LE TESTAMENT DU
TAUREAU
Version française – LE TESTAMENT DU
TAUREAU – Marco Valdo M.I. – 2012
Chanson italienne – Il testamento del
toro – Quartetto Cetra – 1960
Texte de Giovanni "Tata"
Giacobetti
Musique de Anton Virgilio Savona
Ah, Lucien l'âne mon ami, voici une
chanson qui devrait te ravir... Toi et tous les animaux que l'idiotie humaine fait souffrir. Elle s'intitule « Le Testament du Taureau ». Elle est d'ailleurs assez proche dans l'esprit des Toros
de Jacques Brel, [[39270]]. Vu les dates (1960 - 1963), on peut même penser que Brel aurait pu connaître celle-ci au moment d'écrire la sienne.
Ah, qui nous dira..., dit Lucien
l'âne en commençant à chantonner.
Tu as certainement connu bien
taureaux au cours de ta longue existence et certains plus fabuleux encore que les autres. Cette chanson vise évidemment la « tauromachie » - « combat de taureau », où devant des demoiselles en
sueur sous le soleil de l'après-midi, devant une foule en délire, des hommes armés s'en prennent à une bête qui n'en demandait pas tant et qui se serait bien contentée de vivre encore dans la
prairie ou sur les plateaux de la sierra.
Oui, oui, j'en ai souvent entendu
parler et s'il y avait déjà des taureaux dans les arènes de Grèce, on n'en faisait pas une boucherie, on les utilisait comme partenaires des jeux du stade. Mais autres époques, autres
mœurs.
Il arrive pourtant que le taureau
vienne à bout de ses bouchers... C'est le cas dans la chanson, comme tu vas le voir. Je tiens cependant à te dire que comme à l'habitude et plus encore cette fois, j'insiste sur le mot « version
française » ; car, je n'ai pu m'empêcher de modifier certains personnages de la chanson et de les remplacer par d'autres qui me paraissaient plus – disons – à mon goût. Ceci, évidemment, a comme
conséquence de changer aussi le sens de certains vers... sans pur autant compromettre le sens général de la chanson.
Dis-moi donc quelles sont ces
modifications..., Marco Valdo M.I., mon ami.
Je te laisse les rechercher. Mais
pour ta peine, j'y ajouterai cette petite histoire qu'on m'a racontée et qui concerne le même sujet. Une petite histoire qui circule depuis longtemps, qu'on se raconte à l'occasion... et puis
qu'on perd de vue et qui un jour, revient par ailleurs. Donc, si tu la connais déjà, je t'en prie ne rouspète pas... Dis-toi qu'ici, la petite histoire restera et qu'un jour ou l'autre quelqu'un
qui ne la connaît pas la lira.
Ou même, dit Lucien l'âne, même s'il
connaît déjà, trouvera-t-il plaisir à se la remémorer. Raconte-la donc...
C'est forcément une histoire où il
est question d'un taureau... Un voyageur de passage en Espagne, dans une ville du Sud... Sans doute, en vacances... Se trouve au restaurant et s'apprête à commander un repas. Le serveur –
appelons-le, si tu veux bien, Giacinto... Tu sauras un jour pourquoi... Giacinto vient auprès du voyageur et l'invite à commander son repas. Et pour, Monsieur, ce sera... Là, un silence. Le
voyageur réfléchit et à ce moment, il voit passer un plat magnifique que l'on porte à une table voisine... Ah, voilà... J'aimerais manger çà, dit-il en montrant le plat qui passe. Ah, pour ça,
Monsieur, je suis désolé, aujourd'hui, nous n'en avons plus... Bien, bien... dit le voyageur un peu dépité. Et quand donc en aurez-vous ? La semaine prochaine, Monsieur... Il vous faudra
attendre, la semaine prochaine, même jour, même heure et bien entendu, il vous faut réserver ce plat, d'ailleurs assez coûteux. Le prix n'a pas d'importance, je le réserve. Mais à propos de quoi
s'agit-il ? Et bien, Monsieur, ce que vous avez vu passer et qui faisait l'essentiel de ce plat de viande : ce sont des testicules... Des testicules de taureau et ce sont celles du taureau qui a
été tué cet après-midi même à la grande corrida. Il vous faut donc attendre la prochaine corrida... Vous connaissez, je suppose, Monsieur la coutume qui veut que diverses parties du vaincu soient
données au vainqueur. Ce dernier, un torero de grand renom, qui est végétarien et cupide, nous cède les testicules à prix d'or. Et ce sont donc les testicules de ce pauvre vaincu que nous aurons
l'honneur de vous servir la semaine prochaine.
