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1 mai 2012 2 01 /05 /mai /2012 09:01

LA LÉGÈRE

 

Version française – LA LÉGÈRE – Marco Valdo M.I. – 2012

d'une chanson populaire toscane (Italien) – La leggera – anonyme

 

Principaux interprètes

 

- Caterina Bueno
-
Ginevra Di Marco(de son spectacle Stazioni Lunarie de son album "Stazioni Lunari prende terra a Puerto Libre")
-
Suonatori Terra Terra(dans album Ma statevi attenti...[2010])

 

 

 

 

Le "Trenino" de la Légère et ses chansons

Nous sommes, probablement, à l'aube des luttes prolétariennes, quand la classe travailleuse ne s'était pas encore dotée d'une organisation, ou commençait à peine à s'en doter; une époque à laquelle le travail saisonnier était la normalité. En suivant de très anciens flux, de l'Italie septentrionale, les travailleurs se rendaient en Maremme, terre désormais soumise à la bonification Medicea, mais encore réputée malsaine, dangereuse, "étrange." Ceux qui allaient faire la saison dans les champs de Maremma, des paysans très pauvres, devaient prendre un train qui passait l'Appenino entre la Toscane et l'Emilia. C'était le célèbre "Trenino de la Légère », ou "Légère", tout court.

 

Ce train s'appelait ainsi parce que ses voyageurs n'avaient rien ou presque. Dans la valise ou dans le sac à provisions qui se portait derrière, il y avait un morceau de pain, une pomme et une paire de chaussures défoncées. Caterina Bueno raconte, qu'elle recueillit ce chant à Stia, en province d'Arezzo, au début des années 60 : "... "légère" était un terme méprisant et railleur par lequel on désignait les chômeurs, les saisonniers ou tout autant, les émigrants qui, très pauvres, voyageaient "légers" avec seulement un sac à provisions... » Le train était donc la "Légère", parce que le bagage de ceux qui l'empruntaient était fait de rien; mais dans ce train, comme dans tous les trains de travailleurs, on chantait.

 

Chanter n'avait pas seulement une fonction de distraction et de passe-temps (c'était aussi probablement un système pour tâcher de faire passer la faim); c'était, pour beaucoup, un moyen pour se payer le sou que coûtait le billet. Dans les gares, des espèces de groupes de saisonniers s'improvisaient chanteurs et donnaient un spectacle en demandant quelque chose; ils chantaient, souvent, chansons inventées par eux mêmes. Et quand les travailleurs chantent, ou on parle d'amour en des formes assez peu conventionnelles, ou on parle de travail. Cétaient chanson spéciales, souvent râleuses, et encore plus souvent pleines de rêves d'une vie meilleure. La vie meilleure, dans cette chanson, justement consiste à ne pas devoir travailler comme esclaves, et à envoyer se faire foutre le « sor » patron; quand les travailleurs chantent le travail, libres de le faire dans les formes qu'ils préfèrent, le travail ne s'en sort pas trop bien. Il n'est pas « sanctifié », comme il arrive souvent dans les chansons de lutte écrites par quelqu'un qui veut organiser la base de quelque chose; Dans les chansons comme celle-ci, le travail est encore dans sa forme brute. Servage, esclavage. Et le rêve est une semaine où on ne fait rien et où on est payé; ce qui, soit dit franchement, est vraiment un beau rêve. Des chansons comme celle-ci sont remplies de sarcasmes, car ceux qui les inventaient et les chantaient, savaient bien par contre, ce qui les attendait. Des semaines, des mois à se briser le dos pour une misère.

 

Les saisonniers étaient les précaires d'un autre temps. Ils étaient migrants pour un demi sou troué et une soupe quand il y en avait. Ils avaient un petit bagage léger, s'ils en avaient un. Alors, il faudrait comprendre ce que les immigrés chantent, dans leurs langues, quand envoyés dans les champs de tomates de l'Agro Domiziano ou au Rosarno. Il faudrait les entendre chanter sur les trains et sur les fourgons, sur les « Légères » de ce temps maudit. [RV]

 

 

Dans notre série du Premier Mai, voici une chanson qui reprend l'opinion des travailleurs...

