Chanson italienne – La Mongolfiera – Ivan Della Mea - 1997
Version française – La Montgolfière – Marco Valdo M.I. – 2008
Venons-en au caractère proprement révolutionnaire de cette chanson au titre anodin de Montgolfière, animal tranquille sorti de l'imagination d'un marquis aussi pacifique qu'inventif. La note marginale de la traduction indique : Faut-il rappeler que Saint-Just avait lancé « le droit au bonheur », Paul Lafargue « Le droit à la paresse », Jules Destrée « Le droit au loisir »... Voici donc que Della Mea lance « le droit à la joie ». Ce sont de robustes revendications.
« Le droit à la joie » devrait être la devise de l'Union Européenne, le complément naturel de « L'Hymne à la joie » qui lui sert de devise musicale. Voilà qui donnerait à notre continent – avant que tels la colonisation, l'influenza, la tuberculose, l'esclavage et autres joyeusetés civilisatrices, cette solide devise n'embrase le monde, de quoi se réconcilier avec Rabelais, Breughel, Boccacio... et un programme de civilisation des plus réjouissants avec ses quatre droits: droit au bonheur, droit à la paresse, droit au loisir et droit à la joie...
Une de ces révolutions pacifiques (on veut l'espérer... sinon quoi ?) qui pourrait nous sauver du gigantesque désastre qui nous guette, si l'on persiste dans la trilogie divine : production, profit, travail.
Dès lors, jetez vos téléviseurs, ouvrez vos fenêtres, mettez-vous au balcon, zyeutez la montgolfière et oyez la chanson libertaire, la chanson bien douce qui ne chante que pour vous plaire...
Elle dit, la voix reconnue,
Que la bonté c'est notre vie,
Que de la haine et de l'envie
Rien ne reste, la mort venue. (Paul Verlaine)
Je vais vous chanter l'histoire d'un beau gars
et je vous prie de l'écouter un peu
car il lui faut comprendre s'il peut vivre ou mourir
si on peut donner un espoir à son propre non.
Il s'appelait, je ne m'en souviens plus, peu importe
C'était un netesouvienspasdemoi.
Comme un songe d'une heure légère, d'une heure courte
Comme la saveur d'un bon vin ou d'un bon café.
Lui, il était beau, beau comme un vrai artiste
qui sait dire et qui sait donner en liberté
“Ce n'est pas”, disait-il, “car je veux faire l'extrémiste
mais je n'aime pas déléguer, même un peu.”
Lui, il était beau, beau comme un vrai artiste
qui a conscience de son oui et de son non,
“Ce n'est pas”, disait-il, “car je veux faire le moraliste
mais je n'aime pas déléguer, même un peu.”
Lui, il était beau comme celui qui est serein,
qui sait dire non aux sirènes du pouvoir,
il construisait des montgolfières couleur d'arc-en-ciel
qu'avec au dedans son savoir, il lâchait le soir .
Puis quelqu'un dit non à son téléviseur
et décide de se mettre au balcon
et découvre la montgolfière comme si c'était un premier amour
libéré par sa libération.
Puis quelqu'un prit tous les drapeaux
d'une vie et avec le fil de la joie
les cousit et insultant les dieux de tous les pouvoirs
fit siennes et sans ennui ses heures
Vous comprenez que tout cela était assez grave,
chaque soir, il y en avait qui se libéraient
et croulaient les audiences, la publicité et le navire
du régime des assemblées coulait.
Il fut interdit de construire des montgolfières
et de rêver de se mettre à la fenêtre.
Il fut interdit de se donner du temps et de l'espace pour comprendre
que l'ennemi, nous l'avions dans notre tête.
Mais si vous vous mettez au balcon ce soir
parmi les couleurs, les fantaisies et les sons dans l'air
vous verrez notre ami, sa dernière montgolfière,
vous entendrez une chanson libertaire.
Un sourire peut suffire pour dire
que pour lui et avec lui, on veut s'en aller
nous redonner une vie contre ceux qui nous font mourir
Le droit à la joie est à inventer.(1)
Un sourire peut suffire pour dire
que pour lui et avec lui, on veut s'en aller
nous redonner une vie contre ceux qui nous font mourir
Le droit à la joie est à inventer.
Pour nous redonner une vie contre ceux qui nous font mourir
Le droit à la joie est à inventer.
Le droit à la joie est à inventer.
Le droit à la joie est à inventer.
(1) Faut-il rappeler que Saint-Just avait lancé « le droit au bonheur », Paul Lafargue « Le droit à la paresse », Jules Destrée « Le droit au loisir »... Voici donc que Della Mea lance « le droit à la joie »... Ce sont de robustes revendications.