FUME ET BOIS
Version française – FUME ET BOIS – Marco Valdo M.I. – 2009
Chanson italienne – Fuma e Bevi – Riccardo Venturi – 2003
Il se pourrait bien que Fume et Bois soit la chose la plus hallucinée, la plus bizarre et macabre que j'aie jamais écrite. Elle fait partie des trois « chansons en train », vraiment écrites en train, sur des billets de train; une habitude que j'ai encore à présent quand je voyage en train. Il m'est venu à l'idée en 2003 d'envoyer les trois « chansons en train » (les deux autres sont Litani sur le Pontino et La Maison de la Douane) au groupe Guccini; je me trouvais loin, ce groupe et d'autres choses étaient ce qui me liait à un monde que j'avais voulu éloigner de moi, et j'écrivais, j'écrivais. Cette chanson parlait de la mort de Francesco Guccini; Francesco Guccini est, heureusement, encore bien vivant, gaillard et nous voulons dire qu'il lutte aussi avec nous. Peut-être, écrivant sur la liste d'un cantauteur vraiment mort, un Génois, entendais-je éloigner les spectres. Ou bien n'était-ce qu'un étrange exercice de style. Ou peut-être encore autre chose, comme par exemple nous autres qui avons attribué trop aux fabricants de chansons, et peut-être trop. Longue vie à Guccini, on dit qu'en parlant de la mort de quelqu'un, on prolonge son existence. Mais, cependant toujours,en écrivant ces mots, il devait y avoir quelque chose dans mon esprit, et, dans ma tête, j'ai des choses qui avec régularité m'échappent, s'en allant pour leur propre compte. Si un jour, donc, par hasard, Guccini lit cette chose, il est autorisé à me bastonner du mieux qu'il lui semblera. À quelqu'un qui a écrit Quattro Stracci , ce ne devrait pas être trop difficile. Par ailleurs, il apparaît que Guccini a cessé de fumer et peut-être même, de boire. [R.V.]
Quatorze et vingt et un. Ils le trouvèrent
Du vomi plein la barbe, sur un divan
Dehors, il ne neigeait pas. Aucun miracle, rien
Juste l'implacable passage du temps.
Il chantait encore et depuis longtemps
Nous ne savions pas s'il fallait lever le poing ou rester muets.
En tout cas, pas de larmes. Les larmes
Sont une excuse pour ne pas se remémorer.
Fume et bois, compagnon. Et la mort
A un sens aller dont on ne revient jamais.
Tendu, plié, l'air innaturel
Et la congélation de la pensée.
Comme partout, des parfums et des puanteurs semblables.
Les feuilles entassées sur les chaises
Et depuis longtemps, nous ne savons pas encore
S'il fallait te dire de te relever et, debout, de chanter.
Le voyage a été dur et compliqué
Et la sagesse, et la simplicité
Ne sont pas des choses qu'on achète au poids.
On ne les vend nulle part
Même si tu n'avais pas existé
On aurait entendu ta voix
Un jour, nous croyons être vivants,
D'avoir partager ton illusion.
Fume et bois, compagnon. Il n'y a pas de remède.
Surtout pas la modération, ce chien mort
Et hier de la nuit, la dernière baise
Et le dernier sommeil offusque les sens
Et aucune phrase ne s'enfle, rien, rien
La musique s'évanouit et reste le rien.
Et peu à peu s'en ria de notre esprit...
Seulement... Seulement... Etcétéra, etcétéra, à peine...