Car nous sommes tous noirs

Et tous nous venons d'ailleurs

Nous sommes les travailleurs

Car nous sommes tous arabes

Nous sommes tous des émigrés

Nous sommes la richesse

Nous sommes les oubliés.

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Alessio Lega
30 avril 2011 6 30 /04 /avril /2011 19:39

ODE AU MOUVEMENT PERPÉTUEL

 

Version française – ODE AU MOUVEMENT PERPÉTUEL – Marco Valdo M.I.– 2011

Chanson italienne – Ode al moto perpetuo – Alessio Lega – 2011

 

 


Pour une chanson étonnante, en voilà une qui en réjouira plus d'une et plus d'un... Une Ode au mouvement perpétuel. Voilà qui interpelle... Alessio Lega se transformerait-il en disciple de Leonardo ou de Pascal ? Dis-moi, Marco Valdo M.I., qu'en penses-tu ?


Je l'imagine mal... Mais sait-on jamais ? Pour le reste, cette Ode au Mouvement Perpétuel, du point de vue strictement scientifique, est assez loin de la réalité. Je te signale que pour la mécanique, même quantique, il n'est en aucun cas possible qu'un tel mouvement puisse exister. Ce serait plutôt une Ode à la pédale, à la bicyclette, au vélo, au mollet, au cycliste, au forçat de la route... Ce qui est très bien. Cependant, il ne faut jamais oublier que le cycliste, pour pouvoir être cycliste, doit d'abord exister comme personne et de ce point de vue, en effet, il y a là une consommation d'énergie, mais elle serait sans doute à peu près égale s'il se contentait de marcher. Globalement, il se déplace sans doute plus rapidement, avec un moindre effort par rapport à la distance parcourue et un frottement nettement limité par rapport au déplacement pédestre.


Voilà donc, la révolution silencieuse à deux roues. Mais il me semble qu'elle présente certains inconvénients... Dont par exemple, précisément sa technologie fondée sur l'acier, le cuivre, le verre, le caoutchouc et le plastique... Imagine rien qu'un instant ce que cela suppose d'usines, de circuits de distribution, de transports, de magasins, de pièces de rechange... Et puis, il faut aussi une certaine force, une machine et un corps en bon état de marche... Sans compter les côtes, le vent, les pluies, les chemins pierreux, boueux... Dès lors, c'est bien la bicyclette, mais je préfère nettement le vélo chinois...


Le vélo chinois... ? Qu'a-t-il de si particulier, ce vélo chinois ? Là franchement, tu m'intrigues.


Et bien voilà..., Marco Valdo M.I. mon ami, je vais pour toi éclaircir ce mystère du vélo chinois. Lorsque le premier vélocipède, la première bicyclette, ce miracle de la technologie qui enchanta Alfred Jarry au point de le ruiner... Je te rappelle au passage que Jarry (le père d'Ubu) avait acheté au sieur Trochon à Laval (Bretagne) une bicyclette de la marque Clément Modèle luxe 96 de course sur piste [[http://www.follepensee.com/follepensee_html/texte/rct_bicycle.html]], un engin hors de prix, et qu'il fut poursuivit le reste de son existence par des huissiers, mais je m'égare. Donc, lorsque les Chinois – ils en étaient encore à l'Empire – virent cette merveille de l'industrie et du mollet, ils décrirent la chose aux Chinois – toujours de l'Empire – qui ne l'avaient pas sous les yeux, comme un âne que l'on fait avancer en le tenant par les oreilles et en lui bourrant le ventre de coups de pieds... Dès lors, si le vélo, selon les Chinois de l'Empire, est un âne à qui l'on tire les oreilles et qu'on frappe de coups de pieds; a contrario, l'âne est un vélo chinois auquel il ne faut même pas donner ces coups de pieds – c'est même vivement déconseillé, ni même le tenir par les oreilles, ce qui est encore plus vivement déconseillé. Le « vélo chinois », c'est lui la vraie révolution. Vois donc tous les avantages du vélo chinois : d'abord, une technologie d'avant-garde... Plus écologique, il n'y a pas. Il ne nécessite aucune industrie, l'extraction d'aucune matière première... Pas de carrières qui détruisent le paysage, pas d'usines qui le détruisent aussi et pas de ces fumées et de ces émanations qui polluent la vie... Bien au contraire, non seulement, il ne pollue pas... mais ses déjections produisent de l'engrais. Et pour chercher sa nourriture, il nettoie les fossés, les sous-bois, les terrains laissés à l'abandon. Mais encore, il est automoteur et il porte les femmes, les hommes, les enfants, les vieillards et toutes sortes de charges jusque dans les chemins les plus escarpés, dans les lieux les plus reculés, dans les endroits les plus montagneux ou inaccessibles... Bref, pour se déplacer, il ne demande pas des voies macadamisées... Mais mieux, il est intelligent, il contourne tout seul l'obstacle, il évite le danger, il peut – au besoin – vous ramener chez vous, c'est-à-dire chez lui aussi, même si vous n'êtes plus en état de le faire – ce qui arrive certains soirs, même aux meilleurs. Il porte le malade; l'hiver, il tient chaud et de surcroît, c'est un aimable compagnon avec lequel on peut se lier d'amitié et même de tendresse et avec qui on peut – tu le sais – tenir la conversation. Bien traité, il manifeste sa joie de vous revoir... Ainsi en fut-il de Modestine et de Robert-Louis Stevenson lors d'un inoubliable voyage dans les Cévennes.


