LA LÉGÈRE
Version française – LA LÉGÈRE – Marco Valdo M.I. – 2012
d'une chanson populaire toscane (Italien) – La leggera – anonyme
Principaux interprètes
- Caterina Bueno
- Ginevra Di Marco(de son spectacle Stazioni Lunarie de son album "Stazioni Lunari prende terra a Puerto Libre")
- Suonatori Terra Terra(dans album Ma statevi
attenti...[2010])
Le "Trenino" de la Légère et ses chansons
Nous sommes, probablement, à l'aube des luttes prolétariennes, quand la classe travailleuse ne s'était pas encore dotée d'une organisation, ou commençait à peine à
s'en doter; une époque à laquelle le travail saisonnier était la normalité. En suivant de très anciens flux, de l'Italie septentrionale, les travailleurs se rendaient en Maremme, terre désormais
soumise à la bonification Medicea, mais encore réputée malsaine, dangereuse, "étrange." Ceux qui allaient faire la saison dans les champs de Maremma, des paysans très pauvres, devaient prendre un
train qui passait l'Appenino entre la Toscane et l'Emilia. C'était le célèbre "Trenino de la Légère », ou "Légère", tout court.
Ce train s'appelait ainsi parce que ses voyageurs n'avaient rien ou presque. Dans la valise ou dans le sac à provisions qui se portait derrière, il y avait un morceau de pain, une pomme et une paire de chaussures défoncées. Caterina Bueno raconte, qu'elle recueillit ce chant à Stia, en province d'Arezzo, au début des années 60 : "... "légère" était un terme méprisant et railleur par lequel on désignait les chômeurs, les saisonniers ou tout autant, les émigrants qui, très pauvres, voyageaient "légers" avec seulement un sac à provisions... » Le train était donc la "Légère", parce que le bagage de ceux qui l'empruntaient était fait de rien; mais dans ce train, comme dans tous les trains de travailleurs, on chantait.
Chanter n'avait pas seulement une fonction de distraction et de passe-temps (c'était aussi probablement un système pour tâcher de faire passer la faim); c'était, pour beaucoup, un moyen pour se payer le sou que coûtait le billet. Dans les gares, des espèces de groupes de saisonniers s'improvisaient chanteurs et donnaient un spectacle en demandant quelque chose; ils chantaient, souvent, chansons inventées par eux mêmes. Et quand les travailleurs chantent, ou on parle d'amour en des formes assez peu conventionnelles, ou on parle de travail. Cétaient chanson spéciales, souvent râleuses, et encore plus souvent pleines de rêves d'une vie meilleure. La vie meilleure, dans cette chanson, justement consiste à ne pas devoir travailler comme esclaves, et à envoyer se faire foutre le « sor » patron; quand les travailleurs chantent le travail, libres de le faire dans les formes qu'ils préfèrent, le travail ne s'en sort pas trop bien. Il n'est pas « sanctifié », comme il arrive souvent dans les chansons de lutte écrites par quelqu'un qui veut organiser la base de quelque chose; Dans les chansons comme celle-ci, le travail est encore dans sa forme brute. Servage, esclavage. Et le rêve est une semaine où on ne fait rien et où on est payé; ce qui, soit dit franchement, est vraiment un beau rêve. Des chansons comme celle-ci sont remplies de sarcasmes, car ceux qui les inventaient et les chantaient, savaient bien par contre, ce qui les attendait. Des semaines, des mois à se briser le dos pour une misère.
Les saisonniers étaient les précaires d'un autre temps. Ils étaient migrants pour un demi sou troué et une soupe quand il y en avait. Ils avaient un petit bagage léger, s'ils en avaient un. Alors, il faudrait comprendre ce que les immigrés chantent, dans leurs langues, quand envoyés dans les champs de tomates de l'Agro Domiziano ou au Rosarno. Il faudrait les entendre chanter sur les trains et sur les fourgons, sur les « Légères » de ce temps maudit. [RV]
Dans notre série du Premier Mai, voici une chanson qui reprend l'opinion des travailleurs...
