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28 novembre 2010 7 28 /11 /novembre /2010 22:52

BIENFAISANCE SOCIALE

 

Version française – BIENFAISANCE SOCIALE – Marco Valdo M.I. – 2010

Chanson allemande – Bürgerliche Wohltätigkeit – Ernst Buch (1933) – Texte : Kurt Tucholsky (1929) – Musique Hans Eisler – 1930.



Une chanson écrite par le grand Kurt Tucholsky (voir aussi sa Rote Melodie) qui fera plaisir à notre barde Marco Valdo M.I.Qui inlassablement chante toujours la « Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres ». [[http://www.antiwarsongs.org/canzone.php?id=7951&lang=it]]

Dédiée à Marchionne, à Montezemolo, à Mercegaglia (les patrons des patrons italiens) et à tous les industriels riches et gras (industriels et cochons) qui font de la démagogie populiste, cherchent à se faire passer pour de grands stratèges et des bienfaiteurs et ne sont au contraire rien d 'autre que de tristes affameurs, tournés comme toujours vers la privatisation des profits et la socialisation des pertes et des désastres sociaux et culturels qu'ils continuent à provoquer avec leurs choix et leur cupidité.

Pour nous les miettes, pour eux le banquet... Qu'ils aillent se faire foutre...







Là, Marco Valdo M.I. mon ami, tu m'étonnes. Te voilà à traduire de l'allemand, à présent. Je croyais que tu ne connaissais pas cette langue...



Mais enfin, Lucien l'âne mon ami, je me suis déjà expliqué avec toi sur cette histoire de langue. Je résume : je ne connais pas plus l'allemand que l'anglais ou l'espagnol. Quant à l'italien, je m'efforce (comme pour les autres langues d'ailleurs) de le comprendre et ce n'est pas facile. C'est bien pour ça que je traduis. Mais tu remarqueras, toi qui as circulé dans le monde, que ce sont là des langues assez proches du français ou des langues qu'on apprend peu ou prou à l'école. Il n'y a pas de miracle et je n'ai pas la science infuse. Voilà pour cette version allemande. Maintenant, la chanson de Tucholsky... Un exemple de question qui se pose au traducteur : fallait-il – comme je l'ai fait – garder le pfennig et le mark ou parler de centime et d'euro ? Traduit-on le mot ou le concept ? Traduit-on dans l'histoire ou dans un monde intemporel ? Faut-il adapter le passé au présent, le présent au passé ? Tout est affaire de décor... C'est pour cela qu'il est important que ce soit un barde qui traduise...



Avant de parler de la chanson de Tucholsky, Marco Valdo mon ami, laisse-moi quand même le temps de remarquer que te voilà baptisé « barde », ce qui veut dire plus ou moins poète, aède... car le barde est une sorte d'aède gaulois... C'est joli comme qualification... Je te félicite. À présent, quid de Tucholsky ?



Un personnage étonnant et fascinant, Tucholsky et je suis en effet très heureux de traduire une de ses chansons, un des ses poèmes... Surtout, surtout qu'outre d'avoir été un des grands poètes allemands (journaliste, satiriste...) du début du siècle dernier, ce fut aussi un des grands résistants au nazisme, un de ces hommes atterrés et désespérés par cette coulée de merde qui recouvrait , emportait et in fine, anéantissait tout ce que la culture allemande avait pu créer dans les siècles précédents. C'était à nouveau le temps des bûchers avant d'être celui des crématoires. Crois-moi, Lucien l'âne mon très poilu ami, l'Europe actuelle a des allures de République de Weimar à vous faire froid dans le dos... Certains pays plus que d'autres, certes... mais tous sont frappés et si l'on n'y prend garde et si l'on n'y met pas le holà, nous y passerons tous.



Voilà que tu te prends pour Cassandre à présent...



