GUERRE À LA GUERRE
Version française - GUERRE À LA GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2011
Chanson allemande - Krieg dem Kriege – Linard Bardill – Texte de Theobald Tiger, alias Kurt Tucholsky – 13-06-1919
d'après la version italienne de Riccardo Venturi
Le plus fameux poème contre la guerre de Kurt Tucholsky, qui volontairement (et pas par hasard, les deux se connaissaient et militèrent ensemble dans les rangs de l'anarchisme allemand), porte le même titre que la collection photographique de Ernst Friedrich contre les horreurs de la guerre.
Linard Bardill l'a mise en musique en 1991 et chantée dans son album contre la guerre.
Dans les tranchées, vous fûtes quatre ans
Du temps, tant de temps !
Vous eûtes des poux , froid et faim
Et chez vous, une femme et deux enfants
Loin ! Loin !
Et personne pour vous dire la vérité
Personne pour oser la rébellion
Mois après mois, année après année.
Et quand on était en permission
On voyait à l'arrière ces grosses panses
Se rouler dans la goinfrerie et la danse
Et suer le marché noir et la cupidité.
Et la horde des écrivassiers panallemands gueuler :
« Guerre ! Guerre !
Grande Victoire !
Victoire en Albanie et victoire en Flandres »
Et meurent les autres, les autres, les autres !
Devant, les camarades s'effondrent
Pour presque tous, c'était le sort
Blessure, souffrance de bête, mort.
Une petite tache, rouge sale
Et on t'emporte et on t'enterre
Mais qui donc sera le prochain ?
Et le cri des millions monte aux étoiles.
Les hommes apprendront-ils enfin ?
Y a-t-il une chose qui vaille la peine ?
Qui est là qui là en haut trône
Du haut en bas constellé d'Ordres
Et qui toujours commande : Tuez ! Tuez !
Sang et os broyés et pourriture...
Et alors, d'un coup, on dit que le bateau a coulé
Le capitaine a fait ses bagages
Et subitement est parti à la nage
Et les troufions restent là indécis
Pour qui tout cela ? Pour la patrie ?
Frère ! Serre le rang ! Serre !
Frère ! Cela ne doit plus jamais se produire !
On nous donne la paix du néant
Est-ce le même destin qui attend
Nos fils et nos petits-enfants ?
Répandra-t-on à nouveau le sang
Dans les fossés et sur le vert des champs ?
Frère ! Siffle quelque chose aux gars
Cela ne doit, cela ne peut continuer comme ça
Nous avons tous, tous vu
Dans quoi une telle folie nous a foutu.
Le feu brûle qu'on a attisé
Qu'on l'éteigne ! Les Impérialistes
Qui nichent entre eux là de l'autre côté
Nous offrent à nouveau des Nationalistes !
Et une nouvelle fois après vingt ans
Ramènent leurs nouveaux canons
Ce ne sera pas la paix,
Ce serait de la folie.
La vieille danse sur le vieux volcan.
Tu ne dois pas tuer ! A dit quelqu'un.
Et l'humanité entend, et l'humanité se lamente.
Y aura-t-il jamais autre chose ?
Guerre à la guerre !
Et paix sur la terre.