Que voilà une belle histoire... Mais
qu'en est-il de la suite ?, s’impatiente Lucien l'âne. Allons vivement à la semaine suivante.
Ah, bonsoir, Giacinto. Bonsoir,
Monsieur... Vous vous souvenez certainement que je vous ai commandé ce plat fabuleux... En effet, Monsieur, il arrive tout de suite. Et en effet, quelques instants plus tard, Giacinto apporte le
plat au milieu duquel trônent deux misérables petites boulettes... Mais, Giacinto, dit le voyageur tout déconfit et fort coléreux... Ce n'est pas ce que j'avais demandé... Oh, que si, Monsieur...
Ce sont bien des testicules... Simplement, cette semaine, vous n'avez pas de chance... C’est le taureau qui est vainqueur... et le torero de grand renom... Voyez ce qu'il en
reste...
Quelle belle histoire... Je te
remercie et je te propose une pensée, assez parente, qui me fut transmise par un de mes amis, qui avait été sollicité pour écrire l'éditorial d'une revue de chasse... et dont l'article ne fut
jamais publié. L'article était intitulé : « Et si les lapins avaient des fusils ? »
Ohlala, dit Lucien l'âne en riant de
toute sa mâchoire d'âne, combien de tartarins seraient moins fiers... Mais c'est pas tout ça, il nous faut revenir à notre tâche quotidienne ou presque de tisser le linceul de ce vieux monde
assassin, lâche, pervers, cupide et cacochyme. (Heureusement !)
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et
Lucien Lane
Il est quatre heures de
l'après-midi
Déjà accourt la foule
madrilène
Occuper les places dans
l'arène.
Il est quatre heures de
l'après-midi
Il est quatre heures et
quart
Déjà prêt le célèbre
torero
Pense à qui lancer son
sombrero..
Il est quatre heures et
quart
Mais les taureaux destinés à la
corrida
Tiennent conseil entre
eux
Et le taureau le plus
furieux
Qui préside au
débat
Dit aux autres, tous
anxieux
Camarades taureaux, cinq heures
approche...
Mon horoscope me prédit une fin moche
!
Amis taureaux, en vue de
l'événement,
Connaissant le torero, je fais mon
testament!
Mais d'où tiens-tu toutes ces
propriétés?
Tu dois nous dire qui va hériter
!
Amis taureaux, appelez-moi le notaire et
quelque témoin
J'en veux deux au
moins
Amis taureaux, voici arrivé le grand
moment
Prenez papiers et stylo, je fais mon
testament !
La peau à qui tu vas la donner ?
À un pauvre cordonnier !
Ta crinière flamboyante
?
À un chauve
méritant
Et tes yeux si perçants
?
À une célèbre
voyante
Tes oreilles si
belles?
À une jeune demoiselle
!
Aïe, aïe,
aïe,
Dis-nous
encore
Ce que tu
feras
Aïe, aïe,
aïe,
Dis-nous
encore
À qui tu
donneras
Ta queue si puissante?
À une vieille tante
Tes sabots lourds?
À un gros balourd.
Ta bouche frémissante ?
À mes
amantes !
Et ton
mugissement?
À un ténor du
parlement !
Aïe, aïe,
aïe,
Dis-nous
encore
Ce que tu
feras
Aïe, aïe,
aïe,
Dis-nous
encore
À qui tu
donneras
Ton très grand nez ?
À un chasseur bien élevé.
Tes jambes si véloces ?
Je les offre à un
gosse
Ta langue bavarde?
À une vieille cafarde
Et finalement tes cornes??..
Ah ! Mes
cornes....
Parle,
taureau !
Parle, il le
faut !
Le taureau arrivé à ce point
..
Prend un air
pénétré
Et sans
hésiter
Dit d’un ton
hautain
Parle,
taureau !
Parle, il le
faut !
Mes cornes, à qui je les donne ?
Oui, tes cornes, à qui les
donnes-tu ?
Mes cornes, à qui je les
donne ?
Ne nous dis pas que tu ne le sais
plus
Mes cornes, à qui je les
donne ?
Vas-tu te
décider
Mes cornes, je vais les
donner...
À qui ?
À qui ?
Parle,
taureau !
Parle, il le
faut !
À mon
torero !
À mon
torero !