Comme il y a toute une série de chansons qui reprennent cette ferme condamnation du travail par les travailleurs et leur aspiration fondamentale à la sieste, au farniente et leur souhait de ne faire en matière de travail que ce qui est vraiment nécessaire (donc, pas des armes, des babioles, des objets de luxe...) et de le faire au moindre effort ou de faire, de créer, de pratiquer les activités qui leur plaisent... Elles sont généralement ironiques et drôles comme par exemple : « Je peux pas travailler » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=41283]], « Le Travail, c'est la santé » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=39088&lang=it]], ou révoltées comme « Le travailleur »[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=10589&lang=it]], Mort au travail [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=41134&lang=it]]...On pourrait les réunir – le petit train de la Légère oblige – en faire un parcours...
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le lundi ma tête vacille
Comme c'est surprenant... Je ne veux pas travailler
Le lundi ma tête vacille
Comme c'est surprenant... Je ne veux pas travailler
Puis le mardi c'est le jour qui suit
Je ne suis pas en état d'aller travailler
Puis le mardi c'est le jour qui suit
Je ne suis pas en état d'aller travailler
Puis le mercredi, c'est jour de bagarre Je suis bourré, je ne veux pas travailler
Puis le mercredi, c'est jour de bagarre
Je suis bourré, je ne veux pas travailler
Puis, le jeudi, c'est la fête nationale
Le gouvernement ne me permet pas de travailler
Puis, le jeudi, c'est la fête nationale
Le gouvernement ne me permet pas de travailler
Je viens, je viens avec toi
Oh légère où tu vas
Je viens, je viens avec toi
Ensuite, le vendredi est jour de la passion
Moi qui suis catholique, je ne veux pas travailler
Ensuite, le vendredi est jour de la passion
Moi qui suis catholique, je ne veux pas travailler
Ensuite, le samedi, le samedi, c'est le dernier jour
Ohlala, quel beau jour, je ne veux pas travailler
Ensuite, le samedi, le samedi, c'est le dernier jour
Ohlala, quel beau jour, je ne veux pas travailler
Vient le dimanche, je m'assieds à l'entrée
J'attends que le patron vienne me payer
Vient le dimanche, je m'assieds à l'entrée
J'attends que le patron vienne me payer
Tiens voilà le patron, il a l'air bien fâché
Maudit scélérat, lève-toi de là !
Tiens voilà le patron, il a l'air bien fâché
Maudit scélérat, lève-toi de là !
C'est nous les gars de la légère ; alors, on s'en fout
Qu'ils aillent au diable, l'usine et le patron !
C'est nous les gars de la légère ; alors, on s'en fout
Qu'ils aillent au diable, l'usine et le patron !
Oh légère où tu vas
Je viens, je viens avec toi
Oh légère où tu vas
Je viens, je viens avec toi
LA LÉGÈRE
Version française – LA LÉGÈRE – Marco Valdo M.I. – 2012
de la version interprétée par Caterina Bueno – Toscan (Italien)
De la transcription de l'ultime concert de Caterina Bueno au Théâtre Saschall, enregistrement par Donato Landini, à l'occasion du troisième arte&anarchia 2005 et de la première Vitrine de l'Edition du livre Anarchiste et Libertaire, concert que Caterina a offert au mouvement anarchiste de Florence.
La loi ne permet pas
Que la Légère
aille au travail le lundi
Tirullallillillero
La loi ne permet pas
Que la Légère aille au travail le lundi
Le mardi, c'est jour de marché
On ne travaille jamais, je ne veux pas travailler
Tirullallillillero
Le mardi, c'est jour de marché
On ne travaille jamais, je ne veux pas travailler
Le mercredi, je vais au travail
Je prends la truelle, je me mets au travail
tirullallillillero
Je prends la truelle, un marteau me tombe sur le dos
Je ne peux pas travailler
Et puis, le jeudi, c'est le jour des saints
Aucun de nous ne veut travailler
Tirullallillillero
Et puis, le jeudi, c'est le jour des saints
Aucun de nous ne veut travailler
Puis Jésus Christ est mort le vendredi
On ne l'a jamais vu, mais on ne veut pas travailler
Tirullallillillero
Puis Jésus Christ est mort le vendredi
On ne l'a jamais vu, mais on ne veut pas travailler
Puis, le samedi je vais sur le chantier
J'attends le patron qui vient me payer
Tirullallillillero
Puis, le samedi je vais sur le chantier
J'attends le patron qui vient me payer
À la légère peu nous importe
On envoie au diable l'usine et le patron
Tirullallillillero
À la légère peu nous importe
On envoie au diable l'usine et le patron
Avec la force légère qui chante la vie
Maman, on a quitté l'Italie.