Ce n'est pas de cela qu'il s'agit, Lucien l'âne mon ami. Ce ne sont pas des songes creux, ce cauchemar que vit la Grèce et que vit l'Irlande, demain, le Portugal, l'Espagne, depuis longtemps déjà, l'Italie, sans compter ce qui écrase les populations d'Allemagne, anciennement Démocratique, de Hongrie... Tout cela a des relents terriblement parfumés. On peut faire semblant de ne pas voir, on peut faire semblant de croire qu'en détruisant le « welfare state » – en français comme en italien : l'État du bien-être pour développer l'État de misère (« Starvation state » ?), qu'en déconstruisant ce qui avait fait la grandeur des générations précédentes : un boulot tranquille et assuré, la réduction du temps de travail, l'amélioration des conditions de travail, les congés payés, la mutualisation des risques de maladie et de perte de revenu, les indemnités de chômage presque correctes, une pension presque correcte elle aussi, bref, une (ébauche de) sécurité sociale, en asphyxiant les écoles et l'éducation, en poussant les jeunes dans l'inactivité ou dans des boulots d'esclaves, en laissant s'écrouler les maisons de Pompéi,en cassant les salaires, en liquidant les indemnités de chômage, en chassant les chômeurs, en réduisant les revenus des retraités et des fonctionnaires, en détruisant les services publics, en les dépeçant et en donnant les meilleurs morceaux à vil prix aux margoulins des marchés ( en somme, comme disait Bertolt Brecht : au gang de Chicago), en laissant mourir des pans entiers de compétences culturelles, intellectuelles, professionnelles, industrielles, on va améliorer le destin des hommes. Mais il n'y a que des idiots absolus ou des escrocs tout aussi imposants pour soutenir pareille énormité. Comme dit Boby Lapointe : « Pour des sonneries, ce sont de belles sonneries ! »



En fait, dit Lucien l'âne aux regards aussi sombres que le fond des mines, l'Europe d'aujourd'hui, c'est la République de Weimar juste avant l'arrivée au pouvoir du nain du Reich de Mille Ans, du Tambour de fer blanc (Die Blechtrommel). Et comme tu le sais sans doute, dans la mythologie germanique, les nains sont généralement maléfiques... D'ailleurs, dans l'Europe d'aujourd'hui aussi, nous avons des nains maléfiques... Et il est plus que temps de s'en débarrasser de ces lilliputiens hargneux et mégalomanes. Nous sommes en plein dans la Guerre de Cent Mille Ans et l'affrontement actuel est des plus dangereux ; l'offensive patronale (celle du camp des riches) est de plus en plus virulente. Crois-moi, Marco Valdo M.I. mon ami, il nous faut obstinément continuer à tisser le linceul de ce monde misérable, autodestructeur, suicidaire, puant et cacochyme.



Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.







Voyez ! Là se trouve la maison de repos

D'un groupe de sociétés anonymes.

Le matin, il y a du gruau d'avoine

Et le soir, de la soupe d'orge

Et les travailleurs ont même droit au parc...

Bien. C'est le pfennig.

Mais où est le mark ?



Ils vous tendent des aumônes

Sous leurs pieuses prières chrétiennes.

Ils soignent la parturiente

Comme ils ont besoin de sa progéniture

Ils fournissent même un cercueil...

C'est le pfennig.

Mais où est le mark ?

 

Des milliers et des milliers de fois, le mark

A glissé dans des poches étrangères

Le Conseil d'Administration a décidé

Avec fracas du dividende

Pour vous le bouillon, pour eux, la moelle

Pour vous le pfennig, pour eux, le mark.

 

Prolétaires !

Ne tombez pas dans ce piège !

Ils vous doivent plus qu'ils ne vous donnent

Ils vous doivent tout ! Les terres,

Les mines et les laines de couleur...

Ils vous doivent le bonheur et la vie

Prends, ce que tu gagnes et fiche-toi de leurs foutaises.

Pense à ta classe ! Et renforce-la !

À toi le pfennig ! À toi le mark !

Au combat !

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Published by Marco Valdo M.I.

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