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1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 19:26

 

LA SÉRÉNADE DE WESTERBORK

 

Version française – LA SÉRÉNADE DE WESTERBORK – Marco Valdo M.I. – 2011

[1944]

Chanson néerlandaise – De serenade van Westerbork - Johnny & Jones – 1944

 

 

Quand le Mal absolu apparaît dans l'histoire les conséquence sont toujours dramatiques; parfois aussi drôles...

 

Dans les environs de Westerbork, petite ville de la province de Drenthe, le gouvernement des Pays-Bas avait placé en 1938 un camp d'accueil de réfugiés, en grande partie des juifs allemands et autrichiens, fuyant les nazis. Quand Hitler, en mai 1940, envahit la Belgique et les Pays-bas, Westerbork fut transformé en un camp de transit pour tous les gens qui étaient destinés aux camps d'extermination les plus tristement fameux. Passèrent par Westerbork, par exemple, Anne Frank, Etty Hillesum et aussi de nombreux noms de la scène artistique allemande des années 30, comme Dora Gerson e Max Ehrlich grands acteurs de cinéma et de cabaret ou comme le pianiste berlinois Willy Rosen

 

Ce furent justement Max Ehrlich et Willy Rosen qui au début 1943convainquirent le responsable du camp, le SS Albert Konrad Gemmeker, un type plutôt sensible à l'art, à développer l'activité musicale et théâtrale par la création d'un orchestre et d'un groupe théâtral « stables », constitués de musiciens et d'artistes prisonniers à Westerbork.

J'ai mis « stables » entre guillemets car, en réalité, les déportations – qui évidemment étaient prioritaires par rapport à l'art – pesaient continuellement et pesamment sur ces formations. Nonobstant cela, l'orchestre et la compagnie de Westerbork réussirent à monter et présenter de nombreux spectacles de cabaret, tous assez divertissants et frivoles vu que sur la nécessaire « légèreté » tous étaient d'accord, pour des raisons différentes, tant le public que les SS (Gemmeker voyait personnellement, censurait et corrigeait tous les textes présentés).

 

Les artistes de langue néerlandaise étaient tenus au second plan (sauf à connaître parfaitement l'allemand), mais la langue locale eut son juste sursaut quand en octobre 1943 arrivèrent à Westerbork Johnny “Max” Salomon Meyer Kannewasser et Jones “Nol” Arnold Siméon van Wesel, le fameux duo Johnny & Jones, « deux garçons et une guitare » qui depuis al fin 1936 sur les fréquences de la VARA d'Amsterdam avaient affolé le public avec leurs morceaux de swing et de jazz chantés en néerlandais avec un accent américain traînant. Johnny & Jones déplurent immédiatement à Gemmeker, avec leur manière de faire d'« alliés » et en raison de leur peu de connaissance de la langue allemande, mais ils ne perdirent pas courage et commencèrent à s'exhiber dans le café, dans les baraques et dans le Hollandsche Schouwburg, le théâtre hollandais du camp. Et ils écrivirent alors différentes nouvelles chansons, comme cette fameuse « Die Westerbork Serenade »-« Sérénade de Westerbork » ou « Wij slopen met muziek », c'est-à-dire « Nous démolissons en musique » ( en référence au travail que les prisonniers étaient contraint de faire à Westerbork), un titre plutôt significatif de leur inguérissable optimisme en dépit de la situation tragique dans laquelle ils se trouvaient. Johnny & Jones par la suite interprétèrent dans leur style aussi plusieurs chansons en allemand écrites par Ehrlich et Rosen, de sorte que les nazis se convainquirent à un tel point de leur valeur qu'à l'été 1944, ils les autorisèrent à se rendre aux studios Nekos d'Amsterdam pour enregistrer quelques morceaux, et afin qu'il ne leur vint pas l'envie de fuir, leurs bourreaux retinrent au camp leurs femmes avec la promesse qu'elles connaîtraient une fin brutale si Johnny & Jones ne fussent pas revenus.

 

Eux, naturellement, revinrent par amour, par responsabilité, par optimisme, par ingénuité, sans savoir que cette poignée de chansonnettes enregistrées n'était rien d'autre que leur testament artistique; en septembre 1944, Johnny & Jones, avec leurs épouses, furent chargés sur un train vers Theresienstadt et ensuite, Auschwitz, Sachsenhausen, Buchenwald et in fine Bergen-Belsen…

Johnny mourut à Bergen-Belsen le 20 mars, Jones le 15 avril 1945, juste au moment où l'armée britannique libérait le camp.

 

 

 

Je crois que je ne suis pas tout-à-fait juste

Je suis absent de mes pensées

Soudain je suis devenu un autre homme

Mon cœur bat comme la démolition d'avion.

 

Je chante ma sérénade de Westerbork

Le long de la petite voie brille la petite lune d'argent

Sur la lande.

Je chante ma sérénade de Westerbork

Avec une jolie femme, on se promène ensemble côte à côte

Et mon cœur brûle comme le feu dans la cheminée

Comme je ne l'ai jamais senti dans la maison de ma mère

Je chante ma sérénade de Westerbork

Entre les baraques, je la créais sur la bruyère

Cette romance de Westerbork.

 

Ensuite, j’allais chez le docteur

Celui-là me dit : « Là, il y a vraiment rien à faire

Mais tu sens tout-à-fait bien ce beau morceau

Après le tout premier baiser (et ça tu dois pas le faire).

 

Je chante ma sérénade de Westerbork

Le long de la petite voie brille la petite lune d'argent sur la lande.

Je chante ma sérénade de Westerbork

Avec une jolie dame

Déambulant côte à côte ensemble

Et mon cœur brûle comme le feu dans la cheminée

Comme je ne l'ai jamais senti dans la maison de ma grand-mère

Je chante ma sérénade de Westerbork

Entre les baraques, je la créais sur la bruyère

Cette romance de Westerbork.

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Published by Marco Valdo M.I.

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