Cette fois, je pense que même Alessio sera convaincu par ce « vélo chinois » qui de son pas trottinant s'en va tissant le linceul de ce vieux monde mécanique, énergivore et cacochyme.


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.



Je chante l'équilibre du mouvement perpétuel

Je chante la vie qui se meut silencieuse

Je susurre dans l'air où je circule et je nage

Je me glisse par les rues, je suis tous les gens

Et parmi tous ces gens, j'apporte le génie fécond

De l'ingéniosité qui défait la presse

Sans vacarme et sans fumée qui empoisonnent le monde

Louange éternelle, messieurs, pour ma bicyclette

Louange éternelle à la pédale, au guidon, à la roue

Au feu arrière, à la dynamo avant,

À la sonnette, à son unique note

À la voix argentine qui vous tintinnabule attention

Remarquez, je vous prie, que voilà le vrai progrès

Et c'est le nœud qui lie une technologie

Qui sans réduire le monde à une chiotte

Multiplie ta propre énergie.

 

« La révolution – camarades – viendra à vélo ! »

Semelle et pédale

Voilà le vrai idéal.

Sans presse – camarade – boycotte le moteur

Sans faire rumeur

Écrase le pouvoir

Œil au genou

C'est le jarret que j'étire

La révolution vient en pédalant !

 

Le murmure vibrant de la roue dentée

Dent à dent s'insinue, dent à dent enchaîne

La chaîne capte l'énergie libérée

Et la livre véloce, précise et sereine

Et la bicyclette, métaphore de petite reine

Symbolise une vie qui ne soit pas feuille au vent

Mais passion et pensée, corps et esprit

Où l'on reste debout tant qu'il y a mouvement.

Circulaire à tous les mouvementistes

Lettre ouverte à qui vit en luttant :

Internationalistes de tous les pays,

Unissez-vous ! Cyclistement.

N'abandonnez pas vos chaînes

Mais tendez-les entre les deux roues en tension

Libertaires, anarcho-cyclistes il faut

Arriver à coups de pédale à la révolution !

 

« La révolution – camarades – viendra à vélo ! »

La côte à présent est dure

Mais viendra la descente !

Sans presse – camarade – boycotte le moteur

Sans faire rumeur

Écrase le pouvoir

Œil au genou

C'est le jarret que j'étire

La révolution vient en pédalant !

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Alessio Lega
5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 22:15

 

ISABELLE DE MORRA

 

Version française – ISABELLE DE MORRA – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Isabella di Morra – Alessio Lega – 2008

 


D'abord et avant tout, Lucien l'âne mon ami, je te prie de considérer la belle chose que nous a concoctée Alessio Lega, celui-là même à la voix rocailleuse que tu aimes tant. Une histoire tragique, un drame, l'assassinat d'une de ces belles poétesses qui feraient chavirer tous les cœurs et qui reviennent comme des fantômes quatre cents ans plus tard. Une chanson shakespearienne en diable que l'histoire de l'assassinat d'Isabelle de Morra et de son amant par un mari des plus jaloux et dès lors, des plus stupides qui se puissent être.

 

 

Je brûle de la connaître cette chanson et aussi de rencontrer ce joli fantôme, dit Lucien l'âne en frémissant de la tête à la queue.

 

Juste un mot pour attirer l'attention sur la proche similarité de l'histoire d'Isabelle de Morra (Favale, 1520 – 1546) et de celle de Marie d'Avalos (1560 environ – 1590 ), qui eut le malheur d'épouser le Prince de Venosa (Venouse en français) et d'être en cette « civilisation » propriétaire et machiste, des femmes libres, dignes et audacieuses… Vois aussi, ce qu'en dit Tasso : « Piangete o Grazie, e voi piangete Amori, feri trofei di morte, e fere spoglie di bella coppia cui n’invidia e toglie, e negre pompe e tenebrosi orrori...la bella e irrequieta Maria. »

Et plus encore ce qu'en dit l'abbé Brantôme, qui s'y connaissait en femmes, ainsi que l'attestent ses écrits sur les femmes parmi les plus célèbres sur ce sujet :

« Done Marie d’Avalos, l’une des belles princesses du païs, mariée avec le prince de Venouse, laquelle s’estant enamourachée du comte d’Andriane, l’un des beaux princes du païs aussy, et s’estans tous deux concertez à la jouissance et le mary l’ayant descouverte…. les fit tous deux massacrer par gens appostez ; si que le lendemain on trouva ces deux belles moictiez et créatures exposées ettendues[1] sur le pavé devant la porte de ia maison, toutes mortes et froides, à la veue de tous les passants, qui les larmoyoient et plaignoyent de leur misérable estat. »

(Pierre de Bourdeilles, abbé et seigneur de Branthôme. Recueil des dames, seconde partie.)

