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21 février 2013 4 21 /02 /février /2013 11:13

L'HOMME SYNTHÉTIQUE

 

Version française – L'HOMME SYNTHÉTIQUE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson allemande - Der synthetische Mensch – Erich Kästner – 1932

 

 

 

 

 

Au cœur de cette chanson se pose avec une étrange pertinence la question qui va hanter le régime nazi : l'eugénisme, la recherche de l'être supérieur, de l'homme sur mesure de la race aryenne, du bon Aryen. Le fait de se croire supérieur, meilleur, plus intelligent, plus fort, plus beau, que sais-je et de l'imposer d'abord à soi, mais ensuite, vouloir l'imposer aux autres, est un des traits marquants des nationalismes et de tous les fanatismes. Généralement, tout part d'un ego hypertrophique, malade de son intime conviction d'être en effet bon à rien.

 

 

Remarque, dit Lucien l'âne en se contorsionnant de rire, que l'eugénisme a ceci de drolatique que logiquement, si on est les meilleurs, si on est les plus beaux... à quoi bon se purifier encore... Serait-ce qu'on n'est pas les plus beaux, les meilleurs ? Mais nous les ânes, on se marre quand on voit pareille stupidité et pareille prétention chez certains... Il suffirait qu'ils se regardent un instant pour que s'écroule leur délirante conviction. Mais, dis-moi, que dit cette chanson, que raconte-t-elle ?

 

 

 

 

 

 

 

SA-1932.jpg

 

 

 

Des Bumkes

 

 

 

 

D'abord, je sais que tu sais, mais c'est pour fixer les choses... La chanson L'HOMME SYNTHÉTIQUE date de 1932 et est une chanson écrite par un Allemand en Allemagne. Un Allemand particulièrement bien informé de ce qui se passe autour de lui, dans ce pays à la dérive. Je te rappelle qu'Erich Kästner à ce moment est non seulement écrivain, mais aussi, exerce au quotidien le métier de journaliste et de plus, à Berlin où en quelque sorte tout est en train de se jouer. De plus, comme poète et philosophe, il est d'une exceptionnelle sensibilité ; sa perception du péril est particulièrement forte et précise. Chirurgicale. Donc, il raconte à sa manière, qui décompose la réalité à l'acide ironique et finit le travail à l'acide comique, l’histoire d'un Professeur qui invente et crée des humains en série, dans une usine... C'est Frankenstein démultiplié à l'échelle d'un peuple de soixante-cinq millions de sujets - à l'époque. C'est tout dire. Pour la petite histoire, ce professeur s'appelle Bumke et ses créatures des Bumkes. Boris Vian lui aussi réglera son compte à l'eugénisme en usant de l'acide comique, lorsqu'il publiera sous le nom de Vernon Sullivan l'excellent : « Et on tuera tous les affreux ! », mais il le fera trente ans plus tard.

 

 

 

 

 

 

Et-on-tuera-tous-les-affreux.jpeg

 

 

 

 

 

 

 

 

« Et on tuera tous les affreux ! », qu'est-ce que je me suis amusé à lire cette incroyable histoire et comme toutes ces belles filles m'ont tourné dans la tête, un vrai cinéma... Je ne sais d'ailleurs pas si on n'en a pas fait un film..., dit Lucien l'âne en riant de toutes ses belles dents – un vrai piano. En tout cas, il faudrait...

 

 

Pour en revenir à la chanson de Kästner et à sa prescience, il faut quand même voir que cette recherche d'humains pas chers, fabriqués en série à bas prix et cette liquidation des exemplaires imparfaits (dans les « cornues mortelles ») déboucheront quelques années plus tard sur Auschwitz... Quant aux surhommes garantis sur facture, on les vit tout habillés de cuir parcourir l'Europe en faisant régner la terreur et finir emportés par le ressac de leur marée noire. Mais, mais, mais... il en reste des germes, il en reparaît des versions modernisées, adaptées aux temps contemporains... Les robots ont bien pris place dans les usines, mais il y a des restes du cheptel d'OGM à forme humaine. Bref, le ventre est encore fécond.

 

 

Oh, tu sais, Marco Valdo M.I. mon ami, on ne pourra vraiment en venir à bout de ces assoiffés de pureté (nationale, ethnique, linguistique...) et de domination qu'en mettant fin à cette foutue Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres à seule fin de s'enrichir encore. Il importe donc que nous reprenions jour après jour notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde nationaliste, eugéniste, perfectionniste et cacochyme.

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

Le professeur Bumke a inventé des humains, les Bumkes
Qui selon le catalogue, coûtent pas mal d'argent,
Mais leur fabrication ne dure que sept heures,
Et en outre, ils naissent finis complètement !

On ne peut pas sous-estimer de tels avantages.
Le professeur Bumke m'a dit tout cela .
Et je le remarquai dès les premiers mots déjà :
Les Bumkes valent bien ce qu'ils coûtent.

 

Ils naissent avec de la barbe ou des nichons,
Avec selon le sexe, tous leurs attributs.
L'enfance et la jeunesse sont du temps perdu.
Pense Bumke. Et là, il a tout à fait raison.

 

Celui qui a besoin d'un fils notaire,
Il lui suffit de le commander.
On le livre directement de l'usine à l'étude du père,
Diplômé et certifié de haute qualité.

 

Il ne faut plus maintenant attendre vingt ans,
Pour que le produit d'une nuit d'idumée
Après le détour par le berceau et le jardin d'enfants

La licence et les autres examens fasse ses preuves.

Il arrive aussi que l'enfant soit stupide ou malade.
Et ne soit pas utilisable pour le monde et ses parents.
Ou qu'il ait l'oreille musicale ! Quelle ballade !

Si la musique ne convenait pas à papa et maman !

N'est-ce pas, qui peut donc savoir vraiment,

Ce que deviendra plus tard un enfant

Au début tout à fait charmant ?
Bumke livre des filles et des pères et se trompe rarement.

Il agrandira bientôt son usine d'humains préfabriqués
Il vend déjà aujourd'hui une centaine de modèles
Les exemplaires manqués peuvent naturellement lui être retournés.
Ils devraient alors passer par les cornues mortelles.

J'ai dit : Il y a encore un mais

Dans les Bumkes de cet Institut de paternité.
Ils sont constants et ne se développent jamais.
Bumke répondit : « C'est de la bonne qualité !

 

Si je m'engage, pourquoi se soucier de leur développement ? »
Le Professeur Bumke parle d'une manière assurée.
Sur son front, une ride profonde est née.
Alors, je me suis commandé un fils de quarante ans.

 

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Published by Marco Valdo M.I.

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