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14 avril 2011 4 14 /04 /avril /2011 09:59

CHANT GÉNÉRAL

(Partie 1)

 

Version française - CHANT GÉNÉRAL- Marco Valdo M.I. – 2011 d'après la version italienne de Cristina Martin.

Chanson espagnole (Chili) – Canto General – Pablo Neruda – Mikis Theodorakis – [1974/75]

 

 

 

 

 

Le Canto Generalde Neruda et Theodorakis
De Gian Piero Testa

 

En 1970, Theodorakis abandonne la Grèce pour l'exil auquel le contraignent les Colonels; après avoir connu au Chili le président Salvador Allende, met la main à la grande œuvre de Pablo Neruda, le « Canto general », comme trame de morceaux de musique. L'œuvre de Neruda a elle-même été composée durant un exil du poète en Argentine, auquel l'avait contraint le président chilien Gabriel Gonzales Videla,brusquement converti à l'anticommunisme et à la répression des mineurs, qui avait suscité le « J'accuse » du poète. L'œuvre de Neruda avait été publiée à Mexico en 1950. celle de Theodorakis était prête – même si six morceaux furent ajoutés quelques années plus tard – en 1971; et entre les deux artistes étaient en cours les accords pour l'exécuter sur la terre du poète, au stade de Santiago, quand tout le projet fut bouleversé par le coup d'état de Pinochet (11 septembre 1973), suivi quelques jours plus tard de la mort de Neruda lui-même. À la chute de la dictature grecque, l'œuvre put être exécutée. Avec d'autres ajouts, qui portèrent à 13 morceaux musiqués, elle fut exécutée en République Démocratique Allemande en 1981. En 1993, elle put être exécutée également au Chili, dirigée personnellement par Mikis (gpt).

 

Cristina Martin, amie personnelle de Gian Piero Testa et traductrice du castillan, a réalisé cette traduction intégrale du Canto General de Pablo Neruda spécialement pour les Chansons contre la guerre. Tout le staff des CCG la remercie vraiment de tout cœur, car ce n'a pas dû être un mince effort. [CCG/AWS Staff]

 

 

Quelques bêtes

 

C'était le crépuscule de l'iguane

À la crête iridescente

Sa langue comme un dard

S'enfonçait dans le vert,

Le tamanoir monacal écrasait

De son pas mélodieux la forêt;

Le guanaco léger comme l'oxygène

Dans les vastes hauteurs obscures

S'en allait chaussé de bottes d'or,

Pendant que le lama ouvrait

Des yeux candides sur la délicatesse

Du monde couvert de rosée.

Les singes tressaient un fil

Interminablement érotique

Aux rives de l'aurore;

Abattant des murs de pollen

Et affolant le vol violet

Des papillons de Muzo.

C'était la nuit des caïmans

La nuit pure et pullulante

De museaux sortant de la boue,

Et des marais somnolents,

Un bruit sourd de charpentes

Renvoie à l'origine terrestre.

Le jaguar touchait les feuilles

De son absence phosphorescente.

Le puma court dans les frondes

Comme le feu dévorant

Tandis qu'en lui brûlent les yeux

Alcooliques de la forêt.

Les blaireaux grattent le fond

De la rivière, ils flairent le nid

Dont ils attaquent de leurs dents rouges

Le délice palpitant.

 

 

Et dans le fond de la grande eau,

Comme le cercle de la terre,

Se tient le gigantesque anaconda

Couvert des boues rituelles,

Dévoreur et religieux.

 

 

Je vivrai

 

 

Je ne m'en vais pas mourir. Je sors

Maintenant, en ce jour plein de volcans

Vers la multitude, vers la vie.

Je laisse se faire ces choses ici

Aujourd'hui que les pistoleros se promènent

Avec la « culture occidentale » dans leurs bras,

Avec leurs mains qui tuent en Espagne

Et les gibets qui oscillent à Athènes

Et le déshonneur qui gouverne le Chili

Et j'arrête mon énumération.

 

CHANT GÉNÉRAL (Partie 1)
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Published by Marco Valdo M.I. - dans NERUDA

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