Comme il y a toute une série de chansons qui reprennent cette ferme condamnation du travail par les travailleurs et leur aspiration fondamentale à la sieste, au farniente et leur souhait de ne faire en matière de travail que ce qui est vraiment nécessaire (donc, pas des armes, des babioles, des objets de luxe...) et de le faire au moindre effort ou de faire, de créer, de pratiquer les activités qui leur plaisent... Elles sont généralement ironiques et drôles comme par exemple : « Je peux pas travailler » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?lang=it&id=41283]], « Le Travail, c'est la santé » [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=39088&lang=it]], ou révoltées comme « Le travailleur »[[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=10589&lang=it]], Mort au travail [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=41134&lang=it]]...On pourrait les réunir – le petit train de la Légère oblige – en faire un parcours...

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Le lundi ma tête vacille

Comme c'est surprenant... Je ne veux pas travailler

Le lundi ma tête vacille

Comme c'est surprenant... Je ne veux pas travailler

 

Puis le mardi c'est le jour qui suit

Je ne suis pas en état d'aller travailler

Puis le mardi c'est le jour qui suit

Je ne suis pas en état d'aller travailler

 

Puis le mercredi, c'est jour de bagarre Je suis bourré, je ne veux pas travailler

Puis le mercredi, c'est jour de bagarre

Je suis bourré, je ne veux pas travailler


Puis, le jeudi, c'est la fête nationale

Le gouvernement ne me permet pas de travailler

Puis, le jeudi, c'est la fête nationale

Le gouvernement ne me permet pas de travailler

 

Oh légère où tu vas

Je viens, je viens avec toi

Oh légère où tu vas

Je viens, je viens avec toi

 

Ensuite, le vendredi est jour de la passion

Moi qui suis catholique, je ne veux pas travailler

Ensuite, le vendredi est jour de la passion

Moi qui suis catholique, je ne veux pas travailler

 

Ensuite, le samedi, le samedi, c'est le dernier jour

Ohlala, quel beau jour, je ne veux pas travailler

Ensuite, le samedi, le samedi, c'est le dernier jour

Ohlala, quel beau jour, je ne veux pas travailler

 

Vient le dimanche, je m'assieds à l'entrée

J'attends que le patron vienne me payer

Vient le dimanche, je m'assieds à l'entrée

J'attends que le patron vienne me payer

 

Tiens voilà le patron, il a l'air bien fâché

Maudit scélérat, lève-toi de là !

Tiens voilà le patron, il a l'air bien fâché

Maudit scélérat, lève-toi de là !

 

C'est nous les gars de la légère ; alors, on s'en fout

Qu'ils aillent au diable, l'usine et le patron !

C'est nous les gars de la légère ; alors, on s'en fout

Qu'ils aillent au diable, l'usine et le patron !

 

Oh légère où tu vas

Je viens, je viens avec toi

Oh légère où tu vas

Je viens, je viens avec toi

 

 

 

LA LÉGÈRE

 

Version française – LA LÉGÈRE – Marco Valdo M.I. – 2012

de la version interprétée par Caterina Bueno – Toscan (Italien)

 

De la transcription de l'ultime concert de Caterina Bueno au Théâtre Saschall, enregistrement par Donato Landini, à l'occasion du troisième arte&anarchia 2005 et de la première Vitrine de l'Edition du livre Anarchiste et Libertaire, concert que Caterina a offert au mouvement anarchiste de Florence.

 

 

 

La loi ne permet pas

Que la Légère aille au travail le lundi
Tirullallillillero

La loi ne permet pas

Que la Légère aille au travail le lundi

 

Le mardi, c'est jour de marché

On ne travaille jamais, je ne veux pas travailler

Tirullallillillero

Le mardi, c'est jour de marché

On ne travaille jamais, je ne veux pas travailler

 

Le mercredi, je vais au travail

Je prends la truelle, je me mets au travail

tirullallillillero

Je prends la truelle, un marteau me tombe sur le dos

Je ne peux pas travailler

 

Et puis, le jeudi, c'est le jour des saints

Aucun de nous ne veut travailler

Tirullallillillero

Et puis, le jeudi, c'est le jour des saints

Aucun de nous ne veut travailler

 

Puis Jésus Christ est mort le vendredi

On ne l'a jamais vu, mais on ne veut pas travailler

Tirullallillillero

Puis Jésus Christ est mort le vendredi

On ne l'a jamais vu, mais on ne veut pas travailler

 

Puis, le samedi je vais sur le chantier

J'attends le patron qui vient me payer

Tirullallillillero

Puis, le samedi je vais sur le chantier

J'attends le patron qui vient me payer

 

À la légère peu nous importe

On envoie au diable l'usine et le patron

Tirullallillillero

À la légère peu nous importe

On envoie au diable l'usine et le patron

 

Avec la force légère qui chante la vie

Maman, on a quitté l'Italie.

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Published by Marco Valdo M.I.

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