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6 mai 2013 1 06 /05 /mai /2013 22:40
JESSICA L'ANOREXIQUE



Version française - JESSICA L'ANOREXIQUE – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Jessica l'anoressica – Psicantri – 2010

Texte et musique de Gaspare Palmieri (Gappa) et Cristian Grassilli




 JESSICA L'ANOREXIQUE

 







Le projet Psicantria (Psychopathologie chantée) naît de la collaboration entre Gaspare Palmieri (en art Gappa), psychiatre et auteur-compositeur et Cristian Grassilli, psychothérapeute et auteur-compositeur et a comme but de faire connaître les dérangements psychiques et le « psychomonde » à travers la chanson.

 

 

 

Voici donc une chanson bien étrange, mon ami Lucien l'âne ; une chanson qui entre de plain pied dans le monde bizarre des « dérangements psychiques » ou psychologiques, dans le « psychomonde »... Ce n'est certes pas la première, nous en avons connues d'autres... Celles de Gianni Nebbiosi et d'autres encore. Mais ce qui différencie celle-ci, c'est qu'elle est en quelque sorte curative. Elle incite à la guérison. Peut-elle y arriver ? Je ne sais.

 

 

Donc, tu me dis, Marco Valdo M.I. mon ami, que voici une chanson guérisseuse... Ai-je bien compris ? N'est-ce pas là une étrange médecine ?

 

 

Évidemment que tu as raison. Je veux dire que tu aurais raison, si telle était sa prétention. Mais il n'en est rien. La chanson souvent soigne et guérit, principalement ce qu'on a coutume d'appeler l'âme ou la mélancolie ; la chanson apaise les cœurs tristes et les sentiments malades. Mais en quelque sorte, par ricochets, par un effet d'entropie ; un peu comme la chaleur, le soleil ou a contrario, la pluie peuvent guérir certaines douleurs.

 

 

La pluie ?!, dit Lucien l'âne en ouvrant des yeux comme des entrées de cinéma. La pluie, mais que peut-elle bien soigner ? Moi, je l'imagine fort me collant de solides rhumatismes...

 

 

D'abord, elle peut sauver les plantes de la sécheresse et même, des peuples entiers... Elle peut aussi soigner ton nez mordu par la dessiccation... Et puis, elle peut aussi t'aider à dormir... Voila déjà quelques soins qu'elle te peut apporter... Mais tel n'est pas son sujet... le sujet de la canzone...

 

 

De quoi cause-t-elle alors ?, dit l'âne Lucien de plus en plus intrigué.

 

 

D'un mal étonnant qui touche bien des jeunes filles et même, mais à ma connaissance, c'est plus rare, des jeunes gens. Un mal étrange et qui pourtant les mène parfois jusqu'à l'autodestruction. Un mal absurde, un mal idiot, dont on se demande comment et pourquoi... Imagine des jeunes (et moins jeunes par la suite) personnes qui se refusent à manger car - et voilà le plus absurde – elles se trouvent trop grosses, elles se trouvent en trop bonne santé.

 

 

Alors là, tu as raison, c'est complètement idiot...

 

 

Et pourtant, c'est. Un peu comme Dieu, par exemple. C'est tout aussi absurde, tout aussi inexplicable... mais contrairement à Dieu, cela existe vraiment. J'en ai rencontré de ces jeunes filles et c'est inquiétant. Pas seulement pour elles, d'ailleurs. Car quelle désespérance doit les frapper, elles d'abord, mais aussi leurs parents, leurs amis, leurs proches ? Elles finissent par devenir de vrais squelettes ambulants... Parfois, elles meurent... Je veux dire, elles meurent assez rapidement. Parfois, elles en réchappent. Quelle galère, dans tous les cas.

 

 

Oui mais, la chanson, que fait-elle ? Que vient-elle faire dans tout ça ?, dit l'âne en agitant les oreilles qu'il a grandes et noires et poilues. Que raconte-t-elle ?

 

 

Oh, raconter ? Elle ne fait pas que ça. C'est là qu'elle est extraordinaire... Elle prend parti, elle choisit la vie et le goût de vivre, elle choisit la beauté sans complexe, elle choisit le vivant parce qu'il vit... Tout simplement. Pour cela, implicitement, sans vraiment l'expliciter donc, elle met en cause très directement la bêtise de ce monde, son ignominie, son infernale panurgie, sa mercantilisation et sa tristesse... Elle désigne sans fard le coupable, car il y a un crime derrière tout ça, engendré par la dictature de l'apparence, elle-même fille de l'industrie du vêtement, du sous-vêtement, du cosmétique, des soins du corps, de l'image... Cette image multicolore, glacée, froide, lisse, intouchable et funèbre... En somme, une parfaite hypostase divine. Une hypostase de la perfection, une gageure de l'inatteignable. La pire des tromperies, la plus grande trahison de la vie. Et bien évidemment, elle s'achève dans le néant. Et désignant ainsi, la source du mal, elle trace des voies de remédiation... Viens, dit-elle, viens avec nous, avec nous les humains, avec nous qui sommes comme toi faibles et beaux, suffisamment forts pourtant pour affronter le temps et le tenir en échec le temps d'une danse, le temps d'un voyage, le temps d'une erre de joie et de douleur, l'une et l'autre se confondant dans le souffle et le goût de la nourriture, du pas, du rien, du toujours, du jamais et des étés vertigineux.

 

 

Elle doit être bien merveilleuse cette chanson et elle me paraît ainsi, telle quelle, tisser à sa manière le linceul de ce vieux monde toxique, anorexique, mortifère, maquilleur, trompeur, honteux de soi et cacochyme.

 

Heureusement !

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

 

 

 

Je m'appelle Jessica

Je suis anorexique

Dans ma chambre, il y a une balance

Il y a un grand miroir

Qui me torture

Il me fait peur… ahhhh

Un peu de céréales, un grain de riz

Ensuite mon poids explose

Même l'air me fait grossir

Que les hydrates de carbone soient damnés

Les protéines, ces salopes

Et tous les graisses sont diaboliques

 

Sors, viens manger le miroir

Car son maquillage est vieux désormais

Il te déforme de ses yeux

Et ensuite, il te cloue au poids forme

Sors, viens danser

Nous sommes tous là, viens voir

Parmi nous, pas une silhouette parfaite

Jette ton miroir

Jessica… Viens à la fête

 

Je m'appelle Jessica

Je danse classique

En cachette, je fais de la gym

Avec mon amie, je fais la course

Pour qui a plus de neuf à l'école

 

Chez moi, il n'y a pas de taches

On ne dit pas de grossièretés

À Noël, au déjeuner au dîner

Papa lisse ses moustaches

Maman est toujours là à juger

Et sur le balcon, le chien n'arrête pas de sauter

 

Sors, casse le miroir

Viens à danser sors de ta coquille

Dans nos yeux tu peux te voir

Ainsi tu peux voir comme tu es jolie

 

Viens dehors, viens danser

Délivre-toi du corps, laisse-toi aimer

Laisse le jeûne tomber

Beaucoup ont failli en crever

 

Mais qui a dit que défilé

Et chocolat ne peuvent pas rimer

Que le styliste au corps beau

Choisisse des femmes de Botero

 

Léger est le corps l'âme pèse

Laisse-toi aller, relaxe

Montons ensemble sur balance

Bienvenue à la panse

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Published by Marco Valdo M.I.

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