LES CARUSI
Version française – LES CARUSI – Marco Valdo M.I.– 2010
Tirée de la version italienne d'une chanson sicilienne « A li matri di li carusi » de Ignazio Buttitta, une musique d' Etta Scollo
Superbe chanson, comme tu vas voir, mon ami Lucien l'âne, à propos des jeunes « carusi », des jeunes gens qu'on exploitait dans les soufrières. Ceux qui s'ils ne finissaient pas rapidement écrasés sous les éboulements ou les effondrements, ne tardaient pas à voir brûler leurs poumons sous l'effet du soufre. Soufre, souffre, souffrance, soufrière, souffrière, souffrir, étouffer, mourir.
C'est tout-à-fait atroce, dit Lucien l'âne ne baissant la tête et les oreilles. Nous aussi les ânes, on nous a fait subir des sorts semblables. Mais pour des êtres vivants, c'est hallucinant, c'est insupportable. Ce monde est imbécile, méchant, sadique et avide. Tout çà pour faire du fric... Tout çà pour enrichir des riches, pour accroître leurs privilèges, pour qu'ils puissent se pavaner et construire leurs empires...
Juste, juste, Lucien l'âne mon ami. C'est là un épisode de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres pour les exploiter encore et encore plus, au besoin jusqu'à la mort. Et si les pauvres, les ouvriers, les travailleurs, les paysans... ont le malheur de vouloir résister, c'est tout simple, on les liquide... Ce fut le cas de Salvatore Carnevale, ce fut le cas de... presque à l'infini.
Tu sais, Marco Valdo M.I. mon ami, on appelle la mort au travail, la mort blanche. Je crois bien que dans les soufrières, on devrait l'appeler la mort jaune. Dans les mines de charbon, la mort noire... La mort a toutes les couleurs pour le travailleur....
Pour cela aussi, il faut mettre fin à ce vieux monde de l'exploitation, de l'entreprise, de la propriété...
Tissons le linceul de ce vieux monde avide et cacochyme....
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Mères,
Qui envoyez vos fils à la soufrière
Je vous demande
Pourquoi à vos fils
Faites des yeux
S'ils ne peuvent pas voir le jour ?
Pourquoi leur faites-vous des pieds
S'ils doivent marcher à quatre pattes ?
Ne les envoyez pas à la soufrière.
Si vous n'avez pas de pain,
Arrachez-vous une mamelle,
Un morceau de joue
pour les nourrir.
Souhaitez leur plutôt la mort;
Mieux vaut un mort chez soi,
Étendu sur un drap rapiécé,
Que vous pouvez pleurer
Et rester auprès de lui.
Mieux vaut un mort habillé
Sur le pauvre lit
De votre maison
Avec les gens qui viennent le voir
Et soulèvent leur casquette
En entrant.
Mieux vaut un mort chez soi
Qu'enseveli sous la soufrière,
Avec vous sur cette terre pour pleurer
À vous ronger les ongles
À manger les pierres
À entendre la lamentation
Sans pouvoir
Soulever
Les pierres qui l'écrasent.
Faites-les en soufre vos fils.