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4 avril 2011 1 04 /04 /avril /2011 18:54

FUMÉE (ACTEAL)

 

Version française – FUMÉE (ACTEAL) – Marco Valdo M.I. – 2011

Chanson mexicaine – Smoke (Acteal) – Lila Downs

 

 

22 décembre 1997 : un groupe paramilitaire du PRI (Parti Révolutionnaire Institutionnel au pouvoir à ce moment) tira sur les habitants sans défense du village d'Acteal, Municipalité de Chenalhó, Los Altos di Chiapas: 45 personnes, en majorité des femmes et des enfants, furent massacrés à coups de mitraillettes et de machettes. C'est là seulement un épisode – certainement un des plus graves de 1994, année de l'insurrection zapatiste – de la stratégie de la mort, de la sale guerre contre les communautés indiennes voulue par le Gouvernement mexicain ( à l'époque était en charge Ernesto Zedillo Ponce de Leon, dernier président du PRI à occuper le pouvoir).

 

 

22 décembre 1997, pourtant, dit Lucien l'âne, on aurait dit une histoire de temps anciens, une histoire barbare, dans un pays où la civilisation ne serait pas encore parvenue...

 

Mais, c'est exactement cela, la même histoire à peu près que celle que raconte La Terre Inculte [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7872&lang=it]] et qui elle se passait en Sardaigne, à peine cinquante ans avant. En fait, c'est exactement le mot qui convient... L'arrivée de la « civilisation » qui tente de s'imposer aux « somari »... Ici, les Amérindiens du Chiapas qui luttent pour leur survie, contre les propriétaires, contre les instruments de la civilisation ... Paysans sans terre, chassés de leurs terres, en résistance. Les mêmes paysans pauvres que ceux que Carlo Levi avait rencontrés au-delà d'Eboli. Ceux qui lui avaient soufflé cette vérité du monde : « Noi, non siamo cristiani, siamo somari » (« Nous, nous ne sommes pas des chrétiens, nous sommes des bêtes de somme » – avec ce corollaire que le mot chrétien est abusivement assimilé à celui d'homme – encore un effet de civilisation – qu'en penserait le Sieur de Cro-Magnon, qui je te le rappelle, était lui un des premiers vrais Européens, bien avant l'arrivée de ces « cristiani » ? Cette façon d'user du mot "chrétien", synecdoque ou métonymie, pour désigner tout l'homme est une belle escroquerie. Encore une de ces invasions ecclésiastiques, une de ces ruses qui soutiennent une prétention à dominer le monde).

 

D'accord, je vois bien où le bât blesse et il est bon de remettre les pendules à l'heure. Mais si tu veux bien, il faudrait préciser un peu les choses à propos du Chiapas...

 

Eh bien, voilà. En deux mots, le Chiapas est une région et un État des États-Unis du Mexique et même des plus anciens, un quart de sa population, grosso modo, est amérindienne; elle se nomme « chiapanèque ». C'est une région riche en ressources qui fournit au Mexique de l'électricité, du pétrole, du gaz naturel, du café... Alors même que les populations « chiapanèques » sont terriblement délaissées, pauvres et pour une bonne part, condamnées à l'exil. Bref, des destins de gens du Sud... Même au Mexique. Et comme ailleurs, on le voit avec cette chanson, quand ils tentent de recouvrer leur dignité, c'est le massacre... Et comme ailleurs, les tueurs restent impunis. Ce n'est pas pour autant que les « Chiapanèques » ont renoncé à combattre... Vois les jolies abeilles [[http://acteal.blogspot.com/p/la-masacre-de-acteal.html]] qui racontent et rappellent inlassablement ce massacre...

 

 

En somme, dit Lucien l'âne, c'est la même chose partout. Partout, on voit que c'est la guerre contre les pauvres. Cette chanson raconte un épisode de cette Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour assurer leur domination, pour garder la main-mise sur les ressources, pour exploiter les gens, pour accroître leurs richesses, pour étendre encore et toujours leur pouvoir et leurs privilèges... Crois-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, même si nous ne pouvons pas grand chose, au nom de tous ces pauvres (dont nous aussi, nous faisons partie), comme ces inlassables abeilles du Chiapas, nous qui nous voulons descendants des Canuts, tissons obstinément le linceul de ce vieux monde horriblement injuste, immoral, imbécile, immonde et cacochyme.

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.

 

 

 

Comme elle est noire la fumée qui tombe du ciel

Et imprégnées dans notre sang les plumes du temps

Nombre de femmes et d'enfants furent tués cette nuit

Plus qu'on ne pourra en compter quand

Ils les jetteront sur leurs camions

Quelques enfants invoquaient les saints très calmes

Machettes et balles blessaient les nuées.

Les journaux racontèrent l'histoire que nous connaissons

Pourtant règne un silence aussi profond que les centaines d'âmes

Et les centaines d'espoirs de notre peuple.

À présent nous attendons et espérons tous en la justice

Mais peut-il y avoir de la bonté où les hommes tuent leurs semblables ?

Nos sages anciens disent que la bouche de la terre

A ravalé son fruit, mais l'aigle et le serpent plaident pour la vérité

Quand la mère du maïs a dit son fait.

Oh ! hache de notre feu, rends justice à la vie

Car nous autres, nous savons que le pouvoir fut

Parfois sacrifice et fut sacrifice

Le sacrifice de notre peuple.

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Published by Marco Valdo M.I.

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