Je ne résiste d'ailleurs pas à te citer encore ce Brantôme (1535 -1614), abbé « laïc », s'il en fût. Et qui raisonnait sainement quand il disait : « Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu'il s'en pust faire un cerne, je croy qu'il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre ». (« Les vies des dames galantes »). (Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenaient tous par la main et qu'on en put faire un cercle, je crois qu'il serait assez grand pour entourer la moitié de la terre ) - que Paul Fort réinterpréta en « Si tous les gars du monde... (y compris les cocus, je suppose) et après lui, bien d'autres, dont Sergio Endrigo avec son « Girotondo intorno al mondo»...

 

 

Et le même Brantôme encore, dans un « Je fais l'amour, pas la guerre » (quoique, on a vu plus haut... y en a qui confondent) « Make love, not war », bien antérieur aux années 60 du siècle dernier. Lis bien ce sonnet et regarde comme il conclut... On pourrait y souscrire et je pense qu'il devrait figurer en toute autonomie dans les Canzoni contro la Guerra..

 

Ah! Je voudrois estre Roy de la France,

Non pour avoir tant de villes à moy,

Ny pour donner à un peuple la Loy,

Ou estonner chacun de ma presence;

Non pour briser vertement une lance,

Ni pour braver sur tous en un tournoy,

Pour dire apres:- Ah Dieu! que nostre Roy

Est bon gendarme et meilleur qu'on ne pense!

Ny pour avoir aussi tant de veneurs,

Ny tant de chiens, de chevaux, de piqueurs,

Ny pour tirer honneur de la Noblesse,

D'un Duc, d'un Comte, ou d'un Prince du sang,

Ou pour marcher le premier en mon rang,

Mais pour jouïr bien-tost de ma Maîstresse.

(Pierre de Bourdeille, abbé de Brantôme,

« Recueil d'aulcunes Rymes de mes Jeunes Amours »).

 

Décidément, dit Lucien l'âne, je renonce à la naturalisation humaine, je te promets que je ne mangerai jamais ces roses qui m'y ramèneraient... Âne, je suis... Âne, je resterai. D'ailleurs, regarde mon destin exceptionnel et même, extraordinaire. Pour un âne et même pour un humain. Me voici en ta compagnie, échappé comme toi du travail obligatoire et de sa société qui tourne avide et ambitieuse dans un néant sidéral en ce qui touche au bonheur et à la joie de vivre, préoccupée qu'elle est de toujours s'enrichir et d'étendre son pouvoir sur les hommes et les choses. Me voici, dis-je, trottinant à ma guise à travers les lieux et les temps et devisant comme je l'entends de ce qui me plaît et quand cela me plaît. Et mieux encore, comme tu le sais, ce faisant, je fais œuvre littéraire. Ce qui, soit dit en passant, ne m'empêche nullement de fustiger les imbéciles et leurs imbécilités. Ou l'avarice et les avaricieux, comme disait ce bon Molière. Par exemple, ces frères qui s'en vont tuer leur sœur parce qu'elle se livre à des pratiques des plus naturelles sont forcément de majuscules crétins. Cela dit, ces dames galantes me plaisent beaucoup et si j'avais su, j'aurais couru les voir à cette époque... Mais peut-être, hantent-elles encore les châteaux de leur jeunesse et jolies fantômes cherchent-elles encore des cavaliers charmants... Si tu le veux, allons-y... Allons voir les dames du temps jadis.

 

À ce propos, n'était-ce pas François Villon qui fit une ballade des Dames du temps jadis et Brassens, tonton Georges lui-même, qui la chanta ? Dites-moi, où, en quel pays... Mais où sont les neiges d'antan ? Derrière tout çà, derrière cette guerre atroce contre les femmes libres (certains même en vont jusqu'à vouloir les fouetter publiquement, puis leur lancer la pierre et pour se dédouaner les pleutres!, faire lancer la pierre par d'autres également, et cela ne se passe pas qu'en Iran) et, j'insiste, contre les hommes libres, derrière tous ces idiots et leurs sadiques idioties, vois-tu Lucien l'âne mon ami, il y a ce foutu désir de propriétaire, cet indécent vouloir de possession... C'est le même mauvais penchant que celui qui anime la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent avec la même sournoiserie et semblable sauvagerie contre les pauvres.

 

Ainsi, dit Lucien l'âne en hérissant les poils de son échine, pour ces atrocités faites aux femmes, pour ces conneries qui menacent et oppriment les hommes, il nous faut tisser et tisser encore le linceul de ce monde imbécile et cacochyme.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Sur la tour, il y a Isabelle, mon aimée

Elle brûle ses yeux et regarde la marée

Emprisonnée par ses frères, mon aimée

Par qui sera-t-elle libérée ?

