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10 avril 2014 4 10 /04 /avril /2014 20:41

LA FAUTE

 

Version française – LA FAUTE – Marco Valdo M.I. – 2014

Chanson allemande – Die Schuld – Hellmuth Krüger – 1947


Texte d'Hellmuth Krüger (1890-1955), écrivain allemand, acteur et comique très actif dans le cabaret berlinois des années dorées de la République de Weimar.

 

 

 

Die Schuld - La Faute
Quand même ! 
On ne peut pas accuser le vieil Adam... 

 

 

 

 

 

À qui la faute de tout ce massacre que l'Allemagne a causé ? À Bismarck ou au vieux « Frédérique le Grand » qui nous guidèrent mal ? Aux théories de Nietzsche ou de Hegel ? Ou peut-être aux fables trop violentes des frères Grimm ? Ou bien avons-nous exagéré dans la lecture de la saga des Nibelungen ? … Mais ne faisons pas les enfants ! Inutile déranger les sociologues et peut-être attribuer la responsabilité à Adam : la faute est toujours à celui qui est en selle ! (et j'ajoute : de celui qui le soutient)

 

 

 

 

Ah, Lucien l'âne mon ami, je suis content de te voir... Tu arrives à point nommé...

 

 

Ah bon..., mon ami Marco Valdo M.I. Et pourquoi donc ?

 

 

Eh bien, je vais te le dire. C'est un sentiment assez complexe qui me mangeait le ciboulot. J'étais sur le point d'envoyer cette version de cette chanson allemande qui parle de la « faute », lorsque je me suis ravisé. À qui la faute, en effet ? Bien entendu, il ne s'agit pas de n'importe quelle faute, mais au contraire, la chanson s'interroge sur une question essentielle, à savoir à qui imputer la faute du grand massacre et comme cette chanson fut écrite en 1947, il s'agit bien de définir à qui imputer la faute d'avoir mener l'Allemagne toute entière dans un si malencontreux destin. Je passe sur les détails de la chanson, qui examine une série de coupables potentiels : des artistes, des philosophes... et finit par conclure à la culpabilité des dirigeants. Je te dis tout de suite que je pense qu'elle a raison... Mais cependant, on ne peut pas accuser tout un peuple ou plusieurs, ni même les seuls dirigeants, surtout si l'on considère tous ceux qui ont trempé dans ce « grand massacre ». Et cela me chiffonnait... Je pense toutefois que ce n'est pas suffisant de conclure à la culpabilité des seuls dirigeants et que la chanson pèche par là...

 

 

Que veux-tu dire ? Je ne comprends pas bien où tu veux en venir...

 

 

Vois-tu, Lucien l'âne mon ami, il faut remettre la chanson dans son contexte et comprendre ceci qu' Hellmuth Krüger, le gars qui écrivit cette chanson, tout en étant Allemand, ne se sentait pas en accord avec le régime et sans le moindre doute, comme bien d'autres – les exilés, les réfractaires, les prisonniers, les résistants, a-t-il tout à fait raison. Cependant, il n'en reste pas moins que en reportant la « faute » sur les dirigeants, il dédouane en même temps tous ceux qui les avaient soutenus, escortés, tous ceux qui d'une manière ou d'une autre, avaient collaboré – grandement ou petitement à cette entreprise. Par exemple, je t'ai déjà parlé de l'alibi du gardien de Dachau ou d'Auschwitz... C'étaient les ordres, je ne pouvais qu'obéir ; des gens comme ceux qu'on voit dans Les Fantômes de Lunebourg (Vakuum im Kopfe) – [[37565]]. Par ailleurs, le Vieux Fritz et Bismarck furent eux des dirigeants et non des moindres... et – ainsi que le démontrent les Histoires d'Allemagne (une série de cent et deux chansons) – car il y a une histoire, il y a l'Histoire ; il y a récidive... de Reich en Reich. Et de guerre en guerre. Et le Vieux Fritz, Bismarck, le rêve d'Otto, la volonté de puissance que se sont passés comme un relais les « dirigeants » des Reichs successifs, cette lourde hérédité politique, sont tout autant « porteurs de la faute ».

 

 

En fait, dit Lucien l'âne, comme toujours dans la Guerre de Cent Mille Ans, on retrouve cette « culpabilité » des riches, des puissants et de tous leurs affidés qui détenant les armes et le pouvoir, font sempiternellement la guerre aux pauvres afin d'imposer leur domination, de maintenir leurs privilèges, d'assurer leur pouvoir, de multiplier leurs richesses... Et donc, pour autant qu'on l'étende au-delà de la guerre ponctuelle des années 39-45 du siècle dernier, la conclusion de la chanson est des plus pertinentes :

« On ne peut pas accuser le vieil Adam,

En fin de compte, les coupables, ce sont nos dirigeants. »

et dès lors, il ne nous reste qu'à reprendre notre tâche qui consiste tout simplement à tisser le linceul de ce vieux monde militariste, belliqueux, belliciste, martial et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

Quelqu'un doit quand même porter la faute,

Car cette faute nous écrase aujourd'hui

Et nous ne voulons pas désespérer à cause d'elle,

Jusqu’au moment où nous aurons réussi.

 

Serait-ce Bismarck, qui nous a trompés?

Le Vieux Fritz nous a-t-il ainsi baisés ?

Est-ce Nietzsche, qui nous a ainsi assaisonnés?

Ou c'est Hegel qui nous a décervelés?

 

Les frères Grimm nous ont-ils sans honte

Entraînés par la cruauté de leurs contes ?

Ou avons-nous lu trop longtemps

Des Nibelungen, les chants troublants?

 

Sûr, on le trouvera ce type,

Armons-nous aussi de patience !

On ne peut pas accuser le vieil Adam.

En fin de compte, les coupables, ce sont nos dirigeants.

LA FAUTE
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Published by Marco Valdo M.I.

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