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11 décembre 2013 3 11 /12 /décembre /2013 21:29

NOIX DE COCO

 

 

Version française – NOIX DE COCO – Marco Valdo M.I. – 2013

Chanson italienne – Noci di cocco – Giorgio GABER – 1972

 

Album: Dialogo Tra Un Impegnato E Un Non So (1972)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Avec la parodie des naufragés, GABER « vulgarise » sympathiquement la vieille théorie – commencée par Rousseau et ensuite reprise par les pères du socialisme – du « communisme primitif » de la préhistoire fondé hélas sur la pénurie alimentaire, et l'« invention » de l'État qui présenté comme une nécessité d'organisation devient ensuite – en instituant la propriété privée – l'expression et le moyen de la domination des privilégiés au détriment des autres, d'une classe sociale sur une autre.

 

J.J.Rousseau ouvrait la seconde partie de son « Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes » (1754) en disant :

« Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de dire Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblables: Gardez-vous d'écouter cet imposteur; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. ».

 

 

 

Belle chanson que celle-là..., dit Lucien l'âne en riant. Elle me fait beaucoup rire tout en étant fort juste et instructive. Et puis, cette histoire de noix de coco m'en a rappelé immédiatement une autre histoire de noix de coco où Arthur, roi d'Angleterre, entame une discussion hallucinante et nébuleuse à propos d'hirondelles migrantes et de noix de coco, lui au pied du rempart interpellant les sentinelles, silhouettes chinoises déambulant au sommet. (http://www.youtube.com/watch?v=JHFXG3r_0B8 – http://www.dailymotion.com/video/x25er5_monty-python-sacre-graal_fun)

 

 

En effet, elles sont totues deux drôles. Quant à la chanson de Gaber, elle se présente comme une scène du théâtre de la vie primitive dans le décor d'une sorte d'île idyllique, où de « bons sauvages », collectifs en diable et a priori heureux et solidaires, vivant des fruits de la nature – qu'interprète LE CHOEUR, vont se faire avoir par un d'entre eux plus sournois, plus rusé et plus cynique – qu'interprète GABER , qui va les dépouiller de leurs droits naturels à la vie et imposer le principe de propriété et son corollaire qu'est l'État. D'une part donc, cette canzone montre comment on passe d'un monde commun, d'une société collectivement solidaire à un monde divisé : le monde conçu par et pour les riches, dont ma grand-mère énonçait ainsi le principe fondateur: « Rien pour les autres et tout pour moi ». D’autre part, elle indique de façon imagée ce qu'il en est des débuts de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres afin d'instaurer leur domination, d'imposer leur mainmise sur le monde, de privatiser à leur profit la nourriture, les biens, la Terre, en attendant de s'emparer de l'univers tout entier. C'est un acte de naissance – imprescriptible, du moins à leurs yeux et scellé dans la majesté de l'État, figure publique, sorte de totem de leur puissance, fondement de la spoliation éternisée et de la violence réservée.

 

 

En effet, c'est un joli coup tordu que cet État, seul détenteur de la force armée, seul autorisé à faire usage de la violence – y compris contre ses propres citoyens. Cet État est le moyen par lequel ils (les gens de pouvoir, les tenants et les servants du système) légitiment leur armée d'occupation permanente, chargée du maintien de l'ordre (de leur ordre, évidemment!) ; et son pouvoir intangible est l'instrument de l’iniquité fondamentale de leur société. Car il s'agit bien – dès le départ – de leur société, de leur pouvoir, de leur État, de leur Justice, de leur système où la propriété privatise progressivement tout et où véritable monstre glouton et insatiable, elle avale les biens et les choses et dévore la vie des hommes. Ainsi, il est légitime et il en est plus que temps, comme le chantaient les Canuts, de tisser le linceul de ce vieux monde propriétaire, étatique, inique, violent et cacochyme.

 

 

 

Heureusement !

 

 

 

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane

 

 

 

LE CHOEUR:

 

Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !
Quelle faim !

 

GABER :

Quelle faim ! Quelle faim !
Et ici, dans cette île déserte, il n'y a rien à manger !

 

LE CHOEUR:

Quelle faim !

 

GABER :

Quelle faim !

 

LE CHOEUR:

Quelle faim !

 

GABER :

 

Quelle faim !
Pauvres de nous. Si unis, si solidaires, tous égaux sans rien à manger !

LE CHOEUR:

Quelle faim !

 

GABER :

Quelle faim !

 

LE CHOEUR:

Quelle faim !

 

GABER :

Quelle faim !

 

GABER :

Hè ! Hè ! Je vois des noix de coco. Oui, il y a plein de noix de coco !

 

LE CHOEUR:

Bien ! Hourra ! Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !
Nous avons trouvé les noix de coco !

 

GABER :

Non ! Non. J'ai trouvé les noix de coco !
Ah oui, les noix de coco je les ai trouvées, donc je me les garde !

 

LE CHOEUR:

Mais nous aussi nous avons faim !

 

GABER :

Vous ne comprenez pas les gars... Faisons un raisonnement. Dans la vie, tous les hommes ne sont pas égaux : il y a des hommes normaux et des hommes de talent. Ce n'est pas par hasard que j'ai trouvé les noix de coco !

 

 

 

LE CHOEUR:

Mais qu'est-ce que tu en fais de tant de noix de coco ? Tu es seul et nous sommes nombreux !

 

 

 

GABER :

Ce n'est pas le nombre qui compte ; c'est l’intelligence de l'individu !

 

 

 

LE CHOEUR:

Tu es seul et nous sommes nombreux !

 

 

 

GABER :

Vous ne pensez pas me faire de la peur avec des menaces ?

 

 

 

LE CHOEUR:

NOIX DE COCO
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Published by Marco Valdo M.I.

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