 

D'un mont d'où l'on voit la mer

Je scrute souvent, moi, ta fille Isabelle

Si un bois calfaté paraît sur cette mer

Qui, mon père, me donnerait de tes nouvelles

 

Elle joue son destin à la morra, mon aimée

Caillou, papier, ciseau

Et ton frère sur le seuil, ma belle aimée

C'est lui l'égorgeur au couteau.

 

Mais mon étoile incertaine et sans pitié

Ne veut qu'aucun répit ne puisse entrer

Dans mon cœur triste, où déjà, il n'y a aucune pitié,

Qu'en pleurs l'espérance chaude ne fasse muer

 

Par-dessus la tour, vole le vent, mon aimée

La mer se déchire dans la bouche

La vie attend seule, seule, ma bien aimée

Que le piège se bouche.

 

Je ne vois ni rame ni voile sur la mer,

Ce rivage de malheur est désert

Que tu sillonnes le vent ou la mer,

Moi,je ne vois ni rame ni voile sur la mer.

 

Contre le destin, je me répands en querelle

Et je prends en haine le site malaimé

Comme seule raison de mon tourment,

Contre le destin, je me répands en querelle.

 

Sur la tour, il y a Isabelle, mon aimée

Elle a clos ses yeux et elle voit la mer

Emprisonnée sur une étoile, ma belle aimée

Par qui sera-t-elle libérée ?

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6 juin 2010 7 06 /06 /juin /2010 11:40

RIZIÈRES

Version française – RIZIÈRES – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Risaie – Alessio Lega – 2008

 

 

Nouvelle chanson d'Alessio Lega qui l’introduit- à peu près ainsi – dans ses concerts. « J'ai longuement fréquenté Turin et de Milan, il y a une heure et de mi de train [comme Guccini et d'autres chantauteurs, Alessio n'a jamais eu de permis de conduire. Brassens en a eu sur le tard]. Parfois, à certaines saisons de le l'année, le train paraît glisser au fil de l'eau, au milieu des rizières, plus fort de le Christ, c'est tout un train qui marche sur l’eau. Il m'a fait repenser à ces femmes qui, bien que venant de très loin, de certains lieux d'Emilie ou du Veneto venaient faire les mondines (émondeuses)dans les rizières piémontaises, un travail dur, terrible, massacrant : tout le jour avec les pieds dans l'eau, penchées à ramasser le riz dans la boue, les moustiques , la chaleur asphixiante. Durant leur travail, pourtant, elles chantaient. Et elles chantaient aussi sur le train qui les emmenait, ou celui qui les ramenait chez elle la saison finie. Ce train passe encore au-dessus des rizières, la récolte du riz est maintenant mécanisée et dans les wagons, il n'y a plus de mondines, mais des précaires. Et ils ne chantent plus. Et quand les travailleurs ne chantent plus, le temps se gâte...

 

 

 

 

Comme le Christ, le train marche sur l'eau,

La pie est ici posée qui ne pèse pas

À la dérive, le ressac se tient là ,

Et ma mémoire flotte , poussière sur les eaux.

 

Rizières, rizières, rizières, rizières

Les pois blancs de la faim noire

Rizières, rizières et poussière et terre

À Novara, entre les pierres de la gare.

 

Le corps de la Mangano se décompose

Sous la farine de ces grains gris

Court au coucher l'eau suffocante et rose

Du blues que chantait la Daffini.

 

Rizières, rizières, rizières, rizières

La croix de la faim colle à la terre

Rizières, carillons des jours de fête

Les odeurs de campagne remontent à la tête.

 

Elles ne rêvent plus les Madeleines,

Ces mondines dures à la peine

Précaires, exploités, on ne sait plus chanter.

Et tristes, on vague encore à travailler

 

Rizières, rizières, rizières, rizières

L'ennui nous serre et nous fait frères,

Rizières, souvenirs de joie et de cris

Jusqu'aux entrechocs de Vercelli.

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13 mai 2010 4 13 /05 /mai /2010 16:34

GIACOMO 1938

 

Version française - Giacomo 1938 – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – Giacomo '38 (Matteotti) – Alessio Lega – 2010

 

« Un doute me tenaille qui souvent tenaille celui qui se trouve en conflit ouvert et en lutte avec son temps : Que faire ? Je pense à comment devait penser un antifasciste sincère en 1937, avec le régime bénéficiant d'un consensus maximum et – apparemment – très solide. À notre antifasciste venait à l'esprit la figure de Giacomo Matteotti, un homme peut-être loin des sentiments révolutionnaires, mais un homme fier qui savait dire « non », même si ce « non » devait coûter la vie. Et voilà que notre antifasciste décide d'appeler son fils de ce nom qui pour lui a le sens fondamental de résistance : vie contre mort. Giacomo. La résistance commence toujours par un acte de mémoire vive. Pour commencer à faire, il est nécessaire de rappeler. (a.l.)

