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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 21:27

LE DISCOURS DE DÉMOSTHÈNE

 


Version française - LE DISCOURS DE DÉMOSTHÈNE – Marco Valdo M.I. – 2009

à partir de la version italienne – Il DISCORSO DI DEMOSTENE – Riccardo Venturi – 2009 d'une chanson grecque

H Δημοσθένους λέξις (Dionysis Savvopoulos / Διονύσης Σαββόπουλος) - 1972


Aucun Grec ne peut éviter de se confronter à son histoire et à son mythe. Spécialement dans les périodes dures de l'histoire récente, le recours à des clés métaphoriques de l'histoire et à la mythologie antique et à leurs figures, a été pour le combattant grec de la Liberté une praxis quotidienne nécessaire, comme si tout avait déjà été vécu... Hélène, Ismène et Cristème de Ritsos vivent la tragédie du temps actuel, transposées mais sans perdre leur authenticité; et ainsi, de cette chanson, le Démosthène de Savvopoulos trouvera en sortant de prison où il a été renfermé, la solitude et les cafés vides. Une tragique, glaçante chanson de dignité à laquelle l'auteur donne délibérément un titre en grec ancien, pour faire voir que le protagoniste de la chanson est Démosthène, l'orateur, et non un Démosthène quelconque. Mais, en même temps (et c'est là sa grandeur), Démosthène est le symbole de tous les Démosthènes quelconques, de tous ceux qui ont été privé de leur liberté pour leurs idées. …

 

Mais il faut se rappeler ceux qui, durant les années de la dictature grecque et avant de la guerre civile... sortaient de prison. Il faut imaginer surtout les poètes et les artistes qui,par dizaines, payèrent de la prison leur opposition. Il faut imaginer aussi Savvopoulos lui-même, qui fut emprisonné après le coup d'État du 21 avril 1967. En ce sens, Démosthène est pour Savvopoulos une figure autobiographique ou qui lui sert à parler de la condition des prisonniers politiques et du vide qu'il trouva à la sortie. Savvopoulos l'écrivit en prison. En 1972, il l'inséra dans un album intitulé Βρωμικό ψωμί (pain sale). [RV]

 

Démosthène, la référence à la Grèce antique et dès lors, LE DISCOURS DE DÉMOSTHÈNE de Savvopoulos résonnent sans doute de façon particulière dans la langue grecque contemporaine ( ne l'appelle-t-on pas le démotique – en somme, la langue populaire...) et pour ces Grecs qui connurent en effet dictatures, tortures et massacres une grande part du siècle dernier, ces Grecs qui avaient résisté aux Allemands et auxquels les « Alliés » (anglo-saxons) volèrent, au prix d'un immense massacre, une révolution pourtant populaire et méritée.

 

Mais il est tout aussi éclairant, ce « DISCOURS DE DÉMOSTHÈNE » pour tous ceux qui – encore aujourd'hui dans nombre de pays européens – ont fait ou font encore des séjours forcés dans les maisons d'arrêt, les quartiers de haute sécurité, ces isoloirs et ces mouroirs de la démocratie libérale – bref, les lieux où le pouvoir enferme ses opposants politiques, enferme les partisans de la liberté et de la justice sociale, enferme les porteurs de lumière et de révolution...

 

C'est normal, dit l'âne Lucien, ce sont les péripéties de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches mènent contre les pauvres et la prison est une des armes du pouvoir, elle isole et fait mourir à petits feux. Et celui qui en sort après un temps souvent long est perdu et ne sait trop - dans un premier temps – où retrouver ses marques. Que sont ses amis devenus.... ?

 

Ce vieux monde est décidément intolérable; il nous faut le changer... Tout ceci montre qu'il faut en tisser le linceul... et organiser la résistance et la solidarité. Ora e sempre : Resistenza ! Et particulièrement, tenir une place au chaud pour ceux qu'ils ont confinés à l'ombre.

 

Ainsi Parlait Marco Valdo M.I.

 

Quand je sortirai de cette prison

Il n'y aura personne qui m'attendra

Les rues seront toutes vides

Et la ville me sera étrangère.

Tous les cafés seront fermés

Et mes amis exilés,

Et le vent m'entraînera

Quand je sortirai de cette prison.

Et le soleil s'endormira

Sur les ruines d'Olinthe,

Et mes amis, et mes ennemis

Auront des allures de mythe.

Pétrifiés face à moi

Ils seront des rhéteurs et des voleurs.

Pétrifiés les mendiants,

Et les putes, et les prophètes.


Je serai debout devant le portail

Avec mes couvertures sous le bras.

Et je ferai un signe de la tête

Pour saluer le maton.

Sans désir et sans dieu,

Comme un roi dans un drame antique

Je prononcerai mon discours

devant ce portail, debout.

 

Sans désir et sans dieu,

Comme le roi d'un drame antique

Je prononcerai mon discours

devant ce portail, debout.

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Published by Marco Valdo M.I.

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