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16 novembre 2012 5 16 /11 /novembre /2012 22:57


LETTRE AUX PASSAGERS

 

 

Version française – LETTRE AUX PASSAGERS – Marco Valdo M.I. – 2012

d'après la version italienne de Riccardo Venturi – EPISTOLA AI TRANSEUNTI – 2011

d'une chanson péruvienne (espagnol) de César Vallejo – Epístola a los transeúntes – interprétée par Diamanda Galás

 

 

Face à une écriture poétique comme celle de César Vallejo, que Thomas Merton a défini « le poète universel le plus important après Dante », il n'est pas opportun probablement de se braquer sur le sens. D'autant qu'évidemment le surréalisme dans lequel il a voulu s'insérer, il est nécessaire de se plonger sans guide dans les abysses du langage de ce révolutionnaire structural ; avec Vallejo nous sommes dans l'exil de l'expression.

En exil, il naît. Santiago de Chuco, au Pérou, où il vient au monde le16 mars 1892, un village perdu dans les Andes. En exil, il meurt : à Paris, le 15 avril 1938. Dans son écriture, il utilisait des solécismes et des barbarismes. Il invente des mots. Il violente la syntaxe à l'extrême. Il fut surréaliste avant même que naisse le mouvement surréaliste et avec son recueil Trilce, il mit l'Amérique latine au centre de 'lavant-garde poétique mondiale. Avec son recueil España, aparta de mi este cáliz,Vallejo utilisa la guerre civile espagnole

comme représentation vivante de la lutte entre les forces du bien et celles du mal, et il prit parti pour le triomphe de l'humanité , symbolisé par le sauvetage de la république espagnole de l'attaque fasciste. Avec ces prémisses, il n'y a rien d’étonnant que le texte de cette Epístola a los transeúntesait été reproduit dans une forme des plus incorrectes dans le livret de l'album de Diamanda Galás, tout comme dans beaucoup d'autres sites (avec l'intrusion de mots anglais). Nous avons donc dû «  le restaurer » en nous basant sur cette leçon, mais en corrigeant quelques erreurs d'orthographe. Nous savons bien qu'appliquer des critères d'exactitude textuelle à un poème de César Vallejo est un exercice qui fleure la pédanterie, mais existe aussi le désir de présenter le chaos universel dans la forme qu'il devait, sans doute, avoir. [R.V.]

 

 

 

 

 

Renouant ma journée de lapin

Ma nuit d'éléphant au repos

 

Je me dis à part moi

Voilà mon immensité brute, à verse

Ceci est mon poids agréable

Qui dessous me prendra pour un oiseau

Ceci est mon bras

Qui pour son compte refusa d'être aile

Voilà mes écritures saintes

Ceci sont mes couilles épouvantées.

 

Une île lugubre m'illuminera continentale

Tandis que le Capitole s'appuiera sur mon effondrement intime

Et l'assemblée, lances dégainées, ferme ma parade.

 

Mais quand je mourrai

De la vie, pas du temps

Quand mes deux mallettes seront deux

Ce doit être mon estomac dans lequel rentrera ma lampe en morceaux.

C'est cette tête qui expia les tourments du cercle de mes pas

Voilà les moins que rien que le cœur compte comme unités

Ceci doit être mon corps solitaire

Sur lequel veille l'âme individuelle ; ceci doit être

Mon nombril dans lequel je tuai les poux nés.

Ceci est mon affaire, mon affaire épouvantable.

 

Entretemps, convulsive, âprement

Se remet mon frein

Souffrant comme je souffre du langage direct du lion

Et puisque j'ai existé enter deux pouvoirs de brique,

Je me remets moi-même, souriant de mes lèvres.

 

Le sang fait un tumulte dans le thermomètre.

Il n'est pas agréable de mourir, monsieur, si on ne quitte rien dans la vie et si dans la mort rien n'est possible, si ce n'est sur ce qu'on laisse dans la vie !

Il n'est pas agréable de mourir, monsieur, si on ne quitte rien dans la vie et si dans la mort rien n'est possible, si ce n'est sur ce qu'on laisse dans la vie !

Il n'est pas agréable de mourir, monsieur, si on ne quitte rien dans la vie et si dans la mort rien n'est possible, si ce n'est sur ce qu'on laisse dans la vie !

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Published by Marco Valdo M.I.