 

Giacomo Matteotti : député socialiste italien, enlevé et assassiné par des sbires fascistes de Mussolini, le 10 juin 1924. Voici donc le fait dans sa brute réalité. Mais, vois-tu Lucien l'âne mon ami, cette chanson d'Alessio Lega, nous montre une autre manière de tisser le linceul de ce vieux monde pourrissant et cacochyme. Ici, un homme, un antifasciste sous le fascisme triomphant, donne le prénom de Giacomo à son fils qui va naître en 1938... Un enfant né sous le fascisme à son zénith, quand la grenouille se faisait plus grosse que le bœuf, quand le cochon ( voir Animal's farm) se prenait pour le lion, quand l'Impero se voyait installé pour mille ans … Lui donner ce prénom – in memoriam, c'était ancrer la résistance dans le cœur de l’être nouveau (Ora e sempre : Resistenza !). Ainsi, je connais un jeune garçon qui a dans ses prénoms celui de Buonaventura, en souvenir éclatant de Buenaventura Durruti Dumange, militant anarchiste mort à Madrid le 20 novembre 1936.

 

Dans le sens inverse, je veux dire a contrario, dit Lucien l'âne en faisant de grands yeux jubilatoires, je me souviens du film La vie est belle ! où les deux garnements de ce fasciste avec fez et gland sur la tête, ces deux sales gamins s'appelaient Adolf et Benito. D'où la joie qu'il y avait à les voir punir sévèrement par leur père à fez et gland sur la tête. Comme quoi, il y a des prénoms qu'il vaut mieux éviter de donner à ses enfants, même si ces pauvres prénoms n'y sont pour rien dans leur déchéance morale.

 

Tu as raison, Lucien l'âne mon ami, cette dimension morale est l'essence de toute civilisation qui vaille. Vouloir exclure cette dimension du fonctionnement du monde est une indignité majeure. Par exemple, si tu me comprends, dire que l'économie n'a rien à voir avec la morale, c'est-à-dire en clair qu'on ne peut introduire de règle morale dans le fonctionnement de l'économie, est en soi la première escroquerie qui permet toutes les autres. En fait, ce refus de la morale, ce refus d'une appréciation des actes fondée sur la morale, c'est le fondement du capitalisme. Il en va de même pour la raison d’État ou pour l'immunité que certains puissants revendiquent.... Et c'est là la source de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres, pour pouvoir étendre ad infinitum leur puissance et leur richesse.

 

C'est donc être moral que de défendre les pauvres et de dénoncer les riches...

 

En effet, Lucien l'âne mon ami, c'est bien cela. C'était d'ailleurs ce que faisait Giacomo Matteotti et ce pourquoi, ils l'ont assassiné.

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

Un vent obscur et glacial

Vient des Pyrénées

À travers boues et roches

Pour arriver jusqu'à nous.

Il m'attrape et me bloque le cou

Il me fait taire et souffrir

Dans la bouche, ses coups,

Impriment la douleur

 

Il n'y a plus de rêves qui surgit dans mon sommeil

Dans ce cauchemar, il n'y a plus de réveil

Il n'y a plus de raison, ni folie ni courage

Il n'y a pas de voyage qui pousse mon visage par delà l'outrage

 

Ce noël chez moi

On jouera à la trésette

Pour faire mourir

Cet hiver trente-sept

 

Et la misère est une limite

Au col décousu

Tu glisses de plus en plus

Et tu t'agrippes au plancher

Ainsi de fond en fond, on va par complaisance

On cesse d'être hommes, on avance dans l'essence

On oublie l'air, on perd ses habits usés

Les déchirures accumulées, le martyre de la liberté,

 

Ma femme dit : « J'attends

Un enfant cette année »,

Bonne âme,

Elle espère malgré l’anxiété...

 

Giacomo celui qui vient :

Qu'il s'appelle comme...

« Giacomo me va bien,

Giacomo est un beau nom. »

Ainsi quand j'appellerai mon fils à voix haute

Je rappellerai qu'il y avait, qu'il y aura chaque fois

Quelqu'un avec des yeux fixes dans le noir triste

Qui regarde la mort en face, la regarde et résiste.

Ainsi chaque fois qu'à Giacomo dans ces nuits

De ces années folles avec nos rêves interrompus

Je cacherai le nom de celui qui vit et meurt

D'amour de la vie, de mort de l'amour.

« Place Montecitorio*

Là où il y a une rampe

Ils prirent Matteotti

Et il y laissa la vie ».

 

* Piazza Montecitorio : place romaine où est situé le Parlement italien.

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21 novembre 2009 6 21 /11 /novembre /2009 18:00

LES HUMAINS SONT DE RETOUR

 

Version française – LES HUMAINS SONT DE RETOUR – Marco Valdo M.I. – 2009

Chanson italienne – Gli Umani sono tornati- Alessio Lega – 2005

 

 

Une tentative pour intervenir en chanson dans les événements de Paris (en 2005), si lointaine et si proche. Il m'est venu une idée insolite (pour moi), une suggestion bowienne et scienfictionnesque.

