Version française - SI ON ME TUE – Marco Valdo M.I. – 2023
Après la traduction italienne de Lorenzo Masetti
d’une chanson mexicaine en espagnol – Si me matan – Silvana Estrada – 2021
J'ai mis beaucoup de temps à écrire ["Si me matan"] parce qu'il était très difficile de trouver les mots. Il s'agit d'une histoire qui s'est déroulée il y a plusieurs années, lorsqu'une jeune fille [Mara Fernanda Castilla] - à l'époque, elle avait mon âge, elle et moi, 19 ans - a pris un [covoiturage] pour rentrer chez elle la nuit et qu'ils ne l'ont pas revue jusqu'à ce qu'ils trouvent son corps. C'est une histoire terrible, triste, épouvantable, mais nous l'entendons tous les jours, lamentablement. Ce qui m'a le plus choquée, et ce qui nous a le plus choquées en tant que femmes dans la société mexicaine, c'est le nombre de programmes d'information et de reporters radio qui l'ont blâmée en argumentant "s'ils l'ont tuée, c'est ce qu'elle a eu pour être sortie seule la nuit".
Cela a suscité beaucoup de douleur dans nos communautés, chez nos femmes, et a donné naissance à un merveilleux hashtag, "SiMeMatan", parce qu'au Mexique, il arrive souvent que lorsqu'une femme est tuée, on lui impute toujours la faute ... On dit toujours que c'est notre faute, c'est terrible, et j'ai vu cela depuis que je suis fillette et cela a toujours été un problème qui m'a beaucoup touchée, la déshumanisation des victimes dans ce pays. C'est un problème de racisme, de classisme, de mille choses.
Puis le mouvement #SiMeMatan a commencé et vous avez écrit sur Twitter ou ailleurs que vous vouliez que les gens parlent de vous...
"Je veux qu'on dise que je suis la mère de trois enfants, que j'ai travaillé, que j'ai étudié, que je me suis toujours battue pour obtenir ce que je voulais", et ainsi de suite. Beaucoup de gens ont commencé à écrire, à noter les choses qu'ils voulaient que l'on dise pour que les gens n'inventent pas toutes sortes de stupidités sur nos vies.
Silvana Estrada explora el amor como fuerza política en su nuevo EP 'Abrazo' - El Tecolote
Si on me tue,
Quand on me trouvera,
Que l'on dise toujours,
Que l'on dise toujours,
Que j'étais chanteuse
Vivant de rêves,
Que comme toutes nos sœurs,
J'ai grandi dans la peur.
Et pourtant, toujours
Je suis sortie seule
Voir les étoiles,
Marcher le jour.
Et pourtant, fille,
Je suis sortie seule
Voir les étoiles,
Aimer la vie.
S'ils me tuent,
Si tu me trouves,
Couvre-moi de fleurs,
Comble-moi de terre.
Je serai une semence
Pour celles qui viennent ;
Et que personne ne nous fasse taire,
Et que rien ne nous retienne.
Et que vos chansons flambent haut
Comme un manteau chaud
Pour guérir nos blessures
Et toutes nos déchirures.
Et qu'un cri comme le tonnerre
À notre deuil, nous arrache
Et que tant de nous se détache,
Et que jusqu’à la peur se désespère.
Et que demeure l’espérance,
Et que le bleu du ciel lui-même
Nous veille avec bienveillance.
Sœur, je t'aime.