L’DIÈRIN-NE BATAYE
Chanson wallonne (Liège) – L’DIÈRIN-NE BATAYE – Orchestre Roger Darton – 1971
Paroles de Roger Darton et Eugène Petithan -
Ah, Lucien l'âne mon ami, voici encore une version de l'Internationale, mais en wallon du pays de Liège, cette fois.
Tu connais ça toi, Marco Valdo M.I. mon ami...
À vrai dire, non. Je ne la connaissais pas cette « Dernière Bataille », ce qui est la traduction du titre liégeois. La dernière bataille, c'est-à-dire la célèbre Lutte finale. Elle arrive ici par des chemins bien compliqués et un peu tortueux et qui plus est par une voie des plus internationale. Je m'en vais t'exposer cette aventure, car c'en est une. C'est notre ami Riccardo Venturi qui, comme tu le sais, s'évertue à faire une sorte de Tombeau de l'Internationale (Tombeau au sens où on dit Le Tombeau de Couperin de Maurice Ravel [http://www.youtube.com/watch?v=1Mgw8pV4iPM] ou « Le Tombeau de Charles Baudelaire », « Le Tombeau de Poe », « Le Tombeau de Verlaine », qu'écrivit Mallarmé) avec cette page proprement titanesque [[2003]], donc Riccardo Venturi [R.V.] qui recueillit sur un site allemand une Internationale en wallon et m'en fit part en me demandant d'en établir le texte. Là, les choses se gâtèrent quelque peu. J'ai beau avoir quelque peu l'oreille ouverte au liégeois (tu verras plus bas pourquoi), il n'en reste pas moins qu'avec un orchestre et chantée... La transcription était quasi-impossible et quand bien même, je ne suis pas du tout un auteur wallon et ma transcription eut eu des orthographies improbables. Dès lors, il me fallait trouver le texte d'origine. Ce fut le début d'une sorte d'enquête...
Vu ton passé de journaliste, une telle enquête ne devait pas être hors de ta portée...
En effet, mon ami Lucien l'âne, j'ai dû recourir à des pratiques anciennes. Et comme tu le verras la méthode a du bon, car la voici enfin cette Dernière Bataille. Oh, j'avais vite fait de la retrouver, d'en retrouver les auteurs... D'abord, Roger Darton, mais manque de chance, il était mort en novembre dernier. J'ai retrouvé son disque (1972), j'ai retrouvé son éditeur à Bressoux, j'ai retrouvé son successeur au Trianon... Contact devait être établi avec son fils... Ne voyant rien venir, ne trouvant rien du côté des chorales syndicales, ne trouvant rien à l'Union Culturelle Wallonne... Abrégeons... J'ai finalement décidé d'indaguer sur la piste de l'autre auteur : Eugène Petithan... Il est mort depuis 22 ans... Mais, ô miracle, j'ai retrouvé trace de sa fille, grâce – et je ne l'invente pas – à Cocorico (une revue culturelle liégeoise)... Puis, j'ai reçu son adresse... Mais pas de téléphone. Cependant, Nelly habite à Ougrée à deux pas de la Leonardo da Vinci di Seraing...
Seraing, Seraing... Dis-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, Seraing, n'est-ce pas la ville de la demoiselle de magasin, dont tu fis une chanson ? [http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=8969&lang=it]
Bien évidemment... Mais t'avais-je jamais dit, Lucien l'âne mon ami, que cette demoiselle allait devenir ma grand-mère et faire d'Armand, mon grand-père ? Mais pour en revenir à la Dernière Bataille, notre ami Angelo, qui préside cette association d'immigrés italiens de Seraing, a été voir Nelly Petithan chez elle... et voilà, Nelly nous a envoyé ce texte...
En effet, voilà une aventure curieuse... Mais enfin, c'est aussi une manière de tisser le linceul de ce vieux monde « canaye, voleur, profiteû, pouri » et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-arant leû daye
Voleûrs èt profiteûs
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-ârant leû daye
Et nos vikrans eureûs
Lèvez-ve tos les cis qui sos l’tére
Ovrèt po n’nin t’èsse èl mizère
Turtos essonle nos alans mostrer
Qui nos n’sèrans pu dominés
Nos volans d’ner à nos-èfants
Di l’ovrèdje,del djôye èt dè pan.
Nos nos batrans tot come nos péres
Zèls qui nos ont scrî nos’istwére
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-arant leû daye
Voleûrs èt profiteûs
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-ârant leû daye
Et nos vikrans eureûs
Fini dè profiter d’nos fwèces
Po nos ôtes,c’èst nosse seûle ritchesse
Nos n’volans pu passer po brubeûs
Ca nos-avans ossi dès dreûts
Fât qu’lès pouris rindèsse des comptes
Unis, nos mosteurans â monde
Qui l’pu fwèrt des pârtis sèrèt
Li grand parti dès cis qu’ovrèt
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-arant leû daye
Voleûrs èt profiteûs
C’èst l’dièrin-ne bataye
Qui nos fans as canayes
Is-ârant leû daye
Et nos vikrans eureûs
LA DERNIÈRE BATAILLE
Version française de l'INTERNATIONALE en wallon de Liège de Roger Darton et Eugène Petithan – La Dernière Bataille – Nelly Petithan – 2013
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens
Ils auront le coup mortel
Voleurs et profiteurs.
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens.
Ils auront le coup mortel
Et nous vivrons heureux
Debout tous ceux qui sur la terre
Travaillent pour éviter la misère
Tous ensemble , nous allons montrer
que nous ne serons plus dominés.
Nous voulons procurer à nos enfants
Du travail, de la joie et du pain.
Nous combattrons comme nos pères
Eux, qui ont écrit notre histoire
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens
Ils auront le coup mortel
Voleurs et profiteurs.
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens.
Ils auront le coup mortel
et nous vivrons heureux
Fini de profiter de nos forces
Pour nous, c’est notre seule richesse
Nous ne voulons plus être considérés comme des mendiants
Car nous avons aussi des droits
Il faut que les oisifs rendent des comptes
Unis, nous montrerons au monde
Que le plus fort parti sera
le grand parti de ceux qui travaillent
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens
Ils auront le coup mortel
Voleurs et profiteurs.
C’est la lutte finale
Que nous livrons aux vauriens.
Ils auront le coup mortel
Et nous vivrons heureux