L'histoire se déroule dans une maison à la limite entre ville et banlieue. Un robot à intelligence intégrée se retrouve en proie à un cauchemar (ou à la constatation certainement pas agréable) que sa machine brûle.

 

Cette nuit dans mon sommeil végétal

(Induit par l'analyse de l'injustice)

J'ai senti un sentiment de malaise

L'alarme générale m'a réveillé

Les humains sont de retour

 

Mes circuits vrombissent méchamment

De rage et de ne pas savoir que faire

De mon balcon, je vois ma voiture

En flammes en bas dans le jardin des oliviers.

Les humains sont de retour

 

Avec la nausée du brouillard dans la voix

J'ai crié ma peur tout alentour...

Il y aura peut-être une police à l'écoute

Qui surveille les mécaniques de paix

Qui protège notre vie civilisée

Qui nous tient hors des périls croissants

Qui mène aux banlieues pourries

Cette bile par le drainage des canaux.

 

*

 

Comme l'arrière-goût d'un vieux songe

Je me suis étendu sur le divan de la pièce

La tachycardie oubliait la distance

La mémoire me cherchait partout

Les humains sont de retour

 

Comme une tentation du passif

Du bilan de mes jours déjà écoulés

Et au contraire, des truands encapuchonnés,

J'ai la sensation d'avoir vivant

Les humains sont de retour

 

Ils sont revenus d'il y a deux siècles

Régurgités par les égouts du progrès

les aiguilles du temps présent arrachées

Ils s'adossaient à la nuit, enlacés,

Un concept de révolte survit

Une baguette dans le concert de la frénésie

De cette soi-disant musique contemporaine

Vieilles idées qui clignotent encore condescendantes

 

Vieilles idées : mandolines, cymbales, hallebardes

Belles idées : respect, liberté, courage

Égalité, soixante-huit (c'était en mai)

Apanage du Paris communard

Noblesse viens danser la Carmagnole

Poivre rose dans l'ombre du soir

Il m'a semblé que c'était la vraie vie

Et la loge de la voiture brûlait avec les circuits

Et celui qui est libre... C'est étrange

M'a semblé encore être un être humain

M'a semblé encore être un être humain

M'a semblé encore être un être humain...

 

*

 

Sur la voiture qui brûle à présent

Il y a l'histoire, elle passe, elle déchiquète et ne s'occupe pas de toi

-L'assurance ici ne paie même pas-

Mais la vie vaut-elle tout ce bordel ?

 

Qu'allons-nous faire alors qu'arrive la police ?

Déjà, elle s'annonce à l'horizon avec ses sirènes

Et elle nous dit : « Soyez calmes, restez tranquilles »

Et elle nous dit : « « Cultivez votre peur »

« C'est le matin, les monstres sont partis »

« C'est le matin, les monstres sont partis »

« C'est le matin, les années sont parties »

« C'est le matin, aujourd'hui, les rêves sont partis ».

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21 mars 2009 6 21 /03 /mars /2009 16:05

MON AMOUR (chanson double).



Riccardo Venturi a fait une excellente traduction « à la manière de Marco Valdo M.I. » (Je proposerai bientôt un texte de Müller et Reboux à la manière de Déroulède, intitulé le Drapeau, texte on ne peut plus patriotique et guerrier, comme on le verra... Un texte des plus jubilatoires tant il exprime volontairement l'immense connerie patriotique... C'est grâce à Müller et Reboux que j'adore les « à la manière de... »), mais revenons à Riccardo, etc. et à la chanson Laskò de Karel Kryl – enfin, à la traduction en italien de la chanson de K.K. par Alessandro et Martina et à l'adaptation de la chanson de K.K. par Alessio Lega – ce qui n'est pas tout à fait la même chose. Comme tout le monde discutait, j'ai voulu en avoir le cœur net.


Je trouve cet hommage à Karel Kryl passionnant et j'ai donc repris – à partir de la remarque de Martina – les deux textes (italiens) : celui de Martina et Alessandro et celui d'Alessio Lega avec la traduction française (« à la manière de Marco Valdo M.I. ») de R.V.

J'ai traduit (pour voir ce que la chose donnerait en français) le texte de Martina et Alessandro et celui d'Alessio Lega.

Tout ceci engendra un jeu de miroirs que je me fais le plaisir de soumettre aux amis de Canzoni contro la Guerra.

J'espère ainsi donner une idée de ce que les traductions sont comme les vagues de la mer, toutes semblables et toutes toujours différentes, toutes luisantes sous le soleil et brillantes sous la nuit, et toutes éternellement variables.

Ceci me met en mémoire le pavillon hongrois à l'exposition universelle de Lisbonne, entièrement consacrée à la mer. Que venaient faire les Hongrois (ici, moi) dans cette galère ? Très conscients de leur incongruité, la Hongrie n'ayant rigoureusement aucun contact avec la mer, les Hongrois, courtois, on proposé un pavillon, très suisse, sans aucun rapport avec la mer et l'océan. Si je me souviens bien, une sorte de moulin à eau à mouvement perpétuel.

