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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 19:00

 

LA PIERINA VOULAIT PISSER

 

 

Version française – LA PIERINA VOULAIT PISSER – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson italienne – La Pierina voleva pisciare – Lello Vitello – 2010

 

Tirée de « Effetto Domino » de Riccardo Venturi

 

 

« Ne vous laissez pas tromper par le titre apparemment facétieux; cette chanson parle de rien de moins que de la fin du monde ! »

 

Elle rappelle aussi la fragilité de notre existence et que nous pouvons disparaître à l'instant seulement pour une pissade; l'inspiration de cette histoire vient d'une aventure vécue en personne par mon [notre] ami Riccardo Venturi.

 

Quand il me la raconta, nous élaborâmes cette dramatisation extrême, dont il tira l' « Effetto Domino » [voir son excellent blog : Blogue-toi toi-même], tandis que moi, je promis d'en tirer une chanson. La voilà; je me suis permis d'y insérer facilement reconnaissables deux citations de personnes qui écrivent beaucoup mieux que moi ».

(Lello Vitello, dal suo sito ufficiale)

 

Ajout de R.V. : Les faits rapportés dans la chanson se sont effectivement déroulés au moins jusqu'à la partie « catastrophique », dans une rue florentine dans la nuit du 7 au 8 janvier 2010; le post « Effetto Domino » que j'ai écrit sur mon blog les décrit fidèlement jusqu'au début de la « partie imaginaire », explicitement annoncée. L'intervention au domicile de la Pierina et de son ineffable servante a duré exactement 4 heures, de 2 h 35 à 6 h 30; l'exclamation « Dans cet appartement, ils sont tous morts ! » a été prononcée par de nombreux voisins. La « partie imaginaire », dans le post comme dans la chanson de Lello Vitello, cache une profonde vérité : certaines guerres ont éclaté pour des motifs encore plus futiles qu'une pissade. Si vous ne croyez pas, lisez l'histoire de la Guerre du Foot [La Guerre du foot et autres guerres et aventures (Wojna futbolowa), 1978, 2003 (Plon), rééd. Il n'y aura pas de paradis, Pocket, 2004 de Ryszard Kapuściński ] en juillet 1969 entre le Honduras et le Salvador. Presque six mille morts pour un match de foot. Dans la série : quand la réalité dépasse – et de loin – l'imagination.

 

 

Ah !, dit Lucien l'âne, en se secouant pour faire tomber la dernière goutte, j'aime beaucoup les pissades et dès lors, cette chanson aussi qui en raconte une aventure. Comme tu le sais, Marco Valdo M.I. mon ami, nous les ânes, nous n'avons pas grand chose à faire – quand on ne nous oblige pas par la force à travailler comme des humains – et d'ailleurs, nous aimons bien disposer ainsi de notre temps. Nous y faisons mille choses agréables et notamment, des siestes et des pissades. Nous en faisons même des concours. Au cours du temps, j'en ai gagné quelques-uns de ces concours de pissades, tant par la durée que par la qualité et la beauté de mon jet... Quand je le propulse dans le soleil (par beau temps évidemment), on y voit un arc-en-ciel.

 

Dis, Lucien l'âne mon ami, je ne connais que Manneken-Pis pour te tenir tête. Lui aussi, comme Janneke-Pis, sa soeur en urinade, il tient le coup et il y a parfois aussi des arcs-en-ciel dans son jet et je te garantis qu'il a du succès. Des millions de personnes se déplacent pour venir regarder ce qu'elles peuvent voir tous les jours chez elles ou chez le voisin, sans quitter leur rue ou leur village, sans même quitter leur maison. Mais connerie pour connerie, celle-là, cette pissade éternelle est au moins pacifique.

Quant au mot, juste deux mots de traducteur, quant au mot « Pissade » - je le préfère à « pissat » - il figure déjà chez Rabelais et dans la bouche de Pantagruel. Parenthèse, il me paraît qu'il faut rétablir en langue française l'usage du suffixe « ade » comme dans ambassade, embrassade,accolade, marmelade, promenade, sérénade, ballade, balade, bravade, brandade, débandade, arlequinade, myriade, engueulade, mascarade, rigolade... et bien évidemment, couillonnade. Je suggère bien évidemment pissade, chiade, dégueulade, .. mais aussi, dans un autre genre, massacrade, téléphonade... le tout à inventer à l'avenant. La marche se fait en marchant.

 

Pour en revenir à la chanson, dit Lucien l'âne, elle me fait irrésistiblement penser à mille choses : à mes propres aventures de jeunesse au temps où j'étais Loukios, à Rabelais évidemment, à certaines histoires de Sterne, à Carlo-Emilio Gadda et à son « Quer pasticciaccio brutto de via Merulana» et pour la chanson, à notre bon Tonton Georges, qui conta des histoires célestes et assez lestes – celle de Mélanie, la servante du curé qui vaut bien la badante (servante) de Pierina.

 

Bref, Riccardo Venturi et Lello Vitello n'ont pas à rougir, ils sont en bonne compagnie. En outre, conclut Marco Valdo M.I., j'aime beaucoup qu'elle rappelle Primo Levi, mais aussi cette morale à la Brecht... : Tout peut finir par une pissade.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

La Pierina voulait pisser

Elle se leva la nuit, mais tomba

Elle resta à terre, pauvre petite mémé

Elle appela la servante, qui ne se montra pas

 

Un peu après, elle la cherche au téléphone

Mais était-elle là ? Personne !

Alors Pierina appelle l'ambulance

Il était trois heures, je pense

 

Le Secours sonne la servante

Mais rien à faire; absente !

Dans l'immeuble, il sonne le branle-bas

En espérant qu'on ne tire pas

 

Un homme à la fin ouvrit l'huis ;

On était la nuit du mercredi

On alla sonner à la porte de la servante

La sonnerie se tut, prudente.

 

Il ne resta rien à faire qu'appeler les pompiers

Qui se pointent avec la police sans tarder.

L'immeuble est réveillé, la rue entière est levée

Des renforts arrivent et quelle mêlée !

 

On répand des bruits fous et incontrôlés

« Ils sont tous morts ! », peut-être même ressuscités,

Douaniers et carabiniers, chacals et coquecigrues

Toute la police est désormais dans la rue.

 

Finalement, la servante, nue et haletante

Se montre, à la porte : « Oooh ! Il y a un mort ! »

On avait seulement entrevu son corps

À vue de nez, elle baisait la bandante.

 

Et pendant ce temps-là, à la bijouterie

La police n'y était pas et on emporta le gros lot

Le coup du siècle, des millions d'Euros

Pour Al Quaïda, qui remercia la mairie.

 

Ce financement depuis tant d'années attendu

À présent était là et l'uranium à peine reçu :

Une Pierina atomique par Al Quaïda fut construite

D'un coup, La Mecque et Jérusalem furent détruites.

 

Conséquence : tous contre tous, d'un coup

Destructions, feux et champignons partout,

En un seul jour, il n'y eut plus personne là-bas

Quel mobile idiot ! Mais nous, nous n'y serons pas.

 

Vous qui vivez tranquilles dans vos maisons douillettes

Et regardez dehors avec une âme inquiète

Rappelez-vous que tout peut finir en capilotade

Seulement pour une pissade.

 

La Pierina voulait pisser

Elle se leva de nuit, mais tomba

Elle resta à terre, pauvre petite mémé

Elle appela la servante, qui ne se montra pas

 

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Published by Marco Valdo M.I. - dans Lello Vitello

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