Ainsi, Marco Valdo M.I., vaguement sollicité par Riccardo Venturi, que je salue au passage, s'en alla traduire des textes tchèques en mémoire de Miluska Saskowa (que j'aimais beaucoup et dont je ne garantis pas l'orthographe, les Tchèques et les Slovaques – elle était de Bratislava – me corrigeront) qui un jour de printemps en 1968, arrêta de sa poitrine un gros char soviétique sur la grand place de Prague. Cet exploit pulmonaire lui valut :

  1. les honneurs de la presse occidentale – photo en première page (notamment Paris match), tout héroïsme au vent

  2. l'exil immédiat en clandestin

  3. de rencontrer Marco Valdo M.I.

  4. de présenter une thèse sur La rupture culturelle des exilés tchécoslovaques

  5. d'enseigner les langues slaves au Texas

  6. de faire des enfants avec un cow-boy

  7. d'être saluée ici.

     

Cependant, pour en revenir à Martina, Alessandro, Alessio et Riccardo, je conclurai qu'il est utile de distinguer traduction et adaptation, de respecter la liberté de création de tous et de remercier tout le monde pour le plaisir qu'on a d'avoir plusieurs chansons pour le prix d'une....


Bobby Lapointe chantait : comprend qui peut, comprend qui veut.


Ainsi, grâce à tous, nous ferons ici plusieurs fois l'Amour (rassurez-vous, c'est le titre de la chanson...).

Là-dessus, je vous embrasse tous.


Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.


Une dernière chose, pour les Tchèques, les Slovaques, les Italiens et tous les peuples du monde, je vous suggère (ce qui peut toujours servir...) d'adopter ma devise : Ora e sempre : Resistenza !





MON AMOUR I


Version française – Mon Amour – Marco Valdo M.I. – 2009

de la version italienne d'Alessandro et Martina Mezirkova

de la chanson tchèque – Laskò – de Karel Kryl – 1970



Un peu de rabiot pour les rats dans la platée de goulasch

Des lettres d'amour avec les cartes de la belote (1)

Avant notre long voyage, nous ôtons nos chaussures en sueur

Et sous la couverture, nous rêvons en nous masturbant.


Mon amour, renferme-toi dans ta chambre,

Mon amour, la guerre est ma poule,

Avec elle, je fais l'amour quand je raccourcis mes nuits

Mon amour, tu as le soleil sous ton vantail,

Je te régalerai, mon amour.

De mes deux cerises sur le plat, à mon retour.


Même pas vingt ans, un insigne sur le calot

Avec un sourire d'adultes, on sort la cigarette

Notre pistolet chargé à la ceinture

Nous allons au pas en chantant au bordel.


Mon amour, renferme-toi dans ta chambre,

Mon amour, la guerre est ma poule,

Avec elle, je fais l'amour quand je raccourcis mes nuits

Mon amour, tu as le soleil sous ton vantail,

Je te régalerai, mon amour.

De mes deux cerises sur le plat, à mon retour.


Un peu de rabiot pour les rats et la bourse pour les cartouches.

Les latrines bariolées, c'est pas pour ces messieurs,

Il n'est pas temps de se reposer, la mort est sur nous (2)

Avant même d'être bourrés, nous nous effondrons sur le plancher.


Mon amour, renferme-toi dans ta chambre,

Mon amour, la guerre est ma poule,

Avec elle, je fais l'amour quand je raccourcis mes nuits

Mon amour, tu as le soleil sous ton vantail,

Je te régalerai, mon amour.

De mes deux cerises sur le plat, à mon retour.


  1. les « marias » est un jeu de cartes tchèque, que j'ai traduit arbitrairement par « belote ».

  2. La traduction littérale du tchèque serait : « le pouce nous pousse »



MON AMOUR II


Version française – Mon Amour – Marco Valdo M.I. – 2009

de la version italienne d'Alessio Lega

de la chanson tchèque – Laskò – de Karel Kryl – 1970



Et dans notre chambre le reste du rata

Reste aux rats.

Et des lettres à se décomposer

De soi, chaque soir.

Avant le voyage, nous allons

Jeter nos bottes

Suantes, et nous nous masturbons

Dans le sommeil où tu voles.


Mon amour !

Ouvre ta porte et tais-toi, mon amour !

La guerre de tes baisers

Raccourcit la nuit à l'aurore.

Mon amour !

Bats des ailes dans le soleil, mon amour !

Je t'apporte des cerises sous el soleil

Quand je reviens à toi.


Nous grimaçons un sourire

Plus adulte que les vingt ans

De nos visages.

Sous notre calot et nos habits,

La cigarette à la bouche,

Un pistolet dans la veste

Nous allons au bordel.


Mon amour !

Ouvre ta porte et tais-toi, mon amour !

La guerre de tes baisers

Raccourcit la nuit à l'aurore.

Mon amour !

Bats des ailes dans le soleil, mon amour !

Je t'apporte des cerises sous le soleil

Quand je reviens à toi.


Et le reste reste aux rats,

Cartouches éparpillées,

Latrines bariolées

De graffitis vulgaires et désespérés.

Se forcer à dormir

Tandis que la mort déboule

Comme un ivrogne va

S'effondrer sur le lit.


Mon amour !

Ouvre ta porte et tais-toi, mon amour !

La guerre de tes baisers

Raccourcit la nuit à l'aurore.

Mon amour !

Bats des ailes dans le soleil, mon amour !

Je t'apporte des cerises sous le soleil

Quand je reviens à toi.


Mon amour !

Ouvre ta porte et tais-toi, mon amour !

La guerre de tes baisers

Raccourcit la nuit à l'aurore.

Mon amour !

Bats des ailes dans le soleil, mon amour !

Je t'apporte des cerises sous le soleil

Quand je reviens à toi.







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7 février 2009 6 07 /02 /février /2009 10:50
MER NOIRE


Chanson italienne – Mare nero – Alessio Lega – 2004

Version française – Mer noire – Marco Valdo M.I. – 2008


Nous sommes la mer noire qui est calme le jour,

se meut lentement, cache dans les fonds

sa propre dépouille, entonne en un froissement léger

un chant qui lui vient du bout du monde.

Et apporte de loin un parfum d'espérance,

envahit ta chambre et te rend étrange

te fais paraître étranger au troupeau des moutons

conduits chez le tueur au son des millions.

Nous sommes la mer noire qui protégée de nuit

par l'obscurité, se lève en vagues, se jette sur la rive

et se retire, s'enroule dans son lit

pour assaillir la digue d'une force encore plus vive.

Nous avons des voiles noires pour nous pousser sur la mer,

mais ce ne sont pas des drapeaux, ne vous y trompez pas !

Nous sommes la liberté, ce qui fait le plus peur,

suspendus au centre exact entre la conscience et la nature.


Nous sommes les anarchistes ! Nous sommes les anarchistes !

Nous sommes les anarchistes !

Nous sommes la mer noire, la force ténébreuse

répandue sur les plages ouvertes du système,

Notre sang infecte empoisonne l'embouchure

et la main du bourreau quand elle frappe tremble.

Car il n'y a pas moyen de nous arracher notre vie

Chaque jour volée, chaque soir retrouvée

Car il n'y a pas de peur qui puisse contenir

le temps que chaque jour nous réussissons à libérer.

Nous sommes la mer noire aux eaux salées et sales.

Nous déposons les doutes dans le ventre de toute foi,

nous avons plein de madones, toutes plutôt sales,

et chacun de nous est un dieu qu'on touche et qu'on voit.

Et nos chargeurs sont des rosaires

qu'on égrène amers dans le ventre de ces messieurs.

Nous sommes la peur de la classe la plus prospère,

Nous sommes le nœud de la corde qui les pend.


Nous sommes les anarchistes ! Nous sommes les anarchistes !

Nous sommes les anarchistes !


Nous sommes la mer noir, la dynamite allumée

dans ce calme plat, la mèche qui se consume.

Travaillez tranquilles, allez faire vos courses !

Sur vos autostrades, ensevelis dans la brume.”

Sur la route que vous faites, en vitesse pour consommer

ce n'est plus du brouillard, mais de la fumée qu'un été vous trouverez

Couillons comme vous êtes, ouvrez votre cerveau

Ne ratez pas encore la dernière sonnerie.

Nous sommes la mer noir qui un jour vous a balayés

Elle vous a trouvés esclaves, elle vous a montré la sortie,

Nous avons cru que trop fatigués de vos nombreuses

années à la chaîne, vous réclamiez la vie.

Mais en échange de la permission de rentrer dans le troupeau,

vous nous revendez souvent au pouvoir et à la loi

car c'est la liberté qui fait le plus peur...

Suspendus au centre exact entre la violence et la culture.

Nous sommes les anarchistes ! Nous sommes les anarchistes !

Nous sommes les anarchistes !


Nous sommes la mer noire, deuil et désespoir

d'un passé triste, d'un futur incertain

et d'un monde conçu en manière de prison

piège qui mord celui qui sort à découvert.

On nous fait ressentir des gaspillages, fatigués aussi de crier,

la mer empoisonnée, enfermés dans les abris

planqués, fous, fols de trop d'amour

avec un suaire gris étendu sur notre douleur...

mais nous sommes la mer noire, les oranges d'Espagne,

acide, sucre et miel, le vin de la terre,

ivres de vie, de ville en campagne,

Nous trouvons de nouveaux camarades pour faire la guerre à la guerre.

En plus d'”Addio Lugano”, nous chantons la mémoire

Mais nous occupons l'histoire, où nous sommes nous restons

où nous ne sommes pas, nous irons, nous irons pour de vrai

car nous sommes comme la mer, nous sommes une mer noire !


Nous sommes les anarchistes !

Nous sommes les anarchistes !


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